Manifeste pour une Église dans le monde de ce temps
Ce manifeste émane des membres du Réseau des Forums André-Naud (RFAN) - (théologien québécois André Naud) -, ils cherchent à promouvoir la liberté de pensée et d’expression dans l’Église, notre Institution. Lors de leur dernière assemblée générale tenue le 24 octobre 2012, après un an de travail en commun, ils ont décidé d’adopter leur Manifeste pour une Église dans le monde de ce temps, inspiré par celui des 300 prêtres autrichiens. Ce Manifeste contient quatre souhaits, sept engagements et un grand désir.
Mise en contexte
Il y a de quoi se décourager et pourtant nous ne le sommes pas. Présentement la douleur du Monde est grande et ses leaders officiels sont capables de s’enfoncer creux dans le mensonge pour ne pas apercevoir sa détresse. Nous ne sommes pas découragés parce qu’ici et là des femmes et des hommes, beaucoup de jeunes, refusent de devenir des morts vivants, des robots « qui font la job. » Un vent de Pentecôte s’est levé, une mouvance se dessine sur tous les continents, un cri surgit du cœur de la Terre : « Sors de ce tombeau! » Les différentes Églises, dont la nôtre, n’y échappent pas : Autriche, France, Etats-Unis, Irlande,… Avec les ans et le « succès », notre Institution a dérapé, elle a quitté le Monde, elle s’est accaparé l’Évangile pour en faire son affaire à elle alors que l’Évangile appartient au Monde. Par le Prophète de Nazareth et cet Évangile, Dieu nous a exprimé ce qu’il veut : une humanité réconciliée.
Texte du Manifeste
Pour nous, membres du Réseau des Forums André-Naud, « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes (et des femmes) de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux (et celles) qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho » dans notre cœur. Ce texte extrait du document conciliaire L’Église dans le monde de ce temps (paragraphe 1) et l’esprit des autres documents de Vatican II, la Parole de Dieu et l’écoute du Peuple de Dieu qu’on appelle le sensus fidelium nous poussent à une quête de vérité.
Nous demandons aux premiers responsables de l’Église catholique, dont nous sommes aussi membres par notre baptême, de s’atteler à une urgente et nécessaire reforme ecclésiale qui permettrait aux disciples du Christ de collaborer à l’instauration d’une fraternité universelle dont l’Homme de Nazareth avait fait sa grande préoccupation. Lors de son dernier repas avec les siens, quel message il nous a laissé avec le tablier, le pain et le vin! Par fidélité au Christ, à l’Évangile et à l’institution qui tente de le manifester AUJOURD’HUI, nous nous sentons obligéEs de déclarer à nouveau nos options et nos choix. : n’est-ce pas une loi de la vie que de recommencer?
Nous souhaitons que dans l’Église l’autonomie de l’être humain et l’importance de saconscience soient au centre de nos orientations et de nos décisions d’agir, une conscience de disciple « qui repousse vigoureusement tout juridisme étroit et mesquin qui perdrait de vue le primat de l’amour généreux sur les règles concrètes d’action.[1]» Le Christ ne donne pas un long code de conduite, mais beaucoup d’exemples d’humanité.
Nous souhaitons que l’égalité femme/homme reconnue dans la société civile le soit autant dans notre Institution ecclésiale.
Nous souhaitons que la décentralisation de l’Institution ecclésiale (avec les siècles devenue romaine et gérée par la Curie) se traduise progressivement par une prise en charge de chaque communauté chrétienne par ses membres, selon leurs talents et leur disponibilité.
Nous souhaitons que nos évêques prennent une plus grande liberté face au gouvernement central de notre Institution et une plus grande implication, associés aux laïques, dans les enjeux de notre société québécoise. « Dans l’état actuel des choses et de la législation de l’Église, le pape et les évêques ont le devoir d’être prêts à reconsidérer les règles qui concernent la « juste » liberté de pensée et d’expression dans l’Église.[2] »
Conséquemment nous nous engageons à réaliser ce qui suit.
1. Promouvoir partout et en tout temps l’importance de la conscience éclairée de disciple, de l’égalité femme/homme, de la décentralisation dans notre Institution ecclésiale, et de la liberté de pensée et d’expression dans notre Église.
2. Intervenir sur le terrain pour favoriser l’existence de communautés chrétiennes à taille humaine capables, dans un climat de coresponsabilité, de répondre à leurs propres besoins même dans un contexte de fusion de paroisses (distribution des tâches pastorales, reconnaissance de ministères propres à une communauté, consultation pour le choix du pasteur, célébration de la Parole avec communion, célébration conjugale,…). La liberté d’action évangélisatrice des communautés chrétiennes repose sur la connaissance des personnes, de leurs besoins, de leurs aspirations, de leurs joies et de leurs peines.
3. Accueillir ouvertement dans leurs différentes situations de couples les personnes séparées réengagées, les personnes homosexuelles, les personnes vivant en union de fait,… qui cheminent dans la communion au Christ à la table eucharistique.
4. Promouvoir la célébration du pardon de Dieu avec absolution collective.
5. Inviter des laïques formés de nos communautés à prononcer une homélie.
6. Promouvoir la réinsertion dans l’exercice du ministère presbytéral des prêtres qui ont quitté le ministère et qui pourraient aujourd’hui être mariés.
7. Nous exprimer en faveur de l’ordination diaconale des femmes, ainsi que de l’ordination presbytérale de femmes mariées ou célibataires et d’hommes mariés.
Nous désirons poursuivre ce dialogue déjà amorcé avec l’ensemble du Peuple de Dieu et nous invitons nos évêques à se joindre à cette démarche.
1. NAUD, André, Le magistère incertain, Fides 1987, p. 250.
2. NAUD, André, Pour une éthique de la parole épiscopale, Fides 2002, p. 24.
Je ne comprends pas ! tout ...
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Extrait du quotidien " La Croix ": 19 Décembre 2012: " PHILIPPINES L'Église décidée à se battre contre la loi sur la contraception:
Alors que la loi sur la santé de la reproduction a été approuvée par les députés philippins lundi soir et n'attend plus que la signature du président Benigno Aquino pour entrer en application, l'Église catholique a indiqué hier qu'elle allait en appeler à la Cour suprême pour obtenir l'annulation de ces mesures. « Nous dirons aux catholiques : même si vous recevez des contraceptifs gratuitement, ne les utilisez pas », a ainsi déclaré Mgr Gabriel Reyes, président de la Commission épiscopale pour la vie et la famille. "
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Indulgence pour l'année de la Foi: Au XXIème siècle...! ?
"S'agissant avant tout de développer au plus haut niveau la sainteté de vie en atteignant la pureté de l'âme, l'indulgence sera du plus grand profit. En vertu du pouvoir conféré par le Christ, elle en offre le bénéfice à tous ceux qui se plieront aux prescriptions particulières. Durant la durée de cette Année, ces fidèles pourront acquérir l'indulgence plénière des peines attachées à leurs péchés, en suffrage des défunts comme aux repentis vivants qui prieront aux intentions du Saint-Père ... "
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Pierre Paul RUBENS 1577-1640: Fête dans la maison de Simon le Pharisien; vers 1618 huile sur toile, Musée de l'Ermitage, Saint Petersbourg
Par contre, je comprends mieux Benoit XVI, quand il parle du Dialogue entre les religions (vendredi 21 décembre 2012: VOEUX DE BENOIT XVI A LA CURIE ROMAINE )
Dans la situation actuelle de l’humanité, le dialogue des religions est une condition nécessaire pour la paix dans le monde, et il est par conséquent un devoir pour les chrétiens comme aussi pour les autres communautés religieuses. ( ...)
" ces efforts peuvent aussi avoir le sens de pas communs vers l’unique vérité, sans que les choix fondamentaux soient changés. Si les deux parties partent d’une herméneutique de justice et de paix, la différence de fond ne disparaîtra pas, mais, entre elles grandira plutôt une proximité plus profonde. Pour l’essence du dialogue inter-religieux, deux règles sont aujourd’hui généralement considérées comme fondamentales: D'abord le dialogue ne vise pas la conversion, mais bien la compréhension. En cela, il se distingue de l’évangélisation, de la mission. Ensuite, conformément à cela, dans ce dialogue, les deux parties restent consciemment dans leur identité, qu’elles ne mettent pas en question dans le dialogue ni pour elles-mêmes ni pour les autres. Ces règles sont justes" quoique "formulées trop superficiellement. Oui, le dialogue ne vise pas la conversion, mais une meilleure compréhension réciproque. Cependant, la recherche de connaissance et de compréhension veut toujours être aussi un rapprochement de la vérité. Ainsi, les deux parties, en s’approchant pas à pas de la vérité, avancent et sont en marche vers un plus grand partage, fondé sur l’unité de la vérité... A ce sujet, je dirais que le chrétien a la grande confiance fondamentale, ou mieux, la grande certitude fondamentale de pouvoir tranquillement prendre le large dans la vaste mer de la vérité, sans avoir à craindre pour son identité de chrétien. Certes, ce n’est pas nous qui possédons la vérité, mais c’est elle qui nous possède: le Christ qui est la Vérité nous a pris par la main, et sur le chemin de notre recherche passionnée de connaissance, nous savons que sa main nous tient fermement."
En Birmanie bouddhiste, les Rohingyas sont persécutés !
Depuis juin, les affrontements entre la minorité musulmane des Rohingyas et des bouddhistes ont fait au moins 180 morts.
Une des minorités les plus persécutées au monde
Les Rohingyas sont considérés par l'ONU comme l’une des minorités les plus persécutées de la planète. Quelque 800 000 d’entre eux vivent confinés dans le nord de l’Etat d'Arakan. Ils ne font pas partie des groupes ethniques reconnus par le régime de Naypyidaw, ni par beaucoup de Birmans qui les considèrent le plus souvent comme des immigrés bangladais illégaux. Ainsi depuis 30 ans, ils sont apatrides dans leur propre pays où ils font l'objet de préjugés considérables au sein de la société birmane, y compris de la part de personnes ayant toujours lutté pour la démocratie, et de minorités ethniques elles-mêmes longtemps opprimées par l’Etat birman. En Birmanie, nul ne cache son hostilité à l’égard de ces « kalar », les illégaux à la peau noire.
Leur « faute » ? Celle d’avoir soutenu les Britanniques dans leur conquête de la Birmanie au XIXe siècle. Depuis, ils sont donc considérés comme des traîtres. Tyrannisés, violentés, discriminés, torturés par leurs concitoyens, des centaines de milliers d’entre eux ont fui au Bangladesh.
Amnesty International, Action contre la Faim, Médecins sans frontière, tous ont tenté d’alerter les pouvoirs internationaux. Le blogueur birman NayPhone Latt, qui avait combattu la junte militaire birmane avec succès, s’est vu fortement reproché sa dénonciation du massacre. Même la chef de l'opposition Aung San Suu Kyi n'a pas véritablement pris la défense de ceux que l'ONU considère comme l'une des minorités les plus persécutées de la planète.
Qualifiée par l’ONU de Palestine d’Asie, la communauté Rohingyas a besoin d’un soutien pour tenter de contrer la purification ethnique dont elle fait l’objet. Subissant viols, agressions et meurtres, la population tente, en vain, de partir de Birmanie. Selon, Amnesty International c’est entre 50 000 et 90 000 individus qui tentent de se refugier au Pakistan, pays limitrophe, alors que celui ci vient de déclarer qu’il fermait ses frontières, ne pouvant plus accueillir cette population migrante.
Extrait, Interview: Grande spécialiste française de la Birmanie, la journaliste Sophie Ansel a co-écrit un livre avec Habiburahman, membre de l'ethnie des Rohingyas, actuellement réfugié en Australie.
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Apôtres de la non violence, les bouddhistes se renieraient-ils en Birmanie ? Des moines et pratiquants du monde entier le pensent et appellent en conséquence à la fin des agressions visant les musulmans rohingyas. Dix sept personnalités ont ainsi rappelé à l’ordre leurs « frères et sœurs bouddhistes » de Birmanie, comme Le moine vietnamien Thich Nhat Hanh ou le réformateur thaïlandais Phra Phaisan Visalo. Selon l’Agence de presse Églises d’Asie, les signataires ont reçu le soutien du dalaï-lama, le leader tibétain ayant exprimé publiquement sa préoccupation à de nombreuses reprises. |
- Le Bouddhisme n'est-il pas une religion qui se dit " non-violente " ?
" Le bouddhisme est effectivement une religion qui prêche la non violence, la tolérance et l’amour. En revanche, l'habit ne fait pas le moine. Ce n'est pas parce que l'on nait bouddhiste que l'on est destiné à la non violence. Le bouddhisme en Birmanie est aussi -de fait- une religion d'Etat depuis des décennies. La construction des milliers de pagodes en Birmanie a eu son lot de travaux forcés. Tout ceux qui pratiquent le bouddhisme n'applique pas la philosophie bouddhiste. Les dictateurs du pays en sont l'un des exemples les plus évidents. Ce sont eux qui ont fait construire la plupart des grandes pagodes. Ils ont aussi tous plus ou moins fait un passage au temple où ils ont été eux même moines quelques temps. En parallèle de moines tolérants, comme pour d’autres religions dans d’autres pays, le fondamentalisme bouddhiste est une réalité en Birmanie, même si l'idée va à contre courant de notre idée en occident. Associé à l'ignorance et la propagande dans lesquels la junte a plongé le pays pendant des décennies, la religion devient aussi une arme pour tenir le peuple et tenir à l'écart les minorités religieuses."
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«Elle refuse, lit-on sur le journal La Croix, de s'engager de peur de prendre parti, dit-elle. http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/Birmanie-l-impossible-reconciliation-entre-bouddhistes-et-musulmans-_EG_-2012-12-05-884058 |
- Quelle est la réaction de Aung San Suu Kyi ?
"Lorsque les violences ont éclaté, Aung San Suu Kyi s'est faite remarquer d'abord par son silence, puis par sa ténacité à marteler la nécessité de la construction d'un état de droit. Elle n'a jamais évoqué le sort des Rohingyas. Les injustices, l’état d’Apartheid dans lequel ils vivent, les abus depuis toujours et qui n’ont jamais cessé, la ségrégation et le racisme, les crimes arbitraires et les viols en masse à leur encontre." ( ...) Elle a eu de nombreuses occasions de s'exprimer sur la situation des Rohingyas, elle ne l'a pas fait. C’était très flagrant lors de son voyage en Europe puis aux Etats Unis. C’était pourtant là qu’elle aurait pu bouleverser la situation pour les Rohingyas." !!!
La femme est l'avenir de l'Eglise ...
Le 18 avril 2012, le cardinal américain William Levada, alors préfet de la
Congrégation pour la doctrine de la foi, demande, à la suite d’un rapport de Mgr Leonard Blair, évêque de Toledo (Ohio), une refonte complète de la Leadership Conference of Women Religious (LCWR), la plus importante
organisation de religieuses américaines, regroupant 57 000 religieuses : celle-ci ferait face à une crise pastorale et doctrinale « grave », beaucoup de religieuses américaines s’étant éloignées
du « centre christologique fondamental et de l’attachement à leur consécration religieuse »
Une fois de plus, elles font parler d’elles. Les Sœurs de la Miséricorde, l’une des congrégations religieuses les plus importantes aux États-Unis, bien connues pour leurs positions progressistes, ont manifesté publiquement leur soutien à Roy Bourgeois, un prêtre que le Saint-Siège vient d’excommunier et de réduire à l’état laïc pour avoir participé à l’ordination d’une femme prêtre. « Son engagement en faveur du rôle des femmes dans l’Église reflète le nôtre », ont même précisé les religieuses, au risque de jeter de l’huile sur le feu, au moment où Rome a demandé explicitement à leur organisation représentative, la Conférence des supérieures des religieuses (LCWR), de revoir ses positions doctrinales « erronées » (lire La Croix du 19/04 et 18/12/2012)
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Sister Maryanne O’Neill interviews a family applying for help at the Brother Andre Outreach Center |
« Nous avons pris Vatican II très au sérieux », assure Sœur Maureen Fiedler, qui anime chaque semaine un programme de radio interreligieux. Elle-même est entrée dans la congrégation de Lorette un mois avant l’ouverture du Concile. « Nous avons mis à jour nos vies en intégrant le message de justice et de paix du Concile. Nous avons puisé aussi à la source des intuitions de nos fondatrices pour répondre aux signes des temps et aux besoins des personnes à la marge dans notre société. »
« Dans nos communautés, explique Sœur Simone Campbell, présidente du réseau de
promotion de la justice sociale Network, à Washington, nous sommes passées d’un mode de vie hiérarchisé à un gouvernement fondé sur le dialogue et la concertation. Nous avons appris à
écouter profondément les mouvements de l’Esprit Saint pour parvenir à une décision. Notre obéissance religieuse n’est pas militaire ! Nous vivons dans une démocratie alors que Rome
fonctionne comme une monarchie. »
Elles dénoncent plus ou moins ouvertement la « domination des mâles »,la « patriarchie ». « Beaucoup d’entre nous se sont engagées dans la société pour défendre l’égalité des sexes, ce qui nous a conduites à revendiquer les mêmes droits dans l’Église, plaide Sœur Maureen Fiedler. Certes, certaines femmes ont de hautes responsabilités dans les diocèses. Mais elles n’ont pas leur mot à dire sur les décisions doctrinales ! »
« La vie est bien plus compliquée que les étiquettes “pro life” ou “pro choice”. Quand on est au plus près des gens, on partage leurs conflits intérieurs, et on ne peut s’enfermer dans une position doctrinale », argumente Sœur Pam, assistante sociale à Southbend dans l’Indiana. « Nous travaillons aux marges, et les situations que nous rencontrons ne sont pas écrites dans les livres. Nous cherchons à écouter l’Esprit Saint pour prendre la meilleure décision », résume Sœur Mary Tiernan.
Source: " La Croix " du 18 décembre 2012, et sites des religieuses LCWR
Quelle place, dans la foi, tient aujourd'hui la virginité de Marie ?
La virginité perpétuelle de Marie, est une « Vérité » qui reposerait sur la réplique de
Marie à l'ange Gabriel venu lui annoncer son enfantement divin: "Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme?" (Luc, I, 34).
Polémiquer sur la rupture ou non de l'hymen de la mère de Jésus, ne relève t-il pas d'une lecture matérialiste des Evangiles ? Cette lecture amène à nous interroger sur le fait que Marie ait pu concevoir le Christ en son sein sans avoir eu de relation avec un homme, mais aussi qu'elle lui a donné naissance ... sans que son hymen soit rompu. Ce qui implique que Jésus soit né miraculeusement, en sortant de son ventre … comme Jésus ressuscité rentrait dans les maisons: sans passer par la porte !
Marie « est restée Vierge en concevant son Fils, Vierge en l'enfantant, Vierge en le portant, Vierge en le nourrissant de son sein, Vierge toujours. [...] Il se créa donc une Mère tout en demeurant dans le sein de son Père ; et naissant d'elle, il ne cessa de demeurer en Lui. Et comment aurait-il cessé d'être Dieu en se faisant homme puisqu'il accordait à sa Mère de ne pas cesser d'être Vierge, tout en l'enfantant ? Aussi en se faisant chair le Verbe n'a point péri, il ne s'est point transformé en chair ; c'est la chair qui s'est unie au Verbe pour ne point périr. » Saint-Augustin dans un de ses sermons.
Peut-on croire à la fois en la conception virginale et en l'Incarnation ? Si Jésus est Dieu et homme, n'est-il pas à la même enseigne que tous les humains... ? Pourquoi « désincarner » Marie ?
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Jan Gossaert dit Mabuse (1458-1541) est un peintre flamand. Si on excepte la nudité de la poitrine, sa Danaé est traitée comme la vierge Marie, une attitude modeste et soumise, le regard reconnaissant, on peut y ajouter le bleu du vêtement bien qu’à cette époque la relation ne soit pas encore aussi forte entre Marie et la couleur bleue. |
Fra Angelico |
René Laurentin (1) dans son Court traité sur la Vierge Marie, défend ce « dogme » ; en expliquant que l'âme est souvent ( et malheureusement ) présentée « comme un double et un au-delà du corps, alors qu'elle en est la forme substantielle et constitutive. Le corps est fâcheusement conçu comme un vêtement, voire une "guenille" ou "une prison de l'âme", alors qu'il en est l'organe vivant et transparent, le signe connaturel. Nos contemporains pensent facilement que ce qui advient au corps n'a pas d'importance pour l'"âme". Quoi d'étonnant que le mystère corporel et spirituel de la virginité en général et de la virginité dans l'enfantement en particulier, paraisse dépourvu de signification religieuse et qu'on bute également sur la transfiguration du Christ chère à l'orient, et, plus généralement sur tous les mystères qui impliquent un rayonnement des réalités spirituelles au niveau du corps?, Laurentin, pp. 177-178.
« Selon la Tradition, en effet, elle est parfaitement "Mère" en même temps que parfaitement vierge. La virginité ne
diminue pas plus la maternité comme telle, que la divinité du Christ ne diminue son humanité. Il ne faut donc pas hésiter à dire: Marie, intégralement Mère, a mis au monde par ses forces
naturelles, avec ce sentiment de don de soi, de maîtrise de soi, et de liberté qui convient à une authentique maternité [...], Laurentin, p. 178
Comment les Pères de l'Eglise ont-ils pu concevoir une « chose » aussi exceptionnelle et non-naturelle ? Laurentin répond qu'ils « Ils s'expriment à ce sujet dans une langue religieuse et poétique, non en termes cliniques. Nous imiterons cette discrétion qui tient à ce qu'ils expriment le droit fil du mystère, et entendent nourrir la foi, non la curiosité. »
Pourquoi affirmer un tel « mystère » ?
Parce qu'il serait lié à la « naissance du Verbe »... Les pères chercheraient à affranchir la naissance
de Jésus, des servitudes et déterminismes de la chair. Le fils de Marie, selon l'humanité est ainsi bien le fils de Dieu de toute éternité.
Comment exprimer que Jésus, est homme mortel, et divin dans sa perfection universelle et éternelle ?
De plus, la vierge Marie voudrait représenter « l'icône parfaite de la foi qui est l'âme de la virginité. » parce que « elle réalise corporellement ce que l'Eglise réalise
spirituellement dans sa foi, c'est-à-dire la virginité dans la fécondité, elle qui a conçu Dieu en son coeur avant qu'en son corps (Augustin) »
Jésus-Christ et le couronnement de la Vierge- Marie:
la-peinture-de-sienne-eglise-sata-maria
Pas sûr, qu'aujourd'hui nous comprenions très bien ce rapprochement entre Marie, l’Église et la foi
… !
Marie serait la « nouvelle Eve », donc un nouveau point de départ de la création …
Alors, si j'apprécie le symbolisme du corps, comme partie intégrante de l'homme, qui est sauvé par le Christ... Il
m’apparaît, qu'aujourd'hui, nous ne pouvons comprendre que la non-virginité soit l'image de la chute...
Ainsi, Justin philosophe chrétien du IIème siècle, oppose Ève et Marie. Il explique qu'Eve était "vierge et non souillée" avant d'écouter le serpent. Pour réparer la faute d'Eve, Marie doit forcément être vierge.
Ces conséquences théologiques, aujourd'hui, deviennent incompréhensibles … !
(1) René Laurentin est né le 19 octobre 1917 à Tours (France). Prêtre, théologien, exégète, historien, spécialiste notamment des apparitions mariales. Ancien expert au Concile Vatican II, Membre de l’Académie théologique pontificale « Pontificia Academia Mariana Internationalis » de Rome...
La "conversion" d'Ignace de Loyola -3-
« Inigo », de François Sureau ( 2010 ) est le récit d'une conversion, d'une aventure intérieure qui a lieu de 1521 à 1523, d’une tourmente spirituelle à une époque charnière où l’ère chrétienne, médiévale et féodale, bascule dans la Renaissance, autrement dit dans la modernité.
C'est dans sa chambre de convalescent qu'« Un matin, il s’aperçut que le Roi d’Espagne ne lui suffisait plus. Ni le roi ni sa cour, ni ses généraux ni ses prêtres : ils n’étaient que des hommes arrêtés à mi-chemin et qui se satisfaisaient de peu de chose. Ils portaient de l’or et de la pourpre, mais vivaient d’arrangements, comme le moindre des fermiers du Guipúzcoa. Il passa tout le jour à chasser cette pensée, qui revenait sans cesse. » (p. 74)
Jacopo TINTORET 1518-1594 Conversion Saint-Paul
Quel est l'objet de sa conversion, sachant qu'Ignace n'était pas un païen, mais un chrétien du passé, d'une foi reçue mais non choisie … Sa « conversion » n'est que l'amorce d'un long et douloureux cheminement où vont alterner illuminations, visions, pleurs, doute, désespoir, lassitude..etc
« Une nuit qu’il ne pouvait plus prier en silence tant sa confusion était grande, il se mit à hurler en appelant Dieu au secours. Il lui disait n’avoir trouvé aucun remède chez les hommes ou en lui-même. Il suppliait que Dieu lui montrât ce qu’il devait faire pour être délivré. Il se dressait éperdu devant le Créateur, et d’une voix inhumaine lui promettait de suivre même un chien, si c’était ce qu’il devait faire. Réveillés par le bruit, deux frères dominicains, alarmés, vinrent frapper à sa porte. Il ne leur ouvrit pas. Il était au-delà de la charité des autres. Il n’avait plus confiance que dans ce Dieu invisible qui s’était pourtant retiré de sa vie. » (p. 130)
« L'appel de Dieu n'a pas contredit cette nature, mais l'a poussée, en la purifiant, à son point d'aboutissement »
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Jacopo Robusti, dit Tintoretto, en français Le Tintoret, (1518 - 1594) |
«Dieu vient chercher les hommes là où ils sont nés et tels qu’ils sont» (p. 15). Il prendra Inigo avec sa violence, son désir de gloire et des femmes, son goût du bonheur aussi. Nul saint n’a choisi de devenir saint. Inigo cherche la joie, «avec le pressentiment d’une vie plus grande cachée sous l’autre» (p. 63)
« Il comparait ce qu’il avait lu et ce qu’il avait vécu », indique François Sureau, soulignant par là l’originalité de ce qui deviendra la méthode ignacienne : un regard libre sur une expérience éprouvée. Il lit saint Augustin et saint Benoît. « Il ne s’agissait pas de se conformer aux traditions pour trouver sa place dans un monde qui n’était chrétien qu’en apparence »
Ignace devient pauvre avant de devenir saint, Inigo vit d’errances et de mortifications. « D’où tenait-il que Dieu lui avait demandé de pareils sacrifices ?» se demande l’auteur. L’orgueil prévaut dans les macérations. Et la prière, Inigo l’apprend : « On se tait en présence du roi. Il voulait se taire en présence de Dieu. La plupart des mots que prononçaient les hommes étaient inutiles, et les autres étaient impurs.»
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Le Tintoret, La Cène (Ultima cena), 1594, Basilique San Giorgio Maggiore de Venise |
Plus qu'une conversion, Inigo vit une libération de ce qu'il croit être, à la lumière de l'expérience … La liberté est indissociable de l'appel de Dieu. Il s'agirait, dans l'idéal, de confirmer le projet que Dieu a sur nous. Se libérer de ce qui n'est pas moi, pour que j'existe enfin !
Ce qu’a appris Inigo, on le retrouve dans l’œuvre de Simone Weil : on ne se rend pas libre par un effort de volonté mais au contraire par la passivité, l’abandon à l’amour de Dieu.
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François Sureau est un écrivain français né en 1957 à Paris, avocat, énarque, anciennement maître des requêtes au Conseil d'État. Il est également le cofondateur et codirecteur de la Revue française d'économie. il est également président fondateur de l'association Pierre Claver, aidant les personnes déplacées par force de leur pays d'origine et trouvant refuge en France.
L’auteur qui avoue en fin de livre « Les mitres et les chasubles ne m’ont jamais plu et tout cet appareil processionnaire où l’orgueil des hommes se complaît, dans lequel ils me paraissent prostituer Dieu à leur désir de gloire, et par lequel ils maintiennent les peuples dans une crainte révérencielle qui justifie à mes yeux l’athéisme le plus incommode ».
J'ai retrouvé [chez Ignace] un écho du Rimbaud de l'errance, qui était mû, écrit Bonnefoy, par le
« double désir d'un corps et d'une âme, d'un salut et d'une liberté dans le salut ». C'est par là, je crois, qu'Ignace m'a touché d'abord, avant même que je le
connaisse mieux. Que l'humiliation fût un moyen d'y parvenir, cette idée si étrangère à nos contemporains ne m'a pas rebuté. Quiconque a tenté de garder les yeux ouverts après
la trentaine sait sur quoi se fonde l'estime de soi et l'estime des autres et ce qu'elles valent. Que l'on pût vouloir s'en priver, comme Ignace l'avait fait, ne m'a pas
étonné. La conversion, entendue au sens non seulement d'une illumination mais aussi d'un exercice, lui avait rendu visible cette espèce de fluide du mal, qui s'insinue partout, et dont nous
pouvons freiner, ou au contraire accélérer, la circulation. Il avait compris qu'il dépend de chacun que l'empire du mal s'étende ou se réduise; je parle ici du mal
concret autant que du mal moral, de la guerre comme du mensonge, de la faute secrète et des spectacles auxquels j'ai assisté en Bosnie ou en Afghanistan et qui m'ont rendu Ignace très
proche, parce qu'il donnait du mal, non pas une explication - ce serait, dit Augustin, voir les ténèbres ou écouter le silence - mais une description utile et réaliste. Et cette description
était encourageante. Que l'homme se montre oublieux de sa filiation divine, qu'il laisse le désordre des illusions l'emporter, alors il cesse d'être libre et créateur, et le
mal conquiert de nouveaux espaces, de nouvelles âmes.C'est la victoire de la mort, une sorte de dé-création. Qu'il se souvienne, se discipline et réponde à l'appel qui
lui est adressé, il devient - fût-ce au prix d'une rude ascèse - celui en qui Dieu lui-même peut se reconnaître, parce qu'il collabore aux mille aventures d'une Création qui préfigure le
Royaume. Serviteur inutile, sans doute, mais serviteur conquérant et, d'une certaine manière, joyeux.
p. 146-147 François Sureau, Inigo |
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L'attente de Qui ?
« L'Avent » : nous attendons le Seigneur... Dans quelques jours, nous n'attendrons plus : il sera là … ! Il y de la logique, du bon sens … et quelque chose qui me gène pour avancer... ? J'attendrais Dieu ? Non.. ! Il est là, présent …
Il s'agit en fait d'une erreur de perspective...
Un message posté sur le blog d'Orfée45 , trouve les mots...
Bien sûr ! L'attente de Dieu : c'est Dieu qui attend !
" L’attente de notre venue à nous, vers Lui. Mouvement qu’il attend, en retour, qu’il attend tellement, aussi patient dans l’attente qu’il est lent à la colère.
Et si le Temps n’était que … l’Attente de Dieu ? L'une de ses expressions... " |
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L'avent, c'est peut-être aussi, une pédagogie divine : Dieu qui se fait attendre, pour en éprouver le « manque »...
Il y a aussi l'attente – façon Simone Weil - « elle y voyait la vigilance du serviteur tendu vers le retour du maître. Ce titre exprime aussi le caractère inachevé qui, à cause même des nouvelles découvertes spirituelles qu'elle fit alors, tourmentait Simone. » ( cf Préface de JM Perrin )
De l'épée au savoir, avec Ignace de Loyola ( 1491-1556) -2-
La quête d'Ignace de Loyola commence par une expérience de conversion, au double sens du terme.
D'une part une
découverte nouvelle de Dieu et d'autre part un changement dans sa manière d'appréhender l'existence. Bref, un changement de direction au cours de sa marche.
Dans sa poitrine bat un nouveau cœur: non plus celui d'un soldat, mais celui d'un moine-chevalier. Avant de quitter sa chambre de malade, il fait le vœu d'être l'esclave, le champion, le
chevalier errant de Marie. Elle est la Dame de son cœur: en bon chevalier, il se rend au sanctuaire de la Vierge à Montserrat, où il dépose ses armes devant sa statue et veille toute la
nuit.
Sa référence reste la chevalerie, et celui qu'il sert est - le Christ ... Il décide de ne pas
manger d'autre nourriture, de ne pas porter d'autres vêtements que ceux de son Roi, et de supporter les mêmes épreuves et les mêmes veilles. Abandonnant son panache et son armure, son épée et son
bouclier, il revêt une cape de mendiant. Il se retire dans la montagne à Manresa, où il vit quelque temps dans une grotte obscure. Là il se livre à toutes les pénitences et à toutes les
mortifications pratiquées par les premiers anachorètes dont il veut imiter la sainteté. Un jour on le trouve gisant à l'entrée de la grotte, à moitié mort.
Si l'habit du pèlerin a remplacé celui de l'hidalgo, les conflits sous-jacents sont loin d'être réglés. .. Les Exercices spirituels, mis au point à ce moment-là, en portent la marque : le narcissisme du soldat entièrement donné au service de son roi fait place au narcissisme du saint, enrôlé sous l'étendard du roi céleste. A l'époque, le monde était au pèlerinage et plus particulièrement vers Jérusalem. Pour inaugurer cette vie nouvelle, Ignace se fait pèlerin.
Grotte d'Ignace de Loyola, à Manresa
Après le pèlerinage en Terre Sainte, émaillé de quelques éclats passionnés dus à son caractère... Ignace désapprend enfin ses rêves. Avec la certitude que Dieu est présent et travaille ce monde, il va chercher ses traces vivantes au cœur des hommes de son temps.
Il sera désormais habité par la question " Quid agendum " Que faire ?
Il décide, pour mieux conduire les âmes et accomplir sa nouvelle mission, de reprendre et de poursuivre ses études. En effet, partager l'audace de son temps, c'est prendre l'outil de son époque ( non plus l'épée... ) mais le savoir. Il sait que le Seigneur Dieu lui donne rendez-vous là où s'instruisent les hommes qui préparent le monde de demain. Ignace passe du Moyen-Age à son temps, et sa manière de faire ce passage donne naissance à une spiritualité, une manière d'aller à Dieu et d'être du monde, et à une pédagogie.
Pour Ignace de Loyola, rien ne se vit hors du monde. Le monde est le lieu où l'homme puise ses richesses, où l'homme est appelé à poursuivre l'œuvre de création. Ignace à une vision du monde qui le lui fait aimer.
De la chevalerie, à Ignace de Loyola ( 1491- 1556). -1-
Perceval, rêve de devenir chevalier. Le chevalier est un être fait de chair et de désir, son idéal prend racine dans la défense du droit et de la paix, dans la défense du faible et du pauvre … Le chevalier exalte les valeurs masculines mise en œuvre dans les « épreuves » auxquelles il lui tarde d'être confrontées :
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Le voyage et ses dangers. L'errance et la rencontre
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Le combat : la fureur et la paix. La force et la peur. La beauté et la mort.
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L'énigme et le savoir. La naïveté et la sagesse.
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La solitude et le désir. L'amour et la liberté...
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L'honneur, et le mystère. Le coeur et l'épée.
Cette Quête, le chevalier- même solitaire - ne peut l'accomplir sans la rencontre du féminin.
Ce chemin est profane et sacré, mythique et mystique … Dans la figure d'Ignace de Loyola, la mission du chevalier rejoint les missions de l'Eglise. Ses armes, sont celles de Jésus-Christ, et son épée est la Parole.
La Rendición de Granada (dos de enero de 1492) por Francisco Pradilla y Ortiz, 1882
Le parcours que je décris, bien qu'ancré dans la chair d'une époque, est mythique en ce qu'il s'attache à un idéal. Le chevalier est mu par l'idéal. Malheureusement l'histoire est aussi marquée par les dérives des passions humaines...
Iñigo López de Loyola est né en 1491, presque en même temps que Luther ( 1483-1546) , un an avant la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. C'est l'aube de nouvelles découvertes et de nouveaux défis...
Ses parents lui ont appris la foi, mais ce monde en déclin ne le retient pas... Il préfère profiter de
ses dons, chérit son épée et les « donzelles ». Inigo (il choisira plus tard de s'appeler Ignace ) est basque, tout pétri de bravoure et de sensualité, il rêve de devenir un héros d'un
roman de chevalerie... Il a deux passions, la guerre et les femmes. Sa passion de la guerre le mène à Pampelune. Le 20 Mai 1521, il est frappé par un boulet français projeté dans la place
assiégée tenue par Ignace, il lui brise la jambe. Ignace doit alors se rendre aux Français. Fier et courageux, il doit cependant se soumettre. C’est là le début de sa quête et celui de de sa
conversion.
C'est l'apprentissage de la douleur... Trois fois on va rouvrir ses blessures dans d'atroces souffrances. Ignace de Loyola va-t-il rester boiteux? Est-ce possible? Ce serait alors fini ce ton altier et sa prétention d’être quelqu’un. Et, les femmes ; se détourneront-elles en l’apercevant?. Peut-il accepter ainsi de souffrir, de continuer une vie inutile, à commencer par longue période de convalescence ?
Au château familial il n'existe qu'une seule sorte de livres, des vies de saints et la vie de Jésus...
. Son père et sa mère sont morts, mais il y a la présence attentive et affectueuse de sa belle et pieuse belle-sœur Magdalena. Il aurait bien préféré un roman de chevalerie.
Qu'importe ! Il en commence un dans sa tête. Il sculpte les nuages du rêve. Il bâtit des châteaux en Espagne. Il monte des coups, surtout le coup qui lui vaudra de devenir le mari fascinant d'une
certaine princesse.
Mais fatigué de rocambolesque, il ouvre des vies de saints: des moines et des ermites du désert thébain et du massif du Sinaï. Son imagination s'enflamme en les voyant braver la faim et le froid avec une si parfaite maîtrise d'eux-mêmes. Il s'émerveille d'apprendre comment ils arrivent à se dominer et à lutter contre des esprits méchants. Il admire les visions glorieuses et les récompenses insignes dont ils sont gratifiés: n'ont-ils pas gagné pour toujours le respect des hommes, en même temps que la félicité et la dignité céleste? ... La citadelle qui résiste maintenant c'est son propre cœur, encore confisqué par la gloire du monde. Il découvre l'histoire de Jésus; surpris, il apprend aussi que c'est une histoire d'amour. Cette histoire d'amour le conduira vers le service d'un « autre » toi : Dieu.
Dieu serait-il inutile ?
Dieu est incompétent pour résoudre nos problèmes quotidiens... Peut-on, d'ailleurs, lui reprocher les dérèglements
de l'univers ?
Et l'inutilité d'une chose, peut induire une certaine indifférence … ( D'une chose oui, mais de l'être … ? )
Dans nos sociétés sécularisées, il est incontestable que Dieu a perdu un certains nombre de fonctions :
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La science légitimement peut rejeter l'hypothèse de la « cause première » …
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L'homme (seul) peut progresser en « humanité » ; à tel point que croyant ou incroyant, nous avons à assumer notre condition humaine, comme si Dieu n'existait pas : Dietrich Bonhoeffer du fond de sa prison de la Gestapo disait qu'à l'époque moderne, il s'agit de vivre devant Dieu l'absence de Dieu dans le monde...
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Sur le plan social, malheureusement une certaine théologie a légitimé un certain ordre social... Et depuis l'époque moderne, l'institution ecclésiale n'est plus une force de progrès social .. !
L'avantage d'un tel constat, est de pouvoir facilement rejeter toute image d'un Dieu-explication de toutes les
énigmes, un Dieu recours et manipulé … ! Il est trop facile de définir Dieu comme la réponse à toutes nos attentes.
Aujourd'hui, nous préférons parler de « gratuité », plutôt que d’utilité de Dieu... Gratuit vient de « grâce »... La grâce ne se quantifie pas, la grâce est de l'ordre de la « beauté », du « plus » que le nécessaire ...Plus que le nécessaire, parce que l'on peut découvrir alors l'au-delà de la contingence éphémère, l'au delà du non-être ...
Dieu ne répond pas aux besoins contingents … !
Illustrations de Igor Morski