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Les légendes du Graal

Les années 1920 – François Mauriac

12 Mars 2021 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #1920, #Mauriac, #Gide

François Mauriac

La comtesse de Sallembier, avait eu diverses occasions de rencontrer François Mauriac (1885-1970) , elle n'en avait cependant pas user pour le connaître davantage ; ce que regrettait dans ces années vingt Lancelot, qui découvrait avec grand intérêt ses livres. Anne-Laure se méfiait, disait-elle, de cet homme qui fustigeait son milieu, sa famille, tout en minaudant dans les salons, en particulier celui d'Anna de Noailles. Elle-même, n'avait-elle pas confié qu'elle trouvait cet ''oiseau'' « triste, enfermé dans sa rêverie. », et qui ne pouvait appartenir à « la vraie famille des poètes ».

Cependant Lancelot reconnaissait en ce ''frère aîné '' long jeune homme, lascif et tourmenté, un vrai romancier. Et il lui en savait gré de se reconnaître catholique, tout en dénonçant l'hypocrisie qu'il pouvait s'y attacher.

 

Dès 1922, avec Le Baiser au lépreux : un homme conscient de sa laideur, fait face - au cours de son mariage arrangé - par le sacrifice, Mauriac, déjà, y dénonce les vilenies d'un milieu bourgeois.

A partir de Génitrix (déc 1923) Mauriac préfère montrer les conséquences de l'absence de la Grâce sur les âmes, plutôt que « de rendre témoignage '' de la Foi ; comme dans cette fin ''ratée'' du '' Fleuve de feu'' (avr. 1923).

Lancelot lira beaucoup cet auteur, et ne trouvera jamais l'occasion d'entrer plus avant dans la relation.

N'est-ce pas un peu exagérée, cette obsession toute chrétienne ( et bourgeoise) de ne pouvoir vivre le plaisir de la chair sans culpabilité ; au point d'être contraint de choisir entre la vie sexuelle et Dieu, comme dans le ''Désert de l'amour''. C'est Maria Cross qui l'exprime le mieux, chez qui « le plaisir et le dégoût se confondent ». Le quotidien ''La Croix'' critique assez souvent ses romans, qu'il qualifie de scabreux. Il est assez intéressant, en effet, d'observer que ce ''catholique qui écrit'', et non cet ''écrivain catholique'' mette, ainsi, toute l’Église en alerte. Avec l'excellent '' Thérèse Desqueyroux '' il aurait manqué, dit-on , l'excommunication !

Politiquement, depuis la victoire du cartel des gauches (1924), Mauriac devient favorable à l'Action Française. Il s'affirme surtout anti-communiste ; il dénonce au travers de leur protestation quant à la guerre du Maroc, leur hypocrisie qui se moquent du '' droit des peuples à disposer d'eux-mêmes''. Il n'hésite pas à signer une pétition de soutien des intellectuels aux troupes françaises qui « combattent au Maroc pour le Droit, la Civilisation et la Paix », aux côtés de Bainville, Massis, Bourget, Valéry, Maurois...

Mauriac, cependant, semble inféodé à aucun mouvement politique. Dès 1921,il prend la défense d'André Gide contre Henri Massis ( catholique maurrassien ).

Pendant sa crise religieuse (1926-1929) il écrit les Souffrances du chrétien (1928), et reste proche de l'Action française ; après sa ''conversion'' et la publication de Bonheur du chrétien (1929) il se désabonne de L'Action française ; alors même que le mouvement de Maurras est condamné par le pape Pie XI.

C'est au cours de cette période que Lancelot croisera Mauriac, lors de ces fameuses retraites annuelles qu'organisent les Maritain, à Meudon ; également présent : Jean Daniélou qui deviendra jésuite et cardinal.

Lancelot reconnaît - en particulier - à partir de la publication de ''Thérèse Desqueyroux'', la révolte d'un homme ligoté par son éducation, un homme en révolte contre un système religieux qui lui a été imposé. Ce livre remporte en 1925 le Grand Prix du roman de l'Académie.

Comme chez Bernanos - que son roman « Sous le Soleil de Satan » paru en 1926 rend célèbre en quelques jours - les personnages sont torturés par un combat que se livrent en eux Dieu et le Diable.

 

Autre occasion de pouvoir rencontrer l'écrivain, c'est l'invitation de Paul Desjardin présent à Davos, à assister aux ''Décades'' ( ou Entretiens) de 1929, qu'il organise à Pontigny. Lancelot et Elaine vont être témoins d'une controverse entre Gide et Mauriac.

Gide évoque la biographie de Racine, où Mauriac traite de la contradiction entre l'exigence littéraire et l'exigence religieuse. Gide dénonce ce ''compromis'' : « En somme, ce que vous cherchez, c'est la permission d'être chrétien sans avoir à brûler vos livres; et vous n'êtes pas assez chrétien pour n'être plus littérateur. »

Mauriac répond qu'en soldat du Christ, il ne craint pas l'adversité. Il continuera d'écrire, et « je ne me séparerai pas de vous ni de vos amis bien que chaque numéro de la N.R.F. semble prendre position contre Jésus-Christ. Je veux rester au milieu de vous comme le pauvre ambassadeur d’une puissance méconnue » ( Correspondance Gide-Mauriac) 

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