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Les légendes du Graal

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La Quête du Graal - 2– Béguin

19 Juillet 2023 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Graal, #La Quête du Graal, #Béguin, #Zweig, #Balzac

Nos héros chevaliers, tentent de retrouver Galaad qui les précède, loin devant eux sur le chemin de la perfection; même lorsqu'il vient à leur secours et les délivre de l'ennemi, il les quitte aussitôt. La Quête s'attache aux seuls chevaliers qui conservent pendant celle-ci, leur parfaite chasteté, des trois chevaliers qui achèveront les aventures du Graal, deux sont vierges: Galaad et Perceval ; le troisième est le chaste Bohort.

Perceval, Bohort et Galaad, et le Graal

Perceval, finalement, a vaincu l'Ennemi ; et depuis ce moment il devient véritablement le chevalier du Christ. Une dernière et profonde transformation s'opère dans l'âme de notre héros naissant à la vie spirituelle. Sur la nef blanche, la nef de Salomon, il rencontre avec ses amis élus, sa soeur, devenue la vierge sainte, vouée au martyre. Pendant des années il accompagnera partout Galaad,

dont il sera le bras droit, l'aidant à abolir les « mauvaises coutumes » du royaume de Logres, à en achever les hautes aventures. Il ceindra l'épée merveilleuse que le « bon chevalier » a retiré du perron flottant le jour de la Pentecôte à Camelot et que ce dernier lui cède, une fois armé lui-même de l'épée du roi David. Ensemble, avec Bohort, ils entreront au château de Corbenic, ensemble ils participeront au banquet de la Cène ; ensemble ils emporteront le Graal et la lance qui saigne dans la Jérusalem céleste, à Sarras. Si les trois compagnons sont admis à la liturgie secrète du Graal , seul Galaad pourra contempler ce qu'il y a dans le Graal.

Là Perceval, témoin fidèle de la disparition des reliques ravies au ciel avec l'âme de Galaad, meurt ermite, en odeur de sainteté, pour reposer aux côtés de sa soeur et du Rédempteur au Palais spirituel.

Seul Galaad, le pur, le parfait, accédera à la vision du Graal, à Sarras qu'ils ont enfin abordé avec le navire construit jadis par le roi Salomon : c’est là que se perpétue la liturgie du Graal. Mais on ne survit pas à une telle vision : Galaad demande à Dieu de quitter cette terre. Perceval à son tour mourra. Bohort reviendra à la cour du roi Arthur, c’est lui qui racontera à un clerc chargé de les mettre par écrit les aventures de la quête du saint Graal.

Le Graal et la Lance, ont disparu dans les airs définitivement ; comme à la fin de l'épopée arthurienne, l'épée d'Arthur disparaîtra dans les eaux.

Nos héros, recherchent un mystère plus élevé, et reçoivent souvent le « corpus domini » ( l'Eucharistie) ; cette connaissance est selon les mots de Galaad : « voir ouvertement ce que l'esprit ne peut concevoir ni langue décrire »

Mais... Saint-Bernard ne condamnait-il pas, que : « apprendre pour savoir est vaine curiosité.... » ?

Madame Lot-Borodine ( cahiers du Sud ) nous enseigne qu'il y avait chez les cisterciens deux courants différents de pensée : celui qui se réclame de Saint-Bernard et celui qui dérivait de Guillaume de Saint-Thierry. Ce denier inspiré par les pères grecs, en particulier les Cappadociens, n'avait pas condamné la connaissance. Il y voyait un moyen d'aimer Dieu. C'est de lui que dériverait la Queste.

Gautier_Map: Aliénor_d'Aquitaine,_Henri_II_Plantagenêt

 

La fin du roman, tient à nous renseigner sur l'origine du texte de la Quête : il serait écrit par Gautier Map à partir des notes prises par les clercs d’Arthur lors du récit fait par Bohort à son retour de la Queste. Gautier Map (1130/1135-1210) a réellement existé. C’était un ecclésiastique et écrivain anglais qui a vécu à la cour du roi Henri II Plantagenêt (1133-1189), qui régna de 1154 à 1189.

La ''Queste '' n'est qu'un élément d'un grand ensemble ( un avant-dernier chapitre) , et suppose la lecture de l’œuvre complète.

Lancelot, père de l'élu Galaad, représente la Fin'amors et le passé du temps du Graal.

La Quête – qui se passe dans une forêt magique propice aux aventures – est une recherche dans une forêt de symboles, ou d'allégories.

Albert Béguin, dit à propos du Graal, qu'il s'est servi des travaux de Myrrha Lot-Borodine (1882-1957), pour lui servir de guide.

Lancelot ne manqua pas d’aller la voir lors de sa dernière maladie, à Fontenay-aux-Roses, dans la maison-pension de Melle Blanc au 1 rue Jean Jaurès. S'y croisèrent également, Jean Daniélou qui découvrit avec elle la théologie mystique de l'Orient, et le théologien Vladimir Lossky.

 

A Fléchigné, visites fréquente de Robert Buron, un homme politique avec qui on a plaisir à débattre. Démocrate-chrétien, ses années de jeunesse parlent beaucoup à Lancelot. Fondateur et député MRP, il est très sensible à l'urgence sociale qui se manifeste dans ces années, il soutient son ami l'abbé Pierre. Maire en 1953, il va beaucoup faire pour ouvrir Villaines-la-Juhel à la modernité.

'' L'autre personnalité que nous avons en haute estime est le libraire de la ville.

La boutique paraît intimidante aux gens du bourg, elle fait aussi papeterie et vend les livres scolaires ; mais elle est le lieu de passage de l'élite lettrée et cultivée du pays. Si nous sommes accueillis par un jeune homme en blouse grise, que l'on appelle le grouillot, celui-ci en nous reconnaissant, appelle aussitôt son patron. En blouse blanche, celui-ci, après une conversation polie, prend connaissance de la liste que nous lui proposons. Il nous installe alors dans un petit salon ouvert ; et nous rejoint avec une pile d'ouvrages disponibles. Parmi ceux-là, il y a quelques propositions de sa part.'' Ce jour-là Lancelot revient avec la traduction française, d'un ouvrage de Stefan Zweig, Trois Maîtres, Balzac, Dickens, Dostoïevski.

Honoré de Balzac

Pour nous, La Comédie Humaine de Balzac, tient une place de choix dans notre bibliothèque ; c'est à dire que la série d'ouvrages est régulièrement feuilletée, jusqu'à l'envie de reprendre l'un des vingt-quatre volumes.

Le dernier repris était '' le Colonel Chabert'' qui, précisément, fait référence à un point que Zweig souligne : Balzac naît au commencement de l'Empire ; son enfance coïncide avec l'époque héroïque de l'Empire, il en fait son mythe. L'exemple de Napoléon « fait naître en lui le désir de n 'aspirer toujours qu'à l'ensemble, de chercher avidement à saisir non pas quelque richesse isolée mais toute la plénitude de l'univers... », « il comprime l'univers qu'il a ainsi dompté dans le grandiose carcan de la Comédie humaine. ». Balzac veut être le Napoléon de la plume ! Et, il montre que le pouvoir suprême est à la merci de l'homme de la plus humble extraction.

Les héros de Balzac, sont, comme lui, des ''hommes à passion'', des ''monomanes'' . Lui est créateur d'univers, un forcené du travail. « Avec chacun de ses nouveaux livres, avec chaque désir qu'il mettait ainsi en œuvre, sa vie se rétrécissait comme la magique peau de chagrin de son roman mystique. » Zweig estime que Balzac, ne pouvait pas avoir de philosophie à lui ; il épousait chacune de ses personnages. Son principe de vie était la Volonté. Une autre idée forte, source de réalité est la valeur de l'Argent. L'argent, force agissante de la vie sociale.

Anne -Laure de Sallembier, ponctue les conversations à propos de Balzac, par des anecdotes qu'elle destine à la petite Elaine. Notre aïeul Charles-Louis de Chateauneuf, fréquentait le salon de Delphine Girardin, et pouvait croiser Balzac avec d'autres grands écrivains comme Musset, ou Hugo. Chateauneuf va s'approcher, pour une femme, d'une société secrète, dont s'inspire Balzac dans Ferragus ; et c'est chez la duchesse d'A. qu'il eut la chance de pouvoir, avec lui, converser avec passion de science et de philosophie ( Swedenborg, l'alchime et Catherine de Médicis, etc..).

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La Quête du Graal - 1– Béguin

12 Juillet 2023 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Graal, #La Quête du Graal, #Béguin, #Chevalerie, #Grâce

Lancelot, avec le désir de se remettre à l'équitation, fait une chute et se retrouve contraint à l'immobilisation et au port du corset. Dès ce mois passé plutôt douloureux; Lancelot est à présent poursuivi par une fièvre incessante, sans symptôme particulier, sinon un état maladif qui le renvoie à la maladie, la mort, et la réflexion.

Lancelot a donc profité de ce congé, pour se réfugier plusieurs semaines à Fléchigné ; un livre l’accompagne : La Quête du Graal, transcription de Béghin, qu'il lui a lui-même offert ( voir précédemment : La Quête du Graal, par A. Béguin ) .

Anne-Laure lui propose d'en faire lecture, en soirée. Ainsi, Elaine entend l'intégralité d'un texte, si important pour nous. Elaine connaît déjà de nombreux personnages de la légende ; Lancelot s'étonne d'ailleurs de la fréquence à laquelle, elle trouve, dans ses jeux ou dans la vie quotidienne, des analogies pour en faire référence.

 

L'entrée dans la Quête du Graal, par la porte de Béguin ; arrive au bon moment pour Anne-Laure et Lancelot. De lecture aisée, nous entrons de plain pied dans la spiritualité de la Quête ; il s'agit d'un ouvrage que certains qualifieraient de religieux, déçus de n'y pas trouver les récits courtois et chevaleresques qu'a préféré retenir quelqu'un comme Jacques Boulenger dont nous avons déjà parlé, et que Lancelot avait rencontré.

Béguin, s'il est parti des manuscrits qu'avait rapportés Albert Pauphilet (1884-1948), a tenté d'offrir une traduction, plutôt qu'une adaptation de ce texte : la '' Queste del Saint-Graal'', qui date des environs de 1220.

Etienne Gilson (1884-1978)

Etienne Gilson ( 1925 dans Romania) explique que cette oeuvre exprime une conception chrétienne sous influence cistercienne, avec un Graal qui représente la Grâce.

La morale courtoise y est jugée et condamnée, à l'image de la relation entre Lancelot et Guenièvre.

L'idéal, écrit-il, « ne saurait être la connaissance de Dieu par l'intelligence, mais la vie de Dieu dans l'âme par sa charité, qui est la grâce ; d'un mot La Queste serait principalement organisée, non autour de la connaissance, mais autour du sentiment. »

 

Lecture :

Apparaît à la cour du Roi Arthur, le chevalier seul digne d'occuper le '' Siège Périlleux'' de la Table Ronde : Galaad (fils de Lancelot, et de la fille du Roi Pêcheur ). Le jour de Pentecôte, « le Saint-Graal parait, couvert d'une soie blanche », personne ne le voit, et qui le porte ; il garnit chacun de mets qu'il désire ; et chacun remercie Notre Seigneur, de les nourrir de la grâce du Saint-Graal. Chaque chevalier, fait vœu de retrouver le Graal.

E. Gilson, note que le jour de Pentecôte est l'anniversaire de la descente de la grâce du Saint-Esprit sur les Apôtres : « Le Graal, c'est la grâce du Saint-Esprit, source inépuisable et délicieuse à laquelle s'abreuve l'âme chrétienne. »

Si le Roi Arthur se désole de voir partir ses meilleurs chevaliers, nombreux sont ceux qui veulent s'engager dans la Quête. C'est Galaad qui formule le serment repris par tous : « en loyal chevalier, il maintiendra la Quête un an et un jour et plus encore s'il le fallait, et que jamais il ne reviendrait à la cour qu'il n'eût appris la vérité du Saint-Graal, s'il pouvait l'apprendre. »

Ensuite, c'est séparé, chacun son chemin, qu'ils se dispersent dans la forêt, pénétrant là où elle était la plus épaisse.

Commencent les aventures de Galaad.

Chaque aventure de la Quête , n'est en rien semblable de celle d'un chevalier qui n'y serait pas inscrit. Sur le chemin, un sage prud'homme se charge d'en expliquer le sens.

Galaad est comparé ( par la semblance) au Christ ; et les moines rappellent que les aventures du royaume de Logres ne disparaîtront qu'avec la venue de Galaad et l'issue de la Quête. La Quête ici n'est pas présenté comme la recherche de la Sainte Coupe ; mais comme un chemin aux diverses épreuves.

A la suite de la faute du jeune chevalier adoubé par Galaad, Mélyant, le péché d'orgueil, qui lui valut d'être blessé lors de la joute ; le moine qui lui explique le sens de l'aventure ; ajoute qu'il a confondu '' chevalerie célestielle'' et '' chevalerie du siècle ''.

L'écoute de la messe fait partie du quotidien du chevalier.

Le château des pucelles, que délivre Galaad de la mauvaise ''coutume'', était sous la coupe de sept chevaliers ( qui représentent les sept péchés capitaux). Il délivre les pucelles ( c'est à dire les âmes pures), à l'image du Christ.

La présence du diable constante. Les aventures ''terriennes'' , devenues des symboles de la lutte de Dieu et de l'Ennemi ...

A la différence de Galaad, qui se bat mais ne tue pas ; Gauvain est qualifié de mauvais chevalier ; de plus, il ne répond pas aux sollicitations du prud'homme et prêtre, de se confesser.

Les aventures de Lancelot, le conduisent d'une chapelle devant laquelle, alors que le Graal lui apparaît, il reste ''endormi'' ; jusqu'à un ermitage, où il se accepte le discours de l'ermite qui l'enjoint de croire en la miséricorde de Dieu, et de se confesser. Lancelot finit pas avouer sa faute avec la Reine Guenièvre.

Les aventures de Perceval, mettent le chevalier aux prises de l'Ennemi, qui prend la forme d'un cheval noir, d'un serpent ou d'une belle demoiselle... Perceval, perd son cheval, et s'épuise à pied à rattraper Galaad.

« Ah ! Perceval ! Dit le prud'homme, tu seras toujours aussi candide ! » ; mais, il est sauvé par la grâce.

 

Les aventures et les échecs de Gauvain et d'Hector : Gauvain est trop sensible à la gloire et aux amours d’ici-bas. Il est le pécheur endurci ; ses actions, belles en soi, vont à rebours de celles des saints ; elles sont donc condamnables et le héros tue à son insu son ami Yvain et devient un réprouvé.

Les aventures de Bohort – un saint laborieux - et l'échec de Lionel.

Les aventures de Galaad, avec l'Arbre de vie qui servit le bois dont est fait le navire de Salomon , les retrouvailles avec Bohort et Perceval ; arrivée de la sœur de Perceval. Si la femme de Salomon représente « l'ancienne loi », la sœur de Perceval représente la « nouvelle loi ».

Aventure et histoire de la ''nef de Salomon" ( le Temple, ou l’Église) et des objets merveilleux qu'elle abrite. Les trois compagnons prennent la mer avec la sœur de Perceval, qui mourra après avoir donné son sang à la châtelaine du château de la lépreuse.

On retrouve les aventures de Lancelot – le pécheur repentant - qui l'amènent à retrouver Galaad, quelques jours, avant d'errer de nouveau ; et parvenir au château du Graal. Il combat des lions fantasmagoriques, et trouve un château vide. Cependant, il s'approche d'une salle où se passe un rituel, mais l'entrée lui est interdite. Il est écarté du bénéfice de la grâce, Lancelot préférerait-il Guenièvre au Graal … ?

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1941- la Pierre du Graal -2

2 Mai 2022 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #1941, #Graal, #Orphanus, #Edouard VIII

Himmler - Ahnenerbe - la tapisserie de Bayeux

Hans F. a rencontré Herbert Jankuhn (1905 – 1990), un archéologue allemand spécialisé dans l’archéologie des peuples germaniques, qui travaille dans le cadre de l'Ahnenerbe, pour Himmler. En France, son intérêt se porte en particulier sur la tapisserie de Bayeux, que les allemands considèrent comme un « chef-d’œuvre aryen ». Jankuhn, était présent à Nuremberg quand Hitler et Himmler ont reçu les Regalia, il a raconté combien Himmler fut déçu d'apprendre que la fameuse pierre ''noire'' nommée Orphanus n'ornait plus la couronne impériale...

Il est étonnant que si Himmler savait que cette pierre était censée être une pierre taillée dans la ''lapsit exillis'', tout comme la coupe du Graal ; il ne savait pas que cette pierre connue sous le nom de Orphanus était manquante ; à moins que cette déception exprimait sa volonté impérieuse de la retrouver, la couronne étant ''privée de'' ( sens du latin orphanus), privée de ses pouvoirs.

 

La ''Lapis Exilis'' aurait servi à façonner le Graal; et un gros éclat taillé aurait ainsi orné la couronne de l'Empereur. Cette pierre noire est parfois présentée comme une pierre de météorite, ou une pierre précieuse de couleur vin, ou rouge, ou noire, et qui peut briller dans l'obscurité; cette pierre était plus que l'honneur de l'Empire; elle signifiait certains pouvoirs, particulièrement en présence de la Sainte-Lance. Il n'est donc pas étonnant, que Himmler, fasciné par les objets magiques, ait voulu accaparer la Sainte-Lance et la Pierre du Graal au profit du nazisme.

Pour Hitler le Saint-Empire est le modèle de la suprématie allemande et, lui, se présente comme celui qui restaurerait l'Empire... Si Hitler ne s’intéresse que peu à l'ésotérisme, et même s'en méfie ; il est très sensible à la symbolique que lui développe Heinrich Himmler, pour asseoir sa légitimité et le succès d'un troisième Reich, promis à durer mille ans.

Couronne du Saint-Empire

 

Que sait-on de cette pierre, l'Orphanus ? Nous avons un témoignage d'Albert le Grand ( 1200-1280), dominicain, théologien, naturaliste, chimiste... « L'Orphanus est une pierre précieuse de la couronne de l'empereur des Romains. On l'appelle ainsi car on n'en a jamais vu de semblable. Elle est couleur de vin, d'un vin rouge clair comme si l'éclat de la neige l’imprégnait, mais où pourtant le rouge reste dominant. Cette gemme brille vivement et l'on dit qu'elle aurait même naguère brillé dans l'obscurité ; cependant elle ne le fait plus aujourd'hui. Mais on affirme qu'elle concentre en elle l'honneur de l'Empire. » Albert le Grand, De mineralibus. (1262)

Elle est mentionnée pour la dernière fois dans l'inventaire de succession de l'empereur Charles IV qu'il reçut en 1350. Elle fut ensuite remplacée sur la plaque frontale, par un étroit saphir.

 

Actuellement, où se trouve l'Orphanus?

D'après Hans F., Jankuhn et le duc de Windsor sont persuadés que cette pierre fait partie du trésor britannique, après avoir été en possession de la maison de Hanovre.

En effet, en 1796, les troupes françaises traversent le Rhin,  les insignes impériaux, joyaux de la couronne du Saint-Empire romain germanique, conservés à Nuremberg depuis 1424 sont transportés à Ratisbonne, puis à Vienne : là est constaté que des parties du trésor sont manquantes. Le roi de la Grande-Bretagne, depuis Georges 1er, est de la Maison de Hanovre. Sous Georges III, également prince-électeur de Hanovre au sein du Saint-Empire romain germanique, en 1806, le Saint-Empire romain disparaît face à la Confédération du Rhin supervisée par Napoléon. Ce serait dans ces circonstances que le joyau principal de la Couronne impériale aurait été mis en sécurité en Angleterre, puis en Ecosse.

les Windsor- (Edouard-VIII) et Hitler

 

Le duc de Windsor n'est rien de moins que l'ancien Roi britannique Edouard VIII, qui a abdiqué en 1936, un souverain qui aurait pu trahir son propre pays s'il était demeuré sur le trône; en effet, le monarque avait beaucoup de sympathie pour l’Allemagne nazie. Wallis Simpson qui était devenue sa maîtresse alors qu'il était l'héritier de la Couronne, avait noué d'étroites relations avec de nombreux hauts dignitaires nazis alors qu'ils arrivaient au pouvoir, en 1933.

La famille royale anglaise est d'ascendance allemande. Le roi George V ( né de Saxe-Cobourg et Gotha) prit la décision de renoncer au nom germanique de sa famille pour le remplacer par celui de Windsor. L'oncle d'Edward VIII est le Kaiser Guillaume. La peur du bolchévisme, les progrès de l'Italie mussolinienne, pousse Edouard à admirer les nazis et souhaiter que les élites politiques, reconnaissent et valident la popularité des dictatures. Alfred Rosenberg, ami personnel d’Hitler, est reçu en 1931 par de nombreuses personnalités britanniques comme Lord Hailsham (secrétaire d’Etat à la guerre), Lord Lloyd, Sir Henry Deterding et Montague Norman, gouverneur de la Banque d’Angleterre

Les services secrets britanniques disent posséder un dossier sur Mrs Wallis Simpson, ses liens personnels avec Von Ribbentrop (ambassadeur d’Hitler à Londres), son passé dans des bordels chinois, ses deux mariages, son goût pour les pierres précieuses...

Oswald Mosley and Diana Mitford

Le 10 décembre 1936, après en avoir discuté avec ses proches, Edward abdique, et se marie avec Wallis le 3 juin 1937, au château de l'homme d'affaires Charles Bedaux, lui-même en forte sympathie avec le Troisième Reich. ( Il possède une maison, voisine du Berghof, la résidence d'Hitler.)

Sir Oswald Mosley, fasciste, se marie à Berlin avec sa maîtresse Diana Mitford, dans la résidence de Goebbels en présence d’Hitler (1936). Mrs Wallis envoie ses félicitations. Pendant la guerre, il se veut pacifiste, mais sert les renseignements allemands.

 

Lancelot conclue que cette Pierre, que Lithargoël décrit comme en danger, pourrait être cet ''Orphanus ''. Elle fait le lien entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne.

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1941 – Fléchigné – la Sainte-Lance

18 Avril 2022 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #1941, #La Quête du Graal, #la Sainte Lance, #Graal

Lancelot et sa mère rejoignent Fléchigné. Trajet en train par Laval, puis Mayenne.

Ils apprennent que la Feldkommandantur de Laval a exigé du préfet « la création et la tenue d’un fichier des juifs en Mayenne ». « 147 fiches cartonnées sont établies, elles mêlent Français et étrangers »

Revenir à Fléchigné, entrer dans la cour, franchir le seuil de la maison, sentir l'odeur caractéristique qu'accompagne la respiration de l'horloge qui accueillaient déjà l'enfant qu'il était; c'est - davantage aujourd'hui - revenir à l'espoir d'un peu de sécurité. Par ici, on n'a encore vu aucun allemand ; par contre le village, à côté, s'est mis à l'heure du nouveau régime ; il faut rester prudent.

 

Anne-Laure et Lancelot prennent le temps de parler. La bibliothèque, les ''trésors'' familiaux pieusement rangés mais disponibles, permettent à leur contact, d'approfondir un ''retour sur soi'' et de l'inscrire dans l'histoire familiale, Anne-Laure y tient beaucoup.

Que de rencontres riches d'hommes et de femmes, que d'idéaux passionnants et d'engagements contradictoires !

 

Lancelot pose les deux cartes de Tarot qui ne le quittent plus : le Fou et l'Empereur.

Anne-Laure les examine.

- C'est naturel de commencer avec le Fou. C'est le chercheur ; celui auquel il faut s'identifier. Il doit questionner et expérimenter. C'est le chevalier au départ de la Quête...

- L'empereur, c'est le pouvoir. L'apparence est importante ; en témoignent la valeur des symboles de pouvoir. Comme le roi Arthur, il tire son énergie créatrice du contact avec '' L'autre Monde''

Lancelot revient à cet homme, qui semble t-il, s'était présenté sous le nom de Lithargoël ( pierre brillante...). Que cherchait-il et pourquoi s'est-il volatilisé ?

Son souci était une pierre ; et la solution concernait une rose....

Anne-Laure continue : - Et cette pierre promise par l'ange Lithargoël, est du même ordre que la pierre du Graal de Wolfram von Eschenbach

- Wolfram, qui fait dire à Trevrizent pour Parcival « si lebent von einem steine :.» (…) « er heizet lapsit exillis... ( « ils vivent par la vertu d'une pierre :.. » « elle s'appelle lapsit exillîs... » : Il s'agit du Graal selon Wolfram, reprend Lancelot.

Lancelot s'interroge sur les liens de la '' lapsit exillîs'' avec la tradition du Graal qui lui semble plus celtique que germanique ?

Sa mère, Anne-Laure de Sallembier, connaît bien ce sujet et c'est toujours avec beaucoup de plaisir qu'elle reprend pour son fils le cadre des histoires qu'il a bien souvent entendues.

Elle fait état des légendes allemandes, rapportées par les plus illustres poètes, lors du ''Tournoi de la Wartburg'' ( vers 1200). On évoque alors qu'une pierre aurait sauté de la couronne de Lucifer lorsque Dieu le précipita du ciel.

- D'accord, pour la pierre du Graal, pour Parsival.... mais qu'en est-il de Merlin, du roi Arthur ?

- Merlin est représenté dans les Chroniques de Nuremberg, de Hartmann (1493), ainsi que « Arturus rex » (Roi Arthur). Cette œuvre - une histoire du monde illustrée – depuis la création, reprend une compilation d’histoires anciennes et de chroniques médiévales. Albrecht Dürer a fait son apprentissage auprès de l'illustrateur de la '' Chronique ''.

On y trouve le roi Arthur et Merlin, auprès de personnages comme Attila le Hun ou diverses têtes couronnées européennes, ou la papesse Jeanne ( on affirmait qu’une femme déguisée en homme avait été élue pape de l’Église catholique au IXe siècle ).

 

La Sainte-Lance, la relique chrétienne de la lance du romain Longinus qui transperça les flancs du Christ, est évoquée lors de la procession du Graal, décrite par Chrétien de Troyes. On la retrouve en Bavière en 955, tendue par Otton Ier pour donner confiance à ses soldats et lui donner la victoire. Charlemagne l’aurait reçue du pape Léon III. En 1938, c'est le chancelier du Reich qui la tient dans ses mains ; il l'avait déjà aperçue en 1912, derrière une vitre à la Hofburg.

 

Lancelot ne peut pas s'empêcher de faire la relation entre sa carte l'Empereur, et le souverain du Saint-Empire romain Germanique, et pourquoi pas Hitler, comme Führer du Troisième Reich?

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La Question de la ''Quête du Graal'' – S. Weil.

1 Décembre 2021 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #1935, #Graal, #Quête, #Perceval, #Simone Weil

Lorsque Lancelot lui parle de son intérêt pour la littérature et la spiritualité médiévale ; Simone Weil montre alors un enthousiasme rare chez les intellectuels du moment : elle parle même du « génie de la civilisation d'Oc », qui a su mêler « la chevalerie venue du Nord et les idées arabes, et qui ressemble à une petite réplique de la Grèce Antique »

Pour Simone Weil, le Christianisme a redonné vie à l'héritage grec ( contre Rome). Ensuite, la renaissance carolingienne s'ouvrait à une civilisation de liberté spirituelle, la seule tradition chrétienne vivante et libre... Puis, l'Europe a fait le choix de la force, contre l’esprit, de « l’alliance du trône et de l’autel ». Alliance impossible, puisque ce n'est pas la même logique !

Le catharisme s'opposait à cela, en pays d'Oc « Les richesses spirituelles affluaient de toutes parts sans obstacle. La marque nordique est assez visible dans une société avant tout chevaleresque ; l’influence arabe pénétrait facilement dans des pays étroitement liés à l’Aragon ; un prodige incompréhensible fit que le génie de la Perse prit racine dans cette terre et y fleurit, au temps même où il semble avoir pénétré jusqu’en Chine. »

La « civilisation chevaleresque » de l’Occitanie médiévale s'opposait à la centralisation ; elle estimait que, ce que les seigneurs « désignaient par patrie ; ils l’appelaient langage » : un langage commun.

Le roman et les gothique représentent deux options religieuses antithétiques au sein du monde chrétien.

L'art roman, comme l'amour courtois est inspiré par l'amour surnaturel, qui est attente et nécessite le consentement. Les troubadours appelaient cet amour : Merci.

L'art roman, n’a aucun souci de la puissance ni de la force, mais uniquement de l’équilibre ».

A l'inverse, « Le Moyen Âge gothique, qui apparut après la destruction de la patrie occitanienne, fut un essai de spiritualité totalitaire » 

Lancelot, aborde le conte du Graal ''Perceval '' de Chrétien de Troyes. Simone Weil semble mieux connaître le Parsifal de Wagner. Il parle de La Coupe, et elle voit plutôt une Pierre.

Je rappelle qu'au château du Graal, Munsalvaesche, le roi du Graal, Anfortas, souffre d’une blessure faite par une lance empoisonnée, et dépérit. Parzival observe dans le château maintes choses merveilleuses, avec le Graal ( pas défini), qui pourvoit toute la compagnie abondamment de mets et de boissons. Parzival se garde de poser quelque question que ce soit... Le lendemain matin, le château est vide.

Au livre XV, Parzival retourne au château du Graal et par la question salvatrice : « Mon oncle, quel est ton tourment ? », délivre Anfortas de son supplice. 

 

Pour Simone Weil, le sujet de cette histoire c'est la découverte de l'attention à l'autre, la charité.

« La plénitude de l’amour du prochain, c’est simplement d’être capable de lui demander « Quel est ton tourment ? ». C’est savoir que le malheureux existe, non pas comme unité dans une collection, non pas comme un exemplaire de la catégorie sociale étiquetée « malheureux », mais en tant qu’homme, exactement semblable à nous, qui a été un jour frappé et marqué d’une marque inimitable par le malheur. Pour cela il est suffisant, mais indispensable, de savoir poser sur lui un certain regard. »

Anfortas

 

Le Conte du Graal, met en question une énigme à deux niveaux... Il ne s'agit pas seulement, de trouver une réponse à une question... Il s'agit d'abord de trouver la Question. Et la question n'est pas forcément la même pour chacun...

Pour Simone Weil, sans-doute, sa question concerne le mal, le malheur précisément.

Pour Perceval, j'y vois une question en lien avec la culpabilité ( la mort de sa mère) ; et la réponse en lien avec la Grâce...

Lancelot, cherchait encore sa question : elle commence à résonner ( raisonner) en lui : '' Qu'est-ce que l'homme '' ( l'homme que je suis...) ?

Il faut préciser que '' La Question '' n'est pas Le Graal.

 

Simone Weil, prévient Lancelot :«  La quête du Graal, peut être un détournement, ou un dévoiement, de l’attention. Vouloir trouver le Graal, c’est privilégier la volonté au détriment de l’attention. » ( M.Zinc) L'exemple type, dans le conte, en est Gauvain.

Au début de la Quête, « Perceval ne sait pas que les êtres existent... », insiste Simone Weil.

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Esotérisme et nazisme

22 Septembre 2021 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Wiligut, #1930, #Allemagne, #Graal, #Rahn

Lancelot rencontre souvent Xavier de Hauteclocque. En plus de ses reportages qu'il distille dans les journaux, et avec beaucoup de détails dans ses livres ; le reporter fait passer à Lancelot des pistes vers des sujets qu'il n'explorera pas, avec des noms de contact, des articles de presse, parfois même des dossiers peu diffusés...

Je note un dossier, sur lequel Hauteclocque était plutôt sceptique, et qu'il considérait même comme assez farfelu ; cependant - connaissant l'intérêt de Lancelot pour les mythes, il lui a laissé assez de renseignements pour continuer la recherche...

 

Deux pistes intéressantes semblent se dessiner d'après les notes de Hauteclocque. L'une concerne l’intérêt de certains nazis pour l'ésotérisme, les mythes germaniques et même le Graal.

L'autre fait état d'un '' Deutsche Glaubensbewegung'' c'est à dire d'un mouvement de la foi allemande, religieux, mais, non chrétien. Ce mouvement qui soutient la concordance entre un peuple et sa foi : une foi ''aryenne nordique'', s'efforce de créer une Eglise aryenne.

 

A Munich, parmi les chefs nazis rencontrés, Hauteclocque a croisé, un officier Karl Maria Weisthor, promu colonel puis général par Himmler, il serait responsable d'un service sur la race et le peuplement (SS Rase und Siedlungsamt) et serait chargé d'édifier le socle traditionnel du nazisme.. !

Lancelot, s'arrange, en Allemagne, pour aller le visiter...

L'homme a soixante-sept ans et il n'est pas attaché à un emploi du temps rigoureux. Il dirige des conférences, des ateliers sur des questions ésotériques. Il a rencontré Himmler en septembre 1933 à Detmold lors d’une conférence de la Nordische Gesellschaft (« Société nordique ») ; il avait été amené et présenté au SS-Reichsfuhrer, par Frieda Dorenberg, membre du parti nazi ( l'une des premières, avant même Hitler...) et de la Société Edda.

Tout cela semble un peu mystérieux... Pourquoi lui, et pour faire quoi ?

- Karl Maria Weisthor ( de son vrai nom : Wiligut ) est un ésotériste distingué, né à Vienne et initié à la « tradition runique » par son grand-père Karl. Il entre dans l’armée austro-hongroise à l’âge de 14 ans et occupe une série de commandements pendant 40 ans de service.

En Allemagne, Weisthor ( qui signifie ''Thor, le guerrier sage'') fréquente des groupes völkisch, se fait connaître...

La Société de l'Edda produit une revue, Hagal, dans laquelle Weisthor écrit, elle met l'accent sur - l'aspect ésotérique des ''runes'', ces inscriptions d'origine germaniques du IIe s. après J.C., censées être conductrices d'une énergie subtile, qui anime l'univers entier, et porteurs d'une ancienne religion, antérieure au christianisme, que l'on pourrait qualifier de ''altantéenne-aryenne''.

En 1933, un ami officier SS, le présente à Heinrich Himmler, lui-même fasciné par les traditions occultes de la vieille Europe... Impressionné par le vieil homme, Himmler l'installe à la tête d’un département nouvellement dédié à l'étude d'une préhistoire des peuples germaniques. Il est chargé d'officialiser une nouvelle religion, néo-païenne, et de décrire ses outils, ses rituels, ses fondements théologiques, historiques....

Lancelot évoque le Graal et le texte de Wolfram von Eschenbach.

- Weisthor se dit très intéressé par le sujet, d'autant que pour lui, l'objet qu'il soit une coupe ou une pierre taillée, appartient à la mythologie germanique, et indûment récupérée par le christianisme … !

Enfin, Weisthor renvoie Lancelot aux travaux en cours d'un jeune homme spécialiste du Graal, Otto Rahn, et au livre qu'il a écrit tout récemment : ''Kreuzzug gegen den Gral'' (1933). Ce qui donne à Lancelot, un nouvel objectif : rencontrer Otto Rahn. La traduction en français par M. Robert Pitrou, professeur à l'Université de Bordeaux, est parue en 1934 : La Croisade contre le Graal. Grandeur et chute des Albigeois.

 

Édouard Daladier (1884-1970) député radical-socialiste du Vaucluse, avait du démissionner après l’émeute du 6 février 1934, et il est en vacance de ministère. Ministre de la Guerre en 1932, Daladier s'est spécialisé dans les questions de défense. Il a dirigé la politique militaire de la France de 1932 à 1934 ; et actuellement tente de rallier les radicaux à la politique antifasciste ; il milite pour un front populaire et un programme commun...

Je rappelle que Lancelot, est employé du Ministère de la Guerre. Daladier demande à Lancelot d'accompagner Melle Edith Bicron en Allemagne ; elle fait partie de son entourage et, grand reporter, écrit dans différents journaux.

Pendant ce court séjour en Allemagne pendant l'été 1935, Lancelot et Edith, réserve un long moment pour une rencontre avec Otto Rahn, à Bad Homberg, flatté de recevoir des journaliste français qui s'intéressent à ses travaux...

Otto Rahn (1904-1939) se définit comme archéologue et philologue.

Enfant, il était fasciné par les histoires de héros germaniques, en particulier par le poème épique Parzival de Wolfram von Eschenbach. Il prenait cela comme de simples contes ; mais en étudiant la philologie à l’Université de Giessen ; il apprit les découvertes de l’archéologue allemand Heinrich Schliemann, qui 60 ans plus tôt avait suivi les indices de l’Iliade d’Homère pour trouver les ruines de l’ancienne Troie, jusqu'à présent considérée comme un mythe.

Otto connaît en profondeur l'œuvre du minnesœnger allemand du moyen âge, Wolfram d'Eschenbach, Parsifal et Lohengrin. 1215, époque où fut écrit Parsifal, est celle des troubadours, comme l'était le « provençal Kyot », inspirateur d’Eschenbach.

Grâce à une étude approfondie de l’œuvre de Wolfram von Eschenbach, couplée à un raisonnement très sélectif, il a conclu que les Cathares ont été les véritables gardiens du Graal. Il identifie à Montségur, à Montsalvatge, le château du Graal chez le poète allemand...

Otto Rhan, parle à la fois le français et la langue d’oc. De 1930 à 1932, à partir d'Ornolac-Ussat-les-Bains, il va explorer le Languedoc, accompagné en particulier du directeur de l’Office de tourisme local, l’enseignant Antonin Gadal. Il a rencontré également la comtesse de Pujol-Murat, qui lui confie être la descendante ( et la réincarnation) de la châtelaine de Montségur, Esclarmonde de Foix, un personnage historique que Rahn assimile dans son livre au gardien du Graal. La comtesse l'autorise à profiter de sa bibliothèque privée, et d’utiliser sa voiture et son chauffeur lors de sa visite.

Rahn se rend à Montségur pour explorer les ruines de l’un des derniers bastions cathares, lors d'un des événements les plus brutaux de la croisade des Albigeois. En 1244, le château a été capturé par les forces catholiques après un siège prolongé, et 200 Cathares impénitents ont été brûlés vifs ensemble dans ce qui est connu comme le « champ des brûlés ». Cependant, la légende locale veut que quatre chevaliers cathares aient réussi à quitter secrètement le château et à s’échapper avec le trésor de l'église cathare, y compris le Graal.

Rahn a trouvé quelques excavations cachées sur le site, mais rien d’autre.

- Vous dites, je crois, que le catharisme est un mouvement germanique dualiste aux racines aryennes ancestrales ; mais, que serait Graal … ?

- Le Graal, selon Wolfram d'Eschenbach est une pierre... Ce pourrait être une pierre gravée, à l'image de nos pierres qui contiennent un message en écriture pré-runique.

- Le Graal ne serait pas une coupe, celle qui recueillit le sang du Christ.. ?

Parsifal 1933

- Jésus de Nazareth ne venait pas instituer une nouvelle religion. L'image du Graal a été prise et déformée par les chrétiens, leur Eglise - après que les peuples germaniques aient renversés Rome, poursuivent de leur haine les chevaliers protecteurs du Graal, qualifiés d'hérétiques...

Lancelot n'est pas convaincu.. ! Otto Rahn reste vague sur ce qu'il aurait découvert, aux alentours du château... Il affirme avoir pu suivre le trajet des quatre chevaliers fuyards, avoir découvert leur cachette... Par exemple, la grotte de Fontanet- on y voit encore un autel – qui a servi de lieu de cérémonie pour les cathares...

Quelques aspects d'Otto, rendent sympathiques ce jeune homme à Lancelot, qui comme lui-même s'est senti interpellé par le Graal... Il en vient à se comparer à ce passionné qui se voue, beaucoup plus que lui-même, à cet objet mythique. Que signifie cela ?

Edith semble avoir été séduite par l'enthousiasme qui habite ce croyant, d'une tradition hermétique dont il est persuadé pouvoir découvrir son secret... !

Depuis mai 1935, Otto Rahn fait partie de l’état-major personnel de Wiligut-Weisthor et travaille comme conférencier au ''Rasse und Siedlungshauptamt '' des SS, sans fonction bien définie.

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Guénon - La Crise du Monde Moderne... et de l'Occident. 1

29 Mai 2021 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Guénon, #1920, #Graal, #Regnabit, #Sacré-Coeur

René Guénon avait avait acquit une certaine notoriété. Lancelot avait suivi sa conférence donnée à la Sorbonne, le 17 décembre 1925 sur la métaphysique orientale; la métaphysique ayant été abandonnée par la connaissance occidentale, disait-il... Au même moment Henri Massis publiait '' La défense de l'Occident''...

En 1927-28, René Guénon publiait '' La Crise du Monde Moderne'' ouvrage qui heurta alors beaucoup de sensibilités, en particulier celle de Maurras, et de la hiérarchie catholique.

 

En 1924, Guénon, publiait déjà Orient et Occident. Pour lui, l'Occident était le jouet de ses passions et se perdait dans l'action ; alors que l'Orient préférait la recherche et la contemplation...

Ce déclin de l'Occident est ressenti par beaucoup d'intellectuels, chacun ayant ses raisons. Pour beaucoup de catholiques, le déclin s'est opéré dès la fin du Moyen-âge, quand l'individu s'est imaginé se libérer en « s’émancipant d’un monde gouverné par la Chrétienté et subordonné à la gloire de Dieu ». Inconséquence qui ne pouvait mener qu’à la catastrophe : « Seconde chute originelle », écrit Jacques Maritain.

Par contre - pour accéder aux connaissances métaphysiques - René Guénon, invite l'Occident à se tourner vers l'Orient. Il invite même l'Eglise à s'y convertir : «  L'Église a tout intérêt, quant à son rôle futur, à devancer en quelque sorte un tel mouvement, plutôt que de le laisser s'accomplir sans elle et d'être contrainte de le suivre tardivement pour maintenir une influence qui menacerait de lui échapper (chapitre 9).  »

 

C'est à l'occasion de la sortie de ce livre que Lancelot revit Guénon chez lui, un appartement dans les bâtiments de l’ancien archevêché de Paris, rue Saint-Louis-en-l’Ile.

Guénon recevait beaucoup de monde, mais il conservait une légère timidité ; il restait toujours calme, d'humeur égale, toujours bienveillant sans jamais un mot blessant avec ceux qui le contredisaient...

Depuis quelque temps, il avait lié des contacts avec des catholiques intéressés par sa conception symboliques de figures religieuses. Le Père Félix Anizan lui avait ouvert sa revue Regnabit, dédiée à l’étude du symbolisme métaphysique et universel du '' Sacré Coeur ''. elle se disait ''universelle'' et ouverte à diverses conceptions... Cette dévotion se retrouve exprimée au travers de multiples symboles tels que celui du sang, de la source sacrée, du Saint-Graal, des cinq plaies du Christ, de la lance de Longinus, de la croix, etc… On y décèle divers sens: la source de vie, le moteur de l'être … Bossuet voyait dans le Coeur du Christ "l'abrégé de tous les mystères du christianisme". Ce symbole a nourri l'artiste symboliste chrétien Louis Charbonneau-Lassay (1871-1946)...

 

« La Société du Rayonnement Intellectuel du Sacré-Coeur ne veut pas être une oeuvre de piété. Elle veut être un organe de conquête.[...] nous pensons que la Révélation du Sacré-Coeur est toute l'idée chrétienne manifestée en son point essentiel, et sous l'aspect qui est le plus capable de saisir la pensée humaine.[...] Cette Révélation s'adresse à l'esprit, pour le mettre ou pour le remettre dans le sens de l’Évangile. Puisque le symbole est essentiellement une aide à la pensée -- puisqu'il la fixe et puisqu'il l'entraîne -- c'est à la pensée que s'adresse le Christ en se montrant dans un symbole réel qui, même aux peuples antiques, est apparu comme une source d'inspiration, comme un foyer de lumière. » Regnabit, V, n. 8 (janvier 1926), p. 102-104.

 

Le premier article de Guénon est publié dans le numéro d’Août-Septembre 1925, il est titré « Le Sacré-Coeur et la légende du Saint-Graal ».

Et, c'est à la suite de la publication de ''La Crise du monde moderne'' ; et avec l'appui de Jacques Maritain que son ami Mgr Lucien Paulot, évêque de Reins, pria les supérieurs du Père Félix Anizan, de mettre fin à la collaboration de René Guénon avec Regnabit ; il lui est reproché d'affirmer une Tradition primordiale inspiratrice du christianisme, et même l’universalisme du symbole du ''Sacré-Coeur''...

 

Une curiosité :

A la fin du XIXème, fut fondé à Paray-le-Monial, ce qui devait être un musée et un centre d'études appelé Hiéron du Val d'Or. Le Hiéron est devenu une société avec les buts de chercher l'origine chrétienne du ''Sacré-Coeur'' et moins explicite, la préparation pour l'an 2000 d'un règne politique et social du Christ-Roi … Afin de s'opposer à la maçonnerie anti-chrétienne, il y avait l'idée de création d'une « maçonnerie chrétienne du Grand Occident ».

 

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Mary Butts – Années 1920 – et le Graal. 1

14 Mars 2021 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Mary Butts, #Graal, #La Quête du Graal, #1920

Mary Butts (1890-1937) est de dix années plus âgée que Lancelot. Elle vient du Dorset, en Angleterre. Elle a épousé en mai 1918 le poète pacifiste et éditeur John Rodker, a donné naissance à leur fille Camilla, fréquente des écrivains modernistes, et a commencé une liaison avec Cecil Maitland, un vétéran de la guerre qui continue à le rendre fou... En 1921, avec lui, elle passe environ douze semaines à l’abbaye de Thelema d’Aleister Crowley en Sicile... Elle y a trouvé certaines pratiques choquantes, et est reparti en mauvaise forme...

Nancy la connaît assez pour se soucier d'elle, et elle a la bonne mais dangereuse idée de lui ''confier'' le jeune Lancelot...

Mary Butts connaît bien Paris, où elle entretient des amitiés avec des artistes, comme Jean Cocteau qui illustrera son livre Imaginary Letters (1928). En 1925 Mary a publié son premier roman, Ashe of Rings, un roman anti-guerre avec des éléments surnaturels.

Actuellement (1926), Mary est à Paris, elle a rompu d'avec son ''grand amour'' Cecil Maitland ; Elle vit dans un appartement de la rue Montessuy, proche de la tour Eiffel... Elle héberge un amant, Sergueï Maslenikoff, qu'elle vient de rencontrer à Paris. Sergueï est une sorte d'aristocrate ( russe blanc), artiste sans le sou. Mary le trouve charmant, drôle, mélancolique...

Mary Butts à Paris, 1925

 

Comment ne pas être intrigué par cette femme, belle à l'abondante chevelure rousse et au regard vif, les yeux verts, un long cou blanc à la Rossetti, et qui semble avoir déjà vécu tant d'expériences déroutantes et surnaturelles ? A l'écart de l'effervescence des amis de Nancy ; Lancelot et Mary vont faire connaissance plus avant, et chacun d'une curiosité réciproque... vont arriver au Graal !

 

En Angleterre, l'intérêt pour le Graal, est vivace depuis la guerre... Mary a lu l'ouvrage de référence de Jessie L Weston, From Ritual to Romance publié en 1919. L'auteure rattache l'histoire du Graal et d'autres légendes arthuriennes aux rites païens d'avant le christianisme. Son analyse s’inspire de l’étude comparative de Sir James Frazer sur la religion, The Golden Bough (1890), et de son affirmation selon laquelle la religion moderne a évolué à partir de cultes de fertilité plus anciens et de leurs rites du dieu/roi mourant. Les « Ritualistes de Cambridge », qui s’inspirent aussi beaucoup de Frazer, influencent également Weston, en particulier le travail de Jane Ellen Harrison, avec cette théorie de la pratique rituelle et leur croyance commune que le rituel précédait le mythe...

Mary Butts est convaincue du rôle fondamental des pratiques rituelles dans les cultes rattachés aux mythes anciens, ainsi que sur le rôle des femmes dans ces rites...

 

Comme tout anglais, elle connaît Les Idylles du Roi de Tennyson (1885). Mais aussi : The High History of the Holy Grail (1910) (La Haute Histoire du Saint Graal) traduite par Sebastian Evans. Perlesvaus, aussi appelé Li Hauz Livres du Graal (La Haute Histoire du Saint Graal), qui est une vieille romance arthurienne française datant de la première décennie du XIIIe siècle ; elle serait censée être une des continuations de l’œuvre inachevée de Chrétien De Troyes « Perceval, le conte du Graal ».

 

Mary pourrait citer également ''L’Église cachée du Saint Graal'' ( The Hidden Church of the Holy Graal ) de Arthur Edward Waite (1909). Il s'agit d'une suite de récits assez divers, qui commencent avec des textes aux références païennes pour finir sur une épopée chrétienne et allégorique. Le contenu peut satisfaire autant le lettré que le mystique à la recherche du Graal... En effet, Waite tente de donner un sens à tout cela. Il examine et rejette les théories du XIXe siècle qui relient le Graal aux Templiers, ou aux franc-maçons, ou même aux cathares... Sa conclusion est qu’il existe encore une « église intérieure » dans le christianisme: il veut dire non pas une secte souterraine, mais un ''noyau mystique''. Son concept d'Eglise cachée est basé sur une compréhension profonde du sacrement de l'eucharistie, et le Saint Graal est son symbole...

Arthur Machen

 

Arthur Machen (1868-1947) auteur de ''Le grand dieu Pan'' est captivé très jeune par l'occultisme qu'il découvrit dans la bibliothèque de son père, pasteur anglican. Ecrivain, il est attiré par les mystères païens de son Pays de Galles natal, passionné de mythologie classique et de merveilleux...

The Secret of the Sangraal & Other Writings de Arthur Machen, permet à cet auteur de fictions de présenter son approche mystique de la vie et de l’art. Nous pouvons ainsi examiner dans quelle mesure (ou non) ses croyances personnelles correspondent à ses écrits imaginatifs. Machen apparaît ici comme mystique, comme un chrétien ''occulte'', un peu fantasque, comme un homme parfois blessé, souvent audacieux : sa conviction est que le monde que nous connaissons n’est qu’un rideau de stimuli sensoriels et de croyances intellectuelles au-delà de laquelle se cachent des vérités plus substantielles et terrifiantes.

The Secret Glory, la dernière grande œuvre de Machen, est une description satirique de la vie dans une école publique. Le héros, orphelin, Ambrose Meyrick, un adolescent d’origine galloise, est inscrit dans une école publique anglaise. Il va se heurter à des ''rituels'' et à un harcèlement violent , avec des épisodes quotidiens d’intimidation scandaleusement acceptés, sinon encouragés, par les directeurs d’école et les enseignants.

Au moment où il semble avoir atteint le sommet de la souffrance et de la mortification, Ambrose, grâce à ses origines celtiques, a une « vision »... Il découvre un monde qui promet une formidable rédemption et des merveilles jamais vues auparavant, un monde qui le conduira à la recherche du Saint Graal et qui changera son destin. Libéré par cette quête, il découvre avec candeur, un monde violent, les angoisses de l’âge, et la découverte du sexe avec la jeune serveuse Nelly... Mythes celtiques, atmosphères mystérieuses et paysages oniriques se croisent sur le chemin intime du ''héros'' …

La légende du Saint Graal, de l'époque de sa deuxième épouse Purefoy, conduira Arthur Machen à un passionnant voyage dans cette légende chrétienne qui supplantera le grand dieu Pan de l'époque de sa première épouse Amy. Les quêtes arthuriennes remplacent les rites de la Rome antique, et le roi Arthur prend la place du dieu Pan...

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Lancelot à Paris : 1920 – René Guénon -2-

5 Janvier 2021 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #1920, #Guénon, #Graal, #La Quête du Graal

Hildegarde de Bingen, ~1180

La Tradition, pour Guénon, permet de reconnaître le sens de nos actions, si elles on en un... La Tradition a une ''origine divine'', une origine primordiale, reconnaissable dans les grands religions... Cette Tradition s'exprime par le symbole ; la particularité du symbole est qu'il n'exprime pas qu'un seul aspect d'une réalité, mais en manifeste plusieurs à la fois...

- Serait-ce pour cela que je ressens une difficulté à appréhender plusieurs vérités à la fois... C'est un peu déroutant... ? - Chez moi, nous nommons ''traditions'' les coutumes locales...

- La Tradition dont je parle, c'est bien-sûr, bien plus que cela ! Oui, elle se transmet, mais de maître à disciple … Oui, c'est une connaissance ; mais intérieure. C'est notre raison d'être. Chez nous, cette connaissance a pris forme dans la religion. La religion souhaite faciliter le rapport à la Tradition, par le dogme en aide à l’intelligence ; par la morale en aide à l'âme, et par les rites pour s'aider du corps... Pour ce qui est du sens profond, il me semble que les spiritualités orientales l'expriment mieux ; elles proposent par exemple, un ''non-dualisme'', assez étranger à notre religion...

 

La politique … ?

Guénon entrevoit en effet, une possible restauration d'une tradition occidentale ; et c'est pour lui l'unique moyen de sortir de la crise actuelle... Ce déclin ne date pas seulement de la Révolution, dit-il ; il faut remonter à Philippe de Bel, qui rompit la distinction médiévale des « deux glaives » ( en opposition à Boniface VIII – 1302), pour qui ces deux glaives sont ceux du Christ, et seul le glaive spirituel peut gouverner le glaive temporel, le pape étant juge et arbitre...

Les deux glaives - Haute-Loire

Puis les conclusions des traités de Westphalie (1648), mirent fin à ce qui subsistait encore de la ''Chrétienté '' médiévale : la religion devient un domaine géré librement par chaque État, avec une laïcisation progressive des relations internationales qui permet aux états de s'émanciper des dogmes religieux. Pour Guénon, l'esprit de la Tradition quitte alors l'Europe, pour l'Orient... Seuls quelques aspects de la Franc-Maçonnerie, et de la religion surent garder un léger fil de transmission... Une restauration est toujours possible, espère t-il...

 

Le Christianisme ?

- Dans votre cas, je dirais « oui ! . Par le Graal...

Peut-être gagneriez-vous à visiter la spiritualité orthodoxe, et l'hésychasme en particulier...

Le Graal, c'est cette coupe que les égyptiens représente pour signifier le cœur... Pour moi, le Graal, c'est le coeur du Christ. Le cœur envisagé comme le centre de l'être, être à la fois humain et divin.

Et si, vous parler de la Quête du Graal, et des chevaliers qui partent à sa recherche ; c'est que nous sommes en présence de quelque chose qui aurait été perdu, ou caché... Les francs-maçons parlent de la ''Parole perdue''...

L'homme a été écarté de son centre originel... Aujourd'hui enfermé dans la sphère temporelle, l'humain n'a plus accès à cette vision d'où toutes choses sont contemplées sous l’aspect de l’éternité.

La perte du Graal, c'est en somme la perte de la Tradition avec tout ce que celle-ci comporte...

Vous me parliez de votre ancêtre Roger de Laron templier ; et précisément, on pourrait penser que des organisations initiatiques médiévales, comme l'ordre du Temple, ont pensé préserver ce dépôt spirituel que représente le Graal... ?

la Tradition du Graal

Une question taraude Lancelot depuis quelque temps, et à ce jeune homme qui semble si bien le comprendre; il peut oser le demander...

- Mais moi, que puis-je faire de plus que tous ceux de ma lignée, dont mon grand-père, ma mère me parlent ?Je ne sais même pas ce que je vais faire de mes études... !

- Ne vous en faites pas ! Et, dites-moi simplement : comment connaissez-vous, la chevalerie..., la chevalerie du Graal … est-ce seulement de l’intérêt culturel... Peut-être bien plus.. ?

- Oui, j'y suis très attaché; quelque chose d'elle, pourtant si ancienne, résonne en moi ...

- Et bien, n'hésitez pas... « appelez à votre aide cette Chevalerie du Très Saint Graal... ! Lorsque vous com­mencerez à être un chevalier et que vous partirez à la quête de votre réalité divine, cette Chevalerie du Très Saint Graal vous aidera, vous répondra, et vous serez le maillon actif d’une chaîne immense qui peut changer l’humanité ».

* Lancelot écrivit ensuite: « Cela m'a semblé bien mystérieux... mais me confortait dans mon intérêt pour ce mythe du Graal qui prenait de plus en plus de place dans ma vie. » : selon une note, qui reprenait cet entretien ...

 

Je résume ainsi, à la suite, quelques enseignements que la fréquentation de René Guénon, a permis à Lancelot de garder pour lui... Même si nous y reviendrons vers 1928-1930, Lancelot, ensuite perdra le contact avec cet homme hors système, qui choisira de s'écarter du monde, ou plutôt de la modernité...

 

Lancelot retient que cet homme fin à l'esprit acéré, ne souhaite que renforcer le ''croyant'' dans sa foi ; tout en éveillant son intelligence, sa faculté de discernement ; et là est sa discipline. L'objectif de cette discipline est d'atteindre «  le point sublime d’intuition où toute chose est perçue sous l’angle de la vérité » D.G. Ce point en-deçà du raisonnement... Peut-être, l'intuition comme saisie immédiate d'une réalité... Sa mère lui a tant parlé de cette faculté que Bergson a tenté d'appréhender...

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La Grande Guerre, Myrrha Borodine et le Graal. -2-

30 Octobre 2020 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Graal, #La Quête du Graal, #Myrrha Borodine Lot

Le Conte du Graal ( Chrétien de Troyes) - La procession du Graal.

La question de la porteuse du Graal. Le vase eucharistique est entre les mains d'une « demoiselle bêle et gente et bien asesmee » ; ce qui signifierait pour les ''folkloristes'' qu'il n'est pas signe chrétien, mais celte, puisque les femmes au Moyen-âge ne pouvaient porter le ciboire...

La réponse de Myrrha, est que tout, ici, est symbole ; et la porteuse du Graal est ici la « figure » de l'Église. Figure fréquente « d'une femme belle et d'allure noble, parfois couronnée, parfois nimbée seulement, personnifiant la Nouvelle Loi, en opposition à l'ancienne, à la Synagogue aux yeux bandés »...

Nous avons plusieurs exemples de cette représentation dans nos églises...

 

Pour ce qui est du Graal, le chrétien y voit ce qu'il contient : l'Hostie ou le Christ de la Présence réelle, et la Lumière qui en émane, manifeste la divinité...

- Et, le Graal chez Chrétien est-il saint en lui-même ou seulement à cause de son contenu?

Pour le chrétien, il s'agit d'un objet rituel, ''sacralisé'' lorsqu'il est en service ; mais ce n'est pas un objet ''magique'' en soi... Robert de Boron, en fait une ''relique'', puisque le Christ y mangea, et Joseph d'Arimathie y recueillit le sang des plaies du Christ...

Le Graal étant le ciboire, le tailloir doit-être la patène, sur laquelle s'effectue la fraction de l'hostie, au moment de la préparation des espèces. Le Graal ne contient que l'Hostie seule... La Lance, qui représente le principe de permanence, saigne perpétuellement et elle ouvre la marche au Château du mystère eucharistique.

Nous sommes à l'époque de l'apparition d'un nouveau culte : l'élévation-adoration de l'Hostie ; dévotion spécifiquement occidentale née au milieu du XIIè siècle, devenant plus tard l'Ostension, ce qui fut l'origine de la future Fête-Dieu.

Le cortège du Graal, offre un signe '' la Lance qui saigne'' ; et qui nous renvoie à la relique de la célèbre Lance d'Antioche rapportée en France dès la première Croisade.

La Lance, saigne, pleure le sacrifice et représente la Source du fleuve de rédemption qui va laver le monde : elle désigne le Baptême et l'Eucharistie.

Pour Myrrha, se noue une longue chaîne de symboles de l'arbre de vie du jardin d'Eden à l'arbre de la Croix ; et c'est toujours le double registre de l'intelligible et du sensible où s'épanouit le symbolisme originel singulièrement apte à saisir les rapports secrets des valeurs.

« Le fruit qu'Adam n'a pas goûté (celui de l'Arbre de Vie) a préfiguré le Corps du Seigneur qui aujourd'hui est posé sur votre langue et dans votre coeur» hymne de communion d'une liturgie jacobite syrienne...

C'est la même Lance qui tue et qui rend la vie, blesse, guérit et sauve...

 

N'oublions pas Perceval, malheureux spectateur d'une scène qu'il ne comprend pas...

 

Dans le Conte du Graal, Perceval, jeune homme impatient quitte brutalement sa mère, la Veuve-dame... A un jet de pierre, il se retourne et voit derrière lui sa mère qui vient de choir « pâmée » à l'entrée du pont-levis : elle gît là comme morte. « D'un coup de baguette, Perceval cingle son cheval sur la croupe : la bête bondit et l'emporte à grande allure parmi la forêt ténébreuse»... Le souvenir de ce corps inanimé va l’accompagner, et le culpabiliser...

Je ne reviens pas ici, sur tous les épisodes du conte, mais me questionne avec la lecture qu'en fait Myrrha, sur son aventure au Château du Graal.

Perceval se tait, alors qu'il ne manque pas de curiosité, il brûle du désir de connaître et d'interroger sur l'énigme du Cortège... Il se tait, parce que le prud'homme, Gornement de Gorre lui a enjoint de se méfier de parler : « Ne parlez pas trop volontiers. Qui parle trop prononce des mots qui lui sont tournés à folie. Qui trop parle fait un péché, dit le sage. »

D'ailleurs, comment pourrait-il savoir qu'il existe un lien entre ce défilé auquel l'assistance ne prête pas la moindre attention, et l'infirmité, si discrètement avouée, de l'hôte royal qui préside le magnifique festin

 

Ce qui hante Perceval, c'est sa mère, sa chute et ce qu'elle est devenue...

« Sans cesse il fait prière à Dieu, le Père Souverain, Lui demandant, s'Il le veut bien, de trouver sa mère en bonne vie et en santé. ». Il priait toujours quand, descendant d'une colline, il parvient à une rivière. L'eau en est rapide et profonde. Il n'ose s'y aventurer. "Seigneur, s'écrie-t-il, si je pouvais passer cette eau, je crois que je retrouverais ma mère si elle est encore en ce monde! »

 

Après sa visite ''manquée'' au château sa cousine inconnue, lui annonce à l'improviste la cruelle nouvelle : sa mère est morte de douleur « au chief du pont » où il l'avait vue tomber, où il l'avait abandonnée. Mort, qui de fait est la cause profonde de sa mésaventure au Château... Et c'est à présent, que le mystère lui est révélé, tout au moins en partie...

II lui fallait poser la double question libératrice, - pour le Graal, «.cui an an sert», et – pour la Lance, pourquoi saigne-t-elle ?

Son échec est lié à son « péché » … Péché ne signifiant pas une faute liée à la morale, mais à la culpabilité d'un acte ''existentiel'' qui n'était pas juste...

 

A présent... Le passé est bien mort pour lui. A nouveau il s'engage, plus seul que jamais, sans but devant lui, dans la Gaste forêt aventureuse. La rémission, la rédemption est par là...

 

Puis, un épisode que j'aime bien …. Celui des '' trois gouttes de sang sur la neige fraîchement tombée ''… Il voit le visage de la bien-aimée. Rêverie profonde, véritable extase à rapprocher de l'état de transe quasi mystique de Lancelot, dans La Charrette, à la vue subite de la reine Guenièvre, prisonnière de Méléagant, à la fenêtre de sa tour. Le même Lancelot - cette fois dans la Queste - se retrouve dans un état semblable, plus profond encore, lors de son unique vision du Graal.

 

Pour Perceval, c'est le retour prochain à Dieu et à l'Église, avec la rencontre d'un groupe de nobles pénitents, hommes et femmes, tous pieds nus. « Un des chevaliers, surpris péniblement par l'attitude de défi du chevalier, aborde l'impie qui n'a même pas désarmé « au grand jour où Jésus-Christ est mort pour nous»; et il lui parle gravement, rappelant en termes émus ce que fut, ce qu'est la Passion rédemptrice. Perceval l'écoute avec une attention passionnée, intense. A coup sûr, c'est la catéchèse la plus complète qu'il ait entendue de sa vie. L'effet en est instantané, foudroyant : « Et cil qui avoit nul espans/de jor ne d'ore ne de tans/tant avoit an son euer ennui » revient à lui subitement. C'est son chemin de Damas, c'est l'éblouissement de la Grâce. Et les larmes du repentir jaillissent, tombent en rosée sur ce cœur endurci et aride.

 

Perceval rejoint au plus vite un ermite ; et après deux jours de jeûne, ordonné comme pénitence, et de recueillement auprès de cet oncle-ermite, qui révèle à Perceval une partie du mystère eucharistique dont il fut l'aveugle témoin, le chrétien réconcilié communie - très probablement la première fois de sa vie - au matin de la Résurrection pascale.

L'exhortation du saint vieillard tient en trois mots : « Dieu croi, Dieu aime, Dieu adore » Puis, c'est l'oraison que l'ermite souffle à l'oreille à Perceval, si elle est de l'ordre du mystère, elle n'a rien à voir avec de « segretes paroles » du ''Joseph'' que doivent se transmettre les gardiens du Graal.

Ici, l'oraison a un caractère personnel intime : prière secrète d'intervention ou de secours immédiat d'une âme en péril : L'initiation propre, la voilà; c'est la Grâce renversant le dernier obstacle à sa libre expansion, ouvrant la vie et rendant la pleine liberté au vouloir humain.

 

De toute évidence, le premier en date des héros du Graal, Perceval, présente - face à Gauvain, incarnation du chevalier « terrien » - le type même de l'homme providentiel qui, à travers le sombre passage («Perceval»), poursuit seul la route de la souffrance purificatrice. Pour cette raison, il atteindra le but lointain, achèvera un jour ici-bas sa mission.

Sources : ( Le Conte del Graal de Chrétien de Troyes et sa présentation symbolique, par Myrrha Lot-Borodine)

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