Le Chevalier à l'épée – 1/ -
Je me propose de lire et commenter un texte court que l'on inclut dans la Légende Arthurienne : ''Le Chevalier à l'épée '' date de la fin du XIIe siècle, début du XIIIe siècle. Il s'agit d'un texte consacré à Gauvain.

'' Le chevalier à l’épée '', aurait pour auteur, celui du fabliau :''La Demoiselle à la mule '' œuvres parodiques qui veulent bousculer le roman médiéval réaliste du moment : '' Le Conte du Graal ''. Ces textes parodiques veulent remettre en question les conventions courtoises et chevaleresques ; et le personnage qui correspond le mieux à cette image glorieuse est le chevalier Gauvain. En même temps que ces valeurs chevaleresques, c'est le surnaturel qui va être dévalorisé...
Sachons également, que cette période médiévale permet de lire de la poésie courtoise, mais aussi des fabliaux beaucoup plus crus ...
L'auteur, et il fallait l'inventer... ! Se nomme Païen ( à l'inverse de Chrétien), et non pas de la glorieuse ville de Troyes , mais de Maisières ( donc de nulle part …!) : Païen de Maisières se plaît à décrire la déchéance, et l'incompétence amoureuse de Gauvain …
Si on ne sait rien de la biographie de cet auteur ; on peut dater son texte de 1200-1210, et ses nombreuses références aux romans de Chrétien de Troyes ont conduit certains spécialistes à confondre Chrétien et Païen ...
Il n'est pas inintéressant de s'engager dans la lecture de ce texte, avec cet avertissement …
Je rappelle avant de commencer que Gauvain, est qualifié de ''soleil de la chevalerie''... Il est mondain, aimable, courtois, joyeux et plaît aux dames …

Dans aucun texte il ne rencontre de jeune fille qui lui inspire un amour assez profond pour l’épouser ou se consacrer à elle, mais ne reste pas insensible au charme de certaines demoiselles qui croisent son chemin. Beau et séduisant, il plaît et n’hésite pas à échanger des propos charmants avec les jeunes filles et à proposer d’être leur champion. C’est ainsi qu’il offre à Lunete, la suivante de Laudine, de la servir :
« Ma demoiselle, je vous fais don, en ma personne d’un chevalier dont vous pourrez disposer à loisir… Je suis vôtre ; quant à vous, soyez, dorénavant, ma demoiselle. » (Le Chevalier au Lion, vv. 2435-41). A l'inverse de Lancelot, ou de Perceval, Gauvain est un chevalier disponible : Dans le Conte du Graal, il parle d’amour avec la sœur du roi d’Escavalon qui répond à ses avances.
Dans les romans arthuriens du XIIIe siècle, sa réputation de séducteur demeure et ses aventures amoureuses se multiplient : cf la Demoiselle du Lis ( dans la première continuation de Perceval).
Gauvain, trop humain, plus attaché aux valeurs terrestres qu'à Dieu, va passer du chevalier glorieux à celui plus futile et mondain, puis plus inquiétant à celui de meurtrier et de traître...
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Quelqu'un aime-t-il joie et déduit? Qu'il vienne à moi et qu'il écoute l'aventure de ce bon chevalier qui fut l'ennemi des traîtres et des lâches, et qui maintint toute sa vie honneur, prouesse et loyauté : c'est monseigneur Gauvain.
L'auteur fait un reproche à Chrestien de Troyes - dont la plume a célébré tant de chevaliers de la Table-Ronde - d'avoir oublié celui-ci. Il veut réparer, dit-il, l'injure faite à la gloire de ce héros. Il chantera au moins quelques-unes de ses actions, puisqu'il est impossible de les raconter toutes; et sans un plus long préambule, il entre en matière.

Le Roi Arthur ( Artus) habitait Carduel avec la reine , son épouse ; Gauvain , son neveu , et un certain nombre de chevaliers. On entrait dans le printemps: le jour était extrêmement beau. Gauvain , dans le dessein d'en profiter, demanda son cheval; et, après avoir chaussé ses éperons d'or , sans autres armes que son épée, sa lance et son écu, prit le chemin de la forêt. La beauté du ciel, le chant des oiseaux, la fraîcheur de la verdure naissante le plongèrent insensiblement dans une douce rêverie : il s'y abandonna quelque temps, et n'en sortit que pour s'apercevoir qu'il s’était égaré. La nuit qui allait le surprendre dans le bois l’inquiétait beaucoup. Il retourna donc sur ses pas, suivit, quitta, reprit diverses routes, et ne fit que s'égarer encore plus.
Les éperons d'or ou dorés étaient le signe distinctif des chevaliers: les écuyers ne pouvaient en porter que d'argent. Quand quelqu'un recevait la chevalerie,la première pièce de l'armure qu'il commençait à prendre était les éperons d'or; et ordinairement le roi ou le prince qui lui conférait cette dignité les lui chaussait de sa propre main.

Gauvain était dans cet embarras , quand ses yeux entrevirent au loin à travers les arbres la lueur d'un grand feu. Arrivé plus près, il vit un cheval attaché à une branche, et près du feu un chevalier assis. Il l'aborda aussitôt pour le supplier de vouloir bien lui enseigner la route de Carduel. Le chevalier s'offrit à le conduire lui-même au château , dès que le jour le leur permettrait; et, en attendant, il le pria d'agréer qu'il lui fît compagnie. Gauvain descendit donc de cheval: il s'enveloppa dans son manteau, et, prenant place auprès de l'inconnu , se mit à causer avec lui. Naturellement droit et loyal, il déploya dans cet entretien sa franchise ordinaire: l'autre, au contraire, ne cherchait qu'à le tromper, et vous en verrez bientôt la raison. Enfin, après quelque temps de conversation , le sommeil les gagna, et ils s'assoupirent jusqu'à ce que le jour vint les réveiller.
«Nous sommes assez loin de Carduel, dit alors le chevalier, et vous n'avez point soupé;mon château est à quelques pas d'ici, acceptez sans façon un repas sans apprêt et offert avec amitié ». Gauvain ne se fit pas prier; l'on partit. Mais, à peine furent-ils sortis de la forêt, que l'inconnu demanda la permission de prendre les devants: « Je n'ai personne, dit-il, qui puisse aller annoncer votre arrivée ; souffrez que je vous quitte un instant pour m'acquitter de ce devoir. Vous voyez mon manoir sur la croupe de cette montagne au bout du vallon: c'est là que je vous attends. »
En disant cela, il partit au galop; et Gauvain, qui n’avait pas sur cette offre si généreuse le moindre soupçon, le suivit tranquillement au pas.
Il était d'usage lorsqu'on voulait recevoir avec distinction quelqu'un que l'on considérait, de venir vers lui... Non-seulement tous les domestiques, mais la maîtresse même du château et ses filles , venaient au-devant du chevalier. Elles lui tenaient l'étrier pour l'aider à descendre, le désarmaient elles-mêmes, et lui donnaient de ces habits commodes que l'on tenait en réserve pour ces occasions. Comme dans la plupart des histoires, le château du chevalier, se présente sur une montagne.

A quelque distance, Gauvain rencontra quatre bergers qu'il salua. L'air noble du héros, cette prévenance de sa part les intéressa en sa faveur: « Beau sire s'écria l'un d'eux, vous ne méritez pas d'aller à la mort ».
Le prince ne fit point d'abord attention à ce discours, et il continua sa route: mais tout-à-coup il s'arrêta par réflexion et revint sur ses pas pour demander aux pasteurs l'explication des paroles sinistres qu'il venait d'entendre. Ils répondirent naïvement que , s'ils l'avaient plaint , c'est qu'ils voyaient souvent de braves chevaliers se rendre , comme lui, au château, et que jamais ils n'en avoient vu revenir aucun. Gauvain étonné fit sur cela diverses questions auxquelles ils ne purent satisfaire; car, comme personne n’avait pu dire ce qui lui était arrivé, on ne pouvait guère en parler que d'après des bruits et des soupçons. Ils lui apprirent seulement, et d'après ces bruits, que le chevalier ne voulait être contredit en rien, que sa coutume était de lasser par les épreuves les plus dures ceux qu'il pouvait attirer chez lui, et qu'à la moindre résistance de leur part, il les faisait égorger.
Sur la route Richard Coeur de Lion : Châlucet, - 8/ -
Passionnés du Moyen-âge ; il faut aller se promener autour et dans la forteresse de Châlucet... ! Beaucoup de choses ont été écrites, et pour étudier en détail son histoire et son architecture, il faut consulter le site : http://www.limousin-medieval.com/chateau-de-chalucet

A la fin du XIIIe siècle, grâce à Géraud de Maulmont, Châlucet, est le plus grand château fortifié du Limousin...
Le site est actuellement très bien aménagé, et c'est l'occasion d'une belle promenade.
Un lieu riche d'histoires...
Même aujourd'hui il inspire encore : je pense à Laurent Bourdelas, qui dans son livre Le mystère de Chalûcet, mêle nos deux époques : l'une historique et véridique, à travers l'épopée des brigands qui se sont emparés de Châlucet au XIV e siècle. L'autre, contemporaine et romancée, au fil d'une enquête policière menée par un officier de police limougeaud (qui partage d'ailleurs quelques points communs avec l'auteur).
Et encore, par exemple, la Tour Jeannette, s'appelle ainsi ( au moins depuis le XIXe s.) , parce qu' on raconte qu'un jour, les brigands qui occupaient à ce moment-là la forteresse dévalisèrent des marchands sur le chemin qui mène de Solignac à St-Yrieix. Une des victimes, Jeannette, pour se venger, se déguisa en bergère et se fit accepter comme fille de peine auprès du seigneur de Châlucet, facilitant la prise du château par les gens de Limoges. Retrouvée par les brigands, elle fût jetée au cachot. On dit que son cadavre aurait été retrouvé pendant la Révolution par une famille réfugiée dans la tour. Ainsi se raconte la légende de la tour Jeannette. (source Pays du Limousin n°34)
Bien sûr, il ne faut pas croire tout ce que l'on dit : Dans « La Revue limousine.» Limoges, 1929.
On lit que « Le train qui s’essouffle vers Pierre-Buffière a dépassé la station Solignac-Le Vigen. Dans un compartiment de seconde classe, une dame « comme il faut » (maquillage, gants, mallette en cuir fauve), distribue des exhortations à deux bambins remuants comme des crabes.
Soudain, les ruines altières de Châlucet se dressent sur leur colline. Alors, la dame :
- " Venez vite voir, mes chéris ! C’est ici qu’est mort le roi d’Angleterre, Richard-Cœur-de-Lion. Il était très méchant et très grand, encore plus grand que l’oncle Jules. Il voulait piller la France. Mais un Limousin, tout petit comme vous, le guettait du haut de cette tour. Avec sa fronde, il a lancé un caillou à la tête du vilain Anglais qui est mort sous cet arbre que vous voyez là-bas. "
Nous, qui parcourons la Route Richard Coeur de Lion, nous avons corrigé ….
La Chronique de Saint-Martial, tirée des archives de l'abbaye de Solignac, nous renseigne sur l'
Pendant la guerre opposant le comte de Poitiers à l'évêque Eustorge de Limoges, ce dernier fonde le bas castrum vers 1130. Il reçoit dans sa lutte le soutien inconditionnel d'Adémar III, vicomte de Limoges, et l'aide de deux chevaliers de la famille des Bernard de Jaunhac.
La nouvelle agglomération fortifiée, qui peut accueillir une quinzaine de familles de chevaliers, est dirigée par une communauté de co-seigneurs : Pierre et Géraud de Frachet, Bernard de Jaunhac, Gui de Périgord, Gui Jourdain, Bernard de Royère. Noms cités dans un texte de 1196.
Toujours vers 1130, le vicomte de Limoges, parvenant à usurper à l'abbé de Solignac certains droits suzerains sur le castrum, fonde le second château : le Haut-Châlucet. Puis vers 1270-1280 : c'est la construction du palais fortifié par Géraud de Maulmont. Et, en 1305 : Châlucet devient une forteresse royale.
Le Château est un repaire de brigands, pendant la guerre de cent ans. Et, il est démantelé à la fin du XVIe siècle...
Sur la route Richard Coeur de Lion : St Jean de Ligoure, Château-Chervix, - 7/ -
Saint-Jean-Ligoure est un petit village centré autour de l'Eglise et d'un château construit au XVIIIe (et non pas au XIIe s).
C'est à Châlucet - qui dépend de cette commune -que l'on trouve une construction médiévale, dont on reparlera bien-sûr...
Quelques personnalités sont liées à la commune de Saint-Jean de Ligoure (Sent Jan Ligora en occitan) et Châlucet, en particulier :
* Géraud de Maulmont (1222, 1299), cadet d'une lignée limousine '' les Maulmont'', clerc, puis conseiller de la vicomtesse de Limoges, ministre de Philippe le Bel, chapelain particulier du pape. Il a reconstruit entièrement le château haut de Châlucet pour en faire la plus grande forteresse limousine sous la forme d'un palais richement équipé.
Ainsi, à partir de 1272, il devient seigneur de Châlus, de Châlucet, de Courbefy, de Bré, de Bourdeilles, de Saint-Pardoux-la-Rivière et de Montfort en Bourgogne. Il possédait également des biens à Limoges, un manoir à côté du castrum d’Aixe, un hôtel particulier proche du Louvre à Paris
Géraud de Maulmont meurt en 1299 à Châlus. Son héritage sera repris par la couronne de France.
* La famille des Cognac ( ou Coignac) sont seigneurs de Saint-Jean-Ligoure. Ancienne chevalerie connue dès 1350, puis éteinte à la fin du XVIe siècle après avoir donné quelques personnages très romanesques.
On connaît un François de Coignac dit '' le furieux'',seigneur de Saint-Jean-Ligoure, et de Château-Chervix...
Fait divers :
Le 6 octobre 1553, Château-Chervix est le théâtre d'un drame de la folie : François de Coignac, est hanté, comme tant d'autres, par l'idée de fabriquer de l'or ou du changement de tout métal en or grâce au mercure solidifié.
Pour ce faire, il s'adjoint un certain Bernardiera, prêtre de réputation douteuse. Il installe un laboratoire dans une tour isolée du château. Le beau-père de François de Coignac, intéressé par l'alchimie, est lui, accusé de falsification de monnaie et conduit au Châtelet d'Angoulême. Son gendre, fort ému, va plaider sa cause et obtient « que bonne justice serait faite ».
À son retour, il raconte l'histoire à Bernardiera. Redoutant que la justice vienne s'intéresser à leur activité, il le convainc qu'il doit périr avec sa famille en même temps que la destruction du bâtiment. Coignac ne voulant pas participer à cette tuerie va se réfugier au Puy-de-Bar, laissant le champ libre au prêtre et à un complice.
Usant de subterfuges, Bernardiera attire Dame Coignac dans le laboratoire où il la tue d'un coup de dague, puis c'est le tour des enfants, pendant que son complice s'occupe des domestiques les uns après les autres, sauf un petit berger qui, remontant de la cave entend crier et s'y réfugie de nouveau. Les dépouilles des malheureux sont entassées dans le laboratoire où il est mis le feu. Celui-ci embrase le reste du château, en n'épargnant que le donjon actuel.
Après 2 jours, le petit berger sort de sa cachette et raconte la terrible histoire. Ce récit vient aux oreilles des juges du Présidial qui font chercher les coupables. Bernardiera confesse son crime, il est tenaillé, roué, écartelé et décapité à Limoges, quant à Coignac, réfugié en Suisse, il sera condamné à avoir la tête tranchée.
La tour de Château-Chervix est l’ancien donjon d'un château-fort construit par les vicomtes de Limoges au XIIe siècle. Ils y envoyaient leurs principaux prisonniers comme dans les châteaux d’Aixe, de Nontron et d’Excideuil.
Le donjon de Château-Chervix a été édifié par le vicomte de Limoges sur les terres de l'abbaye de Saint-Martial. Une mention, dont l'authenticité n'est pas établie, prétend qu'il existait un château dès le milieu du Xe siècle. A la fin du XIe siècle, la paroisse " Saint-Silvain du château " est attestée dans le patrimoine de l'abbaye (première mention authentique). Près de cent cinquante ans plus tard, une bulle pontificale d'Innocent IV désigne Saint-Silvain comme église de Château-Chervix.
Le château apparaît dans les comptes-rendus de divers hommages prêtés par les vicomtes de Limoges aux abbés de Saint Martial, suzerains des lieux :
Dans le dernier quart du XIIe siècle (v. 1174 ?) : Adémar V à l'abbé Isembert pour la tour maîtresse. En 1287 : Arthur de Bretagne pour la tour, ou fort et motte. En 1307 : Jean à l'abbé Gaillard pour le château. En 1363 : Charles de Bretagne pour le château.
Durant la guerre de Cent Ans, la place est prise par les Anglais en 1356. Ils l'enlèvent de nouveau en 1380 et s'y installent une année durant.
A la fin des hostilités, Château-Chervix passe entre différentes mains : au capitaine de la place en 1452 ; aux Coignac (ou Cognac) de Saint-Jean-Ligoure en 1487 ; à Jean Hugon (juge) en 1541 ; à François de Pérusse -comte des Cars- en 1598 ; à la famille Joussineau de Tourdonnet en 1660.
Sur la route Richard Coeur de Lion : Les Cars et Nexon, - 6/ -
Les Cars et Nexon, étaient des fiefs qui dépendaient du château de Lastours.
- LES CARS:
A la fin du XIe s., un membre de la famille de Lastours, alors doyen de St-Yrieix, donne le village des Cars à l'abbaye de Saint-Martial, qui y nomme un prévôt chargé de percevoir les revenus. A partir du XIIIe s. , une famille de chevaliers implantée localement, les Barry, constitue une seigneurie dans le village et s'oppose rapidement au prévôt et aux sires de Lastours. En 1298, portant, ce derniers reconnaissent aux Barry le droit de tenir d'eux le fief des Cars.
La maison forte des XIIIe et XIVe siècles fut transformée dans le premier tiers du XVIe siècle par Geoffroy de Pérusse qui fréquentait les cours royales. Ce fut l'une des plus précoces manifestations de " la première Renaissance " en Limousin.
Actuellement, le chemin de randonnées permet d'aller, dans la forêt des Cars, à la bonne fontaine " la Font du Rieu Tari " ou " Font de Saint-Fiacre " qui passe pour guérir les humains et les animaux, et près du hameau de la Goupillère, voir le dolmen de la Pierre Levée.
On dit que le propriétaire de la forêt des Cars, ou du moins de la partie où se situe la source, n'ayant pas confiance en ses vertus curatives, la fit combler. Il fut aussitôt pris de douleur rhumatismales (que les gens du pays ne manquèrent pas de qualifier de providentielles et vengeresses). Frappé par cette coïncidence, il la fit remettre en son état primitif et ses douleurs disparurent.
Le site est encore aujourd'hui très fréquenté, comme le démontre les pièces de monnaie au fonds de la source et les nombreux ex-votos, anciens et récents (vêtements, chaussures, bas, chaînes de bestiaux, cage etc....) installés près de l'oratoire abritant la statue de la Vierge.
- NEXON:
Nexon est située au bord de la grande voie antique qui reliait, au long du premier millénaire, Bourges à Bordeaux.
A partir du XIe s., les vicomtes de Limoges et les seigneurs de Lastours apparaissent maîtres du territoire paroissial sur lequel vivent aussi quelques familles de chevaliers. Ces lignages disposent de fiefs et d'hôtels nobles implantés autour de l'église et fournissent à la paroisse ses curés. .. Les vicomtes délaissent peu à peu leurs droits au profit des familles locales...
Ainsi la famille des Lastours, premiers barons du Limousin et seigneurs de Nexon, Hautefort et Pompadour, jusqu'au mariage d'Agnès de Lastours à Guy de Nexon au XIIIe siècle et la vente de cette co-seigneurie, avec ses droits de justice, vassaux, hommages, colombier… par Galliot de Lastours à Léonard de Gay en 1532.. La famille « de Gay de Nexon » est noble d’extraction depuis 1587. A cette époque elle possédait les seigneuries de Nexon (HV.) et de Champagne (commune de Nexon, HV.)
C'est en 1633 que Léonard de Gay achève de construire le château qui restera, pendant 350 ans celui de la famille de Gay de Nexon jusqu'en 1983.
La route Richard Coeur de Lion, en Limousin
La légende du Roi Arthur, et l'histoire de Richard Coeur de Lion nous renvoient au Moyen-âge et au mythe, qui nous paraissent, une dizaine de siècles plus tard, indissociable l'un de l'autre...
Il est aisé, pour un conteur, de passer du Roi Arthur au Roi Richard Cœur de Lion... Le décor est le même : les mœurs, les conditions de vie, les passions se retrouvent...
En ce début de printemps, et de vacances d'été ; je prévoie toute une série d'articles qui vont mêler Histoire et Tourisme... Je suis résident à Limoges, et je vous propose de visiter les châteaux et les Églises de la Route Richard cœur de Lion.
La route Richard-Cœur-de-Lion est un circuit touristique qui relie Chassenon (Charente) à Arnac-Ponpadour (Corrèze). Elle se situe dans quatre départements : Charente, Haute-Vienne, Dordogne et Corrèze. Elle passe par Châlus ( 35km de Limoges) , où est mort Richard Cœur de Lion en 1199, d’où le nom donné à cet itinéraire.
Au moyen-âge, la vicomté de Limoges était bordée au sud-ouest par des châteaux, églises et cités fortifiés formant une ligne de défense aux limites du grand duché d'Aquitaine, possession des Plantagenêt et de Richard Coeur-de-Lion en particulier, par sa mère Aliénor d'Aquitaine : héritière du duché d'Aquitaine.
Le Limousin, tout comme la Dordogne, possède de nombreux vestiges et témoignages de l'époque médiévale.
Au Moyen Âge, le Limousin fut le terrain de luttes incessantes entre les rois d'Angleterre et rois de France. Notamment au XIIe siècle, avec Henri II Plantagenêt adversaire de Louis VII ( et qui fut le premier mari d'Aliénor) et Richard Coeur de Lion qui s'opposera à Philippe-Auguste.
Le but de ces conflits était bien évidemment la prise de possession de nouveaux territoires. La vicomté de Limoges se trouvait alors dans une position géographique stratégique.
En 1199, suite à une multitude de conflits divers, Richard Coeur de Lion se rend au château de Châlus-Chabrol pour l'assiéger... Durant le troisième jour de siège, Richard est touché par un carreau d'arbalète et meurt de sa blessure mal soignée.
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Le Roi Arthur | Le Roi Richard Coeur de Lion, et Robin des bois |
Ci-dessous, donc, les articles déjà parus, sur cette route Richard Coeur de Lion, fil rouge d'une promenade médiévale en Limousin... Bonne Route!
Cet été, nous serons sur la route de Richard cœur de Lion en Limousin
Nous en avons déjà parlé : Henri II, et Richard cœur de Lion , gardiens de l'Aquitaine ...
- La Maison de Limoges est une famille féodale du Limousin qui possédait la Vicomté de Limoges. Elle commence avec Foucher ou Foulques ...
- BD de Pascal Jourde '' La mort du Lion '' Limoges, dès la fin du IXème siècle, le vicomte représente le comte de Poitiers ; il s'est installé à ...
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Parzival: Wolfram von Eschenbach
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« Parzival » est une œuvre qui comprend 25000 vers, alors que le Conte du Graal de Chrétien de Troyes, n'en compte que 9000. Il en reprend l'agencement, et quelques épisodes. Mais il s'en détache, et reproche – dans son prologue - à Chrétien de ne pas avoir connu « le Conte authentique » repris dans un manuscrit arabe et que Kyot le Provençal avait vu à Tolède. Il semble que utilisation d'une source exceptionnelle, ne soit qu'un artifice, pour susciter la curiosité du lecteur. ( L'exotisme ésotérique, faisait déjà quelques émules …).
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Par contre nous connaissons le « vrai » auteur de Parzival ; il s'agit de Wolfram von Eschenbach, un chevalier franconien peu fortuné de l'entourage d'Hermann 1er ( 1190-1217), landgrave de Thuringe et conte palatin de saxe. Il rédige son « Parzival » vers 1204, années du siège d'Erfurt et du sac de Constantinople, auxquels le roman fait allusion. L'ouvrage connaît un succès considérable, comme le prouvent ses quatre-vingt six manuscrits médiévaux conservés à ce jour. Wolfram commence par l'histoire de Gamuret, fils cadet du roi d'Anjou, qui doit chercher fortune par ses propres moyens. Il part donc pour l'Orient … " De là, il se rendit au royaume de Zazamanc. Il y entendit tous les habitants pleurer la mort d’Isenhart, qui avait péri en combattant pour l’amour d’une dame. C’est Bélacane, la douce et loyale dame, qui avait été la source de son tourment." Cette reine Bélacane, est assiégée au milieu de sa cité circulaire par huit armées noires et huit armées blanches... Ainsi commencent les aventures de Gamuret en orient (Parzival, livre I ).
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Après maintes aventures, il épouse Bélacâne, une reine noire et païenne... Qu'il quitte pour vivre en chevalier errant. Revenu en Occident en passant par l'Espagne, Gamuret gagne, dans un tournoi, la main de la reine Herzloïde, qui lui apporte le Pays de Galles. Selon son habitude, il abandonne sa nouvelle femme. Il retourne en Orient, où il est tué au service du baruc. Il laisse deux fils : Feirefiz, du prmeir lit, et Perceval, du second. Dans les chapitres suivants, on retrouve la trame et l'action du Conte du Graal.
- - Isolement de la forêt avec sa mère -
- - Le chevalier vermeil
- - Délivre Condwiramour, une reine, l'épouse, puis l'abandonne...
- - Arrive au château de Munsalvaesche, qui appartient à Anfortas, le Roi Pêcheur infirme.
- - Le Cortège du Graal … ( la lance, l'épée, le silence de Perceval …)
- Rencontre et rejet de sa cousine, et - « Les trois gouttes de sang », - la demoiselle hideuse à la cour d'Arthur...
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![]() Parzival - 1884, par Edward Jakob von Steinle (1810-1886) |
![]() 1884, par Edward Jakob von Steinle (1810-1886) |
![]() Parzival quitte le Château du Graal. Aquarelle,
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![]() Pénitence de Parzival par Edward Jakob von Steinle (1810-1886) |
Comme avec Chrétien, le roman se centre désormais sur les aventures de Gauvain. Perceval – en révolte contre Dieu - rencontre des pénitents. Il rencontre son oncle, l'ermite, qui lui apprend que le Graal est une pierre que des anges ont apporté du ciel, d'où ils ont été bannis en punition de leur neutralité lors de la révolte de Lucifer.
- Combat entre Gauvain et Perceval : le combat est interrompu. Ils se reconnaissent …
- Perceval affronte son demi-frère Feirefiz, l'épée de Perceval se brise... Ils se reconnaissent … et se réconcilient
- Retour au Château du Graal. Perceval devient roi et gardien du Graal. Sa femme Condwiramour le rejoint avec ses fils, Kardeis, roi du Pays de Galles, et Loherangrin. Ce dernier est le chevalier au cygne, qui se marie avec la princesse de Brabant ; il succédera un jour à son père. Feirefiz se convertit et se marie avec la Porteuse du Graal, sœur d'Anfortas, avec laquelle il engendre le Prêtre Jean. Ils s'installent en Inde qu'ils évangélisent.
Le roi Arthur et les géants. -2/2-
Le roi Arthur et les géants. -1/2-
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La forêt est un monde sans loi, peuplé d'êtres malfaisants : si les monstres, dragons ou géants sont des adversaires sans équivoque, parfois ce sont des fées qui, sous les traits de demoiselles en détresse, éprouvent les chevaliers. Car entrer dans la forêt, c'est pénétrer dans un monde où les forces du mal sont à l'action : le chevalier y fait dans la solitude l'épreuve de sa propre valeur. Une fois qu'il aura triomphé, il pourra revenir dans le monde des hommes et prendre place dans la société courtoise dont il aura contribué par sa prouesse à affirmer la dignité. |
Les neuf Preuses, ou chevaleresses -2/2-
Le succès des « neuf Preux et Preuses » correspond à un imaginaire masculin, même s'il est populaire auprès des femmes de l'aristocratie. Ils apparaissent dans un contexte guerrier catastrophique qui remet en cause la place de la chevalerie dans la société.
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du manuscrit: Le Chevalier errant, par THOMAS DE SALUCES. (1394) |
La chevalerie ne correspond plus à la réalité militaire de l'époque, aussi s'évade t-il dans l'imaginaire... La chevalerie, déchue de son rôle militaire, demeure pourtant un idéal de vie masculin, un idéal remis en question, plus fragile, auquel les femmes sont désormais invitées à participer. De nouveaux ordres se créent qui acceptent les femmes dans leurs rangs : comme l’Ordre de la Jarretière, l’Ordre de la Passion, l’Ordre du Porc espic. La chevalerie se fait courtoise, art de vie, elle se féminise. C’est alors qu’apparaissent les premières représentations de guerrières, Preuses et Amazones, armées de pied en cap.
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vision allégorique: " La cité des dames " |
Il est intéressant de noter qu'au XVIe siècle, il ne serait venu à l'idée de personne de laisser les mots célibataires et tous les noms quels qu'ils soient et quelle que soit la fonction qui s'y associait, avaient leur féminin : l'abbé, l'abbesse, le bailli, la baillive, le maire, la mairesse, le connétable, la connétable, la peintresse, la poétesse, la chevaleresse, etc...
« Les femmes à cheval et en armure n’ont pas manqué durant les croisades. Un chroniqueur musulman, Imad al-Din, rapporte : « Les femmes elles-mêmes s’expatrient pour combattre ; elles arrivent en Syrie par terre et par mer tout équipées (…). Plusieurs femmes de Francs ont échangé le voile pour le casque, elles affrontent la mort armées de boucliers et de lances. »
On trouve des femmes dans les ordres militaires, ibériques, français et germaniques, dans une position il est vrai subalterne. Il en est de même au sein de la chevalerie où elles ne font pas qu’ « arbitrer » les tournois mais règlent la vie des hommes. » S. C-B
Sources : articles de Sophie Cassagnes-Brouquet, professeure d’histoire médiévale à l’Université de Limoges
Les neuf Preuses, ou chevaleresses -1/2-
Dans le premier livre de La morte d'Arthur de sir Thomas Malory, le roi fait prêter un serment solennel le jour de la Pentecôte à ses chevaliers de la Table Ronde.
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Gauvain vole au secours de la demoiselle à la ceinture d'or Manuscrit en quatre volumes réalisés pour Jacques d'Armagnac, duc de Nemours. Atelier d'Evrard d'Espinques. Centre de la France (Ahun), vers 1475 |
Ce serment, qui entend résumer toute l'éthique chevaleresque, comprend la ladies clause: chaque chevalier s'engage à porter secours aux gentes dames, demoiselles et veuves et à défendre leurs droits et à ne jamais les violenter sous peine de mort. La communauté chevaleresque dépeinte par Malory, se construit donc sur une nette distinction des sexes. Pour devenir un homme, le chevalier a littéralement besoin d'une femme en détresse.
Les neuf Preux - Cologne -
Le thème littéraire des « neuf Preux » connut pendant les XIVe s. et XVe siècles, un grand succès. Le Preux, - incarnant les valeurs chevaleresques, comme la prouesse et l'honneur - est une idée qui remonte au XIe siècle .
Elle trouve une forme quasi définitive au début du XIVe siècle, sous la plume d'un poète lorrain, Jacques de Longuyon, dans les Vœux du Paon vers 1310-1312. La notoriété du roi Arthur, lui vaut d'être compté parmi les Neuf Preux aux côtés de Josué, David, Judas,Macchabée, Hector, Jules César, Alexandre, Charlemagne et Godefroy de Bouillon. C'est dire surtout, l’extraordinaire diffusion et faveur dont jouissent les textes relatifs à la matière de Bretagne tout au long du Moyen Âge …
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Les neuf Preuses au château de Pierrefonds |
C'est à la fin du XIV° siècle, sous la plume du procureur au parlement de Paris, Jean Le Fèvre, qu'apparaissent les Neuf Preuses, dans son ouvrage "Le Livre de Lëesce" (1385) , véritable défense et illustration des femmes, modèles de vertu, de vaillance et de courage. Toutes sont issues de la mythologie de l'Antiquité païenne. Elles sont reines.
Penthésilée, reine des Amazones, et Preuse |
Sémiranis, reine de Babylone. Sinope, Hippolyte sa sœur ; Ménalippe, Lampeto et Penthésilée souveraines des Amazones. Tomirys, qui a vaincu l’empereur perse Cyrus. Teuca reine d’Illyrie. Déiphyle, femme de Tydée roi d’Argos, qui a vaincu Thèbes. Dans les pays germaniques, on substitue aux Amazones et reines de l’Antiquité une triade juive avec Esther, Judith et Yael, une triade païenne avec Lucrèce, Veturia et Virginie, et une triade chrétienne avec Sainte Hélène, Sainte Brigitte, et Sainte Elisabeth.
Portrait de Jeanne d'Arc, selon une miniature du XV° siècle, musée de Rouen |
Au début du XVème siècle, Christine de Pizan évoque les Preuses dans son Livre de la Cité des Dames.
La facilité étonnante de l’accueil fait à la pucelle de Donrémy à la cour de France avait été préparée par les décennies de succès du thème des Preuses et la mode de la ' egregia bellarix ' . De son vivant, Jeanne d’Arc est qualifiée de "dixième Preuse".
Sources : articles de Sophie Cassagnes-Brouquet, professeure d’histoire médiévale à l’Université de Limoges
Voir aussi: LE ROI ARTHUR, L'UN DES NEUF PREUX.