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Les légendes du Graal
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Einstein révolutionne la Physique

19 Décembre 2022 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Einstein, #Wells

 Je rappelle que Frédéric Joliot et sa femme, Irène Curie ont mis en évidence avec d'autres ( allemands en particulier) la fission de l'uranium (1939) , c'est-à-dire l'éclatement du noyau de l'atome sous l'impact d'un neutron, avec un dégagement d'énergie considérable. Ils sont allés jusqu'à constater un phénomène qui déclenche une réaction en chaîne et, par là, la production d'énergie atomique. Pour ralentir cette réaction en chaîne, Joliot opte pour l'eau lourde.

En août 1943, Jean Bichelonne, secrétaire d'état, a invité Joliot « à reprendre immédiatement ses études sur la désintégration atomique, notamment par la recherche de la concentration de l'uranium 238 dans l'uranium naturel. » et des expériences « relatives à la production en chaînes explosives de l'uranium en vue de la construction de centrales thermiques. »

 

Lancelot apprend par le milieu scientifique, la réussite d'un sabotage norvégien, qui a eu lieu le 28 février 1943, dans une usine allemande en Norvège, qui fabrique l'eau lourde, nécessaire pour concevoir une bombe nucléaire avec de l'uranium non enrichi.

« Le bombardier stratosphérique voit les villes ''grosses comme l'ongle'' » c'est le titre d'un article d'une revue, qui explique la peur lors de tels bombardements. Dans la nuit du 21 avril 1944, 2000 bombes sont déversées sur Paris ; il y aurait plus de 600 morts. Le 26 avril, Pétain est à Paris, la première fois depuis juin 40, Une foule l’acclame et chante la Marseillaise ! ( interdite ). Le Petit Parisien du 27 avril 1944 titre : « Le Maréchal acclamé par le peuple de Paris » Lancelot s'interroge et se demande s'il ne s'agit pas de l'expression de la peur de la guerre totale... Et si les allemands répondaient par la guerre atomique ?

Avant de parler de la ''bombe atomique'', revenons à nos fondamentaux :

Einstein avait lu les philosophes, et s'en inspirait. Ainsi de David Hume ( Le traité de la nature humaine, 1740), l'homme est conditionné par ses perceptions, et prévient « corrélation n'est pas causalité ». Hume déclare superflu le concept de substance ; et avec Kant, Einstein retient l'intelligibilité du monde, et donc la nécessité de poser un cadre logique et la possibilité d'en changer. Tout en sachant que nous n’accéderons jamais à la ''chose en soi ''.

Pendant ses études, en marge de l'enseignement, il parcourt la thermodynamique ( macroscopique), la théorie cinématique des gaz ( microscopique), il se confronte aux contradictions de l'éther qui avec le concepts de champ présente une répartition continue de l'énergie électromagnétique ; alors que l'on se représente l'électricité de façon discontinue ( particules). Passant du macroscopique au microscopique, il rêve de réconcilier : électromagnétisme, thermodynamique, atomisme...

Ajoutons, c'est important, que si le mot ''relativité '' a été introduit par Poincaré, les idées correspondantes à la relativité restreinte étaient dans l'air du temps... N'oublions pas Hendrik Lorentz, qui supposait un éther immobile, milieu dans lequel se propage les ondes lumineuses.

Lorentz suppose un champ électromagnétique de l'éther, dans lequel les actions se propagent au plus à la vitesse de la lumière.

Pour de grandes vitesses, passant d'un référentiel à un autre, les vitesses ne s'additionnent pas ; aussi Lorentz introduit des équations ( transformations de Lorentz) qui considèrent une contraction des longueurs et une dilatation du temps lors du mouvement, dans le cadre d'un espace et d'un temps absolus... Il s'agirait donc de contraction ou de dilatation réelles...

Einstein élimine l'éther, et les notions de référentiel ou horloge absolu, et considère les différences de longueur comme des effets de perspective dans un espace-temps en quatre dimensions, et non des contractions réelles.

 

- En 1903, Einstein rejette la réalité de l'éther, et pose le principe de constance de la vitesse de la lumière, indépendamment du mouvement de sa source.

- Il ose : pourquoi ne pas donner au rayonnement, comme à la matière une structure discontinue ?

- En 1925, en observant le mouvement aléatoire des molécules en suspension (mouvement brownien), il contribue à fournir la preuve de l'existence physique des atomes.

- Il met en évidence la dualité onde-corpuscule de la lumière en 1909. Il introduit une nouvelle particule, le photon, un grain qui transporte de l'énergie par quanta et permet de découvrir l'effet photoélectrique.

Einstein reprenait un rapport de Max Planck, en attente depuis 1900, qui présentait l'action ( l'énergie : le produit de la force par le temps) non pas d'une façon continue, mais en grains. L'énergie de chaque grain est égale au produit de la fréquence de la lumière par la constante h de Planck.

Einstein s’intéresse à l'infiniment grand et à l'infiniment petit et rêve de faire la jonction. Mais, ce qui est en haut ne semble pas être comme ce qui est en bas ; pourtant l'univers est unique.

En ces années ''40'', la plus récente tentative d'unifier les lois de l'univers serait la '' mécanique ondulatoire '' publiée en 1924 par Louis de Broglie.

 

Lancelot se souvient d'une discussion qu'il a avait eu en Angleterre avec Alastair Denniston, un spécialiste de la cryptographie et un passionné de romans d'anticipation. Il avait évoqué un livre de H. G. Wells, ''The World Set Free '' qui avait été inspiré par les travaux de Soddy, le radio-chimiste anglais( Nobel en 1921) qu'il connaissait et lui avait expliqué comment l'uranium peut se désintégrer en radium, et les propriétés des isotopes. Soddy avait également toute une théorie sur une '' économie écologique '' basée sur les lois de la thermodynamique. Transdisciplinaire, cette théorie se veut être un guide des acteurs économiques pour préserver nos ressources en conciliant progrès social et gestion énergétique. Le rôle de l'Etat y est déterminant, régulateur de l'équilibre et le seul capable d'une vision à moyen et long terme.

Dans le livre de Wells (publié en 1914), sont annoncés la bombe atomique, la guerre atomique, la révolution énergétique ; et finalement un monde libéré. C'était 26 ans avant le projet Manhattan. Dans un premier temps Wells décrit comment l’énergie bon marché accélère le progrès technique de manière prodigieuse. Mais, les inégalités se creusent ; la société de consommation atteint son apogée et la fracture sociale aboutit à une désespérance généralisée. 

L’humanité décrite par H.G. Wells est assoiffée de progrès, affamée d’énergie, surexploite ses ressources ; elle voit dans l’atome une source d’énergie infinie… Et un énorme potentiel militaire.

Wells évoque des relents de populisme, de nationalisme et de racisme, mais aussi de fondamentalisme religieux, autant d’obstacles à l’essor du monde vers une société plus égalitaire. Dans sa vision utopique d’un monde futur, l’individualisme cède la place au collectivisme. Il imagine aussi que la création d'un état mondial pourrait seul permettre de réguler l'utilisation de l'arme atomique.

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1944 – La Milice française

14 Décembre 2022 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Milice, #1944, #Heisenberg

Qui, mieux qu'elle, peut parler de la France occupée ? Comment a t-elle été assez naïve pour imaginer une collaboration qui ne passe pas par ce type de violence; collaboration asymétrique dans laquelle le vaincu ne peut qu'y laisser son honneur.

Lancelot apaise Geneviève. Il lui assure qu'il accepte l'éventualité que cet enfant ne soit pas - génétiquement - le sien; et s'engage à assumer la suite. Ceci restera entre eux seuls. D'autant, que ce genre d'incident généalogique n'est pas exceptionnel dans notre tradition familiale; ce qui explique que la comtesse de Sallembier, elle-même, saura être compréhensive.

Janvier 1944 - Des cours martiales sont instituées. Un état milicien français se met en place. La milice contrôle la police en zone nord, comme en zone sud; elle a la main sur la propagande et elle contrôle les directions pénitentiaires ( une bonne partie de la justice).

Les cours martiales, bien que tout à fait officielles, se réunissent sans publicité, en dehors des lieux où est traditionnellement rendue la justice, et leurs « juges » sont anonymes. Le processus répressif se veut rapide, de l’arrestation à l’exécution. Ne sont rendus publiques , aucune information sur l’identité des condamnés, ou la nature des faits qui leur sont reprochés...

Comment en sommes-nous arrivés là ?

On peut tenter de reconstituer, la chronologie. L'objectif de Pétain était le redressement moral et intellectuel du pays.. Il comptait sur les anciens combattants, pour conduire cet engagement.

En zone Sud, l'ensemble des associations d'anciens combattants sont devenues : La Légion française des combattants le 29 août 1940. Sa mission : régénérer la Nation, elle possède son émission de radio quotidienne. Le 31 août 1941 à Vichy, les légionnaires prêtent serment.

La légion LVF, contre le bolchévisme, est créé le 18 juillet 1941, mais les volontaires pour rejoindre le front de l'est sont rares.

 

De la Légion, Joseph Darnand, en Février 1942, crée le SOL, le service d'ordre légionnaire, groupement paramilitaire avec les plus combatifs, antirépublicains, antibolchéviques, antisémites. Ils se présentent comme les chevaliers des temps modernes..

Le serment individuel se fait devant le grand maître de l’Ordre, l’inspecteur général Darnand. Ils récitent les 21 points de la doctrine, et s'engagent : - « Contre l’Egoïsme bourgeois, le Scepticisme, l’Individualisme, l’Egalitarisme, le Capitalisme international, la Franc-maçonnerie païenne, la Dissidence gaulliste, le Bolchevisme et la “Lèpre juive”. », et - à « servir la France et le maréchal Pétain chef suprême de la Légion ».

 

Trois jours après le débarquement en Afrique du nord ( 8 nov 1942); les allemands franchissent la ligne de démarcation. L'armée d'armistice disparaît sans gloire, la fiction d'un Etat français s'envole. Le Führer exige de Laval, la création d'une force de police qui devra collaborer avec les allemands au maintien de l'ordre en France. Où trouver ces troupes sinon chez les légionnaires de Darnand ?

De par la loi N°63 du 30 janvier 1943, est créée la Milice française qui dépend du gouvernement, à partir du SOL, et toujours sous les ordres de Darnand.

Le 1er janvier 1943, l’école d’Uriage - opposée ouvertement à Laval et qui a servi de refuge à des juifs - est officiellement fermée. Un mandat d'arrêt est délivré contre Pierre Dunoyer de Segonzac qui rentre dans la clandestinité et la résistance. Le 11 février, la milice de Joseph Darnand prend possession du château d’Uriage, pour établir son école des cadres de la Milice ; avec une formation militaire orientée vers les combats de guerre civile.

Les allemands proposent la création d'une Waffen SS française... Ces français vont prêter serment à Hitler. En réponse aux attaques de la Résistance, les allemands acceptent de leur livrer des armes ; et exigent l'entrée au gouvernement de Darnand.

Le 30 décembre 1943, deux miliciens sont aux postes clés de l'appareil d'état : Darnand secrétaire général au maintien de l'ordre, il a autorité sur l'ensemble des forces de police. Philippe Henriot est nommé à l'Information ( il parle deux fois par jour, à la radio).

Des cours martiales sont instituées. Un état milicien se met en place. La milice contrôle la police en zone nord, comme en zone sud ; elle a la main sur la propagande ; elle contrôle les directions pénitentiaires ( une bonne partie de la justice).

 

Conséquemment au conflit de Georges Duhamel et de Jacques Bernard, directeur du Mercure de France ; une note d'Otto Abetz, datant de 14 décembre 1943, donne son accord à propos d'une éventuelle déportation de Georges Duhamel: « D'accord pour la déportation de Georges Duhamel auteur de livres anti-allemands; intrigue contre les intérêts allemands ». (Arlette Lafay )

 

Jean Giraudoux, malade suite à une crise d'urémie, aurait quitté son hôtel , rejoint son domicile, dont il s'était éloigné... Il y est mort le 31 janvier 44.

Le 1er mars, c'est le chanoine Mugnier, devenu aveugle, qui meurt. Il aimait dire qu'on l'enterrerait dans une nappe, celle de toutes les réceptions mondaines où il était invité. Très aimé, Anne-Laure de Sallembier tient à être présente à son enterrement, rue Méchain, à la chapelle des sœurs.

Pierre Pucheu, ministre de l'intérieur de Vichy, voulait convaincre le Maréchal de partir pour Alger, après le retour de Laval. Lui-même aurait été la Gestapo Inculpé de trahison ; il vient d'être fusillé ; C'est le signe que le régime de Vichy va devoir rendre des comptes; qu'il est inutile à présent de changer de camp, d'autant que Pucheu aurait donné des listes d’otages communistes à fusiller. 

 

Perdu pour perdu, Drieu a hésité... Mais, il ne pouvait pas rester en Suisse. Il devait rentrer à Paris, et attendre. Faire face, et logiquement, mourir. A présent, les grands mouvements, doivent être intérieurs. Drieu est friand de discussions théologiques. Le christianisme l'agace : ce rapport au Dieu personne, à l'amour, ne lui parle pas. Il apprécie lire l'Evangile de Jean et les épîtres de Paul, et y reconnaît le socle occidental grec, et minimise l'apport juif. Il apprécie de plus en plus, le Vedanta ; en quelques mots : L'Univers se fonde sur le brahman, l'Absolu, l'ultime réalité. L'homme se reconnaît comme ātman ( âme, soi), mais, le brahman est également son fondement. Il faut réaliser que ātman et brahman ne font qu'un.

 

Et en sciences ? Évacuons, ce serait une grave erreur de ne pas le faire, l'impression que la relativité d'Einstein conduirait au relativisme des idées ; ou les relations d'incertitude d'Heisenberg à la confusion des repères.

Je rappelle, par cette formulation, ce principe d'incertitude d'Heisenberg (1927): « La vitesse et la position d’une particule élémentaire sont liées de telle sorte que toute précision dans la mesure de l’une entraîne une indétermination, proportionnelle et parfaitement quantifiable, dans la mesure de l’autre.» ( J. Ferrari – Le Principe).

Le texte de Werner Heisenberg écrit en 1942, que traduit Anne-Laure de Sallembier analyse comment l'évolution des sciences a modifié notre position à l'égard de la Réalité.

Heisenberg propose d'approcher la réalité en acceptant sa division en « régions » et « niveaux »,  en allemand, « Bereich Wirklichkeit » et « Schicht Wirklichkeit »; et ceci pour éviter les malentendus conceptuels. A mon avis, les ''niveaux de réalité'' sont à rapprocher de ce que nous appelons aujourd'hui les ''modes d'existence''.

Heisenberg se situe d'emblée sur la position kantienne qui renonce à toute connaissance sur le réel en soi.

Ainsi, par ''région de la réalité'', Heisenberg prend l'exemple suivant : « une même goutte d'eau d'un ruisseau peut obéir aux lois physiques, puis aux lois chimiques lorsque elle se combine aux sels, puis entre dans le domaine des lois organiques lorsqu'elle est absorbée par une plante » .

Les ''niveaux'' permettent de commencer là où on peut objectiver, et avancer vers où les états de choses ne peuvent pas être séparés du processus de la connaissance. 

Premier niveau de réalité : état des choses objectivables indépendamment du processus de connaissance : La mécanique classique, l'électromagnétisme et les deux théories de la relativité d'Einstein. Nous admettons que la perception n'est pas influencée par l'action de celui qui perçoit.

Deuxième niveau de réalité : état des choses inséparables du processus de connaissance ; avec la mécanique quantique, la biologie et les sciences de l'esprit. Nous prenons en compte que ce qui est perçu est influencé par l'action de percevoir : la mesure influence ce qui est mesuré.

Troisième niveau de réalité : état des choses créées en connexion avec le processus de connaissance, et en intégrant l'expérience religieuse, philosophique et artistique. Nous reconnaissons que le sujet participe à la création de l'objet.

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La Lumière : onde ou corpuscules ?

9 Décembre 2022 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Einstein, #quanta, #Lumière

Lancelot et Geneviève trouvent cet équilibre de liberté et d'intimité qui passe par des regards et des mots ; une recherche de sens similaire; et aussi par le même désir de faire corps ensemble. Ils forment un couple.

Malheureusement, très vite, survient l'obstacle de ''l'occupant'' : Geneviève est enceinte. Le fait qu'il se pourrait que ce soit par les oeuvres de l'officier allemand, horrifie Geneviève.

 

Fin 1943, on peut voir un film de H. G. Clouzot ''Le Corbeau'' ; difficile de rester dans cette ambiance sombre, qui avec la lâcheté de ses lettres anonymes, nous maintient dans le pire du quotidien de l'occupation. Le diable n'est pas qu'étranger ; nous avons en nous nos démons. Nous ne savons qui est ange ou bête... Ce film joue sur le ''clair-obscur'' ; ainsi cette ampoule qui bascule entre les Dr Vorzet et Germain, entre l'ombre et la lumière.

 

Avec Einstein, la ''science nouvelle'' sera qualifiée de juive, et stigmatisée, en particulier par le physicien Philipp Lenard, comme une « physique juive » abstraite et coupée de la réalité.

Philipp Lenard (1862-1947) présentait en 1936, les enjeux de la physique allemande, ou aryenne : le travail scientifique s'accomplit « en communion étroite avec les conditions naturelles » et les données expérimentales doivent être décrites et exposées « sur le socle ferme de la physique classique. ». En sont exclues, les théories de la relativité et des quanta. Les concepts fondamentaux, reposent sur les concepts de Force, d'Energie, d'Ether, et sur le modèle mécanique de l'atome. Elle va perdre l'essentiel de son crédit après la découverte de la radioactivité artificielle et la fission effective du noyau.

Cependant, Philipp Lenard, conseiller auprès du Ministre de la Science et de l'Éducation et à la Formation du peuple, Bernhard Rust, surveille la conformité de l'Université allemande à l’idéologie 

Sous le troisième Reich, l'institut de mathématiques de Göttingen est démantelé. Hitler aurait dit : « le nazisme, c'est la biologie appliquée. », la science étant au service de la race aryenne. La mission des scientifiques est de découvrir les lois véritables de la nature, et d'en découler les lois de l'Histoire.

 

En sciences physiques, il n'est peut-être pas si étonnant, s'il nous faut revenir à la ''Lumière '', née de cette Origine primordiale, de laquelle les particules des éléments chimiques se sont séparés, puis se sont regroupés en millions de galaxies.

La question de savoir de quoi est faite la Lumière, est posée dès l'époque de Newton. En 1802, l'expérience de Thomas Young répond à la question : la lumière est une onde ; le spectre électromagnétique est gradué en longueurs d'onde...

 

Après que l'on ait fait le lien entre l'électricité et le magnétisme ; J.C. Maxwell élabore une série d'équations différentielles qui servent à expliquer le comportement des champs électromagnétiques.

Quelle est la différence entre une onde et un champ électromagnétique ?

Une onde est une vibration du champ.... Peut-être un exemple qui permet de comparer un champ avec les ondes qu’il transmet est celui du téléphone à boite de conserve.
Vous pouvez tendre plus ou moins la ficelle entre les boites de conserve, ce qui correspond au champ sans ondes. Mais quand vous parlez dans la boite, le fond vibre et change la tension dans la ficelle. Ceci crée une onde qui se propage dans la ficelle. Cette onde correspond à des variations dans le temps de la tension sur la ficelle.

Dans le cas des ondes électromagnétiques, la situation est un peu plus compliquée, car dans ces ondes il y a deux champs qui varient : le champ électrique et le champ magnétique. Ils sont indissociables.

Maxwell ( 1864) calcule la vitesse de la lumière et déduit qu'elle est une onde électromagnétique ( à deux composantes électrique et magnétique, perpendiculaires et en phase). Hertz en 1884, va conforter cette théorie en produisant une nouvelle forme d'onde électromagnétique : à basse fréquence et grande longueur d'onde, - à même vitesse de propagation – l'onde radio.

 

En 1905, Einstein dans une publication, expose l'idée que la lumière, c'est à dire le champ électromagnétique, ne serait pas un flux continu comme on le pensait. Elle serait composée de paquets indivisibles de quantas, de photons, et d'autre part ces paquets auraient une énergie proportionnelle à leur fréquence ; plus la fréquence est élevée, plus l'énergie véhiculée individuellement par chaque paquet est grande.

Attention.... Einstein, n'a pas eu cette ''révélation'' sans avoir été préparé... Revenons en arrière, de quelques années :

Les corps chauffés émettent des rayonnements caloriques et lumineux... L'énergie rayonnée, est variables suivant la longueur d'onde du rayonnement.

Max Planck (1858-1947) à l'idée que cet échange pourrait se faire sous forme de paquets d'énergie, de quanta.... ( un quantum = h ).

En 1900, Planck propose l’idée que les différentes longueurs d’ondes émises par un atome sont toutes des multiples entiers d’une certaine quantité d’énergie minimale indivisible. Cette quantité d’énergie, le « quantum d’énergie », fut décrite par Planck comme une constante fondamentale. Le quantum d'énergie est une interaction entre la lumière et la matière. C'est un échange entre un photon et un atome.

La relation qui en découle est E= ''h''×ν, où : E est l’énergie de la particule ; ν (« nu ») est sa fréquence ; la constante '' h '': vaut 6,626 070 15 × 10⁻³⁴ joule seconde (J.s) - elle sera nommée ''constante de Planck - .

Le photon est une particule, de charge et de masse, nulle. Le quantum est la quantité d'énergie transportée par le photon, sa valeur est donc h×ν.. Lorsque l’énergie de la lumière est divisée en quanta discrets, on dit qu’elle est quantifiée.

Qu'est-ce que la ''quantification de l'énergie lumineuse'' ?

L'expérience montre que l’énergie de la lumière ne peut pas être absorbée par les électrons en continu. Cela se produit pour une lumière de fréquence élevée, mais pas pour une lumière de fréquence faible, l’énergie de la lumière doit être apportée à la surface métallique sous forme de « paquets » discrets, et la quantité d’énergie doit être liée à la fréquence de la lumière. Ces « paquets » d’énergie sont appelés des photons. Les photons sont des particules de lumière. On a donc établi que l’effet photoélectrique doit être décrit en utilisant un modèle de particules de lumière, plutôt qu’un modèle d’onde.


 

On dit '' discrets'' pour signifier ils sont comme des points séparés et ne peuvent constituer un continuum qu’à une certaine échelle, en apparence... Ainsi, une grandeur physique est quantifiée si l’ensemble de ses valeurs caractéristiques forme un spectre discontinu de valeurs discrètes.

Ce résultat pose une grande question : la réalité serait-elle continue ou discrète ? Discrète comme les nombres entiers, des 'bits' d'ordinateurs... ou continue, là il n'y aurait pas d'éléments irréductibles, comme les nombres réels ( une infinité de chiffres après la virgule.). Ou s'agit-il plutôt de notre choix dans une vision : soit analytique, réductionniste... soit globale, holistique ?

 

Einstein comprend l'importance de cette constante... Mais, pour lui,  la quantification de l'énergie ne pouvait pas être réduite aux échanges d'énergie entre les systèmes physiques. C'est la nature même du rayonnement qui devait être modifiée pour devenir granulaire.

C'est ainsi qu'en 1905 Einstein émet l'hypothèse que la lumière est composée de corpuscules, appelées photon. Il montre que la lumière est à la fois corpusculaire et ondulatoire.

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1943-44 - La vie continue, du côté du Café de Flore. Sartre, Simone de Beauvoir...

4 Décembre 2022 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Simone de Beauvoir, #Sartre, #1944, #L'Etre et le Néant

Fin 43, début 1944. La France se détourne de la collaboration. 1 850 000 prisonniers sont toujours détenus dans les stalags allemands. François Mitterrand ( connu pour son rôle en faveur des prisonniers de guerre) - lors d'une réunion publique salle Wagram, à Paris, le 10 juillet 1943 – interpelle l'orateur : « Nous n'acceptons pas le honteux marché que vous appelez la relève et qui se sert de nos camarades restés là-bas comme d'un moyen de chantage pour justifier la déportation des français... » Masson à la tribune s'insurge, le menace ; la police s'approche, Mitterrand soutenu par la salle réussit à s'enfuir...

La Wehrmacht a renoncé à la conquête de l'URSS. Mussolini est tombé, la Corse est libérée et un débarquement eut lieu en Sicile. Même un vichyste ( honnête), ne peut ignorer l'information sur l'existence de camps d’extermination de juifs. Des maquis sont actifs et la Résistance s'organise.

 

Robert Brasillach

Robert Brasillach, à 34 ans, est rédacteur en chef de '' la Chronique de Paris'', pendant l'été 43 , il a accompagné de Brinon en Allemagne. Les ''collabo.'' s'insurgent contre ceux qui prétendent servir la patrie depuis, ou avec l'aide de l'étranger.

Marcel Aymé reçoit de brillants éloges pour '' La Vouivre ''. Plusieurs hommages s'adressent à Jean Giraudoux mort le 31 janvier 1944. Brasillach se veut indulgent pour les ouvrages de J.P. Sartre (1905-1980) qui s'inspire de Heidegger, et s'améliore, de La Nausée - avec ce style  « chien-crevé-au-fil-de-l’eau » - aux nouvelles, Le Mur (1939) et au théâtre. Il le qualifie de « compagnon de [ses] dégoûts ».

On supporte Céline - quoique anarchiste nihiliste – et d'abord auteur de Voyage au bout de la nuit, mais aux idées ''profondément européennes et aryennes''.

Rebatet exprime son dégoût de la démocratie, et cela passe par son mépris pour l'état vichyssois et bien-sûr républicain. Dans '' Sur les ruines de l'art'', il s'en prend au « sauvage juif et américain » qui bombarde ''tout ce qui rattache la civilisation à son passé''.

 

Le zazou Boris Vian (1920-1959) tout en se moquant copieusement du pétainisme, dit ignorer la chose politique. Mariés depuis 1941, Michèle et Boris organisent des surprises-parties swing dans la maison de ses parents à Ville-d'Avray. On joue du jazz, comme "Lady be good", chanson du compositeur juif Gershwin, rebaptisée, "Les Bigoudis'' de Guère Souigne. Puis, des amis disparaissent dans des rafles, et le STO marque la fin de l'insouciante vague zazou.

Boris Vian, ingénieur, travaille à l'Afnor. Il joue de la trompette avec l'orchestre de Claude Abadie, dans les caves. Sous le nom de Bison ravi, il écrit un poème sur l’interdiction du jazz américain par les Allemands. Il n'a pas encore rencontré le couple Beauvoir-Sartre, piliers du gotha littéraire de Saint-Germain-des-Prés ; mais connaît l'ouvrage à succès de Sartre ''L’Être et le Néant '' (1943); il pèse un kilo (724 pages) et sert de poids dans les épiceries...

 

L'attention de Lancelot, est attirée par différents articles sur les prochains prix littéraires ( Goncourt, Renaudot) en ce début 1944. On commente largement le roman de Simone de Beauvoir, que Gallimard a publié, en 1943, '' L'Invitée''. Lancelot reconnaît, dans l'histoire d'un triangle amoureux, la vie de jeunes Montparnos, qui philosophent leur vie faite de désirs, de vouloir et de pouvoir.

Simone-de-Beauvoir

Simone de Beauvoir (1908-1986), avec un père avocat, et une mère au foyer et profondément religieuse, se déclare athée à l'adolescence. Après la faillite du grand-père, la famille quitte le manoir familial pour un petit appartement. Simone et ses parents, comprennent la nécessité de poursuivre des études pour pallier à cette situation économique. En 1929, elle présente sa thèse sur Leibniz ; et, agrégée, elle enseigne en lycée.

En juin 1943, l'administration de Vichy exclut Simone de Beauvoir, suite à une plainte d'une mère d'élève pour «excitation de mineure à la débauche». Sartre lui déniche un emploi à la ''radiodiffusion nationale'' ( radio Vichy), où elle produit une série d'émissions sur « Les origines du music-hall ».

'' L'Invitée'', dont on parle beaucoup est favorablement accueilli ; même dans l'Action Française avec un article de Thierry Maulnier qui souligne : « un style féminin dans la littérature, un déterminisme si puissant de la nature et de la condition féminines auxquelles de Mme de Lafayette (pour ne pas re monter plus loin) jusqu'à Colette, personne, à ma connaissance, n'a échappé, et que la grandeur des grands écrivains femmes a consisté non pas à s'affranchir de cette condition et de cette nature, mais à porter par l'acuité de l'intelligence, l'intensité des émotions ressenties et transcrites, enfin la beauté de la langue, les problèmes propre ment féminins au-dessus de ce qu'ils peuvent avoir en eux-mêmes, dans leurs formes ordinaires, de médiocre et de limité, au niveau de l'angoisse universelle, de la douleur et de la joie élémentaires, de l'éternelle interrogation au destin. » ( l'A.F. du 21 octobre 1943)

Le Renaudot de 1944, va couronner le premier roman de Roger Peyrefitte '' Les Amitiés particulières''. Si '' L'invitée '' était pressentie pour le Goncourt 43 ( remis en 1944) ; c'est Passage de l'homme, un conte philosophique et pessimiste de Marius Grout (publié le 20 août 1943) de 85 pages, qui est récompensé.  

1943 au Café de Flore

 

Lancelot prend toujours plaisir à observer, en plus de s'y réchauffer, ce qui se passe du côté du café de Flore ( M. et Me Boubal en étaient les propriétaires) . « Il est certain que le café, par soi-même, avec ses consommateurs, ses tables, ses banquettes, ses glaces, sa lumière, son atmosphère enfumée et les bruits de voix, de soucoupes heurtées, de pas qui le remplissent, est un plein d'être. » Sartre, L'Etre et le Néant (1943) - « Nous nous y installâmes complètement : de neuf heures du matin à midi, nous y travaillions, nous allions déjeuner, à deux heures nous y revenions et nous causions alors avec des amis que nous rencontrions jusqu'à huit heures. Après dîner, nous recevions les gens à qui nous avions donné rendez-vous. Cela peut vous sembler bizarre, mais nous étions au Flore chez nous. » Jean-Paul Sartre

Lancelot n'oublie pas ( mai 42) parmi les adeptes du Flore, que Boris Vian évoque lui-même : « le pauvre Jausion dont l'amie, une charmante tchèque (sic!), fut déportée à la demande du père de Jausion qui dit aux allemands : '' Faites peur à cette fille, sinon il va l'épouser.'' On l’arrêta pour lui faire peur, si bien qu'elle mourut en déportation. » ( B Vian - Manuel de Saint-Germain des Près). Voir aussi, 1942 - La vie parisienne - Les légendes du Graal (over-blog.net)

Lancelot s'y rend parfois avec Geneviève. Il remarque qu'elle s'y sent moins à l'aise que lui, mais il la découvre ici plus affectueuse.

Lancelot observe de loin, Beauvoir et Sartre, tous deux très entourés de jeunes gens. Beauvoir n'a pas l'apparence d'une femme de lettres, la voix légèrement éraillée, le visage clair aux yeux bleus, elle est vive, souriante et passionnée.

On commente ''L’Être et le Néant'' Où trouver de l'être si ce n'est dans l'acte ? L'acte est réel, phénomène ; et le phénomène est ce qui « est immédiatement dévoilé à la conscience. ».

Ensuite, sur le Néant, Sartre dit : « l’être est antérieur au néant et le fonde. ». « l'homme est l’être par qui le néant vient au monde. »

Sur la liberté : «  il n'y a pas de différence entre l’être de l'homme et son « être-libre ». Cette conscience de ma liberté peut causer de l'angoisse ( peur vis à vis de moi-même). Y aurait-il des valeurs qui pourraient guider nos choix ?

Sartre répond que « ma liberté est l’unique fondement des valeurs et donc rien, absolument rien, ne me justifie d’adopter telle ou telle échelle des valeurs ». La société peut proposer des « garde-fous contre l'angoisse » ( l'état, la police..).

L'homme s'angoisse parce qu'il est libre...

Jean Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Café de Flore

« Le désir est manque d’être » , et comment empêcher que je ne vois l'autre, qu'en ''objet'' ? Je le chosifie. Et lui aussi me chosifie... Nous avons donc la même expérience : il s'avère être.

«  autrui me regarde et comme tel, il détient le secret de mon être, il sait ce que je suis ; ainsi, le sens profond de mon être est hors de moi, emprisonné dans une absence ; autrui a barre sur moi »

L'amour ne serait-il pas, une manière de m'emparer d'autrui ? - «  l’amant ne désire pas posséder l’aimé comme on possède une chose : il réclame un type spécial d’appropriation : il veut posséder une liberté comme liberté »

Enfin Sartre termine sur notre impuissance éventuelle, face à cette liberté offerte... ? Pourtant, il n'y a de liberté que dans un ''monde résistant''. «  Il n’y a de liberté qu’en situation et il n’y a de situation que par la liberté. »

Et l'existentialisme, en partant de Kierkegaard, ce pourrait être quoi ?

L'existentialisme, le mouvement philosophique moderne, place au centre d'une réflexion, l'existence vécue, l'individu dans le monde et la primauté de l'existence sur l'essence.

Pour Sartre, l'homme commence à exister, par rapport aux ''autres'', et ne pas avoir d'être propre. Il se construit à partir de ses projets, et devient ce qu'il projette d'être ; sa liberté est relié à l'absence d'essence ( nature). S'il avait une essence, l'étendue des conduites possibles seraient déterminées... L'homme sans nature, n'a pas d'essence, il est libre et il est ce qu'il a décidé d'être.

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1944 - Les Yeux d'Elsa.

29 Novembre 2022 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #1944, #Aragon, #Les yeux d'Elsa

Geneviève

Lancelot reconnaît dépendre de plus en plus de Geneviève. Son désir, ses sentiments, son esprit sont résolument tournés vers elle.

Sur fond de crise à la Comédie Française, Lancelot, sa mère et Geneviève, assistent à une soirée en hommage à Molière. En fin de soirée, on parle beaucoup de Raimu qui va jouer dans le Bourgeois Gentilhomme. De nombreux artistes sont là, des chantres de la collaboration ( opposés à la politique actuelle de l'administrateur Vaudoyer) et des gradés de la Wehrmacht. L'officier allemand, amoureux de Geneviève est présent. Après une rapide inclination, il l'enlève et la tient fermement à ses côtés, malgré les regards désespérés de la jeune femme vers Anne-Laure et Lancelot.

Après avoir bu sa coupe, la Comtesse de Sallembier, s'approche du groupe des officiers allemands et prie, en allemand, de laisser Mademoiselle Geneviève T. libre d'être raccompagnée chez elle ; le militaire s'incline..

Georges Duhamel, offre à Lancelot, deux fascicules publiés en Suisse par Albert Béguin. Il s'agit de recueils de Poésies de Louis Aragon, Les Yeux d'Elsa, et Brocéliande. Il lui parle en particulier de Béguin ; et souhaite qu'après la guerre, il puisse le rencontrer.

 

Albert Béguin dirige depuis 1942, Les Cahiers du Rhône, dans lesquels il publie la poésie d'Aragon, de Paul Éluard, Saint-John Perse, Jules Supervielle, Pierre Jean Jouve et Pierre Emmanuel. Il est professeur à l’Université de Bâle, en Suisse, et spécialiste, entre autres, du romantisme allemand, de Balzac et de la poésie médiévale; ce qui, s'apparente beaucoup au goûts mêmes de Lancelot.

 

''Les Yeux d'Elsa'' ont pu être diffusés en zone libre avant que l’armée allemande ne déferle dans le sud. Aragon s'était passionné pour la poésie française des origines, avec ses chansons de geste, romans courtois, poèmes des troubadours et des trouvères.

Elsa Triolet

Ainsi, Lancelot découvre en feuilletant l'ouvrage, des poèmes comme ''Chanson de récréance '', "Richard Coeur-de-lion" écrit en juin 1941, alors qu'Aragon et Elsa, avec Georges Dudach, arrêtés au passage de la ligne de démarcation, sont incarcérés à Tours, jusqu'au 17 juillet ; ou '' Lancelot '' chevalier de son pays.

 

En préface : '' Arma virumque cano ... '' (de Virgile, Eneide ) , ou '' « Je vais chanter la guerre et celui ( celle) qui...» allusion donc à la guerre, et à la France ( ou à Elsa). Tout lecteur, sait, censure oblige, qu'un texte peut en cacher un autre.

Dans le poème ''Les yeux d'Elsa'' ; Lancelot pense, aussi, à ce guerrier allemand amoureux, sans-doute désespéré : « Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire/ J’ai vu tous les soleils y venir se mirer / S’y jeter à mourir tous les désespérés... »

Les nuits, évoquent la guerre, de 14 à 40, « le bruit retrouvé du canon. » et la patrie perdue au travers des femmes aimées. L'occupation, c'est l'exil d'un temps qui n'est plus. Et les fêtes galantes ne sont qu'un carnaval de voyous-voyeurs.

Encore ce personnage de Peter Schlemihl ( Chamisso), qui vend son âme au diable, contre son ombre. Et ce chevalier, traversant le pont de Cé, soumis aux épreuves, et abandonnant ses armes.

Place aux ''plaintes'' : « Rien ne pourra calmer ce pauvre coeur vieilli / Et ni d'avoir perdu Victoire et mon pays. » ( Victoire est aussi la femme Vittoria ). Plainte pour les fusillés, des communards, et d'aujourd'hui.

L'amour du chevalier s'adresse au pays : « En étrange pays dans mon pays lui-même / Je sais bien ce que c’est qu’un amour malheureux. »

La Chanson de récréance, est pour le chevalier qui se rend à ''merci'' et se détourne de ses devoirs de chevalier pour s'adonner à l'amour ( comme Erec, amant d'Enide). Heureux temps, malgré tout. Richard cœur de lion, au retour de croisade, prisonnier, sauvé et reconnu grâce à une chanson, par son ami Blondel. «  Tous les Français ressemblent à Blondel / Quel que soit le nom dont nous l’appelions / La liberté comme un bruissement d’ailes / Répond au chant de Richard Coeur-de-Lion. »

Autre troubadour : Alain Borne, comparé à Bertrand de Born. « Vous me faites penser à ce poète qui s’appelait Bertrand de Born presque comme vous.

Alain Borne un pays sans borne / Ressemble à votre poésie / Où des demoiselles choisies / Comme au beau temps de l’unicorne / Attendent un Bertrand de Born.

Qui leur chante les raisons de vivre et d’aimer les raisons d’aimer et d’en mourir songez-y. »

Aragon, se dit : « Je suis ce chevalier qu'on dit de la charrette » ( Lancelot )

Le cantique à Elsa, est un chant religieux, en ce que l'amour est une religion.

À la fin de « Ce que dit Elsa » c'est par sa bouche, la pratique du double sens : « Tu me dis Si tu veux que je t’aime et je t’aime / Il faut que ce portrait que de moi tu peindras / Ait comme un ver vivant au fond du chrysanthème / Un thème caché dans son thème / Et marie à l’amour le soleil qui viendra. »

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1943-44 – La vie continue.

24 Novembre 2022 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Daniel-Rops, #1943, #Barjavel, #Raimu, #Simone de Beauvoir

D'après la presse, Daladier, Blum et Gamelin, auraient été amenés en Allemagne. Les examens des étudiants pourraient être supprimés, ou réduits... On craint que ce soit pour les recruter en Allemagne. Les uniformes verts sont moins présents dans les rues.

Drieu se prépare pour un voyage en Suisse. Il y verra de Jouvenel. Y restera t-il ?

« Les communistes soutiennent De Gaulle contre les américains. Tout présage le succès du communisme.» annonce t-il.

Sur '' Radio-Paris'' Hérold-Paquis dans sa chronique, décrit l'arrivée, à Alger, du communiste André Marty ( venu de Moscou), comme l'annonce d'une répression sanguinaire.

En Afrique du nord, se joue le destin de la France et Giraud soutenu par les américains, aurait laissé la place à De Gaulle.

''Le Matin'' du 18 septembre 1943, annonce « la condamnation à mort de Pierre Pucheu, ancien ministre de l'Intérieur du défunt Darlan » avec ce titre : '' Rien ne sert de trahir...''. Le bruit avait couru qu'il avait rejoint Giraud.

 

Durant l'été 1943, un million d'exemplaires du 6ème et dernier tract de la Rose Blanche, ont été dispersé sur le territoire allemand, par l'aviation anglaise. Ainsi, ce n'est pas la ''Pierre'' qui a été lâchée sur l'Allemagne, mais les pétales de la ''Rose''...

Cependant les recherches de la Pierre, sont toujours en cours; et entretiennent dans le public, la crainte du cataclysme nucléaire...

 

Daniel-Rops

Le 20 juillet 43, l'entière édition de '' L'Histoire sainte – Le peuple de la Bible '' de Daniel-Rops ( Fayard) a été saisie et détruite par la Gestapo ! Trois jours avant, un article de René Gerin (*), dans le journal collaborationniste L'Œuvre de Marcel Déat écrivait : « Dans sa conclusion. M. Daniel-Rops, s'en tenant au seul plan historique, développe trois observations. Il s'étonne, d'abord, qu'Israël ait traversé les siècles sans jamais disparaître : « Jusqu'à nos jours, déracinée de sa terre, dispersée dans le monde, la race héritière et infidèle continue son existence indestructible, comme une écharde dans la, chair vive des nations, qu'elle inquiète et qu'elle oblige à s'interroger. » En second lieu. M. Daniel-Rops marque le caractère progressif du développement de cette histoire, depuis le monothéisme d'Abraham jusqu'au principe de la loi de Moïse, et à la métaphysique et à la morale des prophètes, qui préparent le christianisme. Troisième observation : le témoignage d'Israël, si grand qu'il soit, apparaît Inachevé. Pour lui trouver sa conséquence logique, M. Dandel-Rops répète avec saint Paul : « Finis enim Legis, Christus » ( Christ est la fin de la loi) et, avec Pascal : « Jésus-Christ, que les deux Testaments regardent, l'Ancien comme son attente, le Nouveau comme son modèle, tous deux comme leur centre. ».

(*) René Gerin, est membre, comme Robert Denoël, de ' La Ligue de pensée française ', une organisation de gauche plutôt favorable à la collaboration avec l'Allemagne.

 

René Barjavel

Paru en mars 1943, chez Denoël, « ''Ravage'' de M. René Barjavel porte en sous-titre : roman extraordinaire. En effet, et Dieu merci, l’action n’en est pas ordinaire. Elle se passe en l’an 2052. La civilisation matérielle est arrivée à un stade que chacun peut imaginer comme il lui plaît et que M. René Barjavel Imagine, lui, avec un humour féroce, d’autant plus féroce qu’il ne sera peut-être pas toujours perçu. Par exemple, quand il glisse une phrase de ce genre : « La technique du plastec (un nouveau matériau) avait permis de pousser très loin l'imitation de la nature, objet suprême de l'art. » Suit la description d’une statue des temps futurs qui imite la nature... à fond, si j’ose dire! Je recommande aussi la page où il est question des biftecks aux pommes, débités en série : viande et légumes artificiels, bien entendu, les biftecks sont taillés élans une « mère » qui se reconstitue au fur et à mesure. Bref! c’est le triomphe de la rationalisation. Et brusquement la catastrophe. » La Croix du 15 mai 1943. Ce journal regrette le traitement que l'auteur fait du christianisme, et de l'image du Christ dans un asile d'aliénés.

Dans ''Je suis Partout '' du 24 septembre 1943, commence la parution en feuilleton du nouveau roman '' extraordinaire '' de Barjavel : le Voyageur Imprudent.

 

Le 11 octobre 1943, Lancelot et sa mère assistent à la première de ''Sodome et Gomorrhe'', pièce de Giraudoux, au théâtre Hébertot, avec Edwige Feuillère et Gérard Philipe . Beaucoup de monde. Ils croisent Valéry, accompagnée de sa femme Jeannie, qui se plaint de la longueur des tirades.

Dans le thème repris de la Genèse - Sodome serait sauvé par la présence d'un couple uni, à défaut de dix justes - Lancelot y voit la description d'une fin du monde, représentée par un divorce entre l'humain et la nature, et ici, entre l'homme et la femme. C'est vrai, cette pièce est difficile, sombre.

Anne-Laure a rencontré Giraudoux à plusieurs reprises, en particulier avec le Dr Karl Epting de l'Institut allemand, qui obtenait pour divers écrivains ( comme François Mauriac) des titres de libre circulation entre les deux zones.

Giraudoux fuyant le foyer morose d'avec son épouse Suzanne, habite à l'hôtel. Il a rompu avec sa maîtresse de 1936, qui n'est autre que Jeanne L.

Quelle surprise de de voir publier chez Denoël un ouvrage de Lanza del Vasto, Le Pèlerinage aux sources ; un récit de son voyage aux Indes et de son expérience auprès de Gandhi et de maîtres indous.

 

Le peintre Maurice Denis - catholique, proche de l’Action Française - a été tué par une automobile boulevard St-Michel. Il avait démissionné du ''Comité d'organisation professionnelle des arts graphiques...'' en évoquant qu'il préférait travailler dans un «  régime de la liberté ». Il avait même rejoint avec des communistes le Front national des arts. Anne-Laure de Sallembier, se rend à ses obsèques à l'église paroissiale de Saint-Germain ( 19 nov 43). M. Denis, très attaché à Bergson, était dans son esthétique symboliste très proche des intuitions du philosophe. A partir de ces deux personnalités, nous pourrions évoquer, le temps, la durée, l'image mentale, l'intériorité, le signe et la figure du féminin...

 

Le dimanche 9 janvier 1944, Anne-Laure et Geneviève emmènent Lancelot au Cinéma pour marquer son anniversaire ( le 10 janv.). Elles ont porté leur choix sur '' le Colonel Chabert'' avec Raimu et Marie Bell, au Cinéma Marivaux. Lancelot et sa mère sont des passionnés de Balzac. Plusieurs adaptations ont servi ce romancier, dont la Duchesse de Langeais en 42. Le décalage historique, la romance permettent d'échapper au contexte de l'occupation.

Le spectateur s'attendrit sur le destin de Chabert ( bien servi par Raimu ) ; bien sûr ; mais, dans le film sa femme se retrouve dans l'obligation de défendre ses enfants et sa famille ( influence sans-doute de la politique familiale de Pétain). Nous entendons Raimu glorifier sa patrie ; et nous l'entendons conclure bizarrement : « Pour famille, la France. Pour père, l’empereur ! Ah !... s’il était là, celui-là ! Il n’aurait pas permis ! Notre soleil s’est couché ! Nous avons tous froid maintenant ! » . Cependant, n’apparaît pas à l'écran, le bellicisme de Napoléon, ni lui-même.

Si ce n'est le plaisir de voir les acteurs, d'apprécier la reconstitution de l'époque Restauration, d'être au cinéma face à la charge d'Eylau ; l'adaptation littéraire semble bien pauvre en comparaison du roman.

 

Jacques Bergier restait discret sur ses activités ; mais Lancelot sut qu'il fit passer certaines informations reçues à Londres, qui concernaient la base de Peenemünde - dans l’île d’Usedom au nord de l’Allemagne, sur la mer Baltique - où s’effectuaient les études et les expérimentations de fusées V2 ( V pour Vergeltungswaffe – arme de représailles) et d’après les rumeurs qui circulaient, devait effectuer une destruction totale dans un rayon de vingt kilomètres lors de son impact.

Un raid aérien britannique sur Peenemünde est organisé la nuit du 17 au 18 août 1943.

Jacques Bergier a été arrêté le 23 novembre 1943, à Lyon, par la Gestapo, et déporté à Mathausen.

Dans le journal ( La Croix du 6-janvier-44), Lancelot apprend la disgrâce du général de La Porte du Theil : il avait participé à la création des ''Chantiers de la jeunesse'' en souhaitant y insuffler les ''valeurs militaires''. Quelques jours plus tard, des personnes bien informées annoncent qu'il a été arrêté par la Gestapo. Dans le même journal, en deux lignes, le lecteur apprend que la « G. Q. G. du nouveau commandement suprême « allié » pour l'invasion de l'Europe à l'Ouest, sera établi à Londres. » Chacun, croît à l'offensive alliée; et qu'elle sera victorieuse, mais quel en sera le coût humain ?

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1943 - La Pierre et La Rose Blanche

19 Novembre 2022 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Heisenberg, #La Rose Blanche, #1943, #Scholl

A l'occasion de lectures et de préparations de synthèses scientifiques, l'intimité qui s'est établie entre Lancelot et Geneviève, passent de l'esprit au corps. Cette nouvelle situation pourrait être simple et heureuse, si Geneviève ne pouvait cacher un évènement récent dont elle jure d'en avoir été la victime. Depuis, deux ou trois mois, un officier allemand la poursuit de ses attentions. La semaine dernière, Geneviève a accompagné l'officier; dans une soirée dont elle ignorait le contenu. Dans un appartement cossu et bien chauffé, deux jeunes femmes françaises étaient les compagnes de deux allemands. Finalement, la soirée joyeuse et arrosée, s'est achevée, à deux, dans une chambre. Elle se souvient à peine de cette relation forcée. Elle regrette tant !

Werner Heisenberg

 

Par l'intermédiaire de l'équipe de Gentner, Anne-Laure de Sallembier reçoit une copie d'un manuscrit du physicien allemand, Werner Heisenberg de l’Institut de Physique Kaiser-Wilhelm de Berlin. Des scientifiques français souhaiteraient en avoir la traduction.

Werner Heisenberg fait partie avec Louis de Broglie, Schroedinger, Pauli, Dirac, Eisntein... de ces physiciens qui ont fait de la théorie des quanta, ce que l'on a appelé : la mécanique ondulatoire.

Nous savons que les nazis, en 1941, s'en étaient pris grossièrement à Heisenberg, en le traitant d' « Ossietzky de la physique » ( Ossietzky était un pacifiste, opposant nazi et Nobel de la paix 1936) parce qu'il enseignait la relativité. L'Allemagne, ne pouvant se défaire de tous ses savants, il fut réhabilité ; et même utilisé comme éminence culturelle, pour gagner des élites du Danemark, de Pologne, des pays-Bas à la collaboration.

 

Kurt M. a fait partie de ces militaire de la Wermacht qui ont constitué l'équipe de Gentner au Collège de France. Gentner - jugé trop proche des français - a été rappelé en Allemagne ; mais son équipe est restée et remplacé par Wolfgang Riezler, et Herbert Jensen ( que Gentner a présenté comme un ami) . Ni Anne-Laure, ni Lancelot, n'avait rencontré Kurt M. Un matin, en civil, l'homme se rend à leur domicile. Après qu'il se soit présenté, et donné suffisamment de détails sur les personnes dont il se réfère, il prie la comtesse de l'écouter. La Gestapo est chargée aujourd'hui même de l'arrêter. Il assure avoir pris ses précautions, pour ne pas avoir été suivi; et après s'être exprimé; il disparaîtra ne voulant à aucun prix leur attirer des ennuis.

Après que sa mère ait accepté de le recevoir, Lancelot découvre l'homme et avec stupeur reconnaît celui qu'il avait secouru au château d'Uriage. Il s'était nommé '' Lithargoël '', n'avait laissé de sa présence que deux cartes du tarot ( le Fou et l'Empereur) ; et semblait être à la recherche d'une pierre ; pourquoi ? «  Nur die Rose kann... ( Seule la rose peut...) avait-il ajouté. Le matin, il était disparu. ( voir : L'Ecole d'Uriage -3- Lithargoël - Les légendes du Graal (over-blog.net) )

L'homme parle très mal le français, et préfère s'exprimer en allemand.

 

Kurt Müller a fait une partie de ses études avec Werner Heisenberg à l’Institut de Physique Kaiser-Wilhelm. Avec d'autres jeunes gens, ils ont des contacts avec des étudiants de différentes universités allemandes, dont Munich où ils ont fondé un mouvement de résistance appelé ''Die Weiße Rose'', la Rose Blanche. L'idée était d'organiser les mêmes actions, et distribuer des tracts dénonçant la guerre, le sort des juifs et le régime nazi. L'objectif est de provoquer une prise de conscience.

Heisenberg lui-même est au courant de l'initiative de ces jeunes, et prononce à dessein les mots de « Weiße Rose » quand il peut... Il fait d'ailleurs allusion au mouvement dans le manuscrit qui vous a été remis.

Müller est incorporé en février 1943 dans la Wehrmacht en France dans le cadre du service militaire.

Kurt M. tient à faire savoir que plusieurs scientifiques allemands, dont Gentner, mais aussi Walther Bothe qui construisent à Heidelberg, le premier cyclotron allemand, empêcheront toute utilisation militaire par les nazis. W. Bothe fait partie du projet allemand d’énergie nucléaire, également connu sous le nom d’Uranverein (Club de l’uranium). De plus, Gentner tient informé de l'état de ce programme son collègue physicien suisse Paul Scherrer qui fait passer l'information aux américains.

Lancelot l'interroge sur le physicien Von Weizsäcker, dont on dit que protégé d'Heisenberg, il serait très engagé pour fabriquer l'arme nucléaire ? Kurt assure qu'ils ne travaillent pas pour faire la bombe ; l'équipe d'Heisenberg est engagée sur la voie de la connaissance ; ils tachent de savoir si des réactions en chaîne sont possibles. D'ailleurs, l’économie de guerre allemande serait incapable de mobiliser les ressources nécessaires.

L’équipe de la Rose blanche. De gauche à droite  Hans et Sophie Scholl et leur ami Christoph Probst. Juillet 1942

 

Malheureusement - la presse allemande faisait déjà état du “dangereux état d’esprit” de la jeunesse estudiantine – nous avons appris « le procès de trois étudiants. Christoph Probst, Hans Scholl et Sophie Scholl, le 22 février 1943, condamnés à mort et exécutés à Munich pour la diffusion de tracts anti’hitlériens. Deux ouvriers de Freiburg. coupables de ne pas les avoir dénoncés. et une femme de Stuttgart qui leur avait fourni des fonds, ont été condamnés à 10 ans de prison. Ces étudiants étaient les fondateurs de ''la Rose Blanche ».

Thomas Mann vient de saluer à la BBC ces « courageux et magnifiques jeunes gens ». « Vous ne serez pas morts en vain, vous ne serez pas oubliés ».

A présent, nous avons le projet de faire disperser par l'aviation anglaise, sur le territoire allemand, des exemplaires du 6ème et dernier tract de la Rose Blanche. En voici la copie, nous savons que vous avez la possibilité de le faire passer en Angleterre.

 

Anne-Laure de Sallembier fait la transposition des paroles de Kurt M. avec ce qu'elle sait et peut, elle, en dire :

La pierre représente la bombe, et la rose la connaissance. Heisenberg expliquait que la motivation de ses recherches, n'étaient pas la pierre, mais la rose blanche. Le pierre sert à construire, mais aussi peut être utilisée comme une arme.

Les pierres ne sont pas des masses inertes ; elles peuvent être liées au ciel, d'où elles tombent. La pierre du Graal est tombée du front de Lucifer.

De la pierre peut naître la vie, Les évangiles parle de la transformation de pierre, en pain.

La rose peut être l'image de l'âme, de la connaissance pure ( blanc), de l'amour de la connaissance.

La rose blanche, pour un alchimiste renvoie au ''petit œuvre'', le premier pas vers la pierre philosophale ( l’œuvre au rouge)

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La machine idéale : la chaleur, une énergie disponible.

14 Novembre 2022 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Sadi Carnot, #1943, #Thermodynamique

le Petit Journal - 4 février 1943

Geneviève se passionne pour les sciences physiques ; elle est assez étonnante à persévérer, au-delà du raisonnement expérimental, dans sa traduction mathématique. Elle remplit d'une écriture soignée, des pages de calculs, assimilant le calcul différentiel et intégral. Elle a plaisir à côtoyer les infiniment petits et leurs variations. Geneviève est aussi de plus en plus présente auprès de Lancelot, elle l'accompagne dans ses laborieuses et fatigantes sorties dans Paris. Il est reconnaissant, à sa mère, mais aussi à Geneviève, de lui faire oublier, non pas la guerre, mais la défaite. Il sent poindre à présent, les beaux jours.

Lancelot interroge sa mère, sur cet officier allemand, qui pressait de près Geneviève. Anne-Laure, ennuyée d'avoir été la cause de cette rencontre, a abordé ce sujet avec elle ; et, la sent très gênée d'en parler. Elle croit comprendre qu'il se dit très amoureux d'elle; il est très attentionné, mais elle n'éprouve aucun sentiment pour lui. Elle espère pouvoir terminer cette relation très vite.

La mère de Lancelot, pense, que vis à vis d'elle, il serait juste que Lancelot se décide à clarifier ses propres sentiments.

Conference de Téhéran_1943

 

La défaite de l'Allemagne devant Stalingrad ( 2 février 1943) - Les américains en Afrique du Nord ... - Roosevelt, Churchill et Staline – se rencontrent à Téhéran en novembre 1943 .

Chacun attend la nouvelle d'un débarquement massif des anglo-américains ; c'est ce que, les bombardements sur Rouen, Rennes, Le Mans, signifieraient. 

Si nous prenions beaucoup de hauteur dans le temps, pourrions penser que la guerre est une loi de la nature ? Allons encore plus loin et interrogeons-nous ( plus tard...) sur l'hypothèse que le conflit pourrait être '' une réaction à la croissance de l’entropie irréversible que subit toute structure en non-équilibre thermodynamique. ''

 

Revenons à Pierre de Launay, et à sa présentation toute personnelle et passionnée, des fondamentaux de la thermodynamique.

Il fait très froid. Économiser l'énergie devient un objectif primordial lorsque les ressources en bois et en charbon s'épuisent, comme en ce temps de guerre.

'' La chaleur est une énergie qui est à notre disposition...'' En 1943, il est difficile d'entendre pareille chose, alors que tous les parisiens souffrent, l'hiver, de froid !

Dans tout corps, les molécules bougent et créent une énergie sous forme de chaleur. Cette énergie pourrait être canalisée, à l'aide d'une machine...

Pour réfléchir à cela, il nous faut revenir à Sadi Carnot (1796-1832). A l'époque, les ingénieurs sont sollicités pour déterminer quelles sont les conditions dans lesquelles une machine thermique produit ''le plus'' en consommant ''le moins''.

Sans entrer dans le détail de fonctionnement d'une telle machine, tentons de comprendre quelques principes.

Les principes de la thermodynamique ne sont pas encore posés. Mais, déjà, pour Carnot, la chaleur est un fluide et non un combustible ; « La puissance motrice est due, dans les machines à vapeur, non à une consommation réelle de calorique, mais à son transport d'un corps chaud à un corps froid (…) Il ne suffit pas, pour donner naissance à la puissance motrice de produire de la chaleur : il faut encore se procurer du froid, sans lui, la chaleur serait inutile. » ( Réflexions... 1824)

 

C'est cette circulation d'énergie thermique depuis la source chaude vers la source froide qui va être converti en travail.

Sa machine ''idéale'' comprend

- Un cylindre fermé ( parfaitement isolé), avec dedans : une ''substance agissante'' : un gaz.

- Un piston mobile ( sans frottement) son déplacement nous permet de récupérer un travail.

- Un corps chaud ( un foyer...),

- un corps froid ( un condenseur).

Le gaz va être chauffé par une source chaude et refroidi par une source froide. Les changements de température sont causés également par l'expansion et la compression du gaz.

Un exemple de cycle de piston, dans lequel il manipule la chaleur afin d'effectuer un travail utile

De Launay, grâce à une petite animation en papiers de couleurs, énonce à la petite assemblée la litanie de la magie du ''cycle de Carnot'' : « Le gaz est compressé fortement, sa pression et sa température augmentent : la pression du gaz est alors supérieure à la pression atmosphérique, le piston veut revenir en arrière pour équilibrer, la température du gaz aura tendance à diminuer puisque le volume augmente ; mais si j'apporte une source chaude le gaz légèrement plus froid va récupérer de l'énergie, la température du gaz ne varie pas, sa pression diminue peu, le piston continue de reculer. A ce moment, je supprime la source chaude, le gaz a un gros volume, à haute pression, pour équilibrer la pression le piston continue de reculer mais n'ayant plus d'apport d'énergie de la source chaude, la température et la pression diminuent fortement. Nous arrivons au point où le gaz a un gros volume à faible température et à faible pression, et le piston repart dans l'autre sens pour équilibrer la pression avec la pression atmosphérique. A présent, j'ajoute la source froide, le gaz se comprime mais sa température ne change pas car il refroidit par la source froide, la pression augmente très peu, le piston continue de reculer. Arrive le moment où je coupe la source froide, le gaz a un petit volume à faible température et à faible pression ; à ce moment-là le gaz va être comprimé par le piston pour revenir au point de départ; c’est à dire à un petit volume à haute température. » Le ''bidouilleur'' de génie regarde chacun. C'est magique ! Le physicien nous prévient : cette machine idéale n'existe pas. Cette façon cyclique de convertir de la chaleur en travail mécanique, a ses limites et ses pertes d'énergie...

 

- Une machine thermique peut-être un moteur, ou un système à produire de la chaleur.

- Si une machine peut nous chauffer, pourrait-on inventer une machine à faire du froid ?

- A priori oui... Imaginons notre fluide qui conduit la chaleur... S'il est plus froid que l'intérieur de la machine, la chaleur va passer du chaud au froid, le fluide se réchauffe, et l'intérieur de la machine se refroidit... Le sens des transferts thermique n'est alors pas naturel, et il est possible que si l'on fournit de l'énergie au système.

Ce fluide pourrait être un gaz ; et nous savons qu'un gaz fortement comprimé, qui ensuite se détend a pour conséquence de le refroidir... Seulement comprimer très fortement ce gaz ( pour ensuite le détendre) , libère de la chaleur qu'il faut évacuer...

- Donc inversement ; si on confine dans un espace, cette évacuation de chaleur, on refroidirait l'extérieur... ? Ne serait-ce pas une piste pour nous faire une machine à faire du chaud. Resterait à voir, si ce serait économique... ?

De Launay, en est persuadé, la Thermodynamique est la science du futur : science de la chaleur, et science des grands systèmes en équilibre.

Nous aurions deux certitudes à effet négatif : l'augmentation de l'Entropie, et les limites de notre planète. A effet positif, nous bénéficions de la chaleur, de l'énergie du soleil ( infinie, à notre échelle) et un univers en expansion ( assez vaste pour y rejeter ce que la vie ''dissipe''.)

Notre planète est une machine thermique ; elle mériterait pour sa sauvegarde d'être pilotée par un gouvernement mondial, pour une gestion optimale des crises... De Launay, parle de dissiper de l'énergie avec efficacité ; et imagine un même vocabulaire pour les sciences dures et les sciences humaines...

 

A ce moment de ce parcours scientifique ; il me paraît essentiel de parler d'Albert Einstein ( 1879-1955)

C'est devant l'entrée du Grand hôtel Curhaus de Davos, que Lancelot avec Elaine, rencontrèrent le grand physicien et prix Nobel, Albert Einstein ; c'était à l'occasion des Cours universitaires de Davos, de 1928. Il se souvient en particulier de ces échanges entre Albert Einstein et Paul Tillich.

C'est ici : 1928 Davos - 2 - Albert Einstein et Paul Tillich - Les légendes du Graal (over-blog.net)

et 1928 Davos - 3 - Albert Einstein et Paul Tillich

 

Rappelons-nous :  « Il n’y a plus rien à découvrir en physique ­aujourd’hui. » ( Lord Kelvin, 1900), éventuellement quelques précisions à faire... Sur la composition de l'éther, par exemple...

Les communications, les transports, l'énergie avec l'électricité … Tout était à portée.

Pourtant, tout ceci, ne concernait que le monde macroscopique, et à échelle humaine. La structure de la matière, demeurait inconnue.

Jusqu'à ce que Einstein révolutionne la physique... !

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Quel lien entre la Réalité et la théorie physique ?

9 Novembre 2022 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #physique, #Réalité, #Duhem

Frédéric Joliot

Frédéric Joliot, au sein de l'université, mène une vie clandestine qui s’avérera critique par la présence d'un agent double... Ses rencontres avec d'autres intellectuels, les entraînent à réfléchir aux conséquences de découvertes comme la fission de l'atome. Certains sont attirés par le régime soviétique.

Joliot travaille sur le cyclotron ; il prépare les '' jours d'après '' et prévoient la construction de ''générateurs de projectiles transmutants'', et la formation des hommes qui devront les fabriquer.

Il republie des notes sur les réactions nucléaires, et la radiobiologie.

Joliot est persuadé que les allemands ne sont pas prêts à fabriquer une bombe nucléaire, ils ont fait peu de progrès sur l'uranium ; ils n’utilisent pas le cyclotron pour des projets militaires. Par ailleurs, il a su compter sur Gentner, qu'il qualifie d' ''anti-nazi'' ; qui a été rappeler à Heidelberg parce que trop ''proche'' des français; et sur Hans Jensen qui vient d'arriver et que Gentner lui a présenté comme un ''ami'' ; à la différence de Wolfgang Riezler, chargé de le remplacer à la tête de l'équipe.

 

La mère de Lancelot ne peux cacher longtemps, à son fils, le fond de sa pensée. Elle imagine volontiers pouvoir le marier, elle lui rappelle son âge, sa difficulté - suite à son accident - à être tout à fait autonome. Geneviève serait parfaite, ne lui conviendrait-elle pas ?

Lancelot, il est vrai est sensible aux attentions qu'elle lui prodigue. Il remarque sa beauté, même s'il transparaît derrière la régularité des traits, une certaine dureté... Elle n'eut pas une enfance facile : orpheline, des merciers lui offrent famille et travail dans leur commerce. Affaire d'autant plus prospère que le père assure les achats des trois magasins, tout en travaillant comme fondé de pouvoir-acheteur pour un grand magasin de nouveautés à Casablanca.

Lancelot arrive à marcher avec des béquilles. Son chirurgien, se félicite de ces résultats, alors qu'il a hésité sérieusement à procéder à l'amputation du pied droit. Les salons scientifiques se tiennent toujours le jeudi après-midi, avec parfois la visite de chercheurs. Ainsi Pierre de Launay, polytechnicien et thermodynamicien qui a bien connu Pierre Duhem et - curieusement - s'est intéressé avec lui à la ''science de la nature''... au Moyen-âge.

Duhem mêlait physique et métaphysique : « Il serait déraisonnable de travailler au progrès de la théorie physique, si cette théorie n’était le reflet de plus en plus net et de plus en plus précis d’une Métaphysique ; la croyance en un ordre transcendant à la Physique est la seule raison d’être de la théorie physique. » disait-il. Nous reparlerons - avec lui - du Moyen-âge...

Pierre Duhem

Pour Pierre Duhem, les théories physiques ne relient pas les phénomènes à leurs causes réelles et ne révèlent rien du monde réel. Maritain retient cette idée, pour les mathématiques du fait de son abstraction, - et il est vrai que la science prend de plus en plus une forme mathématique...- , mais il lui semble que la structure de la physique dépend de la matière et ne peut qu'adhérer au réel … 

Pour Duhem, dire que la matière est composée d’atomes, c’est tomber dans une métaphysique atomiste … Pour lui, le tableau de Mendeleïev est un système de classification qui rend compte des expériences de chimie, pas de la réalité ultime de la matière. 

De quelle nature est la réalité ? Duhem répond : - cette question ne relève pas de la méthode expérimentale ; celle-ci ne connaît que des apparences sensibles et ne saurait rien découvrir qui les dépasse. La solution de ces questions est transcendante aux méthodes d'observation dont use la Physique ; elle est objet de Métaphysique.

Il serait important de préciser le lien entre physique et métaphysique...

Quelle est donc la fonction d’une théorie physique, si ce n’est pas dire ce que c’est que la réalité ?

Duhem donne plusieurs réponses :

1. Une théorie physique permet l’économie de la pensée. C’est une idée que Duhem reprend à E.Mach,

2. un système de classement de nos expériences,

3. mais ce classement n’est pas arbitraire ; sa capacité prédictive montre qu’il doit refléter un ordre naturel.

 

Une loi physique comme U=R*I, n'explique rien. Elle se contente ( et c'est beaucoup...) de modéliser ce qui se passe, de permettre des calculs et faire des prévisions ( avec u=ri et p=ui, je peux calculer le temps nécessaire à chauffer mon café)

« Les grandeurs sur lesquelles portent les calculs ne prétendent point être des réalités physiques. » Duhem.

Poincaré lui-même écrivait : « Les théories mathématiques n'ont pas pour objet de nous révéler la véritable nature des choses ; ce serait là une prétention déraisonnable. Leur but unique est de coordonner les lois physiques que l'expérience nous fait connaître, mais que sans le secours des mathématiques nous ne pourrions même énoncer.

Peu nous importe que l'éther existe réellement, c'est l'affaire des métaphysiciens ; l'essentiel pour nous c'est que tout se passe comme s'il existait et que cette hypothèse est commode pour l'explication des phénomènes. Après tout, avons-nous d'autre raison de croire à l'existence des objets matériels. Ce n'est là aussi qu'une hypothèse commode ; seulement elle ne cessera jamais de l'être, tandis qu'un jour viendra sans doute ou l'éther sera rejeté comme inutile. » (La science et l’hypothèse , chap. XII).

La science décrit, elle n'explique pas. Elle décrit avec plus ou moins de précision, ainsi ce qu'il en est des lois de Newton, ou de la notion d' '' éther'' … !

Il ajoute : « Loin de là, sans ce langage ( mathématique) , la plupart des analogies intimes des choses nous seraient demeurées à jamais inconnues ; et nous aurions toujours ignoré l'harmonie interne du monde, qui est, nous le verrons, la seule véritable réalité objective.

La meilleure expression de cette harmonie, c'est la loi ; la loi est une des conquêtes les plus récentes de l'esprit humain ; il y a encore des peuples qui vivent dans un miracle perpétuel et qui ne s'en étonnent pas. C'est nous au contraire qui devrions nous étonner de la régularité de la nature. » ( H. Poincaré, La valeur de la science 1906)

Il est donc difficile d'affirmer q.q.ch. sur la nature du réel ''en soi'', la théorie physique ne serait qu'une classification de nos représentations.

Pourtant...

Einstein pense pouvoir élaborer une théorie unique pour expliquer comment le monde s'organise à l'aide de lois élémentaires et universelles. Avant d'en parler. Je voudrais en rester à la thermodynamique, parce que notre polytechnicien Pierre de Launay souhaite nous entretenir de découvertes pour lui essentielles quant à notre besoin d'énergie.

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L'Unité des forces du Monde

4 Novembre 2022 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Fascisme, #Maxwell, #Electromagnétisme

- N'avons-nous pas imaginé que le monde était rationnel, et que ses lois s'imposaient ?

Je ne parle pas qu'en physique ; je pense davantage à la gestion de l'Etat.

- Notre chef nous demandait alors de lui donner cartes blanches, pour assurer - autoritairement si nécessaire – la gestion technocratique de l'Etat français. La ''Révolution Nationale '' c'est le rejet de la démocratie et du libéralisme ; le pouvoir populaire devant s'identifier à un dirigeant fort. Pétain prétendait exécuter sans détours et sans délais « ce que le peuple veut ».

Parler du fascisme avec Drieu c'est attirer sa colère sur le régime français. Pour lui, il s'agissait d'une vision du monde cohérente et esthétique (!) ; il en parlait en 1934 dans un essai intitulé « Socialisme fasciste » ; une époque où l'Italie de Mussolini, pouvait en être le modèle.

« Le libéralisme niait l’État, dans l’intérêt de l’individu ; le fascisme réaffirme l’État comme la véritable réalité de l’individu. » ( B. Mussolini, La Doctrine du fascisme, 1938.) 

Et pour en revenir aux loi de la physique de la nature : Oui, la doctrine fasciste affirmait que les peuples étaient soumis aux « lois de la nature », aux lois originelles de tous les êtres humains en lutte entre eux pour la survie et l’expansion. ( Ezio Maria Gray, politicien fasciste italien)

Dans ces lois, ''la force'' serait l’élément essentiel : la nature se caractérise par ses forces.

Dans la presse, on parle de pouvoir libérer une énorme quantité d'énergie, en faisant exploser le noyau d'un atome... ! Edmond Blanc dans '' le Jour'' en conclut : « On dit qu’il ne faut pas jouer avec le feu. Il ne faut peut-être pas davantage jouer avec l’énergie colossale enfermée dans les atomes, petits univers scellés par les forces de la Nature. »

Prenons du recul, avec la Physique, encore.... Nous sommes 4 siècles avant J.C. ; la structure de notre monde, est pensée autour des 4 éléments, la terre, l'eau, l'air et le feu. Ces éléments se combinent par attraction ( amour ) ou répulsion ( haine). Aristote associe à la matière 4 qualités : le chaud, le froid, l'humide et le sec. Exemple, le feu est chaud-sec, l'air est humide-chaud, l'eau froide et humide et la terre froide et sèche...

Pour René Descartes ( 1596-1650), le monde est ''plein'' : l'action créatrice de Dieu repose sur la matière qui doit emplir tout l'espace. Ce monde plein ( le ''vide'' n'existe pas) est composé de trois éléments, l'éther, le feu, la terre. Blaise Pascal va lui, expérimentalement, admettre l'existence du vide.

L'Unité de la nature de Kant, inspire des scientifiques qui travaillent sur l'électricité et le magnétisme.

« La nature, c'est l'existence des choses, en tant qu'elle est déterminée selon des lois universelles. ». Et, si Kant dit «  unité de la nature », il ne s'agit pas de réalité en soi, il s'agit d'une « unité nécessaire, certaine à priori, de la liaison des phénomènes. » Car « l’entendement ne puise pas ses lois (a priori) dans la nature, mais les lui prescrit » ( Prolégomènes, 1783 ) .

 

En 1820, Ørsted met en évidence la relation entre l'électricité et le magnétisme. La loi d'Ampère la plus connue est celle de l'électrodynamique. Elle décrit les forces que deux conducteurs parallèles parcourus par des courants électriques exercent l'un sur l'autre.

Il est possible d'envisager que les forces « électrique » et « magnétique » puissent être en fait unifiées, et Maxwell propose en 1860 une théorie générale de l'électromagnétisme classique, qui pose les fondements de la théorie moderne.

 

A ce propos, Feymann qui participera au projet Manhattan ( la course à la bombe atomique, avant les nazis..) dira que l’événement marquant du XIXe siècle sera d'avoir établi les fameuses ''4 équations de Maxwell '', qui expliquent des phénomènes comme l'électricité, le magnétisme et la lumière.

Depuis 1884, elles sont là : ( pas de panique …)

1 Une charge électrique génère un champ électrique autour d'elle.

2 Le champ magnétique est engendré par une configuration en ''dipôle''. Il est impossible de séparer les pôles Nord et Sud d'un aimant.

3 Si on fait varier le flux magnétique dans un circuit, ça provoque un courant électrique dans ce circuit ( Loi de Faraday).

4 Un courant provoque un champ magnétique.

Ces 4 équations expliquent tout l'électromagnétisme ! Les physiciens vont rapidement se rendre compte que les ondes lumineuses ne sont autres que des ondes électromagnétiques.

 

Wilhelm Ostwald ( Professeur à l’université de Leipzig ) suggère une autre piste : celle de reconstruire la physique sur la base des deux principes de la thermodynamique : le principe de conservation de l’énergie et celui d’entropie.

Ostwald, en 1895, prétend que le concept de matière, lié à une interprétation mécaniste de la nature, est périmé. «  dans le monde de la mécanique rationnelle, il n'y a ni passé, ni avenir au même sens que dans le notre. L'arbre peut redevenir graine, le papillon chenille... Pourquoi ces faits ne se produisent-ils pas dans la réalité ? La théorie mécanique ne l'explique pas ; le fait que, dans la nature réelle, les phénomènes ne sont pas réversibles, condamne sans appel le matérialisme physique. »

L'énergie est un invariant de l'Univers, régissant l'ensemble des phénomènes physiques. Pour Ostwald tout est énergie.

 

Pierre Duhem (1861-1916), s'était lié d'amitié avec Paul Painlevé ( ami d'Anne-Laure...), qu'il avait rencontré à l'Ecole Normale Supérieure. Son opposition au chimiste Marcelin Berthelot et son anti-républicanisme, seront des obstacles à sa nomination à Paris. Il part pour Bordeaux. Anti-dreyfusard, il se brouille avec Painlevé ( 1894).

La plupart des contemporains de Pierre Duhem - en France notamment - se proposaient de réduire les phénomènes chimiques à la mécanique ; lui, les rapportait à la thermodynamique. Et, donc en opposition au projet de réduction mécaniste des atomistes, comme Boltzmann.

Duhem considère que l'entropie ne peut être représentée par une combinaison de seuls concepts mécaniques.

Pourtant, en 1909, Otswald va admettre que Jean Perrin avec son article '' Mouvement Brownien et réalité moléculaire '' a apporté la preuve expérimentale de la structure atomique de la matière.

Thomson et Clausius formule l'Entropie par des interdictions : - ''un système ne peut produire un effet mécanique en extrayant de la chaleur de l'objet le plus froid avec lequel il interagit''. - '' Il n'existe aucun processus qui aurait pour seul effet un transfert de chaleur d'un corps froid vers un corps plus chaud.''

L'entropie se présente sous forme d'irréversibilité de flèche du temps, de dégradation. Lors du freinage d'une voiture son énergie cinétique se dégrade en chaleur dans les freins.

 

Maxwell et Boltzmann ( encore eux...!) vont formaliser l'expression mathématique de la théorie cinétique des gaz ( qui interprète les notions de température et de pression des gaz).

Un gaz paraissait être un milieu continu, élastique … L'idée de la nature atomique de la matière cependant faisait son chemin ; et un gaz pouvait être un ensemble de particules en agitation permanente. Un gaz apparaissait comme un véritable ''chaos'' ( qui a donné ''gaz''!), et qui cause une pression sur les parois.

Clausius interprète la chaleur en tant que manifestation de l'énergie associée à leurs mouvements désordonnés.

James Maxwell suppose donc que les particules d'un gaz sont des sphères de petites dimensions, dures et parfaitement élastiques. Ces molécules s'entrechoquent à des vitesses différentes

James Maxwell montre que la température absolue T du gaz est un paramètre caractérisant la distribution de probabilité des vitesses des molécules.

Enfin, Ludwig Boltzmann, comme nous l'avons vu, veut élucider la nature de l'entropie, grandeur restée mystérieuse. Après des années d'efforts, il y parvient en 1877. Il fait correspondre, à un état d'équilibre d'un matériau, un très grand nombre W de configurations microscopiques possibles indiscernables à notre échelle, et il identifie l'entropie S du matériau au logarithme de ce nombre. S=K log W ( K=1,38.10 puissance-23) ( formule novatrice inscrite sur la tombe de Boltzmann), S exprime une complexité cachée, sa croissance s'interprète comme une augmentation du désordre microscopique. Ainsi, l'ordre exhibé par un cristal disparaît lors de sa fusion. Une augmentation de température fait croître le désordre.

Face au caractère désordonné de l'énergie fournie à un moteur thermique par la source chaude, la source froide apporte de l'ordre.

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