histoire
CAROLINE SCHLEGEL-SCHELLING, ET LE ROMANTISME ALLEMAND. -1/3-

Schelling avait rejoint les critiques de Kant ( Träume eines Geistersehers) contre Swedenborg... Lui même avait alors écrit que les anges devaient être « les créatures les plus ennuyeuses de toutes»...
Puis, il eut ce choc émotionnel terrible: la mort prématurée de son épouse bien-aimée, Caroline - une intellectuelle de renom - en 1809, à l'âge de 46 ans.
L'intérêt de Schelling pour Swedenborg coïncide avec son travail de deuil. Sa curiosité pour l’autre monde est sans doute née principalement de son intense désir d’être avec l'être cher... Cependant Schelling cherche une philosophie étayée par des preuves expérimentales.
Schelling croit fermement en la communication avec le monde spirituel... L'éloge du mariage selon Swedenborg, lui parle … Si, à ses débuts, Schelling était assez éloigné de la notion d'immortalité individuelle ; Schelling envisage la notion de corporalité dans deux directions, matérielle et spirituelle. La mort est une transformation alchimique, un processus de purification, le passage d’un esprit incorporel à un corps spirituel... La mort est un processus naturel... La ''vraie mort'', la mort qui est la conséquence du péché, est la mort spirituelle, asservissement à la vie des sens physiques.

''Clara'', ou ''Sur la liaison de la nature avec le monde des esprits'' traite de la question de la survivance de l’homme après la mort et, à travers celle-ci, celle de la relation entre le monde d’ici (ou celui de la nature) et le monde outretombe (ou celui des esprits) –, c’est aussi un ouvrage qui raconte une histoire, celle d’une âme endeuillée. Schelling vient de perdre son épouse Caroline (le 7 septembre 1809).
Je vous propose de faire connaissance avec une femme qui mérite notre intérêt : Caroline Schlegel -Schelling (1763-1809)...

Vu de l'Allemagne ( au XVIIIe s. elle n'existe pas, et signifie: même appartenance linguistique : l'allemand), le XVIIIe siècle, fut pour les femmes, une époque pleine de promesses : les '' Lumières '', et ce que l'on a appelé la '' république des lettres '' , sur un fond de révolution française, laissent poindre un nouvel espace de liberté; et avec le Romantisme de nouvelles relations entre homme et femme...

Nous pouvons vivre les espoirs de cette époque avec Caroline Michaelis - Böhmer - Schlegel - Schelling (1763-1809)…
Caroline est la fille du professeur Michaelis, spécialisé en théologie et orientaliste reconnu, à Göttingen. Elle reçoit une éducation intellectuelle, et très tôt elle fréquente des familles d'intellectuels ( GE Lessing, GC Lichtenberg et JW Goethe.) et se lie d'amitié avec Thérèse Heyne et son futur mari, Georg Forster.

Le 15 juin 1784, elle épouse son ami d'enfance, le docteur Bergarzt Wilhelm Böhmer, elle déménage avec lui à Clausthal et donne naissance à trois enfants. Le 28 avril 1785, nait son premier enfant, une fille : Auguste (Gustel) Böhmer. Des trois enfants qu'elle accouche, seule la fille aînée survit. Après seulement quatre ans de mariage, son mari meurt (1788).
Elle revient à Göttingen, et décide de ne pas se marier à nouveau et vivre seule avec sa fille.
À Göttingen, elle rencontre Georg Ernst Tatter (1757-1805), et tombe amoureuse de lui.
Tatter a étudié la théologie de 1776 à 1778 à Göttingen. ( comme plus tard : Hegel, Holderlin, Schelling : 1788-1793). Secrétaire de l'ambassadeur britannique, il accompagne – dans leurs études - à Göttingen, les trois fils du Roi George III...
Elle laisse encore Göttingen et vit pendant un certain temps avec son frère à Marburg, puis retour à l'automne 1791 à Göttingen où elle revoit Tatter. Après la mort de son père en 1791, et la maison familiale vendue, Caroline déménage à Mayence, où la visite Tatter en Septembre 1792.

A Göttingen, Caroline se lie d’amitié avec le poète Gottfried August Burger et le critique August Wilhelm Schlegel.

A Mayence, Caroline y retrouve son amie d'enfance, Thérèse Forster; et a une liaison tumultueuse avec Georg Forster...
Georg Adam Forster (1754 - mort le 10 janvier 1794 à Paris) est un naturaliste allemand qui fut également ethnologue, écrivain voyageur, journaliste et révolutionnaire. Il participe à la deuxième expédition autour du monde de James Cook...
Thérèse Forster avait donc épousé Georg Forster en 1785, l'avait suivi à Mayence en 1788. Elle tombe amoureuse de Ferdinand Huber, et selon les vœux de son mari, font ménage à trois... A la mort de son mari, elle épousera Huber qu'elle suivra à Stuttgart en 1798. Elle publiera plusieurs romans

L'armée révolutionnaire française du Général Custine (1740-1793) entre dans Mayence le 21 octobre 1792.

La ville, demande son rattachement à la France sous le nom de ''République de Mayence''. Caroline fréquente les milieux révolutionnaires...
Mais, après la reddition de la ville obtenue par les troupes prussiennes (1793), Caroline tente de s'échapper en voiture avec sa fille, mais elles sont arrêtées et conduites à la forteresse de Königstein. Elle se rend compte qu'elle est enceinte d'un jeune officier français de Custine : le lieutenant Jean-Baptiste Dubois-Crancé, neveu du général François-Ignace Ervoil d'Oyré, stationné à Mayence au début de 1793.. Après avoir refusé de donner l'enfant au père qui la réclame, elle reçoit l'aide de A. W. Schlegel qu'elle épousera en 1796, plus par reconnaissance que par amour... L'enfant, lui, meurt en bas-âge
Après sa libération, Caroline, se retrouve déclarée ''persona non grata'' dans toute une série de villes où elle ne peut donc plus séjourner.

Elle épouse finalement August Wilhelm Schlegel (1767-1845) en 1796.
Schlegel, est un écrivain, poète, philosophe, critique, orientaliste et traducteur allemand et l'un des principaux théoriciens du mouvement romantique.
Schlegel a étudié à Hanovre, puis à Göttingen en 1786, où il a pour professeur, le père de Caroline.
En 1798, à Iéna, (Thuringe), où il est nommé professeur extraordinaire, il fait la connaissance de Goethe et de Schiller et fonde en mai avec son frère Friedrich une revue intitulée Athenäum.
Quand il sera séparé de sa femme en mai 1803, il deviendra, l'année suivante, l'amant de Germaine de Staël, séparée de Benjamin Constant... A suivre ...
La mort de Balzac

Le lendemain du dimanche 18 août 1850, la nouvelle courrait que Monsieur de Balzac était mort.... Bien vite Charles-Louis de Chateauneuf en eut la confirmation !
Charles-Louis avait rencontré l’écrivain dans divers salons. Il se souvenait avec beaucoup de reconnaissance de ses échanges sur la philosophie, la science ; et il l'avait écouté très sérieusement et avec intérêt, quand Charles-Louis avait évoqué le Graal...
Au premier regard, Balzac n'était pas beau, un homme petit, avec une grosse taille qu'un vêtement peut-être mal fait rendait grossier. Une grosse tête, un grand front et des yeux … Un regard foncé qui exprimait tant de choses... Un gros nez carré et une bouche énorme qui riait toujours... Sa bonne humeur devenait vite contagieuse

« Il y avait dans tout son ensemble, dans ses gestes, dans sa manière de parler, de se tenir, tant de confiance, tant de bonté, tant de naïveté, tant de franchise, qu'il était impossible de le connaître sans l'aimer... » Sidonie de Pommereul épouse du général François de Pommereul
Son ''épaisseur'' semblait lui donner de la force, et non lui en retirer... Il agitait ses grosses mains, et chacun restait captif de son regard... Il charmait, il fascinait, entrait en confidence... Il ne pouvait être que bon ; on se sentait en confiance, comme s'il était de la famille...
En 1836, une jeune fille proche des Visconti, Sophie Koslowska, écrivait à son père, diplomate russe : « M. de Balzac qui est aussi un homme supérieur, goûte la conversation de Madame Visconti, et, comme il a beaucoup écrit et écrit encore, il lui emprunte souvent de ces idées originales qui sont si fréquentes chez elle, et leur conversation est toujours excessivement intéressante et amusante. Voilà la belle passion expliquée. M. de Balzac ne peut pas être appelé un bel homme, parce qu'il est petit, gras, rond, trapu ; de larges épaules bien carrées, une grosse tête, un nez comme de la gomme élastique, carré au bout, une très jolie bouche, mais presque sans dents, les cheveux noirs de jais, raides et mêlés de blanc. Mais, il y a, dans ses yeux bruns, un feu, une expression si fort que, sans le vouloir, vous êtes obligé de convenir qu'il y a peu de têtes aussi belles. Il est bon, bon à mâcher pour ceux qu'il aime, terrible pour ceux qu'il n'aime pas et sans pitié pour les grands ridicules.[...] Il a une volonté et un courage de fer ; il s'oublie lui-même pour ses amis. [...] Il joint à la grandeur et à la noblesse du lion la douceur d'un enfant. »

Charles-Louis de Chateauneuf a rencontré Monsieur de Balzac dans le salon de la duchesse d'A.... Il eut la chance de pouvoir converser avec passion de science et de philosophie... Ensuite, alors qu'il le croisait de nouveau; il avait remarqué – avec délice – alors qu'il était entouré et en conversation – qu'il lui jeta un regard vif, pressé, gracieux, d'une extrême bienveillance. Il s'est alors approché de lui pour lui serrer la main ; et tout fut dit, sans phrase... Balzac n'avait pas le temps de s'arrêter de parler, mais c'était comme si la présence de Charles-Louis l'eût ranimé au lieu de l'interrompre...
En 1843, le comte Hanski, mari d'Eve Hanska meurt... Balzac fait alors plusieurs séjours à Saint-Petersbourg avec sa bien-aimée...
Balzac a de gros soucis financiers.. Il emprunte beaucoup … Balzac dépense beaucoup pour l’aménagement de la Rue Fortunée ; en proportion égale de son amour pour la belle Eve, c’est-à-dire énormément...

En 1848, Balzac est prêt à repartir. Il prend le train à la Gare du Nord le 19 septembre.. On va maintenant de Paris à Cracovie en 60 heures...
1849 : il avoue à sa sœur, en décembre « A 50 ans avoir encore 100 000 francs de dettes, et ne pas être fixé sur une question qui est toute ma vie et mon bonheur, voilà la thèse de l’année 1849. »
1850 : Balzac est terriblement épuisé par des crises cardiaques successives, des étouffements et des bronchites...
L'administration du tsar refuse à Mme Hanska de conserver ses terres en cas de mariage avec un étranger... L’état de santé de Balzac n'est pas bon ; finalement elle franchit ce pas tant espéré par Balzac depuis des années : en février 1850, elle prend la décision de donner ses terres et son domaine à sa fille, afin de pouvoir l’épouser et l’accompagner en France...
Le mariage est enfin célébré le 2 mars 1850, à l’église Sainte-Barbe de Berditchev en toute intimité.

M. et Mme Honoré de Balzac quittent Wierzchownia le 24 avril 1850 et reprennent le chemin de Paris, à petites étapes, parce que la santé de l'écrivain exige des précautions.
Balzac se préoccupe auprès de sa mère de l’état de la maison qui doit être prête pour accueillir sa femme. Il lui écrit de Dresde, « j’espère être rue Fortunée le 20 ou au plus tard le 21, je t’en prie donc instamment, fais que tout sois prêt pour le 19 et que nous trouvions à déjeuner ou à dîner, quand bien même les provisions seraient perdues car j’ignore à quelle heure nous arriverons l’un de ces trois jours là. »
Le couple arrive enfin à Paris dans la soirée du 21 mai. Balzac voit l'un de ses rêves se réaliser : l’arrivée de sa femme dans leur demeure conjugale, 12 rue Fortunée, l'ancien hôtel de M. de Beaujon que Balzac avait acheté ( en sept. 1846) et tout fait préparer ... Mais, le domestique devant les accueillir n’est pas là ; et il faut appeler un serrurier en pleine nuit et forcer la porte…
À peine arrivé, la santé de Balzac se détériore encore. Mais, il reçoit encore... Charles-Louis de Chateauneuf a la grande opportunité d'accompagner le romancier et poète, Auguste Vacquerie (1819-1895), qui décrit ainsi sa visite : « Puis nous passâmes tous dans le salon principal, nous vîmes Balzac assis ou plutôt à demi couché dans un grand fauteuil placé près d’une fenêtre; il était enveloppé d’une longue robe de chambre; sa tête reposait sur un oreiller, sou ses pieds s’étalait un cousin. Ah quelle lamentable métamorphose le temps la maladie avenir opéré en lui ! Tombée cette belle vitalité ; éteint cette vaillante exubérance qui rendait sa personne si originale si attractive. Le romancier n’était plus que l’ombre de lui-même ».

Ce jour là, Balzac, tient absolument à faire présent à Charles-Louis, d'un manuscrit de jeunesse... Il lui assure que ces quelques pages pourraient l'intéresser dans ses recherches « au sujet de ce Graal, dont vous m'avez parlé... (…) Et, vous reconnaîtrez quelques idées de notre cher Swedenborg (*)... »
Charles-Louis reste surpris de l'intensité de son regard où semble se réfugier toute la vie.
***
En juillet, ses souffrances deviennent atroces. Au début d'août, les étouffements commencent. Balzac entre en agonie le 18. Ce jour-là, Victor Hugo est venu le voir, il a raconté cette dernière visite dans 'Choses vues'. « Une autre femme vint qui pleurait aussi et me dit : «Il se meurt. Madame est rentrée chez elle. Les médecins l'ont abandonné depuis hier. Il a une plaie à la jambe gauche. La gangrène y est.... (…) La nuit a été mauvaise. Ce matin, à neuf heures, monsieur ne parlait plus. Madame a fait chercher un prêtre. Le prêtre est venu et a donné à Monsieur l'extrême- onction. Monsieur a fait signe qu'il comprenait. Une heure après, il a serré la main à sa soeur, Mme de Surville. Depuis onze heures il râle et ne voit plus rien. Il ne passera pas la nuit. Si vous voulez, monsieur, je vais aller chercher M. de Surville, qui n'est pas encore couché. »»

(…) « J'entendis un râlement haut et sinistre. J'étais dans la chambre de Balzac.
Un lit était au milieu de cette chambre. Un lit d'acajou ayant au pied et à la tête des traverses et des courroies qui indiquaient un appareil de suspension destiné à mouvoir le malade. M. de Balzac était dans ce lit, la tête appuyée sur un monceau d'oreillers auxquels on avait ajouté des coussins de damas rouge empruntés au canapé de la chambre. Il avait la face violette, presque noire, inclinée à droite, la barbe non faite, les cheveux gris et coupés courts, l’œil ouvert et fixe. Je le voyais de profil, et il ressemblait ainsi à l'Empereur. »
Balzac meurt pendant la nuit du 18 août 1850. L'enterrement eut lieu le 21 août, après un office à l'église Saint-Philippe-du-Roule, au cimetière du Père Lachaise, ce haut-lieu de l’œuvre balzacienne, d'où le jeune Rastignac avait jeté son défi à Paris: "À nous deux maintenant", où gisaient Esther Gobseck, Lucien de Rubempré, tant d'autres personnages. Victor Hugo prononça l'éloge funèbre du romancier.
(*) E. Swedenborg, dans le prochain article ... A suivre ….
Sur la piste du Graal : le comte de l'X. -1-

Le comte de l'X. ramène de Palestine quantités d'antiquités et même quelques ''fausses'' reliques avec certificats. Ainsi : un fragment de la Sainte Eponge, un plâtre moulé dans l'Empreinte du pied du Christ laissées lors de l'Ascension et conservée sur le Mont des Oliviers. Plusieurs pierres, dont l'une proviendrait du Temple de Salomon, etc ...
Les Templiers, auraient mis en œuvre le plus grand trafic de reliques qui n'ait jamais existé... ! Ils se sont appropriés le Mont du Temple, et l'ont fouillé de toutes parts … Ils sont devenus les possesseurs et les convoyeurs des plus importantes reliques, comme des fragments de la Vraie Croix...


1119 : Fin de la restauration de la tombe du Christ par les Croisés et début des travaux de la nouvelle Basilique. Les futurs Templiers se sont emparés des reliques de la tombe du Christ pendant la restauration. Créé en 1120, par quelques chevaliers, l'Ordre du Temple s'est développé dans tout l'occident...
1146-1147 : Robert de Craon - le second maître de l'Ordre du Temple jusqu'en1149 - ramène en France une partie des reliques de la tombe du Christ. ...
En 1247, le patriarche de Jérusalem confie à un templier le soin d'apporter au Roi d'Angleterre Henri III, l'ampoule contenant le ''Saint Sang'' ...
Le 15 mai 1272, le maître du Temple Thomas Berard envoient en Occident « du bois de la vivifiante croix du Seigneur, des reliques de la Table du Seigneur, du sépulcre du Seigneur , etc.. Auparavant elles ont été authentifiées par Jean archevêque de Tyr, et par Humbert, frère du Temple et évêque de Banyas »

Une relique très particulière, aurait été mis au ''secret'' : la Coupe de la cène, lors du dernier repas … Une coupe mythique jusqu'en son matériau, et son origine …
Pour ce qui est de la ''Sainte Coupe'', ou du Saint-Calice.. ; c'est à dire du Graal … Voici ce que le Comte retient de ses nombreuses interrogations auprès des archéologues, du moins ceux qui prennent au sérieux la question …
Une tradition veut qu’après la dernière cène, l’Apôtre Pierre ait pris le Graal pour l’emmener jusqu’à Rome. Il y serait resté jusqu’à la persécution de l’empereur Valerian (257-260). Nous sommes alors en 258 après JC, le diacre Lawrence reçoit du pape Sixte II les trésors de l'Église, avec la tâche de les protéger et les cacher ....

On soutient que le légendaire Calice pourrait être encore à Rome. Mais où? Peut-être, selon certains indices, dans la basilique Saint-Laurent hors des murs. Sur la tombe de Saint-Laurent, est clairement représenté un calice avec quelques gouttes de sang stylisées.
Pourtant, là à Rome, il y aurait une fresque qui représente Henri II, le duc de Bavière recevant une coupe en or de Lawrence. La coupe serait donc passée en possession des souverains de l'empire germanique ...

Cependant, le Comte de l'X, évoque le ''calice de Gênes'', en lien d'ailleurs avec les templiers... Nous sommes alors à l'époque de la République de Gênes, une des républiques maritimes d'Italie. L'implantation des templiers ( Roger de Flor, y est connu..) s'est faite principalement dans les villes côtières et avait pour objectif de fournir des hommes pour les états latins d'Orient. A Gênes, donc, - commanderie templière ( Domus Templi de Sancta Fide , Sancte Fidei - la tradition dit que l'on conservait en sa cathédrale Le ''Sacro Catino'', transporté à Gênes par Guglielmo Embriaco dans le butin de la conquête de Césarée en 1101. Guillaume de Tyr le décrit comme un "vaisseau de la couleur la plus verte, en forme de plat de service" ( vas coloris viridissimi, in modum parapsidis formatum ) que les Génois disaient être en émeraude …

L'original aurait été caché ( dans ce cas, où?), et remplacé par une copie... En effet, lors la campagne d'Italie menée par Napoléon Bonaparte, la copie fut dérobée et emmenée à Paris en 1809... Et, une commission de l'Académie des sciences de l'Institut de France conclut que ce vase était fait en verre coloré, et non pas en émeraude... L'objet fut de plus rendu (en 1815) cassé ; et reste exposé à la cathédrale Saint-Laurent de Gênes.
Le Comte de l'X, fut ébranlé, par le récit de cette histoire... Ses recherches, lui ont permis de collecter diverses légendes autour de ce Graal … - Un Graal d'émeraude.

Le "Sacro Catino" aurait été rapporté, par les templiers croisés, résultat de leurs premières fouilles à Jérusalem... Dans les restes du temple construit par Hérode Ier le Grand en l'honneur d'Auguste à Jérusalem..
Non seulement, le Christ aurait bu dans le Sacro Catino, mais avant cela il aurait été offert par la reine de Saba (Yémen, Arabie) au roi Salomon pour garnir son temple construit pour abriter l'arche d'alliance, coffre contenant la table des Dix Commandements reçue par Moïse.
D'après Hérodote, cette coupe d'émeraude se trouvait dans le temple d'Héraclès à Agrigente.

Jacques de Voragine dans sa Chronique de Gênes (Chronicon januense, fin du XIIIe siècle) dit que Jésus et ses disciples mangèrent dans un plat d'or ou d'émeraude lors de la Cène, et que, selon certains livres anglais, Nicodème utilisa pour recueillir le sang du Christ, un vase d'émeraude appelé Sangraal.
Jean Danton, l'historiographe de Louis XII en fit une description en 1501 dans sa « Vie de Louis XII deuxième partie chapitre XXI » comme l'ayant vu :
« Ce très précieux vaisseau est une émeraude entaillée en manière d'un grand plat en largeur de deux palmes d'un si beau vert que toute émeraude mise auprès en est obscurcie et contient en rond au-dessus du plus large six palmes en quadrature au fond dudit plat est un autre petit rond fait au compas selon la proportion de sa grandeur et dès le bord de ce rond jusqu'au bout du plat sont six quarrures faites à la ligne et pour soutenir ce plat au-dessous sont deux anses de même pierre assez larges pour passer la main d'un homme et d'un travail merveilleux aussi dit-on que Jésus Christ au jour de sa cène le fit lui-même d'un peu d'argile. Ce trésor d'inestimable prix est soigneusement gardé dans le sacraire du grand dôme de Saint Laurent de Gènes. »
Au XIXe siècle, la piste des Templiers -2/2-

La route de Ch.-L. De Chateauneuf, est bordée d'étonnants personnages qui vont le conduire dans sa Quête : des femmes ( et leurs salons …) d'abord qui lui ouvrent des espaces du possible : la sensibilité, avec ce que l'on nomme à l'époque par ''les sentiments'' et un chemin de connaissance avec toujours les mathématiques ( Wronski, Sarrazin de Montferrier, lui-même est un Maître de l'ordre moderne du Temple. ); et l'ésotérisme ( en opposition parfois à la doctrine catholique de ce XIXe siècle, comme on va le voir ici - avec la résurgence templière …

Le Chevalier de Fréminville, publie la charte Larménius de transmission de la Grande Maîtrise des Templiers depuis 1324, jusqu’à l’année 1804.
Ce serait Philippe, duc d'Orléans (le futur Régent), qui en 1705 fit promulguer les statuts de l'ordre moderne du Temple, qui se présentait comme le successeur de l'ordre du même nom, supprimé en 1312 à la demande de Philippe IV le Bel. Cet ordre maçonnique aristocratique se reforma sous le Directoire.
De tendance libérale, l'Ordre du Temple devient suspect sous la Restauration. Le 4 novembre 1804, le médecin Fabré-Palaprat (1773-1838) est proclamé grand maître de l'ordre, sous le nom de Bernard-Raymond...

Le père F.F. Chatel ( 1795-1857), curé de Lèves, dès 1829 est inquiété par sa hiérarchie pour ses positions libérales... Le dimanche 23 janvier 1831, Chatel annonce l’ouverture à Paris d’une '' nouvelle église française''. On y préconise le français dans la liturgie, et le retour aux doctrines primitives de l’Église (le célibat des prêtres remis en question); le refus de la confession obligatoire, l'élection populaire des prêtres et des évêques,et le refus de l’excommunication et de l’interdit… ... La Profession de foi annonce fièrement parmi les réformes, l’emploi de « la langue nationale », mais aussi la volonté d’être citoyen autant que prêtre, l’amour de la patrie et de la liberté, « travailler au bonheur de la classe indigente ».... Chatel prêche le retour à une religion naturelle fondée sur la raison, débouchant sur le socialisme, le recours au suffrage universel, l’égalité de l’homme et de la femme, l’abolition de la peine de mort, etc...

Alexandre Dumas, qui a assisté à un culte à Lèves (Eure-et-Loir), conclut dans ses Mémoires : « C’était un peu plus ennuyeux qu’en latin, en ce qu’on était à peu près forcé d’écouter. Voilà la seule différence que nous trouvâmes entre les deux cultes ».
Châtel reconnaît être ''Johannite''... Il a fait partie de l’Ordre du Temple de Fabré-Palaprat qui comptait dans ses rangs d’illustres ecclésiastiques, comme Mgr. Mauviel, évêque constitutionnel de Saint-Domingue et Mgr. Salamon évêque in partibus d’Orthose. Palaprat est le médecin du célèbre abbé Grégoire, qui a permis la rencontre entre Chatel et Palaprat...
Un mot sur l'abbé Grégoire : Jean-Baptiste Grégoire, est né le 4 décembre 1750 à Vého et mort le 28 mai 1831 à Paris... Prêtre catholique, il devient évêque constitutionnel et l'une des principales figures de la Révolution française.
La légende de la filiation Larmenius est propagée par l’abbé Grégoire ; je rappelle qu'elle raconte que Larménius, commandeur de Jérusalem, aurait été désigné par Jacques de Molay comme futur Grand-Maître. L’Ordre serait alors resté dans l’ombre jusqu’en 1804 avec la résurgence officielle orchestrée par Fabré-Palaprat, Chevillon et Ledru. Cette année là, l’ordre des « Chevaliers de l’Ordre du Temple », avec Fabré-Palaprat comme Grand Maitre est autorisé par l’Empereur Napoléon 1er. De nombreux maçons de la loge Sainte-Caroline rejoignent cette nouvelle association templière.

L'abbé Grégoire prêta serment à la Constitution civile du clergé, c'est - ainsi qu'il l'a précisé dans le discours qu'il prononça alors, « parce qu'après le plus mûr examen » - il « déclare ne rien y apercevoir qui puisse blesser les vérités saintes que nous devons croire et enseigner »
Franc-maçon l'abbé Grégoire, après avoir été le défenseur des juifs de Lorraine, se consacre à la cause des Noirs et fit voter le 4 février 1794 l'abolition de l'esclavage. Jusqu'à sa mort Grégoire mène la plus ardente campagne pour obtenir l'abolition définitive de l’esclavage et de la traite.
Bernard Lecache (1895-1968): journaliste, franc-maçon, membre du Grand Orient de France, fonde la loge « Abbé Grégoire ». il est le fondateur de la Ligue contre les pogroms en 1927, devenue la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) en 1979.
Il est curieux de constater également, qu'à cette époque, l'Eglise de Saint-Sulpice à Paris, aujourd'hui considéré par certains comme le temple de l'ésotérisme, avec : le gnomon initiatique, les peintures mystérieuses de Delacroix, les symboles maçonniques dispersés... Donc, que l'église sert de siège social à de nombreuses sociétés secrètes. Elle est déjà le lieu des alchimistes, rosicruciens et francs-maçons, le lieu est surnommé «Nouveau temple de Salomon».
Sanctuaire de saint Sulpicius le Pieux, la fondation est fort ancienne... la vaste crypte souterraine rend compte à quel point le Saint-Sulpice actuel est rehaussé par rapport à la vieille chapelle... La construction de l'Eglise actuelle ( première pierre en 1732) fut longue. Le Maître-autel était de marbre bleu turquin, il avait la forme d'un tombeau ; et le tabernacle représentait l'Arche d'Alliance... Et, les templiers, sont censés être les dépositaires de l'Arche d'Alliance...
Victor Hugo s’est marié à Saint-Sulpice, Baudelaire et Robespierre y ont été baptisé...
Même les surréalistes, avaient prévu de se réunir, à ses côtés : au café de la Mairie, 8, place Saint-Sulpice; sont venus là: Beckett, Perec, Hemingway, Fitzgerald...
Emile Signol (1804-1892), et Eugène Delacroix ( trois fresques dans la Chapelle des Anges...) ont semé divers indices dans leurs peintures, pour attiser notre curiosité …

Barrès - Dans un livre intitulé Le Mystère en pleine lumière, paru en 1926 - explique comment Delacroix a orienté le choix de ses tableaux: « Il va à la partie héroïque du drame angélique, et le 2 Octobre 1849, le jour même de la fête des Anges, dans un entretien avec le curé de Saint-Sulpice, il s'arrête à trois grands sujets: La lutte de Jacob avec l'ange, Héliodore chassé du Temple par les anges, et puis pour le plafond, l'archange Michel qui terrasse Lucifer. Durant douze ans il y va travailler de tout son instinct et de toute sa science. »
Le tableau '' La lutte avec l'ange '' va inspirer un roman à Anatole France (La révolte des anges): « J'ai pénétré les antiquités orientales, la Grèce et Rome, j'ai dévoré les théologiens, les philosophes, les physiciens, les géologues, les naturalistes. J'ai su, j'ai pensé, j'ai perdu la foi .»
Au XIXe siècle, la piste des Templiers -1/2-

Vous comprenez que les informations sur le XIXe s., que je vous résume, ne nous éloignent pas de notre histoire, celle de la quête de Charles-Louis de Chateauneuf, au contraire, c'est la partie objective, historique de l'aventure que vit le jeune limousin, sur la traces de ses prédécesseurs...
S'il poursuit Mme J, jusque dans ses escapades; c'est que - comme dans Ferragus de Balzac - Mme J. va conduire Charles-Louis aux portes d'une société secrète...

Les chevaliers du Nouveau Temple, est l'une d'entre ces sociétés, qui s'enracine dans un passé mythique et professe une espérance en rupture de la monarchie, et de l'Eglise : les deux pouvoirs qui ont pris l'énorme responsabilité de faire disparaître l'Ordre des Templiers...
Essayons de comprendre ce qu'il en est, en cette première moitié du XIXème siècle :
Le Mythe templier, reprend vigueur, même si le siècle a du mal à effacer cette ''légende noire'' savamment construite par la monarchie, Walter Scoot lui-même en reprend les stéréotypes … L'abbé Grégoire reconnaît qu'il émane de lui une force collective, qui le séduit ...
C'est d'abord au sein de la Franc-maçonnerie, et depuis les XVIIIe s. que l'ordre réapparaît.

En 1804 Bernard-Raymond Fabré-Palaprat devient grand maître de la loge maçonnique parisienne des Chevaliers de la Croix, affiliée au Grand Orient de France, en remplacement du docteur Jacques-Philippe Ledru, qui prétend avoir reçu les pouvoirs du dernier grand maître secret de l'Ordre du Temple...
C'est Fabré-Palaprat, qui produit un manuscrit latin daté de 1324, la Carta Transmissionis (ou charte Larménius du nom du premier successeur de Molay), qui porte les signatures des grands maîtres depuis la chute de l'Ordre, liste qui comprend entre autres, Bertrand Du Guesclin, Bernard VII d'Armagnac, le connétable Henri Ier de Montmorency, et le régent Philippe d'Orléans. En 1810, l'abbé Grégoire, dans son Histoire des sectes religieuses, se dit convaincu de l'authenticité de la Charte de Laménius
En Allemagne, Herder (1744-1803), poète, théologien et philosophe allemand. Ami et mentor du jeune Goethe, s'est attaché à réhabiliter les templiers. Ce disciple de Kant est considéré comme l'inspirateur du ''Sturm und Drang'' ( romantisme ..).. Adolf von Knigge, féru d'occultisme et d'alchimie est franc-maçon du rite de la Stricte Observance Templière. Ce rite revendique une filiation templière et domine la franc-maçonnerie allemande...
Au XIXe c'est l'histoire et la chute de l'Ordre du Temple, qui sont revues... La fameuse malédiction contre les rois de France proférée sur le bûcher en 1314 par Jacques de Molay -Grand Maître des Templiers – se manifeste à nouveau...
Notons, que la légende de cette malédiction existe dès la fin du XIVème, en pleine guerre de Cent Ans (1337–1453), certains soutiennent que Jeanne d'Arc l'évoque lors de son entrevue ( confidentielle ) de Chinon, avec le Dauphin, lui assurant qu'il n'en sera pas la victime …
Les Templiers sont bien là … !
Les sociétés secrètes également, et en particulier après 1848, les comités de solidarité de Ledru-Rollin, vont aussi s'organiser sur le même modèle : on parlera alors des sociétés des Mariannes ; particulièrement vivantes dans les milieux ruraux ( on va parler de franc-maçonnerie populaire …) … Dans la région de Clamecy, les Mariannes comptaient alors 300 "frères".
Comme curiosité, voici un '' Je vous salue Mari..'', alors que l'Eglise de France encense l'Empire après avoir accepter de saluer le coup d'état du 2 décembre 1851, par un Te-Deum dans les diocèses ..

« Je vous salue Marianne pleine de force, le peuple est avec toi, le fruit de tes entrailles, la République, est béni. Sainte Marianne mère du droit, aie pitié de nous ! Délivre-nous...
Vierge de la Liberté, délivre-nous des rois et des papes !
Vierge de l’Égalité, délivre-nous des aristocrates !
Vierge de la Fraternité, délivre-nous des soldats !
Vierge de la Justice, délivre-nous des juges !
Vive la République démocratique et sociale universelle !
Ainsi soit-il ! »

En février 1846, la revue littéraire La Revue des Deux Mondes publie un article de Théophile Gautier intitulé « Le Club des Haschischins ». Bien-sûr, l'article écrit dans un style ''gothique'', joue sur la parodie, même si le texte décrit un salon littéraire bien réel. Ce club fait référence à la première des sociétés secrètes, les Assassins, avec le système d’initiation de Hasan-i Sabbâh, il sous-tend leur lien avec les Templiers et l'échange de leurs connaissances … Dans ce club, où on explore également les propriétés du haschisch on peut rencontrer Alexandre Dumas, Victor Hugo, Eugène Delacroix, Gustave Flaubert, Gérard de Nerval, Baudelaire ...

On parle, également, d'adeptes du culte déiste et humanitaire "Théophilanthrope" inspiré du calvinisme et de la franc-maçonnerie qui exerce en l'église Saint-Sulpice de Paris, sous l'égide de Jean-Baptiste Chemin-Dupontés (1767-1850) - Loge " Isis-Montyon "…
Le lien, vers l'Eglise, peut se faire ici... Parmi les frères de la loge, on peut reconnaître la présence de l’Abbé Ferdinand Francis Chatel (1795-1857) qui y est entré en 1831 ; et fondateur de l’Eglise dite catholique française...
En effet, le grand maître de l'ordre du Temple se présente comme le successeur de Saint-Jean... Et, l'Eglise catholique Johannite ou Église Johannite des Chrétiens Primitifs, est dite Templière.
A suivre …
Société secrètes

Il faut rappeler le contexte :
La monarchie de Juillet (1830-1848), proclamée le 9 août 1830 après les émeutes dites des « Trois Glorieuses », succède en France à la Restauration. Pour les légitimiste, le roi des français Louis-Philippe est un usurpateur …

C'est le temps des complots, des conspirations … Un temps où le mystère coïncident avec le succès du Romantisme... Un temps héroïque, ou diabolique … Que peut-on en dire … ?
Certaines révélations sont de notoriété publique. Ainsi, la ''charbonnerie'', après les échecs des premiers soulèvements militaires de 1820, plutôt bonapartistes, se réorganise...
Les chefs légitimistes et la duchesse de Berry, semble abandonner la conspiration. Des républicains choisissent l’action parlementaire, sinon sont en exil ou en prison. De nouvelles structures comme , les Familles (de sensibilité et de langage saint-simoniens), ou les Saisons, plus secrètes ( voir Buonarotti, l’héritier de Babeuf..) apparaissent.

« Les sociétés populaires, légalement interdites comme clubs, n’en étaient pas moins actives ni moins influentes ; soit de concert, soit par instinct, elles s’étaient divisées et multipliées pour ne pas courir toutes ensemble le même péril ; mais sous leur nom divers, les Amis du Peuple, les Amis de la Patrie, les Réclamants de Juillet, les Francs-Régénérés, la Société des condamnés politiques, la Société des Droits de l’Homme, la Société Gauloise, la Société de la liberté, de l’ordre et du progrès, n’étaient en réalité qu’une seule et même armée, animée du même esprit et marchant, sous la même impulsion, au même but » Guizot.
La ''Charbonnerie '' est une société secrète, répandue dans divers États européens pendant le premier tiers du XIXe siècle, particulièrement en Italie. Elle emprunte en grande partie à la franc-maçonnerie son symbolisme et son rituel initiatique. Le saint patron des Charbonniers, est saint Théobald... !
Le thème d'une ''force supérieure'' invisible qui tente de modifier profondément l'état existant en le tirant soit vers le Bien, soit vers le Mal, a toujours existé... Une nouvelle conception de l'Histoire, du fait de la Révolution, intègre la notion de ''Progrès'' … La société reste inégalitaire ; et l'égalité doit se cacher …

« (...) toute dissidence d’opinions, soit dans la foi, soit dans la politique, a dû se manifester en société secrète » George Sand
Sur la question religieuse, les sociétés secrètes qui fonctionnent sur le modèle maçonnique ( déiste ) , rejettent – le plus souvent – la religion établie … Néanmoins, le curé de Clichy, l’abbé Chatel, proposera une ''aumônerie'' à quelques uns de ces groupes ...
Plus-tard la société secrète blanquiste impose la renonciation à la totalité des rites maçonniques empruntés à la Charbonnerie, et prône l’indifférence métaphysique, tendant en pratique vers le matérialisme.
Alexandre Dumas, Balzac, Sue ou Victor-Hugo, ont intégré dans leurs romans, des faits qui relèvent de ces sociétés secrètes … Ferragus, de Balzac est le premier volet d’un cycle de trois récits consacrés à une société secrète extraordinairement puissante, les Treize...

Bien sûr, il n'est pas aisé de démêler ce qui se trame sous le couvert de ses nombreuses ''sociétés secrètes '' … Contemporaine, George Sand, elle-même a tenté de comprendre... En effet, Pierre Leroux lui a suggéré d'écrire une suite à Consuelo, en en faisant le roman des sociétés secrètes.... La romancière cherche à donner à son histoire la plus grande vraisemblance et rassemble pour cela toute la documentation disponible. Mais la tâche est difficile comme elle l’expose à son mentor dans une lettre de juin 1843 : « Vous ne savez pas dans quel labyrinthe vous m’avez fourrée avec vos francs-maçons et vos sociétés secrètes. C’est une mer d’incertitudes, un abîme de ténèbres. Il y a tant d’inconnu dans tout cela, que c’est une belle matière pour broder et inventer, et au fait, l’histoire de ces mystères ne pourra, je crois, jamais être faite que sous la forme d’un roman ». Lettre à P. Leroux, après le 15 juin 1843, dans George Sand , Correspondance, Paris, Garnier frères

Dans La Comtesse de Rudolstadt, George Sand fait du Conseil suprême des Invisibles le maître d’un vaste réseau de sociétés secrètes, à l’insu des unes et des autres. Cette petite élite travaille à l’avènement du règne terrestre de l’Égalité en prêchant une religion nouvelle fondée sur « la formule mystérieuse et profonde » : Liberté, Égalité, Fraternité...
Comme l'explique L’initiateur des Invisibles à Consuelo, la religion de l’avenir est en lien étroit avec l’hérésie : « Nous sommes les héritiers des Johannites d’autrefois, les continuateurs ignorés, mystérieux et persévérants de Wickleff, de Jean Huss et de Luther »
La doctrine des Invisibles repose en effet sur une version primitive du christianisme, qui s’est perpétuée mystérieusement à travers les âges sous forme d’hérésies et de sectes, ou d'ordre comme les Templiers ...

George Sand s'est intéressée à la Stricte Observance fondée par le baron von Hundt (1722-1766) sur lequel elle interroge Ferdinand François ( voir correspondance)... Hunft a fondé en 1751 en Allemagne, en son château de Kittlitz, un nouveau système de hauts grades inspiré de l'Ordre du Temple et dirigé par des ''Supérieurs Inconnus '' … C'est là sans-doute où Consuelo ( une femme …) reçoit l’initiation... Cet Ordre du néo-Temple, se répand très vite et va attirer une douzaine de princes régnants... Goethe y a adhéré, ainsi que J G Fichte...
En France, la loge néo-templière des ''Chevaliers de la Croix'' accepte les femmes... La loge ''la clémente Amitié'' en 1840 et 1841, va initier trois femmes... Cette tentative de mixité va hélas avorter ...
Société secrète, et quelques femmes ...
Avertissement : cet article ( et surtout les suivants...) est une toute petite partie – centrée autour d'un personnage – d'un faisceau d’événements sous-tendus par des sociétés secrètes qui fleurissaient à l'époque...

Nous sommes à l'époque où , un personnage comme, Charles-Louis de Chateauneuf, fréquente une société de salons qui se targue d'être à la pointe des idéaux politiques, pour un monde idéal proche, et sur la lancée d'une Révolution qui n'en finit pas de se terminer ….
Ces révélations sont incertaines, puisque secrètes ; elles reposent sur des témoignages dont la véracité est sujette à caution... Rumeurs familiales, légendes et faits sont traités à même enseigne …

L'esprit de Charles-Louis est de plus en plus occupé par une femme qu'il a rencontré dans le salon d'une duchesse... Mme J. est belle, fine ; et il la tient pour délicate, vertueuse ; et considère que son amour naissant est sans espoir, puisqu'elle est mariée.. ! Tout juste se convainc t-il de lui faire une cour digne d'un chevalier qui aime sa Dame d'un amour courtois...
Alors que le jeune homme parcourt l'une de ces rue, où aucune femme honnête n'ose s'aventurer... Il trouve dans celle qui s'aventure devant lui, une vague ressemblance avec celle qui occupe ses pensées... Son cœur bondit, il s'arrête net … Il l'observe s'éloigner de lui, sa démarche met en valeur la beauté de ses formes, il devine sous son châle, les épaules blanches déjà aperçues... La femme prend une allée... Il a le temps de se presser et de la voir entrer dans une de ces horribles maisons...
Il va attendre... jusqu'à la voir ressortir, et reconnaître celle qu'il aime secrètement. Elle marche vers un fiacre et y monte …
Cette jeune femme appartient au cercle serré des amies de Madame d'A. qui tient un salon du faubourg Saint-Germain où toutes les coteries contre l'usurpateur se tiennent la main …
Dans ce vieil Hôtel, on y a le culte des ancêtres. Les repas sont longs, substantiels ; on offre à ses convives le poisson de ses étangs, le gibier de ses forêts; on leur verse abondamment les vins vieux des ancêtres...
Après la révolution de 1830, le faubourg Saint-Germain se replie sur lui-même, il boude, selon l’expression du temps. On perd des charges, des places, des honneurs ; on affecte de paraître ruiné...
Cependant le vent nouveau, et Madame d'A. ne craignent pas certaines excentricités, ainsi elle attire quelques romantiques : Sainte-Beuve, Eugène Sue, Liszt, etc.
Elle met à la mode la fiction de l’amour platonique ( l'amour courtois...) , qui accommode agréablement les plaisirs de la coquetterie avec les avantages de la vertu. Des étrangères viennent beaucoup chez elle, la comtesse Delphine Potocka, la baronne de Meyendorff, madame Apponyi …
Delfina Potocka (1807-1877) : En 1825 elle épouse le comte Mieczysław Potocki, dont elle se sépare … Elle sera une intime de Chopin, et du poète romantique Zygmunt Krasiński... Delfina Potocka sera le grand amour de Krasiński. Et si en juillet 1843, il épouse la comtesse Eliza Branicka , leur romance dure jusqu'en 1846 …

Les dimanches après-midi de 1833 à 1835, Frédéric Chopin se rend fréquemment au 107 rue Saint-Dominique à Paris. A l’ambassade d’Autriche, le comte et la comtesse Apponyi reçoivent chaque semaine pour une soirée musicale. Ce fut, sous la Monarchie de Juillet, l’un des salons les plus brillants de Paris, l’un des plus réactionnaires aussi, mais où se rencontraient, en territoire "neutre", les légitimistes aussi bien que les orléanistes.
La divine Thérèse est aussi l'une des étudiantes de Chopin; il lui a ouvertement dédié le Nocturne op. 27 …
Chopin Nocturne C Sharp minor op 27 #1 Valentina Lisitsa

Dans cette société d’origine chevaleresque, Madame d'A. reçoit des hommages fervents et constants. Elle règne par la beauté, elle a le privilège de tout dire, le droit d’asile et de grâce; elles décident souverainement de l’opinion dans les délicatesses de la bienséance et dans les délicatesses de l’honneur.
La coquetterie et la galanterie y règnent dans les relations des deux sexes... En amour comme en amitié, les liens sont souples, légers et durables …
Un cercle d'amies fidèles rabat vers son salon, les jeunes gens prometteurs ; elles usent de tous les artifices – sauf leur honneur - pour les fidéliser et le amener à devenir membre d'une certaine société…

Ces nouvelles héroïnes, à la recherche d'une excentricité tapageuse, se rapprochent d'un nouveau type de femme : '' la lionne ''....
« À l’imitation des héroïnes de George Sand, la lionne affecte de dédaigner les grâces féminines. Elle ne veut ni plaire par sa beauté ni charmer par son esprit, mais surprendre, étonner par ses audaces. Cavalière et chasseresse, cravache levée, botte éperonnée, fusil à l’épaule, cigare à la bouche, verre en main, tout impertinence et vacarme, la lionne prend plaisir à défier, à déconcerter en ses extravagances un galant homme. »

Il se peut que ce fut par cette porte, qu'entra en scène la femme du demi-monde... C'est elle qui – à présent - donne le ton, un ton si peu aristocratique … Tentative féministe qui avortera ; cette mode, au lieu de se répandre dans la société, se marginalisera dans la seconde moitié du XIXe, et sera réservée aux « grandes horizontales »
Pour l'heure, des femmes investissent la sphère publique ; et certaines s'opposent de s'en tenir à la tenue du foyer ; quitte à créer le grand scandale en imposant leur choix... Un exemple...

Une amie fidèle de Catherine Belgiojoso : renommée pour être une belle et élégante cavalière, Anne Berthier ( 1816-1878), la dernière des trois enfants du maréchal Berthier. Sa famille, pense l'assagir en la mariant en 1834, à Jules Lebrun, comte de Plaisance (1811 – 1872). Et bien... Familière des salons les plus en vue, elle va créer le scandale... Finalement, elle s’enfuit, avec le mari de la Princesse (!) - le prince Emilio Barbian Belgiojoso - en Italie... Leur histoire d’amour va durer huit ans au cours desquels ils vivent reclus dans la villa Pliniana, située sur le lac de Côme.
A suivre...
Un jeune romantique en ces années 1830 - 3-
Le père de la jeune Anaïs Bosio était sculpteur, et il en avait fait le buste ….
Jean Bernard Duseigneur (1808-1866) dit Jehan Du Seigneur est aussi sculpteur, il étudie sous Bosio... Et, vers 1830, il déserte l'école classique, cherchant dans le Moyen Âge chevaleresque et chrétien des inspirations nouvelles. Il fait partie du cénacle qui se groupe autour de Victor Hugo.
Il rencontre Charles-Louis de Villeneuve et lui fait connaître quelqu'un qui fait partie de ce cercle médiéviste qui est en train de se former …
A noter que Jehan fréquente le salon d'Alfred Tattet (1809-1856). Son salon était fréquenté par Charles Nodier, Vigny, Lamartine, Félix Arvers, Roger de Bauvoir, D'Althon Shée, (dont la fidèle épouse fut la maîtresse de Musset, puis du peintre Paul Chenavard qui avait exécuté son portrait), et Ulrich Guttinguer, le plus fervent propagateur du romantisme...

Ainsi, Charles-Louis rencontre, Charles de L'Escalopier (1812-1861), qui en 1840, devient conservateur à la bibliothèque de l'Arsenal sous la direction de l'académicien Charles Nodier (1780-1844), et membre de plusieurs sociétés savantes...
Passionné par le Moyen-Âge, il décore sa maison en gothique flamboyant et installe un musée médiéval de pièces d'orfèvrerie, d'ivoire, de bronze. Il acquiert des émaux très rares et des reliques pour la plupart douteuses … C'est lui, qui avance à Robert-Houdin, le Magicien– devenu son ami - la somme nécessaire pour ouvrir un théâtre de magie à Paris. Le 3 juillet 1845 a lieu la première des '' Soirées fantastiques de Robert-Houdin '', rue de Valois, au Palais-Royal. C'est le succès immédiat.

En 1835, le comte Charles de l'Escalopier fait donc construire "à la campagne" une maison entourée d'un vaste terrain (à l'époque jusqu'à la rue Joseph de Maistre) ; elle vaut la visite... :
L'Annuaire de Paris et de ses environs de Leblanc de Ferrière décrit la demeure : « La façade sur la cour présente une tour en saillie crénelée en son sommet ; à gauche un avant-corps carré, surmonté d’une terrasse et d’un balcon ; les formes et les ornementations de l’édifice sont dans le style du Bas Moyen Âge, des années 1450, règne de Louis XI ; les encadrements des ouvertures, le balcon, les clochetons et les culs-de-lampe sont d’un gothique plein de délicatesse et de goût dans le choix et la réalisation ; le cadre d’une fenêtre au rez-de-chaussée est une copie fidèle de la porte de Jeanne d’Arc à Domrémy. »

L'Hôtel était agrémenté d'un vaste jardin, d'un gymnase et de serres remarquables : « Contiguës au bâtiment, elles sont exposées vers le sud, sur une ligne de cent vingt pieds de long et de douze pieds de large ; elles sont construites en fer ; ornées de roches et de bassins elles sont chauffées à la vapeur et renferment une collection remarquable de végétaux à propriétés historiques, les plus rares et les plus précieuses. On y entre par le salon dont la glace sans tain au-dessus de la cheminée offre une vue sur ces serres au centre desquelles un pavillon, de vingt-huit pieds de haut avec des colonnes ornées de chapiteaux dorés, est consacré à la culture des bananiers.

Les serres contiennent des bambous, des papayers, des arbres à pain, des cocotiers ; tous ces arbres sont en pleine terre. Dans la quatrième serre se trouvent les plantes qui exigent le plus de chaleur : orchidées, bois de santal, muscadier, cacaoyer, copayer, mangoustanier, mancenillier, vanille… » Leblanc de Ferrière.
L'Hôtel de l'Escalopier fut détruit en 1882.

Le comte va constituer une prestigieuse collection de livres. Les serres vont être remplacées par une bibliothèque riche de cinq mille neuf cents ouvrages dédiés à l'Archéologie, à l'Histoire et à la Théologie. Il crée un musée destiné à ses amis et aux visiteurs de passage où l'on peut admirer des bois sculptés, des émaux, des ivoires, de l'orfèvrerie ou encore des verres médiévaux...
Et ce qui est fascinant, pour Charles-Louis de Villeneuve, c'est que cet érudit médiéviste va entreprendre un voyage en ''Terre Sainte'' et se faire adouber chevalier de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem ( le 21 juillet 1837) ; en effet, depuis le XVe siècle, la Custodie de Terre sainte a le privilège exclusif de créer des « chevaliers du Saint-Sépulcre »
Existerait-il donc des templiers en ce XIXème siècle ?
A suivre ...
L'Histoire d'Ivanhoé – selon Walter Scott ( Résumé) – 3/.-
* Notes : Après le première partie centrée sur le tournoi d'Ashby-de-la-Zouche, la seconde le sera sur la captivité à Torquilstone ; et la troisième sur le procès de Rebecca à Templestowe, le fief des Chevaliers-Templiers...
Rappel : de Bracy à l'aide de faux '' hors-la-loi'' ont emprisonné le parti saxon, dans une forteresse ( saxonne) contrôlée à présent par le normand Front-de-Boeuf. Cela pourrait être à l'image de l'Angleterre dans son ensemble …
Les deux seules personnes à s'être échappées sont Gurth et Wamba. Ils se sont précipités dans la forêt et retrouvent Robert Locksley (l'archer du tournoi). Il va rassembler ses forces... Le Chevalier noir accepte de le rejoindre.
Cedric est un personnage intéressant dans Ivanhoé; passionné et imparfait, il souhaite désespérément rétablir le pouvoir des Saxons en Angleterre... Et Scott décrit son inquiétude pour son fils '' déshérité'', mais blessé...

Nous commençons à présent le Chapitre 23 :
L'action des chapitres suivants a lieu à Torquilstone, le château de Reginald Front-de-Boeuf.
Cédric , Isaac, Lady Rowena et Rebecca sont conduits au château de Front de bœuf , ils sont séparés, les femmes sont conduites dans des appartements, Cédric dans une vaste salle et Isaac dans un cachot.
Front de bœuf menace le vieux juif d’être torturé, s’il ne lui donne pas mille livres d’argents.
Isaac plaide pour que Rebecca soit autorisée à se rendre à York afin d'obtenir l'argent, mais on lui dit de façon inquiétante que Rebecca appartient maintenant au templier, Sir Brian de Bois-Guilbert !
Le templier Bois-Guilbert tente de convaincre Rebecca d'accepter d'être sa maitresse … Rebeca courageuse, envisage plutôt de se jeter par la fenêtre. Devant tant de courage Bois-Guilbert renonce et prend l’engagement de ne pas lui faire d’outrage , et d’attendre qu’elle lui appartienne de son plein gré...
De Bracy demande à Lady Rowena sa main en mariage, Elle refuse. Si elle ne consent pas, il menace de tuer à la fois Cédric et Ivanhoé. Elle en est tellement éplorée, qu'il en est presque ému ... L’alarme l’interrompt.

En dehors du château, les hors-la-loi ont planifié leur attaque. Ils ont échangé des lettres de menaces avec les Normands. Les Normands répondent que les Saxons ne quitteront jamais le château en vie... et qu'ils feraient mieux d'envoyer un prêtre entrer dans le château pour donner les derniers sacrements aux prisonniers saxons... , et ces derniers décident de tirer parti de l'offre. Ils envoient le bouffon Wamba dans le château habillé en frère pour qu'il puisse informer Cedric des projets des hors-la-loi. Les Normands amènent "le frère" dans la cellule de Cedric et Athelstane.

Wamba habille rapidement Cédric de son déguisement et le fait sortir du château. Auparavant, déguisé en prêtre, Cédric parcourt des salles du château en espérant que personne ne lui demandera de parler latin. Il croise Rebecca, qui a soigné Ivanhoé, et Ulrica, qui lui raconte sa vie : après que les Normands eurent pris le château à ses ancêtres saxons, elle est devenue courtisane des saxons pour sauver sa vie. Maintenant qu'elle est vieille et laide, elle est frappée et insultée....
Note : Alors que Bois-Guilbert et de Bracy font pression sur les femmes pour qu'elles se soumettent … La détermination de Rowena et Rebecca les fait fléchir … La passion qui les anime, au risque de leur vie, les rend plus humains …

Cedric rejoint le Black Knight et Robert Locksley devant les portes du château et ils commencent leur attaque contre Torquilstone. À l'intérieur du château, Rebecca a convaincu une vieille femme emprisonnée dans le château de l'emmener aux côtés d'Ivanhoé ; experte en médecine, elle s'occupe d'Ivanhoé, blessé. ( le corps inconscient d'Ivanhoé était caché et emmené avec eux à York..).
Ulrica, la vieille femme, se moque de Front-de-Boeuf et le nargue, lui rappelant qu'il est coupable du meurtre de son propre père. Pendant le tumulte, elle met le feu à Torquilstone.
Les Normands continuent à se défendre alors même que leur château brûle autour d'eux. Rebecca est enlevée par Bois-Guilbert alors qu'Ivanhoé est trop faible pour l'en empêcher.

Le ''Chevalier Noir'' se bat vaillamment et sauve Ivanhoé des flammes. Les autres prisonniers parviennent à s'échapper par leurs propres moyens.
Athelstane semble être tué lorsqu'il tente de bloquer l'évasion de Bois-Guilbert et est frappé à la tête avec l'épée de Bois-Guilbert. De Bracy, le normand est fait prisonnier par le chevalier noir. Le Chevalier noir murmure quelque chose à l'oreille de De Bracy, qui se rend.... Torquilstone brûle... Ulrica chante une chanson de mort inquiétante.
Dans la forêt, les hors-la-loi se félicitent d'avoir triomphé des tyrans normands. Cédric dit au Chevalier noir qu'il lui doit un service, il peut tout lui demander …
Locksley est reconnaissant au ''Black Knight'' de les avoir aidé. Le Chevalier noir demande à ce que Locksley laisse De Bracy partir en liberté. De Bracy s'en va bouleversé par certaines informations secrètes que le ''Chevalier Noir '' lui a communiquées à Torquilstone....

L'un des hors-la-loi apprend au pauvre Isaac qu'il a vu Rebecca se faire enlever par Bois-Guilbert. Isaac quitte la forêt en panique pour sa fille. Le Chevalier noir se prépare également à quitter les hors-la-loi. Il dit à Cedric qu'ils devraient se retrouver au château d'Athelstane, pour assister à ses funérailles. Wamba accompagne le chevalier noir comme guide dans la forêt.
Pendant ce temps, le prince Jean attend à York ses fidèles chevaliers, Front-de-Boeuf, Bois-Guilbert et De Bracy. De Bracy arrive en sang et sale. Il explique ce qui s'est passé à Torquilstone et confirme ce que nous pouvions soupçonner: le ''Black Knight'' est le roi Richard 1er. Le Prince Jean envoie un groupe d'hommes le tuer puisque, il serait seul sur la route...
Isaac se précipite chez la communauté des Templiers de Templestowe pour tenter de négocier avec Bois-Guilbert la liberté de sa fille Rebecca. Malheureusement pour Isaac, il tombe sur Lucas Beaumanoir, le Maître des Templiers. Ce Beaumanoir est un homme sévère et inflexible. Il déteste les juifs et les femmes...

Lorsqu'il apprend que Bois-Guilbert a capturé une femme et de plus juive, il blâme immédiatement Rebecca au lieu de Bois-Guilbert. Beaumanoir affirme que c'est la sorcellerie de Rebecca et non la faiblesse de Bois-Guilbert qui est à l'origine de sa présence à Templestowe.... Mais, Bois-Guilbert se trouve de plus en plus amoureux de l’indomptable Rebecca, qui continue de rejeter ses avances.
Beaumanoir décide d'organiser un procès pour sorcellerie contre Rebecca.
Bien sûr, Rebecca est condamnée à mort pour crime de sorcellerie. Avant son exécution, Beaumanoir accepte de lui faire subir le jugement de Dieu avec un combat. Il nomme Bois-Guilbert en tant que représentant des Templiers. Si un champion accepte de se battre pour Rebecca, ils se battront en duel. Si le templier gagne, Rebecca sera tuée et s'il perd, il mourra lui-même... ! Rebecca donne à son père une note lui demandant de faire venir Ivanhoé. Même s'il est blessé, elle pense qu'il est le seul homme susceptible de la défendre lors d'un procès au combat.

Nous avons coupé au chevalier noir à travers la forêt avec Wamba. Le Roi Richard est pris en embuscade par un groupe d'assassins ( mené par Waldemar Fitzurse ) envoyés par le prince Jean. Il appelle au secours les hors-la-loi et ils arrivent pour l'aider. Une fois que les hors-la-loi voient que le chevalier noir n’est autre que le roi Richard Ier, ils lui rendent hommage.... Le roi Richard leur pardonne actions passées et promet d'aider à réparer les torts qui les ont menés dans la forêt. Robert Locksley, le capitaine hors-la-loi, se présente sous son vrai nom: Robin Hood ( Robin des Bois) … Chacun connaît à présent la véritable identité de chacun...
Ivanhoe et Gurth les rejoignent, et tous se rendent au château d'Athelstane pour son inhumation …
Au château d'Athelstane, le roi Richard fait promettre à Cedric de pardonner à son fils , Cédric accepte de se réconcilier avec Ivanhoé... Soudain, Athelstane semble revenir des enfers des morts... Il n'avait été que blessé... ! Il raconte comment il a pu se délivrer de son propre cercueil et exhorte Cedric à accorder Rowena à Ivanhoé, affirmant qu'il est indigne d'elle. Un messager arrive avec le message d'Isaac pour Ivanhoé. Ivanhoé s'en va immédiatement pour aider Rebecca, suivi de près par le roi Richard.

Le lendemain, les Templiers se rendent sur le terrain de duel. Un bûcher est déjà mis en place pour brûler Rebecca si son champion perd ou ne se montre pas. Juste à temps, un chevalier arrive: c'est Ivanhoé... . Même s'il est toujours blessé, il ne laissera pas Rebecca brûler sans défense. Ivanhoé et Bois-Guilbert préparent leurs lances et montent l'un contre l'autre. Lors de la joute, Ivanhoé est tellement épuisé et faible qu'il tombe de son cheval au tout premier passage. Mais de Bois-Guilbert tombe également sur le sol : il est mort, tué par l'intensité de ses passions contradictoires... Beaumanoir prend cela comme preuve que Dieu est du côté de Rebecca et la libère.

Le Roi Richard renvoient Beaumanoir et les Templiers d' Angleterre … Il arrête ou exile les chevaliers normands qui ont rejoint la rébellion de son frère... Cédric abandonne enfin le rêve de voir un roi saxon sur le trône d’Angleterre. Il voit à présent tous les avantages à ce que son fils Ivanhoé à épouse Rowena.
Peu de temps après leur mariage, Rowena reçoit un visiteur surprise: Rebecca. Elle veut la voir avant de quitter le pays. L'Angleterre a trop de préjugés contre les juifs pour que Rebecca et Isaac se sentent à l'aise ici. Ils ont décidé de rejoindre l'Espagne, où ils ont de la famille. Cependant, Rebecca souhaite laisser une boîte à bijoux à Ivanhoé et à sa famille. …
Ivanhoé poursuit une carrière héroïque sous le roi Richard, jusqu'à ce que la mort prématurée du Roi – à Châlus près de Limoges - mette fin à tous ses projets mondains.
Ivanhoé a été blessé pendant plus du tiers du livre... Son seul acte héroïque a été de remporter le tournoi, et il l'a fait non pas en tant que Ivanhoé mais en tant que ''The Disinherited Knight''.

Ivanhoé représente la plus haute fleur de la chevalerie, et nous ne voyons presque jamais les événements de son point de vue. Son histoire d'amour avec Rowena est un thème secondaire de l'intrigue. L'important, ici, c'est le rôle d'Ivanhoé comme représentant les tensions entre les Saxons et les Normands
Ivanhoé est un Saxon qui entretient des relations étroites avec un roi normand. Il suggère un modèle de comportement différent de celui proposé par Cédric, férocement anti-normand. L'intérêt de Walter Scott pour l'Histoire l'amène à proposer avec Ivanhoé un exemple dans l'orientation prise par l'histoire anglaise ; lors du retour de Richard des Croisades, le temps de l'unification … Remarquons, qu'au moment où Scott écrit son roman, rien ne distingue l’Angleterre normande de l’Angleterre saxonne. Cependant, en 1194, Richard fut contraint de reprendre le pouvoir à Jean et à la noblesse; il fut en fait re-couronné en avril 1194...
Le procès de Rebecca, ternit l'image des Templiers, il souligne l'horrible injustice de la procédure. W. Scott s'engage ainsi contre les préjugés médiévaux ( et de son époque …) envers les juifs. Rebecca, belle, admirable et impuissante, est menacée de toutes parts par d’énormes guerriers immoraux.

Le début de la scène du jugement de Dieu par le combat, crée une tension très particulière, alors que la foule attend de voir si un héros arrivera pour la sauver et que De Bois-Guilbert commence à désespérer. Enfin, un chevalier héroïque arrive sur les lieux pour sauver Rebecca.
Un chevalier chrétien, qui accepte de se battre contre un chrétien, pour une juive … !
Mais le héros est tellement fatigué, déjà pour s'être précipité sur les lieux qu'il perd ses forces le combat, et pour se retrouver soudainement victorieux puisque son adversaire meurt subitement ! Cette fin, est acceptable à la période romantique où se roman est écrit. Ivanhoé est plus un produit du temps pendant lequel il a été écrit (1819) que du temps pendant lequel il se passe (1194).

Ivanhoé est avant tout un roman d'aventures. Sa popularité et sa longévité lui valent une place parmi les grands romans historiques de tous les temps.
Walter Scott met en lumière un des épisodes critiques concernant un moment important de l’histoire anglaise, le retour du roi Richard Cœur de Lion en Angleterre après quatre années passées à se battre dans les croisades et à croupir dans les prisons autrichiennes et allemandes.
La narration est très rythmée, passant d’un tournoi à un enlèvement, d’un siège à un procès de sorcellerie. L’intrigue se clôt sur le mariage d’Ivanhoé et de Rowena, symbole de la fusion entre Normands et Saxons, et prémisse de la nation anglaise.
* Note : Il paraît que le siège du château de Châlus en Limousin, où est mort en 1199 Richard Cœur de Lion, a fourni à Walter Scott le canevas du siège du château de Front-de-Bœuf.

« Scott est certainement l’écrivain le plus étonnant d’aujourd’hui... Je ne connais pas de lecture où je me plonge avec autant de plaisir » William BYRON
« Le vrai délice des romans de Walter Scott vient de ce que nous y prenons connaissance du temps passé, non à travers le style ampoulé des tragédies françaises... mais comme s’il s’agissait de la vie quotidienne ». Alexandre Serguéievitch POUCHKINE
« Quel est donc le prestige employé par Sir Walter Scott pour nous tenir attachés à la lecture de ses romans comme l’avare couve des yeux un trésor qu’il craint de voir diminuer ? Ce prestige, ce talent, consiste dans l’art d’exciter la curiosité(...) de soutenir l’attention par des incidents inattendus, d’alimenter l’intérêt par des situations qui aggravent sans cesse l’embarras des personnages... » HOFFMANN
Lecteur admiratif de Walter Scott, DELACROIX a exécuté de nombreuses toiles inspirées par la lecture de ses œuvres...
Un jugement négatif cependant, celui de CHATEAUBRIAND :
« L’illustre peintre de l’Ecosse me semble avoir créé un genre faux ; il a selon moi perverti le roman et l’histoire : le romancier s’est mis à faire des romans historiques, et l’historien des histoires romanesques ».
Au XIXe siècle, le retour du Moyen-âge. -2/.-

Dans les années 1820-1830, l'auteur romanesque le plus populaire en France est indubitablement Walter Scott (1776-1832). Ses romans font partie des livres les plus lus dans les cabinets de lecture...
On lit dans la revue '' Le Globe '', datée du 23 juillet 1825, cette constatation: « on n'écrit plus aujourd'hui que des romans historiques. »
« On a peine à se figurer aujourd'hui l'effet que produisirent en France les romans de W. Scott. Ce fut comme une révélation : un Moyen Age inconnu sortait du tombeau, armé de pied en cap. » (Louis Maigron (1866-1954) )

Walter Scott bouleverse radicalement les codes établis du XVIIIe s. en mettant à l'avant-scène des héros fictifs issus de toutes les couches sociales et en prônant dans l'écriture la redécouverte d'un authentique passé national. Avec la Révolution, l'Histoire entre dans la vie de chacun... Et si chacun peut en devenir acteur, il y a la volonté de la comprendre, de lui donner un sens...
L'Histoire ne prend plus pour seuls héros, des grandes figures monarchiques ou des personnages mythiques de l'Antiquité gréco-latine (référence historique obligée depuis le XVIIe siècle).
W Scott a le souci de faire revivre le passé des nations, avec le désir de retrouver ses racines.. L’itinéraire des héros est fonction de l’Histoire... L'éclairage est romanesque, et vrai : avec des descriptions très développées...

Victor Hugo – dans ''Quentin Durward'' loue l’œuvre d’un écrivain qui « a senti [ce] qu’il fallait [...] à une génération qui vient d’écrire de son sang et de ses larmes la page la plus extraordinaire de toutes les histoires humaines ». Victor Hugo, ' Quentin Durward ou l’Écossais à la cour de Louis XI, par sir Walter Scott ', La Muse française, n° 1, juillet 1823.
1819-1820 : - Le jeune homme Balzac s’oriente alors vers le roman historique dans la veine de Walter Scott,... ''Les Chouans'', 1826 est un roman ''scottien'' ...
- Victor Hugo à 17 ans, s'est pris de passion pour Scott : « Walter Scott est un homme de génie ». Avant le drame romantique Hernani ; Hugo lorsqu'il écrit '' Cromwell '' (1827), se place sous les figures tutélaires de Shakespeare et de Walter Scott. '' Notre-Dame de Paris '' (1831). décrit le passage d’une civilisation à l’autre. Une vision pessimiste, puisque l’imprimé a tué le livre de pierre ; et l'Histoire écrase les Grands comme le peuple...
- Alfred de Vigny - ''Cinq-Mars'' - en 1825, est souvent considéré comme le Walter Scott français...

Cinq-Mars donne l'image d'une noblesse contre un pouvoir centralisateur, et conte la disparition de l’ancienne société féodale.
Vigny publie d’ailleurs sa théorie du roman historique dans la troisième édition de Cinq-Mars en 1827, dans une préface intitulée « Réflexions sur la vérité dans l’art ». Il défend l’idée d’un récit qui « perfectionne l’événement pour lui donner une grande signification morale ». Il affirme que la liberté qu’il prend avec l’histoire est « la liberté que les Anciens portaient dans l’histoire même », car « à leurs yeux l’histoire était aussi une œuvre d’art ».
- Alexandre Dumas, ''pilote'' la rédaction entre 1842-1848 de 11 grands romans historiques. Infidèle à l'Histoire, il s'en sert comme d’un prétexte.
Peu de romans du XIXème siècle échappent à l’Histoire jusqu’au dernier roman historique romantique (Quatre-vingt treize, Hugo)
L'historien Augustin Thierry (1795-1856) s'est nourri aussi des romans de Walter Scott.

Il lui rend un vibrant hommage, et particulièrement à '' Ivanhoé '', un livre dont Thierry prend connaissance alors qu'il travaille depuis quelques années déjà à son opus magnum : « II a fallu qu'un romancier, homme de génie, vint, dans ces derniers temps révéler au peuple anglais que ses aïeux n'avaient pas tous été vaincus dans un même combat. » Plus tard, il devait reparler de l'influence exercée sur lui par l'illustre écrivain écossais : « Simple romancier, il a porté sur l'histoire de son pays un coup d' œil plus ferme et plus pénétrant que ceux des historiens eux-mêmes. »
Enfin, je rappelle parmi les acteurs même de notre Histoire : ..- Rêvant elle-même d'aventures, la duchesse de Berry dévorait les romans médiévaux de chevalerie, comme la légende des chevaliers de la Table Ronde, la tête farcie disait-on des œuvres de Walter Scott.

Souvenez-vous de Félicie de Fauveau qui délaisse sa carrière prometteuse de sculptrice pour s’opposer à Louis-Philippe Ier, après l’abdication de Charles X en 1830. Elle entre en résistance au côté de la comtesse de La Rochejaquelein qui mène l’insurrection royaliste pour la duchesse de Berry depuis son château de Landebaudière, en Vendée.
« Dans son âme, il y avait quelque chose de plus inspirateur qu’une impulsion politique, écrira l’historien Jacques Crétineau-Joly. C’était un rêve de Moyen Âge qui se réalisait pour elle, une sorte de chevalerie en gros sabots et en veste de bure qu’elle évoquait du fond de son cœur. » Le soulèvement tourne au fiasco du 3 au 7 juin 1832. La duchesse de Berry est arrêtée. Condamnée à la déportation, Félicie de Fauveau gagne clandestinement Paris et se réfugie à Florence au printemps 1833, où elle demeurera. « Faites pendre Walter Scott, car c’est lui le vrai coupable », s’exclamera Chateaubriand pour résumer cette aventure.