Le Paris des Années 1920.. – Pierre Drieu la Rochelle
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Pierre Drieu la Rochelle est de 7 ans plus âgé que Lancelot. En 1925, il vient de rompre une amitié que l'on pensait solide, avec Louis Aragon. Pierre D. jeune écrivain, incarne la nouvelle génération, ce que lui reconnaissent Daniel Halévy ( que connaît bien Anne-Laure, sa mère), et Henri Massis (proche de Maurras)... Il a déjà publié chez Gallimard, et participe à la revue prestigieuse NRF.
<- de Jacques-Emile Blanche - 1924 - Etude pour un portrait de Pierre Drieu La Rochelle (1893-1945)
Lancelot est impressionné par Pierre. Il émane de lui, une énergie qui lui fait penser à Nietzsche, quelque chose de flamboyant, et on le dit ''couvert de femmes'' … !
Pierre D. vient de se séparer de son groupe de ''surréalistes'', leurs chahuts ne l'amusent plus ; et surtout le dénigrement systématique de ce qui fait la richesse de la culture occidentale, jusqu'à leur provocations envers Loti, Barrès, Anatole France et Claudel...
Aragon s'affiche avec son ancienne maîtresse, Elisabeth de Lanux, et surtout abdique tout esprit critique devant André Breton, et - le comble - adhère au Parti Communiste...
Si Lancelot souhaite son amitié, il la sait impossible, comme avec tous ceux qui ont vécu l'horreur de cette horrible guerre ; et dont l'expérience conduit à une vision tragique de l'existence...
Peut-être, Pierre est-il attiré par la candeur du jeune homme qui tranche sur le cynisme de beaucoup de ses amis, et des mœurs qui sont les siennes, mais qu'il qualifie de décadentes et ne correspondent pas à sa philosophie conservatrice ?
Pierre D. refuse de se situer sur l’échiquier politique, et reproche à Aragon sont engagement partisan... Il semble inquiet d'une modernité envahissante, de la TSF par exemple, au machinisme déshumanisant . Il hésite entre un classicisme rénové, reconstruit par la République, autour de figures de la pensée rationnelle ; et la tradition millénaire de la vieille France monarchique qui lui offrirait une morale exigeante et élitiste, et l'entrée dans une aristocratie forte, autour d'un militantisme qui satisferait son goût pour l'action....
Pourtant, et il en discute avec Lancelot, Charles Maurras, le déçoit par son nationalisme intégral, alors que l'absurde guerre qu'il vient de vivre, ne peut que nous rassembler autour de notre civilisation européenne et la réconciliation franco-allemande...
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Pierre D. paraît bien souvent paradoxal. Il semble fasciné en bien et en mal par le peuple juif. En 1917, il épouse la sœur de son ami juif, mort au front, Colette Jéramec. En 1921, il divorce... Il ne cessera d'asséner et d'écrire les pires opinions antisémites... !
Lancelot apprend par sa mère, suite à un courrier de Vanessa Bell, que Nancy C., est à Paris ; aussi commence t-il une enquête afin de retrouver la jeune femme.
Il rêve de pouvoir, cette fois, la conquérir... Elle devrait être surprise de le voir changé, mûr, si décontracté... Il imagine : il la ferait accéder aux salons les plus huppés de la capitale, la présenterait à de grands écrivains... Peut-être Gide lui-même, ou Valéry? Anatole-France, Barrès étant morts récemment...
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Il n'a pas cherché longtemps. Pierre D. le met directement sur la piste. Lancelot et Pierre, ont ceci de commun c'est leur goût pour l'Angleterre ; et l’Allemagne, il est vrai aussi...
- « J'aurais dû naître anglais. Voilà une de ces imaginations d'enfance qu'on garde jusqu'à ses derniers jours. » insiste Pierre. En 1919, il a séjourné à Cambridge ; il y a déjà rencontré T.H. Lawrence, et Aldous Huxley avec qui il reste lié... Il a hébergé, Aldous Huxley lors du premier séjour de ce dernier à Paris, c'était en janvier 1920...
1926 - Nancy C. habite dans l'île de la Cité un appartement décoré par Jean Frank. Elle y reçoit Man Ray, William Carlos Williams, Léon-Paul Fargue, Drieu la Rochelle, les amis de Cocteau et ceux de Breton, dont Louis Aragon...
Bien sûr, la rencontre de Lancelot avec Nancy, ne correspond en rien à ses attentes... Excentrique, et adulée par tous ses visiteurs ; elle s'amuse quelques instants de le revoir, puis elle est vite happée par des personnalités bien plus en vue, comme Louis Aragon avec qui elle va commencer une histoire d'amour...
Cependant, lors d'une seconde visite de Lancelot, Nancy lui présente Mary Butts.
Le Paris des Années 1920.. – Bertrand de Jouvenel
Si les sujets de discussions sont graves, l'ambiance - parmi les jeunes qui fréquentent les Conférences - est à la camaraderie et à la fête. Dans une chambre d'étudiants, dans un bureau ; certains amènent des jeunes filles qui admirent les débats, des liens se nouent...
Les parents de Bertrand de Jouvenel, se sont séparés tôt ; il vit avec sa mère Claire Boas, elle-même assez présente dans le monde politique et littéraire. Son père a épousé en 1912, la romancière Colette.
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Au printemps 1920, Bertrand rend visite à son père et découvre celle qu'on lui a désignée comme « redoutable ». Il est fasciné par elle : naturelle, imposante... Elle décide de « former » son beau-fils, et, l'année suivante, deviennent amants; elle a 47 ans.. Jusqu'en 1925, Bertrand vit dans l'ombre de Colette... Cette liaison est connue, et - vis à vis de ses camarades -pose Bertrand sur un piédestal de l'initiation érotique...
Colette, Henri de Jouvenel, et son fils Bertrand sur la lande près de Rozven, en Bretagne (1921) ->
Bertrand est un lecteur passionné d’histoire, de politique et d’économie. Colette l’initie à d'autres lectures, en particulier les romans de son ami Proust, qu’elle compare à Balzac. C'est elle, dit-il, qui l'ouvre aux joies du monde : « Colette m’enseigna que le pain avait du goût, les troènes du parfum, les pavots de la couleur …elle regardait, elle écoutait, elle sentait, et le plaisir qu’elle prenait continuellement à ce qui existe se communiquait à son entourage. Alors que j’avais toujours cherché à être laissé en paix avec mes livres, à présent je la suivais et les théières de faïence chez les antiquaires de Saint-Malo, les crevettes dans le basin des rochers, tout me paraissait merveilleux …il est impossible de dire ce que je lui dois, pour m’avoir ainsi nourri ».
Bertrand de J. suit son père à la SDN en 1923. Il part pour Prague comme collaborateur du ministre des affaires étrangères de la Tchécoslovaquie.
Sa mère ne supporte pas cette liaison, elle tente de le fiancer, mais il crée le scandale en ne venant pas au repas de présentation ; Colette venait de lui remettre un pli où était écrit : « Je t’aime. ».
Sa famille lui présente une nouvelle jeune fiancée. Il en discute avec Colette et décident de se séparer. Marcelle Noilly-Prat a déjà écrit un roman ( Vivre en 1922) « très intelligente et de très bonne compagnie » ; ils se marient en décembre 1925.
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Parmi les jeunes de l'Action Française, Lancelot est interpellé, en 1922-23, par Jean-Augustin Maydieu. Étudiant doué et fougueux, il est camelot du Roi et il fait partie de la garde personnelle de Maurras, très religieux il est torturé par une histoire d'amour... Il a rencontré Madeleine Delbrêl chez le docteur Armaingaud qui tient salon ; elle s’intéresse à l’art, la littérature et la philosophie. Elle écrit des poèmes. En 1922, alors qu'elle écrit « Dieu est mort, vive la mort […] Puisque c'est vrai, il faut avoir le courage de ne plus vivre comme s’il vivait » ; elle fait la connaissance de Jean profondément croyant, qui se questionne sur sa vocation religieuse... Ils se revoient et commencent une relation amoureuse (1923)... Il part pour son service militaire, puis sans explication entre au noviciat dominicain, le 22 septembre 1925. Cette ''rupture'' plonge Madeleine dans une phase dépressive, et déclenche une recherche intérieure et, finalement, une conversion « violente » dit-elle l’année de ses 20 ans dans un éblouissement qui ne la quittera plus..
Le Paris des Années 1920.. – Jean Luchaire
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Lancelot, choyé par son milieu et les adultes qui l'ont accompagné dans son éducation, n'a rien à prouver. Il porte une quête, transmise par sa mère et sa lignée : des aïeux très présents, grâce à toutes sortes de documents et de souvenirs familiaux, conservés, étudiés et complétés, comme si chacun de ceux qui l'avaient précédé avaient très bien compris leur ''mission personnelle'' …
Lancelot comme ses prédécesseurs n'ont pas d’œuvre à leur actif ; seulement des notes, des mémoires, des confessions éparses, des traces....
Lancelot est plus contemplatif qu'actif, et de fréquentation facile: il s’intéresse aux gens. Il les questionne, jusqu'à insister pour tenter de les comprendre... Il a l'admiration facile, et n'hésite pas à proposer ses services pour bénéficier du témoignage de la personnalité qu'il a la chance de pouvoir alors accompagner un temps...
Il est temps d'évoquer les amis et relations proches et régulières de Lancelot, pendant ces années vingt. Elles sont nombreuses et éclectiques ; je peux les regrouper autour de ces quelques personnalités, qui bénéficient de biographies et d'études connues. Elles nous accompagneront tout au long des décennies qui vont suivre...
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Lancelot rencontre Jean Luchaire. de même âge, en 1921... Grand, mince, voûté, le visage rond, les yeux bleu pâle, et le plus souvent un léger sourire ironique. Un tempérament actif et une volonté de convaincre. Il s'est marié en 1920 à Françoise Besnard, fille du peintre Albert Besnard. Ils habitent un petit appartement de la rue Rotrou. Sa mère est une amie d'Edouard Herriot. Celui-ci le fait nommer au Secrétariat d'État aux Beaux-arts, qui dépend du Ministère de l'Instruction publique. Il rêve d'une carrière de journaliste.
Un groupe d'étudiants de Droit cherche à créer un mouvement et une revue ''La Jeune Europe'', organe d'une génération nouvelle qui se veut pacifiste, fédéraliste... La revue se voudrait être un trait d'union entre les jeunes de France et ceux de l'étranger...
Lancelot, se laisse entraîner par la personnalité de Jean L. alors que certains contenus de la revue lui déplaisent, en particulier rien de moins que le rationalisme et l'internationalisme socialiste...
Une partie de sa famille maternelle fait partie de la grande bourgeoisie industrielle italienne … Il a vécu en partie en Italie...
Jean L. se définit comme révolutionnaire, en ce qu'il critique la République. Il défend la Liberté individuelle et le Progrès...
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Dans ce petit groupe autour de Jean Luchaire, Lancelot rencontre également Bertrand de Jouvenel et Robert Lange. Le groupe organise des conférences... Le Groupement universitaire pour la Société des Nations (GUSDN) est né en 1922...
Avec Lancelot, Jean reconnaît au programme de l'Action Française des qualités qui parlent à la jeunesse ; mais la plupart refusent d'intégrer des partis, et il en rend responsable le système républicain... Aujourd'hui les vraies questions ne se situent-elles pas à l'échelle de l'Europe... ?
Il faut lutter contre les barrières nationales, néfastes en matière intellectuelle, et compter sur la jeunesse européenne...
Jean Luchaire propose de commencer par une politique d'amitié franco-italienne. La France doit s'unir à l'Italie avant de travailler avec l'Angleterre et l'Allemagne …
Journaliste, il est envoyé spécial ( L'Ere Nouvelle ) à la Conférence de Gênes ( Mai 1922), et publie des articles sous le pseudo de Jean Florence.
Jean a une sœur un peu plus jeune, Marguerite Luchaire, dite 'Ghita'. C'est une ''montparno'', et c'est le temps où le quartier Montparnasse représente un des centres de la vie culturelle et artistique en France. C'est le temps des années vingt, années folles pour oublier la boucherie de 14-18, folles par leur bouillonnement littéraire et pictural inédit... Ghita y croise Picasso, Aragon, Duchamp, Picabia, Foujita, Soutine, Zadkine, Man Ray, Artaud … Elle est l'amie, de la gouailleuse Lucie Badoul, surnommée Youki par le peintre Foujita et deviendra l'épouse de Robert Desnos...
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Cette jeunesse façonnée par la guerre, condamnant tout « retour au passé », redouble d'énergie pour rénover la société sous les signes de la paix et du progrès... Lancelot entreprend de travailler le droit international, et s'appuyant sur sa pratique de l'anglais, et l'allemand, s'inscrit dans l'accompagnement des congrès internationaux...
Lancelot a déjà croisé à la Sorbonne, René Pleven, un étudiant brillant - en droit le matin, et à Sciences-Po l'après-midi – qui vient de créer avec Robert Lange, le GUSDN... En 1923, plusieurs centaines de jeunes gens – sans distinction de parti ou de croyance religieuse - y sont adhérents. En 1924, ce serait 2500 adhérents sur toute la France...
Autour de cette expérience, vont se succéder de multiples regroupements européens comme : le congrès paneuropéen de Vienne (octobre 1926), un plaidoyer de Notre Temps pour « L’Europe ô ma patrie » (février 1928), la rencontre de Sohlberg (juillet-août 1930) puis de Rethel (été 1931), '' Union Jeune Europe '' lancée vers 1930, prend le nom de "Ligue pour les Etats-Unis d’Europe" en 1933 ; et dans le cadre de '' Union paneuropéenne'' le 10 mai 1933 a lieu la rencontre Coudenhove-Kalergi avec Mussolini à Rome ; dans l'espoir d’une Union latine et à un rapprochement franco-italien dirigé contre le Reich, ce qui pourrait amorcer un processus d’unification européenne.... Nous en reparlerons ….
Les années 20 - L'Action Française. 2
Lancelot commence à regretter le conservatisme de l'Action Française qui se traduit par ce nationalisme assez couramment partagé dans son milieu, qui continue à pointer l'Allemagne comme l'ennemi ; Maurras influença certainement la décision d'occuper la Ruhr en janvier 1923... Par contre, l'anticommunisme reste une conviction partagée par la plupart de ses amis...
De tout ceci, on débat au 33 rue Saint André des Arts, le siège des étudiants d’Action Française qui se trouve au deuxième étage. On critique cette république peu respectable, on mise sur le rôle de l'Eglise, on imagine un nouvel ordre monarchiste... Lancelot croise Jean de Fabrègues, pour écouter Henri Massis, il a trente-huit ans et est admiré, c'est en novembre 1924 aux Sociétés Savantes.
Au début de 1925, le Cartel des gauches regroupe, contre lui, les catholiques autour du général de Castelnau en particulier.
L'action Française garde encore son influence, et participe au brassage des idées que les jeunes peuvent vivre dans le quartier latin... Cependant, Jean de Fabrègues fréquente aussi bien Pierre Mendès France que Paul Nizan. Il y a là aussi Pierre-Henri Simon...
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Au sein des catholiques, la philosophie thomiste est au cœur d'une querelle. D'un côte Jacques Maritain (43ans), de l'autre Maurice Blondel (64ans)... Maritain, proche de l'Action Française ( le parti de l'intelligence...), défend la primauté de la raison - dont la source est divine - , qui doit pouvoir démontrer les vérités de la foi. ( Jacques Maritain, Réflexions sur l’intelligence et sur sa vie propre). L'ordre du monde affirme la primauté du religieux, pourtant Maurras pense que l'ordre du monde dépend de la volonté de l'homme ; et, dans les deux cas il est lié à la raison...
Dans ''Primauté du spirituel '' (1927) Maritain va argumenter que le primat dans l’action chrétienne revient au « spirituel ».
En face, l'approche est plus ''libérale'', et le ''surnaturel'' ne pré-existe pas en soi à la nature humaine, à l'action, il est, en quelque sorte immanent : la révélation s'accomplit dans l'action, dans l'histoire humaine... Il faut accepter l'autonomie de la raison. Blondel récuse l'idée d'un parti catholique …
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Lancelot, comme beaucoup de jeunes catholiques, a du mal à se situer : il préfère se voir comme un croisé, face à une modernité inéluctable ( c'est le ''monde d'après'' la guerre...) et inquiétante ; aussi le rétablissement d'une chrétienté renouvelée porte en elle une certaine espérance....
Aussi, est-il sensible à “une politique chrétienne” et il y a peu encore, s'en tenait avec le général de Castelnau à se battre pour “restaurer un ordre social chrétien” représenté par le monarchisme, appuyé sur la Tradition, en progrès perpétuel, puisque basé sur l'expérience... ( La ''Tradition'' est la constante adaptation des principes au réel.)
A noter la question de la ''démocratie'' - qui pour Maurras, est contredite par la ''Nature'' - , et se présente comme « ordre artificiel non viable »...
- C'est le pouvoir des ''meneurs'' ; de l'argent.. : la ''ploutocratie'' est libérale, individualiste … De plus la république, avec ses lois laïques, refuse toute inspiration chrétienne... La religion peut offrir un cadre dans la vie de l'individu et de la cité...
Le combat contre l’expansion du bolchévisme devient un point fort; et pointe l'effort nécessaire à faire pour rejoindre le monde ouvrier qui s'installe dans les banlieues... Aussi, des jeunes, et non des moindres : je peux citer : Jean Daujat (1906-1998), Maurice de Gandillac (1906-2006) , Jacques Arthuys 1894-1943), Louis Salleron (1905-1992), Jean-Pierre Maxence (1906-1956), Robert Francis (1909-1934), Etienne Gilson (1884-1978), Roger de Lafforest (1905-1998)... tous proches du royalisme, vont souhaiter réconcilier une vision monarchiste avec un christianisme social comme ''Le Sillon''... Ils sont loin d'être des conservateurs et se présentent pour renouveler les conceptions de l'Action Française...
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Pour l'heure, Lancelot, avec Jean de Fabrègues, et l'équipe des jeunes rédacteurs de la ''Gazette Française'' imagine un ordre des Chevaliers de Saint Michel qui défendrait un modèle occidental des valeurs chrétiennes... Ce serait, en quelque sorte, le ''sillon '' de la Tradition...
Cet ordre est lancé par un appel signé d'Amédée d’Yvignac, Pierre Arthuys, Henri d’Astier de La Vigerie et Guy de Montferrand.
Lancelot se souvient, le 28 janvier 1926, d'une journée solennelle où après la messe en la crypte de l’Église des Carmes, un déjeuner est offert à plus de soixante-dix convives dans la grande salle du restaurant Procope. Les discours présentent l'ordre ( ou la Ligue...) comme une nouvelle chevalerie qui attendrait son ''Saint-Bernard'', leurs armes : « la parole, la prière, le sacrifice. » ( Guy de Montferrand, La Gazette Française, 24 décembre 1925. ) ; « Vous ne pouvez être hérésiarques aux yeux d’aucune personne sensée lorsque vous proclamez la nécessité en France de la monarchie ». ( Henri Massis, La Gazette Française, 28 janvier 1926 )
Certains argumentent que ces droits et devoirs envers l'Eglise, sont négligés par Maurras ; et on garde le silence ...
On dit que Rome, se prononce contre la validité morale des principes politiques maurassiens, et dénonce le paganisme de Maurras...
Bernanos (36ans), qui s'était éloigné de l'Action Française, lui reprochant de ne pas se battre pour ''nouveau monde'' mais d'avoir épousé l'ancien.. , et auréolé du succès de Sous le soleil de Satan, regrette l'incroyance du chef politique mais affirme sa certitude de l’œuvre de salut menée par l’Action Française. Il fréquente à présent les réunions des Étudiants d’Action Française.
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Enfin, le 29 décembre 1926 tombe la condamnation, par le Pape Pie XI, de l’Action française, et de sept ouvrages de Charles Maurras...
Très clairement, les évêques de France réaffirment :
- Les maîtres de l’Action Française sont en opposition avec la foi et la morale catholiques.
- Les maîtres de l’Action Française n’ont aucun titre pour diriger les catholiques.
- Du danger de fréquenter les doctrines de l’Action Française.
Il dénoncent :
- Une conception païenne de la cité avec une Église réduite au rôle d’agent de l’ordre public
- La promotion du machiavélisme politique.
- La défiance envers une autorité spirituelle supranationale...
Mais, l’Action Française n’est pas condamnée en tant que monarchiste...
Les chevaliers de Saint-Michel attendront en vain la nomination d'un aumônier...
« La parole pontificale nous a fait un devoir de quitter cette obédience, celle d’Action Française, qui d’ailleurs ne se situait que dans l’ordre de l’action politique, non dans celui de la doctrine. » ( Amédée d’Yvignac, La Gazette Française, 17 février 1927. ). La Gazette reste encore royaliste, puis disparaît. Les ''chevaliers'' n'ont plus, ne survivront pas aux années vingt...
Pour Lancelot, ce coup au parti de l'A.F. va lui permettre de s'autoriser à s'écarter d'un nationalisme conservateur et paralysant...
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Lancelot s'émancipe de son groupe originel, et montre de l'intérêt a rencontré d'autres espaces, en particulier ceux représentés au GUSDN ( Le Groupement universitaire pour la Société des Nations) animé par Robert Lange qui bénéficie de l'aura de son oncle Bergson... Les réunions sont nombreuses, et les appuis de personnalités sont relativement intéressants, avec de nombreux contacts avec Genève et Londres... On fête l'entrée de l'Allemagne dans la SDN en 1926. Une paix est possible, et finalement l'action ( couronnée en 1926 par le Nobel de la paix) du vieux et sage Briand est reconnue par tous...
L'Ordre catholique se veut être ni de droite, ni de gauche.
« Nous luttons pour sauvegarder les éléments de justice et de vérité, les restes du patrimoine humain, les réserves divines qui subsistent sur la terre et pour préparer et réaliser l’ordre nouveau qui doit remplacer le présent désordre. Nous haïssons l’iniquité révolutionnaire bourgeoise qui enveloppe et vicie aujourd’hui la civilisation, comme nous haïssons l’iniquité révolutionnaire prolétarienne qui veut l’anéantir. C’est pour Dieu, ce n’est pas pour la société moderne que nous voulons travailler". Jacques Maritain, “En lisant Georges Valois”, La Gazette Française, 28 mai 1925.
Une rencontre étrange, en cette année 1925, va s'avérer déterminante beaucoup plus tard. Je n'ai pas d'éléments pour expliquer la présence de Lancelot à une réunion de ''tala'' avec des étudiants de Normal-Sup et de St-Cloud en majorité ; ce dimanche après-midi, rue de Grenelle. Lancelot est accueilli par un prêtre qui se présente comme le père Teilhard. Eut lieu ensuite une causerie traitant magistralement des rapports de la science et de la croyance. Lancelot, comme d'autres jeunes gens, sont émerveillés de la parole du prêtre.
Les années 20 - L'Action Française. 1
Les années 20 - L'Action Française. 1
« Je plains tout jeune homme qui ne s’est pas passionné pour ou contre la liberté, pour ou contre le déterminisme, pour ou contre l’idéalisme, pour ou contre la morale de Kant, pour ou contre l'existence de Dieu, pour ou contre Dieu, comme s'il existait » Charles Péguy
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Revenons un peu, sur ces années vingt...
Un jour à la terrasse du ''Canon des Gobelins'', Lancelot entend de la table voisine, une conversation entre cinq jeunes gens, étudiants, envisageant leur avenir. L'un deux risque une phrase du genre : « nous avons des projets, des conversations élevées parce que nous n'avons ni femmes ni argent... ». Il avait eu envie de se lever et leur dire : « J'ai ''une femme'' ( à ce moment-là, il pense à Jeanne L.) , et surtout de l'argent.... et je n'ai pas de projet …. »
Ce qui l'avait arrêté, c'était qu'il n'avait pas vraiment ''une femme'', seulement une camarade avec qui il couchait sans faire l'amour... C'était plutôt le début d'une expérience qui s'échappait avec elle... Jeanne était de plus en plus distante, préférant sans-doute d'autres amis, d'autres expériences...
Parmi ces jeunes gens, étudiants de l'E.N.S., trois d'entre eux étaient les seuls communistes ( on disait ''révolutionnaires'') de l'Ecole de la rue d'Ulm..
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Lancelot, lui, s’interroge sur son engagement parmi les jeunes de l'Action Française, en particulier au sein de l'Université... ...
Henry Berthélémy, spécialiste de droit public, est le doyen de la faculté de droit. Le personnage n’est pas antipathique ; mais les étudiants de droite lui reprochent de couvrir l’ingérence du pouvoir politique de gauche dans la nomination de professeurs... Un immense chahut est organisé, lors du premier cours de George Scelle, qui vient d'être nommé à la chaire de Droit international - après une mise en concours à la Faculté de Droit de Paris, et la proposition du Conseil de l'Université de nommer Louis Le Fur... George Scelle - chef du cabinet du Ministre du Travail - est nommé par François Albert, Ministre de l’Instruction Publique du Gouvernement Herriot ( Cartel des gauches...) surnommé '' le ministricule ''...
Le slogan des étudiants de l’Action française, en ce 2 mars 1925, est : « M. Georges Scelle ne fera pas son cours ! ». Scelle étant absent, c'est le lundi 9 mars qu'un immense chahut, avec pétards, bris de tables et chaises, empêche le cours...
L'Action Française était restée hors le ''Bloc National'' ( alliances des droites républicaines de 1919 à 1924), et - à présent - se montre très agressive envers le '' Cartel des gauches''...
Georges Valois, influencé par Proudhon, journaliste et anti-intellectuel est l'un des quatre as de l'Action française avec Maurras, Daudet et Bainville jusqu'à sa rupture de 1924-1925.
Dès 1924 Valois affirme avoir perdu tout espoir dans les hommes au pouvoir, et dans le parlementarisme... Il démissionne du Comité directeur de l'Action Française en octobre 1925. Il crée le premier mouvement qui se dit "fasciste" ( ''fasciste'' en référence au Mouvement fondé en 1919 par Mussolini (Fasci Italiani...) ) et la revue le ''Nouveau siècle''... Les ''chemises bleues'' ne supportent plus la ''Fleur de lys'' et inversement...
Parmi les ''talas'' ( les étudiants qui vont-à-la-messe) de Droit, de la Sorbonne, de l'E.N..S. ; les orientations politiques sont diverses : l'Action Française et les socialistes de Sangnier tiennent le haut du pavé. La JR organise des congrès de la Paix qui mobilisent assez bien, certains jeunes... On peut dire toutefois que le Quartier Latin penche à droite.
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A droite avec Maurras, plusieurs tendances se dessinent, et finalement se séparent... Louis Dimier part sans bruit, considérant l'aventure comme stérile.. Edouard Berth (1875-1939) imaginait la rencontre de la monarchie avec le bolchévisme qu'il choisit finalement dans les années vingt...
Emmanuel Beau de Loménie (1896-1974) quitte l'Action Française, qui lui semble incapable de s'opposer au grand capital, et propose un ''anticapitalisme nationaliste''...
Lancelot se dit déçu du climat général qui règne dans ''le parti de l'intelligence'' ; des ''petites intriguent détournent les fidèles... Le cercle autour de Maurras se restreint, Maurice Pujo, un de ses proches, et qui codirige le quotidien L'Action française, est très critiqué... On dit que « derrière le journal, il n'y a rien … !». De plus, Lancelot juge que des comportements grossiers ( langage, actions...) défigurent l'image noble du mouvement monarchiste...
La Comtesse de Sallembier, n'est pas une habituée des ''visites'' faites aux personnalités de la Maison de France ; cependant lors des présences à Paris de la duchesse de Guise, elle fait signer son livre de visites et déposer sa carte... En 1926, Lancelot a accompagné quelques étudiants à Bruxelles pour y visiter le Comte de Paris, qui leur a accordé une audience...
La tendance nationaliste déplaît à nombreux monarchistes ; et l'Action Française ne semble plus attirer que des éléments du conservatisme le plus étroit... L'idée même de monarchie avec un prétendant – le duc d'Orléans – inconnu des français, est délaissée au profit d'un parti ''de l'ordre''. ( cf : Louis Latzarus, La France veut-elle un roi ?, Paris, Editions du siècle, 1925 ) L'Action Française n'est plus le parti de la restauration monarchique ; d'autant qu'elle ne pourrait actuellement se réaliser qu'à l'aide d'un ''coup de force'' que Maurras lui-même n'envisage plus...
Les années 20. - Lancelot de Sallembier.
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Anne-Laure de Sallembier, se félicite que Lancelot – fidèle à une certaine tradition familiale – s'intéresse à de multiples sujets qu'ils soient scientifiques ou littéraires.... Cependant, elle souhaiterait que son fils puisse inscrire son nom dans une discipline. Peut-être est-il encore trop jeune pour afficher une indépendance d'esprit et s'engager dans une voie nouvelle … ?
Lancelot est curieux de tout ; et il ne manque aucune occasion pour rencontrer les personnes qui sortent du lot commun... Il apprécie particulièrement aussi ces temps d'étude qui lui permettent de fouiller une question scientifique ou philosophique ; mais il se plaint de ne pas posséder ce don d'imagination, de création qui lui permettrait de proposer sa propre découverte...
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Lancelot bénéficie de ce privilège de ne pas avoir besoin de ''travailler'' pour disposer d'un revenu, et satisfaire les besoins et les plaisirs d'une jeune homme vivant à Paris... Son nom, seul, lui permet de pénétrer les salons privés, ou d'être reçu dans le cabinet d'une personne influente.
Si certains revenus du patrimoine ont baissé après la guerre ; d'autres liés à la production textile, par exemple ont augmenté et bénéficié à la comtesse de Sallembier... Cependant l'époque - en cause : l'inflation, la fiscalité... - est à l'abaissement des fortunes... On réduit quelque peu le train de vie, et on diminue la domesticité.
Après sa licence de droit, et un concours ; Lancelot obtient un poste de rédacteur au ministère des Armées … Il tente au maximum de trouver une situation qui lui permette une plage importante de ''temps libre'' et satisfaire sa Quête...
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Le ''temps libre'' s'oppose au travail comme aliénation, il est émulation et provoque beaucoup d'occupations : visites, réceptions et écriture n'étant pas des moindres...
Anne-Laure et Lancelot se souviennent sans-doute des propos que tient Bertrand Russell sur un certain culte non raisonnable vis à vis du travail, et son éloge de l'oisiveté qu'il lie très bien avec l'idée de pacifisme... « les méthodes de production modernes nous ont donné la possibilité de permettre à tous de vivre dans l'aisance et la sécurité. Nous avons choisi à la place le surmenage pour les uns et la misère pour les autres. » Et, Russell d'ajouter : « Si le salarié ordinaire travaillait quatre heures par jour, il y aurait assez de tout pour tout le monde, et pas de chômage (en supposant qu'on ait recours à un minimum d'organisation rationnelle). Cette idée choque les nantis parce qu'ils sont convaincus que les pauvres ne sauraient comment utiliser autant de loisirs. ». Russell est persuadé que l'oisiveté permet d'éprouver « la joie de vivre, d’être original, bienveillant et non guerrier »
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Cette notion de ''Temps libre'' , si elle paraît bien ''aristocratique'', pourrait être un élément qui caractérise une société... L'Œuvre nationale du temps libre, est créé le 1er mai 1925, par le régime fasciste italien : l'objectif est – précisément - de s'occuper du temps libre des travailleurs... !
Lancelot vient d'apprendre la mort - à 23ans – de son amie Suzanne, avec qui il avait partagé tant de choses pendant la guerre, à Fléchigné. La tristesse l'emplit à la nouvelle de cette mort subite, augmentée par la culpabilité de n'avoir pas été fidèle à toutes les promesses qu'ils avaient échangé...
Cette ''jeune mort'' l'éveille un peu plus au tragique de l'existence. Quel sens peut avoir, une vie, quand elle semble n'avoir rien accompli; comme la sienne en ce moment....
Ce qu'il sait; c'est qu'il ne s'agit pas de quelque chose à admirer, ou même à voir avant de disparaitre... Mais avoir laissé en soi, marquer la grâce de l'infini....
Si Lancelot n'envisage pas de faire carrière, il n'en reste pas moins motivé pour s'engager dans des causes qui lui semblent essentielles en ce début des années vingt, comme la défense de la religion et de sa culture et surtout, de la Paix...
Lancelot suit avec intérêt la ''croisade'' du Père Doncoeur qui parcourt la France pour s'opposer aux mesures anti-catholiques du Président Herriot, annoncées le 2 juin 1924 ; et la mobilisation de l'ACJF, autour du Général de Castelnau... C'est surtout, sur le terrain de la Paix, que Lancelot se sent concerné, et grandit en lui ce sentiment de la ''faillite des aînés''.
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Victor Marguerite, avec son ''Appel aux consciences'' de 1925, est une personnalité qui l'intéresse, d'autant que le scandale créé par son roman ''La Garçonne'' lui a coûté sa légion d'honneur ( qui lui a été retirée!). Il lance un appel à réviser le traité de Versailles, signé par cent personnalités. Il prône le désarmement et les États-Unis d'Europe...
Rétablir la vérité sur le terrain pacifiste, s'apparente à l'idéal dreyfusard ; et Lancelot imagine pouvoir réunir différents courants de pensée autour de l'idée de Paix et, peut-être aussi, d'Europe...
Anne-Laure de Sallembier, partage son temps entre Paris et Fléchigné. Elle ne regrette pas que son fils, sa seule famille, n'envisage pas de quitter Paris et n'évoque jamais une vie professionnelle ou familiale qui l'éloignerait d'elle. Elle est satisfaite d'être complice de sa recherche, au travers de la littérature, de la philosophie, des sciences, et même de la politique...
Peut-être la mère de Lancelot, n'est-elle pas au courant de toutes les relations ( comme nous l'avons vu...) ou de toutes les activités de son fils... Ces années vingt, ne sont-elles pas nommées les ''années folles'' ? Et, aucun doute, Lancelot, a repris la Quête transmise par ses aïeux.
Jacques Boulenger – Les Chevaliers de la Table Ronde.
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Réunis par l'Action Française, Jacques Bainville dirige Lancelot vers Jacques Boulenger (1879-1944) dont il sait qu'il travaille sur la Légende arthurienne...
Boulenger, très aimable, semble assez sentencieux quand on commence à le questionner sur son travail... Puis, ses idées se bousculent, se corrigent les unes les autres ; Lancelot parvient à l'apaiser, en lui montrant qu'il connaît plutôt bien le sujet ; alors son propos ne craint pas d'être savant et passionné... Lancelot se régale... !
Boulenger admire Proust, et Gide aussi.. Julien Benda (1867-1956) l'intéresse, avec son questionnement sur l'esthétique ...
- Lisez Belphégor (1918), il développe l'idée que l'art doit viser à la beauté, si celle-ci incarne la raison. Il dénonce une esthétique du sentiment, de l’émotion, du flou...
- Vous êtes rédacteur en chef de ''L'Opinion'' et le chroniqueur littéraire...
- Le rôle de critique littéraire me pèse, on s'y fait des ennemis ou des indifférents. Je ne veux plus être un juge; et au nom de quoi? La beauté absolue? La critique devrait être un art, en elle-même...
- Vous avez défendu Proust, quand il était attaqué après le Goncourt...
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Mais très vite, Lancelot parle de chevalerie, et d'héroïsme... Boulenger, pilote pendant la guerre, parle de chevaliers du ciel; et laisse entendre que cette aristocratie militaire l'a amené vers les chevaliers de la Table Ronde... Lui , qui avait fait l'École des Chartes, se devait de retrouver les textes anciens. Il s'était intéressé à Rabelais, avait aimé retrouver l'auteur dans sa vie quotidienne, autour d'anecdotes... Son érudition ne semble pas incompatible avec le goût des légendes, au contraire elles se complètent à merveille, pour faire renaître la légende arthurienne... Il se promène avec délectation parmi les textes anciens de la Vulgate, le Merlin du manuscrit Huth, le Joseph d’Arimathie de Robert de Boron, les poèmes de Chrétien de Troyes, etc...
Jacques Boulenger s'est décidé à transcrire la Légende, il fallait bien ses référence et ses connaissances pour qu'elle soit acceptée par ses pairs... Joseph Bédier qui s'est fort bien essayé avec le Roman de Tristan et d’Iseut, le soutient...
Boulenger remarque que Perceval, en français d’aujourd’hui, se prononce Parsifal !
Les anglo-américains, eux, n'ont rien oublié de la Tradition. D'ailleurs Boulenger possède une édition du Lancelot, en sept forts volumes publiée à Washington, de 1909 à 1913, par M. H. Oskar Sommer. Il suit, dans des revues spécialisées les articles de jeunes érudits - ainsi la thèse d’Albert Pauphilet sur la Queste del saint Graal - et bien sûr, nous avons aujourd'hui la très ingénieuse et très profonde Étude de Ferdinand Lot sur le roman de Lancelot (1918).
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Lancelot s'étonne qu'un lettré puisse s'attacher à transcrire ces textes anciens, pour le public... N'y a t-il pas un risque d'appauvrir le sens … ?
C'est la difficulté : il faut obtenir du lecteur qu’il se plaise aux méandres des aventures, à leur fourmillement et à leur enchevêtrement. Il faut accepter de partir la féerie légère des contes de Bretagne, pour cheminer vers la légende sainte, chargée de symboles et de mystère.
Je souhaite faire passer le lecteur de la '' chevalerie terrienne'' à la '' chevalerie céleste''. Comme nous le dit Joseph Bédier « Il faudra que paraisse dans l’action le héros qu’ont annoncé les prophéties, le chevalier aux armes couleur de feu, le Promis, le Désiré, Galaad, celui que tous à son approche salueront de la même parole d’accueil : « Sire, bien soiez vos venuz, que molt vos avons désiré a veoir » ; car il vient pour rompre les enchantements, pour mettre fin aux temps aventureux, pour animer les chevaliers d’Arthur à la recherche du saint Graal, qui n’est autre que la recherche de Dieu. Il faudra, en un mot, qu’après les livres courtois et féeriques du début, Merlin et Lancelot, se déroule le livre ascétique et mystique du Graal, puis encore le livre tragique de la Mort d’Arthur, où sera dépeint le Crépuscule des héros. »
C'est pour le rédacteur lui-même, multiples épreuves au Pays de la Merveille, sur la route qu’il se fraye à travers la forêt âpre et dure, de l'écriture … !
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Jacques Boulenger a écrit, lui-même, sur sa manière d'écrire: « La race se marque dans le style par un certain tour vif, naturel, aisé, attique ou extrêmement français (c’est tout de même), qu’on y a de naissance et qu’on n’acquiert jamais ; par une façon inimitable de couper, d’agencer ses phrases, de choisir ses tournures, ses expressions, ses mots mêmes, de manière que tout ait d’abord un air « de chez nous », populaire ensemble et royal à force d’aisance, un je ne sais quoi de fort mais de léger, de traditionnel et de neuf, de vieux comme notre patrie et de jeune comme elle. »
Ainsi, de Jacques Boulenger (1879-1944) comme Adaptateur : L'Histoire de Merlin l'enchanteur (1922), Les romans de la la Table ronde (1922), Le Saint Graal (1923), Les amours de Lancelot du Lac (1923), Le Chevalier à la charrette (1923).
Après la Grande Guerre, le Monde, les salons... 2
La ''grande Guerre'' a porté un coup fatal, à un certain monde qui se voulait élégant, aristocratique, intelligent, et ''grand '', avec des écrivains comme Anatole France, Régnier, Gourmont qui durent laisser la place à Gide, Claudel, Valéry, Giraudoux...
Avant-Guerre : « Nous nous étions fait dans notre petit groupe une sorte d'idéal d'humanisme élégant, de ''dandysme '' cultivé : on se réunissait au bar, et il ne s'agissait pas d'ignorer plus la mode des chapeaux de femmes que les hypothèses sur l'auteur des miniatures des Heures du duc de Berry. Le souvenir de Jean de Tinan régnait, le charmant P.-J. Toulet triomphait; ... on citait Catulle, on se battait en duel, on revenait toujours d'Italie, on inventait des cocktails, on discutait sur des points de langage » (Entretien de Jacques Boulenger avec Frédéric Lefèçre, Paris, 1926).
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Rachilde (1860-1953), qui tient depuis trente ans la chronique des romans au Mercure, et lu en moyenne un livre par jour... écrit sur le roman de Marcel Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs, qui vient de recevoir le prix Goncourt (1920): " Cela sent terriblement la mentalité d’avant-guerre; on devine que l’auteur de ce livre n’a pas bougé ni évolué..."
Rachilde habite alors rue de Condé, où Le Mercure a ses bureaux. Elle va continuer de tenir la chronique littéraire jusqu'en 1925... Elle apprécie les fresques romanesques de Roger Martin du Gard, de Georges Duhamel ou de Jules Romains, et a du mal à apprécier les romans de Gide ou de Mauriac...
Le Mercure de France se fait peu à peu supplanter par la Nouvelle revue Française; porteuse d'une littérature plus actuelle ...
A présent, Rachilde porte une soixantaine excentrique, ses cheveux blancs sont couverts d'un bonnet médiéval; elle porte des bijoux d'améthystes. Son visage est expressif, par son regard vif, ses yeux verts et son rire strident. Quelques jeunes artistes viennent encore à ses ''mardis'', avec l'espoir d'être soutenus par elle.
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Lancelot, va croiser des jeunes-gens ( elle les appelle « ses poussins ») comme André David, Jean-Joë Lauzach, le danseur turc Nel Haroun ( de son vrai nom, Joan Nicolaï Nicolesco, un danseur roumain, dont s'était épris Rachilde..!) … et un étrange personnage: Homem Christo.
Jean-Joë Lauzach, d'une famille bretonne, se dit descendant de corsaires enrichis et reconvertis en aristocrates... A dix-huit ans, il devance l'appel et s'engage pour se retrouver dans l'enfer des tranchées... Il est ''poète du vent marin'', jusque sur les terres de Brocéliande. Il se dit curieux de récits féériques, et veut réussir une oeuvre à la mesure de ses rêves... Rachilde assure que Lauzach est un "littérateur né" ... Bien-sûr Jean-Joë questionne Lancelot sur son prénom, et très vite chacun s'intéresse à l'autre...
Lauzach lui parle d'un endroit mystérieux, nommé ''Le Val sans retour '' ( Lancelot connaît la légende ) et d'un texte sur lequel il travaille: l'intrigue se passerait du côté de Tréhorenteuc, un village de sorciers et de rebouteux, que l'on craint de traverser la nuit, par peur des sorts... Il modifie un peu l'intrigue, et la situe au temps d'un seigneur, duc de Tintagel. Il a deux filles, dont l'une, Morgane, qu'il préfère. Le duc est tué dans un accident de chasse; et le roi Uter Pendragon de passage, s'éprend de la duchesse Ygienne; et retourne chez lui, accompagné des trois femmes...
Morgane passe son temps à lire les vieux grimoires de la bibliothèque du château, devient si savante, qu'on la nomme '' Morgane la fée"... Amoureuse d'un chevalier, qui la trompe, elle jette un enchantement sur le val...
Le héros du livre va rencontrer une ''sorcière'' (Marie Ragon), qui lui raconte cette histoire, l'invite chez elle, où vit aussi sa nièce... Survient l'amour impossible et le drame ... Marie Ragon, pour lui transmettre ce qui ne peut être écrit, initie Jean Trégor à la sagesse de Merlin ....
Après la Grande Guerre, le Monde, les salons... 1
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Lancelot, qui a bénéficié pendant quatre années du préceptorat de l'abbé Degoué ; craint pour cette première année universitaire d'être distancé ; aussi est-ce avec application et assiduité et recherchant l'attention de ses professeurs, qu'il va somme toute, avancer vite, avec méthode et, au final, accomplir brillamment son cursus jusqu’à la licence...
A son avantage, il profite de bonnes conditions matérielles ; avec un grand appartement et une gouvernante à ses soins, qui ne manque pas d'effectuer son rapport régulier à sa mère ; elle le rejoint de temps à autre... Il se rend, régulièrement, au ministère des armées, pour rendre compte de ses études, et se préparer au concours de rédacteur...
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Seule ombre, dans cette vie studieuse, son amie Jeanne, qui disparaît de longs jours, sans donner de nouvelle, puis revient avec une envie précise, pour laquelle elle sait se montrer très convaincante afin d'entraîner le jeune homme avec elle... En général, il s'agit de se mettre sur la piste d'un écrivain, et s'introduire dans ce monde réservé à la grande bourgeoisie, et aux artiste renommés...
Anne-Laure de Sallembier, voulut s'informer de la demoiselle, sujet de cette amourette, et les surprenant tous deux ; les emmène un après-midi au salon de thé Angélina, près des Tuileries goûter un chocolat chaud... Son idée, qu'elle partage bien vite à son fils ; est que la demoiselle l'utilise pour pénétrer le monde. Jeanne serait certes, une jeune et jolie jeune fille intelligente; mais, elle déconcerte la comtesse de Sallembier par son ambition qui lui semble démesurée et pour le moins, peu adaptée, pour une jeune étudiante dépourvue de fortune...
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Jeanne parle très peu de ses parents, encore moins de sa jeunesse ; mais se montre prolixe pour se projeter dans ses aspirations; comme celle d'envisager reprendre les affaires de son père et développer sa maison d'édition ; ou devenir journaliste et écrivain comme Colette, ou une grande avocate, métier peu féminin, de l'avis de la comtesse...
A Paris, et avec son mari, La Comtesse de Sallembier avait fréquenté les salons ''orléanistes''. Sallembier était proche du duc de Broglie (1821-1901), et de son fils Victor de Broglie (1846-1906). A Paris, ils ont retrouvé Albert de Mun, légitimiste et social chrétien... Malheureusement, celui-ci meurt en 1914... Anne-Laure a souhaité être présente, avec son fils, à une soirée en son honneur, le samedi 24 janvier 1920. Elle présente Lancelot au général Édouard de Castelnau, conférencier, qui continue à porter le message d'Albert de Mun, celui d'une droite sociale...
Albert de Mun, a pour cousine, Élisabeth de Gramont, duchesse de Clermont-Tonnerre. Anne-Laure s'était liée à Élisabeth de Gramont, du même âge qu'elle, et s'en est éloignée après la guerre... C'était peut-être bien par son entremise qu'elle fréquentait le cercle littéraire du '' Mercure de France '', et surtout qu'elle a rencontré Remy de Gourmont, et l'a visité semble t-il assez souvent : rencontres surréalistes ! ( enfin, disons ''symbolistes''...), jusqu'à sa mort en 1915...
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Les femmes du monde, même si elles ne revendiquent pas la notoriété des hommes, ne sont pas sans influence, et sans talent ...
Anne-Laure de Sallembier a repris dans ses carnets, beaucoup de ces apports féminins...
Ainsi le début de ce poème de la baronne de Brimont: " Ma pensée est un cygne harmonieux et sage/ qui glisse lentement aux rivages d’ennui /sur les ondes sans fond du rêve, du mirage, /de l’écho, du brouillard, de l’ombre, de la nuit... (...) « Renoncez, beau cygne chimérique, (...) nul (...), nulle (...) ne vous accueilleront en des havres certains." qui exprime peut-être le peu de cas porté à ces pensées de femme... Pourtant quelqu'un comme Gabriel-Louis Pringué, qui ''croit au monde '' reconnaît le grand esprit, et voit, en quelques-unes abondamment titrées, de ''profonds philosophes''...
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Ainsi, de Mme Manœuvrier-Duquesne « La nature est un grand livre ouvert sur lequel chacun se penche mais qui est rédigé en caractères secrets. » Ou bien ceci : « Le souvenir erre souriant parmi les deuils dans cette union de la vie et de la mort qui accompagne nos pas. » Ou encore : « L'amour est la seule richesse qui ait cours à la fois dans le temps et dans l'éternité. »
D'Élisabeth de Gramont: « On ne comprend vraiment la vie qu'au moment de la quitter. » « En général, on n'aime jamais qu'à contretemps. » « L'expérience est un fruit que l'on ne cueille que mûri et inutilisable. »
Imaginons ce genre de phrase, dite dans un diner, et essayons de répondre avec autant d'esprit et de répartie... La comtesse de Durfort, continue: « Vivons au jour le jour, chaque heure est une voyageuse qui vient timidement à nous. Recevons-la avec des brassées de rose et des sourires. Cela sera mieux pour elle et pour nous. »
Tout ceci est à prendre avec beaucoup d'esprit... et d'humour.
La princesse de Wagram, la tante d'Elisabeth de Gramont, passait pour savante, elle répondait: " Je suis peut-être pédante, mais mon instruction me le permet." Elle élevait souvent la discussion à des hauteurs que l'on pouvait trouver incommodant, le père d'Elisabeth se disputait alors avec elle en la traitant d'étudiante d'Heidelberg...
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Paul Valéry est un grand adepte des salons privés ; on l’aperçoit chez Mme Aurel et chez Misia Sert, chez Marie Scheikevitch, Anna de Noailles, Marie-Louise Bousquet et Boni de castellane, chez la Baronne de Brimont, la comtesse de Béhague, les Duchesses de Clermont-Tonnerre ou de la Rochefoucauld, la Princesse Edmond de Polignac....
Paul Valéry, donc assure que « Certains propos échangés autour d'une table de dîner ou de thé instruisent et murissent un homme bien plus que la lecture de cent volumes. En quel lieu de l'univers se peuvent donc rencontrer le politique, le financier, le diplomate, l'homme d'église, l'homme d'esprit, l'homme de club, l'homme de lettres, si ce n'est sur le bord d'une tasse et à l'occasion de petits gâteaux. » ( Frédéric Lefèvre, Entretiens avec Paul Valéry (1926))
Anne-Laure de Sallembier, en effet, se souvient d'un certain Paul Valéry, dont on parle beaucoup en ce moment... : « un hyper-nerveux, on fait état de ses yeux saillants, comme de bourrache éblouie, de sa diction chantante, légèrement zézayante, et de son extraordinaire faculté de résoudre n'importe quel problème. », comme l'a très bien rapporté alors Anna de Noailles.
1921 – André Gide. 2
Depuis 1906, Gide habite la Villa Montmorency, qu'il s'est fait construire. La maison, située dans l'avenue des Sycomores, relève de la forteresse ou du paquebot....
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Lancelot et Jeanne, entrent par la porte entrebâillée... Pas d'employé de service. Une voix, de loin, les sollicite pour persévérer ; ils aperçoivent Gide, leur fait signe, il semble errer seul dans une enfilade de pièces inhabitées et sonores, d'un navire abandonné... Ils prennent un étroit escalier de phare, jusqu'au premier étage, ils distinguent une cabine avec un lit défait; encore quelques marches, un autre couloir, ils passent dans un bureau meublé d'une table pliante et d'un tabouret; Gide les conduit dans le poste de vigie qui domine une bibliothèque avec des piles de livres au sol. Des fauteuils les attendent...
Assis, face à eux pétrifiés ; l'écrivain tient à la main de grosses lunettes d'écaille...
Finalement, ils vont tous rire. L'atmosphère détendue, Gide est très curieux du jeune couple, sur leur passion commune de la lecture... Gide évoque son amitié avec Edith Wharton... Après qu'ils aient répondu à toutes ses questions, Lancelot et Jeanne finissent à poser les leurs...
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Gide prend une cigarette qu'il ne quitte plus... Il répond, dans un halo de fumée, lentement comme un professeur...
Parmi les notes de Lancelot ; je lis :
- Toute théorie n'est bonne que si l'on s'en sert... et si l'on s'en sert à passer outre... Prenez Darwin, Taine, Barrès ou moi …. Mais si vous lisez Dostoïevsky – je vous le conseille fortement, commencez par ''L'idiot'', puis ''Les Possédés''... – vous verrez qu'il n'a jamais réduit le monde à une théorie.
- Pour définir une œuvre d'art... ? S'en tenir aux vers de Baudelaire : « Là, tout n'est qu'ordre et beauté, / Luxe, calme et volupté. »
- Sur la religion... Tout ce que je pense contre l'Eglise, c'est avec le Christ... Et tout ce qui me retient d'y entrer, c'est l'Evangile... ! Ghéon me dit que c'est là une erreur des protestants : prétendre limiter aux seuls Evangiles la révélation... Oui... Ghéon, sans-doute le lisez-vous, en ce moment, dans l'Action Française ; j'ai l'impression qu'il me quitte ; ses articles sur la littérature sont une protestation contre ma pensée, contre moi... Et, savez-vous ce que dit Maurras... ?
« Je ne quitterai pas ce cortège savant des Pères, des conciles, des papes et de tous les grands hommes de l'élite, pour me fier aux évangiles de quatre juifs obscurs ».. !
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- A mon avis, Dieu me parle davantage ou mieux dans l'Evangile, que dans n'importe quelle encyclique...
- Apprenez que Proust, envoie une auto pour me prendre... Pourquoi ? Pour me demander quelques clartés sur l'enseignement de l'Evangile, il espère y trouver quelque soutien et soulagements à ses maux...
- Le classicisme.... Oui, Maurras défend le sien... mais le sien opprime, supprime... Rien ne me dit que ce qu'il opprime ne vaut pas mieux que l'oppresseur. Massis écrit des articles contre moi, il m'attribue les paroles de mes personnages, celles qui peuvent me nuire... Ne lui dites pas que vous m'avez rencontré ; il vous dirait que mon influence est un danger public...
- Mme Mühlfeld... Je me souviens, je vous y ai vu... Ce jour là, je me reprochais d'être venu ; je n'aime pas entendre Valéry et Cocteau dénigrer un sujet ; ils s'amusent à créer des paradoxes de salon pour briller... Séparément, ils sont charmants.