Emigration: Les nobles fuient la France pour l'Angleterre.
Les liens que J. L. de la Bermondie va tisser à la veille de la Révolution, puis tout au long de celle-ci, et en partie dans l'émigration ; permet un regard différent sur cette période exceptionnelle...
Emigrés par Ferdinand Bac
Rencontre d'un noble français avec l’idéalisme allemand.
Mon aventure est de vivre à travers un personnage infiltré dans l'Histoire, les événements qui amènent à mieux comprendre le sens de la vie. Et, la philosophie n'est-elle pas le support essentiel pour questionner le Réel, avec intelligence … ?
L'esprit du temps, semble souffler sur deux pays ; en France de manière effective, en action ( c'est la Révolution!) ; et en Allemagne, il souffle aussi , mais en tant que pensée... Ce qui va étonner un noble émigré français, comme J. L. de La Bermondie ; c'est cette effervescence animée par la révolution française...
Le jeune Hegel
Dans ce que l'on va appeler '' l'idéalisme allemand'', on peut croiser plusieurs courants : des ''romantiques'' ou des '' matérialistes'' ( je ne sais pas comment les appeler...?)... Et, entre les deux, je dirais que commence à poindre, la pensée complexe de Hegel (1770-1831)... Hegel n'est alors que l'humble chercheur, qui vers 1792, accepte, de se faire le disciple de ses amis; de Schelling (1775-1854) en particulier...
Tübingen de 1788 à 1793 : Hegel, Hölderlin et Schelling partagent la même chambre au séminaire protestant de Tübingen. Les trois amis rêvent d'une révolution dans les Allemagnes.
Refusant d'être pasteur, Hegel devient précepteur à Berne... Là, sa réflexion critique porte sur la religion chrétienne. Hegel critique la ''positivité'' de la religion chrétienne, il reprend une opposition héritée de Lessing et très remendue à l'époque entre le ''rationnel '' et le ''positif'', le ''naturel'' et '' l'historique''. Comme Lessing, mais aussi comme Kant après celui-ci, il semble caractériser comme '' positive '' toute doctrine, toute croyance qui nous serait imposée par une autorité extérieure: par la Révélation ou l'Eglise, par les institutions politiques, ou même par nos pernets, c'est à dire les éducateurs en la parole desquels nous attacherions foi, sans pourtant être capables de determiner s'ils sont ou non dans le vrai.
La couverture du tome 1 de "Fraternités", de Camus et Rosanas, édité chez Delcour
Ce que Hegel oppose alors à la religion positive, c'est une religion qui serait fondée sur la raison. Il développe un idéal moral de liberté qui semble inspiré par Kant.
En ces temps troublés et révolutionnaires, il faut bien reconnaître que l'entraide maçonnique a son intérêt pratique. J. L. de La Bermondie, trouve de proche en proche, un milieu accueillant et sympathique. Mais, plus que tout autre chose, c'est l'agitation intellectuelle qui va le marquer.
Il n'est pas absurde de penser que J. L. de La Bermondie puisse rencontrer Hegel, dans une soirée, un atelier ...
Il faut dire que les plus grands penseurs de l'époque, même s'ils sont encore pour certains inconnus, se rencontrent dans des ateliers qui sont véritablement des lieux de réflexion ; un peu comme si chaque frère cherchait là, quelque chose qu’il désespère de trouver ailleurs... ( ailleurs, notamment dans la religion)... Si, un Goethe ou un Fichte, fréquentent ces lieux, ce n'est pas pour banqueter, faire du commerce, ou manifester quelque générosité dans une bonne œuvre...
Goethe (1749-1832)
Est-ce un hasard, si le Grand-duché de Saxe-Weimar ( régi par des maçons) ; reçoit les écrivains et les philosophes les plus novateurs, comme Goethe, Herder, Fichte, Hegel, Schelling, et tant d'autres.. ?
Bien sûr, et heureusement, on s'aperçoit bien vite qu'il faut tenir compte des divisions idéologiques qui se déploient ici : on y croise les ''Lumières'' , et aussi les '' Illuminés de Bavière'' ( de nombreux intellectuels "progressistes" comme : Niethammer, Schelling, Jacobi, seront accusés par leurs ennemis d'appartenir à l'Ordre des Illumines de Bavière) , et même les ''mystiques'' ; un peu comme en France ( dans une moindre mesure).
Auparavant, du fait de la réputation des ''Illuminés de Bavière'', nous ne pouvons pas ne pas parler encore de la Franc-maçonnnerie...
La Franc-Maçonnerie, et la Révolution :
Le fameux ''serment du jeu de Paume'' (20 juin 1789), a un caractère maçonnique... Le Duc d'Aiguillon, qui fait partie depuis 1786 de la Société Olympique ( qui ne compte que des francs-maçons), avec le Vicomte de Noailles, proposent le 4 août 1789, la suppression des privilèges. Et, quand l'Assemblée Nationale va ensuite déclarer les Droits de l'Homme, inspirée par la déclaration américaine de 1776 ; on y reconnaît l’œuvre des maçons...
L'union des trois ordres
A la veille de la Révolution, le Grand Orient de France a 629 Loges et 30 000 Maçons. Même si on rencontre les opinions les plus variées parmi les députés maçons. On peut noter que, c'est dans la députation de la noblesse que la proportion de maçons est la plus élevée : 81 Francs-Maçons sur 285 députés, soit 28 % ; 6 % pour le Clergé et 17 ou 19 % pour le Tiers-Etat, 107 ou 121 sur 619 élus. Sur la base que l'assemblée était composée de 1165 membres, à l'ouverture le 5 mai 1789.
( Sources : M. Pierre Lamarque)
<- Ce tableau, très probablement peint au début de la Révolution Française, en 1789, symbolise la réconciliation de l'Église, de la Noblesse et du Tiers État en France devant l'entrée d'un temple maçonnique. Peint par Nicolas Perceval (1745-1837)
Si les maçons sont nombreux parmi les Girondins de la Convention, les grands ténors n'appartiennent pas à la Franc-Maçonnerie, à l'exception de Marat. Et Robespierre lui-même, contrairement à la légende, n'est pas maçon. La Terreur va arrêter les travaux maçonniques. Le Grand Maître Philippe d'Orléans, se fait désormais appeler Egalité, et déclare ne plus vouloir se mêler en rien des affaires du Grand Orient ni des Assemblées de francs-maçons.
Le Duc de Luxembourg, bras droit du grand maître et initiateur de la fondation du Grand Orient de France, émigre dès juillet 1789.
La thèse de l'abbé Barruel, selon laquelle la Révolution française résulte d'un complot fomenté contre l'Église et la royauté par les philosophes athées, les francs-maçons avec les ''illuminés'' et les jacobins, est sans fondement... !
La plupart des loges maçonniques de France font de la monarchie leur clef de voûte et chaque frère prête serment au Roi.
Favorables à une monarchie constitutionnelle, les maçons ne résistent pas au choc révolutionnaire... En 1800, seulement 75 loges seront en mesure de reprendre leurs travaux...
Necker n'a jamais été franc-maçon. Germaine de Staël, sera familière d'une certaine tendance maçonnique aux côtés de son mari, le baron suédois de Staël-Holstein, franc-maçon versé dans l’ésotérisme et fréquentant les cercles ''d’illuminés''... Mme de Staël dit ne pas apprécier ces sectes secrètes, qui veulent se distinguer par vanité.
Évoquant les ''illuminés de Bavière'', Mme de Staël écrit: « Un secret, quel qu'il soit, flatte l'amour-propre des hommes ; et quand on leur dit qu'ils sont de quelque chose dont leurs pareils ne sont pas, on acquiert toujours de l'emprise sur eux. »
Elle leur reconnaît une indépendance d'esprit, et observe cette fraternité qui permet de dépasser les différentes barrières sociales. En Écosse et en Allemagne, où se trouvent ses origines, la franc-maçonnerie est selon Madame de Staël une institution plus « sérieuse » qu’en France... !
Les ''Illuminés de Bavière'' ont formé une société secrète, sous l’impulsion d' Adam Weishaupt (1748-1811) en 1176, en Bavière où régnait une sorte de monarchie absolue, bastion de la Contre-réforme catholique et à l'écart du vent nouveau ( l’Aufklärung ) qui soufflait en Allemagne... L'ordre des illuminés se rallia à la franc-maçonnerie avec A. de Knigge (1781) pour devenir un cénacle où se retrouvait tout ce que la Bavière comptait d’esprits ouverts, adeptes du changement. L’Électeur sévit et promulgua plusieurs édits de 1784 à 1787: dissous, pourchassés, les Illuminés disparurent … Mais, la réputation de la secte ne cessa ensuite de hanter l'imaginaire ...
Cet été, ce 20 août 2018, est mort Michel Cazenave : Poète, philosophe, fin connaisseur de la psychanalyse et spécialiste de l'oeuvre de C.G. Jung , écrivain et producteur à France Culture, notamment de la célèbre émission '' Les Vivants et les Dieux '' (1997-2009).
Toutes les facettes du féminin, en particulier, la féminité divine, le passionnaient depuis toujours et forment une des veines centrale de son œuvre ( une cinquantaine d’ouvrages).
Chantre de la passion, il a déjà proposé une relecture de l'histoire de Tristan et Iseut.
'' Tristan et Yseult '' fait partie de ces fabuleuses légendes qui sont le reflet d'une spiritualité proprement occidentale et qui ont traversé les siècles...
Pour Michel Cazenave, Tristan incarne le meilleur des chevaliers, le plus grand des héros. Mais du jour où il rencontre Iseut, du jour surtout où il cède à la passion et fait l’amour avec elle, il renonce à tout exploit héroïque. Socialement, il est devenu l’antihéros. Tristan et Iseut ont une conscience féminine de l’univers dans une société qui, héritière de Rome, de la Grèce et du Judéo-christianisme, a banni les valeurs féminines.
La quête des deux amants est douloureuse, comme celle de la passion divine dont ils nous tracent la voie. Les épreuves ne manquent pas. Mais la flamme de l'espérance ne cesse de briller, fondée sur la certitude qu'il existe quelque part, dans la bulle d'air de Tristan ou les Iles de Fortune dont Iseut est l'emblème, un lieu de lumière dont nous avons tous la nostalgie profonde...
En 1998 Michel Cazenave avait eu la grande douleur de perdre sa femme et inspiratrice Chantal.
La mort, disait-il, « Il faut pourtant essayer de la penser, tout en sachant que nous ne pouvons pas la penser réellement car si nous sommes en vie, nous ne sommes pas morts, donc la mort n’existe pas. Je me demande si l’idée qu’introduit l’Orient en voyant la mort comme le contraire de la naissance - pas du tout le contraire de la vie - n’est pas plus intéressante, beaucoup plus riche et beaucoup plus féconde (…) Ce qui m’a marqué le plus est ce moment où, quelques minutes avant sa mort, ma femme me dit d’un ton très tranquille : « Voilà, c’est la fin, c’est fini ». Ça m’a énormément marqué. Je me suis dis que l’on était capable véritablement d’entrer dans la mort en l’acceptant totalement. C’est autre chose qui souffre. Elle m’avait dit : « Ne t’en fait pas, je m’en vais mais je veillerais toujours sur toi ». Il y avait quand même quelque chose de l’amour. L’amour qui n’est pas appropriation, au-delà du simple plaisir, de la pulsion… dans l’ouverture mystère. Une espèce d’amour — bon j’hésite devant le mot tellement il est galvaudé — de l’ordre de l’Universel. »
Michel Cazenave : Tristan et Iseult, le défi à la loi
Extraits de la Revue ''Question de''. N° 37 :
Tristan, l’homme, se définit comme le fils de la déesse, alors qu’Iseut en est d’abord l’incarnation. N’oublions pas que l’histoire se passe dans un monde celte (Irlande, Cornouailles et Bretagne) où, dans la conscience collective, le substrat des anciennes « religions » matriarcales est resté très prégnant : pensez au rôle de Macha, de la reine Maeve, de Brigitte en Irlande, de Don ou de Rhiannon au Pays de Galles.
(…)
Iseut est blonde et ce n’est pas un hasard : c’est qu’elle est aussi le soleil, et le soleil, en gaélique, est du genre féminin, alors que la lune est du genre masculin. Qu’est-ce que cela veut dire, sinon qu’Iseut porte en elle aussi une part symbolique masculine, et Tristan, féminine. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs qu’il est orphelin de père et qu’il est né de Blanchefleur, l’incarnation de cette déesse blanche universelle que l’on retrouve aussi bien en Inde avec Gauri, qu’en Grèce avec Démeter-Alphito, et dans l’ensemble du monde celtique…
En face d’eux, il y a le roi Marc, qui symbolise l’ordre patriarcal. Ce n’est pas le père de Tristan mais il le choisit, car on doit avoir un père. Cet ordre patriarcal, il est dévalué dès le départ par les oreilles de cheval qui sont celles de Marc : tare congénitale et qui renvoie au cheval de la mort de toutes les mythologies.
Tout le balancement de l’histoire est donc entre ces deux pôles : choisir le royaume féminin d’Iseut, ou celui de Marc et du père. Choix qui est plus qu’à l’ordre du jour aujourd’hui ! Et ce choix implique toute une série d’épreuves, qui marquent les étapes d’un trajet initiatique.
La lutte hors d’Irlande d’abord, contre le Morholt, puis au cœur même de l’Irlande avec le Dragon, symbolise à la fois le combat contre la famille d’Iseut mais aussi et plus profondément contre les forces destructrices de la féminité qui n’est pas assumée. Le Morholt, au fond, c’est l’aspect masculin non intégré de la femme (et il renvoie par là à l’aspect menaçant des fameux « parents combinés » de Mélanie Klein), cependant que le Dragon serait plutôt la mère captatrice et dévorante, la « mère au vagin denté » dont parlait Freud. Une fois le Morholt tué, le Dragon vaincu, Tristan peut découvrir la femme en elle-même, dans son aspect d’initiatrice à la vie, et donc la femme en même temps qui vit au fond de lui. Il faudrait aussi parler du voyage de Tristan à travers la mort, du philtre, de la forêt de Marois...
Dans la mesure où l’homme, dans ce type de société, reconnaît la femme en lui, il est constamment menacé par les forces sociales. Il n’y a passion que parce que c’est antisocial ! Passion, vous savez ce que cela veut dire : c’est le fait d’endurer, de souffrir. Comme si l’amour était une maladie ! Voyez Racine à ce propos ; il fallait vraiment être un homme pour inventer un tel mot !
Mais, aujourd’hui, la reconnaissance de ces valeurs féminines est en train de s’opérer !
(…)
On a dit du philtre que c’était la cause de l’amour parce qu’au fond, c’était bien commode comme ça. Mais il n’en est pas la cause, il en est le symbole. C’est en fait l’eau magique de la déesse, l’eau spirituelle de la vie, celle que l’on trouve dans le chaudron de l’inspiration divine de la déesse galloise Kerridwen, ou dans le vase de l’irlandaise Brigitte : c’est le symbole de la deuxième naissance, la naissance dans la femme après la naissance dans la mère. Quand on parle des déesses, on parle toujours en effet de la Terre-Mère, comme si la déesse n’avait qu’une fonction génitrice. Mais elle est aussi l’eau, elle est aussi l’air que fendent ses oiseaux (Les Colombes d’Ishtar ou les oiseaux de Rhiannon), elle est aussi le soleil… Alors, le philtre c’est le symbole de tout cela à la fois. Ce n’est pas lui qui déclenche l’amour. Il symbolise simplement l’épanouissement de la femme divine qui est fondamentalement amour et circulation d’amour.
Marc représente la loi du père, l’étranger. Avoir bu le philtre, pour Tristan, signifie qu’il rentre dans le royaume de la déesse, de l’amour-même, de l’Eros. Marc est de l’autre côté, du côté de la puissance : il est le roi. Et il est la loi morale. Comme si on avait besoin de morale quand on vit son amour !
Mais, au cours du récit, intervient le doute… Ils ne sont plus si sûrs d’être « du bon côté »…
Ils s’enfuient de la société organisée et rentrent dans la forêt qui représente le retour à la vie sauvage, le contact avec les forces de la nature, le cours cosmique des choses. C’est une île dans le monde civilisé, l’abandon de l’état de culture pour revenir à la « vie primitive », dans Un ordre sans ordre qui est celui de la chair et de l’âme mêlées. C’est la réconciliation avec le règne animal, avec le rythme végétal, le cycle des saisons, et Tristan parle aux oiseaux, comme leur parlera François d’Assise…
Leur amour est alors fait d’évidence. Il n’y a pas besoin, comme vous dites, « d’entretenir » la passion. La passion « est ». Ils sont à eux-mêmes leur destin, dans l’ordre de l’île, de la forêt, de la nature, de l’amour, c’est-à-dire de la femme.
Le doute n’intervient que lorsque le roi Marc, les découvrant tous deux côte à côte dormant dans la forêt (mais ils étaient séparés par l’épée ! — « heureusement » ajoute le narrateur) se montre magnanime et épargne leur vie. Ils reconnaissent alors la valeur patriarcale… et se mettent à douter de leur choix (aujourd’hui, si on la reconnaît… on doute de son amour. Ce sont deux régimes exclusifs !). Alors vous pouvez me dire : mais tout au long du récit, Tristan essaie de se réhabiliter aux yeux de Marc. C’est l’interprétation traditionnelle.
Mais regardons-y de plus près : il ne cherche pas la réhabilitation, il clame son innocence. Ce qui n’est pas la même chose. Il clame même cette innocence dans des situations impossibles : par exemple au moment où il sort du lit d’Iseut, et qu’on vient de l’en convaincre par la trace de sang qu’il a laissée, c’est-à-dire au moment où, selon la Loi et la Morale, il est le plus coupable. Ce qu’il nous indique en fait, c’est la différence de régime entre deux mondes étrangers, ceux du Père et de la Mère, ceux de la Loi et de l’Amour, ou il faudrait peut-être mieux dire : ceux de la loi extérieure, qui est force et contrainte, et de la loi intérieure, qui est intuition, évidence, illumination. Nous voilà revenus au philtre ! La meilleure preuve en négatif, si vous voulez, c’est que le jour où Tristan et Iseut voudront se justifier (c’est-à-dire proclamer leur innocence selon la règle des hommes et non point celle de la femme), ils n’auront d’autre solution que de tricher abominablement. C’est le fameux serment du fer rouge, qui nous indique assez que le domaine de l’amour, et de l’amour véritable, ne trouve sa vérité qu’en dehors d’un monde régi par des valeurs masculines érigées en absolu.
Illustrations de Denis Gordeev
Il ne s’agit pas d’une relation de pouvoir mais d’amour, où chacun existe en lui-même et s’assume totalement. Si la femme reste uniquement l’incarnation de la déesse, on ne va pas jusqu’au bout du mythe, on n’en a même pas passé le premier degré. En fait, on s’aperçoit assez vite que la femme se détache de la figure de la Mère, qu’elle doit être perçue comme une femme réelle, et que l’homme ne peut l’aimer que s’il l’aime telle qu’elle est, non pas telle qu’il la rêve.
Dans Tristan et Iseut, on a l’impression que chacun est homme et femme à la fois. Ils affrontent les obstacles ensemble, la faim, le combat, la mort, sans qu’il soit fait allusion, ou à la faiblesse d’Iseut, ou au côté « chevalier protecteur » de Tristan.
Iseut n’a en effet rien de commun avec l’héroïne courtoise de l’époque, blanche et évanescente, enfermée dans son château ! Elle partage tout, y compris la mise à mort d’un félon, puisque c’est elle-même qui dirige l’arc de Tristan et ajuste le tir. On pourrait citer d’autres scènes : Le châtiment de Frocin l’astrologue, le passage du mal-pas, la scène du roi Marc dans le pin. Ce qu’il faut comprendre avant tout, c’est que Tristan et Iseut forment un couple. Et un couple, c’est compliqué ! Ce n’est pas le fameux androgyne de Platon. ! Mais quelque chose d’encore plus profond et complexe.
J. L. de La Bermondie va vivre le début de la Révolution, en Limousin.
Le Limousin est alors une région pauvre et isolée... Les céréales, et en priorité le seigle, sont la principale des cultures à côté de l'élevage du bétail : bovins et moutons... Le porc est le seul animal que le paysan se permet de tuer pour sa propre consommation..
Un peu de sidérurgie, au sud de la Vienne ; et à Limoges une activité industrielle assez développée : papeteries, manufactures textiles... et, des échanges commerciaux limités.
Un peuple des campagnes indigent, et un attachement aux traditions religieuses populaires... Pour 700.000 habitants, on compte 3000 personnes au service de l'Eglise ( neuf communautés religieuses de femmes à Limoges)...
Suppression des Ordres religieux 1790
Les 20, 21 et 22 août 1787, se réunit l 'Assemblée provinciale de la généralité de Limoges. Puis dès février, mars 1789, des Assemblées ont lieu pour rédiger des cahiers de doléances et élire des députés aux États Généraux.
Les trois ordres se réunissent du 16 au 23 mars au chef-lieu des sénéchaussées.
J. L. de La Bermondie est à Limoges, pour la noblesse. Un document d'archive, qui nous donne la liste la des gentilshommes qui assistent à l'Assemblée des trois ordres de la sénéchaussée de Limoges et Saint-Yrieix, en 1789; le nomme et l'appelle "seigneur de Saint-Julien et de Laron".
Le lycée ( Gay-Lussac aujourd'hui) est le théâtre de la réunion des États Généraux du Limousin, dans l'enceinte de la chapelle, le 16 mars 1789.
« Le collège royal bordait le boulevard. L’arrière des bâtiments et la chapelle s’ouvraient de l’autre côté, tout près de la place dans l’étroite rue Boucherie. La lumière, encore frisante à cette heure soulignait d’ombre, les pilastres, les entablements, les frontons, les niches en coquille : tout l’ensemble du style jésuite, plaqué sur un appareil assez rudimentaire, comme les deux tourelles à bonnet pointu qui épaulait cette façade. Si bien qu’en dépit de ses ornements l’église ouvrait plutôt un aspect militaire. En outre, quand on arrivait par la rue de l’Arbre-Peint, un des singuliers clochetons du cloche, apparaissant par-dessus ladite Église ou chapelle évoquait les épaules et la tête d’un guetteur en armure et casque noirs.
L’intérieur sans pilier formait un assez vaste vaisseau, très clair. Tournant le dos à l’hôtel, les magistrats de la Présidial et de la Sénéchaussée : conseillers, gens du roi, le lieutenant des Pais, le lieutenant criminels étaient assis en robes du palais. Ils composaient et un groupe uniforme, noir et rouge, où tranchés la blancheur des hermines ; Sur un côté du vaisseau, se tenait le Tiers-État imposant par son nombre. Les campagnards en habit court à basques, y voisinaient avec les fastueux citadins du genre Naurissane. En face, siégeaient la noblesse et le clergé, à droite et à gauche du grand sénéchal qui présidait, assisté par le lieutenant général de Reilhac, le procureur du Roi et les huissiers. Cet ordre n’avait pas été établi sans mainte querelle de préséance. Aujourd’hui, tout le monde était très digne, très pénétré de l’importance de ce qui s’accomplissait ici. » Robert Margerit '' La Révolution - L'amour et le temps ''
Chapelle et arrière des bâtiments du Lycée Gay-Lussac -Limoges
En même temps, une crise des subsistances atteint son ampleur...
En 1788, du fait de la sécheresse et d'orages de grêles, les moissons sont détestables... le marché est également mal approvisionné ( certains accaparent pour gagner plus …), et c'est une forte hausse des prix... L'hiver qui suit est très rigoureux, même les châtaigniers périssent !
Les 12 et 13 mai 1789, Limoges connaît une émeute engendrée par ce problème de subsistances...
Après le 14 juillet 1789, les limousins connaissent ce qu'on appelle '' la Grande Peur '' : le bruit circule que des bandes de brigands ( ou mercenaires …) sans-doute recrutés par les nobles, arrivent en pillant et détruisant tout sur leur passage... cela induit une '' révolution municipale'', avec la constitution de '' comités de patriotes » » qui se substituent aux autorités municipales en place … On crée des gardes nationales, en grande partie formées de petits bourgeois.
Article 1er : « l'Assemblée nationale détruit entièrement le régime féodal. »
En France, le 4 août voit la suppression des privilèges, de la dîme et de certains droits seigneuriaux. On brûle les bancs des ''privilégiés'' des église, on détruit les girouettes ( réservées aux possesseurs de fiefs) … Et en décembre, se généralise le refus du paiement des droits seigneuriaux...
En janvier 1790, en Bas-Limousin ont lieu des révoltes anti-seigneuriales.
C'est en février 1790 que se constituent les trois départements de la Creuse, de la haute-Vienne et de la Corrèze.
A lieu la fédération des gardes nationales – c'est à dire que les gardes nationales voisines se jurent un appui mutuel et fraternel - et le 14 juillet 1790, les municipalités organisent une fête pour célébrer cette Fédération. Se créent des clubs : des sociétés patriotiques avec beaucoup de commerçants et d'artisans.
A partir de janvier 1791, c'est la Constitution Civile du Clergé. On demande aux ecclésiastiques de prêter serment et on élit des évêques constitutionnels. C'est alors un tournant dans la révolution, car cette décision provoque de profondes divisions... Le bas-clergé est favorable à la Révolution, mais beaucoup de réfractaires invoquent leur conscience... Les ''jureurs'' ne sont pas enthousiastes... Pourquoi devoir choisir entre la Nation et l'Eglise ? Les ''jureurs'' seraient 62% en Corrèze, 47% en Haute-Vienne et 75% en Creuse ( selon l'Assemblée Constituante), des prêtres vont ensuite se rétracter …
Léonard Cramouzaud, le curé de Saint-Julien-le-Petit, refuse de prêter serment à la constitution ''schismatique'' du clergé, et émigre …
Pierre-Psalmet Cramouzaud, curé de Beaumont (du Lac), près d'Eymoutiers, nommé en 1762, refuse également de prêter serment. Il est condamné à la déportation hors de France. Malgré cette loi de déportation du 26 août 1792, il reste « caché dans le voisinage de sa paroisse, afin de continuer à veiller sur elle, et porter à ses habitants les secours de la religion »... Il est arrêté, et conduit à Limoges, où le tribunal criminel le condamne à mort, et le fait guillotiner le 21 novembre 1793. ( sources : l'abbé A. Lecler - 1918 )
Puis, les 20 et 21 juin 1791, le Roi ''s'enfuit'', puis il est fait prisonnier...
Le 23 août à La Souterraine, a lieu une insurrection contre le rachat des droits seigneuriaux...
La famille royale est arrêtée à Varennes le 21 juin 1791
Durant l'année, les départs en émigration deviennent nombreux.
Selon des actes: Jeanne de Villoutreys, et Jean Léonard de la Bermondie, vont divorcer durant la Révolution pour conserver les biens de Jean qui émigre en 1791; mais ils vont négliger de se remarier civilement après son retour...
Ce que j'en dis...: Jean Léonard de la Bermondie, après la fuite du Roi, puis son arrestation va considérer que son devoir est de rester au service du Roi de France. Bien que, partisan d'une monarchie Constitutionnelle, et donc favorable à la Révolution en son début, il partage certaines analyses du ''girondin'' et limougeaud Pierre Vergnaud (1753- et guillotiné en 1793), du moins en cette année 1791... Jean-Léonard comme noble, de plus, ancien page du Roi et officier, craint pour sa sécurité... Il choisit d'émigrer, mais refuse de servir dans l'armée avec les prussiens et les autrichiens contre la nation Française ... Aussi, choisit-il la Suisse, et Berne en particulier ...
- Note: Emigration française en Suisse: principalement à Neuchâtel, Fribourg, Berne et Bâle. On a recensé 3 700 ressortissants français dans le canton de Fribourg en 1793, dont deux tiers d'ecclésiastiques...
A suivre:... J. L. De La Bermondie rencontre le jeune Hegel..!
Limoges, comme chaque ville du royaume, a son cortège de fêtes et de processions annuelles...
Processions le dimanche de la Passion, le jour de Pâques, à la Fête-Dieu et dans l'octave, pour l'Assomption encore... Le 30 avril, on plante très officiellement des arbres de mai dans la ville, en présence du maire, des valets de ville, des fifres et des tambours. Il faut ajouter à cette trame les noubas du Carnaval et de la Saint-Jean, et le reste! Les Rois, les Rameaux...
Ostensions du Dorat en 1918
A Limoges, chaque année les six prévôts-consuls maudissent solennellement Gauthier, le méchant traître. Au début du XVe siècle, Gauthier Roi dit Pradeau avait cru pouvoir livrer la ville. Mal lui en prit, car, pendant plus de trois cents ans, les Limougeauds consacrent le 27 août à courir sus à Gauthier (voir note *). Cela commence à l'hôtel de ville et se poursuit dans la rue.
Mais tout cela, n'est jamais qu'ordinaire. En fait, les élites ne répugnent pas aux rites colorés, grivois parfois, qui scandaient les douze mois de l'année. A Carnaval hormis quelques dévots qui se réfugient chez les Jésuites pour y expier les fautes de leurs semblables, tout le monde se retrouve pour faire le maximum de ce qu'autorise l'état de son porte-monnaie. Moment sacré à l'occasion duquel les parents s'invitent de loin, comme pour la Saint-Jean, notamment pour le bal, l'un des plus importants de l'année.
On retrouve tout cela à la campagne, où les ''reinages'' des confréries ( vente de titres dans une confrérie) continuent de mêler inextricablement la religion, les gaietés populaires et la mangeaille.
Nobles et bourgeois font partie de la fête...
Dans la banlieue de Limoges, la fête des Cornards de Saint-Lazare sort la population de la ville pour sa première ballade de l'année, le dimanche de la Passion, en plein carême. Les aubergistes du village arborent à leur porte de magnifiques cornes de béliers enrubannées, à la place du bouchon obligatoire qui est le signe de leur commerce, et tout ce joyeux peuple ne manque pas d'aller saluer d'un même souffle les reliques de Saint-Lazare que le curé expose pour l'occasion dans la vieille église.
Les reliques et la fête mêlées, c'est là la marque propre du Limousin. ( …) La confrérie des cornards du lieu; se charge charitablement de déposer chez tout nouveau marié la superbe ramure de cerf qu'il n'aura plus qu'à transmettre à l'époux suivant. On pourrait encore évoquer l'Académie des ânes d'Ambazac...
Pour satisfaire ce besoin de sacré, Limoges a ses pénitent... Bleu, noir, gris, blanc, rouge ou feuille morte, le pénitent de Limoges trouve dans sa confrérie un moyen de sortir de son milieu professionnel et une identité religieuse et sociale que ne boudent pas les officiers de la ville.
L’historien Michel Cassan a écrit : « dans le courant des XVIIe et XVIIIe siècles, de ce dernier surtout, il n’y avait pas un seul chef de famille de Limoges qui ne fut membre de quelque confrérie à laquelle avant lui son père, son grand-père, ses ancêtres avaient appartenu. C’est par centaines qu’elles comptaient leurs membres. » Contrairement à ce que l’on pourrait penser par ailleurs, les confréries se montraient souvent très indépendantes vis-à-vis du clergé, en particulier à Limoges.
Selon Francis Masgnaud, « leur indépendance vis-à-vis du pouvoir religieux a dû plaire aux francs-maçons et, comme dans la ville tout le monde en était, nombre de francs-maçons furent également pénitents. »
Il existait des maçons ecclésiastiques, comme par exemple Cramouzaud, chanoine théologal de saint Martial, membre de « L’Heureuse Réunion » à la fin du XVIIIème siècle.
Dans son costume de pénitent, l'homme qui va pieds nus dans les rues jonchées de fleurs précédant le Saint-Sacrement, est un peu prêtre lui aussi. Instrument d'intégration sociale, la confrérie limousine accueillait les jeunes fils de ses membres, les militaires en garnison, soldats aussi bien que capitaines, et les négociants des villes d'alentour amenés par leur commerce à de fréquents passages.
Le Limousin présente la caractéristique de rester fidèle à ses reliques dont le culte y revêt depuis longtemps, une ampleur toute mérovingienne...
Tous les sept ans - et cela se fait encore au XXIe s. -, des ostensions solennelles permettent aux fidèles de promener et de vénérer les corps, les chefs et les morceaux les plus précieux des saints locaux: Martial, Léonard, Victurnien, Austriclinien, Théobald, IsraëI, Genest, Priest et mille autres, et cela avec une débauche d'usages et de rites qui s'étendent sur plusieurs mois et mobilisent l'ensemble de la population aux côtés de ses cadres sociaux dans un vaste psychodrame.
Procession maçonnique - au XVIIIe siècle détail
Également, un jour de Saint-Jean, les francs-maçons de la loge de Limoges peuvent donner un banquet et faire un feu d'artifice, avant d'envoyer à leurs frais une musique régimentaire donner la sérénade par les rues.
Sources : Michel C. Kiener et Jean-Claude Peyronnet : ''Quand Turgot régnait en Limousin''
(*) La fameuse conspiration de Gautier Pradeau (1426)
Le procès du consul Gautier Pradeau constitue un des épisodes les plus saillants et les plus dramatiques de notre histoire provinciale au moyen âge.
Limoges Médiéval ( BD de Pascal Jourde)
On sait que Pradeau, originaire de Lesterps ( aux limites du Limousin ), était venu, jeune encore, et avec peu de ressources, s'établir à Limoges où il entreprit un commerce.
Il va entrer dans la bonne société limougeaude par le mariage ; il épouse Marie Vidal qui appartient à une famille de drapiers et lui apporte « moult chevance »
Peut-être '' maître des monnaies'', il fait des prêts à des notables; surtout il devient trois fois consul (1412, 1416 et 1422). C’est donc, en quelques années, une réussite publique fulgurante.
Les adversaires de Gaultier Pradeau ont dressé de lui un portrait qui allait devenir traditionnel, celui du traître modèle : étranger à la ville, arrivé pauvre mais enrichi par le mariage et de louches affaires... Ici, le chef d’un parti vicomtal dans la ville, se heurtant à un parti consulaire mené par les anciennes familles patriciennes de Limoges...
Jean de Bretagne, sieur de Laigle, est le frère et le lieutenant général du vicomte de Limoges. Celui-ci revendiquait les anciens droits féodaux de sa famille. Les habitants repoussaient avec énergie cette prétention, rappelant le don fait par la veuve de Charles de Blois de leur ville au roi Charles V, et l'engagement solennel pris par le même prince vis-à-vis des bourgeois, de les garder sous sa main et de maintenir leurs consuls élus seuls maîtres et seigneurs du château de Limoges.
Pour dix mille écus et quelques rancunes personnelles, Pradeau consentit à servir les projets du seigneur de Laigle...
Quand ce fut le tour d'investir la charge de prévôt-consul, d'entre tous les magistrats de la Commune, Gautier Pradeau devait faire ouvrir sous un prétexte quelconque , un matin au point du jour, la Porte des Arènes...
Mais, le projet du traître fut découvert avant sa réalisation... L'alarme se répandit aussitôt dans la ville et les bourgeois se précipitèrent aux murailles …
Jean de Laigle demeura une semaine sous les murs de la ville avec les 6 ou 700 hommes qu'il avait réunis pour son expédition; mais avec d'aussi faibles troupes, il ne pouvait songer à prendre Limoges de vive force, il dut se retirer.
Le corps de ville s'assembla : Gautier fut appelé devant ses collègues; on mit les preuves de sa trahison sous ses yeux. Il essaya d'abord de nier; mais, bientôt convaincu par l'évidence, menacé d'être appliqué à la question, il se décida à tout avouer: il remit même aux consuls le traité qu'il avait en sa possession. Livré au prévôt criminel, il eut la tête tranchée au pilori de la place des Bancs, le 3septembre. La tête du coupable fut placée au bout d'une pique, au-dessus de la porte des Arènes.
Une procession annuelle - organisée peut-être dès les années 1430 et jusqu’à la veille de la Révolution - permettait à la population d’insulter « l’homme de fer » .
Après Ambazac, enfin, la voiture empruntée par J. L. de La Bermondie retrouve - vers Limoges - une route praticable ..
« La voiture dérangeait les ateliers paroissiaux de la corvée des chemins. Ils travaillaient aux routes entre les grands labeurs de l'été et les pluies et le gel de l'hiver... le cœur n'y était guère et les corvoyeurs y mettaient toute l’ardeur qu'on peut attendre des gens qui font un travail forcé non payé... »
Plan: Ville de Limoges 1785
La ville de Limoges ( le château) est ceinturée de remparts qui tombent en ruine ; pourtant la plupart ont disparu et remplacés par une allée d'arbres, appréciée des citadins … Les routes de Paris et de Poitiers aboutissent à la porte Montmailler, l'une des quatre portes fortifiées … Là, on y trouve tout à côté la poste aux chevaux et une brigade de la maréchaussée... En 1781, une place ronde a été aménagée : la place Montmailler, rebaptisée Dauphine à la naissance de l’héritier de la couronne.
Tout le trafic Nord-sud doit ensuite s'engouffrer dans le dédale de rues étroites, bordées de maisons ventrues aux faîtages fatigués, pour, éventuellement, ressortir par la porte Manigne et de là dévaler le faubourg Saint-martial vers la Vienne...
Vue de Paris, Limoges apparaît comme une ville méridionale et pauvre. Et, une vraie ville dans la mesure où le jour et la nuit n'y sont, pas très bien partagés... Même si la chandelle pousse à suivre le soleil pas à pas. On se lève au premier jour, partout les premières messes se disent en hiver dans l'ombre ténue de l'aurore. A la ville, la nuit n'interrompt guère le mouvement de la ville.
A la campagne, chacun prolonge la soirée par la veillée. On y pèle les châtaignes du lendemain entre proches voisins car les chemins étaient trop infernaux, au sens propre comme au figuré, pour qu'on ose se risquer bien loin- Les paysans s'en repartent dans la nuit, les enfants accrochés aux basques, les oreilles pleines d'histoires de loups-garous.... La veillée terminée, la campagne s'endort, la porte soigneusement barrée.
En ville, après avoir blagué autour de l'âtre de la salle, souvent l'unique pièce du rez-de-chaussée de maisons bâties tout en hauteur, les enfants et les domestiques des familles bourgeoises grimpent les escaliers grinçants dans le noir épais, faute d'oser allumer des chandelles qui représentent alors une menace mortelle dans des villes de colombage et de lattis...
Les beaux jours, quand le soir décline, vient l'heure sacrée de la promenade. On se sort du centre aux rues infectes et au pavé disjoint dans lesquelles se déversent encore librement les latrines des maisons de notables. On s'en va marcher par les chemins ivres qui serpentent entre les jardins et les vignes soigneusement clos de murs. On marche encore à la nuit tombée. Plus moderne, les villes se pourvoient de promenades, endroits plantés et aérés, qui représentent le seul espace de rencontre possible. L'un des titres de gloire des intendants des XVIIe et XVIIIe siècles fut de doter les principales villes de leur généralité de ces allées, de ces cours qui portent encore souvent leur nom.
A Limoges, on peut trouver une promenade à plusieurs allées d'ormes, tout auprès d'un ancien amphithéâtre romain : les Arènes. C'est Boucher d'Orsay, qui les fait aménager en « vraie » promenade.
A l'intérieur de la ville, on a fait aménager une terrasse, la '' place sous les arbres'', à l'ombre immédiate du chevet de la basilique de Saint-Martial. Puis, c'est Tourny qui fait aménager les allées ; il fait démolir une vieille tour du rempart puis construire une porte de ville en forme d'arc de triomphe, frappée aux armes du roi, de la ville et des siennes propres. Et en calcaire, s'il vous plaît, importé à grands frais ! Tourny lui donne pour perspective un vaste cours planté d'où part la route de Clermont, si bien que s'y installe tout naturellement un champ de foire.
Les pauvres, qui habitent souvent des antres sans fenêtres, se.laissent prendre par la nuit assis sur le seuil de leur porte. Les auberges se remplissent, installées comme il se doit aux portes mêmes de la ville, comme les Trois Anges du faubourg des Arènes, dans ces faubourgs qui échappent un peu mieux que le centre à l’œil parfois sourcilleux des autorités de police et de commerce. Les joueurs de cartes s'y entassent dans des chambrettes empuanties par le tabac.
La nuit est bruyante d'un remue-ménage de caravansérail, et le tapage nocturne ne semble gêner que le sommeil des plus grincheux.
La poste aux chevaux, installée porte Montmailler, et les courriers de la poste aux lettres ajoutaient encore au vacarme. (…) Celle-ci s'arrête tard et reprend vers les deux ou trois heures du matin. Autant dire que ce carrefour, où aboutissent les deux chemins du nord et du nord-ouest, ne s'endort jamais. Les équipages vont boire aux étangs de la Motte, au coeur du vieux Limoges.
Puis, c'est le bruit des convois qui arrivent aux premières heures du jour aux portes de la ville où sont installés les différents marchés, de tradition immémoriale.
Les fers qui sonnent sur le pavé, les chevaux qui s'ébrouent, les longues plaintes criardes des ânes esseulés, le cri des coqs à 1'aube, les grognements des cochons des voisins, toute cette ménagerie n'était pas seule, loin de là, à remplir les nuits limougeaudes.
Sources : Michel C. Kiener et Jean-Claude Peyronnet : ''Quand Turgot régnait en Limousin''
Une fois le Graal retrouvé, le royaume est purifié, libéré des merveilles de Bretagne. Les valeurs chrétiennes ont vaincu les forces ténébreuses tapies dans les lieux sauvages, il n’y a plus de magie, de maléfices, d’enchanteurs et de créatures prêtes à terroriser le peuple. Celui-ci peut désormais vivre dans la lumière de Dieu, il n’a plus à craindre les forces obscures. Grâce au Graal, la nature est domptée, le monde civilisé, la Bretagne unifiée et christianisée. Malheureusement, la société arthurienne ne survivra pas longtemps dans ce monde nouveau.
En dehors de quelques élus, les membres de la Table Ronde ne sauront pas se montrer dignes de la nouvelle exigence morale du royaume.
Les chevaliers sont rattrapés par leurs erreurs, leurs passions ou leurs mauvaises actions passées.
Ainsi, malgré ses promesses, Lancelot retombe dans les bras de Guenièvre, Merlin lui-même succombe au charme de la dame du Lac et se retire du monde visible pour demeurer à ses côtés dans une prison d’air.
Mordred by Julek Heller
Quant à Arthur, il voit surgir un ennemi inattendu, Mordred, un fils dont il ignorait l’existence, fruit d’une relation coupable avec sa demi-sœur Morgause qu’il n’avait pas reconnue alors. Mordred, perfide et fourbe utilise la liaison adultère de Lancelot et Guenièvre pour monter les chevaliers les uns contre les autres, il provoque ainsi une terrible guerre civile qui précipite le royaume vers sa destruction.
Lancelot est surpris avec Guenièvre. Arthur, bafoué et trahi par les deux êtres qu’il aime le plus au monde, ordonne que l’on tue Lancelot et que Guenièvre soit brûlée vive. Il poursuit alors son rival, venu sauver la reine le jour de l’exécution, jusqu’en Bretagne, fief de Lancelot…
Guenièvre et Lancelot
Pendant son absence Mordred s’empare du royaume avec l’aide des Saxons. Il se fait couronner roi et retient Guenièvre. Arthur et son armée reviennent. C’est alors le combat final entre les armées d’Arthur et de Mordred sur la plaine de Salisbury.
Les Chevaliers de la Table Ronde s’opposent entre eux.
Tous les personnages de la légende trouvent la mort au cours du combat. C’est Cador, duc de Cornouailles, qui devient roi de Grande-Bretagne. Guenièvre quant à elle prend le voile à Amesbury.
Lors d’une dernière bataille, Mordred est tué par son propre père.
Arthur, lui, est mortellement blessé, mais alors qu’il agonise, sa soeur Morgane, la magicienne, vient le chercher pour l’amener en Avalon, l’île sacrée des druides, afin qu’il repose en paix.
Non sans avoir rendu son épée Excalibur à la fée du Lac qui la lui avait confiée, Arthur quitte alors le monde des hommes pour rejoindre le paradis des héros de l’ancienne tradition. Il retrouve ainsi le monde invisible des légendes.
James Archer - La Mort d'Arthur
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Les aventures individuelles où les chevaliers mesurent leur valeur à force d’exploits et de gloire se poursuivent jusqu’au jour où Perceval arrive à la cour du roi Arthur.
Perceval est un jeune homme rustre, élevé dans la forêt et coupé du monde des chevaliers par sa mère. Sa naïveté peut faire sourire, mais il est promis à un grand destin.
Parzival : les adieux de sa mère
L’enfance de Perceval gagne à être comparée à celle de Finn ( fils de Cumhal).
Perceval est le premier témoin du Graal, et cela se passe dans le roman de Chrétien de Troyes : le Conte du Graal ( 1182)…
Le Graal est une coupe magique et sacrée qui a le pouvoir de guérir et d’apporter la prospérité. En revanche, s’il n’est pas retrouvé par celui qui doit être son gardien et protecteur, de grands malheurs peuvent s’abattre et dévaster un pays tout entier, comme celui du Roi-Pêcheur.
Quest of the Holy Grail by F. Leeke
Perceval reste sous l’emprise d’une « faute » qui l’empêche de poser deux questions salvatrices devant la lance qui saigne et le Graal.
Dans les continuations du Perceval, il poursuit une quête de chevalier errant après avoir été marqué par la fatalité saturnienne de la Mélancolie ( gouttes de sang dans la neige et révélation christique du vendredi saint par un ermite).
Ensuite, la Quête du Graal est proposée aux chevaliers de la table Ronde, et tous vont alors se lancer dans cette quête mystique.
Perceval, Galahad, & Bors Fulfill Grail Quest
La quête du Graal n’est pas pour les chevaliers le moyen de réaliser une nouvelle prouesse personnelle. Ceux qui le croient sont d’ailleurs rapidement disqualifiés. Il s’agit d’une quête collective au départ, puis individuelle parce que spirituelle. Les hommes doivent oublier leur vanité et leur ambition pour se mettre au service d’une cause commune qui les dépasse. Retrouver le Graal, c’est permettre à toute la société Arthurienne de s’élever au dessus du plan humain, de s’ouvrir à des valeurs spirituelles et morales, d’accéder à une dimension héroïque et sacrée.
Après une longue errance, trois chevaliers seulement parviennent à s’approcher du Graal : Perceval, Bohort et Galaad. Seul Galaad, le fils de Lancelot pourra, grâce à sa pureté exceptionnelle regarder à l’intérieur de la coupe et observer son mystère, mais il n’y survivra pas et sera emporté par les anges dans un moment d’extase.
Note: De nombreux articles, ici, vous décriront les détails de cette Quête...
C’est Guenièvre qui parle à Lancelot des maléfices du château de la « douloureuse garde ».
Il s’agit d’un château, d’où s’élève derrière les murailles, des hurlements, cris d’agonie et des sanglots raisonnant tel un concert funèbre. Autour de ce château sont dressées deux gigantesques murailles, ouvertes par une seule et unique porte chacune. De tous les hommes qui ont voulu délivrer les malheureux criants de ce château, personne n’est jamais revenu. Le seigneur de la « douloureuse garde » est Brandus des Iles, qui garde prisonnier son peuple et le torture à son bon plaisir. Ce sont les cris de son peuple que l’on peut entendre.
Lancelot prenant la Douloureuse Garde
Sachez que Lancelot part dans cette aventure avec un écu à trois bordures rouges, donné par la fée Viviane, et qui décuple sa force au combat. Grâce à l’écu de Viviane, il arrive à venir à bout de ses adversaires et le château devient le sien, il le rebaptise du même coup château de la Joyeuse Garde.
Le château a un cimetière avec une tombe, surplombée d’une épée en or, portant l’inscription : « Ici reposera Lancelot du Lac, fils du roi Ban de Benoïc et vainqueur de la Douloureuse Garde« . Il apprend donc en même temps le secret de sa naissance et celui de sa mort.
Au fil des tournois et des combats, sa réputation ne cesse de grandir, tout comme son amour pour Guenièvre.
Dans la forêt de Brocéliande, au Pont du secret, les deux amants se sont déclarés leur amour.
La Chambre aux images (La Mort du roi Arthur)
Leur liaison perdure jusqu’au jour où la fée Morgane attire Arthur jusqu’à la « Chambre des images ».
Morgane révèle au roi son infortune en lui dévoilant les images de Guenièvre et Lancelot étroitement enlacés.
Dénoncé par Morgane, Lancelot tombe fou et erre dans la forêt. La Dame du Lac vient à son secours et le soigne. C’est alors qu’on apprend l’enlèvement de Guenièvre par Méléagan.
Méléagant, fils du roi de Gorre, et amoureux de la reine Guenièvre, vient défier les chevaliers.
Méléagant se bat alors contre Keu et le blesse. Puis, Il prend la fuite en s’emparant de Keu et de Guenièvre, poursuivit par Lancelot.
Lancelot, après un instant d’hésitation… accepte de devenir " le chevalier à la charrette" , c’est à dire qu’il endosse l’habit des voleurs et des manants et s’installe auprès d’eux dans la charrette de l’infamie…. ( épisode à lire …)
Après avoir chevauché nuit et jour, Lancelot parvient aux abords du château de Baudegamu, ou sont détenus Keu et Guenièvre.
Il réussi à franchir le terrible Pont de l’Épée, une immense épée tranchante comme un rasoir posée entre deux rives.
Devant cet exploit, Lancelot est acclamé et le roi Baudegamu propose alors de libérer tous les prisonniers, mais Méléagant refuse et défie Lancelot.
Dès le lendemain, Lancelot et Méléagant s’affrontent. Lancelot a rapidement le dessus.
Baudegamu ordonne alors l’arrêt du combat, et Lancelot peut ainsi repartir pour Camelot avec « sa dame ».
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La Légende des chevaliers de la Table Ronde – 5/9 – Lancelot 1 : Le roi et la reine de la Petite Bretagne, Ban de Bénoic et Élaine, vivent heureux dans leur château proche...
Le roi et la reine de la Petite Bretagne, Ban de Bénoic et Élaine, vivent heureux dans leur château proche de Brocéliande. Ban de Bénoic est le descendant direct de Joseph d’Arimathie ( Joseph d’Arimathie est le disciple qui a emporté le corps du Christ après sa crucifixion et aurait également recueilli son sang dans le saint calice, également appelé Saint Graal…)
Le château est situé au milieu d’un marais réputé imprenable, mais le seigneur voisin, le roi Claudas, – ennemi juré de la famille Pendragon, qui cherche constamment à agrandir son territoire – réussit à l’incendier.
Le couple parvient à s’échapper du château en flammes, Élaine serre bien fort son nouveau né dans ses bras. Après avoir réussi à traverser le marais, ils s’arrêtent près du lac de Comper. Ban de Bénoic est accablé par la perte de son château et de son royaume. Il meurt de chagrin, et laisse sa femme et son enfant Lancelot, au bord du lac.
La reine, restée seule avec l’enfant, vient de perdre sa demeure, son royaume et par-dessous tout l’amour de sa vie.
Le lac près duquel ils s’étaient réfugiés n’était pas un simple lac. En la forêt de Brocéliande, ce lac était connu non pour la beauté de son rivage, mais plutôt pour ce qu’il abritait : un château de cristal que seuls des personnes invités par la maîtresse des lieux pouvaient rejoindre. Il était habité par Viviane, que les habitants de Brocéliande avaient surnommé la Dame du Lac.
Prise de pitié devant l’égarement de la reine éplorée, la fée Viviane, se saisit de l’enfant ( Lancelot) et plongea dans le lac, le mettant en sécurité dans son mythique palais de cristal. Élaine voit son enfant disparaître dans les flots, porté par une femme inconnue avant même qu’elle ne puisse réagir.
Elle cherche désespérément autant qu’elle le peut… Elle nage d’un bout à l’autre du lac… Puis le souffle lui manque, elle ne peut remonter à la surface. Le lac de Comper, où elle s’était réfugiée avec son mari et son enfant, devient finalement, pour elle aussi, sa dernière demeure.
Durant toute son enfance, Lancelot ignore quelles sont réellement ses origines. Viviane veut en faire un chevalier parfait. Pour cela, elle lui enseigne toutes les techniques de combats, lui apprend également à chasser et même à jouer d’un instrument de musique. Pour parfaire son éducation, elle lui inculque toutes les règles de noblesse d’esprit et de courtoisie qui font les qualités essentielles d’un chevalier en dehors du combat.
Puis vient le temps, où Viviane envoie le jeune chevalier à la cour du Roi Arthur ; là, il fera partie des meilleurs chevaliers de tous les royaumes environnants. Il quitte alors le domaine de la Dame du Lac, chevauchant un beau cheval blanc que sa mère adoptive lui a offert quelques années plus tôt.
Il prend la direction de la Carmélide et commence, sa longue chevauchée vers le château du roi Arthur, à Camelot. Lorsqu’il y arrive enfin, le roi a déjà entendu parler de Lancelot par Merlin, il sait qu’il est le protégé de la Dame du Lac, mais il ne connait pas plus ses origines que Lancelot lui-même. À la demande de Viviane, et grâce à l’aide du chevalier Gauvain ( fils légitime du roi Lot d’Orcanie et de la reine d’Orcanie et neveu du roi) , Arthur accepte de l’adouber.
Lors d’un beau matin, après une nuit de prière, Lancelot est introduit durant la grand-messe en l’église de Camelot. C’est ce moment qui est choisi par Arthur pour le faire chevalier. Lorsque Lancelot s’agenouilla devant le roi, il découvre à côté du roi une femme magnifique dont il tombe éperdument amoureux au premier regard.
Arthur, Guenièvre et Lancelot by Annette Marnat
C’est la reine Guenièvre, qui elle non plus, n’arrive pas à détourner son regard du jeune homme sur le point de devenir un des chevaliers de son époux, le roi de Logres.
Devenu chevalier par la simple suggestion d’une femme, fut-elle ensorceleuse et maîtresse d’un château sous marin, Lancelot ne s’est pas vraiment attiré la sympathie de ses frères chevaliers. Il se met alors en tête d’accomplir des quêtes pour gagner le respect de ses pairs.
A partir de la Table Ronde, point central de son pouvoir, Arthur envoie ses chevaliers partout dans le royaume pour y accomplir prouesses et exploits.
Leur mission est d’apporter la justice, l’ordre et la civilisation aux quatre coins de la Bretagne.
Pour cela, Gauvain, Yvain, Lancelot et les autres vont devoir affronter maléfices et sortilèges, géants et dragons, créatures monstrueuses, chevaliers félons et magiciennes, nains malfaisants, etc. Ils devront traverser des forêts sauvages et hantées, des châteaux merveilleux aux mille dangers, des lieux déserts susceptibles de les conduire aux frontières de l’Autre Monde et beaucoup d’autres épreuves. A travers toutes ces aventures, les chevaliers diffusent partout l’idéal de la Table Ronde et les valeurs chevaleresques au nom du roi Arthur. Ils contribuent ainsi à amener le progrès et la lumière de la civilisation dans toute la Bretagne.
Chacun des chevaliers a fait le serment solennel qui les relient tous les uns aux autres jusqu’à la mort : « Que jamais Dame, Damoiselle ou Homme ne viendrait demander aide à la cour sans l’obtenir, et que, si l’un des chevaliers présents disparaissait, les autres, tour à tour, se mettraient sans trêve à sa recherche, pendant un an et un jour ».
En parallèle de leurs prouesses, la plupart des chevaliers vivent également de belles histoires d’amour, souvent tourmentées. Conformément aux règles de l’amour courtois, les femmes qu’ils courtisent sont de noble naissance, toujours très belles, mais pas toujours disponibles. Ces idylles conjuguent de grands bonheurs et de terribles déceptions qui conduisent parfois les chevaliers aux limites de la folie.
Ainsi, Yvain ( le fils de Morgane et du roi Urien ) pour sa première aventure se dirige vers ce que l’on appelle la Fontaine Merveilleuse… Il suffit de verser de l’eau du bassin sur la pierre formant la fontaine et le tonnerre se fait entendre, les nuages noirs s’amoncellent juste au dessus du malheureux qui a provoqué cette tempête.
Plus aucun animal ne reste dans les parages car en plus du tonnerre, la pluie et la foudre envahissent la forêt. Celui qui arrive à laisser passer cette tempête magique sans avoir de dommages se rend compte alors que le bruit fracassant du tonnerre a réveillé le gardien de cette fontaine…. Vêtu de noir de la tête aux pieds, il s’avance vers Yvain l’épée sortie de son fourreau.
Le combat dure un long moment, chacun cherchant les faiblesses de l’autre.
Yvain se rend compte que plus le gardien s’éloignait de la fontaine, plus ses forces diminuent. Lorsqu’il comprit cela, le chevalier s’efforce d’éloigner le gardien petit à petit et finit par le transpercer de sa lame.
Yvain n’a pas à l’esprit à ce moment là, qu’il vient de tuer le gardien, et comme dans beaucoup de légendes, il doit prendre cette place devenue vacante. ….
Dame de la Fontaine -selon-Alan-Lee
Yvain tombe amoureux de la dame, maîtresse des lieux qui pleure son époux…. Avec la complicité de sa servante, il épouse la belle Laudine… Mais il n’est pas dans le destin d’un chevalier de mener une « vie bourgeoise » … Yvain repart pour d’autres combats : « Si vous voulez conserver mon amour et si vous tenez vraiment à moi, pensez à revenir bien vite, dans un an au plus tard, huit jours après la Saint-Jean. »
Hélas, comment un chevalier pourrait-il ne pas dévier son chemin lorsqu’on l’appelle au secours, par exemple trois cents pucelles prisonnières car il ne peut dans sa vaillance laisser quiconque dans la souffrance, mais le terme approche et il le dépasse… Yvain devient à moitié fou lorsque Laudine se détourne de lui.
Bien des aventures plus tard, parmi lesquelles un extraordinaire compagnonnage avec un lion, Yvain reviendra et vivra heureux avec sa belle.
Pour Lancelot, c’est pire encore car il a le malheur d’être amoureux de la reine elle-même. Il est donc toujours déchiré entre cette passion irrésistible pour Guenièvre et sa loyauté envers le roi. Quant à Gauvain, les choses sont plus simples pour lui car c’est un séducteur invétéré qui préfère conquérir une multitude de femmes plutôt que de s’attacher à une seule.
Toujours est-il que ces nombreuses intrigues amoureuses sont souvent le moteur d’extraordinaires aventures aux multiples rebondissements romanesques. Elles sont souvent le point de départ des quêtes entreprises par les chevaliers.
Louis VII de France, (1120-1180), roi des Francs de 1137 à 1180.
Henri II d'Angleterre (5 Mars 1133 au 6 Juillet 1189)
Aliénor d'Aquitaine (1122 ou 1124 à 1 Avril 1204)
Marie , comtesse de Champagne (1145 - 1198) est la fille aînée de Louis VII de France et de sa première épouse, Aliénor d'Aquitaine .
Geoffrey de Monmouth, Historia regum Britannie 1136 (latine)
Wace (1100- 1174) Roman de Brut , c. 1155 (anglo-normande)
Chrétien de Troyes (1135-1185)
Wolfram d'Eschenbach ( 1170-1220)
- La cathédrale d'Otrante, c. 1163 Mosaique : Rex Artirus
- ''Découverte'' de la tombe d'Arthur : 1190 (latin ) rapportée par Gerald of Wales
Le cycle de la Vulgate : la Queste del Saint Graal , la Mort (le roi) Artu , le Lancelot , le Estoire del Saint Graal , et la Vulgate Merlin c. 1215-1235 (Français)