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Les légendes du Graal

sorciere

Marguerite de Laron, et les sorcières, en Limousin -2/.-

10 Novembre 2017 , Rédigé par Perceval Publié dans #Roger de Laron, #Sorcière, #Contes Mythes Légendes, #Limousin, #Lieux de légende

 
Dans le quotidien, d'une âme de Saint-Julien-près-de-Laron, tout peut être ''signe'' magique...
Un tailleur ou une couturière est paniqué lorsqu'une aiguille ( Les aiguilles en métal ont été perfectionnées par les Maures en Espagne au XIème siècle ) tombée par mégarde a la pointe tournée vers elle...
Une malédiction connue rapporte que : « Si l'on trouve trois œufs de poule noire dans un champ, rien n'y poussera pendant trois ans. » Comment peut-on savoir qu'il s'agit d'une poule noire ? Mystère. Une fille qui marche par inadvertance sur la queue du chat ne se mariera pas avant plusieurs années.
D'ailleurs qui nous dit (c'est un exemple) qu'une salamandre dérangée de sous une pierre, plus un morceau d'écorce sombre en forme d'éclair, un bout de mue d'une grande couleuvre, une coquille d'escargot et puis une racine de mandragore (solanacée de la famille européenne de la pomme de terre) dans un renfoncement de talus de trois pas ne constituent pas une phrase en très bonne grammaire dans le langage inconnu d'un monde qui, pour nous, ne l'est pas moins ?

 

 

Toute la campagne, autour du Château de Laron, vit sans terreur excessive le voisinage du « yab » (diable) et ses manigances...


Par exemple, du côté de Laron, et en Limousin, on se méfie du'' Chenaton'', on ne sait ni d'où il vient ni où il se rend ni ce qu'il veut. Il passe dans la nuit comme une ombre blanche et s'évapore entre deux touffes de genêt. On considère qu'il s'agit d'une '' démonstrance '', une manifestation du diable, ou d'un mort réincarné, ou autres ...

Il faut se méfier du 'Drac'. Il est malin comme un singe, toujours prêt à faire des facéties qui n'amusent que lui. Par exemple: il pénètre de nuit dans une étable, par le fenestrou, affole les bêtes, noue la crinière du cheval. Pas facile ensuite de la dénouer ! Aujourd'hui, on dirait que c'est un troll ..

 

Connaissez-vous : '' la Torna '' ? 
On raconte qu'une femme traversait la rivière à gué pour aller voir son amant, lequel avait été décapité par le seigneur du lieu ( un ancêtre de Roger de Laron …?) ; ce serait elle, la torna. Plusieurs témoins l'ont rencontrée, se sont lancés à sa poursuite, mais chaque fois elle a disparu dans la forêt. Elle peut avoir deux mètres de haut (sans la tête ?) et vole au ras des pâquerettes plus qu'elle ne galope. Mais qui a été décapité? La femme, l'amant ou tous les deux ? On ne sait pas bien ....
 
Le ''leberou'' terrorise les longues nuits paysannes. Souvent, il représente une personne frappée de malédiction, condamnée à ne plus dormir dans son lit, et à errer à travers la campagne.. Elle est revêtue d'une peau de bête ( renard, chèvre, loup...), . S'il n'est pas foncièrement mauvais – il se régale à sauter sur les épaules du passant(e), et à se faire porter à sa guise, où bon lui semble. Mais, la figure médiévale du Loup-garou est beaucoup plus terrifiante.. ( en 1588, Arline de Barioux fut brûlée vive sur la grand-place de Riom (Auvergne). On l'accusait de se transformer en loup tous les vendredis après-midi afin de dévorer les enfants..)
 
 
 
Je ne sais pas, bien sûr, quelles histoires – avec Dame Margot - ont commencé par se répandre dans la population.
Sans doute des rumeurs comme celle-ci :

- On aurait surpris Dame Margot, en train d'aller chercher des ossements, à minuit, au cimetière... Magiques sont les os d'un enfant mort-né - ou ce qui longtemps fut équivalent, enterré avant d'avoir été baptisé. Ces restes donnent le pouvoir d'être invisible... Et, on ne compte plus les braves gens, qui ont été '' visités '' la nuit sans apercevoir aucune personne !

Après le dernier récit, où La Dame de Laron ne serait que l'incarnation du Diable, voici une autre histoire qui témoigne d'une nature différente , mais tout aussi diabolique …

Illustrations de Liiga Klavina
A suivre ...
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Marguerite de Laron, et les sorcières, en Limousin -1/.-

7 Novembre 2017 , Rédigé par Perceval Publié dans #Sorcière, #Limousin, #Roger de Laron, #Dame Margot, #Contes Mythes Légendes

Précédemment, je vous ai retranscrit, l'histoire de la rencontre et du mariage entre Roger de Laron, et sa femme. Ceux qui colportaient cette histoire, tenaient à voir en Marguerite de Laron, le diable en personne … Pourtant, la plupart des gens d'ici, s'accordaient plutôt à voir en '' Dame Margot '' une sorcière ; et d'autres plus bienveillants : une fée … Qu'en est-il ?
 
Roger de Laron,vécut, sept années, avec une femme qu'il n'imaginait pas être le diable... Elle était aussi belle qu'une fée, aussi plaisamment humaine qu'un homme puisse espérer, et aucune autre qualité espérée ne lui manquait … Si la Dame de Laron séduisait tant de monde, beaucoup ne trouvaient pas la chose si naturelle... 
 
D'ailleurs bien vite, quelques histoires, faisaient état de l'infidélité de celle que l'on nommait ''Margot'': Marguerite de Laron n’apparaît dans aucun registre ou n'est citée par aucun témoin de ce début du XIVe siècle, cependant très vite les commérages, les témoignages, puis les légendes vont concerner la belle Dame de Laron … 
Il est intéressant de noter la correspondance entre ' Marguerite ' et 'Morgane' ( associée au paganisme et à la magie)... Morgane, ayant été à la fois christianisée en sainte Marguerite ( représentée piétinant un dragon..), et diabolisée puisque nombre de femmes appelées de ce nom, et pour ce seul motif, furent brûlées par l'Inquisition comme sorcière. A noter encore, le nom de Gargan : dieu celte à relier au Mont Gargan dans le Limousin.
 
Le Diable, n'était pas loin ; puisque la plupart des récits autour de Marguerite de Laron, la reconnaissent comme sorcière.
Aussi, il me semble intéressant de se remettre dans l'ambiance de - ce que l'on nomme - le Moyen-âge, pour se représenter ce que pouvait être une sorcière...
 
Aux alentours de 1300, la pratique d'une ''magie populaire'' est courante, elle est plutôt le fait de femmes du peuple... Leurs recettes se transmettent de bouche à oreille, de mère en fille, et permettent de soigner les maladies mais aussi de désenvoûter ou d'éloigner le mauvais œil. Par exemple, chacun ici sait que pour être garanti de la fièvre pendant un an, on préconise de manger « à la cuiller un œuf pondu le jour du Vendredi Saint, à jeun, et surtout sans pain ni sel ». On utilise aussi l'armoise pour contrer l'effet des sortilèges, mais il faut pour cela qu'elle ait trempé pendant trois jours dans l'urine d'une fille vierge de seize ans.
 
La grande reine Aliénor, celle-là même qui vint à Limoges, pour faire sacrer son fils Richard, duc d'Aquitaine, était accompagnée en permanence de femmes qui lui préparaient toutes les médecines, qu'elle avait elle-même étudiées lors de la croisade quand elle accompagnait Louis VII. On raconte que le roi avait peur de ses connaissances.... !
Au roi d'Angleterre, Aliénor, donne cinq fils et deux filles ; mais Henri II finit par trouver une ''maîtresse'', moins maîtresse d'elle-même... Aliénor, toujours aussi belle et 'magi-strale', mais déjà assignée à résidence pour quelques foucades soignées, est transférée au château de Woodstock où séjourne Rosamonde Clifflord, la maîtresse préférée de son mari... Étrangement, Rosemonde meurt empoisonnée, et Aliénor reste 'enfermée' jusqu'à la mort de son mari ; avant de revenir en Aquitaine …
 
Vers la fin du XIIIe siècle, la présence de plusieurs alchimistes est avérée dans la Vicomté. L'un bien connu : Omer Bernard cherche durant des années la pierre philosophale pour l'éventuel bénéfice d'un comte d'Angoulême....A Poitiers Éthélius Bragancé ou Bougrancier prétend faire de l'or pour le trésorier du comte, selon l'historien américain Robert Wohl.
Un serviteur de la maison de Louis VII, toujours fidèle à son ancienne maîtresse Aliénor, lui apporte le premier ambix de Poitiers ( alambic) où on en parle comme d'une « bouilloire d'Orient ...
 
Bien sûr, les pratiques 'magiques' n’empêchent pas la pratique chrétienne, mais pour aller voir son confesseur, il est de bon ton d'ôter ses amulettes ou de les remplacer par des reliques ou médailles pieuses.

 

A suivre ... 
Illustrations de Liiga Klavina 

 

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