Respecter, tolérer... n'est pas dialoguer !
Si parmi les ennemis du dialogue, beaucoup nichent parmi les fidèles des diverses religions (1)... Certains apparaissent là où, nous ne les attendrions pas ….
(1) Je pense en particulier au « piège de la prétention à l'universalité » ( D. Gira ), qui induit le trouble du mépris … Ainsi, sur les « Droits de l'homme » faut-il entendre qu'une certaine réalité ( que nous ne connaissons pas ) nous demande de prendre en compte une série différente des droits de l'homme, de la femme … et des peuples ( que nous oublions …)
Bien sûr, il s'agit ici de « dialogue »... Nous ne sommes pas dans une configuration de « négociation » ! Laissons-nous interroger par les valeurs de l'autre, et questionnons-le sur nos valeurs …
Dennis Gira se sert de la chanson « Imagine » ( 1971) de John Lennon, pour débusquer un « ennemi » au dialogue, et qui pourtant part de bons sentiments ...
L'idéal évoqué dans la chanson consisterait à vivre dans un monde, sans pays, sans religion... et donc semble t-il, plus aucune cause au nom de laquelle les hommes pourraient tuer ou mourir. Nous connaissons les responsabilités des états et des religions... Et pourtant, ceux qui se sentent riches de leurs convictions, de leur héritage culturel et intellectuel, peuvent ainsi se sentir méprisés...
Ainsi Gira, prend l'exemple d'Auroville ( près de Pondichéry ): expérience qui m'a d'ailleurs fasciné dans les
années 70, puisqu'elle consistait à mettre en pratique les enseignements de Sri Aurobindo ( 1872-1950)...
Sur la charte d'Auroville, apparaît cette mise en garde : « Quiconque est fortement attaché à une religion spécifique, dans le sens d'une volonté d'engagement et de pratique, s'apercevra qu'il n'est pas à sa place à Auroville....
Les religions divisent les peuples du monde, alors qu'Auroville vise à bâtir l'unité ».
Intéressant... pour débattre !
Si mon expérience chrétienne n'est d'aucune utilité, si elle « dérange » … Je ne me considère pas « respecté ».
Aussi, La formule « tolérante » d'une laïcité « dure » est à mon avis, un obstacle au dialogue.
Dialoguer, ne consiste pas -seulement- à « respecter » ou « tolérer » l'autre ; mais à être convaincu que l'autre a quelque chose d'important à nous dire ; et que nous tenons à le découvrir.
Le « mystère » de la pluralité des religions
Le père Coffy ( L'Église, signe de salut au milieu des hommes, Lourdes 1971, Éditions du Centurion, 1971. ) nous indique que l'on aura besoin, pour saisir la portée théologique du dialogue interreligieux, d'envisager la pluralité des religions non pas seulement comme un fait, mais bien comme un mystère, un sacrement.
Le cardinal Etchegaray, lors de la rencontre interreligieuse de Rome, à l'automne 1999, décrivait cet événement comme étant "bien plus qu'un simple lever de rideau, [ ] mais comme le premier acte [du Jubilé], entraînant l'Église à approfondir le sens de sa mission au sein de la caravane humaine où la pluralité des religions s'impose comme un fait et encore plus comme un mystère."(La Documentation Catholique 2250, p. 572)
A noter : « Le mystère a ceci de particulier qu'on ne peut le cerner, en faire le tour ; et que par conséquent il est inépuisable. » ( Croire.com) . On n'a jamais fini d'en faire le tour .. ! Un mystère, en théologie, ce n'est pas fait pour être résolu, mais pour être habité.
« Dire que la pluralité des religions est un mystère, c'est aussi reconnaître qu'aucune théologie ne pourra maîtriser par des formules ce qui est vraiment en jeu dans le dialogue parce que ce dialogue est d'abord le lieu où Dieu lui-même nous fixe un rendez-vous. ... »
- « Paul VI le disait dans Ecclesiam suam : "Le climat du dialogue, c'est l'amitié ; bien mieux, c'est le service." En effet qu'est-ce que l'amitié, sinon l'acceptation profonde et joyeuse des différences, dans l'infini respect d'une irréductible altérité et l'audacieux engagement à une réciproque et fraternelle interpellation, toujours tournée vers l'avenir ? »
- « Cela signifie aussi qu'un vrai dialogue laisse à la vérité de Dieu le soin de convertir de l'intérieur les fausses images que chacun se fait de la vérité. C'est en cela qu'il est aussi service. Alors résonne avec plus de netteté cette phrase du concile Vatican II que le père Coffy aimait citer : "La vérité ne s'impose que par la force de la vérité elle-même, qui pénètre l'esprit avec autant de douceur que de puissance." (Dignitatis humanæ, 1 )
Source: Jean-Marc Aveline, directeur de l'Institut catholique de la Méditerranée ; avril 2004
Le « dialogue », un chemin pour l'Eglise.
Depuis Vatican II, l’Église reconnaît ( il était temps … ! ) ne plus être l'unique dépositaire de la totalité de la vérité révélée.
La connaissance de la Parole - par la Bible et la Tradition - n'épuise pas ses richesses, et la Foi implique sans cesse une recherche de la vérité...
Si « la religion » exprime le plus souvent l'effort que fait l'homme pour tendre vers une connaissance du divin... Le message de Jésus, ( Christ et divin... pour moi : catholique ), exprime la primauté de l'inverse : c'est le divin, lui-même, qui vient ( et de quelle manière.. ! ) vers l'humain : non pour juger, mais dans la simplicité d'une vie partagée ...etc
Ceci est essentiel, car il signifie que le dialogue est affirmé à la naissance même du christianisme. Revenir à cette source, c'est fonder une spiritualité sur la notion même du dialogue interreligieux, du dialogue inter-culturel et même philosophique .
Dieu "en quête de l'homme", pour reprendre la belle expression du philosophe juif Abraham Heschel.
Aujourd'hui, si Dieu est vivant dans mon « prochain », c'est qu'il a à me dire quelque chose de Lui-même.
Ainsi, si le « deuxième testament », témoigne que les chemins de Dieu vers les hommes sont toujours adaptés à la situation culturelle, sociale, religieuse, areligieuse, athée, de chacun ; c'est à nous aujourd'hui de permettre encore une fois, que ce dialogue continue...
C'est le pape Paul VI qui affirme que c'est bien parce que Dieu, pour se révéler, ne s'y est pas pris autrement qu'en engageant avec l'humanité un dialogue, que l'Église, pour correspondre à ce geste de Dieu, est tenue d'engager avec l'humanité un dialogue. ( Ecclesiam suam 72-79)
Nous savons, par expérience, qu'une religion courre le risque de devenir plus un écran qu'une voie vers le témoignage et le message divin...
Le dialogue interreligieux est - particulièrement aujourd'hui - une aide dans cette ouverture à Dieu, qui vient à nous, cette recherche de Dieu qui est à notre recherche... C'est le reconnaître au travers de voies différentes.
Art et vision avec: Bernardien Sternheim
Le baiser:
Bernardien Sternheim est née en 1948 à Amsterdam. Au centre de son œuvre : l'humain, dans toute sa vulnérabilité, dans des situations de confrontation …
Elle s'exprime avec réalisme, au travers de peintures narratives et des portraits...
Elle donne au spectateur des indices, mais c'est à nous de rechercher dans un espace qu'elle laisse à notre imagination. Un thème revient : l'histoire d'amour, et ce qu'elle devient … Ses portraits relèvent des émotions plutôt universelles, comme la tristesse, la solitude, l'éphémère de la beauté, la relation avec son propre corps et les relations avec les autres.
Sternheim a été formée à l'AKI à Enschede. Elle peint depuis l'enfance. La peinture est une obsession pour elle, mais elle le fait avec plaisir.
La structure d'un tableau se fait de manière intuitive. C'est un travail direct et passionné. Elle n'a aucune idée préétablie dans la tête de ce qu'elle va faire. Cela se pose naturellement.
Après la conception schématique, elle peint avec des pinceaux de plus en plus fins. Cela nécessite beaucoup de concentration, ensuite l'effort se transforme en méditation.
Escalator
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Faust - ou, la Beauté ne sauve pas le monde ...
Je viens de « subir » une présentation du mythe de Faust en visionnant le film d’Alexandre Sokourov, librement adapté de Goethe.
Raconter une histoire, n'est pas ici le but du cinéaste ; et s'en tenir au scénario ne rendra pas compte de ce film … Des images, parfois splendides - mais j'ai souffert du choix du format - dans lequel elles s'entremêlent dans un carré d'écran, format pas très cinématographique ( à mon avis …) et étouffant … (dominante de marrons, de verts et de bleus, avec une furie de nuances qui donne le tournis) et l’anamorphose qui l’accompagne … pesant! ).
Nous sommes dans un monde, un village de damnés, où personne ne semble croire en Dieu … Le mondes des hommes est décrit dès le début par quelques plans "sublimes" ( certes ...) … Ça pue, c'est laid, c'est « mortel » …
Le décor, l'image … sont à mon avis ce qui sert le mieux le personnage principal : Satan, lui-même, en pleine et hideuse chair... Le diable est usurier prêteur sur gage. Après sa rencontre avec Faust ( savant, mais affamé, perdu et sans un sou …), nous les suivons inséparables, dans un monde en chute libre, où règne le chaos, ennui et confusion... dans ce monde à la Bruegel ou Altdorfer; l'enfance, la vie, l'amour n'ont pas droit de cité ...
Le dessein de Sokourov, est-il de remonter aux sources du mal ?
Méphistophélès submerge de paroles Faust, et le renvoie sans cesse à son impuissance première. Le « beau » visage rond de Marguerite, fait oublier quelque peu l'absurdité du non-sens d'une telle vie.. Mais, le meurtre - téléguidé par le diable - du frère ( non aimé) de la jeune fille; rend ce désir encore plus honteux ... Même si Faust, lui, perd au fur et à mesure toute culpabilité..
Au début du film, Faust est avide de savoir : - réflexion autour du verset de Jean « Au commencement est le Verbe », avec la correction : non, au commencement était l'action … ! Puis, ce désir de connaissance est ravalée au rang de la libido – sous forme de concupiscence coupable - Serait-ce là l’origine de tous les maux des hommes.. ?
En ouverture, nous subissons ce plan d'un sexe masculin d'un cadavre … auquel répond ( peut-être ? ) ensuite le plan du mont de vénus de Marguerite bien vivante … Dans la scène du lavoir, les images - emplies de la beauté de ces femmes - sont balayées par le corps monstrueux de Mauricius ( le diable ).
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Dans ce film, l'amour a perdu toute force « rédemptrice ». Dans une scène du film, Faust – qui a monnayé contre son âme, une nuit avec la belle - enlace Marguerite, prête à se noyer, pour finalement sombrer avec elle dans les eaux.
Quel cauchemar !
Etrange que la naissance d'un mythe... Celle de Faust, serait assez récente... On parle d'un Johanne Faust (1480~ 1540~) dont on sait peu de choses : charlatan de foire, astrologue aux mœurs suspectes: c’est un fanfaron… L'imagination populaire (Historia von Dr. Johann Fausten, 1587) donne très vite au personnage une dimension mythique : Faust vend son âme au diable en échange du savoir et des biens terrestres. On lui accorde des pouvoirs magiques qu’il détiendrait d’un pacte avec le démon « Méphistophélès ». L'histoire est fixée pour les théâtre forain par Christopher Marlowe (composée entre 1588 et 1593).
On peut voir ici, une tentative de l’establishment de condamner l'alchimie, et les nouvelles sciences naturelles... Les écrivains s'en emparent pour en faire le symbole de la connaissance dévoyée, le héros ambitieux de la conquête du savoir contre les puissances obscures (Lessing, Klinger) ou le porte-parole de leurs angoisses et de leurs fantasmes (Chamisso, Lenau).
Dans la version de Goethe le pacte avec le diable prend la forme d’un simple pari ( inspiré du livre de Job) : le diable parviendra-t-il à détourner les nobles aspirations de Faust vers la bestialité des plaisirs sensuels, les satisfactions matérielles et le plaisir de détruire ?
Dans la version finale du Faust de Goethe, Faust est sauvé : un cortège d’anges escorte son âme vers la lumière « celui qui s’efforce toujours et cherche dans la peine, nous pouvons le sauver ».
Le « principe organisateur », Dennis Gira
Ce principe touche au parcours de chacun, à l'identité, à l'appartenance...
Ce principe est fondamental, pour qui se sent attiré par d'autres traditions... Agiter la promesse de l'égarement du « syncrétisme », pour dissuader le « chercheur de Vérité », n'est pas approprié, pour le moins !
Le principe organisateur, lui, permet d'aider à progresser sur son itinéraire spirituel ; et bien sûr, il s'applique au dialogue interreligieux, mais aussi au dialogue philosophique , ou politique …
Pour comprendre sa définition ; dennis Gira se propose de commencer à répondre à ce type de question : « peut-on être bouddhiste et chrétien, à la fois ? »
Question complexe !... Car enfin, « qui est ce « on » ? » ne faut-il pas connaître la personne concernée par cette question, sa trajectoire spirituelle, culturelle et intellectuelle ? S'agit-il derrière la question, d’adhérer à un groupe donné, ou d'un engagement total au sein d'une tradition religieuse qui donne sens à sa vie ? …. Quelques exemples :
-
Un ami vietnamien, converti au christianisme, peut se considérer bouddhiste et chrétien.. Il se dit chrétien, quand il approfondit sa connaissance de la foi chrétienne et participe à la vie de l’Église ; et il se dit bouddhiste quand il affirme ses racines culturelles et ses liens familiaux … Cet ami n'est pas impliqué également sur des trajectoires parallèles …
- Cet ami français, a été baptisé bébé, et n'a jamais été « catéchisé » … Il a cherché ailleurs la source qui étancherait sa soif de vérité ; cette recherche l'a conduit au bouddhisme... Son principe organisateur est fortement bouddhiste... Quand il s'affirme également catholique; il parle du baptême, du mariage et de son milieu familial …
Le principe organisateur de chacun part dans leur trajectoire spirituelle de leur expérience la plus intime...
Pour un chrétien, la Foi en la personne de Jésus-Christ constitue le pivot de son expérience...
En s'adressant à un bouddhiste, il sera difficile d'interpréter les différents aspects du bouddhisme à la lumière de ce principe... Et, inversement
…
Par contre, c'est différent, s'il s'agit d'un chrétien à qui l'on s'adresse et que l'on tente d'interpréter ces mêmes aspects du bouddhisme à la lumière de ce même principe …
Ce qu'il faut retenir : c'est qu'il est difficile d'imaginer un dialogue interreligieux entre deux personnes dont l'une a un seul principe
organisateur et l'autre pense en avoir deux, dont celui de son interlocuteur – ce qui semble le cas de quelqu’un qui pourrait penser être à la fois bouddhiste et chrétien .
- Il peut encore se présenter les cas d'une personne, qui suite à la rencontre d'une autre voie spirituelle, souhaite en intégrer une pratique à leur cheminement intérieur. Par exemple, pour un chrétien, pratiquer le zazen... Finalement, le zazen est authentiquement bouddhique uniquement pour un bouddhiste, c'est à dire pour quelqu’un dont le principe organisateur est indissociable de la cohérence interne du bouddhisme zen. Le chrétien le situe dans une nouvelle cohérence, et il est inapproprié de penser qu'il est bouddhiste et chrétien à la fois . Et, il ne s'agit pas là de « syncrétisme » … !
Le principe organisateur, est un antidote naturel à toute forme de syncrétisme, et à toute peur de l'autre... Son propre, est d'organiser ou plutôt de réorganiser la pensée quand elle s'interroge ou s'enrichit des idées des autres … Ce principe aide également chaque fois qu'une personne veut dire aux autres sa foi la plus profonde car elle sait, ou devrait savoir, que ce qu'elle va dire alors doit être compréhensible pour ses interlocuteurs... Il lui faut donc prendre en considération leur sensibilité, leur vocabulaire, la cohérence de leur tradition ..etc Finalement elle pensera sa foi autrement et laissera de côté, ou mettra entre parenthèses, certaines formules chères aux chrétiens si elle les juge inaudibles...
Bien sûr, c'est une gageure de résumer ce que Dennis Gira tente de nous faire comprendre avec beaucoup de pédagogie et d'exemples concrets, ce point fondamental du « principe organisateur » ... Il serait plus raisonnable de lire le texte complet …
Je comprends également, que l'évangélisation, ne peut se faire in-extenso ; elle répond aux mêmes règles que le dialogue interreligieux, et doit répondre à la cohérence de chacun …
Saint Josaphat... pour canoniser le Bouddha!
Le « dialogue » entre Bouddhisme et Christianisme n'est pas récent .. Il semble qu'il fut transcrit assez tôt, et par l'intermédiaire du manichéisme... En effet le perse Mani (216-273), fondateur du manichéisme, s’est rendu lui-même en Inde... et, on a retrouvé dans la ville de Tourfan (dans la province actuelle du Xinjiang chinois) un fragment de manuscrit d’origine manichéenne, écrit en vieux persan, rapportant un dialogue entre deux personnages appelés Bylwhr et Bwdysf (Budasf), qui correspond à un passage connu de la légende de saint Barlaam et saint Josaphat.... et qui reprennent chacun les passages connus de la biographie du Bouddha ...
Manuscrit médiéval représentant Josaphat, hors du palais d'où son père l'observe, lors de sa rencontre avec un lépreux et un aveugle |
A sa naissance, le jeune Bouddha Siddartha Sakyamuni reçut une prophétie. Il serait grand roi ou
grand maître spirituel. Son père était un souverain aimé et respecté mais souhaitait également avoir son fils comme héritier du royaume. Pour forcer le destin, il confina son fils dans
l'atmosphère paradisiaque du palais. Tout serviteur âgé ou malade était chassé du palais. Seuls les raffinements sensuels et artistiques étaient admis. Un jour cependant, Siddartha s'évada et fit
quatre rencontres capitales. Tout d'abord un vieillard, un malade puis un cadavre. Ainsi la vie était également en but aux souffrances. Elle avait donc une fin !!! Une quatrième rencontre lui
offrit heureusement une perspective de solution. Celle d'un moine dont la sérénité semblait impossible à troubler. Siddartha s'échappa du palais et poursuivit sa quête. Ayant fait l'expérience de
l'ascétisme puis ayant choisi la voie du milieu, il découvrit enfin, par la méditation, les quatre nobles vérités. Il devint l'Eveillé, le Bouddha et commença à enseigner.
Cette trame narrative (extraite du "Buddhacarita" texte sanscrit écrit par Asvaghosha au IIe siècle) est exactement celle que l'on peut identifier en lisant l'histoire de
Saint-Josaphat.
Le départ de Josaphat ; il retire ses vêtements (en haut à droite) |
La tentation de Josaphat et les illusions humaines
|
La légende de saint Barlaam et saint Josaphat doit son succès à l’œuvre de Jacques de Voragine, théologien dominicain, archevêque de Gênes, qui vécut de 1225 à 1298 et qui rédigea, vers 1264, la très célèbre « Légende Dorée ». La version qu’il y donna de la vie de saint Barlaam et saint Josaphat devint un « best seller » du Moyen-Age…
Dennis Gira: Le dialogue ... Indispensable ...!
Je lis, actuellement, un petit livre ( parce que simple et plaisant à lire ) sur le dialogue interreligieux. Sans parti pris théologique, il me semble que les conseils donnés sont à ce point fondamentaux, qu'ils régissent en fait les conditions nécessaires à tout dialogue ( politique, professionnel ou conjugal...). Dennis Gira sait partir d’exemples très concrets pour nous faire entrer dans les joies et les écueils du dialogue.
Dennis GIRA Le dialogue à la portée de tous…(ou presque) Bayard Editions 2012, 18€
Dennis Gira est bien connu pour sa connaissance du bouddhisme dont il est devenu un spécialiste reconnu. Il a aussi une grande expérience du dialogue inter religieux et interculturel, vivant lui-même de plusieurs cultures ( il est américain ), parlant plusieurs langues ( dont le japonais ) et connaissant plusieurs religions… Né à Chicago, il a vécu pendant plusieurs années au Japon, où il a notamment étudié les écoles bouddhistes de la "Terre pure", avant de s'installer en France - dont il a acquis la nationalité - et d'enseigner sur le bouddhisme à l'Institut Catholique de Paris.
Dennis Gira relève Cinq « règles d’or » pour le dialogue :
-
Ne pas chercher chez les autres ce qui est important pour nous :
Par exemple : -Ne cherchez pas la table dans la maison japonaise ! « La tentation est en effet très grande, de filtrer tout ce que les autres disent à travers le tamis de notre propre manière de percevoir le monde. » ...Le pape de 350 millions de bouddhistes dans le monde … n'existe pas … et ce n'est pas le dalaï-lama … ! Ne cherchez pas Dieu dans le bouddhisme ! « il est essentiel de ne pas chercher l’équivalent de l’idée de Dieu dans le bouddhisme, car le faire nous mettrait dans l’impossibilité de découvrir le sens réel des notions fondamentales de cette tradition... ». Les Tsunamis et le problème du mal :
-
Reconnaître les limites des mots
-
Avoir un « principe organisateur »
Cette règle me semble très importante, puisqu'elle aide à ne pas tomber dans ce « fameux » syncrétisme, et qu'il évite également de ne pas s'enfermer dans un « principe identitaire » … par contre ce principe organisateur permet – grâce au dialogue – de progresser dans son itinéraire spirituel.
-
Juger la tradition de l’autre par ses « sommets » et non par ses « sous-produits »
-
Deux choses peuvent être radicalement différentes sans être diamétralement opposées
- suite de la table des matières :
III. Cinq « ennemis » du dialogue
1. Le silence
2. La peur
3. Le savoir
4. L’orgueil
5. Le mépris
IV. Cinq « amis » du dialogue
1. Le respect
2. L’amitié
3. L’humilité
4. La patience
5. L’écoute
« Le dialogue est l’une des conditions de la paix dans le monde » telle est la conviction de l’auteur, conviction à laquelle il a consacré une grande partie de sa vie. Mais au-delà de ce fruit du dialogue « toute personne est appelée à dialoguer tout simplement pour être à la hauteur de sa vocation humaine »
Se questionner sur le « Dieu »
La Foi, m'oblige à remettre en question la parole sur « Dieu ». la quête du sens passe, au fil du temps, par des chemins nouveaux...
Dieu a donné forme au chaos par sa Parole, l'avenir dépend de nos choix : « choisis la vie ! » Dt 10,15 |
La vision dynamique et expansive de l'univers, l'évolution des espèces... me fait prendre conscience de la chaîne évolutive dont je suis redevable. Je suis immergé dans un monde en constante transformation où tout se trouve en relation … La pensée de Teilhard de Chardin, m'aide à reposer la question de la création .
Le « Dieu » ne peut que participer lui-même à ce flux de transformation et de relation. Définissons-le comme l'auteur et l'acteur de ce processus ; et comme objet lui-même du process ( sa nature conséquente ) (1)
Ma tradition m'apporte que le « Dieu » d'Abraham et de Jésus, est celui dont la Parole organise le « chaos ». Il n'est pas « l'être le plus puissant », mais Puissance qui fait « être »...
S'il y a harmonie, ou ordre de l'univers ; c'est qu'il y a une restriction des possibles... mais, également une multiplicité de possibles ouvrant le futur.
Le dynamisme créateur de Dieu ouvre, comme à tout ce qui se laisse habiter par sa force de vie, de nouveaux possibles. Dieu est une puissance d'attraction vers le meilleur ( l'amour ...etc ).
Sans cesse Dieu « appelle à l'existence – ce qui n'est pas - » ( Rm 4,17 ) |
Ma tradition, également, m'apporte « l'incarnation », et la « kénose » de Dieu … Que puis-je en dire .. ?
Ce « Dieu » est entièrement impliqué dans l'Humanité. Il n'est pas dilué ( panthéisme..). Dieu est lui-même « transformé » par ce qui arrive dans la création... Dieu a besoin de nous ! L'Amour de Dieu est sans limite ( tout puissant …), mais sa « puissance » est limitée par l'orientation prise par la création... Ce Dieu souffre de nos résistances ; ce Dieu incarné, qui entre en relation, ne peut être que transformé par cette relation ( sinon, elle serait « fausse »... ).
« Mon Père, jusqu'à présent, est à l'oeuvre, et moi je suis à l'oeuvre » ( Jn 5,17) |
Si avec Jésus-Christ, la mort n'a pas eu le dernier mot, c'est que Jésus a parfaitement laissé agir en lui le dynamisme créateur de Dieu.
Le Dieu de Jésus-Christ, a fait alliance avec le monde. Il ne peut rester figé dans son éternité. Je ne crois pas en Dieu situé dans un au-delà énigmatique, à la « toute-puissance » absolue et indifférente, ou qui ne tiendrait pas compte de la liberté et de la responsabilité du monde …
Sources : Claude Dubois ( la Revue du réseaux des Parvis), qui reprend lui-même quelques aspects de la « théologie du process » (1) : essai pour comprendre et dire Dieu dans un souci de dialogue avec la culture et les savoirs contemporains. Elle a le grand mérite d'être une théologie de la liberté au souffle d'un Dieu « faisant chaque jour toutes choses nouvelles » ( Ap 21,5),
Voir : J. Moltmann, P. Tillich, Hans Jonas, A Gounelle... Et F. Varillon ...
1912...2012... Nous sommes « menacés » … !
Lors de temps troublés, l'opinion publique se satisfait quand les médias pointent précisément certaines menaces. Il y a cent ans, certains en appelaient au « réveil national », en pointant la menace juive d'une part, et allemande de l'autre …
« L'antisémitisme français à la fin du XIXe siècle est remarquable par son activisme et sa popularité, comme le prouvent le nombre impressionnant et la virulence des publications antisémites en France, dont en particulier le pamphlet d'Édouard Drumont, La France juive (1886, 1892) et son journal La Libre Parole. » ( wiki )
Il y a alors un antisémitisme de droite, .. d'origine religieuse très ancienne (thème du peuple déicide ), juxtaposé à des thèses raciales « fondées sur la science !» ...… et un antisémitisme de gauche chez lequel se mêle de l'anticapitalisme, et de l'anticléricalisme …
Aujourd'hui, des hordes de protestataires musulmans et violents nous menaceraient tous.. !
« On estime que 0,001% à 0,007% des 1,5 milliard de musulmans dans le monde ont participé aux protestations contre le fameux film -– soit une infime proportion des citoyens pro-démocratie qui ont défilé lors du Printemps arabe.
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La grande majorité des manifestants étaient pacifiques. Les attaques visant les ambassades étrangères ont quasiment toutes été orchestrées ou appuyées par certains membres du mouvement salafiste, un groupe islamiste radical qui vise avant tout à salir la réputation de groupes islamistes modérés plus populaires.
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Les hauts représentants des États-Unis et de la Libye sont divisés sur la question de savoir si l’on avait projeté d’assassiner l’ambassadeur américain en Libye le jour du 11 septembre, auquel cas sa mort serait sans lien avec le film.
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Hormis des attaques de groupes radicaux en Libye et en Afghanistan, un rapport établi le 20 septembre chiffrait à zéro le nombre de victimes tuées par les manifestants.
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Quasiment tous les hauts dirigeants musulmans et occidentaux ont condamné le film, et quasiment tous les responsables musulmans et occidentaux ont condamné les violences perpétrées en réaction au film.
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La visite du Pape au Liban a coïncidé avec le pic des tensions. Cependant, les dirigeants du parti Hezbollah ont tenu à assister à son sermon, n’ont pas protesté contre la vidéo jusqu’à son départ et ont appelé à la tolérance religieuse. Oui, c’est bien ce qui s’est passé.
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Après l’attaque de l’ambassade américaine à Benghazi, des citoyens lambda se sont rendus dans les rues de Benghazi et Tripoli, avec des pancartes, souvent en anglais, pour s’excuser et dire que cette violence ne représente ni leur identité ni leur religion.
Ajoutez à cela tous les reportages et articles importants qui ont été écartés la semaine dernière pour
laisser place à la Une sur les musulmans “énervés”, et ainsi surfer sur la vague démagogue du "choc des civilisations". En Russie, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans les rues de
Moscou en opposition au président Vladimir Poutine. Des centaines de milliers de Portugais et d’Espagnols se sont indignés lors de rassemblements anti-austérité; et plus d’un
million de Catalansont manifesté en
faveur de l’indépendance. »
Source de la partie 2 : http://www.avaaz.org/fr/7_things_you_should_know_french/?baQVJab&v=18151