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Les légendes du Graal

1966

Souvenirs d'enfance et d'adolescence

30 Septembre 2024 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Marseille, #1965, #1966, #1967, #Entropie

Cour du Petit Séminaire de Marseille

La fin des années 60, s'est déroulée pour moi, sous la protection du Petit Séminaire de Marseille, qui s'est transformé, après Vatican II, en Centre des vocations ( Centre Le Mistral, rue d'Isoard ). Une équipe de jeunes prêtres, enthousiastes du renouveau de l'Eglise, animait notre collectivité, dans l'esprit d'une véritable famille, disponibles jour et nuit. Je me souviens du supérieur Louis Magnan, et de Bernard Combes, René Giffon, Albert de Méreuil, et bien sûr Bernard Cormier ; et surtout des pères Bob de Veyrac, mon directeur de conscience, qui gérait les ''cadets'', et de Bernard Chabert, avec les ''aînés''. Quelles belles années de travail en équipe, d'école du respect de chacun, du goût des études, de la prise en compte des questions qui animent les adolescents en général, et de celles que se posent de jeunes garçons sur leur vocation... !

Depuis, la visite - dans mon institution catholique et mariste de Saint-Joseph, près de la place de Castellane – d'un père mariste ( Lavisse, je pense...) je m'interrogeais sur mon désir d'être prêtre : je ne me souviens pas bien, pour un garçon de douze ans , ce que cela pouvait signifier. Peut-être s'agissait-il, de souhaiter vivre plus profondément dans un contexte religieux, c'est à dire goûter la vie en Dieu... Après la mort de ma mère, je suis parti visiter, sur proposition du prêtre, à ma demande, avec mon père un juvénat ( petit-séminaire mariste) situé assez loin, et isolé, me semble t-il. Mon père refusa cette décision avant la fin du lycée. Il finit par accepter que j'entre au Petit-Séminaire de Marseille, où je pouvais suivre des études ordinaires... J'y entrais en classe de quatrième, avec la difficulté de n'avoir jamais fait de latin, obligatoire. J'étais pensionnaire. Nous avions chaque jour la messe le matin, et la prière du soir. Après les cours et une récréation, nous entrions en étude avec la possibilité d'aller rencontrer son directeur spirituel, ou d'aller prier à la chapelle.

Classe de 4è - 1966

 

Classe de 3è - 1967

 

J'ai acquis le goût de la lecture, avec la collection ''Signe de Piste'' ( le Prince Eric...) et de nombreux ouvrages spirituels.

A partir de la classe de seconde ; le Petit Séminaire devenait le Centre Mistral ; et nous n'avions plus cours dans nos locaux. Nous devions intégrer un Lycée ( privé ou public), mais restions pensionnaires. Je quittais les ''cadets'', pour devenir ''aîné'', avec en particulier des temps d'étude libres et non surveillés. J'intégrais l'école ''Timon-David'' jusqu'en terminale.

J'ai découvert la littérature : les '' Pensées de Pascal '' était mon livre de référence. J'achetais et lisais de nombreux livres de poche : Mauriac, Green, Cesbron, Hervé Bazin, André Gide et particulièrement Albert Camus ( Le mythe de Sisyphe, Noces...).

J'avais deux existences : l'une au Petit-Séminaire : joyeuse, fraternelle, spirituelle ; et l'autre chez mon père ( absent) et ma ''belle-mère '' tyrannique : douloureuse, haineuse, révoltante. Heureusement, je retrouvais ma sœur et ma voisine dont je pensais être amoureux... Je lisais beaucoup - Balzac par exemple - ou j'écoutais les Beatles avec la fille de nos voisins. Ma délivrance, lors des grandes vacances, était de partir seul, en train, chez mon grand-père...

A Marseille, l'été, je m'ennuyais dans notre pinède, écrasé par le crissement incessant des cigales... Il m'était interdit de rentrer dans la villa, même pour boire. Divers sentiments, brouillaient ma foi, et mes désirs. Celui de découvrir le féminin, sans-doute, mais ceux qui me faisaient véritablement souffrir étaient emplis de révolte et de haine.

Ma mère m'avait manqué. Ma belle-mère me harcelait.

A présent, j'apprenais la haine. Je rencontrais l'absurde. Heureusement, je lisais ...

Dans cet état d'âme, je ne pouvais plus être prêtre.

La lecture d'Albert Camus m’apaisait ; elle mettait des mots sur une partie de ma souffrance.

Ce que je vivais me semblait dépourvu de sens. '' L'Homme révolté '', son livre paru en 1951 - l'année de ma naissance – appelait à refuser l'injustice, une des raisons de l'absurdité, mais à ressentir aussi la valeur de la vie. Il appelait à la révolte, mais pour changer la vie, et collectivement pour rendre la société plus juste. Il ne s'agissait pas d'une révolution, mais d'une quête de justice et de liberté sans sacrifier les valeurs humaines.

 

Alors même que je vivais douloureusement, mon adolescence. Lancelot se confrontait ( lui, avec de solides outils) à l'observation d'un univers cosmique, qui comme système fermé, ne pouvait échapper à l'augmentation de l'entropie.

La philosophie de l’absurde et l’entropie en sciences ne se rejoignent-ils pas, dans leur exploration du désordre, de l’absence de sens et de l’inévitabilité de leurs conditions ?

Je rappelle - nous en avons déjà parlé - que l'entropie exprime le fait que tout type d'ordre, finit par se défaire. L'Entropie mesure le désordre.

L’existence tend à se désintégrer tout comme la chaleur de la tasse de café se dissipe.

L'Univers serait condamné à la “mort thermique”, état où l'entropie aurait atteint son maximum et où toutes les différences de température et les mouvements moléculaires significatifs disparaîtraient.

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1966-67 – L'individu, la société et la littérature

7 Juillet 2024 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #1966, #1967, #Ariès, #Barthes, #Proust

Nous nous souvenons de l'hiver 66, à Paris et la Normandie, avec d'abondantes chutes de neige

Nous avons appris que Mr M.I. Marrou s'insurge contre la disparition du latin, et du chant grégorien, dans nos liturgies. Il rejoint l'association '' Una Voce '' avec Ariès, Madaule, Fumet ...etc ; le Symbole de Nicée, dit-il, perdra beaucoup à la traduction... Par exemple : «  incarnatus est de spiritu sancto ex Maria virgine. » ?

 

Né en 1900, Lancelot se dit qu'il a vécu, à la frontière de plusieurs mondes. Celui d'avant-hier appartenait encore à l'Ancien Régime, celui d'hier annonçait l'actuel par les révolutions du XIXème ; celui d’aujourd’hui, lui semble les prémisses du suivant déjà là....

La disparition de notre société traditionnelle, est sans-doute l'un des grands événements de notre histoire.

L'historien Philippe Ariès (1914-1984) note que «  c'est sous la poussée de la conscience individuelle que les structures traditionnelles ont sauté ! »

D'ailleurs, n'est-ce pas dans cette direction que la spiritualité de Teilhard de Chardin situe l'avenir de l'humanité ? ….

« Je crois que l’Esprit, [dans l’Homme], s’achève en du Personnel » ( Pierre Teilhard de Chardin, Comment je crois, )

« En vérité, à un tel pic d’Hominisation (ou, comme j’ai pris l’habitude de dire, à un tel Point Oméga), plus moyen de douter que le jeu normalement prolongé des forces planétaires de complexité-conscience ne nous appelle et nous destine » (Pierre Teilhard de Chardin, L’Apparition de l’Homme, 1956 ).

 

Autrefois... La famille, la seigneurie, la compagnie ou la communauté de métiers comptaient plus que chaque personne; l'Ancien Régime ne réunissait pas des individus, mais des communautés, nous dit Ariès.

Ensuite... L'individu pris de la valeur : - '' L'individu est bon, la société le corrompt '', est un héritage du XVIIIe siècle. D'autant que, l'exode rural, l'embourgeoisement, ont dégradé les relations sociales ; la vie mondaine s'est présentée sans chaleur et sans vie.

 

Philippe Ariès, cet homme de droite, finalement séduit Lancelot, en particulier quand il donne – par exemple - son opinion sur les prêtres ouvriers, il estime que cette « histoire dramatique » a « un caractère profond » (…) « on ne peut pas ne pas être frappé de la grandeur du conflit et de ses acteurs... » tout en déplorant « les contaminations marxistes... ».

Mais, lui-même se voit en anticlérical de droite, à l'image de ceux qu'il décrit ainsi : « La plupart restent soumis aux pratiques de la dévotion et du culte et entretiennent une grande piété personnelle, mais ils ne peuvent plus voir une soutane (…) ils nomadisent de paroisse en chapelle, de chapelle en couvent, tantôt chassés par un office trop agressif, tantôt attirés par un prédicateur bien pensant. » ( Ariès dans Nation Française, Oct 1962)

 

Elaine est de l'âge des héros de deux romans, parus tout récemment, dont elle parle avec plaisir :

* Le Procès-Verbal de Le Clézio (1940-, ) : Adam Pollo vit à la périphérie de l'absurde, sauf quand il ne fait plus qu'un avec ses sensations, et la nature. À la fin, l’étudiant est interné...

- Lancelot compare le personnage avec Antoine de ''La Nausée'' de Sartre.

- Elaine conteste : elle y voit une recherche de l'Absolu, ce qui laissait indifférent Antoine...

- Mais quel type d'absolu ? Adam attend le « messie-géomètre arpenteur », il évoque les vertus de la « géométrie plane »... C'est un structuraliste !

- Ou, un existentialiste, répond Elaine : il se révolte et atteint une sorte de liberté jubilatoire...

 

* et Les Choses de Georges Perec (1936-1982) où les personnages - un couple qui craint de perdre sa liberté - s'ils lisent beaucoup, préfèrent désirer ce qu'ils critiquent, le confort ménager plutôt que de chercher comment transformer le monde. Leur engagement se réduit à lire ''le Monde''...

On parle même de ''culture de poche,'' avec le livre qui se plie à la demande de consommation...

 

Lancelot, même s'il partage peu de choses avec l'écrivain communiste Aragon (1897-1982), goûte son dernier roman : Blanche ou l’oubli . C'est un roman ''jeune'' ( un ''nouveau roman '' ?) écrit par un vieux ( un roman ''surréaliste'' ?)... Le passé ( Elsa Triolet décédée depuis 12 ans) et le présent s'y entremêlent, également des œuvres de Flaubert, Stendhal...

Le narrateur est bien d'aujourd'hui : Gaffier, traducteur, linguiste, lecteur de Benveniste et de Foucault, et Marie-Noire, jeune fille qu’il imagine,et reconstitue comme étant Blanche, son ex-femme qui l’a quitté depuis dix-huit ans : un roman dans le roman.

Il serait intéressant de rapprocher ''l'oubli'' d'Aragon, qui s'oppose au ''souvenir'' de Proust...

 

Marcel Proust est à l'honneur depuis 1963, date du cinquantième anniversaire de la parution de « Du côté de chez Swann »

RTF Promotion est devenu France Culture en décembre1963, et propose plusieurs émissions sur Marcel Proust, avec Roland Barthes, Nathalie Sarraute, Duras, Sollers...

 

Voici quelques notes à partit de l’émission du 09/12/1963, particulièrement intéressante, qui avait eut lieu avec Roland Barthes.

En réponse à la question "comment décider d'écrire", il y voit une aventure découpée en trois actes :

1er acte : un temps perdu par l'écrivain, fasciné par la littérature, mais qui n'y arrive pas...Ce que l'on retrouve dans le narrateur fasciné par la mondanité, qui s'épuise dans des poursuites amoureuses ( Gilberte, princesse de Guermantes ) sans résultats...

2è acte : 1ère révélation : le narrateur croyait posséder des dons littéraires, or à la lecture d'un pseudo passage du Journal des Goncourt qui relate des événements auquel il a participé : il constate que lui, ne sait pas observer... Il renonce à écrire et s'adonne à la frivolité : acceptation du temps perdu

3è acte , celui de la félicité : le narrateur est invité chez les Guermantes : il reçoit alors 3 signes, 3 chocs-souvenirs : les pavés, le bruit d'une cuiller sur un verre, le verre d’orangeade... Trois chocs-souvenirs : prise de conscience du bonheur total dans cette sorte de collusion du passé et du présent, félicité du temps retrouvé : victoire sur la mort ( sens de la vie qui rend la mort acceptable ) Décision : il va renoncer à la frivolité, il va se confier à une vie ascétique, s'enfermer et écrire et entretenir en lui cette félicité...

Dans l'acte d'écrire, le temps est retrouvé. Il sait que la soirée Guermantes sera la dernière soirée mondaine... (un peu comme, avant d'entrer dans les ordres ).

Proust nous donne une leçon avec ces 3 épisodes autour de l'acte d'écrire. - Ecrire c'est poser une alternative radicale : abandonner toute frivolité pour écrire. - Ecrire c'est : être heureux... - Toute écriture est une anamnèse, c'est dégager un essentiel, c'est un retour vers le moi profond.

 

C'est une très belle lecture de Roland Barthes, que cette leçon que nous donne Proust ; et qui permet de faire un sort à cette mondanité reprochée comme un poncif à Proust.

Il s'agit simplement de l'existence dans le monde, dans un premier temps ; puis d'un retrait du monde, pour tenter d'atteindre un but ( un Graal) , à travers l'acte d'écrire, par exemple.

 

En septembre 1966, sur France Culture, la voix et les anecdotes livrées par la princesse Marthe Bibesco (1886-1973), amie de Proust, au micro de Claudine Chonez. ; rappelle à Lancelot, les épisodes d'une vie mondaine qu'a connue sa mère, Anne-Laure de Sallembier, à cette même époque :

Par exemple, ici : - En quoi la vie mondaine, contribue t-elle à la Quête … ? - La place qu'y tient l'Art : → Anne-Laure de Sallembier – La Quête et la vie mondaine - Les légendes du Graal (over-blog.net)

ou Proust et le Graal - Les légendes du Graal (over-blog.net)

ou 1900 - Les salons artistes et mondains - la Porte de Parsifal - Les légendes du Graal (over-blog.net)

 

N'est-ce pas le moment de se replonger dans cette Collection la Pléiade, où sont parus en 1954, 3 volumes d'À la recherche du temps perdu , préfacée par André Maurois, et les notes critiques de MM. Pierre Clarac et André Ferré... ?

Un volume de La Pléiade, n'est pas n'importe quel objet. J’ouvre ce livre, et ce n’est pas n’importe quel livre… Il tient - ouvert - dans la main, je feuillette délicatement les pages de papier bible. Elles sont délicates, elles glissent. Elles se caressent... A l'abri de regards, je plonge mon visage dans sa chair.

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1966 – Le Structuralisme

2 Juillet 2024 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #1966, #Foucault

Nous sommes en 1966, et vingt ans, déjà, se sont écoulés depuis la défaite allemande. Lancelot se souvient d'une époque où l'antifascisme couplé souvent à la Résistance, menait les intellectuels à valoriser l'engagement. Chacun affirmait sa manière d'être existentialiste.

Le communisme ne put que fléchir, après la désastreuse tentative de révolution à Budapest (1956). La France retrouvait la prospérité ; le général de Gaulle s'imposa (1958) et mit fin aux guerres coloniales (1962). Depuis, s'installe la société de consommation, qui semble bien nous démobiliser...

Quel engagement , peut-il être proposé aux jeunes générations, se demande Lancelot ?

- Pour la plupart d'entre nous, nous ne pouvons qu'être amateur d’une science qui se fait dans des laboratoires, remarque Lancelot. Tout progresse très vite...

Elaine reconnaît que nous sommes incités à nous spécialiser, et peut-être à nous isoler

- Cependant je remarque, ajoute Elaine, que de nouvelles sciences - elles se revendiquent sciences humaines - s'interpellent les unes les autres, je pense à la linguistique, la sociologie, l'ethnologie, la psychanalyse...

- Qu'est-ce que cela change ?

- Par exemple : ce que tu voyais comme une '' vision historique '', celle qui te permettait de croire à la mythologie révolutionnaire; et bien, ce n'était peut-être que le résultat d'intérêts, de pulsions, de fonctions que nous pourrions aujourd'hui mettre à jour...

- Je crains qu'il ne s'agisse alors que de désacraliser l'action de l'Homme... Et dans quel but ?

Que vont devenir nos ''valeurs'' ? Faudra t-il les relativiser aussi … ?

 

Lancelot apprend que cette vague qui risque d'emporter sa vision …. se nomme le ''Structuralisme ''

Ce nouveau savoir se veut cohérent, scientifique, indépendant du sujet...

Elaine lui rapporte qu'en cette année 1966-67, le livre phare serait ''Les mots et les choses '' de Michel Foucault.

Ce que Lancelot va retenir de la lecture de cet essai ''difficile'', est la notion d'épistémé, mise en avant par Foucault. Quand l'épistémologie étudie les sciences, elle établit une généalogie du savoir, donc le long de l'histoire. L'épistémé est cet ensemble de connaissances, à une époque donnée, défini en analysant la vision du monde, le système de pensée. Cela sous-tend une une contrainte structurelle du savoir.

 

Une amie de Lancelot ( Clémentine), philosophe, lui assure que c'est la publication de '' La Pensée Sauvage ''de Lévi-Strauss, en 1962, qui a donné « le coup de grâce » à l'existentialisme, à « l'humanisme mou » : «  la raison passait du côté de la pensée sauvage », « il s'agit de remettre l'homme à sa place, non plus au centre de l'univers, mais comme maillon dans l'ensemble des conditions de la vie. Il s'agit de la déposséder de l'immense orgueil de la conscience. »

Lancelot note que, tout comme nous construisons de bien hauts HLM, peut-être nécessaires, nos penseurs, ethnologues, psychanalystes, historiens, imaginent des cathédrales de structures tout en rejetant la conscience, la liberté, l'idéalisme ...

Ce qui étonne Lancelot, c'est la critique que fait Clémentine de l'humanisme. Je reprends ici, quelques-uns de ses arguments :

- La Raison, s'oppose à l'argument religieux de l'humanisme

- L'humanisme est centré sur l'Homme, contre les autres formes de vivant.

- La justice n'est pas affaire d'humanisme, mais de règles sociales. ( pas de charité, mais de la politique)

- La maladie, la souffrance, la mort, ne sont pas des chemins, mais des combats.

Au XXe siècle, l'humanisme est critiqué pour son anthropocentrisme, son optimisme ( surtout religieux).

A l'opposé, le Structuralisme rejette l'idée d'un individu autonome ; et se donne l'objectif de révéler les structures sous-jacentes qui organisent la pensée, le langage, la société...

 

Lancelot conclut en s'adressant à Elaine : - Si tu valorises l'Histoire, l'évolution personnelle... Le structuralisme, lui, rejette cette dimension historique : les relations entre les éléments priment sur leur évolution dans le temps...

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1966 - Fléchigné – La lignée de Lancelot

12 Juin 2024 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Bansart, #1966, #Lieux de légende

Lancelot a suivi, avec beaucoup d'intérêt, Elaine dans ses études d'Histoire. C'est le prétexte d'approfondir quelques personnages de notre lignée, tant de fois racontés par Anne-Laure de Sallembier ; ils les ont amenés sur les traces de Roger de Laron, près de Limoges ; à Versailles, ils ont visité les lieux de la petite Ecurie du Roi, où se tenait l'école des Pages qui a permis à Jean-Léonard de la Bermondie d'être officier dans les Gardes Françaises. Emigré, ils l'ont suivi jusqu'à Coppet où résidait Germaine de Staël.

En 1830, Charles-Louis de Chateauneuf, nous a ramené à Limoges, au Collège Royal ( Gay-Lussac) et monter ensuite à Paris, avec ses salons et ses cercles littéraires.

Tout le long, la quête de nos aïeux est restée liée aux images que l'on se faisait du Moyen-Age. Au milieu du XVIe siècle, la littérature médiévale perd de son influence. Seule la littérature de colportage a contribué à la survie de motifs épiques et médiévaux. En Angleterre, Malory a maintenu comme survivance nationale les référence mythiques de la dynastie Plantagenêt . En France, Jean Chapelain a défendu le roman de chevalerie ; mais les Lumières renvoyaient le Moyen-âge dans ses obscurités ! En opposition, les romantiques vont glorifier le gothique et ressortir tout un bric à brac médiéval.

Il est bien difficile aujourd'hui de retrouver, au-delà d'un imaginaire médiéval qui n'est pas inintéressant, la profondeur et la singularité d'une période toujours mal connue et qui fascine encore des jeunes gens, comme Elaine, qui se lancent dans cette étude. Lancelot en est d'autant plus ravi ; qu'il ne pouvait espérer mieux pour continuer cette quête et transmettre à sa fille le goût de cette recherche.

René Bansard(1904-1971)

 

Lancelot a la surprise en ce printemps 1965, de voir arriver dans la cour du domaine de Fléchigné un homme qui marche tenant son solex et qui se dirige immédiatement vers la fenêtre à droite de l'entrée principale, le visage tendu vers le linteau et les yeux fixés sur le blason.

Lancelot s'approche, l'homme - sans autre cérémonie - demande si la sculpture est récente ?

- Je l'ai toujours connue, elle apparaît déjà sur une photo de mon grand-père, devant cette même entrée avec ses enfants...

- Oh, veuillez m'excusez... Je suis René Bansard, j'habite à La Ferté, à une cinquantaine de kilomètres je pense...

- Et vous êtes venu en vélo-solex ?

- Ah oui, je me déplace toujours avec pour observer avec minutie les alentours de Lassay-les-Châteaux. Je suis historien amateur. Vous êtes le propriétaire du domaine ?

- Oui, je suis Lancelot de Sallembier, résident à Fléchigné.

- Vous avez dit '' Lancelot '' ? !

- Ah oui... C’était important pour ma mère... Vous observez le blason, vous connaissez ?

- Bien sûr, il est en lien avec Lancelot précisément, et Saint-Fraimbault : deux personnages qui sont l'objet de mon étude.

- Pendant la première guerre, nous avions recueilli un vieux prêtre, l'abbé Degoué, un érudit dont j'ai eu la chance de recevoir les enseignements lors de ce conflit. Il fit des recherches sur ce blason, et effectivement, il le conduisit jusqu'à Saint-Fraimbault, un ermite de la région...

C'est ainsi grâce aux fruits de la rencontre entre Lancelot et René Bansard, que je pus recueillir de précieuses informations sur les liens qui existent entre les romans arthuriens et la Basse-Normandie, informations dont j'ai rendu compte précédemment ( cf le Tome 4)...

 

Lancelot revoit René Bansard (1904-1971) un passionné d'archéologie, et de la ''Matière de Bretagne'' sous les hospices de l'historien Jean Frappier, professeur à la Sorbonne, avec cette particularité du besoin de trouver des traces de cette mythologie sur le terrain. Les travaux de Ferdinand Gaugain ou d'Alphonse-Victor Angot, prêtres et historiens mayennais l'ont conduit jusqu'à Saint-Fraimbault ; et ce fut alors le point de départ d'une recherche ponctuée d'incroyables intuitions qu'il tente encore de vérifier sur le terrain.

Ce qui était autrefois et ce qui sera à l’avenir (IAS) Société Internationale Arthurienne

 

René Bansard invite Lancelot et Elaine à l'accompagner pendant le VIIIe Congrès arthurien international qui se tient cette année de 1966 à Caen, du12 au18 août. M. J. Frappier, en est le président depuis les débuts de la Société, et l'animateur infatigable avec son collègue J.-Ch. Payen.

Tous les trois resteront bien discrets, lors de ce congrès qui a choisi comme centre d'intérêt : la fée Morgue ou Morgane. Il n'y eut pas moins de trente communications, et surtout l'opportunité de rencontrer des savants de toute nationalité.

 

Il y avait là Eugène Vinaver, qui publia en 1947 une nouvelle édition de ''Le Morte d'Arthur'' de Malory, basée sur le manuscrit de Winchester (XVe siècle), accompagnée d'une étude critique.

Je rappelle que Thomas Malory, vers 1469 ( en prison...) a entrepris une reconstitution de l'histoire du Roi Arthur, dans son entièreté. Cette version est la plus populaire dans le monde anglo-saxon.

Xavier de Langlais

Lors du Congrès de Caen, Lancelot retrouve un écrivain breton, Xavier de Langlais, qu'il avait croisé à la fin de la guerre, dans une ferme de Mayenne. Il est accompagné de Jean Markale, tous deux enthousiasmés par l’engagement de l’abbé Gillard, recteur de Tréhorenteuc, à la restauration de son église, dédiée au Graal. Ils engagent chacun à s'y rendre et à promouvoir Brocéliande et particulièrement la forêt de Paimpont comme le support de la légende arthurienne.

Xavier de Langlais a commencé l’écriture et l’illustration d'un cycle arthurien, avec en 1965, la publication du Roman du Roi Arthur. Suivront Lancelot (1967), Perceval (1969), La Quête du Graal (1971), et La Fin des temps aventureux (1971), postface de Jean Frappier.

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