Il est question de l’Annwn dans le premier des quatre contes des Mabinogion : Pwyll, prince de Dyved. Après une dispute de chasse, Arawn, roi de l’Autre Monde et Pwyll échangent leurs situations pour une durée de un an, c’est le mythe fondateur de la dynastie des princes de Dyved. Dans le Livre de Taliesin, un poème gallois du IXe s. ( Preideu Annwn) évoque qu’ Arthur et ses hommes partent pour l’Annwn afin d’en rapporter un chaudron magique. Seuls, sept hommes – dont le barde Taliesin qui raconte l’aventure – reviendront de cette quête qui préfigure celle d’autres objets talismaniques dans les récits arthuriens. Cet Autre Monde est aussi présent dans le conte Kulhwch et Olwen.
L' "Autre-Monde" est très présent dans les contes arthuriens ; et localisé au-delà d’une limite naturelle : rivière, forêt, arbre, mégalithe…etc. C’est un pays qui peut surgir partout mais ne se trouve nulle part … On peut le rapprocher du château du Graal… Et de l’île d’Avalon…
La littérature arthurienne – en se christianisant – va se construire en opposition à cette notion capitale d’Autre-Monde. L’Annwn est à distinguer clairement des représentations chrétiennes de l’au-delà.
Aujourd’hui, on peut rapprocher l’Annwn, du pays des fées..
Le pays des fées est fondamentalement d’essence matriarcale. En témoignent ces nombreuses fées et Dames du Lac (qui donna l’Épée au roi Arthur), le plus souvent non mariées (supposées et dites « vierges » comme Diane-Artémis), qui séduisent et collectionnent les mortels valeureux. Malheur à qui osera rejeter les avances de ces dames.
Les plus chanceux se verront expédiés dans « l’autre monde », lors d’une chasse, poursuivant un gibier magique, un animal blanc surnaturel (biche, cerf, sanglier… un animal totémique, héraldique, sacré), qui les attirera au travers d’une porte invisible du Sidh, afin qu’ils y réapprennent les bonnes manières amoureuses envers les femmes.
En pénétrant dans l’Autre Monde de nos légendes, on entre au propre comme au figuré dans le pays des rêves : on pourra y trouver le repos ou le tourment, y voir réaliser ses souhaits les plus chers ou bien y rencontrer d’incompréhensibles mystères, et passer en quelques battements de cœur du plus merveilleux des songes au plus terrible des cauchemars… Il n’est alors guère surprenant de voir les terres d’abondance et de jouvence se confondre avec le monde des trépassés, le terme « Autre Monde » pouvant aussi bien désigner le pays des fées que le séjour des morts.
Cet Autre Monde est toujours séparé du nôtre par une frontière qu’il convient de franchir, une limite devant être outrepassée, symbolisée le plus souvent par une barrière naturelle (l’orée d’un bois, l’entrée d’une caverne, la surface d’un lac, les flots de l’océan, une nappe de brume ou tout simplement l’horizon…) mais dont l’emplacement peut aussi être marqué par un cercle de pierres levées ou, dans les récits médiévaux, par le portail d’un château…
De manière plus abstraite, cette limite peut aussi être celle qui sépare la veille et le sommeil, la conscience et l’état de transe, la sagesse et l’imprudence, ou encore le respect des interdits et leur transgression.
Dans tous les cas, le passage dans l’Autre Monde correspond à une incursion dans l’inconnu. Ainsi, le chasseur impétueux qui s’écarte de son chemin ou s’éloigne de ses compagnons pour poursuivre un gibier surnaturel (blanc cerf, sanglier géant etc) passera sans s’en apercevoir d’un monde à l’autre : l’animal fabuleux l’y a certes attiré, mais c’est le chasseur lui-même qui a transgressé un interdit symbolique en quittant le sentier ou en abandonnant le groupe.