alchimie
Voyage en Allemagne – Heidelberg, L' Hortus Palatinus
Le père de Frédéric avait contribué à faire de l'Université de Heidelberg l'un des centres d'apprentissage de l'Europe... Et, après que la ligue catholique ait chassé les protestants d'Heidelberg, en 1622... Le trésor inestimable – des milliers de manuscrits et d'imprimés patiemment réunis au siècle précédent par le prince Ottheinrich von der Pfalz : la Palatine, va être pillée sous les ordres du pape Grégoire XV... ! Une partie seulement des ouvrages de la Palatine regagnera Heidelberg, après un accord signé au congrès de Vienne, en 1815.

Amoureux de sa femme, plus conscient que jamais de la fragilité de la vie, Frédéric chercha des moyens de plaire à Élisabeth ; tout en tentant de répondre à ses questions existentielles Malgré son luxe, le château de Heidelberg, en raison de son emplacement sur une falaise rocheuse, n’avait pas de jardin. Élisabeth était nostalgique des jardins anglais, déjà célèbres...
Frédéric V fait construire l'un des plus important jardin baroque au nord des Alpes et est considéré comme l'un des plus célèbre d'Allemagne... Le jardin est construit en terrasses par l'ingénieur et paysagiste français Salomon de Caus (1576-1626) , venu spécialement d'Angleterre pour l'occasion.
Il aménagé le jardin en 4 terrasses thématiques, ponctuées de bassins, de jeux d'eau et de pavillons. Il construit notamment de nombreuses grottes qui contiennent des décors étonnants agrémentés d'une musique provenant de fontaines mécaniques représentant des personnages mythologiques...

Chacun des parterres a son propre motif. Au fond se trouve la ''Grande Grotte'' ; devant elle se trouve des bassins d'eau, dont l'une d'entre elle comporte une statue du Rhenus (dieu du Rhin) allongé. La noblesse peut s'y reposer durant les heures chaudes de l'été et admirer les jeux d'eau actionnés par des mécanismes secrets.
Inspiré du jardin botanique de Padoue, la roseraie (Rosenrondell ou Monatsblumengarten) se situe à l'extrémité nord de la terrasse.
L' Hortus Palatinus , ou jardin du Palatinat a été interprété de différentes manières Il pourrait s'agir d’un jardin «magique» ou «hermétique». Dans ce modèle, les jardins complexes deviennent une allégorie de la pensée rosicrucienne, une « botanique du cosmos », contenant un profond ''secret'' , codé selon leur conception. Dans cette interprétation, les jardins sont destinés à capturer "une vision universelle, basée sur une union des arts, de la science et de la religion", combinée à "une ancienne tradition de sagesse secrète transmise à travers les âges".

Le jardin d’Heidelberg est devenu la huitième merveille du monde, même si les propagandistes catholiques le décrivent comme une porte d'accès à l'enfer. Elisabeth, contemplant la rivière tranquille du Nekar couler au-dessous, écoutant les théories astro-théologiques d'Abraham Scultet, l'aumônier de Frédéric, projetant d'écrire l'histoire des cent premières années de la Réforme, écoutant peut-être les mystérieux oracles de Jetha Behel, qui vécut là, dans la vieille tour … Elisabeth aimait s'entourer de savants... Ce qui ne l’empêchait pas de s'adonner à la chasse dans les collines environnantes où ses compétences en a fait, dit-on aussi, la plus célèbre chasseuse de son temps.
Mais les réalités politiques sous-jacentes à ce paradis terrestre étaient aussi laides que le jardin était magnifique.
Le jardin n'a jamais été fini. Au lieu de cela, il a été détruit par l'artillerie catholique qui l'a ensuite utilisé comme base pour la destruction de la ville. Lorsque le fils de Frédéric a été restauré à la seigneurie du Bas-Palatinat, la région était en ruine. Le jardin n'a jamais été reconstruit. Il reste une ruine pittoresque à ce jour.
Les catholiques allemands, bien qu’ils aient échoué pendant cent ans à réprimer la réforme de Luther, ont continué à planifier et à faire la guerre à cette fin. Chez les protestants, un mouvement est né qui espérait couronner un dirigeant des États calvinistes et luthériens unis pour s'opposer à l'empereur du Saint-Empire...

Les ''Rose-Croix''
France Yates (1899-1981) a mis en évidence la relation entre la mythique confrérie de la Rose-Croix, et le monde politique calviniste qui gravite autour du jeune couple Frédéric et Elisabeth... Les ''manifestes Rose-Croix'' qui vont suivre reflètent ces projets politiques et religieux, influencés par l'anglais John Dee (1527-1608)...
Michael Maier (1568- 1622) est un médecin et alchimiste allemand, Luthérien, il est l'un des principaux commentateurs des manifestes Rose-Croix, publiés en Allemagne de 1614 à 1616.
La connaissance du mouvement ''Rose-Croix'' a commencé avec ces ''manifestes'', trois petits livres: La Fama Fraternitatis (1614) , La Confessio Fraternitatis (1615) et Les Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz (1616) .

Johann Valentin Andreæ (1586-1654) pourrait être l'auteur des Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz paru en 1616 à Strasbourg ; et peu-être l'inspirateur des autres manifestes...
Andreæ étudia au séminaire de Tubingen. Il acquit une rare culture dans les langues anciennes et modernes, les mathématiques, les sciences naturelles, l'histoire, la géographie, la généalogie et la théologie. Il laissa une œuvre considérable.
Un cénacle s'est constitué à Tübingen, ils furent les inspirateurs du rosicrucianisme, prêchant, contre le dogmatisme et le ritualisme de l'Église...
Le titre complet de la Fama commence par: «Réforme universelle et générale du monde entier…».
Lors de l'arrivée de la princesse Elizabeth, Andreae utilise la bibliothèque de Heidelberg, il s'est lié d'amitié avec l'un des bibliothécaires de Frederick... Il semble avoir été touché par la qualité du mariage royal qui semblait préfigurer la réalité d'un futur empereur romain germanique protestant...
L'apothicairerie qui se trouve à côté du château d’Heidelberg fut tenue par la mère de Johann Valentin Andreae pendant sept années. Elle nous donne de précieuses indications sur les préparations spagyriques voire alchimiques de l’époque. Aujourd'hui, le musée se visite …

Mais, Frédéric fut vaincu à la bataille de la montagne blanche et le rêve alchimique mourut !
Ce rêve alchimique pourrait se rapprocher aujourd'hui avec la tentative écologique de décrire la terre comme le lieu du ''vivant'', ou de dire que le monde est vivant... C'est ce que les alchimistes ou les occultistes de la Renaissance tentaient de décrire … Avant que la science moderne considère tout cela comme anathème ( « la nature est muette... »)
Pour Anne-Laure de Sallembier, le couple Frédéric-Elisabeth, décrit un mythe : le mythe du mariage alchimique, un mythe qui exige de l'innocence, de la naïveté et de la conviction du pouvoir des idées, de créer un monde nouveau.
Elisabeth est morte à Londres à 65 ans. Elle est inhumée à l'abbaye de Westminster, à côté de son frère Henry.

René Descartes (1596-1650), en 1617 s'engage dans l'armée. Sa carrière militaire va le conduire en Hollande et en Allemagne. Il rencontre des savants, comme Johann Faulhabert ( mathématicien, alchimiste..), Isaac Beeckmann ( médecin, philosophe...).. Il prend alors connaissance d'une confrérie de savants établie en Allemagne sous le nom de Frères de la Rose-Croix... Intrigué, il part pour la Bohème, et arrive en août 1619... Il passe par Heidelberg, et admire les automates aquatiques construits par Salomon de Caus dans les jardins du château...
La fille aînée d'Elisabeth et Frédéric - également nommée Elisabeth - fut une étudiante assidue en philosophie. Descartes l'a honorée de son amitié. Pendant de nombreuses années, elle a correspondu avec le grand philosophe. Ses critiques du dualisme métaphysique de Descartes sont précurseuses.

Voyage en Allemagne – L'Alchimie.
En 2016, en préparant mon voyage en Angleterre, '' sur les pas du Roi Arthur'', je rencontrai dans un jeu étrange de correspondances, les images du Tarot... Ces cartes, m'ont ensuite accompagné tout le long du chemin …
Cette année, je me demandai si ces mêmes cartes se présenteraient...
Peut-être n'ai-je pas été assez attentif... En reprenant à présent les notes de ce Chemin allemand... ; je remarquai une chose : la persistance d'autres images à propos... de l'Alchimie.
Dans le fatras de notes laissées par mes aïeux ; une carte d'Anne-Laure de Sallembier lors d'un séjour à Strasbourg, et quelques notes m'ont permis de trouver ce nouveau fil que je regrette de ne pas avoir plus utilisé....
Cette carte, c'est : la reproduction d'un laboratoire d'alchimiste au Musée alsacien de Strasbourg ( alors allemand...), ouvert en 1907. Peut-être Anne-Laure de Sallembier a t-elle visité ce laboratoire...?
Rien de plus sur l'alchimie... Sinon, des images découpées de statues appartenant à la cathédrale de Strasbourg : deux jeunes femmes du XIIIe siècle ; l'une, cambrée et assurée sous sa couronne. Elle porte un Graal et s’appuie sur une grande crosse en forme de croix ; l'autre humiliée , les yeux bandés, la tête inclinée de honte, elle a en mains un bâton brisé et tient dans sa main gauche un document..
Cathédrale de Strasbourg - L'Eglise et la Synagogue
Ces deux statues de la cathédrale de Strasbourg, ont retenu l'attention d'Anne-Laure, en particulier parce que le sculpteur de ces œuvres, est une femme... !

La tradition les attribue à Sabine de Steinbach, la fille de maître Erwin...
Sabina serait l'auteur des statues personnifiant l'Eglise et la Synagogue, qui sont situées aux portes sud de la cathédrale. Ces deux statues sont réputées des chefs-d’œuvre de la statuaire gothique.
Au XIIIe siècle, c'est le siècle des cathédrales, des croisades et du Strasbourg de l'empire allemand... L'Eglise pourchasse l'hérésie, les alchimistes se cachent ...
Avant de partir sur le chemin que m'ouvrait l’Allemagne, sans préfigurer de ce que je trouverai ; plusieurs lectures et rencontres me pointaient l'anthroposophie avec Steiner ; au point d'envisager de passer par Le Goetheanum, à Dornach, en Suisse… Je n'avais pas le temps de tout faire ; ce ne sera pas pour cette fois … !
Pourquoi là ? Le Goetheanum est le siège de la Société anthroposophique universelle... Et, ce lieu conçut par Steiner correspondrait à la localisation de l’ermitage de Sigune au pied de l’emplacement du ''château du Graal'' ( selon les indications de Wolfram Eschenbach )… Rien de moins … ! J'en reparlerai forcément...

Cependant, pour ce qui est de l'Alchimie : L'anthroposophie, intrinsèquement écologique, évoque '' l'Éco-alchimie '' et en notre époque où le seuil d'irresponsabilité de nos gouvernants nous contraint à évoquer à présent des soucis d'ordre collapsologique - la collapsologie désigne l’étude de l’effondrement de la civilisation industrielle et de ce qui pourrait lui succéder - … Ainsi, un livre de McKanan, paru aux Presses universitaires de Californie, explore les concepts d’alchimie et d’équilibre dans la science de l’esprit anthroposophique, à la fois comme source de résilience et de renouveau, ainsi que la différence du mouvement anthroposophique avec d’autres mouvements écologiques et courants politiques.
L’approche anthroposophique conçoit plutôt le changement social depuis l’intérieur, avec la possibilité de faire avancer l’évolution humaine grâce à une sphère culturelle-spirituelle libre au sein de la société, laboratoire décentralisé et libre cherchant à élaborer une vision toujours renouvelée de l’être humain.

Steiner (1861-1925), cherche à voir par l’esprit chacun dans son intégralité, au-delà de son apparence, dans ce qu’il est et peut devenir dans sa relation particulière avec le monde...
* Quatre idées :
- Il est possible d’entrevoir les relations qui lient toutes choses et tous êtres...
- L’attention aux pratiques aussi petites soient-elles qui peuvent constituer une force guérissante pour la société plus large... ( avec des petites communautés en interconnexion...)
- La conviction que les humains peuvent vivre en harmonie avec leurs écosystèmes si seulement nous épousons chacun à sa façon un chemin de développement spirituel...
- La sagesse de voir que l’évolution du monde est continuelle et inévitable, que notre rôle d’humain dans cette époque ne se résume pas à la préservation, ni de nous-mêmes ni de la terre, mais trouve son sens dans une implication pour une évolution de l’humanité allant au-delà du développement économique ou technologique.
Bien … Attention, je ne connais pas la Société Anthroposophique de Steiner; sinon les fameuses écoles Waldorf et ce qu'en dit Anne-Laure de Sallembier qui s'y est intéressée entre les deux guerres...

Revenons à L'Alchimie, en quelques idées simples...
- Le désir de connaître le fonctionnement du ''Monde''... Sachant que la science ne peut donner qu'une partie de la réponse : mais une partie essentielle à connaître...
- Peux t-on agir sur la ''matière''.. ? Comment... Pourquoi... ? Aller où... ?
- L'Alchimie induit un processus de dévoilement... La réalité est voilée … Transmuter, c'est élever, dévoiler...
- L'alchimiste va du laboratoire à l'oratoire... Chemin aller-retour...
- La présence de l'invisible... ( Observer, c'est déjà modifier le phénomène !)
Soyons attentif, tout au long du voyage ...
Comment J.L. De La Bermondie retrouve les Templiers, au XVIIIe siècle... -4/.-

Comme lors du Convent ( Assemblée législative des députés des loges) des Philalèthes ( chercheurs de la Vérité) ) ; J.L. De la Brémontie, s'il en a eu l'occasion, aurait pu entendre que:
« La Maçonnerie doit sa puissance à l’extinction des Templiers : ceux-ci puisèrent leurs connaissances dans l’Orient. L’ordre, fondé par neuf gentilshommes dans le XIIe siècle, s’établit là où avait été le Temple de Salomon et surtout dans le voisinage des deux colonnes ; ils avaient plusieurs grades : leurs réceptions se faisaient de nuit et avant le lever du jour ; leurs assemblées étaient dans un lieu fermé; ils s’appelaient Frères. » ''L’Histoire véritable de la condamnation des Templiers'' de Pierre Dupuy, qui en 1654, réhabilitait les Templiers et était convaincu que les Templiers dispensait une connaissance ésotérique...

Lors du convent, le frère continue ainsi, appuyant la filiation entre l’Ordre illustre et la Franc-maçonnerie : « Quelques passages de Dupuis prouvent qu’on était reçu, n’ayant que la chemise et la culotte, et qu’on faisait un grand détour pour arriver dans le lieu secret de la maison, que la porte était gardée par deux guerriers, épée en main et gardant les clefs ; ils avaient des signes et des mots, lors de leur persécution en France, plusieurs passèrent en Angleterre. »
Jean Baptiste Willermoz écrit que dans sa propre Loge dès 1752 on faisait référence au lien avec la chevalerie dans la transmission du 4em grade pour présider la loge. « J’apprenais mystérieusement à ceux auxquels je conférais le 4em grade de la Loge, qu’ils devenaient successeurs des Chevaliers (Templiers) et de leurs connaissances, je l’ai ainsi répété pendant dix ans comme je l’avais appris de mon prédécesseur, qui l’avait appris lui-même par une ancienne tradition, dont il ne connaissait pas l’origine. »

Parmi les hauts-grades, l'un des plus anciens est dénommé '' Chevalier d'Orient et de l'Épée '', sa légende symbolique visite le thème de la reconstruction du Temple de Jérusalem, avec l'image du franc-maçon, la truelle du maçon dans une main et l'épée du chevalier dans l'autre... Un peu plus tard apparaît celui du '' Sublime Chevalier Elu'' un grade de vengeance ( du fait des morts injustes de Hiram, et de Molay …)
La légende qui appuie cet héritage d'architecte et de chevalier, décrit les Templiers comme ayant encouragé et protégé les meilleurs bâtisseurs de leur époque. Ils leur auraient commandé la construction d'édifices réclamant à la fois une maîtrise parfaite de l'architecture et un degré supérieur de connaissance mythique...

Au lendemain du supplice de leur grand maître, ils se seraient cachés dans quelques châteaux ou monastères isolés ; et, loin d'abandonner cette culture, ils se seraient au contraire attachés à l'entretenir, à l'affiner. Sur quoi, il aurait fallu attendre le XVIIIe siècle, pour que cette tradition puisse se dévoiler au coeur des loges maçonniques.
Lorsque J.L. De la Brémontie, présente certains documents qui lui viennent de son ancêtre Roger de Laron, et encore assez bien conservés, les mystérieux graphiques et propos consignés évoquent à chaque fois chez son interlocuteur avisé, des propos relevant de connaissances alchimiques...

Ce fut le cas, lorsque l'abbé Pernéty - connu pour avoir accompagné comme aumônier l'expédition de Bougainville – de passage à Paris à l'automne 1766, et qui l'entretient de la '' Rose-Croix'' …
Pernety traduira plus tard des écrits de Swedenborg, et se passionne pour l'alchimie. Il tentera en Avignon, aidé du marquis de Vaucroze, de fonder une société ''Rose-Croix'', que l'on nommera les '' illuminés d'Avignon''
Au cours de sa recherche J.L. De la Brémontie, ne rencontrera la ''Rose-Croix'' que par l’intermédiaire des hauts-grades...
A noter : un manuscrit rosicrucien de 1760 trouvé à Strasbourg, intitulé ''Deuxième Section, de la Maçonnerie parmi les Chrétiens'' qui relie Templiers, Rose-Croix et Francs-Maçons dans une tradition immémoriale d'une société secrète, hermétiste et occultiste... Les Grands Maîtres secrets, se seraient succédé depuis ce temps-là.
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Quant à l'alchimie ; ce ne sera que vers 1778 que le Rite Ecossais Rectifié reprendra explicitement le symbolisme alchimique: on y retrouve dans les voyages du récipiendaire les trois éléments: le feu ( associé au soufre) , l'eau ( le sel) et la terre ( le mercure) , qui lui apprennent la structure ternaire de Tout...
A noter que la plupart du temps, les travaux aux grades ''Rose-Croix'', sont mixtes …
Dailleurs, par l’intermédiaire du ''martinisme'' plusieurs femmes se sont distinguées:
- La soeur de Jean-Baptiste Willermoz : Claudine Thérèse Provensal , à Lyon ;
- Mme de Vallière ( la comtesse Marie-Louise de Monspey, dite Églé de Vallière (1733-1813) a plusieurs identités …!) est une mystique ardente ; elle devient chanoinesse de Remiremont, et, médium, se fait appeler ''l'agent inconnu'' . .. Son frère aîné, Alexandre de Monspey, chevalier de Saint-Louis, commandeur de l’Ordre de Malte, s’engage dans la franc-maçonnerie spiritualiste.

- Chez la duchesse de Bourbon, sœur de Philippe Egalité, élevée Maçonne Parfaite par Bacon de la Chevalerie, Grande Maîtresse de toutes les Loges d'Adoption, passionnée d'ésotérisme, se côtoient mystiques, exaltées, prophètes et prophétesses, astrologues, pythonisses...
- On dit la marquise de La Croix, voyante, guérisseuse, et de plus ... jolie de sa personne ; son renom a franchi les frontières. On dit qu'elle entretient des « relations » avec des esprits incarnés, ses extases se succèdent. Elle offre l'hospitalité à Saint-Martin qui se trouve dans la gêne... Elle l'admire, elle s'est plongée dans son ouvrage des « Erreurs et de la Vérité. » et il a opéré dans l'esprit de la marquise une grande révolution dans ses idées. » Les ébats intimes entre la marquise et le philosophe ne tardent pas à alimenter les conversations...
Saint-Martin a déjà exprimé, aussi, son grand amour sans retenu pour sa « chèrissime » Madame de Böecklin...
- Mesdames de Bry, de Saint-Dicher, de Brissac, de Polomieu, et d'autres dont nous avons déjà parlé ...
A suivre...
Le Page et l'Alchimiste
Un auteur voisin ( limousin et Marchois) :Tristan L'Hermite, en 1643 a écrit un ouvrage – '' Le page disgracié '' que Jean-Léonard a lu, et auquel il peut bien facilement s'identifier.

François L’Hermite, sieur du Soliers, ( Jean-Baptiste de Vauselle) dit Tristan L’Hermite, né à Janaillat (Creuse) au château de Soliers, dans la Marche. Descendant de Pierre l’Ermite, le prédicateur de la première croisade, sa famille est à l'époque ruinée … Il est malgré tout placé comme page chez Henri de Bourbon-Verneuil, fils illégitime d’Henri IV et de la marquise de Verneuil, en 1604. Il a une vie errante ...
En 1620, il participe aux campagnes de Louis XIII contre les huguenots dans le Sud-Ouest. En 1621, il entre au service de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII et participe à la création de plusieurs ballets de cour.
Il est élu à l’Académie française en 1649. La vie de débauche qu’il mène dans l’entourage de Gaston d'Orléans et son goût immodéré pour le vin et le jeu finissent par avoir raison du peu de santé que lui laissait sa tuberculose.
Comme Jean-Léonard de la Bermondie, le « page disgracié » s’intéresse dès sa prime jeunesse aux sciences occultes :

« Un jour parmi d’autres livres d’histoires, j’ouvris par hasard un livre de Baptiste Porta intitulé ''Magie naturelle'', et trouvant là dedans des petits sujets qui me semblaient jolis, je l’achetai pour essayer d’en mettre quelques-uns en pratique. »
Le page réalise alors quelques expériences de chimie, et ce jeu acquiert pour lui à une dimension surnaturelle, de mise en relation avec l'au-delà... :
(…) nous ne pouvions presque rien discerner en nos visages, tant la fumée était obscure ; il fallut nous mettre fort près de cette sombre lumière … »
(…)
« J’avais lu force livres curieux, énigmes confus, que l’on estime des guides sacrés pour trouver la pierre philosophale.
Je savais tous les contes qu’ on fait de Jacques Cœur, Raimond Lule, Arnold De Villeneuve, Nicolas Flamel, et autres jusqu’ à Bragardin. »
(...)
« Là je m’étudiai à oublier tout à fait mon nom, et à me forger une fausse généalogie, et de fausses aventures, afin de n’être pas surpris quand on me ferait quelque interrogation. »
(...)

Entre en scène, le personnage de l'Alchimiste, dont le page fait un double d'Artéfius, philosophe hermétique du XIIe siècle. Le page est fasciné par ce personnage dont l'identité est un mystère... C'est un « galant homme », « un homme qui avait la pierre philosophale. »
« (…) et vis par cet artifice qu’il avait fait de l’or monnayé qu’il serra secrètement dans un papier, et puis après avoir remis toutes ses hardes dans son sac, il se coucha sans faire bruit.
Je crus donc que celui-ci en était quelque petite copie, et que cet homme-là seul était capable de me mettre mieux à son aise que tous les princes et les rois.
Je ne pensai plus qu’aux moyens de l’accoster et de le disposer à me recevoir en sa compagnie ; je passai toute la nuit à m’entretenir, tantôt du désir de pénétrer bien avant dans sa confidence, tantôt de la crainte qu’il ne s’épouvantât de mon abord, ou qu’il ne s’échappât de mes mains sans les avoir magnifiquement garnies. »
(…)
« Que ce bénéfice si précieux n’était pas produit seulement par le soin des hommes, qu’il y avait une particulière bénédiction dans l’accomplissement de ce grand œuvre, et que ce serait mériter une éternelle malédiction, si l’on n’usait de cette grâce avec grande considération. »

L'homme lui parle du ''grand-oeuvre'', évoque la nécessité d'une initiation et lui présente trois fioles censées contenir des poudres et remèdes miraculeux. Dans la première bouteille, l'huile de talc est pour le jeune garçon une promesse d'éternelle jeunesse ; dans la deuxième bouteille, la poudre de projection est une promesse de richesses, la troisième bouteille contient l'espoir de l'immortalité grâce à un mystérieux remède universel...
« C’ est ce qu’ on appelle huile de talc, et ce que les dames qui sont ambitieuses de beauté souhaitent avec tant d’ ardeur ; et en disant cela, il me montra la seconde bouteille, où était enfermée une poudre de couleur de feu si vive, et si lustrée, que j’ eusse bien passé deux heures à la contempler sans m’en ennuyer ; et selon la façon dont m’ en parla ce philosophe, qui n’ en faisait guère plus d’ estat que de l’huile de talc, c’ était cette poudre de projection si recherchée par les alchimistes. »
L'homme, l'Alchimiste semble libéré de tout ce qui pèse sur l'humanité... il est aussi celui qui ramène le page égaré sur le chemin de la religion...
« (…) rien ne troublait la douceur de mes songes que l’importun désir que j’avais de revoir mon Philosophe Chimique, qui, ce me semble, était tel en effet que ces chimériques esprits, qu’on a surnommez Rose Croix -, se sont insolemment vantez d’être. »
L'ordre des Rose-Croix propose de retrouver la paix dans le monde en rétablissant l'unité des religions et des savoirs, la véritable science ne devant pas conduire à une opposition jugée abusive entre connaissances rationnelles, théologie et magie.

Le page passe ensuite ( comme nous l'avons déjà vu …) du charme magique au charme féminin, de la science alchimique à la science amoureuse : « ce feu subtil ... »
« Je la trouvai dans son cabinet, plus belle mille fois qu’ elle ne m’avait jamais paru, et plus soigneusement ajustée ; elle avait un déshabillé de satin de couleur de roses à fonds d’ argent, avec lequel elle eut pu représenter une aurore ; ses beaux cheveux étaient bouclés avec autant d’art que si elle eut été coiffée de la main des grâces ; et j’aperçus sur son visage un aussi grand éclat de blancheur, que si l’on eut étendu dessus de cette huile de talc si recherchée ; et pour mon tourment je ne sais qui avait mis de nouveaux brillants dans ses yeux, qui me firent abaisser la vue. »
(…)
Il fait le parallèle entre l'alchimie et l'amour... le sentiment amoureux, qui maintient le page dans le domaine de l'imaginaire, du fantasme, permet la poursuite du rêve alchimique...
« Ce feu subtil et vivifiant éveille les âmes les plus assoupies, et subtilise facilement les sentiments les plus grossiers ; dès que l’ esprit en est embrasé, il prend une certaine activité qui n’ est naturelle qu’ à la flamme, mais dans cette délicatesse, que l’ âme acquiert pour tout ce qui concerne la chose aimée, si l’ on est sensible aux moindres faveurs, on n’ est insensible aux moindres injures, et ce commerce est un agréable champ, où les épines sont en plus grand nombre que les roses. »
Roger de Laron : sa Foi en cette fin du XIIIe s.
- Les Templiers ont possédé, et possèdent encore le linge qui a enveloppé le cadavre de Jésus ; cette relique est protégée parmi le Trésor disséminé après l'arrestation des chevaliers. ( Cf, le prochain article)
Roger de Laron, reste prudent sur ces accusations... Lui même, quand il fut interrogé par l’évêque, a récusé toutes les abominations prêtées au chevaliers pauvres du Christ... Ce dont il peut témoigner, c'est un rituel d'obéissance établi par les Templiers qui met à l'épreuve les recrues, et qui reprend des gestes de leurs ennemis pour les édifier, et peut-être les préparer... En effet, les sarrasins obligent les prisonniers chrétiens, sous peine de mort, à renier Jésus-Christ et à cracher sur la croix...
Et c'est l'argile puis le feu ; puis la clarté et le froid ;
Et c'est l'ivresse puis le dégrisement ;
Et c'est l'étreinte puis la détente ;
Ces quelques mots étaient le départ semblait-il d'une théorie qui englobait le visible et l'invisible … C'était assez tentant … Mais c'est avec Raymond Lulle (1235-1315) que Roger a compris la description opérative du monde dans lequel il vivait..