Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les légendes du Graal

histoire

Au XIXe siècle, le retour du Moyen-âge. -1/.-

1 Novembre 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #Histoire, #Moyen-âge, #XIXe, #Walter Scott

Rent-day-wilderness - par Sir Edwin Landseer

Rent-day-wilderness - par Sir Edwin Landseer

Entre 1826 et 1830, pour un tirage moyen d'un livre, à l'époque, de 1 000 exemplaires.. Il se vend 20 800 exemplaires d’Ivanhoé et de L'Antiquaire, et 20 000 de Quentin Durward... !

de Walter Scott (1771-1832), - "Ivanhoé" 1819
de Walter Scott (1771-1832), - "Ivanhoé" 1819
de Walter Scott (1771-1832), - "Ivanhoé" 1819
de Walter Scott (1771-1832), - "Ivanhoé" 1819
de Walter Scott (1771-1832), - "Ivanhoé" 1819
de Walter Scott (1771-1832), - "Ivanhoé" 1819
de Walter Scott (1771-1832), - "Ivanhoé" 1819
de Walter Scott (1771-1832), - "Ivanhoé" 1819
de Walter Scott (1771-1832), - "Ivanhoé" 1819
de Walter Scott (1771-1832), - "Ivanhoé" 1819
de Walter Scott (1771-1832), - "Ivanhoé" 1819
de Walter Scott (1771-1832), - "Ivanhoé" 1819
de Walter Scott (1771-1832), - "Ivanhoé" 1819
de Walter Scott (1771-1832), - "Ivanhoé" 1819
de Walter Scott (1771-1832), - "Ivanhoé" 1819
de Walter Scott (1771-1832), - "Ivanhoé" 1819

de Walter Scott (1771-1832), - "Ivanhoé" 1819

Il s'agit de Walter Scott (1776-1832), né à Edimbourg, en Ecosse.

Abbotsford: Demeure de W. Scott

On l'a vu précédemment, en France, Mme de Staël se libère des points de vue esthétiques des classiques et, en 1800, reconsidère la littérature médiévale … La revalorisation de la littérature et de l'architecture médiévales se précise depuis la seconde moitié du XVIIIe siècle... Elle est reprise par Chateaubriand dans ses premières œuvres (1802, 1809).

Walter Scott et beaucoup de romantiques font entrer le lecteur dans le monde du passé. Ils vont donner au Moyen âge et aux temps anciens ( de France, ou d'Angleterre …) , la même position que les philosophes attribuaient alors à l'antiquité.

Ainsi, le XIXe siècle suscite un regain d’intérêt pour l’Histoire, comme en témoigne le succès des cours de Fr. Guizot (1787-1848)( le Moyen Âge fut l'un de ses centres d’intérêt essentiels tout au long de sa carrière.) et de Michelet (1798-1874) , en même temps qu’elle encourage le goût déjà prononcé du public pour les grands récits. S’installe dès lors un engouement durable pour les romans historiques, dont Walter Scott se fait le chef de file, et qui font resurgir de grandes figures héroïques cristallisant les fantasmes d’une époque. Le XIXe siècle est également propice à l’apparition d’une forte tendance médiévaliste... Il s'agit d'une ''fabrique'' d'un Moyen-Âge et une fascination pour les ''folles croyances '' des siècles passés .. Les écrivains de l’époque se partagent en effet entre indignation devant des convictions considérées comme contraires à la raison et nostalgie pour de belles illusions perdues. Ainsi, Ivanhoé, best-seller européen de Walter Scott, hésite entre la critique véhémente de l'obscurantisme d'un Moyen Âge pétri de violence et de superstitions, et l'admiration pour des vertus morales et guerrières disparues au XIXe siècle.

Pourquoi le Moyen-âge ?

Depuis la Révolution Française, l'Histoire est devenue un vaste champ de batailles intellectuelles. La signification politique et sociale de la Révolution domine le débat idéologique: on interroge les faits et les personnages susceptibles de parler d'un passé trop récent.

Le Moyen Age est une période ''blanche'' qui va cristalliser les passions: pour la noblesse restaurée il s'agit ( retour aux origines …) de montrer les vertus de l'ordre féodal ; cependant que la bourgeoisie libérale met l'accent sur les progrès de la liberté et le mouvement communal. Pour les royalistes le Moyen Age est, en plus d'une admirable source de poésie, un temps qui crée une Europe chrétienne merveilleuse de grandeur, de force, de vertus héroïques... J. Michelet préfère mettre l'accent sur la misère et la crasse. Réaliste, Fustel de Coulanges (1830-1889) résume bien la situation de l'historiographie médiévale: « chacun se façonne un Moyen Age imaginaire et chacun se fait sa foi et son credo politique suivant l'erreur à laquelle il donne sa préférence. »

Strawberry Hill - construit par Horace Walpole

Enfin, n'oublions pas : ce goût du XIXe siècle pour, pour l’étrange, le mystère. et le Moyen Âge se rattachent aux romans gothiques d’Ann Radcliffe (1764-1823) et d’Horace Walpole (1717-1797), avant même les romans historiques de Walter Scott... Déjà, James MacPherson (1736-1796), avait imaginé une supercherie littéraire, et réussit à faire passer ses Poèmes d’Ossian, pour des chants épiques attribués à un barde du IIIe siècle...

Le XIXe siècle va aimer cultiver les expressions de la peur et de l’inconnu pour répliquer aux « certitudes » rationnelles et scientifiques de l'époque et renouer avec l’irrésistible plaisir associé à la transgression des lois de la Raison. Le goût de l’étrange et du surnaturel, inséparable de l’évocation d’un « ailleurs » (l’époque médiévale aussi bien qu’une contrée lointaine), caractérise ainsi les œuvres de S. T. Coleridge (1772-1834).

Lire la suite

3 - Les légitimistes préparent l'insurrection – 1832 -

26 Octobre 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #Vendée, #Legitimiste, #XIXe, #Duchesse de Berry, #Henri V, #Histoire

J.-B. Guérin - Marie-Caroline, Duchesse de Berry

Mais, Marseille, ne bouge pas … Le sud de la France n’ayant pas répondu à l’appel, ce fiasco devrait alerter la duchesse, l’inciter à la prudence, il n’en est rien. … Puisque le sud ne vibre pas pour Henri V, la Vendée catholique relèverait l’affront.

Dans les premiers jours du mois de mai, elle séjourne chez le marquis de Dampierre au château de  Plassac. C’est de là qu’elle fixe au 24 mai la date de la prise d’armes en rédigeant cette lettre :

«  D’après les rapports qui m’ont été adressés sur les provinces de l’ouest et du midi, mes intentions sont qu’on prenne les armes le 24 de ce mois. J’ai fait connaître mes intentions à cet égard et je les transmets aujourd’hui à mes provinces de l’ouest. »

« Vendéens, Bretons, vous tous habitants des fidèles provinces de l’ouest. Ayant paru dans le midi, je n’ai pas craint de traverser la France au milieu des dangers pour accomplir une promesse sacrée, celle de venir parmi mes braves amis partager leurs périls et leurs travaux. Je suis enfin parmi ce peuple de héros : ouvrez à la fortune de la France. Henri V vous appelle ; sa mère régente de France se voue à votre bonheur .

Un jour, Henri V sera votre frère d’armes si l’ennemi menaçait nos fidèles pays. Répétons notre ancien et nouveau cri : Vive le roi ! »

 

Cependant, une majorité de chefs vendéens renonce alors à se soulever, considérant que, sans l’aide de troupes de ligne françaises ou étrangères, l’échec est assuré. De plus, le gouvernement de Louis-Philippe a suivi les mouvements de la duchesse et envoyé des renforts militaires dans la région.

 

De Paris, le comité légitimiste envoie près de la duchesse, l'avocat Berryer, pour la dissuader... « Ne m’avez-vous pas écrit vous-même à Massa » lui dit-elle « que si je ne me hâtais pas d’arriver en France, le soulèvement aurait lieu sans moi ? » Elle rappelle à son interlocuteur « les erreurs » de Charles X qui avait gagné l’île d’Yeu au lieu de rejoindre la Vendée et s’était refusé à combattre à Rambouillet quand il disposait encore des moyens de mâter la rébellion des parisiens.

Marie-Caroline ne renonce pas....

L’insurrection est déclenchée dans la nuit du 3 au 4 juin 1832: le tocsin sonne dans les villages de la Vendée, mais seulement une centaines d'hommes répondent à l'appel …

Ce n’est qu’un sanglant baroud d’honneur. L’insurrection est rapidement matée, les conjurés dispersés, mais la duchesse de Berry reste introuvable.

Marie-Caroline ne participe pas aux combats, mais elle partage la vie des Vendéens. Déguisée en jeune paysan, sous le nom de « Petit Pierre », elle passe de fermes en châteaux accompagnée de son écuyer le comte de Mesnard, d’Athanase de Charette ou encore d’Eulalie de Kersabiec.

Arrestation de la duchesse de Berry à Nantes

Après la défaite, malgré les arguments de sa famille et de ses partisans, elle refuse de s’enfuir, espérant qu’une autre chance se présentera. Le 9 juin, elle arrive à Nantes et se cache chez les demoiselles de Guiny avec Stylite de Kersabiec, Mesnard, et l’avocat Achille Guibourg.

Grâce à la trahison d’un des agents de la duchesse, Simon Deutz, sa cachette finit par être découverte. Le 7 novembre, les gendarmes perquisitionnent la maison des demoiselles de Guiny. Marie-Caroline, Guibourg, Mesnard et Kersabiec ont juste le temps de se cacher derrière la cheminée. L’endroit est étroit et les gendarmes font du feu. Au bout d’un moment, la duchesse, manquant d’étouffer, décide de se rendre, mettant fin ainsi à la dernière guerre de Vendée.

Marie-Caroline à Blaye

 

Le gouvernement fait interner la princesse dans la citadelle de Blaye, sur l’estuaire de la Gironde.

En janvier 1833, le bruit court que la duchesse de Berry est enceinte.

Le 26 février 1833, coup de théâtre. Dans « Le Moniteur », organe officiel du gouvernement, on lit, signé de la duchesse de Berry : « Pressée par les circonstances [...] je crois devoir à moi-même, ainsi qu’à mes enfants, de déclarer m’être mariée secrètement pendant mon séjour en Italie. » Dans son entourage, la colère succède à la stupéfaction. « Elle a fait son parti cocu », dit-on dans les salons. Personne ne croit en ce mariage secret. Le nom de l’élu n’est d’ailleurs pas révélé. « Comment voulez-vous qu’on le dise, elle-même ne le sait pas », aurait lâché le légitimiste Chateaubriand déboussolé.

Pour Louis-Philippe la déclaration est tombée à pic : celle qui se voulait régente de France ne sera donc qu’une aventurière. 

ECOLE FRANCAISE DU XIXe - élégante cavalière en amazone


 

Le 10 mai 1833, la duchesse de Berry donne naissance à une fille, qu’elle déclare née de son époux secret, le comte Lucchesi-Palli, second fils du prince de Campo-Franco, vice-roi de Sicile, que toute la France ne tarde pas à appeler ironiquement « saint Joseph ».

Le 8 juin, la princesse, complètement déconsidérée, est embarquée sur l’Agathe et transportée à Palerme. Elle se voit alors tenue à l'écart de la famille royale, qui lui refuse la direction de l'éducation de son fils qui est confiée à sa belle-sœur, la dauphine.


 

Lorsque le passage à l'action est décidé, dans la nuit du 3 au 4 juin 1832 ; Félicie de La Rochejaquelein fait de Landebaudière, son quartier général et passe, dans les bois, ses troupes en revue. Elle mène les combats pendant les deux jours de l'insurrection.

Le 5 juin en raison du manque de coordination des insurgés et de l'insuffisante mobilisation des paysans vendéens , l'insurrection échoue... Mais Félicie refuse de capituler... Mme de La Rochejaquelein et son aide de camp, Mlle Félicie de Fauveau, passent leurs nuits dans les champs, enveloppées dans un manteau militaire; toujours déguisées en hommes, elles courent d'une ferme à l'autre, prodiguant leur argent sans le moindre résultat, s'exposant, elles et les leurs, au danger d'être pris et assassinés par les paysans ou les gardes nationaux qui s’exaspèrent contre les chouans.

Messe_du_soir_dans_un_couvent - peinture faite par la duchesse de Berry

Après l'arrestation de la duchesse de Berry, à Nantes, le 8 novembre 1832, Félicie, et Auguste enfin arrivés en Vendée, se cachent. Jugés par contumace (peine de mort pour Auguste, peine de déportation pour Félicie) au début de l'année 1833, ils parviennent à gagner l'étranger. Ils séjournent à Lausanne et à Genève, en Suisse, et à Annecy, en Savoie (qui alors appartient au Piémont), sous le nom de Laremont, jusqu'à leur acquittement en 1835 et 1836 par les cours d'assises de Versailles et d'Orléans.

A suivre … avec Félicie de Fauveau

 

Lire la suite

2 - Les légitimistes préparent l'insurrection – 1832 -

23 Octobre 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #Legitimiste, #XIXe, #Histoire, #Duchesse du Berry

1832

C'est une femme : Félicie de La Rochejaquelein (1798-1883) qui revendique un rôle de premier plan dans la préparation du soulèvement. Convaincue de la force de la fidélité royaliste dans les campagnes de l'Ouest, fière de renouer avec l'épopée militaire de la Vendée catholique et royale, elle organise elle-même la résistance.

Félicie est âgée de trente-deux ans, ardente, intrépide, infatigable, toujours accompagnée d'une amie, Félicie de Fauveau (1799-1886) - sculpteur romantique, proche d'Ary Scheffer, passionnée pour le Moyen Âge, ayant exposé au Salon de 1827 des groupes inspirés de Walter Scott -

elle « va partout annonçant l'aurore des temps nouveaux », n'hésitant pas à s'associer à des réunions d'hommes.

Dès 1831, elle parcourt en amazone toute la rive gauche de la Loire ; elle excite ceux qui hésitent, rassemble des fonds et des munitions, collecte des informations, tandis que Mlle de Fauveau dessine «des modèles d'uniformes pittoresques pour les troupes». Elle envoie des lettres, écrites au citron et en partie chiffrées à son mari - qu'elle désigne sous le nom de code de « Godefroy » M, symbole du rôle chevaleresque dont elle rêve pour lui -, au maréchal de Bourmont, ancien chef chouan, qui devient en 1831 chef suprême des insurgés auxquels il apporte son expérience et son prestige de la récente victoire d'Alger, et surtout à la duchesse de Berry.

 

A Limoges:

Pendant ce temps, Charles-Louis de Chateauneuf, s'émeut du sort du jeune duc de Bordeaux... En effet, avec lui, un petit groupe de ''chevaliers du Roi'' rêve de gloire et d'honneur. En effet, ce groupe de jeunes hommes a été très tôt sensibilisé à cette mélancolie d'une époque qui, avec la Restauration, ployait sous l'ennui... Quelques-uns se font royalistes ultras, (en attendant de devenir républicain..!) comme si l'utopie d'un retour à une féodalité romanesque et à une foi violente pouvait leur remplacer leurs ambitions de gloire militaire ( disparue depuis la chute de l'Empire...) ou autre: littéraire par exemple ...

Madame la Comtesse de La ROCHEJAQUELEIN ♧ Le Complot de LANDEBAUDIERE

A partir de 1831, et à l'initiative de la comtesse de La Rochejaquelein, chez elle, des nobles organisent des réunions afin de préparer une nouvelle insurrection contre le gouvernement de Louis-Philippe.

« Le 9 novembre 1831, après une perquisition dans une métairie dépendante de Landebaudière, au cours de laquelle ont été découverts de la poudre, une presse lithographique et 20000 pierres à fusil, Félicie et sa fidèle amie, cachées dans un four, tombent aux mains de la police.

Toutes deux sont astreintes à résidence à Landebaudière, cerné par un bataillon d'infanterie. Déguisée en fille de cuisine, Félicie parvient à s'échapper.

 

Pendant quinze mois, à partir de novembre 1831, elle réussit à se cacher sans jamais être capturée. Rejointe quelque temps plus tard par Mlle de Fauveau qui a été libérée, elle poursuit la lutte et devient le véritable chef politique du bocage vendéen. Toutes deux assurent la coordination des mouvements entre les départements de la Vendée et des Deux-Sèvres, intensifient la propagande, excitent les défaitistes et recrutent toute « une compagnie d'amazones » : Chacune de ces dames avait son casque, sa petite cuirasse, ses armes défensives et offensives. La plupart avait choisi un chevalier, lequel portait un bracelet de fer rivé et avait juré de ne le quitter qu'au retour d'Henri V. » (*)

 

(*) Sources : Mension-Rigau Éric. L'aventure au féminin : le destin de Félicie de Duras, comtesse Auguste de La Rochejaquelein (1798-1883). In: Histoire, économie et société, 1999,

 

Cette année d'étude 1832, de Charles-Louis de Chateauneuf, est fortement perturbée... Si on ne sait ce qu'il fait ; il se pourrait bien qu'il soit parti en Vendée soutenir la rébellion légitimiste. On l'imagine bien se faire chevalier de l'une de ces ''amazones'' après lui avoir promis allégeance dans une déclaration d'amour courtois ...

L.-E._Vigée-Lebrun_-_La_duchesse_de_Berry

 

Félicie de La Rochejaquelein (1798-1883), presse la duchesse de Berry de venir en France : «Voilà, Madame, ce qui est digne de vous, dussiez-vous succomber» lui écrit-elle...

La duchesse de Berry (1798-1870) est la veuve du Duc de Berry (1778-1820) : deuxième fils de Charles X. Il est le seul prince royal susceptible de perpétuer la dynastie des Bourbons. Il émigra dès les débuts de la Révolution et servit dans l’armée de Condé, puis passa en Angleterre. De retour en France au moment de la Première Restauration, il suivit son oncle, Louis XVIII, à Gand pendant les Cent-Jours et il épousera, en 1816, la princesse Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, originaire de Palerme.. Mais le duc est assassiné par Louvel, en février 1820. Cependant, sa veuve, la duchesse de Berry, donne naissance sept mois après à un fils. Le jeune enfant : Henri, Duc de Bordeaux, perpétuait donc la lignée des Bourbons et sera considéré comme « l'enfant du miracle » par les royalistes car il devient le successeur potentiel de la lignée (sous le nom de Henri V).

Le 10 Avril 1832, le gouvernement de Louis-Philippe va voter une loi qui condamne au "bannissement perpétuel" les membres de la famille de Charles X (Bourbon).

 

Les Trois Glorieuses (27-28-29 juillet 1830) ont pris de court la duchesse... Elle serait prête à emmener elle-même le duc de Bordeaux, âgé d’à peine 10 ans, à l’Hôtel de ville pour le faire acclamer par la foule parisienne... Mais elle comprend que Paris est perdue... Alors, elle pense à animer la résistance depuis la Vendée ; mais pour l'heure, elle suit la famille royale dans sa piteuse retraite...

Départ de la famille royale de France

Charles X finit par donner l'autorisation à Marie-Caroline de Bourbon-Siciles (devenue en 1816 duchesse de Berry), avec le comte de Bourmont, maréchal de France et ancien chouan, de diriger l’insurrection destinée à renverser Louis-Philippe.

Elle traverse l’Allemagne du sud, se rend à Gênes, puis à Turin, à Rome et à Naples. Le banquier Ouvrard, les rois de Sardaigne et de Hollande, le duc de Brunswick et des grands propriétaires terriens l’assurent de leur aide financière.

Depuis, les États du duc de Modène, seul souverain à n’avoir pas reconnu Louis-Philippe, elle parvient à prendre - elle-même- la tête de la mouvance légitimiste en congédiant le duc de Blacas ( qui devait contrôler le conseil de régence), ce qui consomme la rupture avec le reste de la famille royale.

La duchesse de Berry, considère, que la régence lui revient de droit. Elle décide de passer à l’action. 

 

Mr. De Ferrari, de l'une des plus puissantes familles de Gènes, met à la disposition de la duchesse un navire à vapeur le «Carlo Alberto» pour son expédition hasardeuse. Le 24 avril 1832, le départ de Livourne a lieu à onze heures du soir et la duchesse s'embarque avec une poignée de fidèles. Elle est déguisée en bourgeois et est accompagnée du Maréchal de Bourmont..

La Duchesse de Berry, à bord

Pendant le voyage, elle rédige une proclamation – qui devait être diffusée dans Marseille... afin d'exalter les cœurs :

«  Soldats, une funeste révolution a violemment séparé la France de la famille de ses rois ; cette révolution s’est faites sans vous ; elle s’est faite contre vous. La petite fille de Henri IV vient vous demander votre appui. (…) C’est à votre amour, à celui de tous les bons français, des français seuls, que Henri V veut devoir sa couronne. Française et mère, je vous confie l’avenir de la France et les droits de mon fils. »

Elle débarque à l’aube du 29 avril 1832, dans une calanque proche de Marseille, à Séon-St-Henri. Le «Carlo Alberto» retourne ensuite en rade de La Ciotat, le 3 mai 1832, en plein jour, afin de donner le change et de permettre à la duchesse de fuir. Elle attend les résultats du soulèvement provençal prévu le lendemain.

A suivre ….

Lire la suite

1 - Les légitimistes et les Trois glorieuses – 1830 -

20 Octobre 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #Histoire, #Trois Glorieuses, #Légitimiste, #XIXe, #Louis-Philippe

1830, comme 1827 et 1828 avant elle, est une année de médiocres récoltes impliquant des prix élevés pour les denrées et un report du pouvoir d'achat sur le pain. L'économie est morose.

La période est à l'agitation ministérielle, parlementaire et journalistique...

Le roi Charles X (1757-1836), menace l’opposition de gouverner par ordonnances en cas de blocage des institutions …

''On'' suggère que le « parti prêtre » pourrait pousser le roi à légiférer par ordonnances sur le fondement de l’article 14 de la Charte pour imposer des « élections jésuitiques »... !

Le 16 mai 1830, Charles X dissout la Chambre des députés... Des élections sont une déroute pour le roi : l’opposition passe de 221 à 270 députés...

Le 25 juillet, le roi Charles X tente par un coup de force constitutionnel de freiner les ardeurs des députés libéraux par ses ordonnances de Saint-Cloud... qui, en particulier, suppriment la liberté de la presse et enlèvent le droit de vote aux commerçants et aux industriels.

A Paris, éclate alors une insurrection de trois jours, les 27, 28 et 29 juillet 1830 (les Trois Glorieuses), qui s’achève par le départ du roi pour l’exil.

Le 30 juillet, les députés, les journalistes veulent éviter à la révolution d'aller plus loin … Ils récupèrent la révolution populaire au profit de la bourgeoisie. Après quelques jours d’hésitation entre république et solution orléaniste, la monarchie de Juillet est finalement instituée. La bourgeoisie parisienne dame le pion aux républicains désorganisés.

Charles X présente son abdication - Rambouillet 2 Août 1830

Charles X passe la nuit du 30 au 31 juillet 1830 au château de Saint-Cloud... Il fuit Paris... le lendemain, à Rambouillet, on lui dit qu'il courre le risque de se faire arrêter par La Fayette et ses troupes qui veulent s'emparer de lui dès le lendemain. Ses proches lui conseillent de résister … Mais Charles X prend tout le monde à contre-pied en annonçant qu'il décide de nommer le duc d'Orléans ( le prochain Roi Louis-Philippe...!), lieutenant général du royaume...

Le duc d'Orléans préfère prendre cette charge directement des députés ; et organise l'exil de Charles X.

Embarquement de Charles X et de sa famille.

Le 2 août 1830, le roi tente une dernière manœuvre en abdiquant au profit de son petit-fils – le duc de Bordeaux, fils de la duchesse de Berry - pour essayer de sauver la dynastie.

 

Les légitimistes considèrent que Charles X est toujours roi et que son abdication est nulle, Louis-Philippe, son cousin, étant considéré comme un usurpateur.

Dans la monarchie traditionnelle, le roi tient son autorité de Dieu et l’exerce pour le bien commun, l’usurpateur Louis-Philippe ne peut invoquer cette transcendance, aussi se réclame-t-il de la Révolution dont il revendique l’héritage...

Ils n'oublient pas, non plus, que Louis-Philippe est le fils de ''Philippe-Egalité'' qui a voté la mort de Louis XVI.

Louis-Philippe prend le pouvoir, La religion catholique n'est plus religion d'État, la censure de la presse est abolie, le drapeau tricolore rétabli.

 

Alors que les légitimistes reconnaissent Charles X ( de 1824 à 1836) et son fils - Louis-Antoine d’Artois - comte de Marnes, appelé Louis XIX ( de 1836-1844), puis le roi Henri V ( Comte de Chambord, petit-fils de Charles X) ( 1844-1883)...

Un mot sur ''Louis XIX'' : Louis Antoine de Bourbon, duc d'Angoulême est le fils aîné de Charles X. Le 2 août 1830, à la suite de la Révolution de Juillet, le duc d'Angoulême a renoncé au trône de France en faveur de son neveu, le jeune duc Henri de Bordeaux, futur comte de Chambord.. Louis XIX aura été Roi 20 minutes : le temps de renoncer .... Cependant, à la mort de son père Charles X (nov 1936) , il prend provisoirement le nom symbolique de "Louis XIX". « Je prends le titre de roi, bien résolu à ne faire usage du pouvoir qu'il me donne que pendant la durée des malheurs de la France, et à remettre à mon neveu, le duc de Bordeaux, la couronne le jour où, par la grâce de Dieu, la monarchie légitime sera rétablie », a-t-il écrit aux royalistes légitimistes... Le duc d'Angoulême veille à l'éducation du duc de Bordeaux, fils posthume de son frère cadet, le duc Charles Ferdinand de Berry, qu'il considère et aime comme l'enfant qu'il n'a pas eu de son mariage avec la duchesse Marie Thérèse.

Le 9 août 1830, la Chambre des députés proclame la monarchie de Juillet. Louis-Philippe devient roi des Français.

Revenons au moment où, la révolution gronde à Paris, Louis-Philippe accepte le trône que lui présentent Laffitte, Perier et Thiers. D’abord lieutenant-général du royaume, il devient roi des Français le 7 août ; et commence une nouvelle dynastie (la monarchie orléaniste) : '' bien que Bourbon, et parce que Bourbon...'' !

Monarchie de Juillet

Au début de la monarchie de Juillet, on assiste à une vague de démissions ( 53 députés, 83 préfets …). Le pouvoir est ouvertement anti-légitimistes et même anticléricale, ce qui crée chez les légitimistes un sentiment de persécution, qui atteint un pic en 1831, avec le lancement d'un mandat par le préfet de police Baude contre l'archevêque de Paris, Mgr de Quelen, suivi de toute une série de brutales perquisitions policières dans toute la France.

 

Les légitimistes considèrent que la monarchie de juillet va promouvoir les persécutions contre l’Église et tous les fidèles de la France traditionnelle. Subversion, conscription, assassinats, barbaries, viols des sépultures et autres crimes planifiés par le nouveau pouvoir politique placent alors la population en état de légitime défense et suscitent l’insurrection contre-révolutionnaire de 1832.

A suivre …. avec ''Les légitimistes préparent l'insurrection''

 

Lire la suite

Charles-Louis de Chateauneuf – Limoges au XIXe s.

13 Octobre 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #Histoire, #Limousin, #XIXe, #Limoges, #Charles-Louis de Chateauneuf

Fils ou neveu : de M. Joseph Châteauneuf ( né en 1759) et de Marie-Catherine-Louise de la Bermondie d'Auberoche ( née en 1780) , mariés en 1803. Jean de Châteauneuf est mort en son château de La Villatte (cne de Saint-Junien-la Brégère, Cr.) vers 1820...

Marie Catherine de La Bermondie, née vers 1780, a pour parents: Jean Léonard de La Bermondie né le 16 avril 1739 et Jeanne de VILLOUTREYS née vers 1740 ou 1750...

Charles-Louis de Chateauneuf est né en 1816, sans doute enfant adultérin...

Il est placé en nourrice dans la campagne environnante, et grandit ainsi, avant d'intégrer le collège royal ( nom sous la restauration) de Limoges, en qualité d'interne...

De bonne heure, il se livre ainsi à la vie contemplative, à l'observation de la nature et l'écoute des contes et légendes qu'emplissent les veillées dont il est friand....

Puis, il parcourt les romans du dernier siècle, et autres miraculeux trésors qu'il peut arracher à sa famille, qu'il voit peu … Son goût pour la lecture va vite devenir impérieux... Ses loisirs en sortie du Collège se passe chez les bouquinistes de Limoges.

Le Collège Royal ( plus tard Lycée Gay-Lussac) a peu changé depuis ; si ce n'est en 1828, la chapelle ( abandonnée...) qui – réouverte au culte - est dotée à présent d'un plafond et d'une toiture ; et, la construction des quatre dortoirs des pensionnaires , dans une aile construite sous l'Empire...

Lycée Gay-Lussac

On a repris la désignation des classes des ex collèges des Jésuites : classes élémentaires (8e, 7e) jusqu'à la classe de philosophie...: De la 6e à la 3e les élèves doivent rendre chaque jour un thème (une traduction du français en latin). En seconde on ajoute des pièces de vers latins et en rhétorique des exercices de thèmes et de versions latines et grecques, des exercices de prose. On cherche à développer l’élocution écrite.

On y enseigne aussi : le français, les premiers principes de géographie, d’histoire et de mathématiques, puis se renforcent les sciences : le cours de sciences physiques (zoologie, botanique, minéralogie, chimie, physique) est commun aux classes de 3e/2de/Rhétorique …

Un professeur de philosophie ( pour la première fois il n'est pas prêtre) va les marquer : Charles Mallet (1807-1875) nommé en 1832, au collège royal de Limoges, en remplacement de l'abbé Garrigou. Ch. Mallet élève de l'Ecole normale a passé le concours de l'agrégation de philosophie sous la présidence de Victor Cousin (1792-1867), autre personnage que rencontrera C.-L. de Chateauneuf....

 

Charles-Louis rencontre un camarade de son âge avec qui partager sa passion, il se nomme Elie Berthet. Le jeune Elie, a, de plus, le goût de l'écriture et lui fait noter sur un cahier les récits du jeune romancier qu'il devient …

A la suite d'Elie Berthet, Charles-Louis devient excellent en rhétorique et en mathématiques ; tous deux se partageant les prix ...

 

Le père d'Elie Berthet est un négociant de Limoges, honorable mais peu riche... Il s'inquiète de l'avenir de son fils qui semble plus attiré par la passion littéraire que par une profession bourgeoise... A douze ans, il était passionné de botanique ; et possédait déjà une riche collection de papillons et d'insectes qui peuplaient alors le Limousin... Avec l'aide de Charles-Louis, ils vont enrichir cette collection ; le but secret entre eux est de ne jamais être à charge et de subvenir eux-mêmes à leurs besoins... Ainsi, ils vendront à des amateurs les collections d'histoire naturelle ainsi composées...

Leur rêve serait de ''monter'' à Paris, faire leur droit, vivre de ''bohème'' etc ...

Autographe - Elie Berthet

 

«L'étude la plus charmante pour une femme, et surtout pour une jeune fille, est celle de la botanique. Cette science s'apprend avec une extrême facilité par la pratique, et l'on se crée ainsi une source de jouissances intarissable, en même temps que l'on jette un peu de poésie dans l'existence, si dure et si brutale pour tous. J'aime beaucoup la botanique, et je m'efforce de communiquer ce goût à mes petits-enfants. Elie Bertet ». autographe

Limoges autour de 1830:

Le pont Saint-Etienne à Limoges vers 1838

En 1827, Limoges est soumise à une triade autoritaire :

- le préfet : le rigide baron de Coster

- l'évêque, Prosper de Tournefort, enfermé dans ses positions réactionnaires,

- le maire : Athanase Martin de la Bastide qui règne sur la ville de son château en campagne limousine ...

Louis-Philippe, roi des Français

 

 

Dès le 30 juillet 1830, après la fuite de Charles X, les républicains proposent au duc d’Orléans la lieutenance générale du royaume . Le 7 août 1830 après un vote favorable des Chambres il devient Louis-Philippe 1er. Il refuse le titre de roi de France qui l’aurait fait Philippe VII et se fait proclamer roi des Français. Ce nouveau titre, déjà porté par Louis XVI de 1789 à 1792, lie la monarchie au peuple et non plus au territoire. Comme autre symbole fort, la nouvelle monarchie adopte le drapeau tricolore pour remplacer le drapeau blanc de la Restauration.


 

A Limoges, la précarité de la condition des ouvriers, les a conduit à participer aux mouvements de révolte et de révolution. Pendant la révolution de 1830, de juillet à novembre, des grèves éclatent pour l'augmentation des salaires et la diminution de la journée de travail.

Tous les députés élus sont des libéraux... C'est la fin de trois décennies ''calmes''...

C'est véritablement alors l'heure de la bourgeoisie triomphante. Le nouveau Maire Fr. Alluaud entend insuffler modernité et progrès dans la gestion de la ville...

 

François II Alluaud s’attelle à poursuivre l'œuvre de son père et implante une usine de porcelaine aux Casseaux en 1816, en bord de Vienne, à une époque où celle-ci était une authentique route du bois. Il est également Maire de Limoges (1830-1833), et va participer à l'amélioration de la qualité de fabrication, de cuisson, et va franchir les barrières esthétiques en terme de création. Sous son influence, l'industrie porcelainière de Limoges va devenir une véritable industrie d'art.

Bord de Vienne - Limoges

 

Après les 3 glorieuses (1830) , les naveteaux armés de leur interminable lancis figurent dans les rangs de la garde nationale.

A noter en 1835, une très grave inondation des bords de Vienne...

 

Après six siècles de durée, le pont Saint-Martial et le pont Saint-Étienne servent encore aux communications de deux pauvres faubourgs, et heureusement ils ont tout juste assez d'utilité pour qu'on les entretienne...

Entre 1833 et 1839, le Pont-Neuf est construit puis livré à la circulation le 29 juillet 1839. La première pierre de ce pont a été posée le 17 juillet 1832. Cette pierre renferme une plaque en porcelaine portant les noms des officiels. Appelé pont ''Louis Philippe'' , il fut baptisé ''Pont Neuf'' après la révolution de 1848. Les emplacements prévus pour de grandes assiettes en porcelaine évoquant l'importance de la profession et sa vocation à réaliser des chefs d'oeuvre , sont hélas demeurés vides.

Le champ de juillet fut établi en 1830 pour permettre les charges d’entraînement des régiments de cavalerie, dont le XXème dragon. L'armée refuse le lieu qui devient un espace de promenade... L'oeuvre des frères Bühler, célèbres paysagistes du XIXe siècle, en 1858 a disparu, et est malheureusement oubliée. (Le jardin a été entièrement reconstruit dans sa partie basse vers 1928.)

 

1840, voit le Théâtre, place Royale ( de la République )

1846, le Palais de justice

1852, une halle sur la Place de la Motte

1856, la gare d'Orléans

1861, la Caserne de la Visitation...

 

La Porcelaine :

Vers 1830, la grande industrie de Limoges, reste la production de textiles. En 1837, la ville compte 25 manufactures de flanelles établies au bord de Vienne. Le déclin est du à la concurrence des tissus du nord de la France ; et il est contrebalancé par le développement de la porcelaine...

Sous la Restauration, l’augmentation de la production de porcelaine, sans doute liée à une augmentation de la consommation, est notable. Elle est due à deux facteurs : l’abondance des matières premières – kaolin et bois – dans la région et la présence d’une main-d’œuvre nombreuse et habile. En 1830, on inventorie seize fabriques, puis vingt-quatre en 1836-1837, soit quarante fours. Onze d’entre elles sont établies à Limoges et les autres en Haute-Vienne. Au niveau des effectifs, l’enquête industrielle de 1840-1844 recense 3198 personnes travaillant dans l’industrie porcelainière, qui est ainsi la première de la région. La production est alors majoritairement constituée de porcelaine blanche. Les décors sont principalement exécutés par des artistes qualifiés à Paris ou Toulouse, principaux centres de vente de cette porcelaine. Cependant, des ouvriers porcelainiers limousins décorent également la porcelaine. Quant aux exportations, elles se font en direction des marchés allemand, italien, espagnol et américain, mais encore modestement.

 

Lire la suite

A Limoges, en cette fin du XVIIIe siècle – 3/, - La Révolution

12 Septembre 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #Limousin, #Limoges, #de La Bermondie, #Révolution Française, #XVIIIe siècle, #Histoire

Le Limousin

Le Limousin

J. L. de La Bermondie va vivre le début de la Révolution, en Limousin.

Le Limousin est alors une région pauvre et isolée... Les céréales, et en priorité le seigle, sont la principale des cultures à côté de l'élevage du bétail : bovins et moutons... Le porc est le seul animal que le paysan se permet de tuer pour sa propre consommation..

Un peu de sidérurgie, au sud de la Vienne ; et à Limoges une activité industrielle assez développée : papeteries, manufactures textiles... et, des échanges commerciaux limités.

Un peuple des campagnes indigent, et un attachement aux traditions religieuses populaires... Pour 700.000 habitants, on compte 3000 personnes au service de l'Eglise ( neuf communautés religieuses de femmes à Limoges)...

Suppression des Ordres religieux 1790

Les 20, 21 et 22 août 1787, se réunit l 'Assemblée provinciale de la généralité de Limoges. Puis dès février, mars 1789, des Assemblées ont lieu pour rédiger des cahiers de doléances et élire des députés aux États Généraux.

Les trois ordres se réunissent du 16 au 23 mars au chef-lieu des sénéchaussées.

J. L. de La Bermondie est à Limoges, pour la noblesse. Un document d'archive, qui nous donne la liste la des gentilshommes qui assistent à l'Assemblée des trois ordres de la sénéchaussée de Limoges et Saint-Yrieix, en 1789; le nomme et l'appelle "seigneur de Saint-Julien et de Laron".

Le lycée ( Gay-Lussac aujourd'hui) est le théâtre de la réunion des États Généraux du Limousin, dans l'enceinte de la chapelle, le 16 mars 1789.

« Le collège royal bordait le boulevard. L’arrière des bâtiments et la chapelle s’ouvraient de l’autre côté, tout près de la place dans l’étroite rue Boucherie. La lumière, encore frisante à cette heure soulignait d’ombre, les pilastres, les entablements, les frontons, les niches en coquille : tout l’ensemble du style jésuite, plaqué sur un appareil assez rudimentaire, comme les deux tourelles à bonnet pointu qui épaulait cette façade. Si bien qu’en dépit de ses ornements l’église ouvrait plutôt un aspect militaire. En outre, quand on arrivait par la rue de l’Arbre-Peint, un des singuliers clochetons du cloche, apparaissant par-dessus ladite Église ou chapelle évoquait les épaules et la tête d’un guetteur en armure et casque noirs.

L’intérieur sans pilier formait un assez vaste vaisseau, très clair. Tournant le dos à l’hôtel, les magistrats de la Présidial et de la Sénéchaussée : conseillers, gens du roi, le lieutenant des Pais, le lieutenant criminels étaient assis en robes du palais. Ils composaient et un groupe uniforme, noir et rouge, où tranchés la blancheur des hermines ; Sur un côté du vaisseau, se tenait le Tiers-État imposant par son nombre. Les campagnards en habit court à basques, y voisinaient avec les fastueux citadins du genre Naurissane. En face, siégeaient la noblesse et le clergé, à droite et à gauche du grand sénéchal qui présidait, assisté par le lieutenant général de Reilhac, le procureur du Roi et les huissiers. Cet ordre n’avait pas été établi sans mainte querelle de préséance. Aujourd’hui, tout le monde était très digne, très pénétré de l’importance de ce qui s’accomplissait ici. » Robert Margerit '' La Révolution - L'amour et le temps ''
Chapelle et arrière des bâtiments du Lycée Gay-Lussac -Limoges

Chapelle et arrière des bâtiments du Lycée Gay-Lussac -Limoges

En même temps, une crise des subsistances atteint son ampleur...

En 1788, du fait de la sécheresse et d'orages de grêles, les moissons sont détestables... le marché est également mal approvisionné ( certains accaparent pour gagner plus …), et c'est une forte hausse des prix... L'hiver qui suit est très rigoureux, même les châtaigniers périssent !

Les 12 et 13 mai 1789, Limoges connaît une émeute engendrée par ce problème de subsistances...

 

Après le 14 juillet 1789, les limousins connaissent ce qu'on appelle '' la Grande Peur '' : le bruit circule que des bandes de brigands ( ou mercenaires …) sans-doute recrutés par les nobles, arrivent en pillant et détruisant tout sur leur passage... cela induit une '' révolution municipale'', avec la constitution de '' comités de patriotes » » qui se substituent aux autorités municipales en place … On crée des gardes nationales, en grande partie formées de petits bourgeois.

 

Article 1er : « l'Assemblée nationale détruit entièrement le régime féodal. »

En France, le 4 août voit la suppression des privilèges, de la dîme et de certains droits seigneuriaux. On brûle les bancs des ''privilégiés'' des église, on détruit les girouettes ( réservées aux possesseurs de fiefs) … Et en décembre, se généralise le refus du paiement des droits seigneuriaux...

En janvier 1790, en Bas-Limousin ont lieu des révoltes anti-seigneuriales.

C'est en février 1790 que se constituent les trois départements de la Creuse, de la haute-Vienne et de la Corrèze.

A lieu la fédération des gardes nationales – c'est à dire que les gardes nationales voisines se jurent un appui mutuel et fraternel - et le 14 juillet 1790, les municipalités organisent une fête pour célébrer cette Fédération. Se créent des clubs : des sociétés patriotiques avec beaucoup de commerçants et d'artisans.

 

A partir de janvier 1791, c'est la Constitution Civile du Clergé. On demande aux ecclésiastiques de prêter serment et on élit des évêques constitutionnels. C'est alors un tournant dans la révolution, car cette décision provoque de profondes divisions... Le bas-clergé est favorable à la Révolution, mais beaucoup de réfractaires invoquent leur conscience... Les ''jureurs'' ne sont pas enthousiastes... Pourquoi devoir choisir entre la Nation et l'Eglise ? Les ''jureurs'' seraient 62% en Corrèze, 47% en Haute-Vienne et 75% en Creuse ( selon l'Assemblée Constituante), des prêtres vont ensuite se rétracter …

 

Léonard Cramouzaud, le curé de Saint-Julien-le-Petit, refuse de prêter serment à la constitution ''schismatique'' du clergé, et émigre …

Pierre-Psalmet Cramouzaud, curé de Beaumont (du Lac), près d'Eymoutiers, nommé en 1762, refuse également de prêter serment. Il est condamné à la déportation hors de France. Malgré cette loi de déportation du 26 août 1792, il reste « caché dans le voisinage de sa paroisse, afin de continuer à veiller sur elle, et porter à ses habitants les secours de la religion »... Il est arrêté, et conduit à Limoges, où le tribunal criminel le condamne à mort, et le fait guillotiner le 21 novembre 1793. ( sources : l'abbé A. Lecler - 1918 )

Puis, les 20 et 21 juin 1791, le Roi ''s'enfuit'', puis il est fait prisonnier...

Le 23 août à La Souterraine, a lieu une insurrection contre le rachat des droits seigneuriaux...

La famille royale est arrêtée à Varennes le 21 juin 1791

Durant l'année, les départs en émigration deviennent nombreux.

Selon des actes: Jeanne de Villoutreys, et Jean Léonard de la Bermondie, vont divorcer durant la Révolution pour conserver les biens de Jean qui émigre en 1791; mais ils vont négliger de se remarier civilement après son retour...

 

Ce que j'en dis...: Jean Léonard de la Bermondie, après la fuite du Roi, puis son arrestation va considérer que son devoir est de rester au service du Roi de France. Bien que, partisan d'une monarchie Constitutionnelle, et donc favorable à la Révolution en son début, il partage certaines analyses du ''girondin'' et limougeaud Pierre Vergnaud (1753- et guillotiné en 1793), du moins en cette année 1791... Jean-Léonard comme noble, de plus, ancien page du Roi et officier, craint pour sa sécurité... Il choisit d'émigrer, mais refuse de servir dans l'armée avec les prussiens et les autrichiens contre la nation Française ... Aussi, choisit-il la Suisse, et Berne en particulier ...

 - Note: Emigration française en Suisse: principalement à Neuchâtel, Fribourg, Berne et Bâle. On a recensé 3 700 ressortissants français dans le canton de Fribourg en 1793, dont deux tiers d'ecclésiastiques...

A suivre:... J. L. De La Bermondie rencontre le jeune Hegel..!

Lire la suite

A Limoges, en cette fin du XVIIIe siècle – 1/. -

6 Septembre 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #Limousin, #XVIIIe siècle, #Limoges, #Histoire

Limoges 1837 ( détail) - Jean-Baptiste Tripon (1801-1878)

Limoges 1837 ( détail) - Jean-Baptiste Tripon (1801-1878)

Après Ambazac, enfin, la voiture empruntée par J. L. de La Bermondie retrouve - vers Limoges -  une route praticable ..

«  La voiture dérangeait les ateliers paroissiaux de la corvée des chemins. Ils travaillaient aux routes entre les grands labeurs de l'été et les pluies et le gel de l'hiver... le cœur n'y était guère et les corvoyeurs y mettaient toute l’ardeur qu'on peut attendre des gens qui font un travail forcé non payé... »

Plan: Ville de Limoges 1785

Plan: Ville de Limoges 1785

La ville de Limoges ( le château) est ceinturée de remparts qui tombent en ruine ; pourtant la plupart ont disparu et remplacés par une allée d'arbres, appréciée des citadins … Les routes de Paris et de Poitiers aboutissent à la porte Montmailler, l'une des quatre portes fortifiées … Là, on y trouve tout à côté la poste aux chevaux et une brigade de la maréchaussée... En 1781, une place ronde a été aménagée : la place Montmailler, rebaptisée Dauphine à la naissance de l’héritier de la couronne.

Tout le trafic Nord-sud doit ensuite s'engouffrer dans le dédale de rues étroites, bordées de maisons ventrues aux faîtages fatigués, pour, éventuellement, ressortir par la porte Manigne et de là dévaler le faubourg Saint-martial vers la Vienne...

 

Vue de Paris, Limoges apparaît comme une ville méridionale et pauvre. Et, une vraie ville dans la mesure où le jour et la nuit n'y sont, pas très bien partagés... Même si la chandelle pousse à suivre le soleil pas à pas. On se lève au premier jour, partout les premières messes se disent en hiver dans l'ombre ténue de l'aurore. A la ville, la nuit n'interrompt guère le mouvement de la ville.

 

A la campagne, chacun prolonge la soirée par la veillée. On y pèle les châtaignes du lendemain entre proches voisins car les chemins étaient trop infernaux, au sens propre comme au figuré, pour qu'on ose se risquer bien loin- Les paysans s'en repartent dans la nuit, les enfants accrochés aux basques, les oreilles pleines d'histoires de loups-garous.... La veillée terminée, la campagne s'endort, la porte soigneusement barrée.

 

En ville, après avoir blagué autour de l'âtre de la salle, souvent l'unique pièce du rez-de-chaussée de maisons bâties tout en hauteur, les enfants et les domestiques des familles bourgeoises grimpent les escaliers grinçants dans le noir épais, faute d'oser allumer des chandelles qui représentent alors une menace mortelle dans des villes de colombage et de lattis...

Les beaux jours, quand le soir décline, vient l'heure sacrée de la promenade. On se sort du centre aux rues infectes et au pavé disjoint dans lesquelles se déversent encore librement les latrines des maisons de notables. On s'en va marcher par les chemins ivres qui serpentent entre les jardins et les vignes soigneusement clos de murs. On marche encore à la nuit tombée. Plus moderne, les villes se pourvoient de promenades, endroits plantés et aérés, qui représentent le seul espace de rencontre possible. L'un des titres de gloire des intendants des XVIIe et XVIIIe siècles fut de doter les principales villes de leur généralité de ces allées, de ces cours qui portent encore souvent leur nom.

A Limoges, on peut trouver une promenade à plusieurs allées d'ormes, tout auprès d'un ancien amphithéâtre romain : les Arènes. C'est Boucher d'Orsay, qui les fait aménager en « vraie » promenade.

A l'intérieur de la ville, on a fait aménager une terrasse, la '' place sous les arbres'', à l'ombre immédiate du chevet de la basilique de Saint-Martial. Puis, c'est Tourny qui fait aménager les allées ; il fait démolir une vieille tour du rempart puis construire une porte de ville en forme d'arc de triomphe, frappée aux armes du roi, de la ville et des siennes propres. Et en calcaire, s'il vous plaît, importé à grands frais ! Tourny lui donne pour perspective un vaste cours planté d'où part la route de Clermont, si bien que s'y installe tout naturellement un champ de foire.

 

Les pauvres, qui habitent souvent des antres sans fenêtres, se.laissent prendre par la nuit assis sur le seuil de leur porte. Les auberges se remplissent, installées comme il se doit aux portes mêmes de la ville, comme les Trois Anges du faubourg des Arènes, dans ces faubourgs qui échappent un peu mieux que le centre à l’œil parfois sourcilleux des autorités de police et de commerce. Les joueurs de cartes s'y entassent dans des chambrettes empuanties par le tabac.

La nuit est bruyante d'un remue-ménage de caravansérail, et le tapage nocturne ne semble gêner que le sommeil des plus grincheux.

 

La poste aux chevaux, installée porte Montmailler, et les courriers de la poste aux lettres ajoutaient encore au vacarme. (…) Celle-ci s'arrête tard et reprend vers les deux ou trois heures du matin. Autant dire que ce carrefour, où aboutissent les deux chemins du nord et du nord-ouest, ne s'endort jamais. Les équipages vont boire aux étangs de la Motte, au coeur du vieux Limoges.

Puis, c'est le bruit des convois qui arrivent aux premières heures du jour aux portes de la ville où sont installés les différents marchés, de tradition immémoriale.

Les fers qui sonnent sur le pavé, les chevaux qui s'ébrouent, les longues plaintes criardes des ânes esseulés, le cri des coqs à 1'aube, les grognements des cochons des voisins, toute cette ménagerie n'était pas seule, loin de là, à remplir les nuits limougeaudes.

 

Sources : Michel C. Kiener et Jean-Claude Peyronnet : ''Quand Turgot régnait en Limousin''

Lire la suite

La ''malédiction'' de l'Ordre de Grandmont -2/2 -

4 Août 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #Grandmont, #Limousin, #Limoges, #Histoire, #XVIIIe siècle

« L’an du Seigneur 1536, au mois d’août, maître Charles Cadumpnat, chantre de ce monastère, étant assis dans le cloître avec frère Jean Massias, maître des novices, et plusieurs autres composa la petite prose ci après en disant: «Je vous assure, mes frères, que si je me tais, les pierres parleront. Nos ruines ne parlent-elles pas à la postérité ? » Puis, voyant enlever quelque chose du trésor de l’église, il dit en soupirant et en sanglotant :

« O illustre confesseur du roi des rois Jésus-Christ, grand saint Etienne, gloire du pays d’Auvergne, que votre prière nous recommande à la Trinité souveraine ! Regardez d’un œil pieux vos serviteurs qui soupirent vers vous ! Si vous n’étendez vers nous vos mains secourables, votre Ordre de Grandmont - va rester dans la désolation; car vos brebis sont dévorées par des loups ravisseurs, et elles souffrent chaque jour, les plus graves dommages.

Des maîtres étrangers ne cessent de dévorer tous nos biens sous nos propres yeux....

Malheur ! et encore malheur ! Quand le grand arbre SERA RENVERSÉ, SA CHUTE SERA SUIVIE DE BEAUCOUP DE RUINES, DE TRIBULATION ET DE DÉSOLATION ! ».

Comme il n’est question dans cette prose que de l’abbaye de Grandmont on ne peut entendre cette figure symbolique le Grand arbre , que de cet Ordre célèbre qui couvrait plusieurs provinces de ses vastes rameaux. Cette prophétie annonçait que le Grand arbre (l’Ordre de Grandmont) serait un jour renversé, et que sa chute serait suivie de beaucoup de ruines, de tribulation et de désolation. C’est ce qui est arrivé sur la fin du XVIII e siècle. »

Sources : HISTOIRE DE PAROISSE DE SAINT-SYLVESTRE (HAUTE-VIENNE) par le Chanoine A. LECLER - 1909

Une réforme de ''sticte observance'' est proposée, et le refus des autres religieux et la convoitise de l’évêque entraînent la suppression de l’ordre par la commission des réguliers en 1772.

 

Par les lettres patentes de 1769, Louis XV a autorisé la suppression de l’ordre de Grandmont. L'extinction de l'Ordre fut prononcée par le pape Clément XVI cédant aux instances de la Cour de France le 6 août 1772, mais ne fut confirmée par Louis XVI qu'en Mai 1784, le parlement de Paris ayant mis obstacle .

 

Le dernier abbé de Grandmont, François-Xavier Mondain de la Maison Rouge va résister le plus longtemps possible. Homme de grande foi, celui-ci va tenter vainement une réforme pour satisfaire la Commission avant de découvrir la réalité de la machination ourdie contre son abbaye et de combattre courageusement aussi bien la décision du pape que celle du roi lui-même.

Malgré la résistance du dernier abbé de Grandmont, l'Ordre disparait à sa mort le 11 avril 1787 ; en dépit des protestations des habitants, en particulier ceux de la paroisse de Saint-Sylvestre.

Les derniers grandmontains quittent l'abbaye en Juillet 1788.

 

Sa dernière rénovation datait du XVIIIe siècle; et l'abbaye est détruite en 1789. Les matériaux qui la composaient ont été utilisés en majeure partie pour la construction de la prison de Limoges puis pour les maisons du village. Une chapelle a été construite avec des matériaux de l'ancienne abbaye en 1825 par le dernier moine de Grandmont.

 

La destruction de l'Ordre de Grandmont fut conduite par Mgr Loménie de Brienne, archevêque de Toulouse, et rapporteur devant la Commission des Réguliers instituée par Louis XV en 1765 (1), et Mgr. Plessis d Argentré, évêque de Limoges, grand bénéficiaire de l'opération .

 

(1) ( cette commission devait permettre de refréner les abus du clergé et examiner la situation financière des établissements ecclésiastiques aux ressources insuffisantes..)

Le Cardinal Loménie de Brienne

Étienne-Charles de Loménie de Brienne (1727-1794) est aussi incroyant que manipulateur.. En utilisant trahison et duplicité, il s'acharne sur l'ordre. Avec l'appui de la reine Marie-Antoinette, il deviendra ministre. En 1788, il doit se retirer, laissant un trésor vide. En 1791, il deviendra évêque constitutionnel...

Louis Charles du Plessis d'Argentré (1723-1808) est évêque de Limoges ; il est épris de luxe et endetté par son projet fastueux de palais épiscopal qu'il se fait édifier ( actuel musée de l'évêché) et construit principalement par Joseph Brousseau ( né à Solignac, près de Limoges, vers 1733), de 1766 à 1773.

 

Description du site par Honoré de Balzac dans Le curé de village (1838-1841): « Le palais épiscopal de Limoges est assis sur une colline qui borde la Vienne, et ses jardins que soutiennent de fortes murailles couronnées de balustrades, descendent par étages, en obéissant aux chutes naturelles du terrain. L’élévation de cette colline est telle que, sur la rive opposée, le faubourg (…) semble couché au pied de la dernière terrasse. De là, selon la direction que prennent les promeneurs, la rivière se découvre, soit en enfilade, soit en travers au milieu d’un riche panorama. (…) La magie du site et la riche simplicité du bâtiment font de ce palais le monument le plus remarquable de cette ville où les constructions ne brillent ni par le choix des matériaux ni par l’architecture. »

Limoges - Evêché-Musée aujourd'hui

On peut se reporter au livre de M Gilles BRESSON : "La Malédiction des Grandmontains"

et au site : https://www.limousin-medieval.com/grandmont

 

Lire la suite

La ''malédiction'' de l'Ordre de Grandmont -1/2 -

1 Août 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #Grandmont, #Limousin, #Moyen-âge, #Histoire, #XVIIIe siècle

J.L. De la Bermondie, quittant la Marche pour rejoindre Limoges, passe par le bourg d'Ambazac.

Dans les années 1780, la grande affaire des paroissiens des alentours serait la fermeture ( voire la disparition...) de l'abbaye de Grandmont à Saint-Sylvestre; abbaye "chef d'ordre", c'est-à-dire qu'elle fonde un ordre monastique dont les préceptes vont ensuite être repris par d'autres moines, qui vont ainsi fonder plus d'une centaine d'abbayes sur toute la France... On parle donc de la destruction – même – de l'ordre de Grandmont... !

Pour certains, ici, ce serait inimaginable … ! Pensez-donc : Le roi d'Angleterre, lui-même, Henri II Plantagenêt y séjourne, et fait reconstruire le monastère.

Grâce aux dons d'Henri II Plantagenêt, duc d'Aquitaine, la première église fut construite et consacrée en 1166 à Grandmont.

Pourquoi ici, ce monastère ? - L'Ordre de Grandmont, fut fondé ( vers 1076) par Saint Etienne de Muret, qui s'était retiré de la vie publique dans les Monts d'Ambazac pour vivre avec ses disciples. Les rois d'Angleterre Henri I, Henri II puis Richard Cœur de Lion, se déclarent protecteurs de l'Ordre de Grandmont, et auraient construit des palais aux abords de l'Église.

 

Une date marquante est la canonisation d’Etienne de Muret en 1189 : évêque, abbés et barons se pressent à Grandmont. Les fils du Roi d'Angleterre : Henri le Jeune, Richard Cœur de Lion, et leurs sénéchaux s’y rendent. Parallèlement Grandmont fonde près de 160 dépendances (de la Champagne à la Navarre, de la Normandie, à l’Aquitaine et l’Angleterre) et en 1317 devient abbaye.

Plaque de l'autel majeur de l'abbaye de Grandmont Œuvre originale  Vers 1189-1190 - Saint Etienne de Muret apparait à son disciple Hugues de Lacerta

 

Puis vers le XVe siècle, le monastère est placé sous le régime de '' la commende''. Ses abbés commendataires profitent alors d'une bonne part de ses revenus ; même si pour certains, ils n'y viennent jamais, et préfèrent le séjour à la Cour... Les frères ne disposent plus alors que du tiers des revenus du domaine.

Eté 1306, la troupe nombreuse qui s'avance vers Grandmont, a à sa tête le pape Clément V. Il y reste une semaine avec messes solennelles et grandes dépenses de toutes sortes...

Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux, est devenu Clément V par la grâce de Philippe le Bel.

Tous deux mettent en place l'abolition de l'Ordre du Temple. Cela commence le 13 Octobre 1307, avec l'arrestation des Templiers dans tout le Royaume, et la condamnation à mort le 18 mars 1314... Avec cette fameuse et incertaine malédiction lancée par Jacques de Molay, au Pape et au Roi de France ...

Prieuré grandmontain Saint-Michel de Grandmont

Ici, il en est une autre malédiction que l'on se répète, historiquement avérée : celle de Maître Charles Cadumpnat, chante du monastère en l'an 1576... sa prédiction n'est-elle pas à la veille de se réaliser... ?

 

J.L. De la Bermondie et ses compagnons s'approchent de l'abbaye ; plus qu'une lieue et demie à parcourir par un mauvais chemin tracé dans les monts d'Ambazac.

Au bas du village de Grandmont, il font connaître leur arrivée ; et c'est avec des religieux venus à leur rencontre qu'ils traversent le village et pénètrent dans la cour de l'abbaye. Avant de rencontrer l'abbé général de l'Ordre, il leur est proposé un temps de prière dans l'église abbatiale.

 

Les visiteurs rencontrent ensuite l'abbé de Grandmont, François-Xavier Mondain de la Maison Rouge (1706- ), dans son appartement privé...

A cette époque, l'affaire est près de se terminer... Il ne reste plus que quelques religieux avec l'abbé, et l'évêque de Limoges, n'attend plus que la mort de l'abbé de Grandmont, pour dépouiller l'abbaye... Et, l'abbé souffre de plus en plus d'infirmité diverses, qui l'empêche de se déplacer...

 

J.L. De La Bermondie va alors comprendre ce qui se passe …

 

A suivre :

 

Lire la suite

Le Voyage de La Fontaine, en 1663, en Limousin...

11 Juillet 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #La Fontaine, #XVIIe, #Voyage, #Histoire, #Littérature, #Limousin

La vie de La Fontaine (1621-1695) ne fut marquée que par deux voyages. En 1678 il se rend à Lyon chez un banquier de ses amis. Et, auparavant en 1663, il part vers Limoges.

 

Nous pouvons lire un recueil des lettres adressées à sa femme lors de ce voyage, passant par Etampes, Orléans, Richelieu, Châtellerault, Poitiers, Chauvigny et Bellac. Écrites dans un style agréable où la prose et les vers s’entre-mêlent, elles permettent de découvrir l’itinéraire de La Fontaine, jalonné des rencontres qu’il fait et d’anecdotes. Il décrit les villes et les campagnes, et s’émerveille devant une statue ou un château…. Ce voyage s’achève à Limoges, dont il ne dit pas beaucoup de bien et où il séjournera de septembre 1663 à janvier 1664.

 

La Fontaine semble avoir été contraint à l'exil, avec son oncle Jannart, tous deux victimes de la disgrâce de Fouquet. C'est Jacques Jannart, conseiller du roi et substitut du procureur général au Parlement de Paris, qui avait épousé Marie Héricart, une tante de sa femme, qui – en 1654 - avait présenté la Fontaine à Fouquet. Il plaida, ensuite, en vers la cause de ce protecteur...

 

Fouquet est Arrêté le 5 septembre 1661 puis condamné le 4 décembre 1664 à Paris. Il est emprisonné au château d'Angers, et son épouse est '' limogée '' ! Avant même, en 1914, le maréchal Joffre qui place, ici, en résidence une centaine d'officiers qu'il juge incapables de faire face aux exigences de l'heure.

Madame Fouquet est connue pour sa vanité... Elle prend la route de l'exil à contrecœur. Tout au long du parcours, elle fera en sorte que les chevaux de son équipage freinent des quatre fers, comme l'explique l'Intendant du Limousin, Claude Pellot, venu lui présenter ses hommages à Fontenay : « Elle fait fort petites journées et va lentement, dans quelque espérance où elle est que l'on pourra changer son ordre pour aller à Limoges ». De fait, il lui faudra un mois pour rallier Limoges.

Madame l'ex-Surintendante loge dans l'abbaye de la Règle. Cette très puissante abbaye, toute proche de la cathédrale, est brillamment réformée par l'abbesse Jeanne de Verthamon au XVIIe siècle après une période de décadence. C'est elle qui accueille Madame Fouquet …  

 

Le départ de La Fontaine a lieu le 23 août 1663.
Marie Héricart
La Fontaine écrit à sa femme, restée à Château-Thierry. En 1647, il est marié avec Marie Héricart (elle a alors 14 ans), un mariage de complaisance... Dès la première lettre, il la raille avec une grâce taquine et un malicieux bon sens où se marque suffisamment leur incompatibilité. 
« Vous n’avez jamais voulu lire d’autres voyages que ceux des Chevaliers de la Table Ronde ; mais le nôtre mérite bien que vous le lisiez. Il s’y rencontrera pourtant des matières peu convenable à votre goût ; c’est à moi de les assaisonner, si je puis, en telle sortes qu’elles vous plaisent ; et c’est à vous de louer en cela mon intention, quand elle ne seroit pas suivie du succès. Il pourra même arrivé, si vous goûtez ce récit que vous en gouterez après de plus sérieux. Vous ne joüez, ni ne travaillez, ni ne vous souciez du ménage ; et hors le temps que vos bonnes amies vous donnent par charité, il n’y a que les romans qui vous divertissent. C’est un fonds bientôt épuisé : vous avez lu tant de fois les vieux que vous les savez ; il s’en fait peu de nouveaux, et parmi ce peu, tous ne sont pas bons : ainsi vous demeurez souvent à sec. Considérez, je vous prie, l’utilité que vous seroit, si en badinant je vous avois accoutumée à l’Histoire, soit des lieux, soit des personnes : vous auriez de quoi vous desennuyer toute votre vie, pourvû que ce soit dans l’intention de ne rien retenir, moins encore de ne rien citer : ce n’est pas une bonne qualité pour une femme d’être savante, et s’en est une très mauvaise d’affecter de paroître telle. »
Dans ses lettres plusieurs passages tendent à confirmer que La Fontaine n'a plus à craindre ou qu’il s’amuse à exciter la jalousie de sa femme. Mais, la relation du couple n’a jamais été bonne, les infidélités réciproques faisant le reste....

 

A Bourg-la-Reine, La Fontaine et son ami, prennent un carrosse de Poitiers :
« (...) en récompense trois femmes, un Marchand qui ne disoit mot, et un Notaire qui chantoit très-mal ; il reportoit en son pays quatre volumes de chansons. Parmi les trois femmes, il y avoit une Poitevine qui se qualifioit contesse ; elle paroissait assez jeune et de taille raisonnable, témoignioit avoir de l’esprit, déguisoit son nom, et venoit de plaider en séparation contre son mari ; toutes qualitez de bonnes augures, et j’y eusse trouvé matière de cajolerie si la beauté ne s’y fut rencontrée, mais sans elle rien ne me touche, c’est à mon avis le principale point. Je vous défie de m’y faire trouver un grain de sel dans une personne à qui elle manque. »
La Fontaine, semble, malgré lui, contraint de se presser :
« Je remets la description du château à une autre fois, afin d’avoir plus souvent l’occasion de vous demander de vos nouvelles, et pour ménager un amusement qui vous doit faire passer notre exil avec moins d’ennui. » (lettre de La Fontaine, 5 septembre 1663)

M. de Châteauneuf, est chargé de s'assurer que le déplacement est rapide...

« Je n’eus pas assez de temps pour voir le rempart […]. (30 août 1663 ( …) Nous n’eûmes pas le loisir de voir le dedans [château de Blois] »
« De Cléry à Saint-Dié, qui est le gîte ordinaire, il n’y a que quatre lieues, chemin agréable et bordé de haies ... »

A suivre ....

Lire la suite
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 > >>