Gauvain, le chevalier qui séduit les femmes.
Gauvain est le fils du roi Lot d’Orcanie et de Morgause, la sœur d’Arthur. Neveu du roi Arthur, auréolé dès les premiers témoignages littéraires d’une réputation de prouesse, de générosité et de gloire, il incarne dans les romans de Chrétien de Troyes, et dans la plupart des continuations composées au XIIIe siècle, l’idéal de la chevalerie.
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Gauvain et la damoiselle à la ceinture d'or | Messire Gauvain est la fleur de la chevalerie ... |
Avant l’arrivée de Lancelot du Lac, Gauvain était considéré comme le meilleur des chevaliers, un chevalier d’exception. La magie l’a imprégné dès son plus jeune âge, il se rendit vite compte que ses forces évoluaient en fonction du soleil. Ses forces étaient à leur maximum lorsque l’astre était à son zénith, et diminuaient de façon significative à la tombée de la nuit. Gauvain fut le premier à réussir à battre Arthur en combat singulier, à l’entrainement, ce qui renforça considérablement le lien qui les unissait déjà.
Gauvain est un chevalier séduisant et disponible, animé par le goût du risque et par une prouesse sans faille. Chrétien de Troyes, dans Le Chevalier au lion, le désigne comme "celui qui était la fleur de chevalerie et dont la renommée l'emportait sur tout autre mérite " : il est l’un des chevaliers destinés à affronter avec succès les plus grandes aventures. C’est lui qui relève le défi lancé par la Demoiselle Hideuse à la cour arthurienne consistant à aller délivrer une jeune fille assiégée dans le château de Montesclaire; c’est lui qui part après Lancelot à la recherche de la reine Guenièvre.
Modèle de courtoisie, il sait respecter la rêverie de Perceval, accueillir les nouveaux arrivants à la cour ou se faire le champion des demoiselles. Gauvain est sensible à la beauté des jeunes femmes par exemple à celle de la porteuse du Graal ; il parle d’amour avec la jeune suivante de Laudine, Lunete, mais ne s’attache à aucune femme.
Gauvain n’arrive pas vraiment à comprendre l’amour qui peut lier un homme et une femme, comme Yvain – son ami - et Laudine. Il fera tout pour que Yvain n’ait pas l’occasion de retourner auprès de sa femme, l’entraînant aventure après aventure, quête après quête.
Avec la christianisation du mythe, sa figure devient moins glorieuse...
Dans la Quête du Saint Graal, il est exclu de la quête parce qu’il est trop attaché aux valeurs "terriennes". Ainsi Gauvain passe-t-il toujours à côté de la quête, mais – ce qui est plus grave – de récit en récit, il devient l’un de ceux par qui la quête se dégrade et par qui est provoquée la ruine du royaume arthurien. Enfermé dans sa mondanité et sa démesure, sourd à l’esprit de l’aventure du Graal, Gauvain, dans La Mort le roi Artu, est définitivement exclu de cette quête.
Sur la route du Roi Arthur - 2/3 -
A Wilhelmsburg, se trouve les plus anciennes peintures murales ( ci-dessous ) profanes au nord des Alpes (1225/30) relatant un épisode de la saga athurienne, avec Iwein, chevalier de la table ronde. En 1227, c’est ici que la future Sainte Elisabeth de Thuringe se sépara du Landgrave Ludwig IV.
Iwein chevalier de la table ronde
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Elisabeth de thuringe
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Les mosaïques de la cathédrale de Santa Maria Annunziata de Otranto ( Italie ) couvrent le sol des trois nefs et sont l'œuvre de Monaco Pantaleon , exécuté par ordre de l' évêque de Otranto , entre 1163 et 1165 Il représente un arbre de vie, avec Adam et Eve chassés de l'Eden, en haut … Également représenté, à côté du zodiaque et d’Alexandre le grand, le Roi Arthur qui combat un un félin étrange une sorte de "loup-chat"...
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Arthur (clairement identifié Rex Arturus) combattant un monstre, sur une mosaïque de l'église d'Otrante (Italie), milieu du XIIème siècle
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On a retrouvé la tombe du Roi Arthur.
En cette année 1191, l'Histoire rencontre la légende:
Giraud de Barri (chapelain du roi Henri II) , De principis instructione, vers 1193 témoigne :
« Or ce corps, dont la légende prétendait qu'il avait disparu dans un pays de rêve sans avoir été atteint par la mort, ce corps, après avoir été révélé par des signes presque miraculeux, a été retrouvé de nos jours à Glastonbury, entre deux pyramides de pierre élevées jadis dans le cimetière, gisant profondément en terre dans un tronc de chêne creusé et, solennellement transféré dans l'église, il y a été pieusement déposé dans un tombeau de marbre.
Une croix de plomb placée sur une pierre, non pas à l'endroit (comme c’est notre usage), mais à l'envers (je l'ai vue et j'en ai touché l'inscription, taillée non pas en relief, mais en creux, et tournée du côté de la pierre, disait : "Ici gît l’illustre roi Arthur, enseveli avec Wenneveria, sa seconde femme, dans l’île d’Avallonie »
D’après le chroniqueur Giraldus Cambrensis, l’abbé, Henry de Sully, ordonne des fouilles, et découvre à une profondeur de 5 m un tronc creux de chêne qui contenait deux squelettes. Au-dessus, sous la pierre de couverture, se trouve une croix de plomb...
Ce serait à la demande du roi Henri II que l’on entreprend des recherches qui aboutissent en 1191, sous le règne de Richard Cœur de Lion, à la découverte des tombes d’Arthur et de Guenièvre par des moines de cette abbaye de Glastonbury.
Nous sommes dans le premier sanctuaire chrétien de Grande Bretagne, visité, selon la légende, par Joseph d’Arimathie et les Saints David & Patrick.
Dès le VII éme siècle, Glastonbury devient le siège d'une importante abbaye. On a bâti au sommet du Tor une église dédiée à Saint-Michel.
Déjà Arthur y serait venu délivrer Guenièvre, enlevée par Melwas, roi du Somerset, et retenue prisonnière dans la place forte du Tor.
Un dramatique incendie a totalement embrasé l'abbaye en 1184, réduisant les bâtiments en cendres, abbatiale et cloître compris. Tout est à néant et le coût de la reconstruction s'annonce exorbitant.
La découverte des tombes du Roi Arthur et de la Reine Guenièvre dans le cimetière en 1191 se charge de donner un nouvel élan aux pèlerinages.
Ainsi, Glastonbury, transformé en sanctuaire de la royauté britannique, devient également la gardienne de la mémoire arthurienne.
Giraud de Barri identifie Glastonbury avec l’île d’Avallon. Située au Sud-Ouest de l’Angleterre, l’abbaye se trouvait sur un lieu marécageux, et aurait tiré son nom d’un ancien toponyme breton "Inis Avallon" signifiant "l’île aux pommes" ou de "Inis Gutrin" signifaint "l’île de verre".
D’autres rois vont plus tard entretenir cette légende :
- Le premier petit-fils d’Henri II et d‘Aliénor, né en 1187, il reçoit le nom d‘Arthur et est considéré comme l’héritier futur de la Bretagne jusqu’en 1203, date où il est assassiné. Quant à Richard Cœur de Lion, lors de la 3e croisade, il porte une épée que certains témoignages présentent comme "l‘épée d’Arthur, l’illustre roi breton des temps anciens, que les Bretons nomment Excalibur" [d’après Roger de Howden], épée qu’il offre au roi de Sicile Tancrède en échange de l’argent qui lui manque.
- Edouard 1er (1239-1307) visite l’abbaye en 1275... Il reçoit ce qui aurait été la « couronne » du Roi Arthur. En 1278, il ordonne l'ouverture du tombeau d'Arthur, et fait transférer les restes dans l'Eglise. Il célèbre son second mariage ( 1299) autour d'une table ronde : les convives, 'déguisés 'en chevaliers, recréent différents épisodes de la légende arthurienne.
Sous le règne d’Henry VIII (1509-1547), la table fut ensuite peinte pour arborer en son centre la Rose des Tudors, ainsi qu’un portrait d’Henry VIII représenté en roi Arthur, entouré par 24 places portant le nom des 24 chevaliers de la Table Ronde (Parmi lesquels Galahad, Lancelot, Perceval, Pellinore, Kay, Dagonet, etc.). Cette table est actuellement placée dans le Grand Hall du château de Winchester
- Edouard III (1312-1377) crée en 1344, un ordre de chevaliers très semblable à celui de la Table ronde. Il cherche à son tour – sans succès - la tombe de Joseph d’Arimathie.
Mythe et réalité se confondent désormais et la légende arthurienne est alors complètement assimilée par les rois d’Angleterre...
Guenièvre, la femme convoitée, - 3/3 -
Les chevaliers sont censés assurer aux dames, aux veuves et aux orphelins, leur « protection », non sans ambivalence … En effet, les femmes convoitées ne peuvent pas se garder de ceux qu'elles ne désirent pas, sauf si un homme ailleurs les désire... mais, pendant combien de temps ?
“La jeune-fille que vous emmenez n’est pas à vous, vous l’avez enlevée; il est donc tout à fait légitime qu’elle ne partage pas votre couche. Il y a dehors un chevalier qui vous suit pour reconquérir cette jeune-fille; il affirme son intention de vous livrer bataille, et de soutenir que vous vous en êtes saisi sans aucun droit. S’il a une possibilité de le prouver, il serait bien injuste que vous profitiez d’elle. C’est à grand tort que vous obtiendriez d’elle joie et plaisir de son amie, s’il peut ainsi défendre ses prétentions sur elle.” Tiré de L'Âtre périlleux : roman anonyme en vers, du XIIIe s., ayant Gauvain ( neveu du roi Arthur) pour héros.
“Arrangez donc un tournoi avec mon père, si vous voulez avoir mon amour car je veux savoir en toute certitude si mon amour serait bien placé une fois que je l’aurais mis en vous.” Ch. de Troyes 1180, Le conte du Graal p. 247
Même si l'homme qui la sollicite lui plaît ( noble, riche, beau, vigoureux ..), la « noble » femme féodale se doit d’exiger des épreuves de l’homme qui la requiert d’amour. Si elle n'écoutait que son cœur, et pire son corps, elle déchoirait ainsi de ne répondre que selon son désir... ! Son prétendant pourrait ensuite la mépriser...
“Les dames ne dédaignaient pas d’accorder leur amour aux chevaliers à condition que ceux-ci eussent fait leurs preuves par trois fois au combat.” G. de Monmouth ,1138, Histoire des rois de Bretagne p. 287
Si les premières déclarations d'amour ont la forme du rapt et du viol ; L'Amour courtois va formaliser une manière douce d'arriver à ses fins.
Le mariage, en subsistant malgré le désaveux notoire des “cours d’amour” présidées par Aliénor d’Aquitaine et ses compagnes, continue d’être imposé, aux hommes comme aux femmes.
L’Amour Courtois crée entre le soupirant et la dame une hiérarchie inverse de celle du mariage : la dame domine; elle reçoit l’hommage, écoute la demande et répond à son gré.
“Chaque jour je deviens homme meilleur et plus pur, car je sers la plus noble dame du monde, et je l’adore et je vous le dis sans me cacher.” Arnaut Daniel (v.1150-v.1200), troubadour.
Guenièvre, la femme convoitée - 2/3 -
Elle est la femme convoitée : par Méléagant, Lancelot et, dans une moindre mesure par Gauvain...
La reine fait l’objet de toutes les attentions. Guenièvre est belle et intelligente : c’est la dame de l’amour courtois, pour qui les chevaliers accomplissent toutes les prouesses...
Elle représente même, véritablement, pour Lancelot son Graal ... A l'heure de l'amour courtois, les trouvères chantent un amour qui ne peut s'épanouir que dans le secret, et l'adultère ( le plus souvent...). Le chevalier dans la littérature courtoise est au service de sa dame tel un vassal obéissant à son suzerain Guenièvre est à l'image de la dame autoritaire et exigeante en face d’un chevalier soumis, elle pourra s'apparenter à "l’Orgueilleuse d’amour" ou à la "Belle Dame sans merci".
C’est dans cet esprit que Chrétien de Troyes raconte l’aventure de Guenièvre et de Lancelot, n’hésitant pas à faire sourire des excès et des maladresses de Lancelot tout à sa passion pour la reine.
La-reine-Guenièvre-interroge-Lancelot-sur-son-amour-pour-elle
La reine prend le chevalier par la main, tandis qu’il est à genoux, l’assied devant elle, lui fait un très bon visage et lui dit en riant : Seigneur, nous vous avons tellement désiré que, par la grâce de Dieu et de Galehaut ici présent, nous vous voyons enfin. Cependant je ne sais pas encore si vous êtes le chevalier que je recherche. Galehaut me l’a dit ; mais je voudrais bien encore entendre de votre bouche qui vous êtes, Suit l’interrogatoire de la reine, qui lui permet d’identifier son chevalier comme étant Lancelot du Lac.
Celui-ci lui confesse timidement son amour.
Galehaut vient à la rescousse pour suggérer à Guenièvre d’embrasser Lancelot. « Alors ils s’éloignent tous les trois et font semblant de converser. La reine voit que le chevalier n’ose en faire plus. Elle le prend par le menton et, devant Galehaut, l’embrasse très longuement, de telle sorte que la dame de Malehaut comprit qu’elle l’embrassait. Puis elle commence à parler, comme la très sage et vaillante dame qu’elle était : Beau doux ami, dit-elle au chevalier, vous avez tant fait que je suis à vous, et j’en ai beaucoup de joie. mais prenez garde que la chose demeure secrète, comme il se doit. » (Lancelot du lac, Livre de Poche, « Lettres gothiques », éd. F. Mozès, pp. 877sq.)
Sur la route du Roi Arthur - 1/3 -
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Tintagel, et Conception d'Arthur.
La construction l'abbaye commence au VIIe siècle... Petit à petit au cours des siècles elle se verra agrandir jusqu’en 1541 où elle fut détruite par le roi Henry VIII. Certains pensent que l’abbaye serait encore plus ancienne et daterait du premier siècle et que Joseph d’Arimathie en serait à l’origine... Là, il aurait dissimulé le Graal en l’ensevelissant juste au dessous du Tor de Glastonbury à l’entrée du monde souterrain.
Guenièvre: la femme convoitée - 1/3 -
L'origine du nom Guenièvre se réfère à un mot gallois « Gwenhwyfar » qui signifie « blanc-fantôme ».
Fille du roi de Carmélide, Léodagan, Guenièvre est l’épouse du roi Arthur. Elle est enlevée par Méléagant qui la désire. Arthur reste passif, et laisse Gauvain se charger de ramener la reine à la cour. Rencontre avec Lancelot, coup de foudre … Il la sauvera du bûcher, alors qu'elle est condamnée pour adultère. Guenièvre se fera nonne à Amesbury, où elle finira ses jours.
* Comme Hélène de Troie, elle est à l'origine de la guerre et de la mort du roi. Comme Mélusine, Guenièvre passe un contrat avec Lancelot, semblable à celui de Mélusine avec son amant. Comme elle, peut-être est-elle une figure de l’Autre-monde, indice qui donne à la saga arthurienne une connotation spirituelle...
La reine prend dans les récits une posture féerique ou du moins magique de la femme. Elle est la résurgence du « blanc fantôme » des sagas nordiques
* Guenièvre, comme les fées apprécie la proximité des lieux aquatiques. Lancelot retrouve le peigne de la reine avec quelques-uns de ses cheveux sur le rebord d’une fontaine. L'homme est un personnage en quête... Genièvre, Mélusine répondent en créatures de l'Autre-monde …. Dans le conte, la fée-alors - jette son dévolu sur l'homme et lui promet son amour total à une seule condition qui, … ne se réalisera pas !
* Elle est la Reine, et c'est même elle, qui tient les rênes du pouvoir ( et non plus ...Arthur), elle représente au yeux de tous la représentation du pouvoir politique dérobé à Arthur. Également, c'est elle qui gouverne, véritablement le chevalier Lancelot...
Lancelot, dans Le Chevalier de la Charrette (1176-1181), apparaît comme son amant soumis à ses volontés, au risque de se voir humilié et bafoué dans son honneur.
« Sur le moment, le chevalier a poursuivi sa route sans y monter ; il a eu tort, tort d’avoir honte et de ne pas aussitôt sauter dans la charrette car il le regrettera un jour. Mais Raison, qui s’oppose à Amour, lui dit de ne pas monter, le retenant de ne pas monter, le retenant et lui enseignant de ne rien faire ni entreprendre qui puisse lui apporter honte ou reproche. Ce n’est pas du cœur mais de la bouche que vient ce discours, que Raison ose lui tenir. Mais Amour, enfermé dans le cœur, l’exhorte et l’invite à monter tout de suite dans la charrette. Amour le veut alors il y saute ; il n’a plus peur de la honte, puisque c’est l’ordre et la volonté d’amour. » Cr de Troyes: (N° des vers: 329-380)
Illustration à la une: détail d'une gravure de Xavier de Langlais: Guenèvre
Perceval: lecture de l'épisode du Graal
* L’épisode du Graal est une scène « unique », énigmatique et mystérieuse. Elle fera ensuite l’objet de trois commentaires : celui de la cousine, celui de la demoiselle à la mule fauve et enfin celui de l’ermite. Ils font appel au « péché » de Perceval, il est chassé du château … Cette scène a un caractère merveilleux, un peu comme s’il s’agissait d’un rêve… Elle n’a pas d’emblée un caractère chrétien. Même si elle se présente comme « liturgique » …Il s’agit de guérir le roi blessé ( entre les hanches...! ) et de redonner fécondité à sa terre. Perceval ne saura pas y prendre part. Il y a une procession avec des cierges, un calice… L’assistance est celle d’un repas fastueux. La lance saigne, et ce sont des jeunes filles qui portent deux des objets sacrés. L’explication de l’ermite invite à voir dans le Graal un ciboire dans lequel est portée l’hostie destinée au père du Roi pêcheur. Aussi, sommes-nous invités à donner une signification religieuse à la lance. Elle saigne, et semble accuser Perceval de son impiété ( Le christ est mort pour racheter les hommes... ! ). Une partie du mystère du Graal, lui sera révélée après sa conversion du vendredi saint. Le conte du Graal, offre dans cette scène un matériaux qui a subi d’autres influences que le christianisme.
Une liturgie pas si « catholique ... » !
- Dans la tradition médiévale, Il était absolument interdit aux femmes de prendre un tel rôle dans une procession de l’Eucharistie selon l’église catholique. Ce n’est que plus tard, vers l'an 1200, en particulier avec Robert de Boron, que le Graal est la coupe qui ramassa le sang de Jésus Christ sur la croix et la coupe qui se trouva à la Cène.
« Un graal entre ses 2 meins
Une damoisele tenoit, » (Perceval, vers 3158-3159)
- La règle du silence, était de bonne éducation… Le récit, cependant en fait la critique, et Perceval ne peut s’empêcher de vouloir comprendre : Il cherche à savoir pourquoi « Tant sainte chose est li Graals » ( Le Graal est chose si sainte) (Perceval, 6351), et à qui l’on fait son service. Mais, il se tait !
Par ailleurs, on lit que les aventures de Perceval, vont consister en une exploration de soi :
- Au début de sa quête : il savait peu à propos de sa famille jusqu’au moment où sa mère lui explique que son père et ses frères étaient des chevaliers : Perceval rencontre sa cousine à son départ du château du Graal qui lui donne son nom (nous découvrons le nom du Perceval pour la première fois (*) ). Et, il apprend encore plus de sa famille chez l’ermite, qui lui explique qu’il est son neveu… Le Roi Pêcheur et celui qui est servi par le Graal sont des membres de sa famille. Après, cette visite « ratée » au château du Roi Pêcheur, c'est à présent réellement que commence la quête du Graal… Sa quête est donc provoquée par ce silence qui lui a fait perdre les mystères du Graal...
(*) Il faut trouver, pour le chevalier, la brèche qui conduit d'un monde à un autre. Perceval l'a trouvée et son nom révèle cette découverte. N'est-il pas celui qui a ' percé le secret du Val '? En fait, il a su obéir au conseil du mystérieux Roi Pêcheur, à qui il rend visite dans le château du Graal : « Grimpez le long de cette brèche, lui dit-il, qui est taillée dans le rocher, et, quand vous serez arrivé là-haut, vous verrez devant vous, dans une vallée, une maison où j'habite. Dans le roc, symbole de la densité, une brèche s'ouvre et monte : telle est la voie. »
Pour le lecteur du Conte du Graal, il s’agit aussi d’une quête, puisque les mots qui précèdent ne sont que sentiers sur une « carte » d'une possible interprétation … Beaucoup d'autres cartes sont permises.... Ensuite, sera le temps de la véritable découverte du territoire ...
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Après sa visite au château, L'ermite explique à Perceval le secret du Graal ... |
Parsifal à Montsalvat, le château du Graal peinture murale par A. Spiess Le cortège du Graal avec le calice et la lance, en arrière-plane: le silencieux Parsifal et le roi blessé. |
L'histoire du mythe du Roi Arthur - 4/4 -

En 1230, un roman anonyme La Mort le roi Artu, rajoute un élément qui deviendra par la suite emblématique de la mort du roi Arthur : alors qu'il est mourant, il demande par trois fois à Girflet de jeter Excalibur dans le lac. Une main se saisit l'épée et l'emporte. Quand Girflet revient auprès du roi, une barque l'a déjà emporté vers Avalon où réside sa demi-soeur Morgane. En Angleterre, au XVe siècle, sir Thomas Malory (1405-1471), écrivain et traducteur, reprend l’ensemble des œuvres qui l'ont précédé et entreprend une compilation en moyen français : Le Morte Darthur ou Le Morte d'Arthur.
Thomas Malory, prisonnier à la Tour de Londres, y rédige en 1469, Le Morte d'Arthur, considéré comme le premier roman arthurien moderne. Publié en 1485, le livre est divisé en huit histoires : la naissance d'Arthur, sa guerre contre les Romains, l'histoire de Lancelot, celle de Gareth puis celle de Tristan, la quête pour le Graal, la liaison entre Lancelot et Guenièvre, et enfin la mort d'Arthur et la chute de la Table Ronde (The Dethe of Arthur). La vision de Malory sera l'une des plus propagée par la suite, avec les écrits de Chrétien de Troyes, et elle aura un fort retentissement sur la perception que la culture populaire se fait du mythe d'Arthur. Selon Sir Thomas Malory, peu de temps après le début de son règne, Arthur est conduit par Merlin au bord d'un lac d'où émerge Excalibur portée par la main de la fée Viviane (ou Niniane, Nyneve, Nimue...) la Dame du Lac. ... Guenièvre se fait moniale et Lancelot, ermite.
Excalibur, film culte de John Boorman, 1981, est inspiré du roman de Thomas Malory