Guenièvre: la femme convoitée - 1/3 -
L'origine du nom Guenièvre se réfère à un mot gallois « Gwenhwyfar » qui signifie « blanc-fantôme ».
Fille du roi de Carmélide, Léodagan, Guenièvre est l’épouse du roi Arthur. Elle est enlevée par Méléagant qui la désire. Arthur reste passif, et laisse Gauvain se charger de ramener la reine à la cour. Rencontre avec Lancelot, coup de foudre … Il la sauvera du bûcher, alors qu'elle est condamnée pour adultère. Guenièvre se fera nonne à Amesbury, où elle finira ses jours.
* Comme Hélène de Troie, elle est à l'origine de la guerre et de la mort du roi. Comme Mélusine, Guenièvre passe un contrat avec Lancelot, semblable à celui de Mélusine avec son amant. Comme elle, peut-être est-elle une figure de l’Autre-monde, indice qui donne à la saga arthurienne une connotation spirituelle...
La reine prend dans les récits une posture féerique ou du moins magique de la femme. Elle est la résurgence du « blanc fantôme » des sagas nordiques
* Guenièvre, comme les fées apprécie la proximité des lieux aquatiques. Lancelot retrouve le peigne de la reine avec quelques-uns de ses cheveux sur le rebord d’une fontaine. L'homme est un personnage en quête... Genièvre, Mélusine répondent en créatures de l'Autre-monde …. Dans le conte, la fée-alors - jette son dévolu sur l'homme et lui promet son amour total à une seule condition qui, … ne se réalisera pas !
* Elle est la Reine, et c'est même elle, qui tient les rênes du pouvoir ( et non plus ...Arthur), elle représente au yeux de tous la représentation du pouvoir politique dérobé à Arthur. Également, c'est elle qui gouverne, véritablement le chevalier Lancelot...
Lancelot, dans Le Chevalier de la Charrette (1176-1181), apparaît comme son amant soumis à ses volontés, au risque de se voir humilié et bafoué dans son honneur.
« Sur le moment, le chevalier a poursuivi sa route sans y monter ; il a eu tort, tort d’avoir honte et de ne pas aussitôt sauter dans la charrette car il le regrettera un jour. Mais Raison, qui s’oppose à Amour, lui dit de ne pas monter, le retenant de ne pas monter, le retenant et lui enseignant de ne rien faire ni entreprendre qui puisse lui apporter honte ou reproche. Ce n’est pas du cœur mais de la bouche que vient ce discours, que Raison ose lui tenir. Mais Amour, enfermé dans le cœur, l’exhorte et l’invite à monter tout de suite dans la charrette. Amour le veut alors il y saute ; il n’a plus peur de la honte, puisque c’est l’ordre et la volonté d’amour. » Cr de Troyes: (N° des vers: 329-380)
Illustration à la une: détail d'une gravure de Xavier de Langlais: Guenèvre
Perceval: lecture de l'épisode du Graal
* L’épisode du Graal est une scène « unique », énigmatique et mystérieuse. Elle fera ensuite l’objet de trois commentaires : celui de la cousine, celui de la demoiselle à la mule fauve et enfin celui de l’ermite. Ils font appel au « péché » de Perceval, il est chassé du château … Cette scène a un caractère merveilleux, un peu comme s’il s’agissait d’un rêve… Elle n’a pas d’emblée un caractère chrétien. Même si elle se présente comme « liturgique » …Il s’agit de guérir le roi blessé ( entre les hanches...! ) et de redonner fécondité à sa terre. Perceval ne saura pas y prendre part. Il y a une procession avec des cierges, un calice… L’assistance est celle d’un repas fastueux. La lance saigne, et ce sont des jeunes filles qui portent deux des objets sacrés. L’explication de l’ermite invite à voir dans le Graal un ciboire dans lequel est portée l’hostie destinée au père du Roi pêcheur. Aussi, sommes-nous invités à donner une signification religieuse à la lance. Elle saigne, et semble accuser Perceval de son impiété ( Le christ est mort pour racheter les hommes... ! ). Une partie du mystère du Graal, lui sera révélée après sa conversion du vendredi saint. Le conte du Graal, offre dans cette scène un matériaux qui a subi d’autres influences que le christianisme.
Une liturgie pas si « catholique ... » !
- Dans la tradition médiévale, Il était absolument interdit aux femmes de prendre un tel rôle dans une procession de l’Eucharistie selon l’église catholique. Ce n’est que plus tard, vers l'an 1200, en particulier avec Robert de Boron, que le Graal est la coupe qui ramassa le sang de Jésus Christ sur la croix et la coupe qui se trouva à la Cène.
« Un graal entre ses 2 meins
Une damoisele tenoit, » (Perceval, vers 3158-3159)
- La règle du silence, était de bonne éducation… Le récit, cependant en fait la critique, et Perceval ne peut s’empêcher de vouloir comprendre : Il cherche à savoir pourquoi « Tant sainte chose est li Graals » ( Le Graal est chose si sainte) (Perceval, 6351), et à qui l’on fait son service. Mais, il se tait !
Par ailleurs, on lit que les aventures de Perceval, vont consister en une exploration de soi :
- Au début de sa quête : il savait peu à propos de sa famille jusqu’au moment où sa mère lui explique que son père et ses frères étaient des chevaliers : Perceval rencontre sa cousine à son départ du château du Graal qui lui donne son nom (nous découvrons le nom du Perceval pour la première fois (*) ). Et, il apprend encore plus de sa famille chez l’ermite, qui lui explique qu’il est son neveu… Le Roi Pêcheur et celui qui est servi par le Graal sont des membres de sa famille. Après, cette visite « ratée » au château du Roi Pêcheur, c'est à présent réellement que commence la quête du Graal… Sa quête est donc provoquée par ce silence qui lui a fait perdre les mystères du Graal...
(*) Il faut trouver, pour le chevalier, la brèche qui conduit d'un monde à un autre. Perceval l'a trouvée et son nom révèle cette découverte. N'est-il pas celui qui a ' percé le secret du Val '? En fait, il a su obéir au conseil du mystérieux Roi Pêcheur, à qui il rend visite dans le château du Graal : « Grimpez le long de cette brèche, lui dit-il, qui est taillée dans le rocher, et, quand vous serez arrivé là-haut, vous verrez devant vous, dans une vallée, une maison où j'habite. Dans le roc, symbole de la densité, une brèche s'ouvre et monte : telle est la voie. »
Pour le lecteur du Conte du Graal, il s’agit aussi d’une quête, puisque les mots qui précèdent ne sont que sentiers sur une « carte » d'une possible interprétation … Beaucoup d'autres cartes sont permises.... Ensuite, sera le temps de la véritable découverte du territoire ...
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Après sa visite au château, L'ermite explique à Perceval le secret du Graal ... |
Parsifal à Montsalvat, le château du Graal peinture murale par A. Spiess Le cortège du Graal avec le calice et la lance, en arrière-plane: le silencieux Parsifal et le roi blessé. |
L'histoire du mythe du Roi Arthur - 4/4 -

En 1230, un roman anonyme La Mort le roi Artu, rajoute un élément qui deviendra par la suite emblématique de la mort du roi Arthur : alors qu'il est mourant, il demande par trois fois à Girflet de jeter Excalibur dans le lac. Une main se saisit l'épée et l'emporte. Quand Girflet revient auprès du roi, une barque l'a déjà emporté vers Avalon où réside sa demi-soeur Morgane. En Angleterre, au XVe siècle, sir Thomas Malory (1405-1471), écrivain et traducteur, reprend l’ensemble des œuvres qui l'ont précédé et entreprend une compilation en moyen français : Le Morte Darthur ou Le Morte d'Arthur.
Thomas Malory, prisonnier à la Tour de Londres, y rédige en 1469, Le Morte d'Arthur, considéré comme le premier roman arthurien moderne. Publié en 1485, le livre est divisé en huit histoires : la naissance d'Arthur, sa guerre contre les Romains, l'histoire de Lancelot, celle de Gareth puis celle de Tristan, la quête pour le Graal, la liaison entre Lancelot et Guenièvre, et enfin la mort d'Arthur et la chute de la Table Ronde (The Dethe of Arthur). La vision de Malory sera l'une des plus propagée par la suite, avec les écrits de Chrétien de Troyes, et elle aura un fort retentissement sur la perception que la culture populaire se fait du mythe d'Arthur. Selon Sir Thomas Malory, peu de temps après le début de son règne, Arthur est conduit par Merlin au bord d'un lac d'où émerge Excalibur portée par la main de la fée Viviane (ou Niniane, Nyneve, Nimue...) la Dame du Lac. ... Guenièvre se fait moniale et Lancelot, ermite.
Excalibur, film culte de John Boorman, 1981, est inspiré du roman de Thomas Malory
L'histoire du mythe du Roi Arthur - 3/4 -
L'histoire du mythe du Roi Arthur - 2/4 -
L'histoire du mythe du Roi Arthur -1/4 -
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Jean de Wavrin (v. 1398-v. 1474), Chroniques d'Angleterre Geoffroi de Monmouth écrivant ; Présentation du livre - Jean de Wavrin écrivant - Hélénos, Anténor et Enée |
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Le couronnement d’Arthur Illustration de l’Histoire des Rois de Bretagne |
La légende arthurienne est alimentée dès le VIe par des récits populaires en Pays de Galle et en Irlande, puis les allusions à ce mythe se multiplient dans les textes latins dès le IXe siècle.

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Roman de Brut |
Wace est le premier à dire que c’est Arthur qui a institué la Table Ronde afin d’éviter les querelles de préséance entre ses chevaliers et à mentionner la légende selon laquelle Arthur, après avoir été blessé par Mordred et emporté en Avallon par des fées, reviendra un jour libérer son peuple.
Le roi Arthur a t-il existé?
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Pour les anglais, c'est grâce à Geoffrey de Monmouth (vers 1100 - 1155) et à Sir Thomas Malory (1405-1471)
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Pour les français, la référence est Chrétien de Troyes (1135-1185)
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Pour les allemands, c'est Wolfram d'Eschenbach (1170-1220), repris par Wagner
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De Nennius: Historia Brittonum (8e s.) |
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Arthur serait né vers 470/475 et serait originaire du Pays de Galles. Il serait un chef breton du nom d'Aurelius Ambrosius, il aurait arrêté les saxons au mont Bodonicus vers 496 ap.JC : Il n'aurait pas été couronné roi.
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Arthur pourrait aussi relever de Lucius Artorius Castus. Ce préfet romain, installé à York, a commandé (l'épigraphie l'atteste) la VIe Légion Victrix, chargée de combattre les Calédoniens (peuple de l'actuelle Écosse) au-delà du mur d'Hadrien. Il a remporté contre eux (et non contre les Saxons) une suite de victoires entre 183 et 185 après J.-C.
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Selon Geoffrey Ashe [ historien, spécialiste d'Arthur ], le légendaire Arthur est inspiré du personnage réel de Riothamus, qui aurait porté le titre de « roi des Bretons » entre 454 et 470. Il serait venu par bateau en Gaule vers 468 - 469 pour aider l'empereur romain Anthemius aux prises avec les Wizigoths d'Euric. Il aurait mené son armée jusqu'à Bourges mais aurait été vaincu peu après en 469 ap.JC

Robert de Boron et le Graal. -2/2-
«La position de Robert de Boron dans la tradition romanesque du Graal est décisive, non pas tant, comme on le dit, par les innovations qu’il introduit dans l’histoire du Graal que par la forme d’écriture et de compilation qui est la sienne. Chacun le sait : il est le premier à faire du Graal le calice de la Cène (encore cette formulation est-elle doublement inexacte, car il ne s’agit pas vraiment de la Cène et le Graal n’est pas essentiellement un calice), dans lequel Joseph d’Arimathie a ensuite recueilli le sang du Christ...» Michel Zink – Collège de France
On lit généralement Robert de Boron comme le continuateur de Chrétien de Troyes, en effet le Joseph d’Arimathie « christianise définitivement le graal en s’inspirant d’écrits apocryphes » (J.-M. Fritz). « Pourtant rien ne dit, ni que la légende ait connu une évolution cohérente allant vers la christianisation, ni que les étapes de cette évolution au tournant du XIIe et du XIIIe siècles se réduisent à Chrétien et ses continuateurs d’une part, à Robert de l’autre. Le Parzival de Wolfram est même un indice du contraire et accréditerait plutôt l’idée que Chrétien, à sa manière épurée, n’a retenu que le peu qui l’intéressait d’une matière foisonnante. » Michel Zink
Robert de Boron n'a sans doute pas ignoré qu'à son époque, vers 1229, un moine de l'abbaye cistercienne de Fromont ( qui existait de puis 1141, et il n'en reste que des vestiges …), en Ile de France, non loin de Beauvais, avait écrit, en latin bien sûr, une sorte de chronique historique, et pour l'année 717 (!), s'exprime ainsi : « En Bretagne, un ermite se fit montrer par un Ange, l'histoire de Joseph d'Arimathie, celui qui descendit le corps de Chist de la croix et celle de la Coupe, avec laquelle le Sauveur avait célébré la Cène avec ses disciples et cet objet est connu dans l'histoire sous le nom de ''Grasal'' or, chez les francs il désignait un plat destiné à servir des personnes de haut rang. Ce document a disparu, mais des princes français le font refaire en ce moment... » Ce moine mélangeait tout, bien entendu, et jamais ledit document ne fut retrouvé, et le fait qu'il en fait allusion montre combien à l'époque, le merveilleux était bien accepté...