1950 - Félix Sinclair
Alors que Frédéric Joliot est haut-commissaire du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA), il devient début 49, président du « Mouvement mondial des partisans de la paix ». Le président des Etats-Unis Harry S. Truman en janvier 1950, fait part des recherches américaines sur la bombe thermonucléaire. Joliot lance en mars 1950 « l’appel de Stockholm » pour l’interdiction de l’arme atomique qui recueille des dizaines de millions de signatures.
"Appel :
Nous exigeons l'interdiction absolue de l'arme atomique, arme d'épouvante et d'extermination massive des populations.
Nous exigeons l'établissement d'un rigoureux contrôle international pour assurer l'application de cette mesure d'interdiction.
Nous considérons que le gouvernement qui, le premier, utiliserait, contre n'importe quel pays, l'arme atomique, commettrait un crime contre l'humanité et serait à traiter comme criminel de guerre.
Nous appelons tous les hommes de bonne volonté dans le monde à signer cet appel."
Ses activités politiques valent à M. Joliot-Curie d'être démis de ses fonctions de haut-commissaire le 28 avril 1950.
Le Figaro du 29 avril 1950, rapporte que « C’est du reste ce que M. Georges Bidault avait déclaré la veille à M. Joliot-Curie, convoqué à l’Hôtel Matignon. Ce dernier ne trouva d’autre excuse à son obéissance à un gouvernement étranger que le slogan répandu par les communistes : « Staline travaille pour la paix, tandis que le gouvernement français prépare la guerre. » — C’est par amour et par vénération de la paix que j’ai choisi Staline, — Pour le servir en toute indépendance, lui répondit M. Georges Bidault, il est par conséquent nécessaire que vous renonciez à vos fonctions... Le Conseil des ministres s’est rangé à l’avis du président du Conseil. »
En Ecosse, Félix Sinclair, âgé de vingt et un ans, vient d'enterrer sa mère, et découvrir la réalité des événements qui ont provoqué sa naissance. Il pose pour la première fois, un pied sur le Continent, ce jour de mars 1950. ( voir par ex/ 1941 – Lyon – Sinclair - 1941 – L'Ecosse – Rosslyn Chapel - Sinclair - )....
Avec les éléments qu'il a à sa disposition ; il trouve assez facilement le chemin de Fléchigné.
Quelle surprise pour Anne-Laure, que cette visite ! Lancelot averti, décide de les rejoindre au plus vite.
Félix, curieux de tout, en se promenant dans la région, rencontre une jeune fille, elle-même en visite chez des cousins de Mayenne. Micheline habite avec sa sœur et ses parents au Havre, actuellement en reconstruction. En attente d'être relogés dans les nouveaux immeubles de l'avenue Foch, ils habitent chez de la famille dont la maison a réchappé aux bombardements.
Entre les deux jeunes gens, c'est un véritable coup de foudre. Ils reviennent ensemble au Havre.
Puis, Félix ''ferme la parenthèse'' et retourne en Ecosse. Quelques mois plus tard, n'ayant pas renoncé à correspondre avec elle, Félix apprend que la jeune femme est enceinte. Il est affolé, car ce projet contrevient à sa promesse faite à sa mère, quant à un mariage prévu de longue date...
Un mariage que son ''nom'' oblige, il n'a pas le choix....
Il écrit tout cela à la jeune femme ; et à Lancelot.
Pourtant, au cœur du mois d’août, il reprend le voyage pour le Havre, sûr de pouvoir laisser seul l'amour décider.
Au Havre, Félix apprend très vite que la mère de son enfant s'est mariée ; et s'est envolée avec son mari à Casablanca, au Maroc.
Anne-Laure de Sallembier connaît bien le mari de la jeune fille ; puisqu'il est originaire de cette même région de Mayenne, en lien familial. La jeune femme, d'ailleurs, le connaissait déjà ; et le jeune homme avait l'opportunité d'un poste intéressant dans une entreprise de travaux publics, à Casablanca, qui s'ouvrait à lui, s'il partait rapidement... Juste, le temps de se marier. !
C'est ainsi que je suis né, le 10 décembre 1951, à Casablanca. J'ai, certes, modifié quelques circonstances. Ma mère est bien Micheline Haquet, havraise. Mon père se rattache à Fléchigné, il se nomme Georges Vétillard.
Lancelot et Anne-Laure de Sallembier, ont bien intégré cette marque de fabrique de leur lignée : la transmission échappe aux règles ordinaires de la famille. Elle-même, ne portât jamais le nom de son père ( qui précisément était ''Vétillard'' ! ( Louis-Ferdinand Vétillard, était un notable commerçant de Paris).
Lancelot lui-même, s'il porte le nom de son père, connut tardivement son géniteur; mais avant lui, Charles-Louis de Chateauneuf, était par sa mère, relié aux seigneurs du Limousin, mais hors lignée officielle, bien que reconnu.
Un soir, alors que Lancelot et sa mère échangeaient sur des événements du passé de la lignée. Elaine semblait douter de ce qu'ils évoquaient : « ça n'existe pas ! »
Quelle bonne question... Le passé existe t-il encore ?
Lancelot répond rapidement à Elaine, que ce qui s'est passé dans le temps ; c'est aussi ce qui se passe dans l'espace... Je ne suis plus à Paris, avec ta maman, pourtant je suis certain qu'elle existe aussi, même si je ne suis plus à Paris.... Plus tard, à Paris, je serai sûr qu'Elaine existe bien, alors que je ne serai plus avec toi...
Anne-Laure continue : « C'est très important, ce que nous sommes en train de dire.... Crois-moi, quand tu seras vieille comme moi, et que tu reviendras à Fléchigné, tu repenseras à ces instants que nous vivons, tu regarderas les murs, tu les toucheras, tu sentiras même cette odeur, et tu sera sûre que ces instants existent encore ; dans une autre dimension que malheureusement nous n'appréhendons pas avec nos sens, c'est-à dire avec nos yeux... Je ressens bien cela, dans une Eglise, par exemple.... »
Anne-Laure et Lancelot pensent alors à la même chose ; à la ''quatrième dimension '' que Proust évoquait dans un article du Figaro ( depuis 1912, gardé précieusement) sur '' L'église de village '', « un édifice occupant, si l’on peut dire, un espace à quatre dimensions – la quatrième était celle du Temps, – déployant à travers les siècles son vaisseau qui, de travée en travée, de chapelle en chapelle, semblait vaincre et franchir, non pas seulement quelques mètres, mais des époques successives d’où il sortait victorieux... »
Elaine semble avoir compris certaines choses, puisqu'elle de mande : « mais, si la maison n'existe plus ? »
Lancelot répond : « Ce serait plus difficile, nous n'aurions plus nos sens, la vue, l'odorat pour nous aider... mais nous savons que le passé existe quand même. Tu sais, beaucoup de choses existent que nous ne percevons pas.... » Elaine répond : « comme ma maman, que je ne vois pas. ».