versailles
Versailles – Le temple de la galanterie. 3/3
« Je demandai un dernier rendez-vous, qu'on m'accorda sans difficulté. Madame d'Esparbès me parut d'une tranquillité qui me confondit. Vous avez voulu me voir, me dit-elle : en pareil cas, toute autre vous aurait refusé ; mais j'ai cru devoir quelques conseils à l'intérêt qu'inspire toujours une ancienne connaissance.

Vous êtes, en vérité, d'une enfance rare : vos principes, votre façon de voir, n'ont pas le sens commun. Croyez-moi, mon cousin, il ne réussit plus d'être romanesque ; cela rend ridicule, et voilà tout (Madame d'Esparbès avait quelques raisons de me faire ce reproche ; on m'avait laissé lire beaucoup de romans pendant toute mon enfance ... ). J'ai eu bien du goût pour vous, mon enfant ; ce n'est pas ma faute si vous l'avez pris pour une grande passion, et si vous vous êtes persuadé que cela ne devait jamais finir. Que vous importe, si ce goût est passé, que j'en aie pris pour un autre, ou que je reste sans amant ; vous avez beaucoup d'avantages pour plaire aux femmes : profitez-en pour leur plaire, et soyez convaincu que la perte d'une peut toujours être réparée par une autre : c'est le moyen d'être heureux et aimable.
Vous êtes trop honnête pour me faire des méchancetés ; elles tourneraient plus contre vous que contre moi. Vous n'avez point de preuves de ce qui s'est passé entre nous ; l'on ne vous croirait pas, et on vous croirait, jusqu'à quel point croyez-vous donc que cela intéresse le public ? S'il a su que je vous avais pris, il ne s'est pas attendu que je vous garderais éternellement. L'époque de notre rupture lui est parfaitement indifférente. D'ailleurs la mauvaise opinion et la défiance des autres femmes me vengeraient de vous, si vous étiez capable de mauvais procédés. Les avis que je vous donne doivent vous prouver que l'intérêt et l'amitié survivent aux sentiments que j'avais pour vous.
— J'étais embarrassé, et je faisais une assez sotte figure : des protestations , quelques compliments passablement gauches. . . Elle me tira d'embarras en sonnant ses femmes de chambre pour l'habiller. Je restai encore un moment, et je sortis.

Je me consolai au bout de quelque temps de mon infortune, et restai sans occupation sérieuse. Ensuite je trouvai une très-jolie petite fille, chez une femme célèbre (La Gourdan, approvisionneuse, en effet bien connue de la cour, où on l'appelait la petite comtesse) par ses talents pour en procurer. Jeune, douce, novice encore, elle me prit. La médiocrité de mes propositions ne lui répugna pas ; elle se contenta d'un très-petit appartement au troisième étage, fort mincement meublé. Je n'eus qu'à m'en louer. Pendant quelques mois que dura notre liaison, elle ne parut jamais mécontente de son sort, ni désirer plus d'argent que je ne pouvais lui en donner. Au retour d'un voyage de huit jours à la campagne, j'arrivai chez elle le soir ; elle n'y était plus, et la servante me remit le billet ci-joint :
« Je ne vous quitte pas sans peine, mon bon ami, et je suis bien fâchée que vous ayez à vous plaindre de mes procédés; j'espère cependant que vous m'excuserez de n'avoir pas refusé un sort avantageux que vous n'êtes pas assez riche pour me faire. Je vous avoue que la certitude d'être dans la misère et l'ignominie, si je vous perdais, m'effraie. Adieu, mon bon ami, je vous assure que, malgré ce que je fais, je vous aime, je vous regrette de tout mon cœur, et que Rosalie ne vous oubliera jamais. » ( Mademoiselle Le Vasseur de l'Opéra était connue sous le nom de Rosalie. Depuis la comédie des Courtisanes de Palissot, dont l'une des héroïnes s'appelle Rosalie, elle reprit son nom de famille pour paraître n'avoir rien de commun avec celle-ci.)
Sources : Extraits des Mémoires du Duc de Lauzin ( 1747-1783)

Anne Thoynard de Jouy, comtesse d'Esparbès (1739-1825) épouse en 1758 le comte Jean-Jacques d'Esparbès de Lussan (1720-1810). Lointaine cousine de la marquise de Pompadour, elle est introduite à la cour en 1758. Mme d'Esparbès est admise dans l'intimité de Mme de Pompadour et fait partie de ces jolies parentes dont la favorite aime s'entourer pour permettre au roi de prendre parfois son plaisir sans s'éloigner d'elle. Libertine, on la surnomme «Madame Versailles»; poétesse, elle tient un salon réputé. Sa liaison avec le roi se situe entre 1763 et 1765.
Mme de Genlis évoque Mme d'Esparbès dans ses Mémoires : « Madame d’Amblimont et madame d’Esparbès étaient alors, à la Cour, les favorites de madame de Pompadour, qui leur donnait, dans son intérieur intime d’étranges petits noms d’amitié : elle les appelait mon torchon, et ma salope. »

Armand Louis de Gontaut, duc de Lauzun, est né à Paris en 1747. Grand séducteur et grand soldat, Lauzun fut rendu plus célèbre par ses aventures amoureuses que par ses faits d'armes. Dans ses mémoires, récit sincère et modeste des succès qu'il remporta à la guerre et auprès des femmes, il se livre avec délicatesse et sans vanité, faisant de lui-même le contraire d'un don juan nihiliste.
Lauzun a écrit ses Mémoires en 1782, lors de sa seconde mission militaire aux États-Unis. La destinataire de son récit était sa maîtresse du moment, la marquise de Coigny. A l'époque du duc, la liberté érotique pour les deux sexes était un trait distinctif des mœurs aristocratiques et la morale se réduisait à une question de style.
Lauzun passe son enfance à la cour.. A douze ans, il est admis dans le régiment des Gardes françaises.

Forcé à se marier ; il ne réussit qu'à se faire accorder deux années, avant le mariage. Il épouse Amélie de Boufflers le 4 février 1764... Il s'est fait un point d'honneur de ne nourrir aucune attente sentimentale à l'égard de son épouse. Ce qui ne l’empêche pas de lui témoigner au début les attentions requises par les circonstances. Mais, peut-être par timidité, inexpérience ou fierté, la jeune fille donne preuve d'un « éloignement choquant » ; qu'il décide de se cantonner avec elle dans des rapports de courtoise indifférence. La si jolie Mme de Lauzin fut donc la seule femme destinée à n'exercer aucun attrait sur lui.
On demandait à M. de Lauzun ce qu'il répondrait à sa femme ( qu'il n'avait pas vue depuis dix ans ) si elle lui écrivait : " Je viens de découvrir que je suis grosse. " Il réfléchit et répondit : " Je lui écrirais : je suis charmé d'apprendre que le Ciel ait enfin béni notre union . Soignez votre sante, j'irai vous faire ma cour ce soir . "( Chamfort, Caractères )
Favori de Marie-Antoinette, Armand Louis de Gontaut-Biron, duc de Lauzin est donné comme son amant.
Élu député aux États généraux de 1789 par la noblesse du Quercy, il se rallie à la Révolution, et entre dans le parti du duc d'Orléans. À partir de cette époque, il se fait appeler le général Biron. … Traduit devant le tribunal révolutionnaire, il est arrêté et guillotiné le 31 décembre 1793
Versailles – Le temple de la galanterie. 2/3

Pour distraire le roi, Madame de Pompadour organise une petite troupe de comédiens choisis parmi ses amis ; la marquise elle-même tient sa place. La petite troupe se présente soit dans le petit théâtre de la cour des Princes, soit dans des théâtres provisoires et démontables installés d'abord dans la Petite Galerie puis dans la cage de l’escalier des Ambassadeurs. Ces petites salles accueillent très peu de spectateurs...
« (…) je soupai dans la ville avec madame d'Esparbès, et madame d'Amblimont, autre cousine de madame de Pompadour. Madame d'Amblimont fut écrire dans sa chambre après souper. Madame d'Esparbès, sous prétexte d'avoir la migraine, se coucha ; je voulus discrètement m'en aller ; mais elle me dit de rester, et me pria de lui lire une petite comédie, nommée ''Heureusement '' (Première pièce de Rochon de Chabannes, composée d'après un conte de Marmontel ), que nous avions jouée ensemble (Il n'y a que deux personnages importants dans cet acte. ), et depuis elle m'appelait son petit cousin ( Madame Lisban et Marthon appellent Lindor « le petit cousin » ).

Mon petit cousin, me dit-elle, au bout de quelques minutes, ce livre m'ennuie ; asseyez-vous sur mon lit et causons ; cela m'amusera davantage. Elle se plaignait du chaud, et se découvrait beaucoup. La tête me tournait, j'étais tout feu ; mais je craignais de l'offenser; je n'osais rien hasarder; je me contentais de baiser ses mains et de regarder sa gorge avec une avidité qui ne lui déplaisait pas, mais qui n'eut pas les suites qu'elle était en droit d'en attendre. Elle me dit plusieurs fois d'être sage, pour me faire apercevoir que je l'étais trop. Je suivis ses conseils à la lettre. Elle souffrait cependant que je la couvrisse de caresses et de baisers, et espérait vainement que je m'enhardirais. Quand elle fut bien sûre de mon imbécillité, elle me dit assez froidement de m'en aller; j'obéis sans répliquer, et ne fus pas plus tôt sorti que je me repentis de ma timidité, et me promis bien de mieux profiter du temps, si l'occasion s'en présentait encore. »
A Paris, loin de la Cour aux mille regards, le bal de l'Opéra, se tient dans une annexe du Palais Royal.
Le Bal de l'Opéra est le plus fameux de tous les bals du Carnaval de Paris et un de ses principaux événements. Il naît le 31 décembre 1715 par ordonnance du régent...

Très vite, le bal de l'opéra devient un lieu de rencontres, de mixité sociale dans une société encore très hiérarchisée. Sous le masque, on peut bavarder et danser, (voire plus...) avec n'importe qui. Grands seigneurs et nobles dames viennent s'y amuser, se mêlant aux bourgeois et gens du commun, dans un joyeux mélange, au milieu des rires et de la musique, dans une cohue des plus tumultueuses.

Grandes dames, filles entretenues, aventuriers d'un soir, joueurs professionnels, grands seigneurs, actrices, escros de haut vol... Tous se mêlent et viennent danser, sous les yeux de ceux réfugiés dans leur loge.
Marie Louise Élisabeth d'Orléans, duchesse de Berry, la fille aînée du Régent, contribue à la vogue des bals de Carnaval à l'Opéra
Marie-Antoinette masquée et incognito accompagnée de son beau-frère le comte d'Artois adore les bals de l'opéra où elle danse des nuits entières.

L'Opéra, haut-lieu du libertinage, est le plus beau vivier de jeunes personnes prêtes à s'offrir aux caprices des gentilshommes.
Les inspecteurs Meusnier ( aussi espion, faussaire et aventurier …) ou Louis Marais, chargés de la police des mœurs, établissent des fichiers sur les dames " de l'allure " ou " du haut ton ", c'est à dire qui sont entretenues à grand prix. Ces rapports concernant le comportement sexuel des filles de l'Opéra et des théâtres, permettent en particulier de contrer les juteuses escroqueries à la paternité visant des célébrités de l'époque. A partir de 1750, il s'agit de chasser les prêtres ..

« Je fus, quelques jours après, au bal de l'Opéra. Une assez jolie fille, appelée mademoiselle Desmarques, m'agaça vivement ; elle me parut charmante ; elle avait formé la plupart des jeunes gens de la cour, et voulut bien se charger de mon éducation; elle me ramena chez elle, où elle me donna de délicieuses leçons , dont on a vu plus haut que j'avais grand besoin : elle les continua pendant quinze jours, au bout desquels nous nous séparâmes. Je voulus lui donner de l'argent; elle le refusa, en me disant que je l'avais payée dans une monnaie si rare à trouver, qu'elle n'avait besoin d'aucune autre. Je revis madame d'Esparbès à Versailles; je lui donnai le bras un soir, en sortant de chez madame de Pompadour, après souper.
Elle voulut me renvoyer dès que je fus dans sa chambre: Un moment, lui dis-je, ma belle cousine; il n'est pas tard: nous pourrions causer. Je pourrais vous lire, si je vous ennuie. Mes yeux brillaient d'un feu qu'elle ne leur avait pas encore vu. Je le veux bien, me dit-elle ; mais à condition que vous serez aussi sage que vous l'avez été la première fois : passez dans l'autre chambre ; je vais me déshabiller ; vous rentrerez quand je serai couchée.
Je revins en effet au bout de quelques minutes. Je m'assis sur son lit sans qu'elle m'en empêchât.

Lisez donc, me dit-elle. — Non; j'ai tant de plaisir à vous voir, à vous regarder, que je ne pourrais voir un mot de ce qui est dans le livre. Mes yeux la dévoraient ; je laissai tomber le livre ; je dérangeai, sans une grande opposition, le mouchoir qui couvrait sa gorge. Elle voulut parler, ma bouche ferma la sienne ; j'étais brûlant : je portai sa main sur la partie la plus brûlante de mon corps ; tout le sien en tressaillit. En me touchant elle me fit faire un effort qui brisa tous les liens qui me retenaient. Je me débarrassai de tout ce qui pouvait cacher la vue d'un des plus beaux corps que j'aie vus dans ma vie ; elle ne me refusa rien , mais mon ardeur excessive abrégea beaucoup ses plaisirs. .Je réparai cela bientôt après, et souvent, jusqu'au point du jour qu'elle me fit sortir avec le plus grand mystère.
Le lendemain, je fus éveillé par le billet suivant : « Comment avez-vous dormi, mon aimable petit cousin? avez-vous été occupé de moi? désirez-vous me revoir? je suis obligée d'aller à Paris pour quelques commissions de madame de Pompadour ; venez prendre du chocolat avec moi avant que je parte, et surtout me dire que vous m'aimez. » Cette attention me charma, et me parut imaginée pour moi. Je me sus bien mauvais gré de n'avoir pas prévenu madame d'Esparbès ; je me donnai à peine le temps de m'habiller, et je courus chez elle. Je la trouvai encore dans son lit, et je me conduisis de manière à prouver que j'étais tout reposé de la dernière nuit. J'étais enchanté; la personne de madame d'Esparbès me plaisait beaucoup, et mon amour-propre était infiniment flatté d'avoir une femme. J'étais assez honnête pour ne le pas dire ; mais on me faisait un plaisir inexprimable de le deviner , et à cet égard elle me donnait toute satisfaction, car elle me traitait de manière à montrer la vérité à tout le monde. Une cocarde où elle avait brodé son nom, que je portais à la revue du roi, publia mon triomphe, qui ne fut pas de longue durée, car elle prit dans le courant de l'été M. le prince de Condé.

Je m'en affligeai, je me choquai, je menaçai ; le tout inutilement. Elle m'envoya mon congé dans toutes les formes, conçu en ces termes :
« Je suis fâchée, monsieur le comte, que ma conduite vous donne de l'humeur. Il m'est impossible d'y rien changer, et plus encore de sacrifier à votre fantaisie les personnes qui vous déplaisent. J'espère que le public jugera des soins qu'elles me rendent avec moins de sévérité que vous. J'espère que vous me pardonnerez, en faveur de ma franchise, les torts que vous me croyez. Beaucoup de raisons, qu'il serait trop long de détailler, m'obligent à vous prier de rendre vos visites moins fréquentes. J'ai trop bonne opinion de vous pour craindre de mauvais procédés d'un homme aussi honnête. J'ai l'honneur d'être, etc. »
Sources : Extraits des Mémoires du Duc de Lauzin ( 1747-1783)
Page du Roi, à la Cour de Versailles -2/2-

Les pages sont suivis, trois fois par semaine, par un maître d'armes, de danse, de géographie, d'allemand, de mathématiques et un maître à voltiger, payés par le roi. Le reste du temps, qui n'est pas occupé par l'équitation, les pages sont libres; et peuvent se payer des maîtres particuliers.
Bien sûr, les pages suivent les célébrations religieuses quotidiennes: les pages doivent faire leurs dévotions ( c'est à dire s'approcher des sacrements) cinq fois par an, à Pâques, à la Pentecôte, à la Notre Dame d'Août, à la Toussaint et à Noël. A noter, la pratique janséniste de la double confession avant Pâques... «On disait la messe dans la chapelle, tous les jours ; et deux capucins, du couvent de Meudon, étaient chargés des prédications et de la direction de nos consciences.»
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Les moeurs en usages des pages du Roi - 1715 | Cartouche des pages du Roi - 1755 | Argenterie, menus ... et affaires de la Chambre du Roi |
Le lever est à sept heures et demie, à neuf heure la messe avant de déjeuner. La leçon commence à dix heures. Sortie de midi à une heure, puis dîner et sortie jusqu'à trois heures. Une leçon entre trois et quatre heures, et sortie jusqu'à neuf heures qui est l'heure de souper. « Nous y faisons la plus grande chère du monde.»
Il y a aussi une bibliothèque fort bien composée, d'où on prête des livres...
Versailles - Appartements, chasse et Lever du Roi
Après la deuxième année, la charge devient effective...
Ainsi, la page consiste à se trouver au grand lever du Roi ( Reine) , ou d'un Prince, à l’accompagner à la messe, à l’éclairer au retour de la chasse, et à assister au coucher pour lui donner ses pantoufles.
Les jours de grandes cérémonies, les pages montent sur la voiture à deux chevaux... À l’armée, les pages deviennent les aides de camp, et apprennent, à la source du commandement, à commander un jour.

Certains sont choisis pour des missions, par exemple: « quand le Roi revient la nuit, il faut que nous portions à quatre le flambeau à cheval, en courant devant sa voiture, qui va fort vite, et étant le plus souvent très mal montés, ce qui n'est pas bien agréable.»
Un autre jour, le page est chargé, « par Monsieur le premier Écuyer de la mission de confiance d'aller remettre quelques petits pains de beurre (au château de la Muette) à Monsieur le Dauphin pour son déjeuner: il est heureusement arrivé dix minutes avant que le prince se mît à table, ce qui l'a surpris très agréablement.»

La charge de ''page '' est légère et on peut même se plaindre qu'elle soit trop peu absorbante. Les pages peuvent prendre leurs chevaux s'ils ne font rien et aller dîner à Paris, quand ils y ont affaire. Mais le bonheur d'approcher chaque jour le Roi, ou ses proches, de vivre en leur intimité compense bien des choses... Le page en est ravi, et le sentiment qui perce avant tout dans sa correspondance est bien l'attachement ardent, le loyalisme fougueux que lui et ses pareils nourrissent pour le souverain.
Très vite le jeune noble, est amené à se former au métier de courtisan et saisir, avec une sorte d'habileté instinctive, de finesse native, les moindres occasions qui peut le mettre en vue et en avant.

Les Pages du Roi, de la Reine, etc … formaient à Versailles une jeunesse turbulente, que le Grand Prévôt s'efforçait d'en réprimer les écarts. « Ils fréquentaient cafés et auberge, y faisaient de galantes rencontres, et trop souvent s'y livraient au libertinage. » Paul Fromageot (Historien, spécialiste de Versailles)
Jean-Léonard de la Bermondie, est conscient de bénéficier dans un de ces établissements destinés à perpétuer les traditions de l’ancienne chevalerie, de l'abondance de soins et de plaisirs, dont il n'était pas si coutumier en Limousin ...!
Sources: '' Un page de Louis XV. Lettres de Marie-Joseph de Lordat à son oncle Louis, comte de Lordat, brigadier des armées du Roi (1740-1747).'' ; et de Félix de France d’Hézecques aristocrate français (1774 – 1835) Souvenirs d'un page de la cour de Louis XV. ( « à mon arrivée à Versailles, on y comptait cent cinquante-huit pages, sans ceux d es princes du sang qui résidaient à Paris.»)
Page du Roi à la cour de Versailles -1/2-

La mère de Jean-Léonard était parmi les proches de l'évêque de Limoges, Mrg Jean Gilles du Coetlosquet (1700-1784) qui deviendra le précepteur des petits-enfants de Louis XV... Lui-même protégé par Charles du Plessis d’Argentré à la cour de Versailles, sut recommander Jean-Léonard pour entrer comme page à la Petite écurie.
Cette réception fut un grand honneur pour son père. Bien sûr, il avait fallu apporter des preuves de noblesses qui puissent remonter à au moins 1550, et gagner le certificat délivré par Antoine Marie d'Hozier de Serigny (1721, 1801) juge d'armes de France.
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Monsieur de Nestier, Ecuyer Ordinaire de la grande Ecurie du Roy. |
Jean-Léonard fut inscrit au Cabinet des Titres en même temps que Jean-François de Villoutreix de Breignac, et Jean-Batiste de Lubersac; pour ceux originaires du Limousin ...
A Versailles, lorsque l’on tourne le dos au château, deux bâtiments symétriques, sur le côté de l'avenue de paris, sont la Grande Ecurie du roi, et la Petite Ecurie de Paris.
C'est dans les grandes écuries que les chevaux de Louis XIV étaient dressés. Il y avait donc une multitude de personnel qui atteignait souvent 1000 individus : pages, écuyers, valets, palefreniers...sans oublier le chirurgien, l'apothicaire pour les préparations médicamenteuses des équidés, les musiciens pour le carrousel..etc
La plupart des pages étaient formés dans les deux Ecuries du roi, la grande et la petite, sous les charges des Ecuyers du roi.
Avec un appui à la cour, un minimum de qualités physiques, et la possibilité de subvenir à ses besoins ( c'est à dire, avoir une pension de cinq cents livres destinée aux menues dépenses...) on peut prétendre à devenir page à la cour de Versailles... Ensuite, habillement, nourriture, maîtres, soins pendant les maladies, tout était fourni avec une magnificence vraiment royale.

Les pages de la Maison du Roi se divisaient en plusieurs catégories, pages du Roi, de la Reine, du Dauphin, de la Dauphine, de Monsieur, de Mesdames et de plusieurs autres membres de la famille royale qui pouvaient prétendre à un tel train de cour selon le bon vouloir du monarque.
« Les pages de la reine, au nombre de douze, étaient vêtus de rouge, galons en or. Monsieur et M. le comte d’Artois avaient chacun quatre pages de la chambre, douze aux écuries ; et leurs épouses, huit. Ceux de Monsieur et de Madame étaient aussi en rouge et or. Les pages de la chambre étaient habillés de velours brodé ; les différences de la pose du galon faisaient la distinction que les couleurs ne faisaient pas. »

Arrivé à Versailles, armé de ses lettres de recommandations et accompagné de son père, qui paye le trousseau... Jean-Léonard de La Bermondie peut réclamer son habit et avoir un chapeau. Monsieur le gouverneur le présente à tous les pages, et le recommande au premier page...
Malgré tout, chaque nouveau venu craint à juste titre les ''malices'' que ne vont pas manquer lui faire subir les plus anciens pour établir leur autorité indiscutable ...
« Malheur à celui qui n’y apportait pas le goût de s’instruire ! Il en sortait bon danseur, tirant bien les armes, montant bien à cheval ; mais il en emportait des mœurs passablement relâchées, et beaucoup d’ignorance. . Ce qui pouvait compenser un peu ce mauvais côté, c’était un caractère excellent et plié à tout par la sévère éducation que les nouveaux recevaient des anciens. »
Sources: '' Un page de Louis XV. Lettres de Marie-Joseph de Lordat à son oncle Louis, comte de Lordat, brigadier des armées du Roi (1740-1747).'' ; et de Félix de France d’Hézecques aristocrate français (1774 – 1835) Souvenirs d'un page de la cour de Louis XV. ( « à mon arrivée à Versailles, on y comptait cent cinquante-huit pages, sans ceux d es princes du sang qui résidaient à Paris.»)