moyen-age
L'Histoire de Parzival de Wolfram von Eschenbach – 3/,- L'Histoire de Gauvain
Les livres VII et VIII rapportent uniquement les aventures de Gauvain.

Gauvain au contraire de Parzival, est dès son apparition l'incarnation de la chevalerie idéale. Lui aussi doit affronter des tâches de plus en plus difficiles en raison des défauts de la société courtoise ; mais tous les conflits auxquels il est confronté tirent leur origine du fait qu'il comprend mal ce qu'est l'amour (c'est la problématique de l'amour courtois). Gauvain cependant se montre capable de résoudre les problèmes qui en découlent, même si au cours des ans il est incapable d'être fidèle à son épouse - ce en quoi il s'oppose encore à Perceval. ( wiki)
Le héros s'est mis en route pour se rendre au royaume d'Ascalon, où il doit affronter Kingrimoursel en combat singulier. Il rencontre une grande troupe guerrière ; c'est l'armée du roi Méliant ( Meljanz de Liz) , qui va assiéger Belleroche ( Bearosche) , château du prince Lyppaut. Méliant veut se venger des avanies que luia infligées la fille aînée de Lyppaut, Obie.

Gauvain suit l'armée et arrive à Belleroche ; il n'a d'abord nul dessein de prendre part au combat qui se prépare. Il va camper sous les murs du château ; d'en haut les dames de contemplent. Méprisante, la fille aînée de Lyppaut, Obie, déclare que cet étranger n'est qu'un marchand ; la jeune sœur, Obilôte, au contraire, vante l'air noble du nouveau venu et se déclare prête à lui accorder son amour.
Le maréchal du château, Schérule, invire Gauvain à pénétrer dans la ville et lui offre l’hospitalité. Le prince Lyppaut vient lui rendre visite et le prie de l'aider à repousser les ennemis. Gauvain ne croit d'abord pas pouvoir y consentir ( il ne veut pas être impliqué dans une bataille parce qu'il est obligé d'arriver à temps et sans blessures à Ascalon); mais il finit par céder, quand la jeune Obilote, qui n'est d'ailleurs qu'une enfant de sept à huit ans, lui adresse la même prière. Avec un grand sérieux, la fillette adopte le langage et les manières des grandes personnes. Gauvain la traite avec autant d'égards que si elle était déjà une dame. Il emporte au combat, comme un véritable chevalier servant, le présent qu'il a reçu d'elle. Il défait successivement les chefs de l'armée ennemie, blesse Méliant et le fait prisonnier. Sur la prière d'Obilôte, le roi Méliant se réconcilie avec Obie et l'épouse. Gauvain prend congé de tous et en particulier de la jeune Obilôte, désolée de le voir s'éloigner. Il repart seul vers Ascalon.
Parzifal est apparue un instant dans ce livre ; on l'a vu combattre glorieusement dans l'armée du roi Méliant, mais son rôle demeure très effacé.

( Livre VIII) En arrivant dans le royaume d'Ascalon, Gauvain rencontre le roi du pays, Vergulaht, qui est en train de chasser. Vergulaht s'excuse de pas l'accompagner jusqu'au château; il l'envoie à sa sœur, la belle et séduisante princesse Antikonie. Cette dernière accueille l'étranger avec empressement. Bientôt, Gauvain en vient à la requérir d'amour, et elle laisse voir qu'elle répond jusqu'à ce que cela les met tous les deux dans une situation compromettante, quand à ce moment un vieux chevalier entre dans la salle... Il ameute contre Gauvain les habitants du château qui pensent qu'il a l'intention de violer la jeune femme. Conduit par Antikonie, Gauvain se réfugie dans une tour; il se défend à l'aide d'un échiquier, tandis que la princesse lance sur les assaillants les figures du jeu d'échec. Le roi, survenant, veut en personne attaquer Gauvain. Mais le landgrave Kingrimoursel qui, devant toute la cour d’Arthur, avait provoqué Gauvain, prend la défense de ce dernier. Après de longues discussions, le roi consent à une trêve. Kingrimoursel remet à une année le combat singulier qui devait l'opposer à Gauvain.
Vergulaht tient conseil avec ses barons : au cours de l'entretien, il leur conte qu'il, a été récemment vaincu en combat singulier, par un chevalier inconnu, vêtu d'une armure vermeille ( Parzival), lequel lui a imposé ou bien de partir en quête et trouver le Graal, ou, bien d'aller se constituer prisonnier près de la reine de Beaurepaire. Un des conseillers du roi Vergulahl l'engage à libérer Gauvain, en lui imposant de rechercher le Graal. Gauvain accepte et prend congé de la cour et d'Antikonie.
Kingrimoursel accompagne Gauvain pendant quelque temps et se charge de ramener ses écuyers et ses pages en leur pays.
L'Histoire de Parzival de Wolfram von Eschenbach – 2/,-
Parzival au Gralsburg ( Château du Graal) - Livre V -
Parzival a quitté son épouse Condwiramour... Le motif de cette douloureuse séparation est la quête de sa mère ; et cela veut aussi bien dire la quête de sa propre mission qui est de découvrir le Graal.

Parzival arrive le soir au bord d'un lac perdu dans une forêt. Il aperçoit deux pêcheurs dans une barque et leur demande s'il est quelque demeure, aux environs, où il puisse passer la nuit. L'un des pêcheurs lui indique le chemin d'un château proche en Terre de Salvaesche; il annonce à Parzival qu'il sera lui-même son hôte en ce château. A son arrivée, Parzival est reçu avec honneurs ; on lui ôte son harnois ; on lui prête un manteau de soie ; puis on le conduit dans une vaste salle, où sont assemblés quatre cent chevaliers, tous tristes...
Parzival retrouve là celui qu'il avait pris pour un pêcheur : c'est Anfortas, roi du pays environnant et oncle de Parzival ( Anfortas est le fils du défunt roi Frimutel et le frère de Herzeloyde)... Anfortas qui souffre d'une maladie mystérieuse *, est à demi étendu sur un lit de sangle, devant un grand feu, dans le vaste salle du château. Parzival prend place à son côté.
* Anfortas est incapable de marcher, de monter à cheval, de s'étendre, de se tenir debout, il ne peut que s'adosser à un appui. Par la pêche, il trouve un peu de à son infortune. Le roi du Graal subit le châtiment d’un amour interdit, sous la forme d’une blessure aux parties génitales infligée par un coup de lance.

Parzival assiste alors à un spectacle surprenant : un page entre avec une lance dont la pointe laisse tomber des gouttes de sang, fait le tour de la salle - des lamentations générales la suivent - puis disparaît. Viennent ensuite, en un cortège magnifique, vingt-cinq jeunes filles, qui tiennent en main des lumières, des pieds de table en ivoire, une table taillée dans une pierre précieuse et des couteaux d'argent; la reine Repanse de Schoye porte le Graal, qu'elle dépose devant le roi Anfortas
<- Parsifal avec Amfortas dans le Château du Graal. Peinture murale dans la Salle des Chanteurs, August Spiess, 1883 château de Neuschwanstein
Le Graal est une pierre précieuse, dispensatrice de vie ; il fournit aux assistants tout ce qu'ils souhaitent : mets et boissons ; et offre la vie éternelle ...
Le Graal est le but le plus élevé des désirs terrestres et le symbole du salut entre le ciel et la terre. Aucun humain n'a encore vécu - assez pur et noble - pour être digne d'être le Gardien du Graal.

Parzival admire toutes ces merveilles, mais, se souvenant des préceptes de Gornemant, s'abstient par discrétion, de poser aucune question. Il n'interroge pas même le roi, quand ce dernier lui fait cadeau d'une épée. Arès le festin, on le conduit dans une chambre où il s'endort d'un sommeil inquiet et troublé : un rêve pénible lui donne à penser que des épreuves cruelles l'attendent dans la vie.
Le lendemain, au réveil, il trouve le château désert. Il se met en selle ; au moment où il franchit le pont-levis, un écuyer invisible l'invective et lui reproche de ne pas avoir posé de questions. Parzival, poursuivant son chemin dans la forêt, rencontre sa cousine Sigune échevelée qui pleure toujours son prince mort - elle embrasse son cadavre embaumé!. Elle lui révèle qu'il vient de passer la nuit au château de Montsalvage ( Munsalvaesche).. Ce château ne peut pas être trouvé intentionnellement, seul le hasard offre cette opportunité à ceux qui sont dignes du Graal... L'épée que lui a donnée Anfortas, est une épée magique fabriquée par le célèbre forgeron Trebuchet.

Quand il est forcé d'avouer à Sigune qu'il n'a même pas été capable de dire une simple parole de consolation, elle le maudit ... Il la quitte alors. Il rejoint bientôt la duchesse Jeschoute ( Jeschute) , épouse du duc Orilus, qui l'a condamnée à mener une vie humiliante et dure, parce qu'il croit qu'elle a, un an plus tôt, accordé son amour à Parzival... Ce dernier combat contre Orilus, le vainc, jure solennellement que la duchesse est innocente, qu'il n'a jamais eu de relations avec elle, et réconcilie les deux époux. Sur son ordre, Orilus doit aller à la cour d'Arthur, pour faire savoir à Cunneware qu'elle sera vengée de l'affront que lui a jadis fait le sénéchal Ké...
( Livre VI) Arthur s'est mis en route avec toute sa cour, pour rechercher Perceval, qu'il voudrait voir de joindre à la troupe des Chevaliers de la Table Ronde. Il a fait promettre à tous ceux qui l'accompagnent de ne jamais prendre part à un combat singulier sans en avoir reçu de lui la permission. Précisément Parzival se trouve justement dans la même région qu'Arthur.

Une couche de neige recouvre le sol. Près de lui un faucon poursuit une oie sauvage : quelques gouttes de sang tombent sur la neige, près de Parzival. Le blanc et le rouge le font songer à son épouse, Condwiramour ; il est si profondément plongé dans ses pensées qu'il est hors d'état de prêter attention à ce qui l'entoure.

Or un page, venu du camp d'Arthur, l'aperçoit et, croyant voir en lui un ennemi, va jeter l'alarme au camp. Segramor obtient d'Arthur la permission d'aller combattre l'étranger. Bien qu'à peine sorti de son état hypnotique, Perceval le désarçonne. Alors le sénéchal Ké vient à son tour le provoquer ; dans une sorte d'état de somnambulisme, Parzival jette à terre Ké, qui se casse un bras et une jambe. Gauvain enfin vient trouver le chevalier étranger et, ayant deviné la raison de son attitude singulière, cache sous un tissu les gouttes de sang répandues dans la neige. Parzival revient alors à lui. Il apprend de la bouche de Gauvain qu'il a vengé, sans le savoir, l'affront jadis fait à Cunneware. Il se rend avec Gauvain à la cour d'Arthur, où on lui fait un magnifique accueil et où l'on donne une fête en son honneur. Toute l'assemblée se réjouit.

Parzival est accueilli à la Table Ronde avec tous les honneurs de la cour ; il est ainsi monté jusqu'au sommet de la hiérarchie des chevaliers. La Table Ronde se réunit pour le repas pris en commun ; il semble que là toutes les oppositions, toutes les fautes, toutes les rivalités internes sont pardonnées et effacées.
C'est justement à ce moment, où se manifeste la splendeur et la sûreté de soi de la société noble la plus typique, que se présentent deux personnages qui détruisent totalement cette atmosphère de gaîté, en proférant malédictions et reproches amers contre l'honneur chevaleresque de Gauvain et de Parzival, ce qui met fin immédiatement à la fête...
En effet, on voit soudain apparaître Kundrie ( Cundry) la sorcière, qui maudit Parzifal, parce qu'il a négligé, lors de son séjour au Château du Graal, de poser la question qui eût délivré Anfortas. Elle invite d'autre part les chevaliers présents à tenter une belle aventure : quatre cents dames sont prisonnières au Château de la Merveille ; ceux qui les délivreront pourront compter sur la reconnaissance des prisonnières.
Kundrie possède une apparence repoussante ( nez à fome de chien, dents qui dépassent de la bouche, oreilles d'ours, mains à la peau de singe, ongles sales comme des griffes...) ; même son frère Malcreature est répugnant à l’extérieur... La raison de cette apparence laide est une "inconduite lointaine" qui remonte à Adam. Ses filles avaient été mis en garde de ne pas prendre certaines herbes pendant la grossesse, elles ont ignoré ses conseils, de sorte que des enfants déformés sont nés. Ce faisant, ils ont changé "la forme que Dieu nous a donnée dans l'acte de création"

Cundry est qualifiée de "sorcière" par la vieille reine Diptam au Château magique Clinschors, qui lui explique les remèdes avec lesquels elle prendra plus tard soin de la santé de Gauvain. Elle apporte également de la nourriture pour toute la semaine Sigune, en deuil, à l'ermitage de Trevrizent, tous les samedis...
Cundry contraste avec Parzival et les dames de la cour. En effet, elle a une haute éducation et de fortes valeurs morales, ce qui la différencie de Parzival : ainsi, elle maîtrise le latin, l'arabe et le français sans erreurs et maîtrise également la dialectique, la géométrie et l'astronomie. En raison de son savoir, elle est appelée "la sorcière". Elle est connue pour parler "comme une cascade" et son discours ne cesse jamais. Avec ses paroles, elle "détruit toujours tout plaisir et toute joie"...
Après Kundrie apparaît un chevalier étranger, Kingrimoursel ; il vient provoquer en combat singulier Gauvain, qu'il accuse ( à tort) d'avoir déloyalement fait périr le roi Kingrisin. L'assemblée se sépare tristement. Avant de partir pourtant, Parzival unit Clamadieu et Cunneware. Il apprend d'une reine étrangère, Ecuba, qu'un sien frère vit en Orient : c'est un roi puissant et riche, du nom de Feirefis.
Parzival se débat avec lui-même et contre le monde, il est tourmenté par le doute... C'est là que se révèle l'idée superficielle de Parzival au sujet de Dieu : il explique - son refus de parler au château du Graal - par le fait que Dieu a refusé de s'occuper de lui, alors qu'il aurait pu manifester sa toute-puissance en guérissant Anfortas et en préservant ainsi Parzival, son serviteur fidèle, de l'imprécation déshonorante lancée par Kundrie. Comme dans un rapport de vassal à suzerain, Parzival dénonce sa soumission à Dieu ...

Il quitte la Table Ronde, pour se lancer dans la Quête du Graal. Il part pour une recherche solitaire du Graal qui durera plusieurs années, et devient par cela même un personnage secondaire...
Gauvain de son côté, se met en route pour se rendre au Royaume d'Escalon, où doit avoir lieu son combat avec Kingrimoursel.
A suivre ...
L'Histoire de Parzival de Wolfram von Eschenbach – 1/,-
« O vous qui avez une saine intelligence, soyez attentifs à la doctrine qui se cache sous le voile de ces vers étranges . » (Dante) -
« Je ne tiendrais pas pour sage celui qui ne discernerait pas facilement
les solides enseignements que renferme ce récit »
(W. von Eschenbach). »


Cela commence avec l'histoire de Gamuret ( Gahmuret) – le père de Perceval ( Parzival ) - . Gandin, roi d'Anjou, a deux fils, Galoès et Gamuret ( le cadet). A sa mort l'aîné hérite de ses États, l'autre cherche fortune en Orient et sert le kalife de Bagdad, Baruch, alors en guerre avec les princes de Babylone, Pompeius et Ipomidon, puis il erre en d'autres pays; le vent le jette sur la côte d'Afrique, où une belle princesse maure, Bélacane, est assiégée par le roi d'Écosse Friedebrand et les Maures d'Assagog. Il la délivre, l'épouse; mais bientôt l'ennui d'une vie sédentaire lui fait abandonner Bélacane. Peu après son départ, la malheureuse reine accouche d'un fils dont la peau tachetée de blanc et de noir rappelle sa double origine, elle le nomme Fièrefils.
Gamuret aborde en Espagne. Il apprend qu'Herzéloïde, reine de Galles et de Norgals, a promis sa main et ses États au vainqueur d'un tournoi qu'elle donne en sa capitale de Canvolès. Une foule de princes prétendent à un si haut prix ; mais Gamuret triomphe de tous ses adversaires; et au moment où il épouse Herzéloïde – après avoir écarté la revendication amoureuse de la reine de France, Ampflise... Il apprend que sa mère et son frère Galoès sont morts, le laissant héritier du royaume d'Anjou. Mais Gamuret ne peut jouir paisiblement de tant de puissance; le goût des aventures l'entraîne encore ; il repart. Six mois après Herzéloïde, déjà inquiète d'un songe sinistre qui lui présageait les plus grands malheurs, elle apprend que son époux a péri devant Bagdad. Quatorze jours plus tard elle met au monde Parzival.

Parzival, est le fils de Gahmuret – en lien familial avec Arthur – et de Herzeloyde – en lien avec le Graal - . Avec la mort de Gahmuret ; c'est peut-être aussi l’ancien monde chevaleresque qui fomente la passion et la douleur, qui meurt ( même si ses valeurs restent fortes...). Herzeloyde en totale liberté apporte quelque chose de nouveau dans le monde. Elle rompt avec l’ancien et met le nouveau à sa place, jusqu’à sacrifier sa vie pour cela.
Herzeloyde abandonne toute sa richesse de ses trois royaumes et se retire avec l’enfant et quelques esprits serviables dans la « solitude » de la forêt de Soltâne.
Herzeloyde, ne vit plus que pour son fils. Elle se retire avec Parzival dans un lieu désert, la forêt de Soltane. Délibérément, elle lui fait tout ignorer du monde et de la vie en dehors de la forêt, elle ne le prépare en particulier à rien de ce que réclamerait, sur le plan social, éthique et guerrier, son statut de chevalier et de seigneur.
Ce n’est que plus tard qu’il apprendra son nom et son origine de la bouche de sa cousine Sigune, peu avant d’arriver pour la première fois à la cour du roi Arthur

Parzival grandit en harmonie avec la nature. Et, Herzeloyde essaie de protéger son fils des dangers de la chevalerie, et même d’être tenté par elle, mais elle n'y réussira pas. Dans l'espoir que son fils lui reviendra après avoir fait dans le monde assez de mauvaises expériences, elle l’habille comme on habille les ''simplets'' et elle lui donne sur la façon de se conduire des instructions absurdes qui, observées à la lettre et jointes à son habit, ne peuvent manquer de le rendre ridicule.
Parzival grandit, il devient robuste et habile à tous les exercices du corps. En lui germe le désir du vaste monde. Un jour, alors qu'il est à la chasse, il rencontre un chevalier qui en poursuit deux autres. Il est fasciné par eux … Il apprend la nature et la gloire de la vie chevaleresque. Sa mère ne peut plus le tenir. Il décide de se rendre à la cour du Roi Arthur, roi de Bretagne, pour devenir chevalier. Sa mère lui donne des conseils, qu'il suivra à la lettre sans les comprendre... Il la quitte. Elle en meurt de douleur...
En chevauchant Perceval aperçoit une tente ; il y pénètre et trouve une dame endormie. Croyant obéir aux conseils de sa mère, il l'embrasse, malgré elle, il lui prend en outre un anneau et un fermail. Soupçonnée d'infidélité par son époux: Orilus, la dame, Jeschoute (Jeschute) , sera soumise pendant plus d'une année à des tourments rigoureux...

Parzival fait ensuite la rencontre d'une autre dame, Sigune ( Sigunde) , qui se lamente sur le cadavre de son chevalier servant. Il s'entretient avec elle, et découvre qu'elle est sa cousine, et apprend d'elle de quelle lignée il descend.
Après avoir passé la nuit chez un pécheur, Parzifal se rend à Nantes, où se trouve la cour d'Arthur. En chemin, il rencontre un chevalier vêtu d'une armure vermeille, Ither de Gaheviez, qui le charge d'un message pour le roi : il a volé une coupe au roi et l'a reversée sur la reine Ginover (Guenièvre) et il a lancé un défi à l'un ou l'autre de ses chevaliers.... Arrivé à Nantes, Parzival excite la curiosité et l'admiration de tous. Le roi lui fait un amical accueil. Une jeune femme, Cunneware, se prend à rire en le voyant. Or elle n'avait jamais ri. Elle ne devait rire que le jour où elle se trouverait en face du plus vaillant de tous les chevaliers. Le sénéchal Ké, irrité de voir qu'elle fait un pareil honneur à un rustre, la roue de coups. Perceval annonce son intention de la venger...
Parzifal bat le ''chevalier vermeil (rouge)'' Ither qui a volé une coupe à la table ronde d'Arthus. C'est ainsi que Parzival le tue d'un coup de javelot, et obtient son armure et son cheval.

A l'aventure, Parzifal, arrive le soir devant un château isolé ( Graharz) , où il est reçu par Gornemant. Ce vieux chevalier l'accueille avec bonté, lui enseigne les règles de la bienséance et lui conseille en particulier de ne pas poser trop de questions. Il lui apprend aussi à manier la lance et l'épée. Gornemant ( Gurnemanz) voudrait retenir Parzival près de lui et lui donner pour épouse sa fille, la belle Liâze ; mais Parzival ne se juge pas encore digne de cet honneur.
Quand il quitte Graharz au bout de 14 jours pour poursuivre sa vie d’aventures, il est devenu un chevalier parfait dans le sens du monde arthurien.
Parzival arrive dans le royaume de Brobarz à Belrapeire ( Beaurepaire) . La reine du pays, Condwiramour ( Kondwiramur) – dans sa ville - est assiégée par le roi Clamadieu, qui veut la contraindre à l'épouser. La ville souffrant d'une cruelle famine, offre l'hospitalité à Parzival. Au cours de la nuit, le reine se rend dans la chambre du héros, où il repose. Elle le supplie de venir en aide aux assiégés ; il lui en fait la promesse. Le lendemain, Parzifal défait en combat singulier, Kingrun, sénéchal de Clamadieu, et l'envoie faire sa soumission au Roi Arthur.. La reine Condwiramour déclare alors qu'elle n'aura jamais d'autre époux que Parzifal, son sauveur. Sur ces entrefaites, deux navires chargés de vivres, arrivent dans le port de Beaurepaire ; la disette prend fin.

Parzival devient l'époux de Condwiramour. Le roi Clamadieu, ayant appris la défaite de son sénéchal, attaque à son tour la ville ; il est repoussé. Il provoque alors Parzival en combat singulier. Parzival le vainc, le fait prisonnier et l'envoie, lui aussi, à la cour du Roi Arthur. Après être demeuré quelque temps près de son épouse Condwiramour, devenu le maître du royaume, et mis en ordre les affaires... Parzival la quitte, afin d'aller prendre des nouvelles de sa mère Herzeloïde ( qu'il ne savait pas morte …) et aussi pour chercher aventure. L'amour du bonheur ne peut pas satisfaire son goût pour l'action....
Kondwiramur ou Condwiramur ; provient du français : ''celle qui conduit à l'amour''.. Elle est réputée pour sa beauté... Parzival semble inhibé, au point qu'elle pense qu'il la rejette. Ce n'est pas du tout le cas, cependant – comme son père – il va la laisser pour vivre l'aventure d'un chevalier. Tout au long de sa Quête, il est reste habité par l'amour pour sa femme ( au contraire du comportement de Gauvain) ...
A suivre : .. L'Histoire de Parzival...
Les illustrations sont des peintures du Château de Neuschwanstein, de Ludwig de Bavière...
Sur la piste du Graal : le comte de l'X. -5- Parzival.
Lorsque Théodore-Claude-Henri Hersart de La Villemarqué arrive à Paris, en 1833, pour étudier à l’École des Chartes, Paulin Paris travaille depuis cinq ans à la Bibliothèque du Roi...

Paulin Paris ( 1800-1881) est né en Champagne. Il est membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, et professeur au Collège de France... Il aime citer Madame de Staël, sur le Romantisme : « Cette littérature est la seule qui soit susceptible d'être perfectionnée, parce qu'ayant ses racines dans notre propre sol, elle est la seule qui puisse croître et se vivifier de nouveau.. »
On dit que la France n'a pas d'épopée … Alors, Paulin Paris, recherche dans les romans du Moyen-âge, et décide de publier nos anciens textes.. M. Paulin Paris publie ainsi sept volumes, de 1836 à 1848.

Il y distingue deux catégories de romans, les uns chevaleresques, les autres mystiques, faisant un ensemble assez étrange. Selon l'ordre des événements, le premier est le Joseph d'Arimatie, ou plutôt le Saint-Graal, qui en est un remaniement; puis vient le roman de Merlin l'enchanteur et ses suites, c'est-à-dire Le roi Artus, Gauvain et Perceval, Lancelot du Lac, Tristan; enfin la Quête du Saint-Graal et la dernière partie du Lancelot ou Mort d'Artus. Le mysticisme tient le commencement et la fin, les aventures chevaleresques et galantes occupent le milieu...
L'allemand la Motte Fouqué, et l'académicien Paulin Paris, tentent de comparer Chrétien et Wolfram... Le système parental ( la lignées, la généalogie...) semble plus élaboré chez Wolfram, de plus la lignée s'élargit jusque chez les ''païens'' ( caractère non endogamique). Avec le ''Prêtre Jean '' qui fondera une communauté orientale... Le monde du Graal rejoint l'histoire universelle … !

Par sa mère - Herzeloyde, sœur d'Anfortas - Parzival est de la lignée des rois du Graal...
A noter que le demi-frère de Parzival ( Feirefiz) tombera amoureux de la porteuse du Graal ( Repanse de Schoye, également sœur d'Anfortas) qu’il épousera après s’être fait baptiser : de leur union naîtra un fils, Jean, le futur Prêtre Jean...
La faute de Parzival, est plus claire, dans le bouche de l'ermite et oncle, Trevrizent : « Tu es du même lignage qu’Ither ; tu as méprisé les liens du sang ! Dieu n’a pas oublié ton forfait, et il te demandera peut-être encore des comptes. […] C’est avec douleur que je dois te dire que tu as commis deux graves péchés : tu as tué Ither et tu dois également déplorer la mort de ta mère. ». Ither, est le chevalier à l'armure vermeille que Parzival revêtira... Il n'est pas responsable de la mort de sa mère, comme dans Perceval...
Wolfram rattache à son Parzival, en épilogue, la légende du Chevalier au Cygne qui était déjà liée à la famille de Godefroy de Bouillon, l’un des chefs de la Première croisade (en 1096) et premier roi de Jérusalem. Loherangrin, l’un des fils jumeaux de Parzival et de Condwiramurs, celui qui a été appelé à Munsalvaesche par Dieu, est envoyé par le Graal en Brabant où il doit venir au secours d’une princesse harcelée par des prétendants éconduits. Conduit à Anvers par un cygne, il restaure l’ordre et la justice et épouse la princesse, après lui avoir fait jurer que jamais elle ne demanderait qui il est, et il devient prince de Brabant.... ( encore une histoire à raconter, plus tard … !)

Charles-Louis de Chateauneuf est vivement impressionné par la prégnance de l'histoire de Parzival dans la mentalité allemande ( et, il ne connaît pas encore – bien sûr – les œuvres qui se préparent de Wagner … !)...
La Motte Fouqué, parle de l'écriture de son épopée sur Parzival qui est beaucoup plus qu'un travail : « c'est le résultat d'un pacte avec Wolfram .. !. ». C'est un manuscrit de 500 pages... qu'il écrit alors qu'il vient de se remarier avec une jeune femme de trente ans plus jeune …
La Motte Fouqué ajoute qu'il vient d'obtenir de l' ''Hohenzoller Friedrich-Wilhelm IV'' (*) , la réactivation de l'ordre du cygne, éteint après la Réforme...
Ci-dessous - Dame avec le collier de l'ordre des chevaliers du Cygne (1490)

(*) De la Dynastie des Hohenzollern, Frédéric-Guillaume IV de Prusse ( 1795-1861), que l'on surnomme le « Roi romantique », est passionné par le romantisme et affiche son goût du Moyen Âge.
L' Ordre des Chevaliers de Notre-Dame du cygne, ou Ordre du Cygne , est le plus ancien ordre de chevaliers de la Prusse. Créé le 29 septembre 1440, par l'électeur Friedrich II de Brandebourg, il devait donner à la noblesse des objectifs politiques et sociaux communs sous la direction des Hohenzollern.
Le siège de la branche franconienne était la chapelle George de la collégiale Saint-Gumbertus à Ansbach, qui n’est qu’à environ 20 kilomètres d’Eschenbach, du nom de son habitant le plus célèbre, Wolfram... La Réforme vit l'annulation de l'ordre... Le 24 décembre 1843, le roi Frédéric-Guillaume IV de Prusse tente de rétablir l'Ordre du cygne en tant qu'organisation multiconfessionnelle et humanitaire, et ouvert aux hommes et aux femmes...
Richard Wagner, atteint lui aussi par le virus du Graal, en 1845, commence à concevoir son opéra Lohengrin, créé en 1850.
** Il serait temps d'entrer dans le vif de l'Histoire de Parzival, contée par Wolfram von Eschenbach.. ? Avec Heinrich, je vais tenter de vous la résumer ...
A suivre... L'Histoire de Parzival.
Sur la piste du Graal : le comte de l'X. -4- L'Histoire de Parzival.

Pour en revenir au Graal, le comte de l'X. et le professeur Guillaume-Alfred Heinrich, insistent sur le fait que les croisés, tout pleins du sentiment de la Passion, ont cru trouver en Palestine plus d'une relique de ce sacrifice mémorable. Bien sûr , il évoque le ''Sacro Catino'' transporté à Gênes, en 1101, nous dit-il … Mais, par exemple, les moines de Fécamp en Normandie possédaient un autre saint Graal ; ils conservaient aussi dans une fiole de cristal du sang de Jésus-Christ, recueilli par Nicodème...

Enfin, il nous rappelle que le dogme de l'Eucharistie reçut une glorification nouvelle: au XIIe siècle, par la condamnation de l'archidiacre Bérenger de Tours; au XIIIe , et par l'institution de la fête du Saint-Sacrement... Ce qui prouve bien que notre légende ne fut pour certains esprits qu'une sorte de représentation séculière de l'eucharistie...
Pourtant, le Graal de Wolfram von Eschenbach, n'est pas explicitement une coupe … !
L'ermite conte à Parzival l'histoire merveilleuse de la fraternité du Graal :
« L'ermite parla ainsi : il m'est parfaitement connu que de vaillants chevaliers ont leur demeure à Munsalvaesche, auprès du Graal . Ils partent fréquemment à cheval en quête d'aventures . Ces templiers livrent combat afin d'expier leurs péchés et peu leur importe d'être victorieux ou vaincus. Là vit donc une troupe de valeureux guerriers, et je vais vous dire de quoi ils vivent : Leur nourriture ils la reçoivent d'une pierre, qui en son essence est toute pureté, et si vous ne la connaissez pas je vais vous dire son nom : on l'appelle " Lapsit exillis " . C'est par la vertu de cette pierre que le phénix se consume et devient cendre ; mais il renaît de ses cendres .C'est grâce à cette pierre que le phénix accomplit sa mue pour resplendir ensuite aussi beau qu'auparavant ...La pierre donne à l'homme une telle force que le corps garde la fraîcheur de sa jeunesse . Cette pierre aussi a pour nom le Graal ... »
Je vous disais, dans un article précédent, que le conte de l'X. et Charles-Louis de Chateauneuf, privilégiaient la ''piste germanique'' du Graal... En effet, dans ces années 1830-1850 ; les spécialistes de littérature française, n'ont toujours pas pris la bonne mesure de ce qu'au XVIIIe siècle, on appelait les ''antiquités françaises''...

C'est bien l'école romantique - allemande avant la française – qui va re-découvrir ces textes... Voilà ce qu'en dit Paulin Paris (1800 - 1881) un historien français de la littérature, spécialiste de l'époque médiévale.
« J’apprendrai sans doute à plusieurs lecteurs que l’histoire des chevaliers de la Table ronde, celle du beau Tristan, de la belle Isolde, de Lancelot et de la Dame du Lac ; que les douze Pairs de la cour de Charlemagne sont tous originaires de France... (…) quant aux Français, loin de tirer parti d’une source aussi riche, ils ont préféré emprunter les étrangers qui les avaient eux-mêmes copiés. »
Ainsi, comme le remarque Michel Zink : « Faut-il donc passer par le romantisme, et par le romantisme allemand, pour en venir aux littératures de la France médiévale ? »
Le conte de l'X. et C.-L. de Chateauneuf, vont avoir la chance de rencontrer – en visite à Paris - Friedrich de la Motte Fouqué (1777-1843), qui se passionne pour l'épopée du Graal, et qui recherche les sources françaises... Descendant de huguenots réfugiés en Allemagne, l'écrivain n'a plus qu'un objectif : écrire une épopée qu'il nomme '' Der Parcival''...

Friedrich de la Motte Fouqué, a publié en 1811, une œuvre qui va le rendre célèbre '' Undine '' ( Ondine). Marié à une écrivaine qui tient salon, il est un ami d'Adelbert von Chamisso...
En France, il vient rencontrer l'académicien Paulin Paris; et aussi le breton, Théodore Hersart, vicomte de La Villemarqué (1815 -1895).
** Le Parzival de Wolfram von Eschenbach a déjà été édité, en allemand moderne, par Karl Lachmann, en 1833... Mais rien de tel - en français - pour Chrétien de Troyes... !
Le Conte du Graal de Chrétien de Troyes n’est accessible qu’à travers quelques rares et précieux manuscrits médiévaux ; aucune œuvre de Chrétien n’a fait l’objet d’une édition moderne... Seule , l'anglaise Charlotte Guest a publié en annexe de ses Mabinogion, une transcription passablement fautive du ''Chevalier au lion'' , et qui est due, précisément, à La Villemarqué... Quant à Perceval et le Graal, ils semblent recueillir encore moins d'intérêt que Merlin, ou Lancelot ...
La Villemarqué collecte en Bretagne, les anciennes chansons populaires, et contes... Il publie un recueil , nommé Le Barzaz Breiz , qui sera reconnu par les lettrés parisiens... Soutenu par Augustin Thierry, Sainte-Beuve... Parmi les romantiques, on le compare à Grimm...

Hersart de la Villemarqué, dans ''les Romans de la Table Ronde et les Contes des anciens Bretons'' (1859) a traduit et publié: Owenn ou la Dame de la fontaine, Ghérent ou le Chevalier au faucon, et Pérédur ou le Bassin magique.
Le philosophe Arthur Schopenhauer compare le mythe Jésus, à celui qui en train de retrouver vigueur, après s'être formé au Moyen-âge autour du Roi Arthur, précisant « il y a quelques années, le ministère de l'instruction publique de France a envoyé en Angleterre M. de la Villemarqué, pour rechercher l'origine des mythes relatifs à ce roi Arthur. »
« Nous, les Bretons, attendons le retour du roi Arthur comme les juifs celui du Messie », écrit Chateaubriand dans son Essai sur la littérature anglaise (1836). D'ailleurs au XIXe siècle, se développe une certaine idée interceltique... A Glastonbury, notamment en 1838, La Villemarquée, participe au renouveau des relations interceltiques...

Théodore Hersart de la Villemarqué, même s'il ne s’intéresse que très peu aux textes de Chrétien de Troyes, tente d'expliquer l’apparition du Graal dans le roman de Chrétien... Sous sa plume, le Graal dérive à la fois du bassin de Keridwen cité dans l’Histoire de Taliesin, de l’histoire du héros gallois Peredur – dont il explique le nom par «homme des bassins» – et du chaudron de Bran-le-béni.. Au sujet de ce chaudron, La Villemarqué écrit: « Ce vase avait, comme le graal, la propriété de guérir les blessures mortelles, et même de rendre la vie; mais de peur que la personne ressuscitée ne révélât le secret de sa guérison, elle recouvrait la vie sans l’usage de la parole». Voilà qui expliquait, selon La Villemarqué, le mutisme de Perceval. Quant à la lance qui saigne La Villemarqué la trouvait aussi chez Taliesin: «Le pays des Loègres (l’Angleterre) périra par la lance sanglante»...
Nous sommes donc loin, en France, d'une véritable compréhension de la Quête du Graal ...

Jacques Boulenger en 1923, écrira :
« Néanmoins, nos grands écrivains romantiques, à qui elle aurait pu inspirer de beaux poèmes, ignoreront la '' Matière de Bretagne ''. Il n’y a jamais eu, depuis 1591, qu’un seul essai d’adaptation littéraire des romans de la Table ronde : c’est celui de Paulin Paris (1868-1877), qui, travaillant sur les manuscrits mêmes, n’a pu achever son ouvrage et n’a rempli, d’ailleurs sans grand talent, il me semble, que la moitié de son dessein. »
Revenons donc à l'allemand, Friedrich de la Motte Fouqué...
A suivre ...
Sur la piste du Graal : le comte de l'X. -3 Le Graal -

Le Comte de l'X. et Charles-Louis de Chateauneuf, vont rencontrer un jeune homme qui - sorti de l’École Normale supérieure - est un germaniste passionné et passe de longs séjours en Allemagne : Guillaume-Alfred Heinrich, il enseignera plus tard la littérature allemande à la Faculté des Lettres de Lyon...
Voici son enseignement sur la légende du Saint-Graal ( édité ensuite en 1855) ...

Chez Wolfram, Parzival le héros, reste né dans le pays de Galles : son origine remonte aux vieux contes populaires de la race celtique, aux Mabinogion.
Le Mythe du Graal, vient tour à tour de la Bretagne, de la Provence ou de l'Orient.
Le Saint Graal, suivant les idées du moyen âge, n'était pas seulement un vase sacré, à jamais vénérable pour avoir reçu le sang du Christ; c'était aussi un vase mystérieux, source d'abondantes faveurs pour les chevaliers chargés de sa garde.
Ainsi le roi Pêcheur, Anfortas pour Wolfram, atteint d'une incurable blessure, ne prolonge ses jours que par la vue du Graal...
Heinrich, tient aussi à raconter – l'histoire du ''vase'' selon Les Mabinogion : rapportée par l'anglaise lady Charlotte Guest..

Un jour que Bran le Béni chassait en Irlande, il arriva sur le bord d'un lac nommé le ''lac du chaudron''. Comme il errait sur le rivage, il vit un homme noir, d'une taille gigantesque, au visage hideux, sortir tout à coup des eaux avec un chaudron dans ses bras. Une sorcière et un nain l'accompagnaient.
Le géant et la sorcière suivirent Bran le Béni dans la Cambrie son pays natal, et en retour de l'hospitalité qu'ils avaient reçue, lui firent présent de leur chaudron. Ce vase, comme le Graal, guérissait les blessures mortelles, il avait même le pouvoir de rendre la vie ; mais de peur que le ressuscité ne révélât le secret de sa guérison, il ne recouvrait point l'usage de la parole.
Nous retrouvons bien là le même mystère qui entoure le Graal...

Ce vase ne resta pas longtemps en la possession de Bran le Béni. Il avait eu quelques démêlés avec le prince d'Irlande Martolouc'h. Il se réconcilia avec lui et l'invita à un banquet. Il fit servir à manger dans le chaudron magique, où les mets ne s'épuisaient pas, et à la fin du repas il l'offrit au chef irlandais comme un gage de paix et d'amitié. Cette paix ne dura guère. De nouvelles injures forcent Bran le Béni à envahir l'Irlande.
Malheureusement le vase qu'il a donné devient le plus utile auxiliaire de ses ennemis; sa vertu ressuscite chaque soldat qui perd la vie, et Bran se consume en vains efforts pour vaincre une armée impérissable. Un jour enfin qu'on jette dans le chaudron la tête d'un chef pervers nommé l'Esprit-Mauvais, ce vase, qui, comme le Graal, ne saurait être touché par un méchant, se brise de lui-même au contact de cette tête coupable, et Bran le Béni recouvre ainsi l'avantage.

Le barde Taliésin parle déjà de son initiation aux mystères du chaudron, et une fois initié, s'écrie : « J'ai perdu la parole ; » allusion évidente à la discipline du secret destiné à dérober au vulgaire quelque enseignement religieux des bardes. Quant au vase lui-même, placé dans le sanctuaire d'une déesse, il communique le don de prophétie, l'inspiration poétique, et la connaissance des lois cachées qui régissent l'univers. L'introduction du christianisme chez les populations celtiques, en changeant les croyances, altéra cette vieille tradition dont le Mabinogi de Bran est peut-être un écho déjà bien affaibli. Mais un peuple est toujours porté à mêler ses vieilles superstitions à la doctrine nouvelle qu'il accepte. La légende du chaudron mystérieux se confond avec le dogme de la Résurrection, et sans doute avec celui de l'Eucharistie.
Guillaume-Alfred Heinrich, évoque ensuite Nicodème et la tradition chrétienne transcrite par Robert de Boron....
Heinrich nous dit encore, que l'abbé de la Rue ( 1751-1835. Historien et spécialiste de littérature anglo-normande), dans ses recherches sur les origines du cycle de la Table-Ronde, parle d'un vieux texte latin rédigé, dit-on , par les ordres du roi Arthur, et placé par lui dans les armoires de la cathédrale de Salisbury... ! ?
* Mais, le roi Arthur ; qui en parle … ?

Au XIIe siècle le moine Hélinand (Cistercien, chroniqueur de l'abbaye de Frémont dans le diocèse de Beauvais.) parle comme d'une chose universellement admise de la vision qu'un ermite breton eut en 720 « au sujet de Joseph d'Arimathie et du Gradal. »... Il n'a pu, dit-il, se procurer le récit original en latin déjà difficile à trouver de son temps ; mais il en existe des traductions françaises qu'il a consultées.

Un chroniqueur anglais du XIIe siècle, Guillaume de Malmesbury, écrit sur Arthur, un héros national gallois, contre les anglo-saxons, qui a livré maint combat avant de périr , en 542, à la bataille de Camlam... Sans autre fondement historique … !
Vers 850 dans le récit de Nennius ; la résistance des Gallois contre les Saxons se personnifie dans Arthur, et la victoire ne l'abandonne jamais... De plus, Arthur va à Jérusalem et en rapporte un modèle de la vraie Croix, destiné à rendre ses armées invincibles aux païens...
Enfin, la création épique du cycle d'Arthur s'achève dans la chronique de Geoffroy de Monmouth.
Sur la piste du Graal : le comte de l'X. -2 Wolfram von Eschenbach-
Les informations – données par le comte de l'X. - sur le douteux ''calice de Gênes'' permet à Charles-Louis de Chateauneuf, de s’intéresser de plus près à ce que nous appelons Le Graal... Les légendes celtes et anglo-normandes sont prolixes à son sujet... Cependant Le Comte de l'X., lui, insiste et reste fixé sur la piste germanique. Voici quelques uns de ses arguments...

Quelques éléments d'histoire :
Hugues de Payns et Godefroy de Saint-Omer, créent en 1118 la militia Christi dans le but officiel de protéger les pèlerins.
La milice entreprend des fouilles sous le Temple de Salomon à partir de 1118.
Une dizaine d'années plus tard, à l’occasion du Concile de Troyes, cette milice devient l’ordre du Temple, placé sous le patronage de l’abbé Bernard de Clairvaux, dont l'abbaye de Clairvaux est fondée en partie grâce aux fonds de Hugues de Champagne.
Hugues de Champagne (1074-1126) - bien plus puissant et riche que le roi de France - part une 1ère fois en Terre Sainte de 1104 à 1107 ; il abandonne ses richesses et les siens pour rejoindre en 1126, le nouvel Ordre des Templiers, et se mettre au service d'un de ses anciens vassaux, Hugues de Payns.

Chrétien de Troyes (1135-1183) commence à écrire - en Champagne - vers 1160, le Conte du Graal, œuvre inachevée alors qu'il est au service d'Henri le Libéral – comte de Champagne - et de Marie de France, son épouse et fille de Louis VII et d'Aliénor d'Aquitaine. Henri revient de croisade en 1148.
Un auteur médiéval Allemand, chevalier et peut-être lui-même templier: Wolfram Von Eschembach (1170-1220), reprend ces textes pour en faire son Parzifal, ses sources proviendraient – en plus du texte de Chrétien de Troyes - de textes plus anciens dû à un certain Kyot le Provençal, qui pourrait être Guyot de Provins, lui-même affilié à l’Ordre du Temple. Il reproche même à Chrétien - dans son prologue - de ne pas avoir connu « le Conte authentique »
Le Graal aurait pu être retrouvé par les Templiers dans le Temple de Jérusalem ! Dans le Parzival écrit par Wolfram von Eschenbach, le Graal est bien gardé par des chevaliers templiers.

Wolfram von Eschenbach - né autour de 1170 dans le village d’Eschenbach, près d'Ansbach en Bavière - mort autour de 1220 - est un chevalier franconien peu fortuné de l'entourage d'Hermann 1er ( 1190-1217), landgrave de Thuringe et conte palatin de saxe... Ce chevalier poète, féru d'astrologie et d'alchimie est un personnage étonnant... !
« C'est une œuvre conquérente qui sort de la plume de Wolfram ; elle dépasse l'ambiguité de Chrétien. En fait, Parzifal inaugure, en milieu germanique, un puissant courant ésotérique, politique et philosophique qui marquera durablement l'ensemble de la tradition européenne. En ce sens, il semble bien y avoir un graal français et un graal allemand qui n'appellent pas les mêmes enjeux culturels. Au terme d'une longue évolution, le pangermanisme du XIXe siècle explorera le mythe dans des recoins ignorés des auteurs français et lui donnera un retentissement exceptionnel. Le texte de Wolfram servira de support à bien des rêves hermétistes ou occultistes jusqu'au XXe siècle. » Philippe Walter

Il est considéré comme l’un des plus grands poètes épiques de son temps et l’un des représentants majeurs de la littérature courtoise en moyen haut-allemand. Comme Minnesänger (équivalent germanique de trouvère), il est considéré comme le ''champion'' de poésie lyrique, lors de la bataille de la Wartbourg....
Le château de la Wartbourg est situé près d'Eisenach en Thuringe, Ce fut le siège de la cour des comtes de Thuringe jusqu'en 1440. Y est attaché, l'histoire d'un concours de Minnesänger (trouvères allemands), le Sängerkrieg (de), autour de 1207, qui voit s'affronter des participants comme Walther von der Vogelweide, Wolfram von Eschenbach, Albrecht von Halberstadt (de), et bien d'autres. Wagner a mis en scène cet épisode dans son opéra Tannhäuser.

Vers 1204, pendant la Quatrième croisade, années du siège d'Erfurt et du sac de Constantinople, auxquels le roman fait allusion, il écrit une histoire du Graal. Il avait traversé une grande partie de l’Europe les armes à la main, avant de se retirer dans le château la Wartbourg. Il intitule son récit Parsifal et conte l’aventure d’un roi blessé, le Roi Pécheur, souffrant dans son corps en attendant le chevalier au cœur pur qui le guérira, ramènera le Graal et saura restaurer le Royaume. ..
Nous reviendrons en détail sur le ''Parzival '' de Wolfram von Eschenbach...

Les chevaliers du Temple sont présents dans le récit de Wolfram, il dit tenir ses informations, non d'une piste celtique ; mais ''provençale''.. Ces légendes arrivent en Provence au XIIe siècle et sont contemporaines de l'établissement des Templiers dans le pays.. Naturellement, la milice qui défend le tombeau du Christ, inspire les conteurs d'une organisation comme les chevaliers du Saint-Graal. Ensuite, le temps est de sanctifier ( épurer..) la chevalerie... Ce sera l'occasion d'opposer - selon les termes médiévaux - une chevalerie célestienne à une chevalerie terrienne...
Les contes gallois sont empreints de galanterie, ce n'est pas que pour leur bravoure que Lancelot et Tristan furent si populaires... Eschenbach, lui, écrit une histoire à portée spirituelle...
Très vite les hommes les plus graves du moyen âge, se sont attachés à censurer dans les continuations du mythe, les éléments immoraux du cycle de la Table-Ronde... Wolfram veut rendre à la légende sa véritable physionomie chevaleresque et religieuse...
A suivre …
Conte de Noël : Gauvain et le Chevalier Vert. -2/2-

Gauvain, est le fils du roi Lot d'Orcanie et de la reine Morgause son épouse, il est aussi le neveu du roi Arthur et malgré la rudesse de son caractère, il est l'un des plus fidèles compagnons d'Arthur.
Dans les romans français il n'occupe pas une place prépondérante, il laisse le premier rôle à Perceval ou à Lancelot alors que dans la tradition anglaise il très souvent le héros principal comme dans "Sire Gauvain et le chevalier vert".
Donc....
Dix mois plus tard, Gauvain, monté sur son fidèle destrier Gringalet,se met en quête du chevalier décapité.
C'est alors que commence une aventure extraordinaire où son courage et sa loyauté seront mis à l'épreuve.

A quelques jours de Noël, alors qu'il erre dans une forêt... Comme par enchantement, un château apparaît à la lisière de la forêt. Il se nomme le château de Hautdésert, et appartient au seigneur Bertilak qui accueille Gauvain avec chaleur et joie. Étant donnée la fatigue du chevalier, le seigneur lui propose de rester et de se reposer quelques jours avant de repartir. Gauvain décline l'offre, car il doit avant tout retrouver la Chapelle verte et le chevalier vert. Bertilak le rassure aussitôt et lui apprend qu'elle n'est située qu'à quelques milles de là. Gauvain accepte donc de rester durant trois jours. Ils s'en vont à la messe de Noël où Gauvain rencontre la femme du seigneur, jeune et d'une grande beauté...

Du fait des festivités, Bertilak propose un jeu à Gauvain, connu sous le nom d'« échange des gains » : ce que, durant trois matins, Bertilak gagnera dans une chasse à coure, Gauvain l'aura en échange de ce que lui, resté à se reposer au château, aura gagné dans sa journée.
Bertilak ordonne à son épouse de le divertir, en fait de le séduire. Tous les matins, tandis que le seigneur Bertilak quitte le château de bon matin avec ses chiens et s’en va chasser, elle rend visite à Gauvain dans sa chambre. Gauvain ne veut accepter d'elle que des baisers, le chevalier refuse tout autre chose, à la fois il ne veut pas l'insulter en refusant ses avances et ne veut pas trahir la l'hospitalité de son mari.
Tous les soirs, le seigneur et le chevalier annoncent ce qu’ils ont obtenu de la journée. Sincère, Gauvain rend ce que la jeune femme lui a offert dans la journée, pas plus qu'un baiser …

Le dernier jour, de plus en plus insistante, la jeune femme réussit à donner trois baisers à Gauvain. Mais elle ne s'arrête pas là, et veut lui offrir un gage de son amour. Après avoir refusé une bague, Gauvain se voit offrir une ceinture verte aux pouvoirs magiques importants, qui protège celui qui la porte de la mort. Après avoir considéré la terrible épreuve qui l'attend le lendemain, Gauvain accepte la ceinture, mais ayant promis à la belle dame de n'en toucher mot au seigneur, il ne donne à Bertilak que trois baisers...
Le lendemain, alors que Gauvain est conduit par un homme de Bertilak jusqu'à la Chapelle verte, ce dernier lui propose de garder la vie sauve et de s'enfuir, sans que personne ne s'en aperçoive. Gauvain refuse catégoriquement une telle issue, et s'approche de la Chapelle verte.
L'endroit ressemble davantage à un sanctuaire païen qu'à une chapelle, et Gauvain entend le bruit d'une faux que l'on aiguise. Le Chevalier vert apparaît enfin, et lui demande de se préparer à recevoir son châtiment.

Gauvain retire alors son heaume et se met en position, attendant sa mort. Mais le Chevalier vert donne trois coups légers de sa hache. Au dernier coup de hache, seules quelques gouttes de sang s’échappent la nuque de Gauvain.
À peine a-t-il reçu la dernière entaille que Gauvain bondit vers son adversaire, estimant avoir tenu sa promesse jusqu'au bout. C'est alors qu'il se retrouve face à son adversaire souriant, qui lui explique qu'il est l'un des meilleurs chevaliers sur cette terre, car son seul péché a été de vouloir rester en vie. Il lui avoue ensuite qu'il n'est autre que Bertilak, et la seule épreuve qu'a passée Gauvain se trouvait dans l'enceinte même du château, quand sa femme l'a tenté.
Les deux premiers coups de hache valent pour les deux soirs où Gauvain a remis à Bertilak les présents reçus dans la journée; le troisième a puni Gauvain d'avoir gardé -pour lui seul la pièce d'étoffe donnée par la belle épouse.
Ayant par trois fois repoussé ses avances, il n'avait accepté que la ceinture verte, d'où l'entaille du dernier coup de hache.

Dès cet instant, Gauvain se fit la promesse de toujours porter la pièce d’étoffe afin de se remémorer cet instant de faiblesse.
On dit encore que c'est la fée Morgane qui aurait contraint, par enchantement, Sir Bertilak - en le changeant en chevalier vert - à toute cette aventure pour effrayer la Reine Guenièvre ( et la faire mourir de peur...) et mettre Camelot à l'épreuve.... On dit tant de choses … !
Conte de Noël : Gauvain et le Chevalier Vert. -1/2-
En ce temps de solstice d'hiver ; il était de coutume au Moyen-âge, de faire la fête...

Jouer à des jeux, chanter, boire et manger autour d'un feu, décorer sa maison avec des conifères, et même s'offrir des des cadeaux, sont en effet, quelques-unes des traditions appréciées en ville au Moyen-âge.
Dans la légende arthurienne, le conte de Sire Gauvain et du Chevalier vert est présenté comme une histoire de Noël, remplie de célébrations et réjouissances... Le motif de Noël est facilement observable dans la personne même du Chevalier Vert...
Les activités décrites à la cour du roi Arthur lors de Noël dans le célèbre roman du XIVe siècle Sire Gauvain et le Chevalier vert offrent un bon aperçu de la fête dans une cour médiévale tardive:

Le roi est à Camelot au moment de Noël et, avec les meilleurs chevaliers de la noble confrérie de la Table ronde, dûment assemblés, ils s'adonnent aux réjouissances et aux plaisirs insouciants de la fête. Auparavant, ils avaient participé à des tournois... Ces célébrations s'étalent sans interruption pendant quinze jours, alternant toutes sortes d’activités festives et de la danse la nuit, pour le plus grand contentement des seigneurs et des dames de la cour …
Alors que la Nouvelle Année est toute jeune - ce jour même la splendeur de la table est redoublée – le roi après la messe rejoint la grande salle avec tous ses chevaliers... Noël est célébré à nouveau, chacun apportant des présents …

Le récit relate l'arrivée d'un mystérieux géant vert, monté sur un cheval vert, à la cour d'Arthur se préparant à fêter Noël.
Ce chevalier vert rappelle la figure rituelle du Feuillu lié au folklore saisonnier, et dont le sapin de Noël est l'emblème. Cet homme ''à moitié ogre'' arrive tout de vert vêtu... Il brandit une branche de houx...
Le mystérieux chevalier lance un défi au roi et à ses preux : que celui qui en aura le courage accepte de le frapper avec sa propre hache de forestier ; en retour, le chevalier lui impose seulement d'accepter le même traitement un an et un jour plus tard. Arthur serait prêt à relever le défi, mais par souci de le protéger, c'est Gauvain son neveu qui aura finalement cet ''honneur''. Pensant éviter toutes suites désagréables, Gauvain décapite à la hache son adversaire tout de vert vêtu, mais ô surprise, le géant ramasse sa tête qui avait roulé par terre dans des flots de sang. La tête se met à parler, donnant à Gauvain rendes-vous à la Chapelle Verte, avant que le chevalier portant sa tête sous le bras et chevauchant son destrier aussi vert et superbe que lui ne s'éloigne au galop.... L'aventure ne fait que commencer …. !

On connaît le premier récit de cette histoire dans un poème arthurien du XIVe siècle.. La majeure partie du poème (37-197, de 750 à 2479) se situe pendant la saison de Noël. Le défi du chevalier vert a lieu le jour de la Nouvelle Année.
Un an plus tard, Gauvain arrive au château de Bertilak la veille de Noël; il y reste pour être ''testée'' par Lady Bertilak pendant trois jours, et répond au défi du chevalier vert, le jour de l'An. Ainsi, les principaux éléments de l'intrigue se produisent lors de la Veillée de Noël et au cours de ses douze jours.
A suivre … la fin de cette histoire: le 25 décembre, c'est promis ...
Un jeune romantique en ces années 1830 - 3-
Le père de la jeune Anaïs Bosio était sculpteur, et il en avait fait le buste ….
Jean Bernard Duseigneur (1808-1866) dit Jehan Du Seigneur est aussi sculpteur, il étudie sous Bosio... Et, vers 1830, il déserte l'école classique, cherchant dans le Moyen Âge chevaleresque et chrétien des inspirations nouvelles. Il fait partie du cénacle qui se groupe autour de Victor Hugo.
Il rencontre Charles-Louis de Villeneuve et lui fait connaître quelqu'un qui fait partie de ce cercle médiéviste qui est en train de se former …
A noter que Jehan fréquente le salon d'Alfred Tattet (1809-1856). Son salon était fréquenté par Charles Nodier, Vigny, Lamartine, Félix Arvers, Roger de Bauvoir, D'Althon Shée, (dont la fidèle épouse fut la maîtresse de Musset, puis du peintre Paul Chenavard qui avait exécuté son portrait), et Ulrich Guttinguer, le plus fervent propagateur du romantisme...

Ainsi, Charles-Louis rencontre, Charles de L'Escalopier (1812-1861), qui en 1840, devient conservateur à la bibliothèque de l'Arsenal sous la direction de l'académicien Charles Nodier (1780-1844), et membre de plusieurs sociétés savantes...
Passionné par le Moyen-Âge, il décore sa maison en gothique flamboyant et installe un musée médiéval de pièces d'orfèvrerie, d'ivoire, de bronze. Il acquiert des émaux très rares et des reliques pour la plupart douteuses … C'est lui, qui avance à Robert-Houdin, le Magicien– devenu son ami - la somme nécessaire pour ouvrir un théâtre de magie à Paris. Le 3 juillet 1845 a lieu la première des '' Soirées fantastiques de Robert-Houdin '', rue de Valois, au Palais-Royal. C'est le succès immédiat.

En 1835, le comte Charles de l'Escalopier fait donc construire "à la campagne" une maison entourée d'un vaste terrain (à l'époque jusqu'à la rue Joseph de Maistre) ; elle vaut la visite... :
L'Annuaire de Paris et de ses environs de Leblanc de Ferrière décrit la demeure : « La façade sur la cour présente une tour en saillie crénelée en son sommet ; à gauche un avant-corps carré, surmonté d’une terrasse et d’un balcon ; les formes et les ornementations de l’édifice sont dans le style du Bas Moyen Âge, des années 1450, règne de Louis XI ; les encadrements des ouvertures, le balcon, les clochetons et les culs-de-lampe sont d’un gothique plein de délicatesse et de goût dans le choix et la réalisation ; le cadre d’une fenêtre au rez-de-chaussée est une copie fidèle de la porte de Jeanne d’Arc à Domrémy. »

L'Hôtel était agrémenté d'un vaste jardin, d'un gymnase et de serres remarquables : « Contiguës au bâtiment, elles sont exposées vers le sud, sur une ligne de cent vingt pieds de long et de douze pieds de large ; elles sont construites en fer ; ornées de roches et de bassins elles sont chauffées à la vapeur et renferment une collection remarquable de végétaux à propriétés historiques, les plus rares et les plus précieuses. On y entre par le salon dont la glace sans tain au-dessus de la cheminée offre une vue sur ces serres au centre desquelles un pavillon, de vingt-huit pieds de haut avec des colonnes ornées de chapiteaux dorés, est consacré à la culture des bananiers.

Les serres contiennent des bambous, des papayers, des arbres à pain, des cocotiers ; tous ces arbres sont en pleine terre. Dans la quatrième serre se trouvent les plantes qui exigent le plus de chaleur : orchidées, bois de santal, muscadier, cacaoyer, copayer, mangoustanier, mancenillier, vanille… » Leblanc de Ferrière.
L'Hôtel de l'Escalopier fut détruit en 1882.

Le comte va constituer une prestigieuse collection de livres. Les serres vont être remplacées par une bibliothèque riche de cinq mille neuf cents ouvrages dédiés à l'Archéologie, à l'Histoire et à la Théologie. Il crée un musée destiné à ses amis et aux visiteurs de passage où l'on peut admirer des bois sculptés, des émaux, des ivoires, de l'orfèvrerie ou encore des verres médiévaux...
Et ce qui est fascinant, pour Charles-Louis de Villeneuve, c'est que cet érudit médiéviste va entreprendre un voyage en ''Terre Sainte'' et se faire adouber chevalier de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem ( le 21 juillet 1837) ; en effet, depuis le XVe siècle, la Custodie de Terre sainte a le privilège exclusif de créer des « chevaliers du Saint-Sépulcre »
Existerait-il donc des templiers en ce XIXème siècle ?
A suivre ...