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Les légendes du Graal

xviiie siecle

Le XVIIIe s. : La nature humaine, la conversation et David Hume. -2/.-

14 Juin 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #David Hume, #XVIIIe siècle, #femme, #Salon

Chez le prince de Conti, au Temple, Marie-Charlotte Hippolyte de Boufflers servant le thé à l'anglaise dans le salon au Quatre Glaces

Chez le prince de Conti, au Temple, Marie-Charlotte Hippolyte de Boufflers servant le thé à l'anglaise dans le salon au Quatre Glaces

Je reviens à David Hume, qui va marquer de sa pensée, notre trio : de la Bermondie, d'Oisemont et Sinclair, toujours en recherche de nos fameux templiers, et à l’affût de ''nouveautés'' qui pourraient faire réapparaître le lien perdu et faire advenir une résurgence de l'Ordre disparu …

 

Le temps est aux ''nouveautés'' et David Hume est devenu l'idole des salons, en particulier celui de la très anglomane Comtesse de Boufflers (il parlait bien le français l'ayant étudié pendant trois ans à La Flèche). Hume est célèbre en France par ses ''Political Discourses'' aussitôt traduits en 1752, à la fois comme historien et comme philosophe. Quand il reviendra à Londres en 1766, il emmènera avec lui J.-J. Rousseau...

M.-Ch. H. de Boufflers peinte par Carmontelle

 

La Contesse de Boufflers (1724-1800) est la maîtresse du Prince de Conti : Femme brillante, spirituelle et sensuelle, elle est célèbre pour sa beauté et son esprit ; célèbre salonnière et femme de lettres française, elle est adulée et courtisée. Le comte de Tressan écrira sur elle cette épigramme : 

«Quand Boufflers parut à la Cour 
On crut voir la reine d'amour 
Chacun s'empressait de lui plaire 
Et chacun l'avait à son tour.
»

Et, son épitaphe ( par elle-même) est éloquente :

« Ci-gît dans une paix profonde,

Une dame de volupté
Qui, pour plus de sécurité,
Fit son paradis en ce monde.
»

 

On peut dire que la Révolution sera la fin d'un certain ''âge d'or'': celui du '' doux commerce des sexes'' – comme l'on disait - magnifié dans les «salons» où s'épanouissaient les personnalités féminines les plus fortes.

 

Je parlais d'anglomanie ; en effet les Anglais, avec Locke et Newton, se sont affirmés comme les maîtres à penser de l'Europe en ce XVIIIe siècle... De plus, politiquement: la théorie de la séparation des pouvoirs, invite à une réflexion sur la démocratie. Dès 1694, La Fontaine, lui-même eut la tentation de l'Angleterre : le Renard anglais, note comme une vérité incontestable : « Les Anglais pensent profondément, / Leur esprit, en cela, suit leur tempérament... »

 

Les salons sont « les Etats Généraux de l'esprit humain » c'est la définition que donne Hume du salon de madame Helvétius... Le salon donne à la monarchie civilisée française une harmonie intellectuelle et morale qui est l’œuvre même des femmes, fédératrices des opinions et dignes en cela, comme le voulait Morellet, d'une célébration publique ...

Portrait d’Anne-Catherine de Ligniville, Mme Helvétius

Anne-Catherine Helvétius ( 1722-1800) réunit d'abord rue Sainte-Anne puis, à partir de 1772, en son hôtel du 59, rue d’Auteuil, un cénacle appelé « société d'Auteuil » ; tous les écrivains, artistes et scientifiques ont fréquenté ce salon … Benjamin Franklin, lui fait sa cour en vain... et elle tient Cabanis comme son fils adoptif … On la dit affiliée à la loges des neuf sœurs..

 

David Hume, encore : « Les femmes étaient les souveraines du monde, de la conversation et de l’érudition. » Dans le même sens, Chantal Thomas, spécialiste du XVIIIe siècle, écrit : « Il y a quelque chose de fantastique, de surréel dans la représentation, soir après soir, et à heures fixes, en plusieurs hôtels parisiens, d’un spectacle centré sur l’art de la conversation. »

 

L'élite britannique se détourne à cette époque de l'université pour chercher son instruction dans '' la conversation ''qu'elle considère comme le ''grand livre du monde ''…

Jean-Jacques Rousseau fait la lecture devant Madame Dupin

Et la ''politesse '' : ingrédient nécessaire d'une culture civilisée est l’élément dans lequel se meut la pensée de David Hume ; en opposition à la manière scolastique... La ''politesse'' renvoie au raffinement des manières et au développement des arts, sciences et lettres … La politesse est essentiellement un art de la conversation qui inclut les règles de galanterie ( relation entre hommes et femmes)...

c'est ainsi qu'en 1798, Kant – lui-même écrit : « La nation française se caractérise entre toutes par son goût de la conversation ; elle est à ce point de vue un modèle pour les autres nations... »

Pour être validées, les productions de l'esprit ( sciences, arts et lettres) doivent passer par leur réception au sein de la société...

 

* Tout ça, pour arriver à la pensée de David Hume, que nous dévoilerons la prochaine fois …. - A suivre...

Benjamin Franklin à la cour de France

Benjamin Franklin à la cour de France

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Le XVIIIe s. : La nature humaine, la conversation et David Hume. -1/.-

11 Juin 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #XVIIIe siècle, #femme, #Galanterie, #Salon, #David Hume

Le XVIIIe s. : La nature humaine, la conversation et David Hume. -1/.-

Il ne sert à rien de philosopher sans les femmes ...

 

Selon Horace Walpole (1717-1797), trois choses sont à la mode « le whist, Clarisse Harlowe et David Hume »

 Horace Walpole, noble et homme politique anglais qui fut l'ami intime de Mme de Tencin, se fait ainsi construire un château de style médiéval sur la colline de Strawberry Hill. Le premier, Walpole va réunir les ingrédients du roman gothique historique dans ''le Château d'Otrante'' paru en 1764 : action située dans le passé mythique des croisades, décor médiéval, présence du surnaturel, personnages contemporains victimes des mystères du passé.

Clarisse Harlowe, est un roman épistolaire anglais de Samuel Richardson publié en 1748 ; l'héroïne fut une référence pour les écrivains du XVIIIe.. Lovelace, l’infâme séducteur précéda Valmont...

David Hume

David Hume (1711-1776), le grand philosophe écossais est francophile, ce qui ( pour un anglais) double sa faute d'être écossais …

De plus, il est ''sceptique''... et l'université bigote lui refusera un poste de professeur …

Auparavant, en conclusion d'une jeunesse studieuse, mais rétive, il part en France... A La Flèche, de 1735 à1737, il rédige le Traité de la nature humaine, dont les deux premiers livres sont publiés en 1739. C'est un échec. Il rentre à Ninewells. Portant, il vient d'écrire – très jeune - un chef-d’œuvre : il y a peu d’exemples d’une telle précocité en philosophie et, à ce degré de génie, peut-être aucun.

En 1745, il trouve un emploi d' "homme de compagnie" auprès du jeune marquis d'Annandale dont l'état mental se dégrade peu à peu.

De 1746 à 1749, il est secrétaire particulier du général Saint-Clair, qu'il accompagne dans ses voyages.

Le Général James Saint-Clair (1688-1762) ( de Sinclair, Fife et Balblair, Sutherland.) appartient bien-sûr au clan ''Sinclair'', et en 1735, St Clair achète le château de Rosslyn , qu'hériteront plus tard les héritiers masculins de ses sœurs. À la mort de son frère aîné John St Clair en 1750, il lui succède en tant que lord Sinclair , mais n'assumera jamais le titre, préférant conserver son siège à la Chambre des communes.

C'est sans-doute, lors de son passage à Paris que ''notre ''Sinclair et ami de J. L. de la Bremontie, rencontre le général Saint-Clair, et David Hume...

David Hume, rencontrera à nouveau, nos amis lors d'un séjour beaucoup plus long, alors qu'il est au ''sommet'' de sa renommée d’historien et d’essayiste, de 1763 à 1766. À l’époque, c’est en France qu’il est le mieux accueilli : « ici je ne bois que du nectar et marche sur des fleurs », confie t-il.

En effet, Hume accompagne alors en France Lord Hertford, nouvel ambassadeur dont il est le secrétaire.

« La France est le pays des femmes. » dit David Hume.

Les voyageurs étrangers, quand ils arrivent en France, sont frappés par la ''facilité'' des relations entre les deux sexes. Cet art de vie ensemble, est appelée alors la galanterie. On considère qu'en France hommes et femmes sont '' activement mêlés''...

En Italie, la présence de chevaliers servants, les fameux sigisbées, empêchent d'avoir accès aux Florentines de la bonne société, ce dont les voyageurs français se plaignent …

Parmi les règles de galanterie de ce XVIIIe siècle, et c'est Mme de Genlis qui le souligne: c'est celle de ne jamais placer les gens à dîner. Sauf chez quelques bourgeois cérémonieux ou dans les réceptions officielles de la Cour, on laisse, dans la société, celle des salons, les convives s'asseoir en toute liberté afin que les deux sexes puissent se fréquenter selon leur humeur.

 

Le célèbre salon bouton d'or de Madame du Deffand est un salon où seul l'esprit le plus raffiné a ses droits, et où se mêle harmonieusement le savoir-vivre aristocratique et le goût littéraire.

Des écrivains célèbres, Voltaire, Montesquieu, Marmontel, La Harpe, Marivaux, Sedaine et Condorcet peuvent y rencontrer les Anglais de passage à Paris comme Gibbon, Hume, Lord Shelburne et Horace Walpole. Une femme de lettres britannique, comme la vertueuse Hannah More, est choquée de savoir qu'en France une Mme Deffand, séparée de son mari, et affichant paisiblement ses liaisons, est cependant reçue dans la meilleure société parisienne...

Et, Hume regrette qu'à Londres, on claquemure les femmes, et dans cette société ''convenable'' on n'y trouve ni plaisir ni politesse, et pas davantage le sel de la raison … ( cf Les Mots des femmes: Essai sur la singularité française, Par Mona Ozouf )

A suivre ...

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Les Lumières et ''les Mondes Possibles''

8 Juin 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #Contes Mythes Légendes, #XVIIIe siècle, #Mythe, #Leibniz

Les ''Lumières '' du XVIIIe siècle, ouvrent des portes... Même si les grands esprits de l'époque n'ont prévu ni la Révolution, ni ses conséquences, ni le romantisme, ni les idéologies du XIXe s., ni leur application au XXe s...etc ; malgré cela, ces portes ouvertes permettent de rejoindre les questions essentielles sans la censure catholique romaine ou française …

- Pourquoi y a t-il quelque chose, plutôt que rien ? Pourquoi ce monde existe ?

 

Ce monde a été possible. Mais, est-ce le seul ? Est-il le meilleur des mondes possibles ?

Gottfried Wilhelm von Leibniz (1646 1716)

Pour Leibniz, Dieu crée en fonction du Bien, du Beau, du Vrai... Donc, il crée le meilleur des mondes possibles. Notre vison du Monde doit donc satisfaire les nécessités d'une physique mathématisée ( et déterministe) et la présence du Mal ( métaphysique)...

Bien sûr, nous savons avec Kant, qu'il faut distinguer le monde observé du ''monde en soi'' … Limitons notre connaissance à ce qui connaissable … !

Note : Gottfried Wilhelm von Leibniz (1646 1716) est un philosophe, métaphysicien hors pair, esprit baroque, fin diplomate, polyglotte (il écrit aussi bien en français qu'en latin ou en allemand), et bien sûr scientifique, mathématicien en particulier : il invente le calcul infinitésimal (calcul différentiel et calcul intégral) .. Leibniz a marqué son siècle.

 

Mon objectif serait de faire le lien entre cette possibilité d'autres ''mondes possibles'' ; et la tradition féérique d'un '' autre Monde'' que la mythologie littéraire a décrit dans les contes et la légende arthurienne...

de Nicolas Bion (1652-1733)

« […] la subcréation féerique promeut à l’existence des mondes possibles qui ne sont pas celui où nous vivons, et que pense la philosophie – mais […] ces mondes manifestent de troublantes affinités avec notre monde, pour peu que nous percevions en celui-ci la suspension de son sens au problème eschatologique. […] la poétique de la féerie autorise […] une herméneutique des dernières choses.

Extrait de « Anges et hobbits : le sens des mondes possibles », par le Père Jean-Yves Lacoste ( agrégé, docteur en philosophie et théologie.). On peut s'interroger :

- Le réel (notre monde) pourrait-il abriter du mythe devenu fait ? Réciproquement, peut-on réécrire sur un mode mythique ou féerique ce qui a eu lieu dans notre monde seul réel ?

- La littérature féerique parle à l'imaginaire. Elle peut aussi avoir la force de structurer l'imaginaire.

Elle peut introduire un travail sur l'imaginaire qui le prépare à faire sien le monde de la Bible...

Ce sont les questions que se posent  Jean-Yves Lacoste , aussi professeur invité à l'Université de Chicago...

la Théodicée de Leibniz ( 1710)

Il faudrait continuer la réflexion, avec les philosophes du XVIIIe...

Comme nous l'avons vu, en ce siècle, la limite entre imagination et réalité n'est plus sûre... Et l'on attend pas qu'un gendarme ( l'Eglise) nous la définisse... Aussi, les ''faux sorciers ( mages) '' sont une caractéristique de ce siècle des ''Lumières''.

 

Malgré tout, je tente de prendre une porte ouverte par ''les Lumières'' qu'elles ont semble t-il refermée bien vite... C'est d'ailleurs ce que leur reproche Régis Debray dans ''Aveuglantes lumières'' (2006) :

Fontenelle. Entretiens sur la pluralité des mondes

« les Lumières, en dépit de notre triomphalisme et de notre ethnocentrisme glorieux, ont des zones d'ombre capitales : le religieux, l'imaginaire, le sentiment du collectif, notre rapport à la mort, à l'animalité… » «  je crois, avec Merleau-Ponty, qu'il faut inventer un nouveau rationalisme qui permette de penser l'irrationnel, qui donne raison de la déraison »

Irait-il jusqu'à dire que la "raison" est peu de chose, comparée au "mythe" et aux "facteurs émotionnels" de l’action ?: « Ce n’est pas la science, mais une croyance fût-ce en la science elle-même qui soude une communauté de destin. » ?

 

Pour conclure, provisoirement :

Je passe allégrement du XVIIIe au XXe siècle :

Le Conte fait appel d'abord à notre sensibilité, puis à notre intelligence...

« On voit d’abord le Graal, puis on le cherche »  Simone Weil, Cahiers, tome 3, Paris, Gallimard, 1975, p. 282.

« Toutes les légendes sont vraies. Ce ne sont point des faits, ce sont des pensées » d' Alain, Propos, v. 2. ' la Pléiade' 1970), #555, p. 816.

 

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La Raison et la Gnose - Du Moyen-âge aux Lumières du XVIIIe s

5 Juin 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #XVIIIe siècle, #Franc-Maçonnerie, #Gnose

Le Corpus hermeticum constitué au XIe siècle, et qui rassemble des textes grecs, écrits au cours du IIe  et du IIIe siècle, met en scène Hermès Trismégiste et/ou ses disciples et propose une voie de sagesse mêlant traditions grecque et égyptienne. Le premier livre d'Hermès s'appelle Poïmandrès

« que veux-tu entendre et voir, que veux-tu apprendre et connaître ? Je veux, répondis-je, être instruit sur les êtres, comprendre leur nature et connaître Dieu »

 

La gnose c'est d’abord une recherche de la connaissance des êtres, de Dieu, de l'univers, de la compréhension du monde, qui s'adresse à tous, pas seulement aux clercs, pas seulement aux intellectuels, mais à tout le monde. Elle ne propose pas, et n'a jamais proposé dans toute son histoire millénaire, de réponses toutes faites et des révélations. Elle fonde la compréhension de ce que nous vivons, entendons ou lisons sur le symbole, l’expression symbolique. Enfin et surtout c'est une quête de l'unité, l’Un et le Tout, on l'appellera comme on voudra, quête de ce qui nous transcende, l'Univers, le Divin, quelque fois on ne trouvera aucun nom, dans la plus grande liberté.

 

La gnose est ici ( et la plupart du temps, l'Eglise a préféré entretenir l’ambiguïté...) à différencier du dualisme de certains gnostiques qui considèrent deux divinités en conflit, le dieu du bien face au dieu du mal ...etc)

La gnose rejoint au XVIIIe siècle, ce que les francs-maçons écossais nomment la Vérité... Elle est cette connaissance qui va au-delà du voile de la matière et qui nous fait passer de la matière à l'esprit, de l’équerre au compas, qui cherche à voir avec l'œil de l'esprit ( du cœur, de l'âme et de l'esprit) au lieu de voir simplement avec les yeux physiques.

 

Cette Vérité est inaccessible dans sa totalité... Dans cette quête, doit-on quitter le domaine de la raison ? Non pas, si nous regardons derrière le voile du matériel, qui fait partie du réel, et répond donc à une logique.

Au XVIIIe Kant choisit de s'en tenir à la pensée logique, et qui peut s’appliquer à toutes sortes de réalités...

Emmanuel Kant (1724-1804)

La condition essentielle pour partir en quête de la Vérité, est de conquérir notre liberté. Si nous ne sommes pas libres de voir, de discerner, de connaître, comment pourrons-nous nous approcher de la Vérité ? Emmanuel Kant le dit en 1784 dans un raccourci magnifique : « Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières », et il ajoute « Les Lumières, c’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable. L’état de tutelle est l’incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d’un autre. On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de l’entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage…».

 

Si le XVIIIe siècle, se verra le témoin de la victoire des ''Lumières'' contre l’obscurantisme religieux... Une tendance de ces Lumières, continuera à se considérer comme religieuse...

Partons sur cette voie:

Depuis 1700, pas moins de 15 volumes sur l'histoire des ordres religieux, monastiques militaires et chevaleresques sont édités en Europe, plus de la moitié des écrits alchimistes ont été écrits dans la 2ème partie du 17e siècle.«Pierre Dupuis (1700) :Traité concernant l’histoire de la France, l’Ordre du Temple. Gurtler (1703) : Historia templarorium. P.Heylot (1714) : Histoire des Ordres religieux monastiques et religieux, 8 vol. Honoré de Ste Marie (1718) : Dissertation historique et critique sur la chevalerie ancienne et moderne, séculière et régulière. Basnage (1721) : Histoire des ordres Militaires ou des Chevaleries, des milices séculières et régulières, Abbé Roux  (1725): Histoire des 3 Ordres réguliers et militaires des Templiers, des Teutons, Hospitaliers ou Chevaliers de malte. Abbé Vertot (1726) Histoire des Chevaliers Hospitaliers de St jean de Jérusalem. 1.5 vol sur 4. )

 

En 1728 : le chevalier Ramsay (1686-1743), l’ami de Fénelon et le protégé de Madame Guyon, crée les hauts grades écossais. Il fait provenir la dénomination « Loge de St Jean » de l’Ordre de St Jean de Jérusalem, dénomination tardive de l’Ordre de l’Hôpital, héritier des bien temporels des Templiers, et il associe les 3 degrés de la Maçonnerie aux 3 rangs des Ordres Religieux comme l’Ordre du temple.

Après un millénaire ( au moins...) d'ignorances et d'interdits théologiques ; on n'hésite pas à s'interroger sur tout, et sans trop de méthodes : sur la réalité des sirènes, ou sur la possibilité des cailloux de se reproduire … mais aussi sur l'électricité, les observations au microscope, les études systématiques des animaux et leur classification...

L’organisation des savoirs n'était pas celle d'aujourd'hui, ni celle que vont tenter d'organiser les ''Lumières'' du XVIIIe. Au début du XVIIe siècle, l’approche mathématique du mouvement des planètes peutt bien s’accompagner, chez Kepler, de la croyance en une âme du monde.

Si la gnose est censée, par ses détracteurs, être ésotérique donc réservée qu'aux initiés.... Sachons, que le mot Ésotérisme est récent … Au XVIIIe siècle était appelé ' ésotérique ' l’enseignement philosophique oral de Pythagore ou de Platon supposé destiné à un groupe restreint de disciples.

« la connaissance est ce qui permet de s’assimiler autant qu’il est possible à Dieu, ce qui implique d’être juste et saint avec l’aide de l’intelligence » Platon (Timée 72b).

Le Triomphe de la Raison et de la Vérité - la Philosophie sous la figure de Jean-Jacques Rousseau découvre à l'Univers la Raison et la Vérité,

Le Triomphe de la Raison et de la Vérité - la Philosophie sous la figure de Jean-Jacques Rousseau découvre à l'Univers la Raison et la Vérité,

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Le Chevalier d'Oisemont : mentaliste.

24 Mai 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #Magie, #XVIIIe siècle, #Tarot

Le Chevalier d'Oisemont : mentaliste.

Le chevalier d'Oisemont, se présente comme un ''mentaliste'' qui a eu accès aux secrets traditionnels expérimentés par Cagliostro et le Comte de Saint-Germain. Il est reçu avec beaucoup de curiosité dans les salons ; et son discours ésotérique est ponctué de nombreux tours qui ne peuvent qu'émerveiller ceux qui l'écoutent …

The Fortune Teller by George Morland

Peux t-on prévoir l'avenir ? Bien sûr ! Le chevalier – après s'être recueilli - écrit un court texte sur une feuille, la glisse dans l'enveloppe ; qu'il donne et confie à une personne assise autour de la table.

A partir d'un jeu de cartes ordinaire, il fait choisir 1 carte à trois personnes : ici opère le hasard … Chacune pose sa carte côté face, et chacun peux la voir... Il laisse la possibilité de changer sa carte … ! Ici, opère le libre-arbitre !!

3 cartes sont sur la table … Et, sur ces bases opère le Destin... Le Destin est une vaste mécanique qui s'apparente à une opération mathématique qui dépend du hasard, mais aussi du choix personnel.

Le chevalier « pose sur chaque carte choisie le nombre de cartes nécessaire pour amener la valeur de la carte à 10. 10 : la Tetraktys pythagoricienne (1+2+3+4) a le sens de la totalité , de l'achèvement ...etc...

Par exemple, si la première carte choisie est un 4, il pose 6 cartes dessus (6 + 4 = 10), si la suivante est un 7, il pose simplement 3 cartes dessus (7 + 3= 10), si la dernière carte est une figure, il ne pose rien car les figures valent 10.

À ce stade, le chevalier fait remarquer que le nombre de cartes sur la table dépend des choix que ses amis ont faits en prenant leur carte et que s'ils avaient choisi des cartes différentes 1l y aurait un nombre de cartes différent sur la table. Comme pour aller plus loin, il additionne les valeurs des 3 cartes choisies - dans notre exemple 4 + 7+ 10 = 21 - et il pose sur la table 21 cartes. Il retourne la carte du dessus du jeu (la vingt-deuxième) comme étant la carte découlant des choix de nos 3 amis.

Imaginons qu'il s'agisse du 6 de carreau.

The Card Players, 1760 by Pietro Longhi

 

Le chevalier demande à ce que l'enveloppe – confiée tout à l'heure - soit ouverte... A l’intérieur on trouve cette note: « Je peux anticiper la vaste mécanique du Destin, et prévoir avant que le hasard et votre choix opèrent que vous nous conduirez au 6 de carreau ... »

 

* «  Entre nous ... » Le meilleur dans cette expérience, c'est qu'elle fonctionne toute seule. Tout est automatique. Il suffit de rédiger votre note telle quelle, et de placer le '6 de carreau' en trente-quatrième position, et vous êtes prêt. Autre contrainte est de faire choisir les 3 cartes dans les 33 premières du jeu, ce qui n'est pas compliqué car cela représente presque les deux tiers du jeu. ( Sources : Le carnet du mentaliste – de Viktor Vincent - )

 

Vous allez ce soir, décider de l'heure de votre mort... Et ce choix, sera bien confirmé par le Tarot.

Choisissez une heure.... Attention ! Choisissez bien !! On ne recommencera pas ….

Il y aura une imprécision … Vous n'avez que 21 cartes en main... Aussi, si vous choisissez 11h, je ne peux vous affirmer si ce sera 11h ou 23h …

 

Vous choisissez ? …. Disons : 6h

* Nous cherchons à présent la confirmation par le tirage de la carte de la Mort ...

Jan Gerard Waldorp 'Visit to the Fortune Teller,' 1790s

Vous prenez votre jeu de Tarot, avec les cartes classées dans l'ordre, la 1ére face avant le N°I (le bateleur), puis la II, (la papesse)... etc, jusqu'à la carte XXI ( le Monde). Vous retournez le jeu – face cachée, dans votre main gauche. La 1ére carte devient la dernière la n°XXI ( le Monde), vous n'en voyez que le dos …

Vous posez sur la table, votre choix : 6 cartes …, une par une ...

J'interviens : je vous demande de reprendre 4 cartes : 4 comme 4 éléments, 4 saisons … etc : ce qui vous retient à la terre …

Vous reprenez une à une 4 cartes que vous posez une à une sur le tas que vous tenez dans votre main gauche … ( le dos tourné donc)

Puis, je vous demande d'ajouter 13 cartes : 13 étant le N° de la carte de la Mort...

Enfin : vous confirmez votre choix et reprenez 6 cartes ( c'est vous qui aviez choisi 6h...)

 

La carte supérieure qui est posée en face de vous : vous la retournez, et c'est... : La Mort !

** Confirmé ! J'espère que vous aviez bien réfléchi ….

 

Bien sûr, ces exemples ne sont que de petits jeux, qui peuvent annoncer avec le charisme de personnages comme Cagliostro, Saint-Germain, ou même Casanova ; un développement plus spectaculaire qui conduit l'auditeur à douter de son propre scepticisme naturel, et se laisser aller à suivre – en ce XVIIIe s - un discours teinté d'occultisme par exemple ...

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Le Comte Cagliostro et le comte de Saint-Germain

21 Mai 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #XVIIIe siècle, #Magie, #Cagliostro, #Comte de Saint-Germain

Au XVIIIe siècle, un illusionniste comme Giussepe Pinetti ( 1750-1803) n'était pas encore considéré comme un artiste respecté... Le magicien lui-même jouait sur l’ambiguïté de ses dons. Ainsi Pinetti se présentait-il comme un homme de science. Il a commencé sa carrière comme professeur de physique ( ou de ''philosophie naturelle'') à Rome dans les années 1770, ses cours étaient agrémentés d’expériences, des ''illusions'' qu'il faisait passer pour des démonstrations scientifiques...

Durant l’hiver 1783, Pinetti présente ses ''expériences'' devant la famille royale à Fontainebleau. Il obtient alors l’autorisation exceptionnelle de les présenter au Théâtre des Menus Plaisirs du Roi. Pinetti a bénéficié aussi de l’appui du Duc de Chartres, cousin du Roi, maître du Grand Orient de France (Pinetti était lui-même franc-maçon). En Allemagne il a même utilisé les réseaux rosicruciens.

 

Cagliostro va se présenter comme un disciple du comte de Saint-Germain...

Ce dernier semble bien mystérieux, il apparaît en 1743 à Londres, où il est connu comme musicien et compositeur, et riche... Soupçonné d'espionnage l'homme disparaît pour Paris, il y tombe amoureux d' Élisabeth d’Alencée, alors qu'elle se marie avec le baron d'Ogny , puis on le trouve en Prusse (1749). En 1758, Le marquis de Marigny, directeur des Bâtiments du roi, l'autorise à s'installer dans le château de Chambord, alors inhabité, pour installer son laboratoire de teinture, et de fabrication de couleurs …

La favorite du roi Louis XV, la marquise de Pompadour (soeur de M. de Marigny), intriguée par ce mystérieux personnage dont son frère lui a tant parlé, l’introduit à la cour, persuadée qu’il aura tous les talents pour divertir le roi.

Le comte de Saint-Germain, est couvert de bijoux, et richement vêtu ... Il parle plusieurs langues, est érudit sur nombreuses disciplines ( une vraie encyclopédie …!). Parfait conteur, il aime relater des épisodes historiques, comme s'il les avait vécu au plus près … !

Moqueur, Voltaire écrit de lui : « C’est un homme qui ne meurt point et qui sait tout. » ( lettre du 15 avril 1760 à Frédéric II)

 « Il me montra une quantité de gemmes et surtout des diamants de couleur, d’une grandeur et d’une perfection extraordinaires. Je crus voir les trésors d’Aladin, possesseur de la lampe merveilleuse ». Selon le baron Charles-Henri de Gleichen, diplomate danois en France, qui a publié dans Mercure étranger, Paris (1813), le récit des rencontres qu’il eut avec Saint-Germain.

« Jamais homme de sa sorte n’a eu ce talent d’exciter la curiosité et de manier la crédulité de ceux qui l’écoutaient. Il savait doser le merveilleux de ses récits, suivant la réceptibilité de son auditeur. Quand il racontait à une bête un fait du temps de Charles Quint, il lui confiait tout crûment qu’il y avait assisté, et quand il parlait à quelqu’un de moins crédule, il se contentait de peindre les petites circonstances, les mines et les gestes des interlocuteurs, jusqu’à la chambre et la place qu’ils occupaient, avec un détail et une vivacité qui faisaient l’impression d’entendre un homme qui y avait réellement été présent. Quelquefois, en rendant un discours de François 1er, ou de Henri VIII, il contrefaisait la distraction en disant : “Le roi se tourna vers moi”… il avalait promptement le moi et continuait avec la précipitation d’un homme qui s’est oublié, “vers le duc un tel.” » Témoignage du baron de Gleichen, lors d'une rencontre avec le comte de Saint-Germain en 1759 à Paris.

La vieille comtesse de Gercy, femme d'ambassadeur, affirme avoir croisé Saint-Germain à Venise, cinquante ans plus tôt, tout aussi jeune et fringuant.

Les rumeurs circulent sur son grand-âge, et sur des expériences qui lui permettraient de faire grossir des perles, ou de transmuter les métaux ...

C. de St-Germain dans la série Outlander

Obligé de quitter la France ( espionnage pour le compte privé de Louis XV et agent ''double''…)...

Il part à Amsterdam pour y rétablir l'ordre des Templiers (!), puis il voyage en Prusse, Russie, Italie, Angleterre, et Autriche (où on le voit souvent à Vienne, au «quartier général des Rose-Croix») et échoue finalement à la cour du landgrave de Schleswig-Holstein, alchimiste fervent.

 

Cagliostro

 

Dans la cellule romaine de Cagliostro, après sa mort fut découvert l’ouvrage hermétique intitulé ‘Très Sainte Trinosophie’, aujourd’hui conservé à la bibliothèque de Troyes et dont il n'existe qu'un exemplaire... Il serait attribué au comte de Saint-Germain ; à moins qu'il ne soit de Cagliostro … ?

 

 

La Très Sainte Trinosophie - Illustrations - Bibliothèque de Troyes
La Très Sainte Trinosophie - Illustrations - Bibliothèque de Troyes
La Très Sainte Trinosophie - Illustrations - Bibliothèque de Troyes
La Très Sainte Trinosophie - Illustrations - Bibliothèque de Troyes
La Très Sainte Trinosophie - Illustrations - Bibliothèque de Troyes
La Très Sainte Trinosophie - Illustrations - Bibliothèque de Troyes
La Très Sainte Trinosophie - Illustrations - Bibliothèque de Troyes
La Très Sainte Trinosophie - Illustrations - Bibliothèque de Troyes
La Très Sainte Trinosophie - Illustrations - Bibliothèque de Troyes
La Très Sainte Trinosophie - Illustrations - Bibliothèque de Troyes
La Très Sainte Trinosophie - Illustrations - Bibliothèque de Troyes
La Très Sainte Trinosophie - Illustrations - Bibliothèque de Troyes

La Très Sainte Trinosophie - Illustrations - Bibliothèque de Troyes

Le docteur Eckert écrira en 1857 : « Les archives de la Franc-Maçonnerie prouvent que M. de Saint-Germain prit aussi part à la grande Conférence Maçonnique tenue en 1785 à Paris, où se trouvaient aussi Lavater, De Saint-Martin, Mesmer, Wöllner, De Gleichen et Cagliostro. »

C de St-Germain

La survivance des Templiers, qui intéresse particulièrement J.L. De la Bermondie, et Jean Sinclair, pouvait être un objectif du Comte de Saint-Germain : Rose+Croix, il était chargé de recruter de nouveaux membres pour la Stricte Observance Templière parmi la noblesse, alors qu'il fréquentait les Cours d’Europe. On cite une lettre adressée par Saint-Germain au comte Goërtz à Weimar ou il écrit :  « J’ai promis une visite à Hanau pour rencontrer le Landgraf Karl afin de travailler avec lui au système de la Stricte Observance, régénération de l’Ordre des Francs-Maçons, dans l’esprit aristocratique, pour laquelle vous vous intéressez aussi si vivement ». Le prince Charles de Hesse, auprès duquel le Comte de Saint-Germain finira sa vie, était Grand Maître de la Stricte Observance.

 

Selon le témoignage du chevalier d'Oisemont, il s'agit à présent d'observer quelques tours de Cagliostro ...

A suivre ...

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Le Comte Cagliostro et sa femme, la belle Lorenza. -2/-

18 Mai 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #Cagliostro, #XVIIIe siècle, #Magie

Le chevalier d'Oisemont est devenu disciple du mage, et – avec l'aide de ses amis Sinclair et de La Bermondie – ils vont tenté de dévoiler quelques-unes des astuces de ce faux magicien Merlin…

Cagliostro affirme posséder une eau de jouvence, sérum de perpétuelle jeunesse qu'il vend aux crédules. Il vend à chers deniers différents élixirs, des pilules, fait des tours de magie et de sorcellerie, et il prétend avoir le pouvoir de faire apparaître les morts.

Selon la Marquise de Créquy, il a soutiré quatre ou cinq cent mille francs à Madame d'Urfé pour une révélation sur le Grand Œuvre. Son succès, prodigieux dans la bonne société parisienne, s'explique par sa personnalité, et parce qu'il a derrière lui une demi-douzaine de gentilshommes qui spéculent sur les effets que ses pouvoirs produisent sur une société aristocratique fortunée et blasée.

A Paris, Lorenza organise des soupers magiques, ainsi celui mémorable qui réunit trente six grandes dames à cent louis par tête, et qui a rapporté au ménage le beau denier sonnant de 86400 livres... La belle Sérafina voit son entourage augmenter, quelques hommes se glissent chez elle, et il s'en trouve qui osent lui parler d'amour.

La chronique a retenu « la demi-passion que Sérafina a éprouvé pour un gentilhomme fort épris d’elle. il se nommait le chevalier d’Oisemont. On dit que, pour la première fois, Cagliostro montra de la jalousie. C’était commencer un peu tard. Il est vrai qu’il n’était plus jeune et que Lorenza était encore dans toute l’efflorescence de ses belles années. Quoi qu’il en soit , il parait avéré que le chevalier obtint des rendez-vous et qu’il sut se faire aimer. »

On dit aussi que Mme de La Motte ( l'instigatrice de l'affaire du collier) , témoin de la chose, marchanda son silence contre son aide pour se concilier Cagliostro...

 

Lors d'un précédent article, je parlais d'Antoine Bertin qui consacra toute son énergie amoureuse à célébrer une " chevalière " : Marie Catherine Sentuary, mariée à un négociant bordelais ( Testart). Elle venait souvent seule à Paris chez ses sœurs ( en particulier Michelle de Bonneuil, muse d'un autre poète : André Chénier. ). La jeune femme est décrite dans Les Amours sous le nom d'Eucharis.

Et précisément, Mme de Bonneuil - esprit libre et aventureux – fut également initiée aux mystères de Cagliostro et aux rites de la maçonnerie égyptienne dont son beau-frère, Jean-Jacques Duval d'Eprémesnil, était l’un des maîtres...

Les deux maris de sa sœur - Jacques Thilorier et Jean-Jacques Duval d'Eprémesnil - , avaient appartenu l’un et l’autre à la loge des Neuf Sœurs..

 

Jean de Sinclair et J.L. De la Bermondie rêvent eux, d'une maçonnerie templière qui retrouverait le climat médiéval, mystérieux, de l'alchimie et de cette quête du Graal, qui était tombée '' en sommeil'' …

L'exemple que donnait à voir Cagliostro, semblait leur montrer la voie …

Face au primat de la raison développé par certains philosophes, que l'on appelle alors ''matérialisme'', un mot va exprimer l'inverse ; il est curieux que ce soit celui de ''mentaliste'' qui est alors choisi... Le ''mentaliste'' est celui dont l'inclination se porte sur la sphère mentale, celui dont le but artistique est l’expression de la pensée...

Le magicien, le sorcier,'' forcent'' les conditions du réel pour déstabiliser le mental de ses interlocuteurs, et les amener à oser imaginer au-delà des limites de ce qu'ils pensaient être le réel ..

Cagliostro, fait sans aucun doute partie de ces ''mentalistes''...

Et, il n'était évidemment pas parmi les premiers... Lucien de Samosate, un grec du IIe siècle, décrit les procédés utilisés par de ''faux prophètes'' pour décacheter secrètement des billets déposés par des fidèles avant la fermeture du temple.

Un moine franciscain, Luca Pacioli (1445-1517), décrit dans ''De viribus quantitatis'' l'utilisation d’un enfant qui avec un code de communication reçoit des informations de manière secrète... Cagliostro utilisera le procédé de l'enfant médium ...

 

Le magicien Hieronimo Scotto, opère à la cour autrichienne de l’archiduc Ferdinand II, entre 1569 et 1582. Le médecin personnel de l’Archiduc, raconte: « je pensais à un huit de coeur, et Scotto me sorti aussitôt cette carte. Oh miracle ! il fit de même avec dix autres personnes présentes. Quelle cartes voulez vous ? demandez t il. Et vous l’aviez aussitôt. »... Ainsi, avec quelques simples démonstrations de cartomagie, Hieronimo Scotto a les faveurs de Ferdinand II, qu'il conseille sur sa politique …

 

Au XVIIIe siècle, nous verrons dans le prochain article, comment et avec qui, le ''mentalisme'' dans l’ambiguïté la plus complète va accompagner des projets où se rencontrent : alchimie, science, ésotérisme et malheureusement aussi escroquerie ...

 

A suivre ...

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Le Comte Cagliostro et sa femme, la belle Lorenza. -1/-

15 Mai 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #Cagliostro, #XVIIIe siècle

Cagliostro - Alfred Abel et Illa Meery - Richard Oswald - 1929 - Renee Heribel et Hans Stuwe
Cagliostro - Alfred Abel et Illa Meery - Richard Oswald - 1929 - Renee Heribel et Hans Stuwe
Cagliostro - Alfred Abel et Illa Meery - Richard Oswald - 1929 - Renee Heribel et Hans Stuwe
Cagliostro - Alfred Abel et Illa Meery - Richard Oswald - 1929 - Renee Heribel et Hans Stuwe
Cagliostro - Alfred Abel et Illa Meery - Richard Oswald - 1929 - Renee Heribel et Hans Stuwe

Cagliostro - Alfred Abel et Illa Meery - Richard Oswald - 1929 - Renee Heribel et Hans Stuwe

Le cercle de connaissances de JL de la Bermondie, lui ont fait rencontrer Jean de Sinclair, dont on a déjà parlé, officier dans la ''Garde Ecossaise''... Et le chevalier d'Oisemont, qui descend d'une famille de seigneurs templiers et possédaient autrefois une importante commanderie, se prend de passion pour la belle Lorenza, épouse du Comte de Cagliostro ; alors qu'ils sont à Paris.. Le chevalier devient disciple du mage...

Cependant, lors de l'épisode du ''Collier de la Reine'', d'Oisemont témoignera contre Cagliostro, dénonçant son charlatanisme...

 

Alexandre Cagliostro serait né en 1748, à Médine ou à Malte... Puis, il est identifié avec l’escroc Joseph Balsamo, né à Palerme le 2 juin 1743...

La légende le fait grandir dans le palais du Muphti Salahaym, à Médine. Son précepteur, Althotas, l'instruit dans les sciences et les langues. Dès sa jeunesse, il montre beaucoup d’intérêt pour la médecine et la chimie. En 1760, il est à la Mecque. Il voyage en Egypte... En 1766, à l'âge de 18 ans il arriverait de Rhodes à Malte. Il est logé, et enseigné par le Grand Maître Pinto... A sa mort, il part pour Naples, puis Rome où il rencontre sa ''princesse'' Serafina della Croce ( son vrai nom : Lorenza Feliciani) , et s'y marie en 1770. Ils arrive en juillet 1776 à Londres...

Il acquiert une certaine notoriété, par ses prédictions, ses expériences théurgiques et alchimiques, ses guérisons.. ; etc

Il fonde dans plusieurs villes des loges ''égyptiennes''...

Puis, arrive le célèbre scandale autour du ''Collier de la Reine'' : arrêté, Cagliostro est innocenté... Mais une formidable campagne de presse est menée contre lui... Enfin, à Rome l'inquisition l'arrête, le condamne et il meurt ( assassiné ?) dans la prison de San Leo en 1795... Sa femme Serafina est déjà morte une année avant, au couvent de Sant'Apollonia à Rome.

 

Alors que Joseph Balsamo et sa femme Lorenza, parcourent l'Italie, l'Espagne, le Portugal, puis ont gagné Londres... Balsamo aurait utilisé les charmes de Lorenza, qui gagne les faveurs de riches nobles les logeant et les entretenant...

A Barcelone, Ambrosio Funes de Villalpanda, achète les dessins de Guiseppe Balsamo et s'occupe du couple. Puis le marquis de Fontemazzo prend le relais, et Giuseppe devient un peintre à la mode... A Lisbonne le banquier Anselmo da Cruz Sobral succombe aux charmes de Lorenza et offre au ménage Balsamo une vie fastueuse au bord du Tage...

De Londres à Paris, c'est le jeune avocat Duplessis qui met aux pied de Lorenza son cœur et sa fortune … Mais, cette fois-ci, Lorenza semble éprise, découche … et Cagliostro se rend chez Monsieur de Sartine, pour la faire arrêtée et incarcérée à Sainte-Pélagie .. !!


L'époque est favorable à ce qu'on nomme ''l'illuminisme''... Le comte de Saint-Germain, mort en 1784, a fait croire à la Cour de Louis XV qu’il possédait un élixir perpétuant la vie. Mesmer, prétendait guérir nombre de névrosés par son « magnétisme animal »... Le cardinal de Rohan, va protéger Cagliostro qui le soigne, et lui a offert un diamant qu'il a fabriqué devant lui...

Ensuite le couple réconcilié reprend ses aventures, ses voyages ...

Sérafina ( alias Lorenza) va devenir grande maîtresse de la loge '' Isis''. Depuis 1774, le Grand Orient autorise la création de loges féminines. La reine Marie-Antoinette écrit « Tout le monde en est !», et en particulier la princesse de Lamballe …

Suite à l'affaire du Collier, on dénigrera les travaux de la loge en transformant les réunions en célébrations orgiaques …

Sources : en particulier la biographie de Cagliostro par Philippe Brunet ( à lire …)

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de 1759, les '' Mémoires sur l'ancienne chevalerie '' Par amour pour sa Dame...

12 Mai 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #Moyen-âge, #XVIIIe siècle, #Littérature, #chevalier, #femme, #Galanterie

Voilà comment, Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye (1697-1781), informe ses lecteurs « sur la foi de nos anciens auteurs, les avantages de la Chevalerie militaire, de laquelle il ne reste plus que des vestiges dans les divers ordres de la Chevalerie régulière ou religieuse... »

Je rappelle que les textes suivants sont extraits de : '' Les Mémoires sur l'Ancienne Chevalerie'' publiées en 1759...

Se battre pour l'amour de sa Dame :

Combien de fois ne vit-on pas à la guerre des chevaliers prendre les noms de poursuivants d'amour, et d'autres titres pareils, se parer du portrait, de la devise et de la livrée de leurs maîtresses , aller sérieusement dans les sièges , dans les escarmouches et dans les batailles offrir le combat ( note 24) à l'ennemi , pour lui disputer l'avantage d'avoir une dame plus belle et plus vertueuse que la sienne , et de l'aimer avec plus de passion.

(24) Le sire de Languerant , en 1378, ayant mis en embuscade dans un bois quarante lances qu'il commandait, leur ordonna de l'attendre jusqu'à ce qu'il fût revenu de reconnoître la forteresse de Cardillac occupée par les Anglois. Il s'avança tout seul jusqu'aux barrières , et s'adressant à la garde : « Où est Bernard Courant vostre capitaine? demanda-t-il. Dites luy que le sire Languerant luy demande une jouste; il est bien si bon homme d'armes et si vaillant qu'il ne la refusera pas pour l'amour de sa dame ; et s'il la refuse ce luy tournera à grand blâme, et diray qu'il m'aura refusé par couardise une jouste de fer de lance. » Elle ne fut point refusée , et Languerant y perdit la vie. ( Froissart, liv. II , p. 43 et 44- )

 

Prouver la supériorité de sa valeur , c'étoit alors prouver l'excellence et la beauté de la dame qu'on servoit , et de qui l'on étoit aimé : on supposoit que la plus belle de toutes les dames ne pouvoit aimer que le plus brave de tous les chevaliers ; et le parti du vainqueur trouvoit toujours son avantage dans cette heureuse supposition.

Mais le pourroit-on croire , si l'on n'étoit appuyé sur le témoignage des historiens comme sur les romanciers, pourroit-on se persuader que des assiégeants et des assiégés, au fort de l'action, aient suspendu leurs hostilités pour laisser un champ libre à des écuyers qui vouloient immortaliser la beauté de leurs dames, en combattant pour elles ? C'est néanmoins ce qu'on vit arriver au siège du château de Touri en Beauce , suivant Froissart. S'imaginera-t-on aisément encore que dans le feu d'une guerre très-vive des escadrons de chevaliers et d'écuyers françois et anglois, qui s'étoient rencontrés près de Cherbourg en 1379 , ayant mis pied à terre pour combattre avec plus d'acharnement , arrêtèrent les transports de leur fureur pour donner à l'un d'entre eux, qui seul étoit resté à cheval, le loisir de défier celui des ennemis qui seroit le plus amoureux? Un pareil défi ne manquoit jamais d'être accepté. Les escadrons demeurèrent spectateurs immobiles des coups que se portaient les deux amants ; et l'on n'en vint aux mains qu'après avoir vu l'un d'eux payer de sa vie le titre de serviteur qu'il avoit peut-être obtenu de sa dame.

Les héros grecs sont-ils donc plus sages dans Homère, lorsqu'au milieu de la mêlée ils s'arrêtent tout-à-coup pour se raconter leur généalogie ou celle de leurs chevaux ? Ce combat singulier fut suivi d'une action des plus sanglantes ; et Froissart , pour donner plus de poids à son récit , ajoute : « Ainsi alla ceste besongne comme je fu à donc informé. »

L'esprit de galanterie , l’âme de ces combats, dont l'histoire nous fournit des exemples sans nombre , ne s'étoit point encore perdu dans les guerres d'Henri IV et de Louis XIV ; on y faisoit quelquefois le coup de pistolet pour l'amour et pour l'honneur de sa dame : au siège d'une place on vit un officier blessé à mort , écrire sur un gabion le nom de sa maîtresse en rendant le dernier soupir.

(…)

Brantôme nous apprend que de son temps plus que jamais , l'amour avoit encore ses héros : « Les gens de cour se sont fait remarquer très-braves et vaillants et certes plus que le temps passé. »

Puis reprenant ce qu'il avoit dit plus haut de M. de Randan : « Estant à Metz , continue-t-il , un cavalier de dom Louys d'Avila, colonel de la cavalerie de l'empereur, » se présenta et demanda à tirer un coup de lance pour l'amour de sa dame. Monsieur de Randan le prit aussistost au mot par le congé de son général , et s'estant - a mis sur les rangs, fust ou pour l'amour de sa maistresse qu'il espousa depuis , ou pour l'amour de quelqu'autre bien grande , car il n'en estoit point dépourvue , jousta si furieusement et dextrement qu'il en porta son ennemi par terre à demy mort, et retourna tout victorieux et glorieux dans la ville, ayant fait et apporté beaucoup d'honneur à luy et à sa patrie , et dont chacun le loua et en estima extrêmement et non sans cause. »

 

(…) un usage dont nos romanciers ont souvent fait mention, et qui convient tout-à-fait à des temps où le chef-lieu de chaque domaine étoit un poste , et presque une place de guerre, exposée aux insultes , aux attaques de voisins toujours ennemis et toujours armés. Une demoiselle riche héritière , suivant le récit de ces romanciers, une dame restée veuve avec de grandes terres à gouverner, avoit-elle besoin d'un secours extraordinaire, elle appeloit quelque chevalier d'une capacité reconnue , elle lui confioit , avec le titre de vicomte ou de châtelain, la garde de son château et de ses fiefs, le commandement des gens de guerre entretenus pour leur defense ; quelquefois même , dans la suite , elle acquittoit par le don de sa main ( note 47) les services importants qu'elle avoit reçus de lui. Ordinairement de telles alliances furent contractées par les avis et sous l'autorité des souverains. Protecteurs nés des pupilles et des veuves nobles de leurs États, les princes ,en conciliant les intérêts des deux parties , remplissoient les généreuses fonctions de la garde royale, et récompensoient en même temps la valeur des plus braves chevaliers de la cour. Ce fut vraisemblablement ainsi qu'un nombre assez considérable de nos plus grands seigneurs acquirent les terres immenses qu'ils ont possédées. Il seroit difficile de donner une origine plus glorieuse, soit à la puissance de leurs maisons, soit à l'étendue de leurs domaines.

 

(47) Je n'ai que des romans et des ouvrages aussi fabuleux à citer pour preuve de cet usage ; mais on peut croire aisément que cette idée romanesque fut adoptée par des seigneurs et des chevaliers qui auroient voulu s'assurer de l'adresse et de la valeur des époux qu'ils destinoient à leurs filles pour défendre les fiefs dont elles étoient héritières.

« Le puissant roy Odescalque , qui avoit une fille nommée Doralisce (Nuits de Straparole, t. I, p. 236), en la voulant marier honorablement, avoit fait publier un tournoy par tout royaume , ayant delibéré de ne la marier point , sinon à celui qui auront la victoire et le prix du tournoy, au moyen de quoi plusieurs, ducs , marquis et autres puissants seigneurs étojent venus de toutes parts pour conquester ce précieux prix. » On voit , dans Perceforest ( vol. V, fol. 22, 28), la description d'un célèbre tournoi dont le prix devoit être pareillement une jeune demoiselle à marier : le vainqueur devint son époux.

Une autre demoiselle, suivant le roman de Gérard de Roussillon (manuscr., fol. 99, recto), en provençal, choisit elle-même un brave chevalier pour être le châtelain de ses- terres et pour les défendre , et l'épousa dans la suite. On peut se rappeler ici ce que dit Froissart (1. 1, p. 222) des amours d'Eustache d'Auberticour avec madame Isabelle de Juliers , qui lui envoya souvent des chevaux en présent et qui couronna les exploits de ce brave chevalier par le mariage qu'elle contracta avec lui.

Excès de libertinage :

Dans ces temps-là le mérite le plus accompli d'un chevalier consistoit à se montrer brave , gai , joli et amoureux. Quand on avoit dit de lui qu'il savoit également parler d'oiseaux , de chiens , d'armes et d'amour ; quand on avoit fait cet éloge de son esprit et de ses talents , on ne pouvoit plus rien ajouter à son portrait.

On ne parloit point de l'amour sans définir l'essence et le caractère du parfait et véritable amour ; et l'on se perdoit bientôt dans un labyrinthe de questions spéculatives sur les situations ou les plus désespérantes, ou les plus délicieuses d'un coeur tendre et sincère; sur les qualités les plus aimables ou les plus odieuses d'une maîtresse. Les fausses subtilités que chacun employoit pour défendre sa thèse, étoient appuyées, tantôt de déclamations in décentes contre les dames , tantôt de phrases pompeuses cent fois rebattues qu'on débitoit à leur honneur. Un juge de la dispute qui répondoit à ce qu'on appeloit prince d'amour , ou prince du Puy dans les cours d'amour, juridictions établies dans quelques contrées, pour connoître de ces importantes matières , un juge,dis-je, prononçoit des sentences presque toujours équivoques, obscures et souvent énigmatiques , auxquelles les parties se soumettoient avec une respectueuse docilité.

(…)

Ces amants de l'âge d'or de la galanterie , qui semblent avoir moins puisé dans Platon que dans l'école des scotistes, les idées et les définitions de l'amour , ces espèces d'enthousiastes, se vantoient de n'aimer que les vertus, les talents et les grâces de leurs dames, d'y trouver l'unique source du bonheur de leur vie ; et de n'aspirer qu'à maintenir, qu'à exalter, et qu'à répandre en tous lieux la ré putation et la gloire qu'elles s'étoient acquises.

Prodigues de louanges exagérées , ils ne se seroient jamais permis d'avouer qu'il y eût une dame plus belle que celle qu'ils servoient ; quelques-uns même se vantoient de la plus violente passion pour celles qu'ils n'avoient jamais vues, sur le seul bruit de leur renommée. Une infinité de détails toujours puérils, étoient la seule expression des craintes , des espérances et de tous les sentiments dont leurs esprits étoient agités.

Cette métaphysique d'amour , ce vaste champ où s'exerçoient les plus beaux esprits qui brilloient parmi nos respectueux serviteurs des dames, n'avoit cependant point banni de leurs entretiens les images, les allusions, et les équivoques froides et obscènes , production ordinaire des esprits grossiers et licencieux. L'indécence fut portée aussi loin qu'elle pouvoit aller dans les écrits , et surtout dans les poésies de ce temps, où les hommes les plus qualifiés s'exerçoient dans la science gaie , c'est-à-dire dans l'art de rimer et de versifier.

Comme il n'y avoit qu'un pas de la superstition de nos dévots chevaliers à l'irréligion , ils n'eurent aussi qu'un pas à faire de leur fanatisme en amour aux plus grands excès du libertinage (17). Ils ne demandoient à la beauté dont ils étoient esclaves, ou plutôt idolâtres, ils ne demandoient que la bouche et les mains ( termes empruntés de la cérémonie des hommages), c'est-à-dire l'honneur de tenir d'elles leur existence comme en fief; mais on ne les jugera pas trop légèrement, si l'on dit que souvent ils furent peu fidèles aux chaînes qu'ils avoient prises.

Jamais on ne vit les moeurs plus corrompues que du temps de nos chevaliers , et jamais le règne de la débauche ne fut plus universel. Elle avoit des rues , des quartiers dans chaque ville; et saint Louis gémissoit de l'avoir trouvée établie jusqu'auprès de sa tente , pendant la plus sainte des croisades. C'est Joinville même, confident de ses plaintes, qui nous les a rapportées. L'ignominie que ce prince voulut faire subir à l'un de ses chevaliers surpris en faute , prouve combien il étoit nécessaire d'arrêter les suites de la corruption générale. Le châtiment dont ce pieux monarque avoit trouvé l'exemple dans les loix communes du royaume, n'étoit guère moins scandaleux que le crime.

Aux tendres conversations de nos chevaliers et de nos écuyers succédoient plusieurs jeux, qui souvent rouloient sur la galanterie , et dont quelques-uns qui nous sont demeurés , amusent à peine nos enfants. Un vain cérémonial de révérences, de génuflexions , de prosternations jusqu'à terre, consumoit le reste de leur temps dans un exercice continuel , aussi fatigant que ridicule.

Défions-nous des éloges que donne un siècle au siècle qui l'a précédé. L'amour antique (19), si tendre, si constant , si pur et si vanté, dont on fait toujours honneur à ses devanciers, fut le modèle que les censeurs, dans tous les ages , proposèrent à leurs contemporains : deux ou trois cents ans avant Marot on avoit comme lui , et presque dans les mêmes termes, regretté le train d'amour qui régnoit au bon vieux temps.

(17) Quelques traits empruntés de différents siècles me serviront à prouver que la corruption de nos ancêtres ne le cédoit point à celle qui, dans tous les temps , excita la colère des censeurs publics. Le moine du Vigeois , vers 1180 , parlant de la licence qui régnoit alors dans les troupes , comptoit, dans une de nos armées, jusqu'à quinze cents concubines , dont les patures se montoient à des sommes immenses : ''Quorum ornamenta inestimabili thesauro comparata sunt.'' Le même historien nous apprend que le respect public ne les renfermoit point dans la classe qui leur convenoit : parées comme les plus grandes dames , on les confondoit avec ce qu'il y avoit de plus respectable : la reine elle-même y fut trompée , en voyant à l'église une femme de cette espèce : comme elle alloit au baiser de la paix, elle l'embrassa de même que les autres femmes. Ayant été depuis mieux informée, elle en fit des plaintes au roi son mari , et le monarque défendit que les femmes publiques portassent dans Paris le manteau , qui devint la marque à laquelle on distingua les femmes mariées.

Le treizième siècle ne fut pas mieux réglé, même dans le temps où saint Louis donnoit l'exemple d'une vie toute chrétienne. (...)

Charles VI la cour même devint le théâtre du scandale. La plus ancienne et la plus édifiante de nos maisons religieuses en eut le triste spectacle , suivant le moine de Saint-Denis qui déplore en ces termes le malheur de son monastère.

Après le récit des tournois faits en 1380, à Saint-Denis (Hist. de Saint-Denys, ch. VI , p. 170 et 171) pour la Chevalerie du roi de Sicile et de son frère : « Jusques-là , dit l'historien , tout alloit assez bien , mais la dernière nuit gasta tout par la dangereuse licence de masquer et de permettre toutes sortes de postures plus propres à la farce qu'à la dignité de personnes si  considérables , et que j'estime à propos d'estre remarquées dans cette histoire pour servir d'exemple à l'advenir à cause du désordre qui en arriva. Cette mauvaise coûtume de faire le jour de la nuit, jointe à la liberté de boire et de manger avec excès , fit prendre des libertés à beaucoup de gens, aussi indignes de la présence du roi que de la sainteté du lieu où il tenoit sa cour. Chacun chercha à satisfaire ses passions ; et c'est tout dire qu'il y eut des marys qui patirent de la mauvaise conduite de leurs femmes, et qu'il y eut aussi des filles qui perdirent le soin de leur honneur. Voilà en peu de mots le récit de toute cette leste que le roi acheva de solemniser par mille sortes de présents , tant pour les chevaliers et les escuyers qui s'y signalèrent , que pour les dames et les damoiselles : il leur donna des pendants d'oreille de diamants , plusieurs sortes de joyaux et de riches étoffes, prit congé des principales qu'il baisa, et licencia toute la cour. » (...)

 

Si je rapporte encore les vers suivants d'un de nos poetes françois, qui ne peuvent point être pris à la lettre , c'est moins pour faire connoître la dépravation du siècle que pour donner une idée de l'esprit de nos écrivains qui repaissoient leurs lecteurs Une dame qui reçoit chez elle un chevalier ne veut point s'endormir qu'elle ne lui envoie une de ses femmes pou lui faire compagnie.

 

La comtesse qui fut courtoise ,

« De son oste pas ne li poise (N'est pas fâchée d'avoir un tel hôte,)

Ainz li fist fére à grant delit ( Une grande joie) ,

En une chambre un riche lit.

Là se dort à aise et repose ;

Et la comtesse à chief se pose ( Enfin va se coucher. ),

Apele une some (sienne) pucelle,

La plus courtoise et la plus bele.

A consoil ( En secret , à l'oreille.) li dist, belle amie,

Alez tost , ne vous ennuie ( Qu'il ne vous déplaise.)

Avec ce chevalier gesir ,

(...)

Si le servez, s'il est mestiers.

Je i alasse volentiers,

Que ia ne laissasse pour honte ;

Ne fust pour monseigneur le comte

Qui n'est pas encore endormiz. »

 

(Fabliaux mss. Du roi, n° 7615, fol. 210, verso, col. 1.)

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de 1759, les '' Mémoires sur l'ancienne chevalerie '' -2/.-

9 Mai 2018 , Rédigé par Perceval Publié dans #Moyen-âge, #XVIIIe siècle, #Tournoi, #Littérature, #Lancelot, #Galanterie

de 1759, les '' Mémoires sur l'ancienne chevalerie '' -2/.-

Je rappelle que les textes suivants sont extraits de : '' Les Mémoires sur l'Ancienne Chevalerie'' 1759 - par Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye (1697-1781)

Le Tournoi...:  et les Dames ...

Tandis qu'on préparoit les lieux destinés aux tournois, on étalait le long des cloîtres de quelques monastères voisins, les écus armoiries de ceux qui prétendaient entrer dans les lices; et ils y restaient plusieurs jours exposés à la curiosité et à l'examen des seigneurs , des dames et demoiselles. Un héraut ou poursuivant d'armes nommait aux dames ceux à qui ils appartenaient ; et si parmi les prétendants il s'en trouvait quelqu'un dont une dame eût sujet de se plaindre, soit parce qu'il avait mal parlé d'elle, soit pour quelqu’autre offense ou injure , elle touchait le timbre ou écu de ses armes pour le recommander aux juges du tournoi, c'est-à-dire, pour leur en demander justice. Ceux-ci , après avoir fait les informations nécessaires, devaient prononcer; et si le crime avait été prouvé juridiquement , la punition suivoit de près. Le chevalier se pré- sentoit-il au tournoi malgré les ordonnances qui l'en excluoient, une grêle de coups que tous les autres chevaliers, et peut-être les dames elles-mêmes, faisoient tomber sur lui , le punissoit de sa témérité , et lui apprenoit à respecter l'honneur des dames et les loix de la Chevalerie. La merci des dames qu'il devoit réclamer à haute voix , étoit seule capable de mettre des bornes au ressentiment des cheva liers et au châtiment du coupable.

Le Tournoi Eglinton en 1839

(...)

 Le bruit des fanfares annonçait l'arrivée des chevaliers superbement armés, et équipés suivis de leurs écuyers, tous à cheval ils s’avançaient à pas lents, avec une contenance grave et majestueuse. Des dames et des demoiselles amenaient quelquefois sur les rangs ces fiers esclaves attachés avec des chaînes, qu'elles leur ôtoient seulement lorsqu'entrés dans l'enceinte des lices ou barrières ils étaient prêts à s'élancer. Le titre d'esclave ou de serviteur de la dame que chacun nommoit hautement en entrant au tournoi étoit un titre d'honneur qui ne pouvait être acheté par de trop nobles exploits il étoit regardé, par celui qui le portait, comme un gage assuré de la victoire, comme un engagement à ne rien faire qui ne fût digne d'une qualité si distinguée : ''Servants d'amour'', leur dit un de nos poetes, dans une ballade qu'il composa pour le tournoi fait à Saint-Denys sous Charles VI, au commencement de mai 1389,

Ludovico Marchetti (1853-1909)

( …) A ce titre les dames daignoient joindre ordinairement ce qu'on appeloit faveur, joyau, noblesse, nobloy ou enseigne : c’était une écharpe, un voile, une coiffe, une manche, une mantille, un bracelet, un nœud ou une boucle ; en un mot quelque pièce détachée de leur habillement ou de leur pa rure; quelquefois un ouvrage tissu de leurs mains , dont le chevalier favorisé ornoit le haut de son heaume ou de sa lance, son écu, sa cotte d'armes, quelqu'autre partie de son ar mure et de son vêtement. Souvent dans la chaleur de l'action , le sort des armes faisoit passer ces gages précieux au pouvoir d'un ennemi vainqueur; ou divers accidents en occasionoient la perte. En ce cas, la dame en renvoyait d'autres à son chevalier, pour le consoler et pour relever son courage : ainsi elle l'animoit à se venger, et à conquerir à son tour les faveurs dont ses adversaires e'toient parés, et dont il devoit ensuite lui faire une offrande

 

L'usage de ces enseignes, appelées d'autres fois connaissances, c'est-à-dire signes pour se reconnoître, a produit dans notre langue ces façons de parler , « à telles enseignes , à bonnes enseignes ».

Henri IV qui conserva toujours le caractère de l'ancienne Chevalerie , portoit encore dans sa parure des enseignes gagnées dans des combats plus sérieux et plus importants. Comme il étoit devant Dreux , et qu'il reçut la visite de sa bonne cousine , la duchesse de Guise à qui il avoit envoyé un passeport, il alla au-devant d'elle, et l'ayant conduite en son logis et en sa chambre, il lui dit : « Ma cousine, vous voyez comme je vous ayme, car je me suis paré pour l'amour de vous.

- Sire ou Monsieur, lui répondit-elle en riant , je ne vous en remercie point, car je ne vois pas que vous ayez si grande parure sur vous que vous en deviez vanter si paré comme dites.

- Si ay,dit le roi, mais vous ne vous en avisez pas ; voilà une enseigne ( qu'il montra à son chapeau) que j'ai gagnée à la bataille de Coutras pour ma part du butin et victoire ; cette qui est attachée, je l'ay gagnée à la bataille d'Ivry : voulez-vous donc, ma cousine, voir sur moi deux plus belles marques et parures pour me montrer bien paré?

Maclame de Guise le lui avoua en lui repliquant : - Vous ne sçauriez, sire , pourtant m'en montrer une seule de monsieur mon mary.

- Non, dit-il, d'autant que nous ne nous sommes jamais rencontrez ni attaçquez ; mais si nous en fussions par cas venus là, je ne sçay ce que s'en fust esté.

A quoi repliqua madame de Guise : - Sire , s'il, ne vous a point attaqué , Dieu vous en a gardé; mais il s'est bien attaqué à vos lieutenants et les a fort bien frottez , témoin le baron Doué duquel il en a remporté de fort bonnes enseignes et belles marques ; sans s'en estre paré que d'un beau chapeau de triomphe qui lui durera pour jamais. »

 

Philip Hermogenes Calderon (1833-1898)

(…)

De même que le vassal à la guerre prenoit le cri du seigneur dont il relevoit , de même aussi les chevaliers demandoient aux dames dont ils étoient serviteurs, quels cris elles vouloient qu'ils fissent retentir en combattant pour elles dans les tournois.

Il y a quantité de demi-mots énigmatiques et de sens couvert, parce qu'ils ne sont entendus que de celui qui les porte ; c'est ce qu'on a affecté en la pluspart des tournois où les chevaliers prenant des devises d'amour, se contentoient d'être entendus des personnes qu'ils aimoient, sans que les autres pénétrassent dans le seus de leur passion.

L'usage de ces devises a donné lieu à cette fiction des arrêts d'amour. Un amant ayant entrepris de jouter, « fit faire harnois et habillements qu'il divisa à la plaisance (de sa dame) et où il fit mettre la livrée de sa dite dame, et avec ce eut chevaulx et lance et housse de même. Quand vint au departir qu'il cuidoit trouver sadite dame pour avoir sa bénédiction , elle feignit d'estre malade en se faisant excuser, et dire qu'elle ne pouvoit parler à lui.... La court d'amour condamna la damoiselle à habiller, vestir et armer ledit amoureux demandeur la première fois qu'il voudra jouster, et conduire son cheval par la bride tout du long des lices ung tour seulement, luy bailler sa lance en disant : Adieu , mon amy , ayez bon cœur , ne vous souciez de rien , car on prie pour vous. » ( Arresta amorum, p. 366 ad 368.)

 

Les chevaliers étoient souvent invités à se rendre aux tournois avec leurs femmes, leurs sœurs ou autres parentes, mais surtout avec leurs maîtresses ( Perceforest, vol. III, fol. i25, verso, col. i).

 

Jane_Georgina,_Lady_Seymour, lors du Tournoi d'Eglinton 1839

Les chevaliers vainqueurs faisoient des offrandes aux dames ; ils leur présentoient quelquefois aussi les champions qu'ils avoient renversés et les chevaux dont ils leur avoient fait vider les arçons. Dans le roman de Floire et de Blancheflor ( fol. 4i , intitulé le Jugement d'amors , dans un manuscrit du roi ), la demoiselle qui aime un chevalier, reproche à celle qui a pris un clerc pour son ami , d'avoir fait un mauvais choix.

J'en ai fait un bien meilleur , dit-elle : « Mais mon ami est bel et gent : Quand il vait à tournoiement Et il abat un chevalier, Il me présente son destrier. »

Don Quichotte conduit par la Folie et Embrase de l'amour...


 

Le vainqueur, conduit dans le palais, y étoit désarmé par les dames qui le revêtoient d'habits précieux : lorsqu'il avoit pris quelque repos elles le menoient à la salle où il étoit attendu par le prince , qui le faisoit asseoir au festin dans la place la plus honorable. (…)

Lancelot du Lac nous peint, dans un endroit de son roman, l'air timide, embarrassé et même honteux , d'un jeune héros assis à table entre le roi et la reine , après s'être couvert de gloire dans un tournoi.

Les mêmes principes de modestie inspiroient aux chevaliers vainqueurs des attentions particulières pour consoler les vaincus et pour adoucir leurs peines … (…)

...Alain Chartier , dans le poëme où cet auteur fait parler quatre dames dont les amants ont chacun éprouvé un sort différent à la funeste bataille d'Azincourt. L'un d'eux a été tué; l'autre a été fait prisonnier; le troisième est perdu et ne se retrouve point ; le quatrième est sain et sauf, mais il ne doit son salut qu'aune fuite honteuse. On représente la dame de celui-ci comme infiniment plus à plaindre que ses compagnes , d'avoir placé son affection dans un lâche chevalier: Selon la loi d'amour, dit-elle, je l'eusse mieux aimé mort que vif. Le poëte ne blessoit point la vraisemblance ; les sentiments qu'il prêtoit aux dames étoient alors gravés dans tous les cœurs.

Le Tournoi Eglinton 1839

Le désir de plaire aux dames fut toujours l'ame des tournois. On lira avec plaisir, dans le roman de Perceforest (vol. IV ,ch. VI, fol. 19, verso , et 20, recto), les plaintes que fait ce prince à l'un de ses confidents , de l'inaction et de la langueur de ses chevaliers qui, dans le sein de leur bonheur, ont abandonné les joutes, les tournois, les quêtes merveilleuses , et tous les bons exercices de la Chevalerie ; il compare leur engourdissement au silence du rossignol qui ne cesse de mener joyeuseté en servant sa dame de mélodieux chant , jusqu'à ce qu'elle se soit rendue à ses prières. Les chevaliers pareillement , à la vue des clairs visages , des yeux vairs et riants et des doux regards attrayants des pucelles , ayant commencé à faire joutes et tournois , remplirent l'univers du bruit de leur vaillance : ils firent des exploits incroyables, jusqu'à ce qu'enfin ils eussent désarmé la rigueur des beautés qu'ils servoient.

Le Tournoi Eglinton 1839

La fidélité à tenir sa parole, cette vertu héréditaire des François , étoit regardée comme le plus beau titre des Gaulois , au jugement des Romains leurs ennemis. ...(..)

Le roi Artus ayant donné sa parole à un chevalier de lui laisser emmener la reine sa femme , n'écouta ni les plaintes de cette princesse , ni les représentations qu'on put lui faire; il ne répondit autre chose, sinon qu'il l'avoit promis , et que roi ne se doit dédire de sa promesse. Lyonnel , qui veut l'en détourner, lui réplique : Donc est le roy plus serf (esclave de sa parole) que autre, et qui vouldroit estre roy honny soit-il. (En ce cas maudit soit qui voudroit être roi.) La reine est emmenée pour acquitter la parole de son mari. (Lancelot du Lac, t. II, fol. 2 , recto, col. 1 .) La foi donnée au nom de la Chevalerie étoit de tous les serments le plus inviolable.

Frank William Warwick Topham (British, 1838 - 1924), The Queen of the Tournament

(..)

En effet, si l'honneur de toutes les daines, en général, étoit extrêmement recommandé aux chevaliers , il l'étoit bien davantage à ceux qui étoient particulièrement attaches à la maison ou à la personne d'une dame. Attenter à l'honneur de la femme de son seigneur, étoit un crime capital de lèze-féodalité , et le plus irrémissible de tous ceux qui emportoient la confiscation du fief que l'on tenoit sous son hommage ; lui enlever le cœur de sa femme, c'étoit lui arracher la vie. Si l'on en croit l'auteur du roman de Lancelot du Lac (t. III, fol. 34, recto, col. 2), le vassal ou le chevalier informé de la mauvaise conduite que tenoit la femme de son seigneur, ne pouvoit le lui dissimuler sans se rendre criminel ; il ne devoit avoir rien de caché pour lui. Aggravain découvre au roi Artus l'affront fait à ce prince dans la personne de sa femme , par Lancelot qu'elle aimoit, et Mordrec ajoute: « Nous la vous avons tant celé que nous avons peu , mais au dernier convient-il que la vérité soit descouverte , et de tant que nous l'avons celé nous sommes parjurez, si nous en acquitons et disons plainement qu'il est ainsi. » (Lancelot du Lac, t. III , p. 134, recto , col. 2.)

(...)

La somme des biens qu'un chevalier peut posséder, suivant Lancelot du Lac (t. II, fol. 160, recto), sont : Force, hardiesse, beauté, gentillesse, débonaireté, courtoisie, largesse et force d'avoir (richesses) et d'amis.

(…)

Les dames ont aussi diverses manières de se mettre en honneur ; la beauté , la vertu , l'éloquence, la bonne grâce, le don de plaire et celui de la sagesse. C'est un grand mérite que celui de la beauté dans une dame; mais rien ne l'embellit tant que l'esprit et la sagesse. C'est là ce qui lui attire de tout le monde l'hommage qui lui est dû. ...

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