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Les légendes du Graal
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L'Histoire de Parzival de Wolfram von Eschenbach – 3/,- L'Histoire de Gauvain

26 Février 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Gauvain, #Amour Courtois, #Eschenbach, #Parzival, #Moyen-âge, #Littérature

Les livres VII et VIII rapportent uniquement les aventures de Gauvain.

Gauvain au contraire de Parzival, est dès son apparition l'incarnation de la chevalerie idéale. Lui aussi doit affronter des tâches de plus en plus difficiles en raison des défauts de la société courtoise ; mais tous les conflits auxquels il est confronté tirent leur origine du fait qu'il comprend mal ce qu'est l'amour (c'est la problématique de l'amour courtois). Gauvain cependant se montre capable de résoudre les problèmes qui en découlent, même si au cours des ans il est incapable d'être fidèle à son épouse - ce en quoi il s'oppose encore à Perceval. ( wiki)

 

Le héros s'est mis en route pour se rendre au royaume d'Ascalon, où il doit affronter Kingrimoursel en combat singulier. Il rencontre une grande troupe guerrière ; c'est l'armée du roi Méliant ( Meljanz de Liz) , qui va assiéger Belleroche ( Bearosche) , château du prince Lyppaut. Méliant veut se venger des avanies que luia infligées la fille aînée de Lyppaut, Obie.

Gauvain suit l'armée et arrive à Belleroche ; il n'a d'abord nul dessein de prendre part au combat qui se prépare. Il va camper sous les murs du château ; d'en haut les dames de contemplent. Méprisante, la fille aînée de Lyppaut, Obie, déclare que cet étranger n'est qu'un marchand ; la jeune sœur, Obilôte, au contraire, vante l'air noble du nouveau venu et se déclare prête à lui accorder son amour.

Le maréchal du château, Schérule, invire Gauvain à pénétrer dans la ville et lui offre l’hospitalité. Le prince Lyppaut vient lui rendre visite et le prie de l'aider à repousser les ennemis. Gauvain ne croit d'abord pas pouvoir y consentir ( il ne veut pas être impliqué dans une bataille parce qu'il est obligé d'arriver à temps et sans blessures à Ascalon); mais il finit par céder, quand la jeune Obilote, qui n'est d'ailleurs qu'une enfant de sept à huit ans, lui adresse la même prière. Avec un grand sérieux, la fillette adopte le langage et les manières des grandes personnes. Gauvain la traite avec autant d'égards que si elle était déjà une dame. Il emporte au combat, comme un véritable chevalier servant, le présent qu'il a reçu d'elle. Il défait successivement les chefs de l'armée ennemie, blesse Méliant et le fait prisonnier. Sur la prière d'Obilôte, le roi Méliant se réconcilie avec Obie et l'épouse. Gauvain prend congé de tous et en particulier de la jeune Obilôte, désolée de le voir s'éloigner. Il repart seul vers Ascalon.

Parzifal est apparue un instant dans ce livre ; on l'a vu combattre glorieusement dans l'armée du roi Méliant, mais son rôle demeure très effacé.

Gawan und Antikonie

( Livre VIII) En arrivant dans le royaume d'Ascalon, Gauvain rencontre le roi du pays, Vergulaht, qui est en train de chasser. Vergulaht s'excuse de pas l'accompagner jusqu'au château; il l'envoie à sa sœur, la belle et séduisante princesse Antikonie. Cette dernière accueille l'étranger avec empressement. Bientôt, Gauvain en vient à la requérir d'amour, et elle laisse voir qu'elle répond jusqu'à ce que cela les met tous les deux dans une situation compromettante, quand à ce moment un vieux chevalier entre dans la salle... Il ameute contre Gauvain les habitants du château qui pensent qu'il a l'intention de violer la jeune femme. Conduit par Antikonie, Gauvain se réfugie dans une tour; il se défend à l'aide d'un échiquier, tandis que la princesse lance sur les assaillants les figures du jeu d'échec. Le roi, survenant, veut en personne attaquer Gauvain. Mais le landgrave Kingrimoursel qui, devant toute la cour d’Arthur, avait provoqué Gauvain, prend la défense de ce dernier. Après de longues discussions, le roi consent à une trêve. Kingrimoursel remet à une année le combat singulier qui devait l'opposer à Gauvain.

Vergulaht tient conseil avec ses barons : au cours de l'entretien, il leur conte qu'il, a été récemment vaincu en combat singulier, par un chevalier inconnu, vêtu d'une armure vermeille ( Parzival), lequel lui a imposé ou bien de partir en quête et trouver le Graal, ou, bien d'aller se constituer prisonnier près de la reine de Beaurepaire. Un des conseillers du roi Vergulahl l'engage à libérer Gauvain, en lui imposant de rechercher le Graal. Gauvain accepte et prend congé de la cour et d'Antikonie.

Kingrimoursel accompagne Gauvain pendant quelque temps et se charge de ramener ses écuyers et ses pages en leur pays.

L'Histoire de Parzival de Wolfram von Eschenbach – 3/,- L'Histoire de Gauvain
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L'Histoire de Parzival de Wolfram von Eschenbach – 2/,-

22 Février 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Perceval, #Parzival, #Graal, #Cundry, #Eschenbach, #Contes Mythes Légendes, #La Quête du Graal, #Légende arthurienne, #Moyen-âge

Parsival en chemin vers Montsalvat d'André Kosslick artiste allemand 1703-1770

Parsival en chemin vers Montsalvat d'André Kosslick artiste allemand 1703-1770

Parzival au Gralsburg ( Château du Graal) - Livre V -

Parzival a quitté son épouse Condwiramour... Le motif de cette douloureuse séparation est la quête de sa mère ; et cela veut aussi bien dire la quête de sa propre mission qui est de découvrir le Graal.

par André Kosslick ...

Parzival arrive le soir au bord d'un lac perdu dans une forêt. Il aperçoit deux pêcheurs dans une barque et leur demande s'il est quelque demeure, aux environs, où il puisse passer la nuit. L'un des pêcheurs lui indique le chemin d'un château proche en Terre de Salvaesche; il annonce à Parzival qu'il sera lui-même son hôte en ce château. A son arrivée, Parzival est reçu avec honneurs ; on lui ôte son harnois ; on lui prête un manteau de soie ; puis on le conduit dans une vaste salle, où sont assemblés quatre cent chevaliers, tous tristes...

Parzival retrouve là celui qu'il avait pris pour un pêcheur : c'est Anfortas, roi du pays environnant et oncle de Parzival ( Anfortas est le fils du défunt roi Frimutel et le frère de Herzeloyde)... Anfortas qui souffre d'une maladie mystérieuse *, est à demi étendu sur un lit de sangle, devant un grand feu, dans le vaste salle du château. Parzival prend place à son côté.

* Anfortas est incapable de marcher, de monter à cheval, de s'étendre, de se tenir debout, il ne peut que s'adosser à un appui. Par la pêche, il trouve un peu de à son infortune. Le roi du Graal subit le châtiment d’un amour interdit, sous la forme d’une blessure aux parties génitales infligée par un coup de lance.

Parzival assiste alors à un spectacle surprenant : un page entre avec une lance dont la pointe laisse tomber des gouttes de sang, fait le tour de la salle - des lamentations générales la suivent - puis disparaît. Viennent ensuite, en un cortège magnifique, vingt-cinq jeunes filles, qui tiennent en main des lumières, des pieds de table en ivoire, une table taillée dans une pierre précieuse et des couteaux d'argent; la reine Repanse de Schoye porte le Graal, qu'elle dépose devant le roi Anfortas

<- Parsifal avec Amfortas dans le Château du Graal. Peinture murale dans la Salle des Chanteurs, August Spiess, 1883 château de Neuschwanstein

Le Graal est une pierre précieuse, dispensatrice de vie ; il fournit aux assistants tout ce qu'ils souhaitent : mets et boissons ; et offre la vie éternelle ...

Le Graal est le but le plus élevé des désirs terrestres et le symbole du salut entre le ciel et la terre. Aucun humain n'a encore vécu - assez pur et noble - pour être digne d'être le Gardien du Graal.

Parsifal - The Grail in 1933 German stamp

Parzival admire toutes ces merveilles, mais, se souvenant des préceptes de Gornemant, s'abstient par discrétion, de poser aucune question. Il n'interroge pas même le roi, quand ce dernier lui fait cadeau d'une épée. Arès le festin, on le conduit dans une chambre où il s'endort d'un sommeil inquiet et troublé : un rêve pénible lui donne à penser que des épreuves cruelles l'attendent dans la vie.

Le lendemain, au réveil, il trouve le château désert. Il se met en selle ; au moment où il franchit le pont-levis, un écuyer invisible l'invective et lui reproche de ne pas avoir posé de questions. Parzival, poursuivant son chemin dans la forêt, rencontre sa cousine Sigune échevelée qui pleure toujours son prince mort - elle embrasse son cadavre embaumé!. Elle lui révèle qu'il vient de passer la nuit au château de Montsalvage ( Munsalvaesche)..  Ce château ne peut pas être trouvé intentionnellement, seul le hasard offre cette opportunité à ceux qui sont dignes du Graal... L'épée que lui a donnée Anfortas, est une épée magique fabriquée par le célèbre forgeron Trebuchet.

Parzival und Sigune

Quand il est forcé d'avouer à Sigune qu'il n'a même pas été capable de dire une simple parole de consolation, elle le maudit ... Il la quitte alors. Il rejoint bientôt la duchesse Jeschoute ( Jeschute) , épouse du duc Orilus, qui l'a condamnée à mener une vie humiliante et dure, parce qu'il croit qu'elle a, un an plus tôt, accordé son amour à Parzival... Ce dernier combat contre Orilus, le vainc, jure solennellement que la duchesse est innocente, qu'il n'a jamais eu de relations avec elle, et réconcilie les deux époux. Sur son ordre, Orilus doit aller à la cour d'Arthur, pour faire savoir à Cunneware qu'elle sera vengée de l'affront que lui a jadis fait le sénéchal Ké...

 

( Livre VI) Arthur s'est mis en route avec toute sa cour, pour rechercher Perceval, qu'il voudrait voir de joindre à la troupe des Chevaliers de la Table Ronde. Il a fait promettre à tous ceux qui l'accompagnent de ne jamais prendre part à un combat singulier sans en avoir reçu de lui la permission. Précisément Parzival se trouve justement dans la même région qu'Arthur.

Une couche de neige recouvre le sol. Près de lui un faucon poursuit une oie sauvage : quelques gouttes de sang tombent sur la neige, près de Parzival. Le blanc et le rouge le font songer à son épouse, Condwiramour ; il est si profondément plongé dans ses pensées qu'il est hors d'état de prêter attention à ce qui l'entoure.

Or un page, venu du camp d'Arthur, l'aperçoit et, croyant voir en lui un ennemi, va jeter l'alarme au camp. Segramor obtient d'Arthur la permission d'aller combattre l'étranger. Bien qu'à peine sorti de son état hypnotique, Perceval le désarçonne. Alors le sénéchal Ké vient à son tour le provoquer ; dans une sorte d'état de somnambulisme, Parzival jette à terre Ké, qui se casse un bras et une jambe. Gauvain enfin vient trouver le chevalier étranger et, ayant deviné la raison de son attitude singulière, cache sous un tissu les gouttes de sang répandues dans la neige. Parzival revient alors à lui. Il apprend de la bouche de Gauvain qu'il a vengé, sans le savoir, l'affront jadis fait à Cunneware. Il se rend avec Gauvain à la cour d'Arthur, où on lui fait un magnifique accueil et où l'on donne une fête en son honneur. Toute l'assemblée se réjouit.

Trois scènes du Parsival de Wolfram d'Eschenbach

Parzival est accueilli à la Table Ronde avec tous les honneurs de la cour ; il est ainsi monté jusqu'au sommet de la hiérarchie des chevaliers. La Table Ronde se réunit pour le repas pris en commun ; il semble que là toutes les oppositions, toutes les fautes, toutes les rivalités internes sont pardonnées et effacées.

C'est justement à ce moment, où se manifeste la splendeur et la sûreté de soi de la société noble la plus typique, que se présentent deux personnages qui détruisent totalement cette atmosphère de gaîté, en proférant malédictions et reproches amers contre l'honneur chevaleresque de Gauvain et de Parzival, ce qui met fin immédiatement à la fête...

En effet, on voit soudain apparaître Kundrie ( Cundry) la sorcière, qui maudit Parzifal, parce qu'il a négligé, lors de son séjour au Château du Graal, de poser la question qui eût délivré Anfortas. Elle invite d'autre part les chevaliers présents à tenter une belle aventure : quatre cents dames sont prisonnières au Château de la Merveille ; ceux qui les délivreront pourront compter sur la reconnaissance des prisonnières.

Kundrie possède une apparence repoussante ( nez à fome de chien, dents qui dépassent de la bouche, oreilles d'ours, mains à la peau de singe, ongles sales comme des griffes...) ; même son frère Malcreature est répugnant à l’extérieur... La raison de cette apparence laide est une "inconduite lointaine" qui remonte à Adam. Ses filles avaient été mis en garde de ne pas prendre certaines herbes pendant la grossesse, elles ont ignoré ses conseils, de sorte que des enfants déformés sont nés. Ce faisant, ils ont changé "la forme que Dieu nous a donnée dans l'acte de création"

Cundry est qualifiée de "sorcière" par la vieille reine Diptam au Château magique Clinschors, qui lui explique les remèdes avec lesquels elle prendra plus tard soin de la santé de Gauvain. Elle apporte également de la nourriture pour toute la semaine Sigune, en deuil, à l'ermitage de Trevrizent, tous les samedis...

Cundry contraste avec Parzival et les dames de la cour. En effet, elle a une haute éducation et de fortes valeurs morales, ce qui la différencie de Parzival : ainsi, elle maîtrise le latin, l'arabe et le français sans erreurs et maîtrise également la dialectique, la géométrie et l'astronomie. En raison de son savoir, elle est appelée "la sorcière". Elle est connue pour parler "comme une cascade" et son discours ne cesse jamais. Avec ses paroles, elle "détruit toujours tout plaisir et toute joie"...

Après Kundrie apparaît un chevalier étranger, Kingrimoursel ; il vient provoquer en combat singulier Gauvain, qu'il accuse ( à tort) d'avoir déloyalement fait périr le roi Kingrisin. L'assemblée se sépare tristement. Avant de partir pourtant, Parzival unit Clamadieu et Cunneware. Il apprend d'une reine étrangère, Ecuba, qu'un sien frère vit en Orient : c'est un roi puissant et riche, du nom de Feirefis.

Parzival se débat avec lui-même et contre le monde, il est tourmenté par le doute... C'est là que se révèle l'idée superficielle de Parzival au sujet de Dieu : il explique - son refus de parler au château du Graal - par le fait que Dieu a refusé de s'occuper de lui, alors qu'il aurait pu manifester sa toute-puissance en guérissant Anfortas et en préservant ainsi Parzival, son serviteur fidèle, de l'imprécation déshonorante lancée par Kundrie. Comme dans un rapport de vassal à suzerain, Parzival dénonce sa soumission à Dieu ...

Hermann Hendrich - Parsifal voit les trois gouttes de sang

Il quitte la Table Ronde, pour se lancer dans la Quête du Graal. Il part pour une recherche solitaire du Graal qui durera plusieurs années, et devient par cela même un personnage secondaire...

Gauvain de son côté, se met en route pour se rendre au Royaume d'Escalon, où doit avoir lieu son combat avec Kingrimoursel.

A suivre ...

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L'Histoire de Parzival de Wolfram von Eschenbach – 1/,-

18 Février 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Eschenbach, #Parzival, #Contes Mythes Légendes, #La Quête du Graal, #Littérature, #Légende arthurienne, #Moyen-âge, #Perceval

« O vous qui avez une saine intelligence, soyez attentifs à la doctrine qui se cache sous le voile de ces vers étranges . » (Dante) -

« Je ne tiendrais pas pour sage celui qui ne discernerait pas facilement

les solides enseignements que renferme ce récit »

(W. von Eschenbach). »

Lohengrin and Elsa - Parzival and Condwiramurs - Gahmuret and Herzeloyde

 

Gamuret et Herzeloyde

Cela commence avec l'histoire de Gamuret ( Gahmuret) – le père de Perceval ( Parzival ) - . Gandin, roi d'Anjou, a deux fils, Galoès et Gamuret ( le cadet). A sa mort l'aîné hérite de ses États, l'autre cherche fortune en Orient et sert le kalife de Bagdad, Baruch, alors en guerre avec les princes de Babylone, Pompeius et Ipomidon, puis il erre en d'autres pays; le vent le jette sur la côte d'Afrique, où une belle princesse maure, Bélacane, est assiégée par le roi d'Écosse Friedebrand et les Maures d'Assagog. Il la délivre, l'épouse; mais bientôt l'ennui d'une vie sédentaire lui fait abandonner Bélacane. Peu après son départ, la malheureuse reine accouche d'un fils dont la peau tachetée de blanc et de noir rappelle sa double origine, elle le nomme Fièrefils.

Gamuret aborde en Espagne. Il apprend qu'Herzéloïde, reine de Galles et de Norgals, a promis sa main et ses États au vainqueur d'un tournoi qu'elle donne en sa capitale de Canvolès. Une foule de princes prétendent à un si haut prix ; mais Gamuret triomphe de tous ses adversaires; et au moment où il épouse Herzéloïde – après avoir écarté la revendication amoureuse de la reine de France, Ampflise... Il apprend que sa mère et son frère Galoès sont morts, le laissant héritier du royaume d'Anjou. Mais Gamuret ne peut jouir paisiblement de tant de puissance; le goût des aventures l'entraîne encore ; il repart. Six mois après Herzéloïde, déjà inquiète d'un songe sinistre qui lui présageait les plus grands malheurs, elle apprend que son époux a péri devant Bagdad. Quatorze jours plus tard elle met au monde Parzival.

Herzeloyde et Parzival enfant

Parzival, est le fils de Gahmuret – en lien familial avec Arthur – et de Herzeloyde – en lien avec le Graal - . Avec la mort de Gahmuret ; c'est peut-être aussi l’ancien monde chevaleresque qui fomente la passion et la douleur, qui meurt ( même si ses valeurs restent fortes...). Herzeloyde en totale liberté apporte quelque chose de nouveau dans le monde. Elle rompt avec l’ancien et met le nouveau à sa place, jusqu’à sacrifier sa vie pour cela.

Herzeloyde abandonne toute sa richesse de ses trois royaumes et se retire avec l’enfant et quelques esprits serviables dans la « solitude » de la forêt de Soltâne.

Herzeloyde, ne vit plus que pour son fils. Elle se retire avec Parzival dans un lieu désert, la forêt de Soltane. Délibérément, elle lui fait tout ignorer du monde et de la vie en dehors de la forêt, elle ne le prépare en particulier à rien de ce que réclamerait, sur le plan social, éthique et guerrier, son statut de chevalier et de seigneur.

Ce n’est que plus tard qu’il apprendra son nom et son origine de la bouche de sa cousine Sigune, peu avant d’arriver pour la première fois à la cour du roi Arthur

Parzival grandit en harmonie avec la nature. Et, Herzeloyde essaie de protéger son fils des dangers de la chevalerie, et même d’être tenté par elle, mais elle n'y réussira pas. Dans l'espoir que son fils lui reviendra après avoir fait dans le monde assez de mauvaises expériences, elle l’habille comme on habille les ''simplets'' et elle lui donne sur la façon de se conduire des instructions absurdes qui, observées à la lettre et jointes à son habit, ne peuvent manquer de le rendre ridicule.

Parzival grandit, il devient robuste et habile à tous les exercices du corps. En lui germe le désir du vaste monde. Un jour, alors qu'il est à la chasse, il rencontre un chevalier qui en poursuit deux autres. Il est fasciné par eux … Il apprend la nature et la gloire de la vie chevaleresque. Sa mère ne peut plus le tenir. Il décide de se rendre à la cour du Roi Arthur, roi de Bretagne, pour devenir chevalier. Sa mère lui donne des conseils, qu'il suivra à la lettre sans les comprendre... Il la quitte. Elle en meurt de douleur...

En chevauchant Perceval aperçoit une tente ; il y pénètre et trouve une dame endormie. Croyant obéir aux conseils de sa mère, il l'embrasse, malgré elle, il lui prend en outre un anneau et un fermail. Soupçonnée d'infidélité par son époux: Orilus, la dame, Jeschoute (Jeschute) , sera soumise pendant plus d'une année à des tourments rigoureux...

Parzival fait ensuite la rencontre d'une autre dame, Sigune ( Sigunde) , qui se lamente sur le cadavre de son chevalier servant. Il s'entretient avec elle, et découvre qu'elle est sa cousine, et apprend d'elle de quelle lignée il descend.

Après avoir passé la nuit chez un pécheur, Parzifal se rend à Nantes, où se trouve la cour d'Arthur. En chemin, il rencontre un chevalier vêtu d'une armure vermeille, Ither de Gaheviez, qui le charge d'un message pour le roi : il a volé une coupe au roi et l'a reversée sur la reine Ginover (Guenièvre) et il a lancé un défi à l'un ou l'autre de ses chevaliers.... Arrivé à Nantes, Parzival excite la curiosité et l'admiration de tous. Le roi lui fait un amical accueil. Une jeune femme, Cunneware, se prend à rire en le voyant. Or elle n'avait jamais ri. Elle ne devait rire que le jour où elle se trouverait en face du plus vaillant de tous les chevaliers. Le sénéchal Ké, irrité de voir qu'elle fait un pareil honneur à un rustre, la roue de coups. Perceval annonce son intention de la venger...

Parzifal bat le ''chevalier vermeil (rouge)'' Ither qui a volé une coupe à la table ronde d'Arthus. C'est ainsi que Parzival le tue d'un coup de javelot, et obtient son armure et son cheval. 

A l'aventure, Parzifal, arrive le soir devant un château isolé ( Graharz) , où il est reçu par Gornemant. Ce vieux chevalier l'accueille avec bonté, lui enseigne les règles de la bienséance et lui conseille en particulier de ne pas poser trop de questions. Il lui apprend aussi à manier la lance et l'épée. Gornemant ( Gurnemanz) voudrait retenir Parzival près de lui et lui donner pour épouse sa fille, la belle Liâze ; mais Parzival ne se juge pas encore digne de cet honneur.

Quand il quitte Graharz au bout de 14 jours pour poursuivre sa vie d’aventures, il est devenu un chevalier parfait dans le sens du monde arthurien.

Parzival arrive dans le royaume de Brobarz à Belrapeire ( Beaurepaire) . La reine du pays, Condwiramour ( Kondwiramur) – dans sa ville - est assiégée par le roi Clamadieu, qui veut la contraindre à l'épouser. La ville souffrant d'une cruelle famine, offre l'hospitalité à Parzival. Au cours de la nuit, le reine se rend dans la chambre du héros, où il repose. Elle le supplie de venir en aide aux assiégés ; il lui en fait la promesse. Le lendemain, Parzifal défait en combat singulier, Kingrun, sénéchal de Clamadieu, et l'envoie faire sa soumission au Roi Arthur.. La reine Condwiramour déclare alors qu'elle n'aura jamais d'autre époux que Parzifal, son sauveur. Sur ces entrefaites, deux navires chargés de vivres, arrivent dans le port de Beaurepaire ; la disette prend fin.

Parzival devient l'époux de Condwiramour. Le roi Clamadieu, ayant appris la défaite de son sénéchal, attaque à son tour la ville ; il est repoussé. Il provoque alors Parzival en combat singulier. Parzival le vainc, le fait prisonnier et l'envoie, lui aussi, à la cour du Roi Arthur. Après être demeuré quelque temps près de son épouse Condwiramour, devenu le maître du royaume, et mis en ordre les affaires... Parzival la quitte, afin d'aller prendre des nouvelles de sa mère Herzeloïde ( qu'il ne savait pas morte …) et aussi pour chercher aventure. L'amour du bonheur ne peut pas satisfaire son goût pour l'action....

Kondwiramur ou Condwiramur ; provient du français : ''celle qui conduit à l'amour''.. Elle est réputée pour sa beauté... Parzival semble inhibé, au point qu'elle pense qu'il la rejette. Ce n'est pas du tout le cas, cependant – comme son père – il va la laisser pour vivre l'aventure d'un chevalier. Tout au long de sa Quête, il est reste habité par l'amour pour sa femme ( au contraire du comportement de Gauvain) ...

A suivre : .. L'Histoire de Parzival...

Les illustrations sont des peintures du Château de Neuschwanstein, de Ludwig de Bavière...

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Sur la piste du Graal : le comte de l'X. -5- Parzival.

14 Février 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Chrétien de Troyes, #Contes Mythes Légendes, #Graal, #La Quête du Graal, #Littérature, #Légende arthurienne, #Moyen-âge, #XIXe

Lorsque Théodore-Claude-Henri Hersart de La Villemarqué arrive à Paris, en 1833, pour étudier à l’École des Chartes, Paulin Paris travaille depuis cinq ans à la Bibliothèque du Roi...

Paulin Paris ( 1800-1881) est né en Champagne. Il est membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, et professeur au Collège de France... Il aime citer Madame de Staël, sur le Romantisme : « Cette littérature est la seule qui soit susceptible d'être perfectionnée, parce qu'ayant ses racines dans notre propre sol, elle est la seule qui puisse croître et se vivifier de nouveau.. »

On dit que la France n'a pas d'épopée … Alors, Paulin Paris, recherche dans les romans du Moyen-âge, et décide de publier nos anciens textes.. M. Paulin Paris publie ainsi sept volumes, de 1836 à 1848.

Chanson de geste - Lavisse élémentaire - trouvere

Il y distingue deux catégories de romans, les uns chevaleresques, les autres mystiques, faisant un ensemble assez étrange. Selon l'ordre des événements, le premier est le Joseph d'Arimatie, ou plutôt le Saint-Graal, qui en est un remaniement; puis vient le roman de Merlin l'enchanteur et ses suites, c'est-à-dire Le roi Artus, Gauvain et Perceval, Lancelot du Lac, Tristan; enfin la Quête du Saint-Graal et la dernière partie du Lancelot ou Mort d'Artus. Le mysticisme tient le commencement et la fin, les aventures chevaleresques et galantes occupent le milieu...

 

L'allemand la Motte Fouqué, et l'académicien Paulin Paris, tentent de comparer Chrétien et Wolfram... Le système parental ( la lignées, la généalogie...) semble plus élaboré chez Wolfram, de plus la lignée s'élargit jusque chez les ''païens'' ( caractère non endogamique). Avec le ''Prêtre Jean '' qui fondera une communauté orientale... Le monde du Graal rejoint l'histoire universelle … !

Parzival and Condwiramurs

Par sa mère - Herzeloyde, sœur d'Anfortas - Parzival est de la lignée des rois du Graal...

A noter que le demi-frère de Parzival ( Feirefiz) tombera amoureux de la porteuse du Graal ( Repanse de Schoye, également sœur d'Anfortas) qu’il épousera après s’être fait baptiser : de leur union naîtra un fils, Jean, le futur Prêtre Jean...

La faute de Parzival, est plus claire, dans le bouche de l'ermite et oncle, Trevrizent : « Tu es du même lignage qu’Ither ; tu as méprisé les liens du sang ! Dieu n’a pas oublié ton forfait, et il te demandera peut-être encore des comptes. […] C’est avec douleur que je dois te dire que tu as commis deux graves péchés : tu as tué Ither et tu dois également déplorer la mort de ta mère. ». Ither, est le chevalier à l'armure vermeille que Parzival revêtira... Il n'est pas responsable de la mort de sa mère, comme dans Perceval...

 

Wolfram rattache à son Parzival, en épilogue, la légende du Chevalier au Cygne qui était déjà liée à la famille de Godefroy de Bouillon, l’un des chefs de la Première croisade (en 1096) et premier roi de Jérusalem. Loherangrin, l’un des fils jumeaux de Parzival et de Condwiramurs, celui qui a été appelé à Munsalvaesche par Dieu, est envoyé par le Graal en Brabant où il doit venir au secours d’une princesse harcelée par des prétendants éconduits. Conduit à Anvers par un cygne, il restaure l’ordre et la justice et épouse la princesse, après lui avoir fait jurer que jamais elle ne demanderait qui il est, et il devient prince de Brabant.... ( encore une histoire à raconter, plus tard … !)

Le chevalier au cygne, Livre d'heures début XVIe s

 

Charles-Louis de Chateauneuf est vivement impressionné par la prégnance de l'histoire de Parzival dans la mentalité allemande ( et, il ne connaît pas encore – bien sûr – les œuvres qui se préparent de Wagner … !)...

La Motte Fouqué, parle de l'écriture de son épopée sur Parzival qui est beaucoup plus qu'un travail : « c'est le résultat d'un pacte avec Wolfram .. !. ». C'est un manuscrit de 500 pages... qu'il écrit alors qu'il vient de se remarier avec une jeune femme de trente ans plus jeune …

La Motte Fouqué ajoute qu'il vient d'obtenir de l' ''Hohenzoller Friedrich-Wilhelm IV'' (*) , la réactivation de l'ordre du cygne, éteint après la Réforme...

Ci-dessous - Dame avec le collier de l'ordre des chevaliers du Cygne  (1490)

(*) De la Dynastie des Hohenzollern, Frédéric-Guillaume IV de Prusse ( 1795-1861), que l'on surnomme le « Roi romantique », est passionné par le romantisme et affiche son goût du Moyen Âge.

L' Ordre des Chevaliers de Notre-Dame du cygne, ou Ordre du Cygne , est le plus ancien ordre de chevaliers de la Prusse. Créé le 29 septembre 1440, par l'électeur Friedrich II de Brandebourg, il devait donner à la noblesse des objectifs politiques et sociaux communs sous la direction des Hohenzollern. 

Le siège de la branche franconienne était la chapelle George de la collégiale Saint-Gumbertus à Ansbach, qui n’est qu’à environ 20 kilomètres d’Eschenbach, du nom de son habitant le plus célèbre, Wolfram... La Réforme vit l'annulation de l'ordre... Le 24 décembre 1843, le roi Frédéric-Guillaume IV de Prusse tente de rétablir l'Ordre du cygne en tant qu'organisation multiconfessionnelle et humanitaire, et ouvert aux hommes et aux femmes...  

Richard Wagner, atteint lui aussi par le virus du Graal, en 1845, commence à concevoir son opéra Lohengrin, créé en 1850. 

 

** Il serait temps d'entrer dans le vif de l'Histoire de Parzival, contée par Wolfram von Eschenbach.. ? Avec Heinrich, je vais tenter de vous la résumer ...

A suivre... L'Histoire de Parzival.

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Sur la piste du Graal : le comte de l'X. -4- L'Histoire de Parzival.

10 Février 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Contes Mythes Légendes, #Graal, #La Quête du Graal, #Moyen-âge, #Mythe, #Perceval

Pour en revenir au Graal, le comte de l'X. et le professeur Guillaume-Alfred Heinrich, insistent sur le fait que les croisés, tout pleins du sentiment de la Passion, ont cru trouver en Palestine plus d'une relique de ce sacrifice mémorable. Bien sûr , il évoque le ''Sacro Catino'' transporté à Gênes, en 1101, nous dit-il … Mais, par exemple, les moines de Fécamp en Normandie possédaient un autre saint Graal ; ils conservaient aussi dans une fiole de cristal du sang de Jésus-Christ, recueilli par Nicodème...

Enfin, il nous rappelle que le dogme de l'Eucharistie reçut une glorification nouvelle: au XIIe siècle, par la condamnation de l'archidiacre Bérenger de Tours; au XIIIe , et par l'institution de la fête du Saint-Sacrement... Ce qui prouve bien que notre légende ne fut pour certains esprits qu'une sorte de représentation séculière de l'eucharistie...

 

Pourtant, le Graal de Wolfram von Eschenbach, n'est pas explicitement une coupe … !

L'ermite conte à Parzival l'histoire merveilleuse de la fraternité du Graal :

« L'ermite parla ainsi : il m'est parfaitement connu que de vaillants chevaliers ont leur demeure à Munsalvaesche, auprès du Graal . Ils partent fréquemment à cheval en quête d'aventures . Ces templiers livrent combat afin d'expier leurs péchés et peu leur importe d'être victorieux ou vaincus. Là vit donc une troupe de valeureux guerriers, et je vais vous dire de quoi ils vivent : Leur nourriture ils la reçoivent d'une pierre, qui en son essence est toute pureté, et si vous ne la connaissez pas je vais vous dire son nom : on l'appelle " Lapsit exillis " . C'est par la vertu de cette pierre que le phénix se consume et devient cendre ; mais il renaît de ses cendres .C'est grâce à cette pierre que le phénix accomplit sa mue pour resplendir ensuite aussi beau qu'auparavant ...La pierre donne à l'homme une telle force que le corps garde la fraîcheur de sa jeunesse . Cette pierre aussi a pour nom le Graal ... »

Je vous disais, dans un article précédent, que le conte de l'X. et Charles-Louis de Chateauneuf, privilégiaient la ''piste germanique'' du Graal... En effet, dans ces années 1830-1850 ; les spécialistes de littérature française, n'ont toujours pas pris la bonne mesure de ce qu'au XVIIIe siècle, on appelait les ''antiquités françaises''...

C'est bien l'école romantique - allemande avant la française – qui va re-découvrir ces textes... Voilà ce qu'en dit Paulin Paris (1800 - 1881) un historien français de la littérature, spécialiste de l'époque médiévale.

«  J’apprendrai sans doute à plusieurs lecteurs que l’histoire des chevaliers de la Table ronde, celle du beau Tristan, de la belle Isolde, de Lancelot et de la Dame du Lac ; que les douze Pairs de la cour de Charlemagne sont tous originaires de France... (…) quant aux Français, loin de tirer parti d’une source aussi riche, ils ont préféré emprunter les étrangers qui les avaient eux-mêmes copiés. »

Ainsi, comme le remarque Michel Zink : «  Faut-il donc passer par le romantisme, et par le romantisme allemand, pour en venir aux littératures de la France médiévale ? »

Le conte de l'X. et C.-L. de Chateauneuf, vont avoir la chance de rencontrer – en visite à Paris - Friedrich de la Motte Fouqué (1777-1843), qui se passionne pour l'épopée du Graal, et qui recherche les sources françaises... Descendant de huguenots réfugiés en Allemagne, l'écrivain n'a plus qu'un objectif : écrire une épopée qu'il nomme '' Der Parcival''...

Friedrich de la Motte Fouqué

Friedrich de la Motte Fouqué, a publié en 1811, une œuvre qui va le rendre célèbre '' Undine '' ( Ondine). Marié à une écrivaine qui tient salon, il est un ami d'Adelbert von Chamisso...

En France, il vient rencontrer l'académicien Paulin Paris; et aussi le breton, Théodore Hersart, vicomte de La Villemarqué (1815 -1895).

** Le Parzival de Wolfram von Eschenbach a déjà été édité, en allemand moderne, par Karl Lachmann, en 1833... Mais rien de tel - en français - pour Chrétien de Troyes... !

Le Conte du Graal de Chrétien de Troyes n’est accessible qu’à travers quelques rares et précieux manuscrits médiévaux ; aucune œuvre de Chrétien n’a fait l’objet d’une édition moderne... Seule , l'anglaise Charlotte Guest a publié en annexe de ses Mabinogion, une transcription passablement fautive du ''Chevalier au lion'' , et qui est due, précisément, à La Villemarqué... Quant à Perceval et le Graal, ils semblent recueillir encore moins d'intérêt que Merlin, ou Lancelot ...

La Villemarqué collecte en Bretagne, les anciennes chansons populaires, et contes... Il publie un recueil , nommé Le Barzaz Breiz , qui sera reconnu par les lettrés parisiens... Soutenu par Augustin Thierry, Sainte-Beuve... Parmi les romantiques, on le compare à Grimm...

La Villemarqué - Collectage

Hersart de la Villemarqué, dans ''les Romans de la Table Ronde et les Contes des anciens Bretons'' (1859) a traduit et publié: Owenn ou la Dame de la fontaine, Ghérent ou le Chevalier au faucon, et Pérédur ou le Bassin magique.

 

Le philosophe Arthur Schopenhauer compare le mythe Jésus, à celui qui en train de retrouver vigueur, après s'être formé au Moyen-âge autour du Roi Arthur, précisant « il y a quelques années, le ministère de l'instruction publique de France a envoyé en Angleterre M. de la Villemarqué, pour rechercher l'origine des mythes relatifs à ce roi Arthur. »

 

« Nous, les Bretons, attendons le retour du roi Arthur comme les juifs celui du Messie », écrit Chateaubriand dans son Essai sur la littérature anglaise (1836). D'ailleurs au XIXe siècle, se développe une certaine idée interceltique... A Glastonbury, notamment en 1838, La Villemarquée, participe au renouveau des relations interceltiques...

Theodore Hersart de la Villemarqué

 

Théodore Hersart de la Villemarqué, même s'il ne s’intéresse que très peu aux textes de Chrétien de Troyes, tente d'expliquer l’apparition du Graal dans le roman de Chrétien... Sous sa plume, le Graal dérive à la fois du bassin de Keridwen cité dans l’Histoire de Taliesin, de l’histoire du héros gallois Peredur – dont il explique le nom par «homme des bassins» – et du chaudron de Bran-le-béni.. Au sujet de ce chaudron, La Villemarqué écrit: « Ce vase avait, comme le graal, la propriété de guérir les blessures mortelles, et même de rendre la vie; mais de peur que la personne ressuscitée ne révélât le secret de sa guérison, elle recouvrait la vie sans l’usage de la parole». Voilà qui expliquait, selon La Villemarqué, le mutisme de Perceval. Quant à la lance qui saigne La Villemarqué la trouvait aussi chez Taliesin: «Le pays des Loègres (l’Angleterre) périra par la lance sanglante»...

Nous sommes donc loin, en France, d'une véritable compréhension de la Quête du Graal ...

 

Jacques Boulenger en 1923, écrira :

« Néanmoins, nos grands écrivains romantiques, à qui elle aurait pu inspirer de beaux poèmes, ignoreront la '' Matière de Bretagne ''. Il n’y a jamais eu, depuis 1591, qu’un seul essai d’adaptation littéraire des romans de la Table ronde : c’est celui de Paulin Paris (1868-1877), qui, travaillant sur les manuscrits mêmes, n’a pu achever son ouvrage et n’a rempli, d’ailleurs sans grand talent, il me semble, que la moitié de son dessein. »

 

Revenons donc à l'allemand, Friedrich de la Motte Fouqué...

A suivre ...

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Sur la piste du Graal : le comte de l'X. -3 Le Graal -

6 Février 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Mabinogion, #Graal, #Contes Mythes Légendes, #Expérience chrétienne, #La Quête du Graal, #Légende arthurienne, #XIXe, #Moyen-âge

Le Comte de l'X. et Charles-Louis de Chateauneuf, vont rencontrer un jeune homme qui - sorti de l’École Normale supérieure - est un germaniste passionné et passe de longs séjours en Allemagne : Guillaume-Alfred Heinrich, il enseignera plus tard la littérature allemande à la Faculté des Lettres de Lyon...

Voici son enseignement sur la légende du Saint-Graal ( édité ensuite en 1855) ...

Chez Wolfram, Parzival le héros, reste né dans le pays de Galles : son origine remonte aux vieux contes populaires de la race celtique, aux Mabinogion.

Le Mythe du Graal, vient tour à tour de la Bretagne, de la Provence ou de l'Orient.

Le Saint Graal, suivant les idées du moyen âge, n'était pas seulement un vase sacré, à jamais vénérable pour avoir reçu le sang du Christ; c'était aussi un vase mystérieux, source d'abondantes faveurs pour les chevaliers chargés de sa garde.

Ainsi le roi Pêcheur, Anfortas pour Wolfram, atteint d'une incurable blessure, ne prolonge ses jours que par la vue du Graal...

 

Heinrich, tient aussi à raconter – l'histoire du ''vase'' selon Les Mabinogion : rapportée par l'anglaise lady Charlotte Guest..

Un jour que Bran le Béni chassait en Irlande, il arriva sur le bord d'un lac nommé le ''lac du chaudron''. Comme il errait sur le rivage, il vit un homme noir, d'une taille gigantesque, au visage hideux, sortir tout à coup des eaux avec un chaudron dans ses bras. Une sorcière et un nain l'accompagnaient.

Le géant et la sorcière suivirent Bran le Béni dans la Cambrie son pays natal, et en retour de l'hospitalité qu'ils avaient reçue, lui firent présent de leur chaudron. Ce vase, comme le Graal, guérissait les blessures mortelles, il avait même le pouvoir de rendre la vie ; mais de peur que le ressuscité ne révélât le secret de sa guérison, il ne recouvrait point l'usage de la parole.

Nous retrouvons bien là le même mystère qui entoure le Graal...

Ce vase ne resta pas longtemps en la possession de Bran le Béni. Il avait eu quelques démêlés avec le prince d'Irlande Martolouc'h. Il se réconcilia avec lui et l'invita à un banquet. Il fit servir à manger dans le chaudron magique, où les mets ne s'épuisaient pas, et à la fin du repas il l'offrit au chef irlandais comme un gage de paix et d'amitié. Cette paix ne dura guère. De nouvelles injures forcent Bran le Béni à envahir l'Irlande.

Malheureusement le vase qu'il a donné devient le plus utile auxiliaire de ses ennemis; sa vertu ressuscite chaque soldat qui perd la vie, et Bran se consume en vains efforts pour vaincre une armée impérissable. Un jour enfin qu'on jette dans le chaudron la tête d'un chef pervers nommé l'Esprit-Mauvais, ce vase, qui, comme le Graal, ne saurait être touché par un méchant, se brise de lui-même au contact de cette tête coupable, et Bran le Béni recouvre ainsi l'avantage.

Le barde Taliésin parle déjà de son initiation aux mystères du chaudron, et une fois initié, s'écrie : « J'ai perdu la parole ; » allusion évidente à la discipline du secret destiné à dérober au vulgaire quelque enseignement religieux des bardes. Quant au vase lui-même, placé dans le sanctuaire d'une déesse, il communique le don de prophétie, l'inspiration poétique, et la connaissance des lois cachées qui régissent l'univers. L'introduction du christianisme chez les populations celtiques, en changeant les croyances, altéra cette vieille tradition dont le Mabinogi de Bran est peut-être un écho déjà bien affaibli. Mais un peuple est toujours porté à mêler ses vieilles superstitions à la doctrine nouvelle qu'il accepte. La légende du chaudron mystérieux se confond avec le dogme de la Résurrection, et sans doute avec celui de l'Eucharistie.

 

Guillaume-Alfred Heinrich, évoque ensuite Nicodème et la tradition chrétienne transcrite par Robert de Boron....

Robert de Boron, né en territoire de Belfort, est au service de Gautier de Montbéliard. Gautier, qui s’embarque pour la Croisade en 1201, et meurt en Terre sainte en 1212.

 

Heinrich nous dit encore, que l'abbé de la Rue ( 1751-1835. Historien et spécialiste de littérature anglo-normande), dans ses recherches sur les origines du cycle de la Table-Ronde, parle d'un vieux texte latin rédigé, dit-on , par les ordres du roi Arthur, et placé par lui dans les armoires de la cathédrale de Salisbury... ! ?

* Mais, le roi Arthur ; qui en parle … ?

Le Graal de Rochefoucauld, en français, manuscrit enluminé sur vélin, c.1315-23. Le roi Arthur combat les saxons

Au XIIe siècle le moine Hélinand (Cistercien, chroniqueur de l'abbaye de Frémont dans le diocèse de Beauvais.) parle comme d'une chose universellement admise de la vision qu'un ermite breton eut en 720 « au sujet de Joseph d'Arimathie et du Gradal. »... Il n'a pu, dit-il, se procurer le récit original en latin déjà difficile à trouver de son temps ; mais il en existe des traductions françaises qu'il a consultées.

Battle of Camlann

Un chroniqueur anglais du XIIe siècle, Guillaume de Malmesbury, écrit sur Arthur, un héros national gallois, contre les anglo-saxons, qui a livré maint combat avant de périr , en 542, à la bataille de Camlam... Sans autre fondement historique … !

Vers 850 dans le récit de Nennius ; la résistance des Gallois contre les Saxons se personnifie dans Arthur, et la victoire ne l'abandonne jamais... De plus, Arthur va à Jérusalem et en rapporte un modèle de la vraie Croix, destiné à rendre ses armées invincibles aux païens...

Enfin, la création épique du cycle d'Arthur s'achève dans la chronique de Geoffroy de Monmouth.

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Sur la piste du Graal : le comte de l'X. -2 Wolfram von Eschenbach-

3 Février 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Templier, #Contes Mythes Légendes, #Graal, #La Quête du Graal, #Légende arthurienne, #Moyen-âge, #Perceval

Baldwin II remet le Temple de salomon à Hugues_de_Payns et Gaudefroy_de_Saint-Homer

Baldwin II remet le Temple de salomon à Hugues_de_Payns et Gaudefroy_de_Saint-Homer

Les informations – données par le comte de l'X. - sur le douteux ''calice de Gênes'' permet à Charles-Louis de Chateauneuf, de s’intéresser de plus près à ce que nous appelons Le Graal... Les légendes celtes et anglo-normandes sont prolixes à son sujet... Cependant Le Comte de l'X., lui, insiste et reste fixé sur la piste germanique. Voici quelques uns de ses arguments...

Caves voûtées sous le Mont du Temple 1878

Quelques éléments d'histoire :

Hugues de Payns et Godefroy de Saint-Omer, créent en 1118 la militia Christi dans le but officiel de protéger les pèlerins.

La milice entreprend des fouilles sous le Temple de Salomon à partir de 1118.

Une dizaine d'années plus tard, à l’occasion du Concile de Troyes, cette milice devient l’ordre du Temple, placé sous le patronage de l’abbé Bernard de Clairvaux, dont l'abbaye de Clairvaux est fondée en partie grâce aux fonds de Hugues de Champagne.

 

Hugues de Champagne (1074-1126) - bien plus puissant et riche que le roi de France - part une 1ère fois en Terre Sainte de 1104 à 1107 ; il abandonne ses richesses et les siens pour rejoindre en 1126, le nouvel Ordre des Templiers, et se mettre au service d'un de ses anciens vassaux, Hugues de Payns.

Portrait de Wolfram du Codex Manesse , v.  1300

Chrétien de Troyes (1135-1183) commence à écrire - en Champagne - vers 1160, le Conte du Graal, œuvre inachevée alors qu'il est au service d'Henri le Libéral – comte de Champagne - et de Marie de France, son épouse et fille de Louis VII et d'Aliénor d'Aquitaine. Henri revient de croisade en 1148.

 

Un auteur médiéval Allemand, chevalier et peut-être lui-même templier: Wolfram Von Eschembach (1170-1220), reprend ces textes pour en faire son Parzifal, ses sources proviendraient – en plus du texte de Chrétien de Troyes - de textes plus anciens dû à un certain Kyot le Provençal, qui pourrait être Guyot de Provins, lui-même affilié à l’Ordre du Temple. Il reproche même à Chrétien - dans son prologue - de ne pas avoir connu « le Conte authentique »

 

Le Graal aurait pu être retrouvé par les Templiers dans le Temple de Jérusalem ! Dans le Parzival écrit par Wolfram von Eschenbach, le Graal est bien gardé par des chevaliers templiers.

Wolfram von Eschenbach - né autour de 1170 dans le village d’Eschenbach, près d'Ansbach en Bavière - mort autour de 1220 - est un chevalier franconien peu fortuné de l'entourage d'Hermann 1er ( 1190-1217), landgrave de Thuringe et conte palatin de saxe... Ce chevalier poète, féru d'astrologie et d'alchimie est un personnage étonnant... !

«  C'est une œuvre conquérente qui sort de la plume de Wolfram ; elle dépasse l'ambiguité de Chrétien. En fait, Parzifal inaugure, en milieu germanique, un puissant courant ésotérique, politique et philosophique qui marquera durablement l'ensemble de la tradition européenne. En ce sens, il semble bien y avoir un graal français et un graal allemand qui n'appellent pas les mêmes enjeux culturels. Au terme d'une longue évolution, le pangermanisme du XIXe siècle explorera le mythe dans des recoins ignorés des auteurs français et lui donnera un retentissement exceptionnel. Le texte de Wolfram servira de support à bien des rêves hermétistes ou occultistes jusqu'au XXe siècle. » Philippe Walter

Wolfram_von_Eschenbach - Wartburg

 

Il est considéré comme l’un des plus grands poètes épiques de son temps et l’un des représentants majeurs de la littérature courtoise en moyen haut-allemand. Comme Minnesänger (équivalent germanique de trouvère), il est considéré comme le ''champion'' de poésie lyrique, lors de la bataille de la Wartbourg....

Le château de la Wartbourg est situé près d'Eisenach en Thuringe,  Ce fut le siège de la cour des comtes de Thuringe jusqu'en 1440. Y est attaché, l'histoire d'un concours de Minnesänger (trouvères allemands), le Sängerkrieg (de), autour de 1207, qui voit s'affronter des participants comme Walther von der Vogelweide, Wolfram von Eschenbach, Albrecht von Halberstadt (de), et bien d'autres. Wagner a mis en scène cet épisode dans son opéra Tannhäuser.

Le tournoi des chanteurs de Wartbourg (Sängerkrieg auf der Wartburg).

Vers 1204, pendant la Quatrième croisade, années du siège d'Erfurt et du sac de Constantinople, auxquels le roman fait allusion, il écrit une histoire du Graal. Il avait traversé une grande partie de l’Europe les armes à la main, avant de se retirer dans le château la Wartbourg. Il intitule son récit Parsifal et conte l’aventure d’un roi blessé, le Roi Pécheur, souffrant dans son corps en attendant le chevalier au cœur pur qui le guérira, ramènera le Graal et saura restaurer le Royaume. ..

Nous reviendrons en détail sur le ''Parzival '' de Wolfram von Eschenbach...

Les chevaliers du Temple sont présents dans le récit de Wolfram, il dit tenir ses informations, non d'une piste celtique ; mais ''provençale''.. Ces légendes arrivent en Provence au XIIe siècle et sont contemporaines de l'établissement des Templiers dans le pays.. Naturellement, la milice qui défend le tombeau du Christ, inspire les conteurs d'une organisation comme les chevaliers du Saint-Graal. Ensuite, le temps est de sanctifier ( épurer..) la chevalerie... Ce sera l'occasion d'opposer - selon les termes médiévaux - une chevalerie célestienne à une chevalerie terrienne...

Les contes gallois sont empreints de galanterie, ce n'est pas que pour leur bravoure que Lancelot et Tristan furent si populaires... Eschenbach, lui, écrit une histoire à portée spirituelle...

Très vite les hommes les plus graves du moyen âge, se sont attachés à censurer dans les continuations du mythe, les éléments immoraux du cycle de la Table-Ronde... Wolfram veut rendre à la légende sa véritable physionomie chevaleresque et religieuse...

A suivre …

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Sur la piste du Graal : le comte de l'X. -1-

31 Janvier 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Contes Mythes Légendes, #Histoire, #La Quête du Graal, #Lieux de légende, #Mythe, #Templier, #XIXe, #Graal

Le comte de l'X. ramène de Palestine quantités d'antiquités et même quelques ''fausses'' reliques avec certificats. Ainsi : un fragment de la Sainte Eponge, un plâtre moulé dans l'Empreinte du pied du Christ laissées lors de l'Ascension et conservée sur le Mont des Oliviers. Plusieurs pierres, dont l'une proviendrait du Temple de Salomon, etc ...

 

Les Templiers, auraient mis en œuvre le plus grand trafic de reliques qui n'ait jamais existé... ! Ils se sont appropriés le Mont du Temple, et l'ont fouillé de toutes parts … Ils sont devenus les possesseurs et les convoyeurs des plus importantes reliques, comme des fragments de la Vraie Croix...

 

1119 : Fin de la restauration de la tombe du Christ par les Croisés et début des travaux de la nouvelle Basilique. Les futurs Templiers se sont emparés des reliques de la tombe du Christ pendant la restauration. Créé en 1120, par quelques chevaliers, l'Ordre du Temple s'est développé dans tout l'occident...

1146-1147 : Robert de Craon - le second maître de l'Ordre du Temple jusqu'en1149 - ramène en France une partie des reliques de la tombe du Christ. ...

En 1247, le patriarche de Jérusalem confie à un templier le soin d'apporter au Roi d'Angleterre Henri III, l'ampoule contenant le ''Saint Sang'' ...

Le 15 mai 1272, le maître du Temple Thomas Berard envoient en Occident « du bois de la vivifiante croix du Seigneur, des reliques de la Table du Seigneur, du sépulcre du Seigneur , etc.. Auparavant elles ont été authentifiées par Jean archevêque de Tyr, et par Humbert, frère du Temple et évêque de Banyas »

Graal de Valencia

Une relique très particulière, aurait été mis au ''secret'' : la Coupe de la cène, lors du dernier repas … Une coupe mythique jusqu'en son matériau, et son origine …

Pour ce qui est de la ''Sainte Coupe'', ou du Saint-Calice.. ; c'est à dire du Graal … Voici ce que le Comte retient de ses nombreuses interrogations auprès des archéologues, du moins ceux qui prennent au sérieux la question …

 

Une tradition veut qu’après la dernière cène, l’Apôtre Pierre ait pris le Graal pour l’emmener jusqu’à Rome. Il y serait resté jusqu’à la persécution de l’empereur Valerian (257-260). Nous sommes alors en 258 après JC, le diacre Lawrence reçoit du pape Sixte II les trésors de l'Église, avec la tâche de les protéger et les cacher ....

On soutient que le légendaire Calice pourrait être encore à Rome. Mais où? Peut-être, selon certains indices, dans la basilique Saint-Laurent hors des murs. Sur la tombe de Saint-Laurent, est clairement représenté un calice avec quelques gouttes de sang stylisées.

Pourtant, là à Rome, il y aurait une fresque qui représente Henri II, le duc de Bavière recevant une coupe en or de Lawrence. La coupe serait donc passée en possession des souverains de l'empire germanique ...


 

Sacre Catino ( Graal) de Gênes

Cependant, le Comte de l'X, évoque le ''calice de Gênes'', en lien d'ailleurs avec les templiers... Nous sommes alors à l'époque de la République de Gênes, une des républiques maritimes d'Italie. L'implantation des templiers ( Roger de Flor, y est connu..) s'est faite principalement dans les villes côtières et avait pour objectif de fournir des hommes pour les états latins d'Orient. A Gênes, donc, - commanderie templière ( Domus Templi de Sancta Fide , Sancte Fidei - la tradition dit que l'on conservait en sa cathédrale Le ''Sacro Catino'', transporté à Gênes par Guglielmo Embriaco dans le butin de la conquête de Césarée en 1101. Guillaume de Tyr le décrit comme un "vaisseau de la couleur la plus verte, en forme de plat de service" ( vas coloris viridissimi, in modum parapsidis formatum ) que les Génois disaient être en émeraude …

Une image moderne de Guillermo Embriaco ( chef militaire gênois) avec son drapeau - et le graal Sacre catino de Gênes

L'original aurait été caché ( dans ce cas, où?), et remplacé par une copie... En effet, lors la campagne d'Italie menée par Napoléon Bonaparte, la copie fut dérobée et emmenée à Paris en 1809... Et, une commission de l'Académie des sciences de l'Institut de France conclut que ce vase était fait en verre coloré, et non pas en émeraude... L'objet fut de plus rendu (en 1815) cassé ; et reste exposé à la cathédrale Saint-Laurent de Gênes.

 

Le Comte de l'X, fut ébranlé, par le récit de cette histoire... Ses recherches, lui ont permis de collecter diverses légendes autour de ce Graal … - Un Graal d'émeraude.

 

Le "Sacro Catino" aurait été rapporté, par les templiers croisés, résultat de leurs premières fouilles à Jérusalem... Dans les restes du temple construit par Hérode Ier le Grand en l'honneur d'Auguste à Jérusalem..

Non seulement, le Christ aurait bu dans le Sacro Catino, mais avant cela il aurait été offert par la reine de Saba (Yémen, Arabie) au roi Salomon pour garnir son temple construit pour abriter l'arche d'alliance, coffre contenant la table des Dix Commandements reçue par Moïse.

D'après Hérodote, cette coupe d'émeraude se trouvait dans le temple d'Héraclès à Agrigente.

Jacques de Voragine dans sa Chronique de Gênes (Chronicon januense, fin du XIIIe siècle) dit que Jésus et ses disciples mangèrent dans un plat d'or ou d'émeraude lors de la Cène, et que, selon certains livres anglais, Nicodème utilisa pour recueillir le sang du Christ, un vase d'émeraude appelé Sangraal.

 

Jean Danton, l'historiographe de Louis XII en fit une description en 1501 dans sa « Vie de Louis XII deuxième partie chapitre XXI » comme l'ayant vu :

« Ce très précieux vaisseau est une émeraude entaillée en manière d'un grand plat en largeur de deux palmes d'un si beau vert que toute émeraude mise auprès en est obscurcie et contient en rond au-dessus du plus large six palmes en quadrature au fond dudit plat est un autre petit rond fait au compas selon la proportion de sa grandeur et dès le bord de ce rond jusqu'au bout du plat sont six quarrures faites à la ligne et pour soutenir ce plat au-dessous sont deux anses de même pierre assez larges pour passer la main d'un homme et d'un travail merveilleux aussi dit-on que Jésus Christ au jour de sa cène le fit lui-même d'un peu d'argile. Ce trésor d'inestimable prix est soigneusement gardé dans le sacraire du grand dôme de Saint Laurent de Gènes. »
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Voyage en Orient

28 Janvier 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Lieux de légende, #Tourisme, #XIXe, #Jérusalem

Vue de Jérusalem

Vue de Jérusalem

Charles-Louis de Chateauneuf a la grande chance d'avoir rencontré le comte de l'X. conservateur à la bibliothèque de l'Arsenal, et membre de plusieurs sociétés savantes, en particulier président de la Société des antiquaires de France …

Ce savant est passionné par le Moyen-âge, et il va entreprendre un voyage en Terre Sainte, et au retour traverse - d'Italie où il débarque – l'empire d'Autriche-Hongrie, jusqu'en Bohème pour revenir à Paris par les états allemands...

Voyage dont il va rendre compte à Charles-Louis, d'autant que le comte a gardé avec lui ses questions sur les Templiers... Des questions que partagent fort le Comte de l'X. qui a pour objectif d'aller à Jérusalem pour se faire adouber chevalier de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, ce qu'il obtenir le 21 juillet 1837, en effet, depuis le XVe siècle, la Custodie de Terre sainte a le privilège exclusif de créer des « chevaliers du Saint-Sépulcre ».. Et, autre objectif : acquérir des objets palestiniens les plus anciens possibles, pour ses propres collections; et pourquoi pas de ''saintes reliques '' … !

Le Voyage en Orient, est pour le riche voyageur romantique un incontournable … pour reprendre la formule de Gérard de Nerval, '' Orient '' signifie « la terre maternelle », la matrice originelle, le fantasme de son enfance.

A cette époque, le voyage vers Jérusalem était plus difficile et plus périlleux qu'aujourd'hui... Chateaubriand l'avait précédé en 1806.. La publication de son Itinéraire de Paris à Jérusalem en 1811 est devenu « la Bible » de tous les pèlerins qui se rendent aux Lieux Saints dans la première moitié du siècle...

Ce aventure, est réservée à une élite qui en a les moyens ; mais toujours soumise aux dangers qu’ont toujours connu les explorateurs : vents contraires, maladies, difficultés d’hébergement ou même hostilité déclarée des populations. On loge dans un caravansérail plein de cafards, de puces et de poux. Selon le guide Joanne du milieu du siècle « à l’intérieur de la Grèce, de l’Asie, de la Syrie on ne peut voyager qu’à cheval et loger sous la tente ». La situation paraît meilleure en Turquie et en Egypte.

 

Le voyage vers la Palestine depuis l’Europe se fait uniquement en bateau au départ de Marseille ou de Venise. Chateaubriand arrive en Terre Sainte après un périple à travers l’Italie, la Grèce, Constantinople pour arriver à Jaffa près de deux mois et demi après son départ de France.

Les environs de Jérusalem sont dévastés ; sur un sol stérile , blanchâtre et pierreux, croissent çà et là quelques oliviers au pâle feuillage, quelques vignes et quelques figuiers.

Pour les déplacements, le sentier reste la norme et le cheval ou le mulet les soutiens indispensables pour se rendre dans la Ville Sainte

« Tout est triste et désolé autour de Jérusalem, dans Jérusalem; et cependant la vue seule de cette mystérieuse ville prend tout votre être, et le tient comme suspendu entre Dieu et le monde. » 

Chateaubiand séjourne une semaine à Jérusalem, dont il compare, « les maisons à des prisons ou des sépulcres » et dont il trouve les rues désertes. Sa vision est proprement « morbide » : « Pour tout bruit dans la cité déicide, on entend par intervalles le galop de la cavale du désert, c'est le janissaire qui apporte la tête du Bédouin ou qui va piller le fellah ». Il note aussi que les Juifs y vivent de la charité et que l'accès à l'Esplanade des Mosquées est défendu à tout chrétien sous peine de mort.

1839 Citadelle de Jérusalem, Tour de David - David Roberts -

 

De 1831 à 1840, Jérusalem est occupée par les armées du vice-roi d'Égypte, Méhémet Ali, et a obtenu de nombreux droits pour les catholiques orientaux : celui de posséder des lieux de culte spécifiques et d’avoir un représentant direct auprès du Sultan. 

« La ville sainte est située sur un terrain très inégal, ou plutôt sur trois montagnes de différentes grandeurs : le mont Moria, où s'élevait le temple de Salomon ; le mont Sion, dont le nom retentit si souvent dans les Écritures, et le mont Calvaire ou Golgotha, qui vit les derniers instants du Fils de l'homme. La cité est enfermée dans des remparts qui ont une lieue de circonférence et qui furent construits par Soliman Il vers le milieu du XIe siècle. Jérusalem a six portes qu'on ferme tous les soirs après le coucher du soleil : celles de Saint-Étienne à l'orient, de Damas au nord, de Bethléem et de David au midi, d'Hérode et Herquiline au sud-est. Du côté de l'orient la cité est naturellement défendue par la vallée de Josaphat et le torrent de Cédron. Les maisons sont construites en pierres ; elles ont, en général, deux étages et sont d'une mesquine apparence. »

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Au XIXe siècle, la piste des Templiers -2/2-

25 Janvier 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Templier, #XIXe, #Eglise, #Histoire

La route de Ch.-L. De Chateauneuf, est bordée d'étonnants personnages qui vont le conduire dans sa Quête : des femmes ( et leurs salons …) d'abord qui lui ouvrent des espaces du possible : la sensibilité, avec ce que l'on nomme à l'époque par ''les sentiments'' et un chemin de connaissance avec toujours les mathématiques ( Wronski, Sarrazin de Montferrier, lui-même est un Maître de l'ordre moderne du Temple. ); et l'ésotérisme ( en opposition parfois à la doctrine catholique de ce XIXe siècle, comme on va le voir ici - avec la résurgence templière …

Le Chevalier de Fréminville, publie la charte Larménius de transmission de la Grande Maîtrise des Templiers depuis 1324, jusqu’à l’année 1804.

Ce serait Philippe, duc d'Orléans (le futur Régent), qui en 1705 fit promulguer les statuts de l'ordre moderne du Temple, qui se présentait comme le successeur de l'ordre du même nom, supprimé en 1312 à la demande de Philippe IV le Bel. Cet ordre maçonnique aristocratique se reforma sous le Directoire.

De tendance libérale, l'Ordre du Temple devient suspect sous la Restauration. Le 4 novembre 1804, le médecin Fabré-Palaprat (1773-1838) est proclamé grand maître de l'ordre, sous le nom de Bernard-Raymond...

Le père F.F. Chatel ( 1795-1857), curé de Lèves, dès 1829 est inquiété par sa hiérarchie pour ses positions libérales... Le dimanche 23 janvier 1831, Chatel annonce l’ouverture à Paris d’une '' nouvelle église française''. On y préconise le français dans la liturgie, et le retour aux doctrines primitives de l’Église (le célibat des prêtres remis en question); le refus de la confession obligatoire, l'élection populaire des prêtres et des évêques,et le refus de l’excommunication et de l’interdit… ... La Profession de foi annonce fièrement parmi les réformes, l’emploi de « la langue nationale », mais aussi la volonté d’être citoyen autant que prêtre, l’amour de la patrie et de la liberté, « travailler au bonheur de la classe indigente ».... Chatel prêche le retour à une religion naturelle fondée sur la raison, débouchant sur le socialisme, le recours au suffrage universel, l’égalité de l’homme et de la femme, l’abolition de la peine de mort, etc...

Alexandre Dumas, qui a assisté à un culte à Lèves (Eure-et-Loir), conclut dans ses Mémoires : « C’était un peu plus ennuyeux qu’en latin, en ce qu’on était à peu près forcé d’écouter. Voilà la seule différence que nous trouvâmes entre les deux cultes ».

Châtel reconnaît être ''Johannite''... Il a fait partie de l’Ordre du Temple de Fabré-Palaprat qui comptait dans ses rangs d’illustres ecclésiastiques, comme Mgr. Mauviel, évêque constitutionnel de Saint-Domingue et Mgr. Salamon évêque in partibus d’Orthose. Palaprat est le médecin du célèbre abbé Grégoire, qui a permis la rencontre entre Chatel et Palaprat...

Templiers - Interrogatoire de Jacques de Molay - XIXe

 

Un mot sur l'abbé Grégoire : Jean-Baptiste Grégoire, est né le 4 décembre 1750 à Vého et mort le 28 mai 1831 à Paris... Prêtre catholique, il devient évêque constitutionnel et l'une des principales figures de la Révolution française.

La légende de la filiation Larmenius est propagée par l’abbé Grégoire ; je rappelle qu'elle raconte que Larménius, commandeur de Jérusalem, aurait été désigné par Jacques de Molay comme futur Grand-Maître. L’Ordre serait alors resté dans l’ombre jusqu’en 1804 avec la résurgence officielle orchestrée par Fabré-Palaprat, Chevillon et Ledru. Cette année là, l’ordre des « Chevaliers de l’Ordre du Temple », avec Fabré-Palaprat comme Grand Maitre est autorisé par l’Empereur Napoléon 1er. De nombreux maçons de la loge Sainte-Caroline rejoignent cette nouvelle association templière.

L'abbé Grégoire prêta serment à la Constitution civile du clergé, c'est - ainsi qu'il l'a précisé dans le discours qu'il prononça alors, « parce qu'après le plus mûr examen » - il « déclare ne rien y apercevoir qui puisse blesser les vérités saintes que nous devons croire et enseigner »

Franc-maçon l'abbé Grégoire, après avoir été le défenseur des juifs de Lorraine, se consacre à la cause des Noirs et fit voter le 4 février 1794 l'abolition de l'esclavage. Jusqu'à sa mort Grégoire mène la plus ardente campagne pour obtenir l'abolition définitive de l’esclavage et de la traite.

Bernard Lecache (1895-1968): journaliste, franc-maçon, membre du Grand Orient de France, fonde la loge « Abbé Grégoire ». il est le fondateur de la Ligue contre les pogroms en 1927, devenue la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) en 1979.

L'église Saint-Sulpice

Il est curieux de constater également, qu'à cette époque, l'Eglise de Saint-Sulpice à Paris, aujourd'hui considéré par certains comme le temple de l'ésotérisme, avec : le gnomon initiatique, les peintures mystérieuses de Delacroix, les symboles maçonniques dispersés... Donc, que l'église sert de siège social à de nombreuses sociétés secrètes. Elle est déjà le lieu des alchimistes, rosicruciens et francs-maçons, le lieu est surnommé «Nouveau temple de Salomon». 

 

Sanctuaire de saint Sulpicius le Pieux, la fondation est fort ancienne... la vaste crypte souterraine rend compte à quel point le Saint-Sulpice actuel est rehaussé par rapport à la vieille chapelle... La construction de l'Eglise actuelle ( première pierre en 1732) fut longue. Le Maître-autel était de marbre bleu turquin, il avait la forme d'un tombeau ; et le tabernacle représentait l'Arche d'Alliance... Et, les templiers, sont censés être les dépositaires de l'Arche d'Alliance...

Victor Hugo s’est marié à Saint-Sulpice, Baudelaire et Robespierre y ont été baptisé...

Même les surréalistes, avaient prévu de se réunir, à ses côtés : au café de la Mairie, 8, place Saint-Sulpice; sont venus là: Beckett, Perec, Hemingway, Fitzgerald...

Emile Signol (1804-1892), et Eugène Delacroix ( trois fresques dans la Chapelle des Anges...) ont semé divers indices dans leurs peintures, pour attiser notre curiosité …

Delacroix, la lutte avec l'Ange

Barrès - Dans un livre intitulé Le Mystère en pleine lumière, paru en 1926 - explique comment Delacroix a orienté le choix de ses tableaux: « Il va à la partie héroïque du drame angélique, et le 2 Octobre 1849, le jour même de la fête des Anges, dans un entretien avec le curé de Saint-Sulpice, il s'arrête à trois grands sujets: La lutte de Jacob avec l'ange, Héliodore chassé du Temple par les anges, et puis pour le plafond, l'archange Michel qui terrasse Lucifer. Durant douze ans il y va travailler de tout son instinct et de toute sa science. »

Le tableau '' La lutte avec l'ange '' va inspirer un roman à Anatole France (La révolte des anges): « J'ai pénétré les antiquités orientales, la Grèce et Rome, j'ai dévoré les théologiens, les philosophes, les physiciens, les géologues, les naturalistes. J'ai su, j'ai pensé, j'ai perdu la foi .»

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