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Août 1961 – le Mur de Berlin
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Olga Ivinskaïa, est la compagne, et la muse de Boris Pasternak – mort en 1960, en disgrâce du pouvoir – sa fille Irina Emelianova a rencontré et s'est fiancée avec un étudiant français, Georges Nivat. En août 1960, l’OVIR (Service de l’enregistrement et des visas) l'informe qu’il doit quitter le territoire soviétique sous quatre jours. Olga et Irina, sont ensuite accusées de trafic de devises, en particulier d'avoir touché des droits d’auteur pour Le Docteur Jivago. Elles sont condamnées à 3 ans de camps.
En 1961, Le Figaro, lance une campagne de soutien, avec les signatures de Denis de Rougemont, Pierre Emmanuel, François Mauriac, Jean-Marie Domenach, Gabriel Marcel, Francis Ambrière, Jean-Louis Curtis, Georges Duhamel....
Le 4 mai 1961, l'espion George Blake, employé du Foreign Office, est condamné à quarante-deux ans de prison. Cette lourde peine signifie sa gravité...
Prisonnier en Corée, et libéré, le SIS l'envoie en poste à Berlin. C'est là, que Blake renseigne ses correspondants soviétiques sur les noms d'agents occidentaux infiltrés à l'Est, ainsi que l'existence d'un tunnel secret composé d'un système d'écoutes entre Berlin-Est et Berlin-Ouest, grâce auquel Américains et Anglais suivent les communications entre Berlin Est et Moscou.
Le danseur Rudolf Nureïev, une étoile que l'on compare à Vaslav Nijinski, Rudolf Nureïev demande l'asile en France au mois de juin 1961 à l’occasion d’une tournée du Kirov. Son passage à l’Ouest connaît un retentissement relativement important.
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Les mauvais résultats économiques de la RDA, poussent des milliers de paysans et d'ouvriers à quitter Berlin-Est vers Berlin-Ouest. Dans la nuit du dimanche 13 août 1961, les autorités de la RDA ordonnent l'installation d'une clôture provisoire de fils de fer barbelés de 155 kilomètres de long, afin de séparer les deux parties de Berlin, ils ferment 69 points de contrôle, pour n'en laisser que 12 en fonction.
Ce mur provisoire, qui met un terme à la libre circulation des personnes et des marchandises, serait pour Khrouchtchev, un avertissement pour pousser les Occidentaux à négocier...
Les jours suivants la barrière provisoire se transforme en mur en pierre de taille. Les portes et fenêtres des façades d’immeubles sont murées
Le 27 octobre, à Checkpoint Charlie, point de contrôle américain entre Berlin-Ouest et Berlin-Est. Ce jour-là en effet, des gardes-frontières de RDA exigent de contrôler des membres des forces alliées occidentales voulant se rendre en secteur soviétique, malgré leur droit de libre circulation.
Pendant trois jours, dix chars américains et dix soviétiques se postent de part et d’autre du mur ; puis se retirent...
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Des milliers de familles sont séparés, jusqu'à quand ?
Lancelot a noté une réaction d'Edgar Morin, amoureux de cette ville qui parle « de deux villes jumelles collées l'une à l'autre mais hétérozygotes, séparées par une distance politique et culturelle infinie, chacune intégrée à l'un des deux systèmes solaires ennemis en lutte pour la domination de la planète. »
Le 26 juin 1963, lors d’un voyage en Europe, le président américain John Fitzgerald Kennedy prononce un discours à Berlin-Ouest devant des centaines de milliers de personnes. Il y déclare « Ich bin ein Berliner » (“ Je suis un Berlinois ”).
Nous habitons Marseille. Dans la nuit du 5 au 6 juillet 1963, a lieu un événement qui aura d'immenses répercussions sur ma vie, celle de l'enfant de 11ans qui ne réalise pas du tout ce qui lui arrive, puis celle de l'adolescent qui se fracasse par le rejet, et la haine ; sur le jeune qui se révolte, sur le jeune adulte qui ne sait plus bien aimer.... Cette nuit là, ma mère est morte. Je l'apprends le lendemain, alors que je suis hébergé chez des amis de mes parents.
Je rappelle, avoir signalé ma naissance, dans cet article ( 1953 – Le Maroc. Le CCIF - Les légendes du Graal (over-blog.net)
Le 22 novembre 1963, au cours d'une visite pré-électorale de John F. Kennedy à Dallas, le président Kennedy est assassiné.
1948 - Le Blocus de Berlin-ouest – 2
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Le 28 juin, 150 avions atterrissent avec 400 tonnes de ravitaillement, le trentième des besoins quotidiens des habitants. Puis, des milliers d’avions se relaient pour transporter vivres, charbon et médicaments dans la capitale allemande.
Aux heures de pointe, un avion atterrit toutes les 2 ou 3 minutes secondes à Tempelhof, Gatow et Tegel (un troisième aéroport rapidement construit en zone française.).
Une escalade peut conduire à la guerre. Pour les berlinois, l'agression est soviétique. Iraient-ils jusqu'à abattre les avions américains ?
Le pilote américain Gail Halverson a l’idée de fabriquer des mini-parachutes à partir de vieux parachutes, qu’il lâche pendant l’approche. Des bonbons pour les enfants et les jeunes qui observent les opérations aériennes y sont attachés.
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Berlin reste bloqué, ''alliés'' et soviétiques maintiennent leurs positions. Combien de temps pourra t-on tenir ? L'hiver permettra t-il d'assurer le ravitaillement satisfaisant ?
Si les Soviétiques empêchent les communications aériennes avec Berlin, ce sera la guerre. Lancelot n'y croit pas.
Si les russes ne cèdent pas : - Pourquoi ne pas forcer le blocus ? En cette période, l'URSS a l'avantage d'une armée mobilisable et en nombre : on parle de 200.000 soldats, stationnés en Allemagne de l'est, alors que les USA, l´Angleterre et la France viennent de démobiliser leurs forces.
Les Etats-Unis n'ont en Europe que quelques rares "unités de combat", à peine 30.000 hommes, confie le Général Noiret.
Notre avantage est que les Etats-Unis possèdent la bombe atomique... De source sûre, Lancelot apprend que Truman, prévoit de déployer trois escadrilles de bombardiers stratégiques B-29 de l’USAF au Royaume-Uni.
Sinon, - un compromis ne sera pas en notre faveur.
Les Occidentaux parviennent à contourner le blocus au moyen d’un pont aérien massif : plusieurs centaines d’avions par jour, la construction d’un troisième aéroport en secteur français (Tegel). L’objectif des premières semaines du pont aérien est d’assurer un volume quotidien de 4.500 tonnes de marchandises. À l’automne 1948, les Alliés le rehaussent à 5.000 tonnes quotidiennes. Le charbon, qui doit garantir l’approvisionnement en énergie, représente une grosse partie de ce tonnage.
L'efficacité exceptionnelle des puissances occidentales et la participation de la Grande-Bretagne, de pilotes d'Australie, du Canada, d'Afrique du Sud, de Nouvelle-Zélande, et de la France ; est largement utilisée à des fins médiatiques. utilisent largement cette à des fins médiatiques.
La ville devient le symbole du combat pour la Liberté. Des hommes politiques et des intellectuels occidentaux se succèdent à l'aérodrome pour manifester leur soutien.
Les berlinois sont reconnaissants de n'être pas renvoyés à leur passé nazi, et fiers de représenter le combat pour la liberté et la démocratie, et les Etats-Unis deviennent une puissance protectrice.
Les jeunes allemands acclament les avions du pont aérien, surnommés les « Rosinenbomber » (les « bombardiers de raisins secs »).
L’URSS, ancienne alliée, devient une menace pour la paix et le nouvel ordre international.
Alfred Döblin, rentre bien avant Lancelot à Baden-Baden.
Döblin semble désabusé. Il n'accepte pas cette partition de Berlin. Il est à la fois anticommuniste et antibourgeois. Sa vision culturelle débouche sur une action spirituelle. « Élever l’esprit, cela exclut tout ce qui est contraire à la liberté de pensée. La littérature dirigée, pour moi, est le témoignage épouvantable de la misère contemporaine. Les talents sont étouffés, le sens épique dévoyé par une morale imposée de force et une fois pour toutes. Nos écrits ont tout à perdre, quand ils sont soumis aux prescriptions d’une bureaucratie... Mais un écrivain qui, aujourd’hui, n’a aucune foi, est encore moins désirable ... Thomas Mann, voyez- vous, c’est la décadence artiste et athée d’un esprit bourgeois désormais inadmissible. On peut vivre sans foi aucune, je le sais, ... Mais alors le vent de la vie n’entre plus dans votre chambre et, qu’on le veuille ou non, c’est la mort, l’asphyxie à bref délai... D’où le nom de ma revue Das Goldene Tor. »
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Lancelot se souvient d'une discussion à propos de Kierkegaard et sa recherche de la vérité. En effet, le philosophe danois met à bas la certitude selon laquelle la vérité peut être obtenue par les sciences. L’objectivité n’est pas exacte ; au mieux, elle fait preuve de neutralité et propose un cadre de réflexion. C’est donc un renversement de la pensée que prône Döblin sous la tutelle kierkegaardienne, en prônant la subjectivité et le renversement des savoirs acquis : « Pour atteindre l’absolu, il faut transgresser le confort, fût-il moral, l’aménagement bourgeois de la finitude. ».
Döblin, confie à Lancelot son désir d'écrire un roman dont le héros, revenu de la guerre avec une jambe en moins, rejetterait toute convention de la vie mondaine. Seule, la Vérité, pourrait lui venir en aide.
Lancelot interroge Döblin, sur la ''Vérité'' selon Kierkegaard. Il répond, mais préfère avertir qu'il ne parle pas selon le discours scientifique. La Vérité ne concerne que les personnes ; la science en appelle à l'objectivité, et la raison s'y prête... C'est à dire, elle se prête à raisonner selon un mode d’accès au réel, parmi d'autres – c'est une question de convention entre scientifiques, Non ? D'ailleurs, si tu appelles Vérité, une vérité objective ; tu te dois de te l'approprier, pour qu'elle devienne ta vérité.
Lancelot se souvient aussi de cette remarque de Döblin:
"Tu me parlais d'Elaine, ta chère et tendre, disparue. Disparue...? Pourtant, aucun élément atomique qui la constituait n'a réellement disparu !"
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Mardi 6 juillet 1948, Lancelot lit dans le Figaro que Bernanos est mort ! Un peu plus tard, il rencontrera Béguin, qui l'avait vu auparavant alors qu'il venait d'être opéré de la vésicule biliaire. Il regrettait de ne pas pouvoir se consacrer plus à l'écriture de romans : « j'en ai une douzaine en tête. » disait-il.
Il se sentait une vocation à « contraindre les aveugles à voir et les sourd à entendre » ; aussi il s'efforçait de nous convaincre de sa lecture des ''signes des temps''. Il se plaignait, parait-il, de ces autres Donissan, Cénabre, autres Mouchette, et autres Quine qui hantaient ses sommeils... !
Qui, plus que lui, à notre époque, pouvait être désigné comme ''chevalier du Graal'' ? Sa quête s'appuyait sur sa foi en Christ.
Il est certain que la mort ne nous privera pas de lui. Nous continuerons sa Quête, qui nous rejoint, en relisant le ''Journal d'un curé de campagne'' par exemple.
( Bernanos est mort le 5 juillet 1948 vers cinq heures du matin, à 60 ans. Il était rentré de Tunisie en France pour y être, si possible, soigné. )
1948 - Le Blocus de Berlin-ouest – 1
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Donc, le 20 mars 1948, le représentant de Moscou au Conseil de contrôle était parti en claquant la porte. Sokolovsky avait annoncé qu'une réforme monétaire occidentale, amènerait la réalisation immédiatement d'une réforme monétaire dans la zone soviétique. Dans ce cas, la direction soviétique exigerait d'intégrer l’ensemble de la ville dans le système financier et économique de la zone soviétique...
A l'annonce de la naissance du Mark, le 18 juin 1948, le maréchal Sokolovsky dans une proclamation publique au peuple allemand, déclare que les accords de la déclaration de Potsdam qui prévoyait que l'Allemagne soit considérée comme un tout économique a été violée ; et que la nouvelle monnaie n'aura aucune valeur dans la zone soviétique et dans le Grand Berlin.
Sokolovsky suspend également le trafic routier et ferroviaire de passagers à destination et en provenance de Berlin et réduit le trafic de fret censé protéger la zone soviétique de l'afflux de l'ancienne monnaie dévaluée.
Staline décide de frapper un grand coup notamment pour faire basculer la capitale de l’Allemagne dans le camp communiste et tester la détermination du camp occidental. Il est persuadé que les américains ne prendront pas le risque d’engager une guerre avec l’URSS pour défendre leurs anciens ennemis.
Le Blocus de Berlin-Ouest. Le 23 juin, les troupes soviétiques encerclent Berlin et empêchent désormais tout ravitaillement de la ville. Ils introduisent à leur tour une nouvelle monnaie dans leur zone, ils interrompent la fourniture du courant électrique aux secteurs occidentaux, le centre de distribution étant dans leur secteur. Le lendemain, ils bloquent toute circulation par route, chemin de fer et canal qui relient Berlin au reste de l'Allemagne. Seuls les trois corridors aériens permettent aux forces occidentales d’accéder à Berlin-Ouest.
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Le 24 juin 1948, Berlin-Ouest est isolée du reste du monde. Va t-on abandonner Berlin aux soviétiques ?
Berlin et ses 2 millions de berlinois de la zone ouest - avec ses champs de ruines, le rationnement, l'électricité coupée- ne bénéficient, au mieux, que d'un mois de nourriture.
A Berlin, le 25 juin ; Lancelot écoute les berlinois qui se demandent si ce blocus peut être maintenu indéfiniment ? C’est ce que laisse entendre, ce matin, la presse allemande sous licence soviétique qui cherche à créer la panique en faisant entrevoir la famine et le chômage aux deux millions et demi d’Allemands qui vivent dans leur ancienne capitale, mais sous la surveillance et la tutelle des autorités françaises, américaines et britanniques.
Le bourgmestre de Berlin-Ouest, Ernst Reuter supplie les alliés de porter secours aux Berlinois touchés par le blocus et menacés à plus ou moins brève échéance de famine si on ne réagit pas rapidement.
Les Occidentaux refusent de quitter Berlin. Mais, que peut devenir une telle enclave au cœur de l'Est ? Quel futur pour cette ville coupée en deux ?
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Les américains qui sont les seuls à en avoir les moyens matériels ripostent en organisant un gigantesque pont aérien. Après deux jours, les premiers avions atterrissent à l’aéroport de Tempelhof.
Les Russes commencent déjà à souffrir eux-mêmes des mesures qu’ils ont prises. La zone soviétique commence à manquer d’électricité. Une grande partie des usines thermiques d’énergie de la zone russe dépend du charbon de la Ruhr, dont cette zone recevait 300 000 t. par mois, et les livraisons sont interrompues depuis quelques jours...
Autre sujet d'inquiétude : on redoute l'agitation ouvrière dans les trois secteurs alliés: une grève générale mettrait l'ordre public en danger et pourrait provoquer une intervention soviétique dans les secteurs de l'ouest pour "rétablir l'ordre". Un très haut fonctionnaire américain de la section politique disait à Lancelot que les Soviétiques distribuent déjà dans leur zone des brassards rouges avec l'inscription, en allemand et en russe, "Opfer des Faschismus" à des troupes de choc stylées qu'ils peuvent à tout moment faire entrer dans Berlin.
1945-1949 - La Nouvelle Allemagne – 3
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Le Deutsche mark est né, le 20 avril 1948.
Une douzaine d'experts financiers allemands travaillent sur les plans de la réforme monétaire. Le 20 avril 1947, ils sont convoqués par le général Lucius Clay, gouverneur militaire de la zone d'occupation américaine, à Bad Homburg. À leur grande surprise, un groupe de personnes en soutien (secrétaires, traducteurs, cuisiniers et même un coiffeur) se sont également présentées au point de rendez-vous. Un bus de l’armée avec des fenêtres aveuglées les a tous transportés dans une caserne militaire sur un aérodrome à Rothwesten près de Kassel.
Ils apprennent l'objet du voyage: la création d'une nouvelle monnaie. Ils ont été totalement coupés de tout contact extérieur, derrière des barbelés électrifiés, principalement pour cacher aux Soviétiques la réforme imminente dans les zones d’occupation occidentales.
Les experts entendent un jeune lieutenant américain, Edward Tenenbaum (26 ans) , fils d'immigré juif allemand, leur exposer la réforme concoctée à New York par Joseph Dodge, président de la Detroit Bank and Trust Co. Les experts allemands se rendent compte que leur influence ne se porte que sur les aspects pratiques. Les américains ont déjà choisis le nom de deutsche mark et imprimé depuis l'automne 1947, aux États-Unis, les nouvelles coupures.
Tenenbaum, dirige l’opération « Bird dog » qui a amené en Allemagne – dans le secret de février à avril 1948 – les billets de la nouvelle monnaie. Vingt-trois mille caisses sont arrivées par bateaux à Bremerhaven, transportées par trains spéciaux dans les caves de la Reichsbank à Francfort avant d'être répartis dans les trois zones occidentales.
Depuis la fin de la guerre, les marchandises sont restées très rares. La nourriture et d’autres biens ne sont disponibles qu’en petites quantités et uniquement par le biais de coupons alimentaires. Avec les nazis qui actionnaient la planche à billets, l’argent était disponible en abondance, ce qui a conduit à une inflation refoulée et a rendu le Reichsmark presque sans valeur. La réforme monétaire vise à éliminer le surplus monétaire et à jeter les bases d’une économie de marché viable.
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Le général Clay avait initialement fixé au 1er juin 1948 la date de la réforme de la monnaie dans la Bizone.
Lancelot envoie plusieurs courriers pour insister auprès de Schuman, et précipiter l'accord de l'Assemblée Nationale, pour que la France adhère à la Réforme monétaire. Les débats sont difficiles, les députés s’arc-boutant sur les réparations de guerre à exiger de l'Allemagne.
Finalement au dernier moment, le 17 juin, l'Assemblée française ratifie les accords de Londres sur l'avenir de l'Allemagne.
La Sarre qui constitue un État "indépendant et souverain", sous protectorat français, ne fait pas partie de la Trizone.
Le Deutsche Mark est né. Le vendredi 18 juin, les Allemands vont apprendre la nouvelle par la radio : le dimanche 20, ils devront échanger leurs Reichsmarks sans valeur contre les nouveaux billets (10 anciens Reichsmark pour 1 nouveau Deutsche Mark.).
Lancelot et Döblin sont logés, dans un bâtiment, avec mess, réservé aux officiers de passage à Heiligensee, une charmante petite ville aux abords d'un lac et située dans la proche banlieue nord-ouest de Berlin en zone administrée par la France.
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Ils faisaient fréquemment, dans une voiture de service à leur disposition, la traversée de Berlin.
La frontière avec la zone soviétique est bien gardée par des "Vopos" (police allemande sous tutelle soviétique) ou des gardes rouges. Leur chauffeur, allemand, les fait traverser traverser un coin de la zone soviétique, pas seulement pour gagner du temps. Après un rapide contrôle, les Russes, les laissent faire à condition, disent-ils, de ne pas descendre de la voiture, ni de prendre de photos !
A l'occasion de ces trajets, on peut observer les difficultés que doit éprouver le peuple allemand pour assurer sa subsistance. Ainsi, ils remarquent que de nombreux berlinois cultivent dans, les trous de la chaussée et dans les jardinières de leurs fenêtres d'appartement non pas des fleurs, mais des légumes.
Alfred Döblin reste très attentif à ce qui se passe dans la zone soviétique, Lancelot remarque même un élan de sympathie pour le projet communiste, même s'il regrette la trop grande influence russe sur le processus.
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L’URSS s'est très vite engagée, dans sa zone, à imposer un bouleversement politique, économique et social : la réforme agraire, la nationalisation de l’industrie clé, la transformation du système éducatif... Dès avril 1946, le KPD et le SPD, sont forcés à s'unir pour fonder le SED ( Le Parti socialiste unifié d’Allemagne ). Une motivation majeure tient au souvenir que la scission des opposants de gauche d’Hitler au parlement de la défunte République de Weimar, avait été l’une des principales causes du transfert du pouvoir au NSDAP... La direction du parti est collégiale avec les sociaux-démocrates et les communistes.
Döblin a suivi avec intérêt la deuxième Convention Nationale du SED, en septembre 47, le parti déclarait que la «lutte pour l'unité de l'Allemagne» était la «tâche principale du parti». Une campagne de propagande avec pétition est organisée dans toute l'Allemagne.
Dans la zone soviétique, l’anniversaire de la "révolution de Mars" 1848 est particulièrement célébrée.
Lancelot argumente son avis que les Soviétiques ne souhaitent promouvoir une Allemagne unie et démilitarisée, que pour avancer vers l'évacuation des troupes alliées occidentales, et finalement , laisser les mains libres à l'URSS de contrôler l'Europe occidentale.
Présentement, l’Union soviétique veut contraindre les Occidentaux à quitter Berlin, enclave au sein de la zone soviétique.
1945-1949 - La Nouvelle Allemagne – 2
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Lancelot et Alfred Döblin arrivent à Berlin, enclave en zone d'occupation soviétique. Ils sont de suite frappés par des paysages de ruine, avec l'image de ces femmes, les « trümmerfrauen » ( les femmes des ruines) qui nettoient les décombres, récupèrent les briques des immeubles détruits, des planches de bois utilisables, empilent les pierres dans les rues. Les tas sont comptés, et chaque soir ces femmes reçoivent de quoi survivre. Des hommes les aident, ils récupèrent de lourdes barres de fer des décombres, enlèvent les pierres avec des camions.
Cependant, Lancelot pense apercevoir l'action d'un esprit optimiste de reconstruction, et malgré un approvisionnement difficile.
Beaucoup de débrouille et du troc, et des cigarettes comme monnaie d’échange.
Pour Döblin, ces retrouvailles, avec une ville dont il peine à deviner les contours d’antan, sont déchirantes: « j’arrivai sur le Kurfürstendamm. Cela avait été une large avenue plantée d’arbres, un boulevard qui s’étirait jusqu’à Halensee, bordé d’immeubles somptueux, de cinémas et de brasseries. Et maintenant ? (…). Le trottoir est partout éclaté, la pression des bombes a déplacé les carreaux. L’on aperçoit une tour dominée par une pointe ronde et noire. Cette ruine est la Kaiser-Wilhelm-Gedächtniskirche, totalement carbonisée, une épave complètement trouée. Le Romanische Café est ouvert, l’on peut y entrer si l’on veut ; il s’ouvre entièrement vers l’extérieur. De la rue, l’on aperçoit les salles du fond, le premier étage. Et là, il y avait un cinéma. Je ne retrouve plus sa place ; il montrait la Première d’un film adapté de mon « Alexanderplatz »
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Son Alexanderplatz est en ruine: lieu fondateur de son œuvre, et sa perte : sa Heimatlosigkeit, son absence de patrie irrévocable.
En 1931, Lancelot et sa compagne Elaine, étaient venus jusqu'à Berlin, ils y avaient revu Xavier de Hauteclocque ( 1931 - L'Allemagne - 7 - Berlin) ) et ils logeaient au prestigieux hôtel Adlon. Aujourd'hui l'hôtel, épargné par les bombes, mais incendié par les russes, est clos.
Berlin est administrée par la '' Kommandatura '' interalliée, le ''Conseil de Contrôle '' en est l'organe directeur ( le gouvernement) composé des quatre officiers généraux commandant les quatre secteurs de Berlin. En soutien, les alliés se préoccupent de restaurer une administration municipale allemande.
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Louise Schroeder, sociale-démocrate âgée de 60 ans, est maire intérimaire en mai 1947. Elle parut plus consensuelle que Ernst Reuter, élu. Elle apparut comme sa remplaçante idéale lors de l’invalidation de l'élection de Reuter par les Soviétiques. Elle fut la plus jeune parlementaire de l’Assemblée nationale de Weimar, et siégea au Reichstag en 1920. On la surnomme « mère de Berlin » par les médias (« die Mutter Berlins »), repris par l'Est en sobriquet familier de « Mutter Schroeder ».
Au Berliner Zeitung ( Berlin Est), Schroder se défend de chercher une paix séparée avec l'ouest : elle y déclare : « Seule une paix avec l’ensemble de l’Allemagne est acceptable pour la social-démocratie »
Revenons, au 20 mars 1948 : les représentants soviétiques quittent la réunion du Conseil de Contrôle, et les instances de la Kommandatura. Quelles en sont les raisons ?
Déjà, en février 1948, les communistes se sont emparés du pouvoir en Tchécoslovaquie, c'est ce qu'on appelle : '' le coup de Prague''
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Aussi, la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et les Etats du Benelux se sont réunis à Londres entre le 23 février et le 6 mars 1948 pour une nouvelle conférence : la ''conférence des Six'', qui se prononça entre autre en faveur d’un gouvernement fédéral en Allemagne occupée de la trizone, et de lui faire accepter le Plan Marshall.
Le 1er mars 1948, est créé la Bank deutscher Länder (BdL) (Banque des Provinces allemandes). La banque aura la responsabilité de la nouvelle monnaie allemande, lorsque le Deutsche Mark pourra être introduit.
1931 - L'Allemagne - 7 - Berlin
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C'est avec émotion, qu'au volant de sa berline Vivastella Lancelot et Elaine, entrent dans Berlin... Avant cela, ils ont eu la surprise de longer une suite de lacs et de plages, des coins isolés avec des naturistes ; et subitement, beaucoup de monde sur la plage de Wannsee.
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Avec l'unité de l'Allemagne (1871), Berlin est devenue à la mode. Avec la République de Weimar Berlin serait la '' ville la plus extraordinaire du monde'' !
Même après la Guerre, la vie culturelle devient brillante alors que la population est démoralisée par la défaite, privée de ressources de première nécessité, affaiblie par l'inflation et en proie aux heurts de factions révolutionnaires ennemies... A partir de 1924, Berlin renaît de ses difficultés, l'argent anglais et américain coule à flots... Chacun pense que la République est solide.
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Berlin qui n'a pas le passé de capitale, comme Paris, se développe et préfigure la modernité. Ce qui frappe, la propreté, l'animation des rues: il suffit de prendre un café au ''Cafe Kranzler'', pour le constater au carrefour le plus animé de Berlin: croisement de Unter den Linden et de Friedrichstrasse.
Lancelot tient à épater sa compagne et l'emmène au fameux Hôtel Adlon sur la célèbre avenue Unter den Linden. C'est le rendez-vous des hommes politiques, des journalistes, des écrivains, des artistes...
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Lancelot, finalement, en journée, trouve peu de temps pour visiter la ville, en compagnie d'Elaine. A l'ambassade il retrouve Xavier de Hauteclocque, qui passe quelques jours à Berlin, pour préparer un séjour plus long et s'intéresser au NSDAP. En soirée, il est chargé, tel un touriste français de visiter quelques lieux de sortie nocturne...
Elaine profite du confort hôtelier, puis de la capitale allemande, que ce soit dans les rues animées, jusque tard pour y voir la façade illuminée du grand magasin Hermann Tietz à la porte d'Hallesch ; ou en journée, flâner dans le Tiergarten, parc situé au centre de Berlin, et rêver devant l'étang aux poissons rouges, visiter le vieux Berlin...etc
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L'Eglise Kaiser Wilhelm rappelle la piété de l'impératrice. Cependant l'avant-garde prenait son essor ; n'oublions pas qu'avant la guerre, l'Expressionnisme est né avec Kandinsky...
On parle même de style Weimar. Avant la Guerre, les intellectuels croyaient en l’irrésistible marche en avant de l'humanité, forte du triomphe de la science.
Actuellement l'artiste qui fait scandale est George Grosz, il essuie divers procès, pour blasphème en 1928 et acquitté ; puis pour offense à la pudeur...
Dès que la nuit tombe un alignement impressionnant de globes lumineux s'allument d'un seul coup... La vie nocturne des cabarets, des théâtres, des cinémas prend le relais ; et tout ose se montrer sans distinction de classe.
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Pendant leur court séjour, Lancelot et Elaine goûtent les soirées qui se tiennent dans les hôtels, comme le Kaiserhof ou le Fürstenhof.
Le Kaiserhof est un hôtel, apprécié des diplomates et des aristocrates. Sa proximité avec le quartier du gouvernement en a fait un favori des politiciens.
On peut simplement boire un cocktail au bar de l’hôtel Eden considéré comme l’un des plus élégants de la ville, et les prix sont donc élevés. Des écrivains, acteurs et artistes à succès tels que Heinrich Mann, Albert Bassermann, Gustaf Gründgens ou Erich Maria Remarque, mais aussi des stars de cinéma comme Marlene Dietrich et Willy Fritsch se rencontrent ici.
Cependant, en 1931, le krach de Wall Street suivi de l'effondrement du commerce mondial remettent de nombreux chômeurs dans la rue... En effet, en mai 1931, avec la faillite d'une banque autrichienne, le krach financier touche l'Europe...
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À la merci de la fluctuation des devises, des voyageurs se trouvent coincés, n'ayant pas assez d'argent pour rentrer chez eux. Lancelot a croisé des jeunes hommes aisés d'Oxford, contraints de se présenter à l'ambassade parce qu'ils ne peuvent plus payer l'hôtel.
Des berlinois confirment que les gens ont peur de la pénurie et sont inquiets car i1s se souviennent de la période d'inflation.
Pour en revenir à la culture, L'Ange Bleu, sorti en 1930, et tiré d'un roman de Heinrich Mann, évoque la confusion qui règne dans l'âme allemande. La violence sous-jacente du film semble de mauvaise augure.
Avec le succès de son parti le NSDAP, Hitler tente de séduire l'armée et de la convaincre que ses propres troupes de choc n'ont aucune mauvaise intention à leur égard. De nombreux officiers pensent que la national-socialisme est peut-être le régime dont le pays a vraiment besoin.
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En octobre de cette même année (1931), Hindenburg rencontrera pour la première fois Hitler : « C'est – estime le président – quelqu'un d'étrange qui ne fera jamais un chancelier, tout au plus un ministre des Postes. ».
Hauteclocque tient absolument à ce que ses amis l'accompagnent dans un ''kneipe''; une sorte de pub où l'on boit de la bière et du schnaps. On échange facilement avec ses voisins; et dans l'arrière, des gens discutent politique ou jouent aux cartes. On peut même y danser, alors que cela n'y est pas autorisé.
On leur raconte le curieux accueil fait à Charlie Chaplin, qui est arrivé à Berlin ce 9 mars 1931, pour faire la promotion de son film ''Les lumières de la ville''... Des milliers de gens l'ont accompagné depuis la gare de Friedrichstrasse jusqu'à l'hôtel Adlon; mais parmi eux des nazis qui reprochent au '' juif Chaplin '' de détourner la jeunesse avec son personnage: Siegfried un juif, qui nuit à la race allemande...! Chaplin a quitté Berlin, plus tôt que prévu, sans attendre la présentation de son film...
Lancelot et Elaine quittent Xavier de Hauteclocque qui les invite tous les deux à son mariage avec Françoise de Pas, prévu le 5 décembre.