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Les légendes du Graal

1944

1944 – De Gaulle en URSS

23 Janvier 2023 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #1944, #De Gaulle, #URSS, #Staline, #Naurois, #Thorez

Lancelot, marqué à vie par un bombardement américain, s'interroge sur la raison de ceux qui rasent le Havre, en ce début septembre 1944.

Le Havre bombardé - hiver 1944-45

Lancelot rencontre régulièrement un ami avocat (M. G.), qui lui donne quelques nouvelles de personnages qu'ils a bien connus, comme par exemple : Jean Luchaire. ( chez qui Lancelot, rencontra Elaine de L. vers 1925, ou 26) ( Jean Luchaire – Elaine de L. - Les légendes du Graal (over-blog.net)

« Audacieux, sans scrupules, il mena une vie dispendieuse et émit des chèques sans provisions. » Il se renfloua grâce à sa fille, qui fit du cinéma ; mineure, le père dépensa les sommes gagnées. Il gagna beaucoup dans le rapprochement franco-allemand. Les occupants firent de lui le président des directeurs de la presse parisienne. Il est aussi le directeur des '' Nouveaux Temps '' , « C'est l'un des hommes les plus en vue, les plus haïs de Paris. » . «  Si les allemands sont vaincus, il se sait pendu. »

René de Naurois

Lancelot reçoit en novembre 1944, des nouvelles de René de Naurois, qu'il connut comme aumônier de l’École des cadres d’Uriage qu'il dut quitter en juin 41. Il est alors entré en Résistance ( Témoignage Chrétien, le mouvement Combat), et a sauvé de nombreux juifs. Traqué par les allemands, il put rejoindre Londres, les Forces françaises libres en avril 1943. Il demanda à être affecté aux Commandos et débarque en France sur la plage de Colleville-sur-Orne le 6 juin 1944. Après de violents combats, en Hollande, il est hospitalisé. Il écrit en novembre 44: «  L’action du prêtre ne se réduit pas à son action visible et tangible (par ex. : égayer ou entraîner les autres) mais comprend essentiellement son action surnaturelle invisible  » (…) « Ce qui le fait prêtre et lui donne des pouvoirs extraordinaires ne vient pas de lui, mais de Dieu. » 

 

Un ami, proche de Georges Bidault nous raconte son voyage en URSS, à la suite du Général ( Nov-Décembre 1944). Ce dernier était inquiet : « C'est très bien ce voyage, mais il ne faudrait pas que la France se mette en révolution pendant ce temps-là »

Moscou attachait beaucoup d'importance à la résistance intérieure française, et De Gaulle avait toujours maintenu le contact avec l'Union soviétique, malgré une certaine mésestime de Staline envers la France depuis la défaite de 40.

De Gaulle souhaite un certain effacement des communistes français et marquer son indépendance vis à vis des États-Unis et des britanniques.

Gracié par le Général, du fait de sa désertion en 1939, Maurice Thorez est autorisé à revenir en France. Le 19 novembre, Thorez est reçu au Kremlin par Staline, en présence de Molotov et Beria. Staline rappelle que le gouvernement de De Gaulle ayant été reconnu, le 23 octobre 1944, par les Alliés, il ne s'agit plus « de suivre l'ancienne ligne (...). Il faut opérer un tournant. Le PC n'est pas assez fort (...) Il doit accumuler des forces et chercher des alliés (...). »

Maurice Thorez atterrit à Paris le 27 novembre.

De Gaulle à Moscou - déc 1944

De Gaulle et sa délégation sont partis depuis le 21 novembre, pour se rendre à Moscou, par Le Caire, Téhéran et Bakou. A la demande même du général, ils passent par Stalingrad ( 30 Nov) : la gare est en ruines, et visitent ce lieu de bataille qui fut décisive. Le train arrive à Moscou le 2 décembre et le général, accueilli par Molotov, choisit de loger à l’Ambassade de France, et laisse à M. Bidault l'honneur de l'hospitalité soviétique.

Le soir même le Général de Gaulle et l'amiral Staline se rencontrent, et évoquent l'idée d'un traité. et Le général avait confié à son entourage que contrairement à Vichy, il ne joue pas tantôt avec la carte anglaise, tantôt la carte allemande, ou encore une autre : «  pour nous, pas de carte anglaise, ni russe : il y a la France. » Les français gardent en mémoire le pacte de 1935.

Le portrait de Staline, relaté par la délégation, est celui d'un homme « possédé de la volonté de puissance. Rompu par une vie de complots à masquer ses traits et son âme, à se passer d’illusions, de pitié, de sincérité, à voir en chaque homme un obstacle ou un danger, tout chez lui était manœuvre, méfiance et obstination. »

Le lendemain dimanche 3 décembre, à dix heures, messe à Saint-Louis des Français. « Au troisième banc à côté de moi, se carrent trois agents du NKVD. »

Pour Staline, la question centrale concerne la Pologne, et la reconnaissance du régime de Lublin ( illégitime , pour la France). Spectacles, dîners, les discussions piétinent. Bidault et Molotov, tentent plusieurs propositions ; mais de Gaulle refuse d'abandonner la Pologne à la ''protection'' de l'armée rouge.

Lors du dîner officiel d’adieu, toujours sans le résultat d'un traité ; Staline opère une véritable « scène de tragi-comédie » (selon les mots du général) mêlant éloges, humour et menaces.

Subitement, de Gaulle se lève : « Je vous remercie, M. le Maréchal, de votre accueil que je n'oublierai pas. Il est tard maintenant. Nous allons rentrer. Bonsoir, M. le Maréchal ». Staline : « Mais (…) vous avez bien le temps ». Déjà le Général s'éloigne … Et il s'en va.

La signature du traité franco-russe le 10 décembre 1944

Finalement, Staline accepte un pacte avec la France ( sans la Grande-Bretagne) et le Général admet l'idée d'envoyer à Lublin un représentant sans caractère diplomatique.

Lors du départ de la délégation française, Staline salue l’opiniâtreté du général : « La France a des chefs maintenant, des chefs intraitables, raides, ne cédant pas. C’est bien, c’est bien, c’est ce qu’il faut. J’en suis heureux. C’est ce qu’il faut à la France… ».

 

Pendant le retour, de Gaulle confie : « Ce n'est pas un régime populaire, il n'y a pas d'enthousiasme dans cette masse. A Paris, c'était autre chose : un peuple libre... »

Staline lui aurait dit : « Ce doit être bien difficile de gouverner un pays comme la France où tout le monde est si remuant ! » Ou encore, parlant de Thorez : « Si j’étais à votre place, je ne le mettrais pas en prison… Du moins, pas tout de suite ! »

Maurice Thorez

 

Le 30 novembre, Thorez a exposé aux communistes français, les consignes de Staline, résumées dans le nouveau mot d'ordre : « S'unir, combattre, travailler ». Un objectif est de réussir l'unité avec le parti socialiste afin de créer le grand parti ouvrier français.

La puissance du parti communiste - il est le principal parti de France - n'est pas seulement électorale ; elle est dans un appareil discipliné et ultracentralisé ( et financé en partie par Moscou).

 

Quelques jours avant, s'est constitué le MRP (Mouvement républicain populaire). Georges Bidault en est l'un des fondateurs. Le mouvement refuse l'appellation '' démocrate-chrétien'' par souci de laïcité et par refus de toute allégeance religieuse. Ses précurseurs sont le catholicisme libéral de Lacordaire, La Mennais et Albert de Mun (proche de la comtesse de Sallembier) ; on évoque également le Sillon, avec Marc Sangnier qui fonde en 1912 la ligue de la Jeune République. Le 10 juillet 1940, les quatre députés JR ont voté contre les pleins pouvoirs à Pétain. Beaucoup des membres vont rejoindre le MRP.

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Le ''SR'' - L'épuration - Hergé

18 Janvier 2023 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Epuration, #Hergé, #1944

Geneviève a donné naissance à une fille, le 10 septembre 1944. Lancelot a souhaité l'appeler Elaine.

Maurice Garçon, avocat, qui s'inquiète des excès d'une justice expéditive, serait prêt à intervenir et à défendre Geneviève, si elle devait être inquiétée.

Geneviève, à Fléchigné est loin de Paris, et sympathise avec l'institutrice du village.

Dans les communes libérées, et hors danger, la rentrée scolaire a lieu de 2 octobre 1944. Odette Tounord est la seule en poste, dans son école rurale de filles, Geneviève vient l'aider et tient à présenter aux plus grands des notions de calcul et de sciences en ''leçon de choses''. Une collègue suspectée de collaboration et qui a participé à une propagande pro-allemande à l’intérieur de leur classe a quitté la région et sera relevée de ses fonctions en 1945. A l'école de garçons, sur les deux instituteurs, l'un est prisonnier de guerre. Odete Tounord, adhérente au SNI, a assuré une structure syndicale clandestine et a soutenu son mari dans son activité résistante.

Femme tondue 1944

 

Chaque jour paraît dans la presse une liste de personnes arrêtées . A côté des ''commissions d'épuration '' ( créées depuis août 1943 au sein de la Résistance), se tiennent des procès iniques, ou même sans procès, et sont décidées des exécutions sommaires. Des lynchages s'improvisent autour de cortèges haineux, des femmes sont tondues. La foule est excédée de privation, traumatisée de peur et de deuils.

« Il nous est resté la haine. (...). A la haine des bourreaux a répondu la haine des victimes... Eh bien, c'est de cela que nous devons triompher d'abord. » Albert Camus, « Défense de l'intelligence », 15 mars 1945.

 

Le 7 septembre 1944, Pétain et Laval s'imaginent encore gouverner de Sigmaringen sous le contrôle des allemands. Le château médiéval appartient au prince Frédéric de Hohenzollern et à la princesse Marguerite, fille du dernier roi de Saxe, que la Gestapo a interné avec ses sept enfants, pour loger le gouvernement fantôme de Pétain.

Le 9 septembre, le général de Gaulle met en place et préside le gouvernement provisoire de la République Française ( GPRF). Il nomme vingt-deux ministres, dont André Diethelm (1896-1954) au ministère de la Guerre, auquel appartient Lancelot. Parmi les ministres, on distingue deux communistes, quatre socialistes ( SFIO), trois MRP, trois radicaux. Le mouvement Républicain Populaire,( MRP) est une sorte de mouvement démocrate chrétien qui se constitue lors de son congrès du 26 novembre 1944. L'inquiétude du général de Gaulle, est de garder la maitrise de la situation face au parti communiste.

 

Après ''l'accident'' dont Lancelot fut victime, ses contacts avec le ''SR'' ont été suspendus. Puis, les événements politiques et militaires n'ont pas permis à Lancelot de pouvoir reprendre une activité efficace.

Il attend de la part du gouvernement provisoire, une nouvelle affectation.

Pour ce qui est du ''SR'', je rappelle qu'averti par l'Intelligence Service, le 5 novembre 1942, Louis Rivet ( commandant des services spéciaux militaires français rattachés à Vichy) avait donc rejoint Alger, suivis du colonel Ronin et du commandant Paillole qui est d'abord passé par Londres. Ses services avaient toujours été en contact avec Londres. Rivet se met sous les ordres du commandant en chef, le général Giraud ; avec pour objectif la préparation d'opérations de libération du territoire national.

Beaucoup d'officiers de l'EMA ( Etat Major) de l'ancienne ''armée d'armistice'' ( dissoute en nov 42), attendaient le débarquement en Provence. René Carmille, avait établi un fichier de 220 000 noms localisés en zone sud et prêts à se mobiliser. Les allemands l'arrête le 3 février 1944, il mourra en déportation.

Giraud et De Gaulle - Casablanca 1943

Giraud s'il restait proche du Maréchal - qu'il considérait prisonnier de ses ministres, en particulier de Laval - misait sur les américains. Ainsi, il semblait bien que, avec Darlan et Giraud, en Afrique, la France de Vichy reprenait les armes.

Mitterrand a effectué un séjour à Alger, via Londres, pour offrir ses relais dans le commissariat aux prisonniers ; il avait joint également les anciens du "104" rue de Vaugirard de la Fédération des étudiants catholiques, par lesquels Lancelot fut recontacté. Il permit également d'y associer quelques-uns des services de la Jeunesse et de l'Information, et des hommes d'Uriage.

Mai 1943, De Gaulle a rejoint Alger et s'affirme comme le seul chef de la Résistance française.

En avril 1944, le colonel Louis Rivet nommé général, est admis a la retraite .

Le 7 mai 1944, le lieutenant-colonel Paillole part en mission secrète pour Londres, il va être associé à la préparation du débarquement de Normandie au SHAEF, le QG des forces alliées en Europe commandé par le général Eisenhower.

Octobre 1944

Chacun s'interroge sur le retour des libertés : toujours pas de liberté de la presse, de liberté d'expression. Les élections pour un nouveau parlement sont repoussés à 18 mois. On nomme « un assemblage de résistants sous le titre d'Assemblée consultative » ( Maurice Garçon) et on crée des tribunaux d'exception. Peut-on attendre autre chose du général de Gaulle ? Certains disent, non ; d'autant plus, s'il se laissait déborder par les communistes.

Des V1 ou des V2 sont tombés sur Paris. Ils seraient envoyés d'Allemagne !

La résistance aurait donc été très secrète; en effet, on voit sortir beaucoup de « visages inconnus qui revendiquent tout et qui parlent haut. » ( M. G.)

Jacques Boulenger est mort, ce 22 novembre 44, proche d'Aber Bonnard et de Doriot, il se cachait depuis deux mois. Aviateur pendant la première guerre, il était d'une autre époque, celle du dandysme et des duels.

Lancelot retient de lui ''l'esprit chartiste'', sa connaissance de l’œuvre de Rabelais, et son érudition. Il l'avait rencontré à l'occasion de son adaptation des Romans de la Table ronde, qui reste une référence. ( perceval.over-blog.net/2020/11/jacques-boulenger-les-chevaliers-de-la-table-ronde.html )

Après "L'Étoile mystérieuse", la publication en France du '' Secret de la Licorne '' d'Hergé a commencé dans "Cœurs Vaillants".

Georges Remi dit Hergé (1907-1983) a débuté dans une revue scoute en 1924. Il commence, en 1929, les aventures de Tintin dans le quotidien belge ''Le Vingtième Siècle''.  C’est le journal ''Cœurs Vaillants'' - magazine hebdomadaire catholique social, pour jeunes, créé en 1936 par les Pères Gaston Courtois et Jean Pihan - qui fait découvrir Tintin dans la France de 1930. Toutes les aventures de Tintin, jusqu’au Temple du Soleil, paraîtront dans Cœurs Vaillants. En 1940, le journal ne paraît plus qu'en zone libre, sous le patronage de Pétain.

En Belgique, Hergé travaille au supplément jeunesse '' Le Soir '', quotidien qui paraît sous le contrôle allemand. Sur de petits fascicules paraissent les aventures de Tintin, puis quotidiennement sur une bande en bas de page du journal.

Le 31 mars 1943, la Gestapo, à Paris, ferme les locaux de l’Union des Œuvres ouvrières catholiques et arrête le père Pihan. Il est arrêté et emprisonné à Fresnes d’où il ressortira 3 mois après.

Le 3 septembre 1944, Bruxelles est libéré et tous les journaliste du quotidien ''Le Soir'' sont interdits de publication. Le 9 septembre, Hergé est arrêté par des agents de la Sûreté de l'Etat. Il ne sera ''blanchi'' qu’en mai 1946, avec l’obtention de son certificat de civisme. Ensuite, Raymond Leblanc, résistant, fondateur du journal Tintin en 1946, lui permettra de revenir à son métier.

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Août 1944 - Paris libéré - Louis de Broglie et la Mécanique ondulatoire.

13 Janvier 2023 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Louis de Broglie, #Mécanique ondulatoire, #1944

La canicule de juillet 44, les rationnements surtout, ont épuisé la population. La colère contre des allemands qui s'accaparent le peu, est au plus haut. A l'approche du 14 juillet, la milice veille à empêcher toute manifestation ; cependant des tracts appellent à défiler. Ce jour là, les parisiens sortent, se regroupent ; on entonne "La Marseillaise".

Depuis le débarquement en Normandie, l'impatience est là. L'idée de la grève générale permettrait de lancer un mouvement de libération, avant même l'arrivée des alliés. Le samedi 19 août, on dit que l'insurrection serait partie de la Préfecture de Police. Des barricades ont été élevées; des massacres, par les SS, sont perpétrés en périphérie.

C'est l'arrivée de la 2e DB, du général Leclerc, porte d’Orléans, qui a permis la capitulation des forces allemandes, le 25 août. Cette journée est marquée par de violents combats ; les soldats français prennent le contrôle des grands axes. Des petits groupes, des tireurs isolés, allemands ou collabos sévissent.

Le lendemain, De Gaulle appelle les parisiens à participer au défilé de la Victoire. Il réussit à s'imposer, à côtés des FTP et de FFI. Une grande question demeure : à quel gouvernement, la Libération va t-elle permettre d'aboutir ?

 

Si Louis de Broglie, fonde la « mécanique ondulatoire du photon », ce sont de nombreux élèves qui travailleront sa théorie, notamment Gerard Petiau, Jean-Louis Destouches et Marie-Antoinette Tonnelat.

A propos de Marie-Antoinette Tonnelat (1912-1980) : alors qu'en 1941, elle venait de passer sa thèse de physique sous la direction de Francis Perrin et Louis de Broglie (auquel elle succédera). Elle entreprit de nombreuses démarches pour retrouver les traces de Vincent Doblin (1915-1940 - fils du romancier Alfred Doblin), un mathématicien ( thèse en 1938) - disparu - qui pendant la ''drôle de guerre'' continuait ses travaux, en particulier sur la solution de l'équation de Chapman-Kolmogorov ( domaine des probabilités). Après avoir fui l’Allemagne nazie en 1933 pour la France, la famille Döblin avait obtenu la nationalité française en 1936.

Vincent Doblin

Vincent fut mobilisé en septembre 1939 dans l’armée française comme télégraphiste au 291ème régiment d’infanterie dans les Ardennes. Après s'être battu pendant les six semaines de combat, son bataillon fut encerclé. Le 21 juin 1940, au matin, il s'est tiré une balle dans la tête dans une grange.

Le 19 avril 1944, grâce à un bracelet, le corps de Vincent Doblin , est retrouvé et identifié par son amie Marie-Antoinette Baudot ( dite Monette) Tonnelat. Il était amoureux d'elle, mais elle était déjà liée à Jacques Tonnelat. Quelques mois avant sa mort, V. Doblin avait envoyé un pli cacheté à l'Académie des sciences, sur l'équation de Kolmogorov.

Marie-Antoinette Tonnelat, dès 1943, travaille sur toutes les tentatives faites pour une synthèse du champ de la gravitation et du champ électromagnétique, et les expose au Collège de France. en 1944, elle publie au sujet du lien profond entre la théorie relativiste de la gravitation et celle de la particule de spin 2 de masse propre non nulle (graviton) et de ses interactions avec la matière.

Marie-Antoinette Tonnelat, est une jeune femme de grande culture, elle avait passé une licence de philosophie pour les lettres, et une licence de physique pour les sciences. Elle fait partie du groupe restreint du laboratoire de Louis de Broglie à l’Institut Henri Poincaré. Elle participait aux thés du lundi- organisés par Jean Perrin à l’Institut de Chimie-Physique – où se rencontraient expérimentateurs et théoriciens ; et parfois André Gide ou Paul Valéry se joignaient à eux.

Que demandons-nous à la Physique ?

Lors de discussions, Marie-Antoinette, exprime que la plupart des savants cherchent « les moyens qui permettent de changer ou d'aménager la réalité, plutôt que de la comprendre ou à fortiori de l'expliquer. ». - Veulent-ils ainsi fuir la réalité ?

C'est Einstein qui écrivait : « Je crois avec Schopenhauer que l’un des motifs les plus puissants qui conduisent les hommes aux arts et à la science est la fuite de la vie quotidienne avec sa douloureuse cruauté et sa sécheresse sans espoir »

M-A Tonnelat, ajoute : sans-doute que « celui qui a consacré la plus grande part de son temps à la recherche dans le domaine scientifique doit être naturellement amené dans son « dernier quart d’heure » à s’interroger sur la valeur matérielle et spirituelle de la Science »

Elle pense que la science devrait mener « à la tolérance, à une foi sans dogmes et sans illusions vite confondue avec l’espérance et le sentiment d’une unité dont la physique et surtout la musique parvient à nous donner quelque idée »

 

Revenons à la Mécanique ondulatoire, avec Louis de Broglie.

Nous sommes ici dans le cas d'une observation d'électrons, pour lesquels la mécanique classique ne peut plus être appliquée.

Pour schématiser: de Broglie rapproche deux formules, celle de Planck sur la lumière, E = hv où E est l’énergie, h la constante de Planck et v le fréquence de l’onde lumineuse ; et celle de la célèbre relation d’Einstein E = m.c2 où m est la masse au repos d’un corps matériel et c la vitesse de la lumière. En conclusion, si le photon est onde lumineuse et particule ; pourquoi l’électron ne serait pas aussi une onde ?

Cette proposition est le point fort de son mémoire de thèse soumise en 1924. Expérimentalement, l'idée fut validée en 1927.

Mais dès 1925, l’Autrichien Erwin Schrödinger développe mathématiquement l’analogie entre le mouvement d’une particule et la propagation d’une onde ayant la fréquence indiquée par de Broglie, et en tire la fameuse équation qui porte son nom, et qui permet de calculer comment se propagent ces « ondes de matière ». Il va la tester avec un atome d'hydrogène, et conclure que les électrons occupent - tels des ondes - tout le volume l'atome.

C’est le point de départ de ce qu’Einstein nommera la « mécanique ondulatoire ».

Le point de départ de la mécanique quantique, est donné par Planck, qui montre que les échanges d'énergie ne peuvent se faire que par paquets, les quanta. La physique quantique est un édifice collectif. (1922-1928)

On reste un peu sceptique ; on a du mal à se représenter les électrons comme des ondes ; Max Born va comprendre qu'il s'agit plutôt d'une onde de probabilités... Avant qu'on ne le mesure , l'électron occupe tout l'espace de l'atome avec une certaine forme ; c'est comme si l'électron ne décidait pas où il est tant que l'on ne l'a pas mesuré ; on ne mesure pas une onde, mais un petit point qui indique où il se trouve en fonction de l'onde qui existait avant qu'on ne le mesure. On établit une cartographie de là où l'électron peut se trouver avant qu'on le mesure...

L'expérience de pensée du fameux ''chat de Schrödinger'' montre qu'un objet ( le chat ) peut être dans deux états à la fois : le chat peut être mort ou vivant . C'est lors de la mesure, que l'objet ''choisit'' aléatoirement.

Pour comprendre l'électron, Paul Dirac va résumer dans une équation (1926) à la fois la relativité et la physique quantique.

La mécanique quantique considère l'électron comme une onde, qui devient corpuscule quand on le mesure en le réduisant en un point particulier.

On va alors tenter d'aller vers des objets de plus en plus fondamentaux, et chercher ce qu'il y a à l'intérieur du noyau, le proton, le positron, le neutrino, le muon... On va aller vers une physique des particules et des hautes énergies, et petit à petit vers la bombe atomique...

Nous pouvons, avec la physique quantique, mieux comprendre les propriétés de la matière, et par exemple le magnétisme et ce qui se passe dans le métal, ou encore la solidité alors que l'essentiel de l'atome est du vide ; ma main ne passe pas au travers de la table... Ce sont les règles de la physique quantique élaborées par Pauli, Heisenberg, Fermi qui vont nous l'expliquer, comme le principe d'exclusion de Pauli : quand l'électron est dans sa forme ondulatoire, il refuse d'être au même endroit qu'un autre électron qui aurait la même forme, deux électrons à la même forme s'excluent. Vraiment, l'électron n'est pas juste une petite bille.

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Noël 1944

25 Décembre 2022 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Noël, #1944, #Mauriac

Le général Von Rundstedt a été chargé par Hitler de préparer une contre-attaque. Cette contre-offensive, qui rassemble vingt-huit divisions dans les Ardennes à l’hiver 1944 a surpris les alliés.

La Paix de Noël - par François MAURIAC - Le Figaro du 24 Décembre 1944

"LORSQUE, dans cet août glorieux de la délivrance, nous nous disions : « A Noël, peut-être... » ce n’était pas ce sursaut redoutable de l’ennemi que nous envisagions, ni cette blessure rouverte au flanc de la Belgique, ni cette angoisse de la France sans armes.

Nous songions au retour de nos bien-aimés, à une messe de minuit qui eût été une messe d’action de grâce, à tous ces rires, à toute cette joie, autour d’une table illuminée... Eh bien non, nous ne connaîtrons pas d’autre paix, ce soir, que la paix promise par les anges aux hommes de bonne volonté, cette paix dont le Fils de l’homme, plus tard, devait dire : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne la donne pas comme la donne le monde... » Il ne s’agit de rien d’autre que de ce grand calme au dedans de nous, quelles que soient les ténèbres extérieures pleines d’embûches et de menaces. Les hommes ont fait de Noël une priapée, mais les chrétiens savent que ce mystère joyeux touche de toutes parts à la douleur humaine. Un jeune ouvrier, une femme enceinte, presque une petite fille, errent d’auberge en auberge, sont chassés de partout, échouent dans une étable : c’est le pauvre, c’est le sans- logis de tous les temps que cet enfant, déjà crucifié à la crèche. Car le chemin de croix commence dès Bethléem. Le monde chante, rit et boit autour de ce dénuement sacré. Mais rien ne peut faire que ce nouveau-né ne soit nu, qu’il n’ait froid, et sa mère n’a personne pour l’aider — sinon cet ouvrier, un peu en retrait, qui prie dans l’ombre. Telle est la leçon que nous devons retenir de ce Noël dans les larmes. Notre Dieu-enfant n’est pas venu détruire la souffrance des hommes, il est venu pour l’épouser, pour lui donner à la fois un sens et une valeur.

Les chrétiens savent comment le mal est entré dans le monde, mais ils connaissent aussi le prix d’une larme, d’une goutte de sang. L’énigme que pose à notre angoisse cette création féroce, ils en ont trouvé le mot qui est : réversibilité. (« C’est d’abord pour comprendre, que je suis devenu chrétien... » écrivait Jacques Rivière, prisonnier, le 24 décembre 1924, il y a aujourd'hui vingt ans.) De chacun de nos prisonniers, de nos déportés, de nos soldats,, la Communion des saints peut faire un Christ souffrant et mourant pour son peuple.

S’il est vrai que la foi soit une grâce, un don de Dieu, elle est aussi une vertu et, pour une part, dépend de notre vouloir. Les hommes de bonne volonté, à qui la paix est promise en cette sainte nuit, ce sont d’abord ceux qui, en dépit des abominations d’un monde voué au meurtre, gardent intacte la foi, telle que la confesse l’apôtre Jean dans sa première Epitre : « Et nous, nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru. Dieu est amour. » Ce secret que l’Apôtre avait dérobé au Fils de l’homme, des millions de femmes et de mères ont peut-être du mérite à y croire, en ce sombre Noël. Même si leur cœur exténué n’a plus la force de l’accueillir, il suffit qu’elles y consentent, qu’elles ne disent pas non. Rien n’est exigé de nous que cette pauvre bonne volonté."

François MAURIAC, de l'Académie française.

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Le Débarquement – Juin 1944

22 Décembre 2022 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Débarquement, #1944

L'année 1944 a commencé avec l'amplification de rumeurs sur un prochain débarquement.

Plusieurs connaissances reçoivent des visiteurs réclamant une inscription à une souscription ''volontaire'' en soutien de la légion antibolchevique. Si on refuse, le visiteur menace...

Gaz et électricité sont très souvent coupés pendant la journée. L'angoisse grandit ; les bombardements massifs des anglais, les fusillades en pleine rue, semblent nous annoncer une déflagration.

Anne-Laure et Lancelot ont la désagréable surprise de recevoir une lettre anonyme, avec à l'intérieur le dessin d'un cercueil.

La comtesse de Sallembier craint une accusation portée sur ses relations avec les gradés allemands, sans attention sur ses réelles motivations et sans prendre en compte les résultats de ces contacts.... Lancelot tente de rassurer sa mère ; ils ont l'appui des chefs du SR, le colonel Rivet, le commandant Paillole, même s'ils sont éloignés; ayant gagné Alger, ils se sont mis sous les ordres du Général Giraud.

La mère de Lancelot, blessée, décide de se retirer de plus en plus souvent, à Fléchigné.

Paris, le 6 juin 1944. La journée s'annonce pleine de mélancolie, à l'image du temps. A 8h30, à l'aide du bulletin d'informations de ''Radio-Paris'', au milieu des mensonges, chacun tente de discerner des nouvelles sur une offensive alliée. Le speaker note ces quelques mots, suffisants pour que chacun s'interroge, espère : « On a observé, cette nuit et à l'aube, entre Calais et Dunkerque, de nombreuses embarcations, tandis que s'avançait, de l'embouchure de la Seine au Cotentin, une importante flotte de guerre... ». On reste collé au poste : on retient : - les parachutistes, - les bombardements aériens … A 9h30, la radio anglaise confirme, le général Eisenhower parle : « Ce débarquement fait partie du plan établi pour la libération de l'Europe... Tous les patriotes ont un rôle à jouer... Aux membres des mouvements de Résistance je dis : suivez les ordres qui vous seront donnés, mais n'exposez pas votre vie inutilement. Attendez l'heure où je vous donnerai le signal de frapper l'ennemi. »

Sur ''Radio-Paris'' à 14h15, un court discours du Maréchal Pétain qui annonce « La France devient un champ de bataille. N'écoutez pas ceux qui conduisent le pays au désastre. »

26 Juin prise du port de Cherbourg – mi-juillet Caen, Saint-Lô, libérés – 25 août, libération de Lisieux et Paris.

Le 28 juin : Philippe Henriot, secrétaire d'Etat à l'Information et speaker à Radio-Paris, est abattu par un groupe de résistants, rue de Solférino. Le 1er juillet : Funérailles nationales de Philippe Henriot, abattu par la Résistance le 28 juin. Toutes les salles de spectacles sont fermées. Dès le 12 juillet un boulevard Philippe-Henriot est créé à Vichy. A Paris l'avenue du Président Wilson, près du Trocadéro, est débaptisée le 14 juillet et devient, pour quelques semaines, l'avenue Philippe-Henriot.

Le 7 juillet : Assassinat par des membres de la Milice de l'ancien ministre d'état Georges Mandel dans la forêt de Fontainebleau. La presse annonce la nouvelle une semaine plus tard. Le matin du 15 juillet informe que « le juif Mandel a été abattu » pendant son transfert dans un camp d'internement. « Une information judiciaire est ouverte. »

 

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1944 – La Milice française

14 Décembre 2022 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Milice, #1944, #Heisenberg

Qui, mieux qu'elle, peut parler de la France occupée ? Comment a t-elle été assez naïve pour imaginer une collaboration qui ne passe pas par ce type de violence; collaboration asymétrique dans laquelle le vaincu ne peut qu'y laisser son honneur.

Lancelot apaise Geneviève. Il lui assure qu'il accepte l'éventualité que cet enfant ne soit pas - génétiquement - le sien; et s'engage à assumer la suite. Ceci restera entre eux seuls. D'autant, que ce genre d'incident généalogique n'est pas exceptionnel dans notre tradition familiale; ce qui explique que la comtesse de Sallembier, elle-même, saura être compréhensive.

Janvier 1944 - Des cours martiales sont instituées. Un état milicien français se met en place. La milice contrôle la police en zone nord, comme en zone sud; elle a la main sur la propagande et elle contrôle les directions pénitentiaires ( une bonne partie de la justice).

Les cours martiales, bien que tout à fait officielles, se réunissent sans publicité, en dehors des lieux où est traditionnellement rendue la justice, et leurs « juges » sont anonymes. Le processus répressif se veut rapide, de l’arrestation à l’exécution. Ne sont rendus publiques , aucune information sur l’identité des condamnés, ou la nature des faits qui leur sont reprochés...

Comment en sommes-nous arrivés là ?

On peut tenter de reconstituer, la chronologie. L'objectif de Pétain était le redressement moral et intellectuel du pays.. Il comptait sur les anciens combattants, pour conduire cet engagement.

En zone Sud, l'ensemble des associations d'anciens combattants sont devenues : La Légion française des combattants le 29 août 1940. Sa mission : régénérer la Nation, elle possède son émission de radio quotidienne. Le 31 août 1941 à Vichy, les légionnaires prêtent serment.

La légion LVF, contre le bolchévisme, est créé le 18 juillet 1941, mais les volontaires pour rejoindre le front de l'est sont rares.

 

De la Légion, Joseph Darnand, en Février 1942, crée le SOL, le service d'ordre légionnaire, groupement paramilitaire avec les plus combatifs, antirépublicains, antibolchéviques, antisémites. Ils se présentent comme les chevaliers des temps modernes..

Le serment individuel se fait devant le grand maître de l’Ordre, l’inspecteur général Darnand. Ils récitent les 21 points de la doctrine, et s'engagent : - « Contre l’Egoïsme bourgeois, le Scepticisme, l’Individualisme, l’Egalitarisme, le Capitalisme international, la Franc-maçonnerie païenne, la Dissidence gaulliste, le Bolchevisme et la “Lèpre juive”. », et - à « servir la France et le maréchal Pétain chef suprême de la Légion ».

 

Trois jours après le débarquement en Afrique du nord ( 8 nov 1942); les allemands franchissent la ligne de démarcation. L'armée d'armistice disparaît sans gloire, la fiction d'un Etat français s'envole. Le Führer exige de Laval, la création d'une force de police qui devra collaborer avec les allemands au maintien de l'ordre en France. Où trouver ces troupes sinon chez les légionnaires de Darnand ?

De par la loi N°63 du 30 janvier 1943, est créée la Milice française qui dépend du gouvernement, à partir du SOL, et toujours sous les ordres de Darnand.

Le 1er janvier 1943, l’école d’Uriage - opposée ouvertement à Laval et qui a servi de refuge à des juifs - est officiellement fermée. Un mandat d'arrêt est délivré contre Pierre Dunoyer de Segonzac qui rentre dans la clandestinité et la résistance. Le 11 février, la milice de Joseph Darnand prend possession du château d’Uriage, pour établir son école des cadres de la Milice ; avec une formation militaire orientée vers les combats de guerre civile.

Les allemands proposent la création d'une Waffen SS française... Ces français vont prêter serment à Hitler. En réponse aux attaques de la Résistance, les allemands acceptent de leur livrer des armes ; et exigent l'entrée au gouvernement de Darnand.

Le 30 décembre 1943, deux miliciens sont aux postes clés de l'appareil d'état : Darnand secrétaire général au maintien de l'ordre, il a autorité sur l'ensemble des forces de police. Philippe Henriot est nommé à l'Information ( il parle deux fois par jour, à la radio).

Des cours martiales sont instituées. Un état milicien se met en place. La milice contrôle la police en zone nord, comme en zone sud ; elle a la main sur la propagande ; elle contrôle les directions pénitentiaires ( une bonne partie de la justice).

 

Conséquemment au conflit de Georges Duhamel et de Jacques Bernard, directeur du Mercure de France ; une note d'Otto Abetz, datant de 14 décembre 1943, donne son accord à propos d'une éventuelle déportation de Georges Duhamel: « D'accord pour la déportation de Georges Duhamel auteur de livres anti-allemands; intrigue contre les intérêts allemands ». (Arlette Lafay )

 

Jean Giraudoux, malade suite à une crise d'urémie, aurait quitté son hôtel , rejoint son domicile, dont il s'était éloigné... Il y est mort le 31 janvier 44.

Le 1er mars, c'est le chanoine Mugnier, devenu aveugle, qui meurt. Il aimait dire qu'on l'enterrerait dans une nappe, celle de toutes les réceptions mondaines où il était invité. Très aimé, Anne-Laure de Sallembier tient à être présente à son enterrement, rue Méchain, à la chapelle des sœurs.

Pierre Pucheu, ministre de l'intérieur de Vichy, voulait convaincre le Maréchal de partir pour Alger, après le retour de Laval. Lui-même aurait été la Gestapo Inculpé de trahison ; il vient d'être fusillé ; C'est le signe que le régime de Vichy va devoir rendre des comptes; qu'il est inutile à présent de changer de camp, d'autant que Pucheu aurait donné des listes d’otages communistes à fusiller. 

 

Perdu pour perdu, Drieu a hésité... Mais, il ne pouvait pas rester en Suisse. Il devait rentrer à Paris, et attendre. Faire face, et logiquement, mourir. A présent, les grands mouvements, doivent être intérieurs. Drieu est friand de discussions théologiques. Le christianisme l'agace : ce rapport au Dieu personne, à l'amour, ne lui parle pas. Il apprécie lire l'Evangile de Jean et les épîtres de Paul, et y reconnaît le socle occidental grec, et minimise l'apport juif. Il apprécie de plus en plus, le Vedanta ; en quelques mots : L'Univers se fonde sur le brahman, l'Absolu, l'ultime réalité. L'homme se reconnaît comme ātman ( âme, soi), mais, le brahman est également son fondement. Il faut réaliser que ātman et brahman ne font qu'un.

 

Et en sciences ? Évacuons, ce serait une grave erreur de ne pas le faire, l'impression que la relativité d'Einstein conduirait au relativisme des idées ; ou les relations d'incertitude d'Heisenberg à la confusion des repères.

Je rappelle, par cette formulation, ce principe d'incertitude d'Heisenberg (1927): « La vitesse et la position d’une particule élémentaire sont liées de telle sorte que toute précision dans la mesure de l’une entraîne une indétermination, proportionnelle et parfaitement quantifiable, dans la mesure de l’autre.» ( J. Ferrari – Le Principe).

Le texte de Werner Heisenberg écrit en 1942, que traduit Anne-Laure de Sallembier analyse comment l'évolution des sciences a modifié notre position à l'égard de la Réalité.

Heisenberg propose d'approcher la réalité en acceptant sa division en « régions » et « niveaux »,  en allemand, « Bereich Wirklichkeit » et « Schicht Wirklichkeit »; et ceci pour éviter les malentendus conceptuels. A mon avis, les ''niveaux de réalité'' sont à rapprocher de ce que nous appelons aujourd'hui les ''modes d'existence''.

Heisenberg se situe d'emblée sur la position kantienne qui renonce à toute connaissance sur le réel en soi.

Ainsi, par ''région de la réalité'', Heisenberg prend l'exemple suivant : « une même goutte d'eau d'un ruisseau peut obéir aux lois physiques, puis aux lois chimiques lorsque elle se combine aux sels, puis entre dans le domaine des lois organiques lorsqu'elle est absorbée par une plante » .

Les ''niveaux'' permettent de commencer là où on peut objectiver, et avancer vers où les états de choses ne peuvent pas être séparés du processus de la connaissance. 

Premier niveau de réalité : état des choses objectivables indépendamment du processus de connaissance : La mécanique classique, l'électromagnétisme et les deux théories de la relativité d'Einstein. Nous admettons que la perception n'est pas influencée par l'action de celui qui perçoit.

Deuxième niveau de réalité : état des choses inséparables du processus de connaissance ; avec la mécanique quantique, la biologie et les sciences de l'esprit. Nous prenons en compte que ce qui est perçu est influencé par l'action de percevoir : la mesure influence ce qui est mesuré.

Troisième niveau de réalité : état des choses créées en connexion avec le processus de connaissance, et en intégrant l'expérience religieuse, philosophique et artistique. Nous reconnaissons que le sujet participe à la création de l'objet.

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1943-44 - La vie continue, du côté du Café de Flore. Sartre, Simone de Beauvoir...

4 Décembre 2022 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #Simone de Beauvoir, #Sartre, #1944, #L'Etre et le Néant

Fin 43, début 1944. La France se détourne de la collaboration. 1 850 000 prisonniers sont toujours détenus dans les stalags allemands. François Mitterrand ( connu pour son rôle en faveur des prisonniers de guerre) - lors d'une réunion publique salle Wagram, à Paris, le 10 juillet 1943 – interpelle l'orateur : « Nous n'acceptons pas le honteux marché que vous appelez la relève et qui se sert de nos camarades restés là-bas comme d'un moyen de chantage pour justifier la déportation des français... » Masson à la tribune s'insurge, le menace ; la police s'approche, Mitterrand soutenu par la salle réussit à s'enfuir...

La Wehrmacht a renoncé à la conquête de l'URSS. Mussolini est tombé, la Corse est libérée et un débarquement eut lieu en Sicile. Même un vichyste ( honnête), ne peut ignorer l'information sur l'existence de camps d’extermination de juifs. Des maquis sont actifs et la Résistance s'organise.

 

Robert Brasillach

Robert Brasillach, à 34 ans, est rédacteur en chef de '' la Chronique de Paris'', pendant l'été 43 , il a accompagné de Brinon en Allemagne. Les ''collabo.'' s'insurgent contre ceux qui prétendent servir la patrie depuis, ou avec l'aide de l'étranger.

Marcel Aymé reçoit de brillants éloges pour '' La Vouivre ''. Plusieurs hommages s'adressent à Jean Giraudoux mort le 31 janvier 1944. Brasillach se veut indulgent pour les ouvrages de J.P. Sartre (1905-1980) qui s'inspire de Heidegger, et s'améliore, de La Nausée - avec ce style  « chien-crevé-au-fil-de-l’eau » - aux nouvelles, Le Mur (1939) et au théâtre. Il le qualifie de « compagnon de [ses] dégoûts ».

On supporte Céline - quoique anarchiste nihiliste – et d'abord auteur de Voyage au bout de la nuit, mais aux idées ''profondément européennes et aryennes''.

Rebatet exprime son dégoût de la démocratie, et cela passe par son mépris pour l'état vichyssois et bien-sûr républicain. Dans '' Sur les ruines de l'art'', il s'en prend au « sauvage juif et américain » qui bombarde ''tout ce qui rattache la civilisation à son passé''.

 

Le zazou Boris Vian (1920-1959) tout en se moquant copieusement du pétainisme, dit ignorer la chose politique. Mariés depuis 1941, Michèle et Boris organisent des surprises-parties swing dans la maison de ses parents à Ville-d'Avray. On joue du jazz, comme "Lady be good", chanson du compositeur juif Gershwin, rebaptisée, "Les Bigoudis'' de Guère Souigne. Puis, des amis disparaissent dans des rafles, et le STO marque la fin de l'insouciante vague zazou.

Boris Vian, ingénieur, travaille à l'Afnor. Il joue de la trompette avec l'orchestre de Claude Abadie, dans les caves. Sous le nom de Bison ravi, il écrit un poème sur l’interdiction du jazz américain par les Allemands. Il n'a pas encore rencontré le couple Beauvoir-Sartre, piliers du gotha littéraire de Saint-Germain-des-Prés ; mais connaît l'ouvrage à succès de Sartre ''L’Être et le Néant '' (1943); il pèse un kilo (724 pages) et sert de poids dans les épiceries...

 

L'attention de Lancelot, est attirée par différents articles sur les prochains prix littéraires ( Goncourt, Renaudot) en ce début 1944. On commente largement le roman de Simone de Beauvoir, que Gallimard a publié, en 1943, '' L'Invitée''. Lancelot reconnaît, dans l'histoire d'un triangle amoureux, la vie de jeunes Montparnos, qui philosophent leur vie faite de désirs, de vouloir et de pouvoir.

Simone-de-Beauvoir

Simone de Beauvoir (1908-1986), avec un père avocat, et une mère au foyer et profondément religieuse, se déclare athée à l'adolescence. Après la faillite du grand-père, la famille quitte le manoir familial pour un petit appartement. Simone et ses parents, comprennent la nécessité de poursuivre des études pour pallier à cette situation économique. En 1929, elle présente sa thèse sur Leibniz ; et, agrégée, elle enseigne en lycée.

En juin 1943, l'administration de Vichy exclut Simone de Beauvoir, suite à une plainte d'une mère d'élève pour «excitation de mineure à la débauche». Sartre lui déniche un emploi à la ''radiodiffusion nationale'' ( radio Vichy), où elle produit une série d'émissions sur « Les origines du music-hall ».

'' L'Invitée'', dont on parle beaucoup est favorablement accueilli ; même dans l'Action Française avec un article de Thierry Maulnier qui souligne : « un style féminin dans la littérature, un déterminisme si puissant de la nature et de la condition féminines auxquelles de Mme de Lafayette (pour ne pas re monter plus loin) jusqu'à Colette, personne, à ma connaissance, n'a échappé, et que la grandeur des grands écrivains femmes a consisté non pas à s'affranchir de cette condition et de cette nature, mais à porter par l'acuité de l'intelligence, l'intensité des émotions ressenties et transcrites, enfin la beauté de la langue, les problèmes propre ment féminins au-dessus de ce qu'ils peuvent avoir en eux-mêmes, dans leurs formes ordinaires, de médiocre et de limité, au niveau de l'angoisse universelle, de la douleur et de la joie élémentaires, de l'éternelle interrogation au destin. » ( l'A.F. du 21 octobre 1943)

Le Renaudot de 1944, va couronner le premier roman de Roger Peyrefitte '' Les Amitiés particulières''. Si '' L'invitée '' était pressentie pour le Goncourt 43 ( remis en 1944) ; c'est Passage de l'homme, un conte philosophique et pessimiste de Marius Grout (publié le 20 août 1943) de 85 pages, qui est récompensé.  

1943 au Café de Flore

 

Lancelot prend toujours plaisir à observer, en plus de s'y réchauffer, ce qui se passe du côté du café de Flore ( M. et Me Boubal en étaient les propriétaires) . « Il est certain que le café, par soi-même, avec ses consommateurs, ses tables, ses banquettes, ses glaces, sa lumière, son atmosphère enfumée et les bruits de voix, de soucoupes heurtées, de pas qui le remplissent, est un plein d'être. » Sartre, L'Etre et le Néant (1943) - « Nous nous y installâmes complètement : de neuf heures du matin à midi, nous y travaillions, nous allions déjeuner, à deux heures nous y revenions et nous causions alors avec des amis que nous rencontrions jusqu'à huit heures. Après dîner, nous recevions les gens à qui nous avions donné rendez-vous. Cela peut vous sembler bizarre, mais nous étions au Flore chez nous. » Jean-Paul Sartre

Lancelot n'oublie pas ( mai 42) parmi les adeptes du Flore, que Boris Vian évoque lui-même : « le pauvre Jausion dont l'amie, une charmante tchèque (sic!), fut déportée à la demande du père de Jausion qui dit aux allemands : '' Faites peur à cette fille, sinon il va l'épouser.'' On l’arrêta pour lui faire peur, si bien qu'elle mourut en déportation. » ( B Vian - Manuel de Saint-Germain des Près). Voir aussi, 1942 - La vie parisienne - Les légendes du Graal (over-blog.net)

Lancelot s'y rend parfois avec Geneviève. Il remarque qu'elle s'y sent moins à l'aise que lui, mais il la découvre ici plus affectueuse.

Lancelot observe de loin, Beauvoir et Sartre, tous deux très entourés de jeunes gens. Beauvoir n'a pas l'apparence d'une femme de lettres, la voix légèrement éraillée, le visage clair aux yeux bleus, elle est vive, souriante et passionnée.

On commente ''L’Être et le Néant'' Où trouver de l'être si ce n'est dans l'acte ? L'acte est réel, phénomène ; et le phénomène est ce qui « est immédiatement dévoilé à la conscience. ».

Ensuite, sur le Néant, Sartre dit : « l’être est antérieur au néant et le fonde. ». « l'homme est l’être par qui le néant vient au monde. »

Sur la liberté : «  il n'y a pas de différence entre l’être de l'homme et son « être-libre ». Cette conscience de ma liberté peut causer de l'angoisse ( peur vis à vis de moi-même). Y aurait-il des valeurs qui pourraient guider nos choix ?

Sartre répond que « ma liberté est l’unique fondement des valeurs et donc rien, absolument rien, ne me justifie d’adopter telle ou telle échelle des valeurs ». La société peut proposer des « garde-fous contre l'angoisse » ( l'état, la police..).

L'homme s'angoisse parce qu'il est libre...

Jean Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Café de Flore

« Le désir est manque d’être » , et comment empêcher que je ne vois l'autre, qu'en ''objet'' ? Je le chosifie. Et lui aussi me chosifie... Nous avons donc la même expérience : il s'avère être.

«  autrui me regarde et comme tel, il détient le secret de mon être, il sait ce que je suis ; ainsi, le sens profond de mon être est hors de moi, emprisonné dans une absence ; autrui a barre sur moi »

L'amour ne serait-il pas, une manière de m'emparer d'autrui ? - «  l’amant ne désire pas posséder l’aimé comme on possède une chose : il réclame un type spécial d’appropriation : il veut posséder une liberté comme liberté »

Enfin Sartre termine sur notre impuissance éventuelle, face à cette liberté offerte... ? Pourtant, il n'y a de liberté que dans un ''monde résistant''. «  Il n’y a de liberté qu’en situation et il n’y a de situation que par la liberté. »

Et l'existentialisme, en partant de Kierkegaard, ce pourrait être quoi ?

L'existentialisme, le mouvement philosophique moderne, place au centre d'une réflexion, l'existence vécue, l'individu dans le monde et la primauté de l'existence sur l'essence.

Pour Sartre, l'homme commence à exister, par rapport aux ''autres'', et ne pas avoir d'être propre. Il se construit à partir de ses projets, et devient ce qu'il projette d'être ; sa liberté est relié à l'absence d'essence ( nature). S'il avait une essence, l'étendue des conduites possibles seraient déterminées... L'homme sans nature, n'a pas d'essence, il est libre et il est ce qu'il a décidé d'être.

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1944 - Les Yeux d'Elsa.

29 Novembre 2022 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #1944, #Aragon, #Les yeux d'Elsa

Geneviève

Lancelot reconnaît dépendre de plus en plus de Geneviève. Son désir, ses sentiments, son esprit sont résolument tournés vers elle.

Sur fond de crise à la Comédie Française, Lancelot, sa mère et Geneviève, assistent à une soirée en hommage à Molière. En fin de soirée, on parle beaucoup de Raimu qui va jouer dans le Bourgeois Gentilhomme. De nombreux artistes sont là, des chantres de la collaboration ( opposés à la politique actuelle de l'administrateur Vaudoyer) et des gradés de la Wehrmacht. L'officier allemand, amoureux de Geneviève est présent. Après une rapide inclination, il l'enlève et la tient fermement à ses côtés, malgré les regards désespérés de la jeune femme vers Anne-Laure et Lancelot.

Après avoir bu sa coupe, la Comtesse de Sallembier, s'approche du groupe des officiers allemands et prie, en allemand, de laisser Mademoiselle Geneviève T. libre d'être raccompagnée chez elle ; le militaire s'incline..

Georges Duhamel, offre à Lancelot, deux fascicules publiés en Suisse par Albert Béguin. Il s'agit de recueils de Poésies de Louis Aragon, Les Yeux d'Elsa, et Brocéliande. Il lui parle en particulier de Béguin ; et souhaite qu'après la guerre, il puisse le rencontrer.

 

Albert Béguin dirige depuis 1942, Les Cahiers du Rhône, dans lesquels il publie la poésie d'Aragon, de Paul Éluard, Saint-John Perse, Jules Supervielle, Pierre Jean Jouve et Pierre Emmanuel. Il est professeur à l’Université de Bâle, en Suisse, et spécialiste, entre autres, du romantisme allemand, de Balzac et de la poésie médiévale; ce qui, s'apparente beaucoup au goûts mêmes de Lancelot.

 

''Les Yeux d'Elsa'' ont pu être diffusés en zone libre avant que l’armée allemande ne déferle dans le sud. Aragon s'était passionné pour la poésie française des origines, avec ses chansons de geste, romans courtois, poèmes des troubadours et des trouvères.

Elsa Triolet

Ainsi, Lancelot découvre en feuilletant l'ouvrage, des poèmes comme ''Chanson de récréance '', "Richard Coeur-de-lion" écrit en juin 1941, alors qu'Aragon et Elsa, avec Georges Dudach, arrêtés au passage de la ligne de démarcation, sont incarcérés à Tours, jusqu'au 17 juillet ; ou '' Lancelot '' chevalier de son pays.

 

En préface : '' Arma virumque cano ... '' (de Virgile, Eneide ) , ou '' « Je vais chanter la guerre et celui ( celle) qui...» allusion donc à la guerre, et à la France ( ou à Elsa). Tout lecteur, sait, censure oblige, qu'un texte peut en cacher un autre.

Dans le poème ''Les yeux d'Elsa'' ; Lancelot pense, aussi, à ce guerrier allemand amoureux, sans-doute désespéré : « Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire/ J’ai vu tous les soleils y venir se mirer / S’y jeter à mourir tous les désespérés... »

Les nuits, évoquent la guerre, de 14 à 40, « le bruit retrouvé du canon. » et la patrie perdue au travers des femmes aimées. L'occupation, c'est l'exil d'un temps qui n'est plus. Et les fêtes galantes ne sont qu'un carnaval de voyous-voyeurs.

Encore ce personnage de Peter Schlemihl ( Chamisso), qui vend son âme au diable, contre son ombre. Et ce chevalier, traversant le pont de Cé, soumis aux épreuves, et abandonnant ses armes.

Place aux ''plaintes'' : « Rien ne pourra calmer ce pauvre coeur vieilli / Et ni d'avoir perdu Victoire et mon pays. » ( Victoire est aussi la femme Vittoria ). Plainte pour les fusillés, des communards, et d'aujourd'hui.

L'amour du chevalier s'adresse au pays : « En étrange pays dans mon pays lui-même / Je sais bien ce que c’est qu’un amour malheureux. »

La Chanson de récréance, est pour le chevalier qui se rend à ''merci'' et se détourne de ses devoirs de chevalier pour s'adonner à l'amour ( comme Erec, amant d'Enide). Heureux temps, malgré tout. Richard cœur de lion, au retour de croisade, prisonnier, sauvé et reconnu grâce à une chanson, par son ami Blondel. «  Tous les Français ressemblent à Blondel / Quel que soit le nom dont nous l’appelions / La liberté comme un bruissement d’ailes / Répond au chant de Richard Coeur-de-Lion. »

Autre troubadour : Alain Borne, comparé à Bertrand de Born. « Vous me faites penser à ce poète qui s’appelait Bertrand de Born presque comme vous.

Alain Borne un pays sans borne / Ressemble à votre poésie / Où des demoiselles choisies / Comme au beau temps de l’unicorne / Attendent un Bertrand de Born.

Qui leur chante les raisons de vivre et d’aimer les raisons d’aimer et d’en mourir songez-y. »

Aragon, se dit : « Je suis ce chevalier qu'on dit de la charrette » ( Lancelot )

Le cantique à Elsa, est un chant religieux, en ce que l'amour est une religion.

À la fin de « Ce que dit Elsa » c'est par sa bouche, la pratique du double sens : « Tu me dis Si tu veux que je t’aime et je t’aime / Il faut que ce portrait que de moi tu peindras / Ait comme un ver vivant au fond du chrysanthème / Un thème caché dans son thème / Et marie à l’amour le soleil qui viendra. »

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