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Les légendes du Graal

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Le Graal, ça n'existe pas ! 6

14 Novembre 2024 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Whitehead

Je ressens le besoin, en conclusion de cette longue réflexion sur l'existence d'une chose – et à partir des notes de Lancelot que je viens de vous transcrire - de faire ma synthèse.

Il y a plusieurs manières d'être et elles ne sont pas limitées par la matérialité. Nous n’avons accès qu’aux phénomènes, pas aux '' choses en soi ''. Croyance et connaissance se confrontent, s'entraident... Le réel est-il rationnel dans la manière dont il nous apparaît ?

L'humain est-il un ''étant'' comme les autres ? Le Graal est-il le chemin de la Nature à la Grâce?

* Je ne tiens pas – et c'est important de le noter – à passer à une parole essentiellement religieuse ou spirituelle; je tiens à appuyer ma réflexion sur ce qui ''existe '', sur ce qui est d'ordre naturel; aussi je tente ( en priorité) de comprendre l'avancée conceptuelle de philosophes et de scientifiques....

 

Pour clore ces réflexions sur ''ce qui existe'', je reviens vers quelques idées parmi celles de Alfred North Whitehead, que j'arrive à conceptualiser.

Alfred North Whitehead

Je n'oublie pas que Lancelot nous en parlait souvent: Whitehead - Les légendes du Graal

Alfred North Whitehead (1861-1947) était un mathématicien et un philosophe,. A Cambridge, sa thèse portait sur la théorie de l’électromagnétisme de Maxwell, qui a été un développement majeur dans les idées qui ont conduit aux théories de la relativité restreinte et générale d’Einstein. Il est devenu le tuteur de Bertrand Russell au Trinity College dans les années 1890; il a collaboré avec son ancien étudiant sur "Principia Mathematica", un ouvrage majeur en logique mathématique.

Alors que sa carrière de mathématicien universitaire touchait à sa fin; il se consacre à des travaux philosophiques, comme son Enquête sur les principes de la connaissance naturelle, Le concept de la nature et Le principe de la relativité, publiés entre 1919 et 1922.

L’apogée de son œuvre métaphysique est venue avec son monumental Process and Reality en 1929 et ses Adventures of Ideas en 1933. Sa lecture est difficile. Il n'est pas étonnant que pour Whitehead, la connaissance est une aventure dans laquelle l’individu doit se lancer tout entier, une véritable Quête... Il parle également que '' les idées ne flottent pas en l’air comme des spectres : dans la mesure où elles sont vraies, elles appartiennent à un monde idéal qui est aussi un « modèle » des processus de la nature.''

Whitehead y jette les bases de son « principe ontologique », rejetant le dualisme corps-esprit. Il vise à construire une cosmologie capable de rendre compte d'un univers en devenir, c'est-à-dire en perpétuel processus de transformation.

Pour Whitehead le réalité n'est pas composée d'une collection d'objets statiques, elle est un flux constant de processus et d'interactions.

 

Jakob von Uexküll (1864-1944). Naturaliste et biologiste allemand, fit ses études à Heidelberg. Il partage, avec Whitehead l'idée que la réalité est subjective et dynamique, et insiste sur l'importance de l'expérience individuelle et de l'interconnexion entre les êtres vivants et leur environnement.

Chaque espèce voit le monde à travers ses sens et sa représentation. La Terre est peuplée de ''mondes'', dont celui des humains. Une « illusion repose sur la croyance en un monde unique dans lequel s’emboîteraient tous les êtres vivants. De là vient l’opinion commune qu’il n’existerait qu’un temps et qu’un espace pour tous les êtres vivants. »

Le monde propre de chaque être vivant est nommé par le concept de l'Umwelt ( milieu) qui souligne comment différents organismes vivants peuvent expérimenter des mondes différents au sein du même environnement. Cela renforce l'idée que la réalité est un tout interconnecté, où chaque acteur contribue à la formation du tout.

Plus avant, Uexküll, constate qu'« il est impossible d'expliquer la finalité des êtres vivants à partir de forces matérielles », la vie n'est pas réductible à des phénomènes mécaniques...

 

J’appelle une ''chose'' toute entité concrète ou non, comme un événement, concept, objet ou être que je n'ai pas encore distingué...

Ensuite je peux appeler ''être '', tout simplement '' ce qui existe '', cela englobe tout ''ce qui est'', indépendamment de sa nature. Avec un ''plus'' par rapport à la ''chose'', c'est que '' l'être '' ''est'': c'est à dire – et là je reprends la philosophie du process, ou du processus de Whitehead - qu'il est un processus dynamique et en perpétuel devenir. Chaque "être" est une occasion d'expérience. Cet être interagit avec d'autres entités dans un réseau complexe de relations.

Il me semble que l'ontologie définie ainsi par Whitehead, c'est à dire que chaque "être" est défini par ses interactions et ses relations avec d'autres êtres, faisant partie d'un tout interconnecté et évolutif; cette ontologie correspond bien aux changements de paradigmes que nous oblige la science, à savoir la remise en cause d'une science mécaniste qui ''objective'' la nature ( selon notre vieux réflexe d'appréhender toute chose dans une relation '' objet – sujet '' …) en l'assimilant à une machine. Cette science isole chaque partie, en l'objectivant, et nous fournit un modèle de type ''horloger'' qui fonctionne d'ailleurs en partie ( la physique de Newton) ; mais qui nous apparaît insuffisant aujourd'hui en particulier à l'échelle de l'Univers, ou des particules; et même pour la biologie, l'écologie...

 

Également sur le plan religieux ( nous y reviendrons) cette appréhension de la réalité, contredit un monde séparé en deux: La matière et l'Esprit.

 

Je retiens pour mon compte une méthode pour tenter de connaître cette réalité.

Ainsi, si vous me proposez de m’intéresser à une ''chose'': une fleur, un tableau, une expérience de mort imminente, celle d'un OVNI, du Graal, de Dieu, d'une guérison miraculeuse, d'une apparition, d'un amour... etc

Mon attitude face à cette expérience rapportée et sincère, ne devra pas m’amener à dire:

- Comment cela se fait-il que vous croyez à quelque chose qui n'existe pas?

Ce qui me semble raisonnable, serait de dire: - Partagez-moi, quelque chose du mode d'existence de votre expérience pour m'aider à me représenter comment vous comprenez ''le monde''. En effet, chaque expérience a un régime d'existence particulier, par exemple celui du droit, ou de la technique, ou de la religion, etc ... Un protocole scientifique et un rituel religieux, n'appartiennent pas au même mode d'existence.

De même, je ne pourrai pas juger un ''être '' à l'aune de mon ''gabarit '' c'est à dire de mon modèle organisateur... par exemple, si je dis:

- Si ce que vous me dites est vrai, prouvez-le scientifiquement...

Ce qui pourrait revenir à dire: - si c'est vrai, alors c'est un ''objet'', faites-le moi apparaître. En effet, objet désigne une chose dont les propriétés seraient perçues comme indépendantes de l'observateur, et donc objectivement vérifiables.

- Et s'il n’apparaît pas, alors c'est dans votre tête, c'est une subjectivité.

Bruno Latour, dirait que je suis ''impoli'', et qu'il s'agit d'une faute de dé-ontologie.

En effet, dans ce cas j'insiste pour un régime d'existence dans lequel aucun des êtres ne se trouve à l'aise, pas plus les êtres scientifiques que les autres, et pas les objets techniques...

Chaque mode d'existence pose ses propres critères de validité et ses propres vérités, soulignant la diversité des perspectives.

Personnellement, pour tenter de comprendre l'autre, de partager son expérience; je m'inspirerai de la méthode phénoménologique, dont j'ai déjà parlé.

- Prendre du recul. Ignorer mes préjugés...

- Observer.

- Tenter de vivre une expérience similaire.

- Interroger, écouter, dialoguer.

- Utiliser l'interdisciplinarité, les connaissances de diverses disciplines...

- Tenter de se mettre à la place de l'autre.

- Utiliser des récits, des expériences de pensée, des métaphores et des analogies pour imaginer et communiquer les expériences d'un autre ''être''. La littérature et l'art peuvent être des moyens puissants pour explorer et exprimer des perspectives différentes.

- Ceci est à comprendre, et à adapter selon la qualité de l'être, ou l’expérience rapportée....

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Whitehead

16 Juillet 2022 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Whitehead, #Philosophie, #Angleterre

Lancelot revient à Londres, pour finaliser son départ ( debriefing avec les Services de Renseignements) et préparer son retour en France.

Alors que Lancelot s'était plaint de n'avoir pu rencontrer Russell ou Whitehead, tous deux retenus aux Etats-Unis ; Vanessa Bell et Quentin ont l’excellente idée de lui faire rencontrer un de leurs amis, le mathématicien Godfrey Harold Hardy, récompensé de nombreux prix, également inséré parmi la société des ''apôtres '' de Cambridge. C'est lui qui découvrit le génie de l'indien Ramanujan, et le fit venir à Cambridge.

Il avait subi des problèmes de santé, et se sentait diminué dans son raisonnement logique. Assez asocial, timide ; Lancelot sut le séduire pour qu'il accepte de ferrailler sur de nombreux points philosophiques. Hardy se disait athée ; mais il rêvait de trouver un raisonnement qui puisse mettre Dieu lui-même en difficulté !

Malheureusement, aucune réflexion ne peut, d'après lui, se mesurer à l'élégance, la beauté d'un raisonnement mathématique. Lancelot tente alors de le convaincre que son âge, s'il ne lui permet plus de retrouver cette capacité, peut l'amener à un autre type de réflexion ; et Bertram Sinsernin , un jeune philosophe, en profite pour présenter le travail du philosophe Whitehead, que Hardy a connu ; et qui ne manque pas de paradoxe....

Personne, ici, n'oublie le travail remarquable du Principia Mathematica (1913) que Whitehead écrivit avec Bertrand Russell.

G. H. Hardy, rejoint Whitehead, quand il écrit que la mathématique devrait concerner au-delà de la grandeur, de la quantité, de la forme, bien plus encore jusqu'à l'esthétique, peut-être même la morale !

Mathématique et Philosophie pourraient construire une cosmologie …

Whitehead insisterait sans-doute sur la nécessité de décrire précisément ce que représente « la nature dans sa créativité agissante. »

- Quelle est la place du sujet dans la nature ?

- « L'individu n'est pas une île, il est relié au reste de l'univers... Étudions comment à partir de composants dissemblables se créent des personnes, des événements, des situations, des sociétés. »

- Selon un programme ?

- Non, cela se joue au cours du processus.

 

Et Dieu ?

Whitehead a des jugements très durs pour la figure de Jéhovah.

- Si Dieu est exclusivement transcendant ; c'est l'exclure de la raison... C'est gênant ?

- Dieu agit dans l'univers, il est immanent au monde.

- Dans ce cas, la théologie n'est pas dissociable de la science.

« le Royaume des cieux est en vous » exprime l'unité de l'Univers : « une expérience affective intime nous initie à l'unité immanente du monde. » le travail du cœur se complète par un travail de la raison.

Chacun ici, est d'accord : le lien entre religion et raison est inéluctable. Quand la religion perd le désir de vérité et de clarté, elle se dégrade.

« Si la science, par méthode, distingue des classes homogènes d'objets, et les isole du reste de la réalité ; la religion, en revanche, est habitée par la diversité et l'unité des choses. »

Matière et Esprit se contaminent... Lancelot rapproche ce qu'il entend avec la pensée de Teilhard de Chardin, qu'ici, personne ne connaît.

- Si Dieu est à l’œuvre, professez-vous une sorte de déterminisme absolu ?

- Pas du tout. « Le Mal ( qui existe) serait alors en conformité avec la nature de Dieu. Dieu rencontre le Mal, et en pâtit. » Il n'y a pas de Mal absolu ( pas de Malin, non plus...). « Le Mal est lié aux processus de dégradation et de disparition qui ne sont pas radicalement mauvais, puisque, dans un univers en devenir, naissance et destruction sont corrélatives. » (*)

« Dieu est à la fois fondement, et vision. Dans un monde en devenir (…) Dieu est la voie, le chemin qui conduit à des réalités plus profondes. (…) L'Univers nous montre deux faces : d'un côté, il se dégrade physiquement ; de l'autre il s'élève spirituellement. » (*)

(*) Sources : Whitehead – Un univers en essai – Bertrand Saint-Sernin

 

Les rapports entre Vichy et Londres n'étant pas bons ; l'idée du parachutage de Lancelot n'est pas acceptée par la '' France libre''.

Le retour s'avère cependant bien moins aventureux, et beaucoup plus long, que l'aller. D'abord un bateau à partir de Liverpool, pour joindre Gibraltar en 14 jours ; puis traversée de l'Espagne, facilitée par des bons papiers, et beaucoup de patience... Train par Bilbao et San Sebastian.

13 février 1941 Franco et Pétain se rencontrent à Montpellier

Hitler a échoué à entraîner Franco, dans une guerre contre la Grande-Bretagne. Le caudillo exige d'énormes aides économiques et par l'intermédiaire d'Alan Hillgarth, Churchill distribue des millions de dollars pour soudoyer des officiers supérieurs de l'armée espagnole.

Quelle tournure aurait pris la guerre si au lieu d'attaquer la Russie, les allemands se seraient concentrés sur Gibraltar, et l'Afrique du nord ?

Le régime de Vichy tâche de resserrer ses liens avec l’Espagne franquiste et le Saint-Siège ; sorte d’alliance fondée sur les convictions religieuses et sociales. Le 13 février 1941, Pétain a reçu à Montpellier Franco de retour de sa rencontre avec Mussolini.

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