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Un jeune romantique en ces années 1830 - 3-
Le père de la jeune Anaïs Bosio était sculpteur, et il en avait fait le buste ….
Jean Bernard Duseigneur (1808-1866) dit Jehan Du Seigneur est aussi sculpteur, il étudie sous Bosio... Et, vers 1830, il déserte l'école classique, cherchant dans le Moyen Âge chevaleresque et chrétien des inspirations nouvelles. Il fait partie du cénacle qui se groupe autour de Victor Hugo.
Il rencontre Charles-Louis de Villeneuve et lui fait connaître quelqu'un qui fait partie de ce cercle médiéviste qui est en train de se former …
A noter que Jehan fréquente le salon d'Alfred Tattet (1809-1856). Son salon était fréquenté par Charles Nodier, Vigny, Lamartine, Félix Arvers, Roger de Bauvoir, D'Althon Shée, (dont la fidèle épouse fut la maîtresse de Musset, puis du peintre Paul Chenavard qui avait exécuté son portrait), et Ulrich Guttinguer, le plus fervent propagateur du romantisme...

Ainsi, Charles-Louis rencontre, Charles de L'Escalopier (1812-1861), qui en 1840, devient conservateur à la bibliothèque de l'Arsenal sous la direction de l'académicien Charles Nodier (1780-1844), et membre de plusieurs sociétés savantes...
Passionné par le Moyen-Âge, il décore sa maison en gothique flamboyant et installe un musée médiéval de pièces d'orfèvrerie, d'ivoire, de bronze. Il acquiert des émaux très rares et des reliques pour la plupart douteuses … C'est lui, qui avance à Robert-Houdin, le Magicien– devenu son ami - la somme nécessaire pour ouvrir un théâtre de magie à Paris. Le 3 juillet 1845 a lieu la première des '' Soirées fantastiques de Robert-Houdin '', rue de Valois, au Palais-Royal. C'est le succès immédiat.

En 1835, le comte Charles de l'Escalopier fait donc construire "à la campagne" une maison entourée d'un vaste terrain (à l'époque jusqu'à la rue Joseph de Maistre) ; elle vaut la visite... :
L'Annuaire de Paris et de ses environs de Leblanc de Ferrière décrit la demeure : « La façade sur la cour présente une tour en saillie crénelée en son sommet ; à gauche un avant-corps carré, surmonté d’une terrasse et d’un balcon ; les formes et les ornementations de l’édifice sont dans le style du Bas Moyen Âge, des années 1450, règne de Louis XI ; les encadrements des ouvertures, le balcon, les clochetons et les culs-de-lampe sont d’un gothique plein de délicatesse et de goût dans le choix et la réalisation ; le cadre d’une fenêtre au rez-de-chaussée est une copie fidèle de la porte de Jeanne d’Arc à Domrémy. »

L'Hôtel était agrémenté d'un vaste jardin, d'un gymnase et de serres remarquables : « Contiguës au bâtiment, elles sont exposées vers le sud, sur une ligne de cent vingt pieds de long et de douze pieds de large ; elles sont construites en fer ; ornées de roches et de bassins elles sont chauffées à la vapeur et renferment une collection remarquable de végétaux à propriétés historiques, les plus rares et les plus précieuses. On y entre par le salon dont la glace sans tain au-dessus de la cheminée offre une vue sur ces serres au centre desquelles un pavillon, de vingt-huit pieds de haut avec des colonnes ornées de chapiteaux dorés, est consacré à la culture des bananiers.

Les serres contiennent des bambous, des papayers, des arbres à pain, des cocotiers ; tous ces arbres sont en pleine terre. Dans la quatrième serre se trouvent les plantes qui exigent le plus de chaleur : orchidées, bois de santal, muscadier, cacaoyer, copayer, mangoustanier, mancenillier, vanille… » Leblanc de Ferrière.
L'Hôtel de l'Escalopier fut détruit en 1882.

Le comte va constituer une prestigieuse collection de livres. Les serres vont être remplacées par une bibliothèque riche de cinq mille neuf cents ouvrages dédiés à l'Archéologie, à l'Histoire et à la Théologie. Il crée un musée destiné à ses amis et aux visiteurs de passage où l'on peut admirer des bois sculptés, des émaux, des ivoires, de l'orfèvrerie ou encore des verres médiévaux...
Et ce qui est fascinant, pour Charles-Louis de Villeneuve, c'est que cet érudit médiéviste va entreprendre un voyage en ''Terre Sainte'' et se faire adouber chevalier de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem ( le 21 juillet 1837) ; en effet, depuis le XVe siècle, la Custodie de Terre sainte a le privilège exclusif de créer des « chevaliers du Saint-Sépulcre »
Existerait-il donc des templiers en ce XIXème siècle ?
A suivre ...
Un jeune romantique en ces années 1830 - 2-

A partir de 1830, certains se désolent que les ''salons'' du type ''Staël'', '' Récamier'', disparaissent ou évoluent en devenant plus ''artiste''. Après les '' lectures '', les hommes '' noirs du haut en bas ''s’adonnent au jeu, « perdant impitoyablement la fortune de leurs femmes » ou de leurs filles qui dansent dans la pièce à côté....
Les artistes considèrent qu'ils forment un monde à part, et comme dit Jal, ont plaisir de montrer aux « heureux de la terre qu’on p[eut] très bien vivre et s’amuser sans eux ». Mieux encore, ce sont désormais les gens du grand monde qui quémandent « le plaisir de venir, au milieu d’un cercle d’artistes, chercher les joies dont leurs salons dorés n’ont plus le secret. »

En 1827, la comédienne Mlle Mars a donné un bal masqué, l'élite des arts et de la littérature est présente... Des grands noms de l'aristocratie la sollicite pour y être reçus. Mlle Mars prouve à cette occasion qu’elle peut recevoir avec une grâce, une aisance, une délicatesse d’esprit et un savoir-vivre dignes des grandes hôtesses de salons, le piquant, l’originalité en plus, tout en restant dans le bon ton.
Sainte-Beuve confirme l’orientation poétique du salon du XIXe siècle.

Le salon de Mme Ancelot ( Virginie Ancelot - Chardon (1792-1875)), devient l'un des plus réputés de Paris où succès et notoriété se font et se défont. Balzac, Chateaubriand, Lamartine, Mérimée, Musset, Stendhal, Pierre-Édouard Lémontey, Lacretelle, Alphonse Daudet, Baour-Lormian, Victor Hugo, Sophie Gay et sa fille Delphine de Girardin, Henri de Rochefort-Luçay, Mélanie Waldor, la comédienne Rachel, Jacques Babinet, Juliette Récamier, Anaïs Ségalas, François Guizot, Saint-Simon; Alfred de Musset, Alfred de Vigny, Prosper Mérimée, Eugène Delacroix, et bien d’autres s’y retrouvent régulièrement.
Virginie Ancelot, est écrivain, dramaturge, mémorialiste et peintre.
Cette renommée facilitera l’accession de son mari à l’Académie française, en 1841...

Terminons, dans l'intimité des messieurs en une fin de soirée :
J. Fr. Ancelot, sachant que son épouse lui était fort infidèle, lança à la sortie d’une soirée ; après que l'un dit : « Je vais chez les filles. » et l'autre : « Je vais coucher avec Suzanne, la comédienne. » Ancelot dit : « Moi, je vais faire trente cocus d'un seul coup, je vais coucher avec ma femme. » D'après une lettre de Mérimée à Stendhal ( du 1er décembre 1831)...
C'est vrai que Stendhal eut une ''aventure'' avec Virginie Ancelot... C'est peut-être chez elle, ou dans un autre salon, que Stendhal rencontre Alberthe de Rubempré (1804-1873) en 1828. Elle habite 11, rue Bleue et l'appelle ''azur''... Elle tient salon, vit séparée de son mari et goûte l'occultisme …

Quand Stendhal lui est présenté le 6 février 1829, elle a vingt-cinq ans et a pour amant Eugène Delacroix. Hélas, le peintre est de santé médiocre. Il fatigue vite …
Elle parle de son « joli con », et rit beaucoup de l'embarras de son auditoire. Le 21 juin elle couche avec Stendhal qui se révèle un amant exceptionnel, et le clame dans son salon où se pressent Mareste, Mérimée, Delacroix, Gonssolin, Lingay, Sutton Sharpe et les autres... Delacroix menace de se pendre...

Un mois plus tard elle ferme sa chambre à l'écrivain... Il le regrette amèrement... Il reprendra son caractère pour le personnage de Mathilde de la Mole.
Si le jeune Charles-Louis de Villeneuve, fréquente les salons, au risque d'en oublier ses mathématiques ; ses nouvelles relations vont lui permettre de retrouver sa quête.... Le graal pouvant prendre diverses formes; il est temps pour le jeune homme d'être initié à la rencontre physique du féminin...

Le discours romantique, fait de l'amour une expérience mystique... On est "éperdu d'amour", les coeurs "saignent".. La jeune fille est un ange de pureté et de virginité ; aussi entre la femme et l'homme, la parole pourrait devenir scandaleuse ; on parle d'aveu, de souffrance … On se frôle, on rougit, on se tait et on se regarde …
A, ce qui pour un homme est ressenti comme une frustration ; on va se réfugier vers l’accueil maternel d'une Mme de Rénal (Le Rouge et le Noir) ou d'une Mme de Mortsauf (Le Lys dans la vallée)... Le jeune homme délègue à cette femme son éducation sentimentale et sexuelle...
Pourtant, à lire Flaubert ( sa vie et son œuvre) on y voit la coexistence de postures angéliques du romantisme et des pratiques masculines qui se caractérisent par les exploits de bordel.

En même temps, le jeune homme identifie la jeune fille à la pureté et fait sa cour selon le rituel classique, et il connaît des expériences sexuelles multiples avec des prostituées, des cousettes (les ouvrières à l'aiguille dans les grandes villes) ou grisettes, jeune fille facile et fraîche qu'on abandonnera pour épouser l'héritière de bonne famille. ( Alain Corbin)
Ceci est le résultat d'une éducation virile : force, bravoure, pour dominer... On valorise le membre viril, et le droit d’accès aux femmes … !
Charles-Louis de Villeneuve rencontre dans un salon, son initiatrice...

Anaïs Bosio (1808-1871) épouse à 14 ans, le comte de La Carte. Réputée pour être une jeune femme aux fantaisies nombreuses et variées, dotée d'un esprit de conversation aigu, elle tient salon dans son appartement parisien.
En 1828, elle devient la maîtresse d'Alfred de Musset. Infidèle et amour déçu de Musset, leur relation prenant fin en 1829, elle serait le personnage de la maîtresse dans son roman Confession d'un enfant du siècle.
Elle devient la maîtresse de Jules Janin, avec qui, à partir de 1833, elle vit maritalement durant plusieurs années au no 8 de la rue de Tournon et avec qui elle a une fille, Julie, que Janin reconnaît. Ils se séparent en 1838. ( Wiki)
Pour raconter cette expérience ; voici le témoignage d'Arsème Houssaye (1814-1896) - ( extrait de ses souvenirs de jeunesse) :
« La marquise de Lacarte était chez Janin un luxe qui le ruinait, mais il n'avait pas le courage de briser. Elle était si belle, d'ailleurs, cette fille du baron Bosio, que c'eût été chasser de la maison l'œuvre d'art la plus parfaite. La voir, c'était le plaisir des yeux, même pour Janin, dont ce n'était plus le plaisir du cœur.
(...)

« Quelques jours après, comme j'étais retourné chez Jules Janin, je me trompai de porte, et je tombai comme un aérolithe dans la chambre à coucher de madame de Lacarte. Elle descendait dans sa baignoire. Suzanne la chaste se fût jetée à l'eau jusqu'aux cheveux, mais la marquise me dit avec son beau sourire
- Ah c'est vous? Donnez-vous la peine d'entrer; vous allez me tenir compagnie pendant une demi-heure.
- Je suis bien heureux, madame,.de m'être trompé de porte.
Et nous voilà en gaie causerie. La marquise était couchée dans sa baignoire, non pas vêtue de l'air du temps, mais de l'eau qu'elle agitait de sa main blanche naturellement, je ne regardais pas de l'autre côté. Elle était charmante en naïade, avec ses cheveux opulents qui la voilaient à demi.

Tout à coup, la marquise me dit d'un air malin
- Je vous avertis que je vais sortir du bain.
Et, souriant d'un sourire attractif qui me retint, car je m'en allais comme un Champenois
- Donnez-moi la main.
Je vis alors la plus belle statue du baron Bosio. .. Honni soit qui mal y pense la marquise était vêtue de ses cheveux et de sa pudeur et de mon amour de l'art... »
A suivre ...
<- La Nymphe Salmacis 1826 de J.F. Bosio (1768-1845)
Un jeune romantique en ces années 1830 - 1-

Charles-Louis de Chateauneuf (1816-...), après avoir échoué à l'entrée de l’École Polytechnique, profite de cette infortune pour affirmer son goût pour la littérature ( selon le sens général de l'époque …) et aborder enfin sa ''quête'' qui passe par la connaissance du Moyen-âge...
Rompant avec les projets de sa famille, et une partie de leur soutien financier; il va avoir l'opportunité de trouver une place de secrétaire chez l'historien Augustin Thierry (1795-1856)...
Je vais vous expliquer comment cela s'est passé...
-
Comment Ch.-L. De Villeneuve est devenu romantique et libéral...
-
Comment il fréquente les ''salons'' ...

Son intérêt pour l'histoire et Walter Scott, lui a fait suivre les articles du jeune Sainte-Beuve ( 1804-1869) chargé de la critique des ouvrages historiques, dans '' Le Globe''... C'est ainsi que Charles-Louis va devenir aussi un admirateur de Victor-Hugo (1802-1885)..
Sainte-Beuve, dans la revue, décrit un un groupe de personnes, qui depuis le salon de l'Arsenal, constitue ce que l'on va appeler '' le Cénacle '' et qui autour de Victor-Hugo constitue l'Ecole romantique …
Ces ''enfants du siècle '' ( Musset) – qui n'ont connu ni la Révolution, ni l'Empire - exprime un goût vers le lointain passé. Pour la plupart, leurs positions sont aristocratiques, et ils s'affichent en tant que royalistes... Je pense au '' Génie du Christianisme '' et Fr.-R de Chateaubriand : en 1814, Chateaubriand entra en politique en publiant, le 5 avril 1814, un pamphlet daté du 30 mars, intitulé De Bonaparte et des Bourbons et de la nécessité de se rallier à nos princes légitimes pour le bonheur de la France et celui de

l’Europe.).
Puis, Victor Hugo ce « véritable poète du parti ultra » (Stendhal) qui a publié une ode au sacre de Charles X; affirme an 1830 : « le romantisme, tant de fois mal défini, n’est, à tout prendre, et c’est là sa définition réelle, que le libéralisme en littérature ».
Comment en est-on arrivé là ? Ce fut une véritable guerre : les romantiques étaient royalistes, et les classiques libéraux ; ceux qui prêchaient la liberté dans l'art étaient absolutistes en politique, et par contre les libéraux ne voulaient pas souffrir la moindre émancipation dans le domaine littéraire.
Ainsi, la poésie est devenue royaliste et catholique en même temps que romantique.
Le théâtre, va devenir le lieu de l'unité entre les deux courants, contre les ''ultra''.
Dans la préface de « Cromwell » (1827), Victor Hugo écrit un manifeste qui sera le fondement de la théorie du romantisme.

En 1829, la censure refuse « Marion Delorme », drame romantique que le poète voulait mettre en scène. Hugo proteste, rencontre Charles X... En vain
A l’occasion des Trois Glorieuses de 1830, et du naufrage de Charles X, Victor Hugo abandonne le parti légitimiste et se rallie aux Orléans qu’incarne Louis-Philippe.
Les ''enfants du siècle '' vivent leurs passions, à partir des salons... Au cœur de ces rencontres mondaines, l'activité fort appréciée de cette société des élites, est '' la lecture ''
« On s'occupe de psychologie, d'art et d'archéologie aussi bien que de littérature. On discute sur le gothique et les cathédrales, sur la peinture anglaise et les vitraux de Westminster, sur la femme et l’amour... On organise des lectures. » Chronologie du romantisme (1804-1830) / René Bray,...
Pas de soirée réussie sans la récitation de quelque poème par un auteur à la mode.
« Dans les salons, au milieu d’une assemblée non officiellement poétique, si deux ou trois poètes se rencontrent par hasard, oh ! la bonne fortune ! vite un échantillon de ces fameuses soirées ! le proverbe ne viendra que plus tard, la contredanse est suspendue, c’est la maîtresse de maison qui vous prie, et déjà tout un cercle de femmes élégantes vous écoute. » Sainte-Beuve, « Des soirées littéraires ou Les Poètes entre eux », 1832.

Les ''grandes maisons'' proposent leur jour, où la maîtresse de maison reçoit... On y est expressément invité le premier soir, avant de devenir un habitué... Les soirs de « petit cercle », un dîner est servi à dix heures... Les soirées se terminent entre intimes …

Auguste Jal (1795-1873), écrivain, archiviste et historien français, présente l’Arsenal comme un lieu sans prétention : « le sans-façon est vrai », le « bon goût dépouillé de toute manière » ; on savoure « liberté et retenue » dans « ces soirées où se rencontrent toutes les nuances d’opinions politiques, littéraires et d’arts »
En pleine bataille romantique, Jal, nous raconte : « On rencontre des adversaires chez Nodier, jamais d’ennemis ; les partis y conservent leur force de raison, ils abdiquent, en y entrant, leur aigreur et la violence de leur logique ». Même au plus fort de la bataille entre romantiques et classiques, « les soirées de l’Arsenal ont été remarquables par l’union qui n’a pas cessé d’exister entre tous les visiteurs de cette maison ; et cependant se trouvaient en présence […] Victor Hugo et Ancelot, Alexandre Dumas et Alexandre Duval, Lamartine et Auger, Delacroix et Alaux le Romain » : ce témoignage insiste sur la disparité idéologique des membres de l’Arsenal qui, loin d’être un cénacle univoque, une école, est une tribune, mais une tribune pacifique. Le maître de maison, par ses talents de conciliateur, son humour qui désamorce l’agressivité, est le principal artisan de cette réussite.

A. Jal note que l’Arsenal doit aussi beaucoup aux hôtesses (l’épouse de Nodier, la sœur de celle-ci, Mme de Tercy, la fille de Nodier, Marie Ménessier) : « Ces trois femmes, pleines de naturel, d’esprit et d’amabilité » reçoivent les hôtes. Les activités sont régies par une division sexuée. Le salon de Nodier est de ceux où l’on joue et le maître de maison passionné de cartes, préside au jeu d’écarté et aux lectures poétiques, dans lesquelles Hugo et Lamartine prennent souvent la parole, lectures qui occupent « les quatre dernières heures de la journée de chaque dimanche », tandis que la danse est conduite par les gracieuses hôtesses. Mais leur rôle ne se limite pas à une fonction protocolaire et décorative : Jal témoigne du plaisir que les invités ont à voir éclore le talent de la jeune Marie Ménessier, poétesse et musicienne.
« La maison de Nodier était fort animée, et les réunions pleines de gaieté je n'ai vu nulle part autant d'entrain. Les peintres, les poètes, les musiciens, qui faisaient le fond de la société, étaient laissés à toutes leurs excentricités particulières, et remplissaient le salon de paroles vives et retentissantes. On chantait, on dansait, on jouait, on disait des vers. Tout cela était plein de vie; madame Nodier était aimable de bonté. Sa fille unique l'était avec son esprit, qui tenait de celui de son père, avec ses talents agréables et avec ses quinze ans. C'était une existence qui s'épanouissait parée de mille enchantements.

Peu de jeunes filles ont eu, autant que mademoiselle Marie Nodier, cette verve joyeuse qui semble dire : Je suis heureuse de vivre! On s'amusait donc beaucoup chez Nodier, car une réunion s'empreint naturellement des dispositions d'esprit de la femme qui la préside, et la toute charmante fille de Nodier remplissait de joie le salon de son père elle y avait ses amies, comme elle à la fleur de l'âge. Des poètes, des musiciens, des peintres aussi jeunes et joyeux, les faisaient danser, et tout cela était sous le charme de l'espérance la gloire leur apparaissait rayonnante, ils la voyaient de loin Et ce qui mettait le comble à l'insouciance, à l’enthousiasme et à l'exaltation, c'est que toute cette jeunesse, heureuse d'espérer, ne pensait pas le moins du monde à l'argent. C'était encore le temps où l'on n'y pensait guère chez les artistes et chez les écrivains. Il y en avait qui étaient arrivés à leur âge mur, d'autres à la vieillesse, sans y avoir jamais songé; on le leur reprochait et ils en riaient, car ils étaient heureux d'une vie modeste dont le luxe était le succès de leurs ouvrages et la joie le plaisir du travail. » de Mme Ancelot, Les Salons de Paris,
Dans les années 1830, l'Arsenal est un cénacle romantique en vue où se croisent poètes, peintres et musiciens. On reconnaît debout, à gauche, légèrement penché, Charles Nodier, homme de lettres et bibliothécaire à l'Arsenal depuis 1824. À la table de jeu sont représentés Alfred Johannot, Frédéric Soulié et Jules Janin, et dans l'angle de droite, près d'une jeune femme, Paul Foucher. Tony Johannot était un habitué du salon de l'Arsenal. Tous les dimanches soirs, la première génération des romantiques se réunissait chez Nodier : Hugo, Lamartine, Dumas, Musset, Vigny, Gautier, Balzac, Nerval, Delacroix, Devéria, Tony Johannot…
Alexis-Félix Arvers ( 1806-1850), poète, fréquentait les soirées organisées par Charles Nodier, il est connu pour le sonnet ci-dessous : timide, il se serait consumé pour une femme mariée bien mystérieuse, que les critiques désignent en général comme Marie Mennessier...

Mes heures perdues
« Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire,
Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien su.
Hélas ! j’aurai passé près d’elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire.
Et j’aurai jusqu’au bout fait mon temps sur la terre,
N’osant rien demander et n’ayant rien reçu.
Pour elle, quoique Dieu l’ait faite douce et tendre,
Elle suit son chemin, distraite et sans entendre
Ce murmure d’amour élevé sur ses pas.
À l’austère devoir, pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d’elle
“Quelle est donc cette femme ?” et ne comprendra pas. »
A suivre ...
L'Histoire d'Ivanhoé – selon Walter Scott ( Résumé) – 3/.-
* Notes : Après le première partie centrée sur le tournoi d'Ashby-de-la-Zouche, la seconde le sera sur la captivité à Torquilstone ; et la troisième sur le procès de Rebecca à Templestowe, le fief des Chevaliers-Templiers...
Rappel : de Bracy à l'aide de faux '' hors-la-loi'' ont emprisonné le parti saxon, dans une forteresse ( saxonne) contrôlée à présent par le normand Front-de-Boeuf. Cela pourrait être à l'image de l'Angleterre dans son ensemble …
Les deux seules personnes à s'être échappées sont Gurth et Wamba. Ils se sont précipités dans la forêt et retrouvent Robert Locksley (l'archer du tournoi). Il va rassembler ses forces... Le Chevalier noir accepte de le rejoindre.
Cedric est un personnage intéressant dans Ivanhoé; passionné et imparfait, il souhaite désespérément rétablir le pouvoir des Saxons en Angleterre... Et Scott décrit son inquiétude pour son fils '' déshérité'', mais blessé...

Nous commençons à présent le Chapitre 23 :
L'action des chapitres suivants a lieu à Torquilstone, le château de Reginald Front-de-Boeuf.
Cédric , Isaac, Lady Rowena et Rebecca sont conduits au château de Front de bœuf , ils sont séparés, les femmes sont conduites dans des appartements, Cédric dans une vaste salle et Isaac dans un cachot.
Front de bœuf menace le vieux juif d’être torturé, s’il ne lui donne pas mille livres d’argents.
Isaac plaide pour que Rebecca soit autorisée à se rendre à York afin d'obtenir l'argent, mais on lui dit de façon inquiétante que Rebecca appartient maintenant au templier, Sir Brian de Bois-Guilbert !
Le templier Bois-Guilbert tente de convaincre Rebecca d'accepter d'être sa maitresse … Rebeca courageuse, envisage plutôt de se jeter par la fenêtre. Devant tant de courage Bois-Guilbert renonce et prend l’engagement de ne pas lui faire d’outrage , et d’attendre qu’elle lui appartienne de son plein gré...
De Bracy demande à Lady Rowena sa main en mariage, Elle refuse. Si elle ne consent pas, il menace de tuer à la fois Cédric et Ivanhoé. Elle en est tellement éplorée, qu'il en est presque ému ... L’alarme l’interrompt.

En dehors du château, les hors-la-loi ont planifié leur attaque. Ils ont échangé des lettres de menaces avec les Normands. Les Normands répondent que les Saxons ne quitteront jamais le château en vie... et qu'ils feraient mieux d'envoyer un prêtre entrer dans le château pour donner les derniers sacrements aux prisonniers saxons... , et ces derniers décident de tirer parti de l'offre. Ils envoient le bouffon Wamba dans le château habillé en frère pour qu'il puisse informer Cedric des projets des hors-la-loi. Les Normands amènent "le frère" dans la cellule de Cedric et Athelstane.

Wamba habille rapidement Cédric de son déguisement et le fait sortir du château. Auparavant, déguisé en prêtre, Cédric parcourt des salles du château en espérant que personne ne lui demandera de parler latin. Il croise Rebecca, qui a soigné Ivanhoé, et Ulrica, qui lui raconte sa vie : après que les Normands eurent pris le château à ses ancêtres saxons, elle est devenue courtisane des saxons pour sauver sa vie. Maintenant qu'elle est vieille et laide, elle est frappée et insultée....
Note : Alors que Bois-Guilbert et de Bracy font pression sur les femmes pour qu'elles se soumettent … La détermination de Rowena et Rebecca les fait fléchir … La passion qui les anime, au risque de leur vie, les rend plus humains …

Cedric rejoint le Black Knight et Robert Locksley devant les portes du château et ils commencent leur attaque contre Torquilstone. À l'intérieur du château, Rebecca a convaincu une vieille femme emprisonnée dans le château de l'emmener aux côtés d'Ivanhoé ; experte en médecine, elle s'occupe d'Ivanhoé, blessé. ( le corps inconscient d'Ivanhoé était caché et emmené avec eux à York..).
Ulrica, la vieille femme, se moque de Front-de-Boeuf et le nargue, lui rappelant qu'il est coupable du meurtre de son propre père. Pendant le tumulte, elle met le feu à Torquilstone.
Les Normands continuent à se défendre alors même que leur château brûle autour d'eux. Rebecca est enlevée par Bois-Guilbert alors qu'Ivanhoé est trop faible pour l'en empêcher.

Le ''Chevalier Noir'' se bat vaillamment et sauve Ivanhoé des flammes. Les autres prisonniers parviennent à s'échapper par leurs propres moyens.
Athelstane semble être tué lorsqu'il tente de bloquer l'évasion de Bois-Guilbert et est frappé à la tête avec l'épée de Bois-Guilbert. De Bracy, le normand est fait prisonnier par le chevalier noir. Le Chevalier noir murmure quelque chose à l'oreille de De Bracy, qui se rend.... Torquilstone brûle... Ulrica chante une chanson de mort inquiétante.
Dans la forêt, les hors-la-loi se félicitent d'avoir triomphé des tyrans normands. Cédric dit au Chevalier noir qu'il lui doit un service, il peut tout lui demander …
Locksley est reconnaissant au ''Black Knight'' de les avoir aidé. Le Chevalier noir demande à ce que Locksley laisse De Bracy partir en liberté. De Bracy s'en va bouleversé par certaines informations secrètes que le ''Chevalier Noir '' lui a communiquées à Torquilstone....

L'un des hors-la-loi apprend au pauvre Isaac qu'il a vu Rebecca se faire enlever par Bois-Guilbert. Isaac quitte la forêt en panique pour sa fille. Le Chevalier noir se prépare également à quitter les hors-la-loi. Il dit à Cedric qu'ils devraient se retrouver au château d'Athelstane, pour assister à ses funérailles. Wamba accompagne le chevalier noir comme guide dans la forêt.
Pendant ce temps, le prince Jean attend à York ses fidèles chevaliers, Front-de-Boeuf, Bois-Guilbert et De Bracy. De Bracy arrive en sang et sale. Il explique ce qui s'est passé à Torquilstone et confirme ce que nous pouvions soupçonner: le ''Black Knight'' est le roi Richard 1er. Le Prince Jean envoie un groupe d'hommes le tuer puisque, il serait seul sur la route...
Isaac se précipite chez la communauté des Templiers de Templestowe pour tenter de négocier avec Bois-Guilbert la liberté de sa fille Rebecca. Malheureusement pour Isaac, il tombe sur Lucas Beaumanoir, le Maître des Templiers. Ce Beaumanoir est un homme sévère et inflexible. Il déteste les juifs et les femmes...

Lorsqu'il apprend que Bois-Guilbert a capturé une femme et de plus juive, il blâme immédiatement Rebecca au lieu de Bois-Guilbert. Beaumanoir affirme que c'est la sorcellerie de Rebecca et non la faiblesse de Bois-Guilbert qui est à l'origine de sa présence à Templestowe.... Mais, Bois-Guilbert se trouve de plus en plus amoureux de l’indomptable Rebecca, qui continue de rejeter ses avances.
Beaumanoir décide d'organiser un procès pour sorcellerie contre Rebecca.
Bien sûr, Rebecca est condamnée à mort pour crime de sorcellerie. Avant son exécution, Beaumanoir accepte de lui faire subir le jugement de Dieu avec un combat. Il nomme Bois-Guilbert en tant que représentant des Templiers. Si un champion accepte de se battre pour Rebecca, ils se battront en duel. Si le templier gagne, Rebecca sera tuée et s'il perd, il mourra lui-même... ! Rebecca donne à son père une note lui demandant de faire venir Ivanhoé. Même s'il est blessé, elle pense qu'il est le seul homme susceptible de la défendre lors d'un procès au combat.

Nous avons coupé au chevalier noir à travers la forêt avec Wamba. Le Roi Richard est pris en embuscade par un groupe d'assassins ( mené par Waldemar Fitzurse ) envoyés par le prince Jean. Il appelle au secours les hors-la-loi et ils arrivent pour l'aider. Une fois que les hors-la-loi voient que le chevalier noir n’est autre que le roi Richard Ier, ils lui rendent hommage.... Le roi Richard leur pardonne actions passées et promet d'aider à réparer les torts qui les ont menés dans la forêt. Robert Locksley, le capitaine hors-la-loi, se présente sous son vrai nom: Robin Hood ( Robin des Bois) … Chacun connaît à présent la véritable identité de chacun...
Ivanhoe et Gurth les rejoignent, et tous se rendent au château d'Athelstane pour son inhumation …
Au château d'Athelstane, le roi Richard fait promettre à Cedric de pardonner à son fils , Cédric accepte de se réconcilier avec Ivanhoé... Soudain, Athelstane semble revenir des enfers des morts... Il n'avait été que blessé... ! Il raconte comment il a pu se délivrer de son propre cercueil et exhorte Cedric à accorder Rowena à Ivanhoé, affirmant qu'il est indigne d'elle. Un messager arrive avec le message d'Isaac pour Ivanhoé. Ivanhoé s'en va immédiatement pour aider Rebecca, suivi de près par le roi Richard.

Le lendemain, les Templiers se rendent sur le terrain de duel. Un bûcher est déjà mis en place pour brûler Rebecca si son champion perd ou ne se montre pas. Juste à temps, un chevalier arrive: c'est Ivanhoé... . Même s'il est toujours blessé, il ne laissera pas Rebecca brûler sans défense. Ivanhoé et Bois-Guilbert préparent leurs lances et montent l'un contre l'autre. Lors de la joute, Ivanhoé est tellement épuisé et faible qu'il tombe de son cheval au tout premier passage. Mais de Bois-Guilbert tombe également sur le sol : il est mort, tué par l'intensité de ses passions contradictoires... Beaumanoir prend cela comme preuve que Dieu est du côté de Rebecca et la libère.

Le Roi Richard renvoient Beaumanoir et les Templiers d' Angleterre … Il arrête ou exile les chevaliers normands qui ont rejoint la rébellion de son frère... Cédric abandonne enfin le rêve de voir un roi saxon sur le trône d’Angleterre. Il voit à présent tous les avantages à ce que son fils Ivanhoé à épouse Rowena.
Peu de temps après leur mariage, Rowena reçoit un visiteur surprise: Rebecca. Elle veut la voir avant de quitter le pays. L'Angleterre a trop de préjugés contre les juifs pour que Rebecca et Isaac se sentent à l'aise ici. Ils ont décidé de rejoindre l'Espagne, où ils ont de la famille. Cependant, Rebecca souhaite laisser une boîte à bijoux à Ivanhoé et à sa famille. …
Ivanhoé poursuit une carrière héroïque sous le roi Richard, jusqu'à ce que la mort prématurée du Roi – à Châlus près de Limoges - mette fin à tous ses projets mondains.
Ivanhoé a été blessé pendant plus du tiers du livre... Son seul acte héroïque a été de remporter le tournoi, et il l'a fait non pas en tant que Ivanhoé mais en tant que ''The Disinherited Knight''.

Ivanhoé représente la plus haute fleur de la chevalerie, et nous ne voyons presque jamais les événements de son point de vue. Son histoire d'amour avec Rowena est un thème secondaire de l'intrigue. L'important, ici, c'est le rôle d'Ivanhoé comme représentant les tensions entre les Saxons et les Normands
Ivanhoé est un Saxon qui entretient des relations étroites avec un roi normand. Il suggère un modèle de comportement différent de celui proposé par Cédric, férocement anti-normand. L'intérêt de Walter Scott pour l'Histoire l'amène à proposer avec Ivanhoé un exemple dans l'orientation prise par l'histoire anglaise ; lors du retour de Richard des Croisades, le temps de l'unification … Remarquons, qu'au moment où Scott écrit son roman, rien ne distingue l’Angleterre normande de l’Angleterre saxonne. Cependant, en 1194, Richard fut contraint de reprendre le pouvoir à Jean et à la noblesse; il fut en fait re-couronné en avril 1194...
Le procès de Rebecca, ternit l'image des Templiers, il souligne l'horrible injustice de la procédure. W. Scott s'engage ainsi contre les préjugés médiévaux ( et de son époque …) envers les juifs. Rebecca, belle, admirable et impuissante, est menacée de toutes parts par d’énormes guerriers immoraux.

Le début de la scène du jugement de Dieu par le combat, crée une tension très particulière, alors que la foule attend de voir si un héros arrivera pour la sauver et que De Bois-Guilbert commence à désespérer. Enfin, un chevalier héroïque arrive sur les lieux pour sauver Rebecca.
Un chevalier chrétien, qui accepte de se battre contre un chrétien, pour une juive … !
Mais le héros est tellement fatigué, déjà pour s'être précipité sur les lieux qu'il perd ses forces le combat, et pour se retrouver soudainement victorieux puisque son adversaire meurt subitement ! Cette fin, est acceptable à la période romantique où se roman est écrit. Ivanhoé est plus un produit du temps pendant lequel il a été écrit (1819) que du temps pendant lequel il se passe (1194).

Ivanhoé est avant tout un roman d'aventures. Sa popularité et sa longévité lui valent une place parmi les grands romans historiques de tous les temps.
Walter Scott met en lumière un des épisodes critiques concernant un moment important de l’histoire anglaise, le retour du roi Richard Cœur de Lion en Angleterre après quatre années passées à se battre dans les croisades et à croupir dans les prisons autrichiennes et allemandes.
La narration est très rythmée, passant d’un tournoi à un enlèvement, d’un siège à un procès de sorcellerie. L’intrigue se clôt sur le mariage d’Ivanhoé et de Rowena, symbole de la fusion entre Normands et Saxons, et prémisse de la nation anglaise.
* Note : Il paraît que le siège du château de Châlus en Limousin, où est mort en 1199 Richard Cœur de Lion, a fourni à Walter Scott le canevas du siège du château de Front-de-Bœuf.

« Scott est certainement l’écrivain le plus étonnant d’aujourd’hui... Je ne connais pas de lecture où je me plonge avec autant de plaisir » William BYRON
« Le vrai délice des romans de Walter Scott vient de ce que nous y prenons connaissance du temps passé, non à travers le style ampoulé des tragédies françaises... mais comme s’il s’agissait de la vie quotidienne ». Alexandre Serguéievitch POUCHKINE
« Quel est donc le prestige employé par Sir Walter Scott pour nous tenir attachés à la lecture de ses romans comme l’avare couve des yeux un trésor qu’il craint de voir diminuer ? Ce prestige, ce talent, consiste dans l’art d’exciter la curiosité(...) de soutenir l’attention par des incidents inattendus, d’alimenter l’intérêt par des situations qui aggravent sans cesse l’embarras des personnages... » HOFFMANN
Lecteur admiratif de Walter Scott, DELACROIX a exécuté de nombreuses toiles inspirées par la lecture de ses œuvres...
Un jugement négatif cependant, celui de CHATEAUBRIAND :
« L’illustre peintre de l’Ecosse me semble avoir créé un genre faux ; il a selon moi perverti le roman et l’histoire : le romancier s’est mis à faire des romans historiques, et l’historien des histoires romanesques ».
L'Histoire d'Ivanhoé – selon Walter Scott ( Résumé) – 2/.-
Notes : Nous avons vu avec Isaac et Rebecca, un élément de l’atmosphère religieuse de l’Angleterre du XIIe siècle, les Juifs d’Europe sont dans une situation terrible; ils sont méprisés par les chrétiens, maltraités et insultés ( un ''chien'' …!) par tout le monde autour d'eux, simultanément accusés pour leur pratique de "l'usure" (prêt d'argent et de collecte d'intérêts) et convoités pour leur immense richesse. Une taxe est imposée à tous les Juifs par l'autorité anglaise, elle est connue sous le nom d'Echiquier des Juifs.

A Noter encore : les tensions entre saxons et normands... La loyauté d'Ivanhoé envers le Roi Richard, la haine de son père 'Cedric le saxon' pour tous les Normands, la noblesse de Rowena... - Wamba et Gurth, sont des représentants de la plus basse classe sociale. Le templier ( belliqueux et antipathique …) : les templiers n'ont pas encore été réhabilités... !, - L'ermite ( faux ascète …) représente différentes facettes de l'église médiévale...
À l'insu de son père, Ivanhoé est récemment rentré en Angleterre déguisé en pèlerin religieux. Sous l'identité du ''Chevalier Déshérité'', il participe au grand tournoi d’Ashby-de-la-Zouche. Avec l'aide d'un mystérieux chevalier noir, il vainc son grand ennemi, le templier Brian de Bois-Guilbert, et remporte le tournoi. Il nomme Rowena la reine de l'amour et de la beauté et révèle son identité à la foule. Mais il est grièvement blessé et s’effondre sur le terrain.


( Chap 13) Prince Jean a cédé le château d’Ivanhoé à Sir Reginald Front-de-Boeuf... Maurice de Bracy et Waldemar Fitzurse insistent sur le fait que Front-de-Boeuf devra quitter le fief d’Ivanhoé.
Le prince Jean reçoit un message de France qui annonce que Richard serait libéré de sa prison autrichienne. Prince Jean et ses conseillers, Waldemar Fitzurse, Maurice de Bracy et Reginald Front-de-Boeuf, imaginent des plans pour empêcher Richard de revenir au pouvoir en Angleterre.
Le concours de tir à l’arc est à l’ordre du jour. Locksley ( Robin des bois) gagne sur Hubert, le champion du roi, le concours de tir à l’arc, le cor et jure fidélité au roi Richard.

Lors d'un Banquet où tous essayent de faire bonne figure, Cédric lève son verre à la gloire de Richard Cœur de Lion ce qui rend prince Jean furieux.
Waldemar se hâte de fidéliser les hommes et de vouloir faire couronner le Prince Jean au plus vite. De Bracy veut enlever Lady Rowena avec l’aide de Bois-Guilbert. Waldemar lui dit de se méfier de ce dernier.
Le chevalier Noir est sur la route. Il force l’hospitalité d’un ermite, qui se montre moins ascète qu'il ne prétend … et met tout ce qu’il a sur la table. Il a une armoire remplie d’armes. ( fin du Chap 17)
Aparté … ! L’apparition dans ce récit de Robin Hood ( Robin des Bois): Locksley, le vainqueur du concours de tir à l’arc, pourrait étonner le lecteur tout comme l'ermite de Companhurst dans la forêt ressemble étrangement à Frère Tuck... Au moment où Scott écrit, la légende de Robin des Bois est déjà inscrite dans le folklore anglais depuis des siècles... La survenue de Robin Hood en tant que personnage dans cette histoire est faite uniquement pour le plaisir du lecteur...
Bien que Cédric n'ait pas réussi à pardonner à Ivanhoé d'avoir quitté l'Angleterre pour la Croisade et se battre aux côtés du Roi Richard, il s'inquiète néanmoins de la blessure de son fils. Il dépêche Oswald pour le surveiller. Cédric découvre que Gurth sert Ivanhoé sous un déguisement et le fait prisonnier ; Gurth s'échappe...
Notes : Oswald est le ''cupbearer'' de Cedric. Cela signifie littéralement qu'il porte la tasse de Cedric, mais aussi qu'il est chargé de veiller à ce que son seigneur soit approvisionné en vin. Cédric, qui aime son vin, valorise clairement Oswald en tant que serviteur et semble proche de lui.

Dans la forêt, les saxons ( Cédric, etc ...) rencontrent Isaac et Rebecca, qui accompagnent un vieil homme très malade sur une litière. Rebecca demande à voyager avec les Saxons pour se protéger des ''outlaws'' et Rowena implore son tuteur de l'accepter. Il le fait et le groupe continue son chemin.
Soudain, la troupe ( les saxons, Rowena, Isaac, Rebecca...) est assaillie, et faite prisonnière... Ce sont les hommes de Bracy, déguisé en hors-la-loi ( outlaws) de la forêt... Wamba a réussi à s'échapper et a rejoint Locksley et les véritables outlaws...
Notes : je rappelle que Maurice De Bracy est un chevalier normand allié au prince Jean. Jean envisage de marier de Bracy à Rowena, mais de Bracy, impatient, enlève son parti sur le chemin du retour d'Ashby...

Locksley décide d'aider à libérer les saxons de De Bracy ; il va chez l’ermite et le découvre en compagnie du ''chevalier noir'' buvant et chantant toujours... Le clerc et le chevalier acceptent avec enthousiasme d'aider à secourir les prisonniers.
Les hommes de De Bracy emmènent les prisonniers à Torquilstone, le château de Reginald Front-de-Boeuf. Lady Rowena est séparée de sa suite. Rebecca est enlevée à Isaac. Isaac est jeté dans un sinistre cachot et se voit imposer un ultimatum: soit donner mille pièces d'argent à Front-de-Boeuf, soit subir la torture . Isaac propose que Rebecca soit autorisée à se rendre à York pour obtenir l'argent, mais on lui dit de façon inquiétante que Rebecca appartient maintenant au templier, Sir Brian de Bois-Guilbert. Isaac est alors prêt à défier le chrétien plutôt que de payer, à moins que sa fille soit libérée. Les esclaves sarrasins de Front-de-Boeuf déchirent le vêtement d'Isaac et le préparent à la torture, mais le son d'un clairon aux portes, suivi par des voix exigeantes qui inquiètent Front-de-Boeuf, stoppe momentanément la procédure. ( Fin du Chap 22)
A suivre ....
L'Histoire d'Ivanhoé – selon Walter Scott ( Résumé) – 1/.-

Wamba ( fou ou bouffon de Cédric) et Gurth (serf de ''Cedric le saxon'' et gardien de troupeau de porcs) sont dans la forêt. Ils rencontrent une cavalcade composée d’ecclésiastiques ( dont le prieur Aymer de l'abbaye de Jorvaulx) et de chevaliers dont un templier (hautain et violent, « à la tête de Sarrasin... ») , qui demandent le chemin pour aller chez Cédric le saxon. Wamba leur indique une fausse route ...

Les cavaliers, finalement conduits par un pèlerin, arrivent dans la demeure de Cédric... Le prieur Aymer de Jorvaulx et le chevalier templier Brian de Bois-Guilbert avec leur escorte demandent l'hospitalité pour une nuit. Cédric le saxon les accueille, bien que ''normands'', avec hospitalité et politesse et les convie à dîner à sa table... Le pèlerin, lui aussi prend place près d'une cheminée. Lady Rowena arrive avec majesté … De Bois-Guilbert est frappé par sa beauté: il la regarde avec audace, au grand dam de Cédric.

Rowena demande des nouvelles de la Palestine...
( Chap 5) Alors que les convives se régalent l’intendant les informe qu’un juif qui se nomme Isaac d'York est devant le porche, et qu’il demande asile. Cédric accepte et dit qu’il ouvre sa table à tout le monde. Mais le juif ne semble pas le bienvenu, seul le pèlerin lui offre une place ...
Durant le repas, les personnes autour de la table évoquent la Palestine et les templiers ce qui mènent à parler d’Ivanhoé, un personnage inconnu de tous.
Le pèlerin prend la parole pour défendre l'honneur des chevaliers anglais ; et de celui d'Ivanhoé que le templier dit souhaiter le provoquer en tournoi.

Le pèlerin est appelé par Lady Rowena qui espère des nouvelles de la santé d’Ivanhoé. Il ne sait que des ouï-dires, et qu'il devrait revenir... .
Le pèlerin entend les esclaves sarrasins de Bois-Guilbert en conversation; il parle leur langue et découvre que le templier a l'intention de dépouiller le juif de ses biens. Le pèlerin sauve le juif, avec la complicité de Gurth à qui le pèlerin a confié quelques mots cachés ... Le juif qui a reconnu chez le pèlerin les éperons d'or d'un chevalier, pour le remercier lui offre le moyen de récupérer un cheval et une armure pour le tournoi.
Bien que le Roi Richard soit absent et prisonnier du perfide duc d'Autriche. Bien que le prince Jean, ligué avec Philippe de France, use de tous les moyens pour prolonger la captivité de son frère …
C’est la journée de tournoi d'Ashby de la Zouche et un jour de fête. Cette passe d’armes attire des personnes de tous les rangs...

Le juif Isaac, vêtu avec richesse, est là avec sa fille, la belle Rebecca. Prince Jean, qui est en train de demander un prêt important à des Juifs, ne s'y oppose pas , alors que les Saxons, en particulier Cedric et Athelstane, insistent sur le fait que les incroyants ne devraient pas être autorisés à occuper les sièges, et que les Normands les narguent. Le Prince Jean est frappé de la beauté de Rebecca... et vexe le saxon Athelstane de Coningsburgh, le tout au détriment du juif Isaac... Le bouffon Wamba sauve la situation...
Dans une tribune est placé un trône réservé à la future ''reine d'Amour et de Beauté'' que le vainqueur du tournoi désignera...

Le prince Jean fait signe de commencer et ses chevaliers s’avancent lentement dans l’arène.
Après plusieurs combats, il semble que Brian de Bois-Guilbert puisse remporter le prix... Mais... Un chevalier inconnu provoque le templier ; sur son bouclier, un jeune chêne déraciné et un seul mot: '' Déshérité'' et gagne le tournoi. Il refuse d'enlever son casque et de montrer à tous son identité, et il choque les Normands assemblés en choisissant Lady Rowena, une Saxonne comme reine des Amours, qui ainsi doit présider la fête de demain... ( Chap 9)
Le chevalier inconnu refuse tous les honneurs et le festin du aux vainqueurs. L’écuyer de Bois-Guilbert vient lui donner de l’argent, une rançon et une armure telle la loi des armes. Il refuse mais prend la moitié de la rançon pour payer au juif son armure emprunté.
Il envoie Gurth, devenu l'écuyer du '' Déshérité'' , payer Isaac. Mais sa fille Rebecca rembourse tout en cachette. Gurth est heureux, il a bien gagné sa journée.... !

Si le chevalier refuse de dire son nom ; Prince Jean craint qu’il ne s’agisse de Richard, son frère, dont il a volé le royaume.
Le lendemain: la deuxième partie du tournoi a lieu. La foule acclame la Reine de Beauté...
Le Déshérité en difficulté, finalement gagne grâce à un chevalier Noir.... Et le Prince Jean décide de désigner le chevalier noir comme celui qui s'est le mieux conduit... Mais la foule et les hérauts le forcent à désigner le chevalier ''Deshérité''... Après ce combat ; faible, le chevalier ne peut empêcher qu'on lui enlève son casque : Rowena pousse un cri, elle reconnaît le chevalier Ivanhoé, il baise la main de la Reine de Beauté, et tombe évanoui... ( Fin du Chap 12)
A suivre ....
Sources des images: The Project Gutenberg EBook of Ivanhoe, by Walter Scott
Ivanhoé de Walter Scott – Le Contexte et les personnages.
En l’an 1194 durant le règne de Richard 1er. (cœur de Lion) ; non loin de Sheffield....

Walter Scott ( ) décrit une période sombre de l'histoire anglaise... Quatre générations après la conquête normande de l'île, les tensions entre Saxons et Normands sont à leur comble. Les deux ''peuples'' refusent d'utiliser la langue l'un de l'autre. Le Roi Richard est dans une prison autrichienne, capturé alors qu'il rentrait chez lui après les croisades. Son frère, le prince John, s'est assis sur le trône et, laissent les nobles normands abuser de leur pouvoir. Les terres saxonnes sont récupérées de manière frauduleuse et de nombreux propriétaires saxons sont transformés en serfs. Ces pratiques ont enragé la noblesse saxonne, en particulier le fougueux Cédric de Rotherwood. Cédric est tellement fidèle à la cause saxonne qu'il a déshérité son fils...
Wilfrid a été renié et déshérité par son père, pour s'être mis au service de Richard Cœur de Lion, qui lui a accordé en fief le manoir d'Ivanhoé, et Wilfrid l'a accompagné en Terre sainte, pour participer à la croisade.
En outre, Ivanhoé et Rowena sont amoureux l'un de l'autre...
Cédric de Rotherwood, dit le Saxon est connu comme quelqu’un de fier et de susceptible, il est nostalgique de l'Angleterre saxonne vaincue en 1066, rêve de rétablir sur le trône de l'Angleterre un monarque autochtone en la personne d'Athelstane de Coningsburgh, un voisin, descendant des derniers rois saxons. Dans ce but, il envisage de l'unir avec sa pupille, Lady Rowena de Hargottstandstede ( de grande beauté ...), princesse saxonne descendant du roi Alfred.
Les personnages :

Wilfrid d'Ivanhoé, le chevalier dit ''Déshérité''. Il est le fils de Cédric le Saxon, mais déshérité par son père pour avoir suivi le Roi Richard aux Croisades, il a gagné une grande gloire dans les combats... Il représente la quintessence du code chevaleresque de la chevalerie, de l'héroïsme et de l'honneur.
Richard Cœur de Lion : il est de la lignée ''normande'' des Plantagenêts. Il était parti en croisade. C'est un aventurier, ce qu'Ivanhoé lui reproche … Cependant ici, il est de grande valeur, courageux au combat, et se souciant pour son peuple … Je n'en dit pas plus sur son apparition dans le cours de cette histoire …. A lire dans la suite …
Prince Jean : le frère de Richard, avide de pouvoir, qui occupe le trône d'Angleterre en l'absence de Richard. Jean (John) est un dirigeant faible qui se laisse influencer par ses puissants nobles normands. Son désir tenace de garder le trône cause beaucoup de problèmes à l'Angleterre; il aggrave les tensions entre les Saxons et les Normands et fait tout ce qui est en son pouvoir pour maintenir Richard dans sa prison autrichienne. Son conseiller principal est Waldemar Fitzurse, et ses alliés sont Maurice de Bracy et Reginald Front-de-Boeuf.

Lady Rowena : La pupille de Cédric le Saxon, une belle dame saxonne amoureuse d’Ivanhoé. Mais, Cédric préfère que Rowena soit mariée à Athelstane, afin de réveiller et honorer la lignée royale saxonne... Rowena représente l'idéal chevaleresque de la féminité: elle est la ''Dame'' juste, chaste, vertueuse, loyale et douce ; avec un grand courage, celui de défier son tuteur en refusant d'épouser Athelstane. « Douée des plus belles proportions de son sexe, Rowena avait une teint éblouissant de pureté, et la noblesse de ses traits la préservait de la fadeur.» ( …) « Ses yeux bleus, grands et clair, enchâssés sous d'élégants sourcils d'un châtain assez prononcé pour faire valoir son front, pouvaient enflammer et attendrir, pour commander et supplier tour à tour. »

Cédric de Rotherwood : saxon et père d'Ivanhoé. Il est un puissant seigneur saxon qui a déshérité son fils pour avoir suivi Richard aux Croisades. Cédric est extrêmement fier de son héritage saxon et sa priorité est l’avenir de son peuple - d’où son désir de marier Rowena à Athelstane plutôt qu’à Ivanhoe. Les rudes manières de Cédric font de lui un sujet de plaisanteries parmi ses supérieurs normands, …

Athelstane de Coringsburg : un noble saxon que Cédric espère voir marié à Rowena, pensant que leur union pourrait rétablir la lignée royale saxonne.
Gurth : serf et gardien de porcs, il désire reprendre sa liberté . Il devient de facto, l’écuyer d’Ivanhoé.
Wamba est le bouffon de Cédric, un clown saxon plein d’esprit et incisif, dont les commentaires acerbes masquent souvent des pépites de sagesse...
Oswald : serviteur valorisé par Cédric.

Reginald Front de Bœuf : personnage négatif, laid et brutal... Front-de-Boeuf est un chevalier normand allié au prince Jean. Il dirige la forteresse de Torquilstone, où de Bracy emmène ses prisonniers saxons....
Maurice De Bracy : Un chevalier normand allié au prince Jean. Jean envisage de marier de Bracy à Rowena, mais de Bracy s'impatiente... Il va enlever la jeune fille sur le chemin du retour d'Ashby, qu'il emprisonne dans le fief de Torquilstone...
Brian De Bois-Guilbert : Un chevalier de l'ordre des Templiers... Brian de Bois-Guilbert est un combattant redoutable, mais de peu de morale. Lui, le moine templier, se laisse submerger par ses tentations … Il est l'un des personnages complexes du roman : de Bois-Guilbert commence le roman comme un méchant conventionnel - lui et Ivanhoé sont des ennemis mortels - mais à mesure que le roman progresse, son amour pour Rebecca fait ressortir ses qualités …
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Rebecca est une belle jeune fille juive, la fille d'Isaac d'York. Rebecca ( formée comme guérisseuse) soigne Ivanhoé - blessé dans le tournoi à Ashby - et tombe amoureuse de lui malgré elle. L’amour de Rebecca pour Ivanhoé est en conflit avec son bon sens; elle sait qu'ils ne peuvent pas se marier (il est chrétien et elle est juive), mais elle reste attirée par lui. Pourtant, elle retient ses sentiments. Rebecca est une femme volontaire dotée d'une forte maîtrise de soi. Kidnappée par l’amoureux chevalier templier Bois-Guilbert, Rebecca doit se battre pour son honneur, puis pour sa vie. Elle est une sorte d'héroïne tragique, et compte parmi les personnages les plus sympathiques du livre.

Isaac d'York - Le père de Rebecca, un riche Juif. Isaac représente ici le ''Juif littéraire'' profondément stéréotypé ( correspondant hélas à l'époque...!) , inspiré du modèle de Shylock dans Le marchand de Venise de Shakespeare ; un personnage avare, quelque peu chahuteur, mais au grand cœur, qui aime l'argent plus que tout au monde, à l'exception de sa fille. « Un air craintif et hésitant avec de profonds saluts, un vieillard maigre et de grande taille. »
Locksley, Robin Hood : Le chef d'une bande de hors-la-loi de la forêt qui volent les riches et donnent aux pauvres... Locksley se révèle n'être autre que Robin des Bois. Robin et ses hommes vont aider Richard à libérer les prisonniers saxons de Torquilstone et, plus tard, à sauver le roi de l'attaque perfide de Waldemar Fitzurse. Voleur galant, spirituel et héroïque, Robin Hood ajoute une touche supplémentaire d'aventure, d'enthousiasme et de familiarité à l'histoire d' Ivanhoé. Après tout, le personnage de Robin Hood était profondément enchâssé dans la légende anglaise bien avant que Scott écrive son roman.

Waldemar Fitzurse : le conseiller principal du prince Jean, qui n'a pas un grand amour pour le prince, mais qui a lié ses aspirations politiques au succès de Jean. Fitzurse est calculateur et perfide, qui sait réagir calmement aux nouvelles qui paniquent Jean.
Le prieur Aymer : L'abbé d'un monastère, le prieur est néanmoins enclin à la bonne nourriture et au plaisir. Ici, il représente les hypocrisies de l'église médiévale, le prieur Aymer est un compagnon de Brian de Bois-Guilbert.
L’ermite de Copmanhurst (The Friar ) : Un joyeux moine qui se lie d'amitié avec le roi Richard dans la forêt de Robin Hood. Il est en fait le légendaire Friar Tuck, membre du groupe des joyeux hommes de Robin Hood.
Dame Ulrique : Une vieille femme saxonne qui a souvent des mots odieux, mais se montre généreuse … Elle semble mépriser Rebecca, mais l'aide … À la fin de la bataille pour le château, elle le brûle, raillant Front-de-Boeuf et chantant un étrange chant de mort alors que les flammes l'engloutissent lentement.
Lucas de Beaumanoir est le Grand Maître, moraliste et sévère, des Chevaliers-Templiers.
Albert de Malvoisin est le chef de la forteresse des Templiers de Templestowe. Malvoisin exhorte Brian de Bois-Guilbert à mettre de côté son amour pour Rebecca et à rester fidèle à la règle des Templiers.
Le Pèlerin : un pèlerin religieux qui revient de pèlerinage en Terre sainte....
Le chevalier '' Deshérité'' : Le nom sous lequel Ivanhoé se bat lors du grand tournoi à Ashby...
Le chevalier noir ( et fainéant) : mystérieux Black Knight, qui combat avec Ivanhoé lors du tournoi, sauve les prisonniers saxons de Torquilstone et rencontre Robin Hood et ses hommes.
De Bigot est le sénéchal du prince Jean.
Le comte d'Essex est l'un des loyaux seigneurs du roi Richard Ier. Il arrive avec Richard pour chasser les Templiers d'Angleterre et pour réprimer officiellement la rébellion du prince Jean.
Hugh de Grantmesnil est l’un des Normands locaux, hôte du tournoi Ashby-de-la-Zouche. Ivanhoé élimine Grantmesnil le premier jour du tournoi. Grantmesnil revient également combattre aux côtés de Bois-Guilbert et Front-de-Boeuf dans les batailles rangées de la deuxième journée du tournoi.
Herman de Goodalricke, est l'un des quatre dirigeants templiers présents au procès de Rebecca; les trois autres sont Albert Malvoisin, Conrade Mont-Fitchet et, bien sûr, Lucas Beaumanoir. Damian est un écuyer servant les Templiers à Templestowe.
Anwold est l'un des serviteurs de Cédric, son porteur de flambeau... Irritable, antisémite … Il y a également , Hugo le gardien et sa lance …
Seth, est un serviteur d'Isaac. Et Zareth est un des membres de la famille d'Isaac dans la ville voisine de Sheffield. Il aide à constituer l'équipement qu'Isaac prête à Ivanhoé pour son tournoi à Ashby.
Elgitha est l'une des femmes d'honneur de Rowena. Elle semble être la femme la plus digne de confiance de Rowena.

Balder est l'un des chiens préférés de Cedric, un lévrier âgé. Balder est le fils d'Odin, le chef des dieux. Le fait que Cédric ait nommé son chien préféré après lui témoigne à quel point il valorise son héritage germanique et saxon.
Fangs est le grand chien de Gurth.
A suivre: L'histoire ....
Des mathématiques pour ''un enfant du siècle'' - 2

Comment appréhender le ''continu'' que nous offre la nature; jusqu'à en voir l'unité...? S'agit-il du même continu en mathématique ( une multiplicité d'éléments en nombre infini ) ...?
Si l’on admet que les phénomènes naturels peuvent être représentés par des nombres et par conséquent par des fonctions mathématiques, on peut édicter des règles du calcul infinitésimal et les appliquer à ces fonctions... Dans le calcul différentiel, on appelle dx une très petite variation donnée à la variable x en plus ou en moins. On peut la prendre aussi petite que l’on veut...

Le calcul différentiel, n'est pas une abstraction sans objet: sans le calcul différentiel, il n'y aurait pas de satellite en orbite, pas de théorie économique et les statistiques seraient complètement différente de ce qu'elles sont. Là où se produit du changement, on trouve du calcul différentiel...
Cauchy donne une définition de la continuité (uniforme sur un intervalle) ; « La fonction f(x) restera continue par rapport à x […] si un accroissement infiniment petit de la variable produit toujours un accroissement infiniment petit de la fonction elle-même ».
Cauchy, fait du concept de limite un concept algébrique, permettant de donner une base rigoureuse au calcul différentiel et intégral. Il est le premier, grâce à cette approche algébrique, à faire une étude rigoureuse des conditions de convergence et de divergence des séries et à donner une définition rigoureuse de l’intégrale. Il montre comment modifier la définition des intégrales définies lorsque la fonction à intégrer devient discontinue sur l’intervalle d’intégration ou si l’intervalle d’intégration s’étend à l’infini.
Le calcul intégral se trouve apparaître comme le problème inverse du calcul des dérivées grâce au théorème fondamental reliant intégrales et primitives.

La dérivation des fonctions permet la détermination des tangentes. La tangente étant la position limite d’une sécante à la courbe entre deux points de plus en plus proches.
Cauchy donne une définition de l’intégrale comme limite des sommes (dites de Cauchy), qui correspondent aux rectangles situés sous la courbe et qui approchent celle-ci en limite. À l’aide de cette limite de sommes, habilement calculées de plusieurs manières (sommes arithmétiques, géométriques), il retrouve les fonctions primitives d’un certain nombre de fonctions.

Cette appréhension toute abstraite, et pourtant si proche des objets naturels; nous interroge sur la Réalité... Comment les objets virtuels développés par notre intelligence, sont en parfaite harmonie avec ce qui arrange l'univers...? La raison ( développée par notre cerveau) est-elle inscrite dans la nature?
La méthode expérimentale et scientifique établit des liens entre notre intelligence et la marche du Monde... Expérimenter, raisonner permet-il de découvrir la finalité des choses...?

Les mathématiques vont aussi étudier la place du hasard, mis en évidence seulement si se croisent des séries causales indépendantes... Le hasard ne serait donc pas seulement le reflet de notre ignorance, et la contingence ferait partie de l’ordre naturel...?
Cournot est persuadé que la contingence fait partie de la constitution du réel. ( la contingence désigne le fait qu’une chose soit de manière non nécessaire, autrement dit que cette chose existe alors qu’elle aurait pu ne pas exister. )
Cette question interroge également l'Histoire... Une dose d’imprévisible ne fait-il pas partie du destin des individus et des nations..? L’événement si important de la Révolution Française, interroge tous ceux qui à cette époque commence à se passionner pour l'Histoire ...
Des mathématiques pour ''un enfant du siècle'' - 1

Charles-Louis de Chateauneuf hésitait entre les mathématiques, la religion et l'amour des femmes ...
Pourquoi – en 1833 - un jeune homme peut-il se passionner pour les mathématiques, alors qu'il est également attiré par l’irrationnel de la religion, et l'amour des femmes … ?
Charles-Louis est un enfant de ce siècle. Face à la mort demain, il y a la passion aujourd'hui. Si on exalte la sensibilité, l'imaginaire ; on reste dans un paysage réaliste : la nature, le corps, la beauté.

« le poète ne doit avoir qu'un seul modèle, la nature ; qu'un guide, la vérité » écrit Victor Hugo, en 1828, Préface de ''Odes et Ballades''.
« Il n’y a d’ailleurs aucune incompatibilité entre l’exact et le poétique. Le nombre est dans l’art comme dans la science. » V. Hugo

Le professeur de Charles-Louis, au collège royal de Limoges –-M. Gouré - l'avait initié au calcul différentiel ; en lui assurant que l'un de ses ''maîtres'' qu’était le professeur Augustin Cauchy (1789-1857), s'il était initié aux "Mathématiques transcendantes"...

Ce ''calcul différentiel '' - inventé par Newton et Leibnitz à la fin du XVII ème siècle - avait su fasciner l'imagination du jeune étudiant... Ce calcul correspondait alors à l’étude des dérivées, des tangentes aux courbes et des infiniment petits...
Son professeur avait excité sa curiosité avec des paradoxes comme ceux de Zénon:
- le héros Achille qui logiquement ne peut dépasser à la course, la tortue: car il devra avant tout atteindre le point de départ de cette dernière.
Si l’espace est continu, on peut diviser chaque grandeur en deux, indéfiniment. Un point de vue atomiste considère que l'atome ( ou l'instant...) est indivisible... ces deux hypothèses restent paradoxales ...
L'erreur, ici est d'affirmer que la somme d’une infinité d’événements de plus en plus brefs tend vers l’infini, c’est-à-dire qu’Achille n’arrive jamais (temps infini) à rattraper la tortue.
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- la flèche: à chaque instant, la flèche se trouve à une position précise. Dans cet instant, la flèche n'a pas le temps de se déplacer elle reste immobile. Aux instants suivants, elle va rester immobile pour la même raison. Si le temps est une succession d'instants et que chaque instant est un moment où le temps est arrêté, le temps ne s'écoule donc pas. La flèche est donc toujours immobile à chaque instant et ne peut pas se déplacer. Considérant le temps comme une suite d'instants successifs, le mouvement est impossible.
Qu'est-ce donc que le temps? Si le temps est une suite d'instants successifs, le mouvement est impossible. S'il n’y a pas de temps entre deux instants consécutifs, alors la flèche devrait rester immobile ...!
A suivre ...
1832- Charles-Louis de Chateauneuf à Paris

Charles-Louis de Chateauneuf, bien que reconnu par son père ''adoptif'' qu'il a peu connu, a grandi sans la protection de parents aimants ... Cependant, il va être reçu dans une famille, qui a des liens avec ses propres aïeux : Charles de la Pomélie, propriétaire d'un château en Limousin et d'un hôtel particulier à Paris, va accepter d'héberger le jeune bachelier quand il décide de suivre son ami Elie Berthet, déjà établi dans la capitale et sensé faire son droit...
Charles-Louis, lui, a accepté le contrat proposé par le conseil de famille à Limoges : études à Paris pour préparer le concours d'entrée à l'école polytechnique, selon les conseils de son professeur du Collège Royal…
Nous sommes fin de l'année 1832...

Charles-Louis de Chateauneuf vient de vivre - cet été 1832 - une série d’aventures à la suite des partisans de la Duchesse de Berry; et il est bien décidé à réussir '' quelque-chose '' en montant à Paris...
Ce ''quelque-chose'' n'est pas défini dans le désir de Charles-Louis... Une fidélité aux ''trois blancheurs'' : ''l'Hostie, le Pape et Marie'' et un contact avec un 'recruteur ' pour le juvénat jésuite, le questionnaient sur une vocation ecclésiastique …

La découverte de la Poésie, et sa manifestation romantique, son attrait pour la présence des belles femmes l’incitaient à se donner corps et âme à la Beauté ;
À l’âge de 15 ans, Victor Hugo est nommé chevalier du Lys grâce à l’intervention de sa mère. Ce titre honorifique lui est décerné par Louis XVIII.
En 1820, Victor Hugo rédige deux odes très remarquées : la Mort du duc de Berry, assassiné par un homme qui voue une haine aux Bourbons, et la Naissance du duc de Bordeaux, héritier du précédent, celui que l’on appelle l’« enfant du miracle », le futur comte de Chambord.
Et enfin la raison de ses proches lui proposait de réfléchir à une situation stable et bourgeoise, tout en se consacrant à son goût des mathématiques … Cette raison là, pour des raisons très pratiques alliée à la joie de vivre à Paris et sous la protection de la famille si joviale des La Pomélie, a rejoint la sienne.

Charles de la Pomélie, sa femme et ses deux enfants, viennent précisément de faire rénover un hôtel particulier dans le quartier de la Nouvelle-Athènes, non loin de la rue de la Tour-des-Dames à Paris... En effet, la famille de la Pomélie, s'amuse à citer leurs voisins, les plus proches serait la comédienne mademoiselle Mars (1779-1847) qui a joué dans le fameux Hernani ( de V. Hugo) en 1830, tout près se trouve l'atelier du peintre Ary Scheffer (1795-1858) – n'oubliez pas - quand même - pas qu'il est le professeur de dessin de la princesse Marie d’Orléans, fille du roi Louis-Philippe, elle-même artiste et sculptrice de talent... ! Et encore, l'atelier de Félicie de Fauveau - à présent contrainte à l'exil - était voisin de celui du peintre Ary Scheffer… Également, la mère de Félicie tient un salon influent rue de La Rochefoucauld au cœur, donc de ce foyer artistique de la Nouvelle Athènes...


Autre actrice, Marie Dorval (1798-1849) qui loge rue Saint-Lazare, est la maîtresse d'Alfred de Vigny ; et aussi une amie passionnée de George Sand... La grande poétesse Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) vit rue La Bruyère, avec son amant Henri de Latouche (1785-1851)... ? Vous savez bien … c'est lui qui a embauché George Sand au Figaro.
Nous sommes en 1832... Quelles sont les ''nouvelles'' … ?:
Louis-Philippe a fait mater un insurrection républicaine : 800 morts ou blessés entre émeutiers et police. Une épidémie par le choléra débute le 18 août1832 et se termine le 2 octobre de la même année. En 1832, la population de Paris est de 785 862 habitants, le choléra coûte à la capitale de la France, en tout 18 402 victimes, et plus de 100.000 en France

Chopin est à Paris, il joue aux salons Pleyel, et Aurore Dudevant publie, sous le pseudonyme de George Sand, le roman "Indiana" ; elle s'installe au 19, quai Malaquais à Paris, dans la "mansarde bleue"...
Le 31 mai, l'étudiant et génie en mathématiques Evariste Galois meurt, suite à un duel.
Le 21 sept 1832, Walter Scott meurt, à Abbotsford ( Ecosse)
Le 7 novembre, la duchesse du Berry, est arrêtée à Nantes.
En 1833 :
Liszt donne un concert chez la marquise Le Vayer à Paris. Adèle Hugo entame en 1830 une relation amoureuse avec Sainte-Beuve, ami de Victor, et Juliette Drouet devient la maîtresse de Victor Hugo. George Sand rompt avec Sandeau ; puis rencontre Alfred Musset...

Charles-Louis de Chateauneuf, n'était pas sur Paris, pour fréquenter la jeunesse dissipée et artiste. Il avait pris l'engagement - tenu au moins deux ans … - de préparer le concours d'entrée à l'école polytechnique... Ses proches, lui ont donné les moyens de faire cette préparation au mieux :
Charles-Louis est externe à l'institution Mayer - près du Val-de-Grâce - qui travaille en collaboration avec des professeurs des classes préparatoires de lycée. Elle envoie ses élèves au collège Louis-le-Grand. L’enseignement dans l'institution complète celui de la classe de lycée. Son travail consiste à répéter et à approfondir le cours magistral, sous forme de conférences et de classes intérieures régulières. Cette préparation peut durer trois ans ...
Charles-Louis peut ainsi répéter et approfondir le cours magistral donné au lycée et subir très régulièrement des interrogations orales, véritables répétitions de l'épreuve d'admission...

Le programme porte, presque exclusivement, sur les mathématiques.
L’épreuve dédoublée est essentiellement orale : il faut savoir répondre au tableau, tenir face à l’examinateur, ne pas s’affoler, connaître les questions de cours, plus encore, mener un calcul et traiter un problème.

A Louis-le-Grand, c'est Louis Richard (1795-1849) qui tient la classe de mathématiques spéciales... Louis Richard est connu aujourd’hui pour avoir éveillé et soutenu un autre jeune homme de cette époque : Evariste Galois (1811-1832)...
La classe de Richard, réputée, peut avoir jusqu'à une centaine d'élèves ; disons alors entre 80 et 90 élèves pour un enseignement magistral … S’il y a un bruit... c’est que le professeur a commis une légère erreur de calcul...
Les classes, ont lieu tous les matins de huit heures à dix heures, sauf le jeudi et le dimanche.
A suivre...