gottingen
1931 - L'Allemagne - 5 - Göttingen – Lou André Salomé.
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A l'occasion d'une conversation anodine à l'hôtel, Elaine apprend d'un résident de l'hôtel, Ernst Pfeiffer (1893-1986), que vit à Göttingen, une femme disciple du grand psychanalyste autrichien Freud, connue pour ses livres, et qui fut aimée de Nietzsche et Rilke. Elle s'appelle Lou Andréas-Salomé (1861-1937). Pfeiffer, venu à dessein, pour une étude de ses écrits, a réussit à gagner sa confiance et projette de l'aider à écrire sa biographie.. On dira même qu'il est devenu le dernier compagnon et confident de Lou, et son exécuteur testamentaire...
Elaine tente auprès de lui, d'obtenir la possibilité de rencontré madame Salomé, difficilement jusqu'au moment où elle lui signifie qu'elle même est écrivaine, et a déjà publié deux romans et un recueil de poèmes préfacé par Claudel …
Lou parlait à Ernst précisément de Rilke qui lors de son passage à Paris, était sans-doute tombé amoureux ( encore...) de Camille Claudel; alors qu'il écrit sur Rodin... Lou est ravie de recevoir une écrivaine française, qui connaît Paul Claudel, actuellement ambassadeur à Washington.
Lou Andréas Salomé - Herzberger Landstraße 101 - habite une maison baptisée '' Loufried '' avec un grand jardin, une chèvre et des poulets... ! Elle a 70ans, son mari Friedrich Carl Andreas est mort en 1930; elle vit avec sa fille Mariechen et son mari...
A Zurich, elle a suivi des études en sciences religieuses et en philosophie; puis elle a perdu la foi; elle en parle dans son premier roman ''Combat pour Dieu'', paru en 1885. Depuis 1915, elle est psychanalyste après sa rencontre avec Freud, lui-même. La psychanalyse est, pour elle, la clé de lecture de ses relations avec les hommes, et en particulier avec Rilke.
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Lou avait 36ans, quand Rilke lui envoie anonymement des poèmes; il a 21ans... Elle connaît enfin, dit-elle la passion amoureuse, faite d'extase physique et de tensions douloureuses... Ils décident de vivre ensemble, dans une ferme de montagne, près de Munich... A Berlin, où elle vit avec son mari, Rilke habite tout près, et la visite souvent. Lou est pour Rilke, une amante, et une éducatrice. Avec elle, il s'est intéressé à la Russie; pour l'éloigner d'elle, elle le convie à un voyage en Italie. Ils sont partis ensuite en Russie; et elle décide d'arrêter cette relation ( en 1901).
- Vous étiez mariée...! Votre éducation religieuse ne vous a pas empêché...?
- J'ai vécu... disons... par delà le bien et le mal... Je n'ai aimé que Rainer Rilke, et pas très longtemps... J'ai besoin d'absolu.., un besoin physique d'absolu! Dieu pour moi est important, mais je ne le trouve pas dans l'église.
Lou A.S. doit à Freud d'avoir retrouvé son équilibre; même si certains points elle exprime un désaccord. En particulier sur ce qu'elle appelle le narcissisme... Pour Freud, il s'agit d'un stade intermédiaire entre l’auto-érotisme et l’amour d’objet.
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Pour Lou, le ''narcissisme'' est la voie royale vers une dimension proprement ontologique de l’inconscient : cette indifférenciation entre l’individu et le monde signe la Totalité elle-même. Cette union nous accompagne tout au long des stades de notre vie. Deux types d’adulte font l’expérience privilégiée d’une telle union : l’artiste et la femme. Ce qui n'empêche pas l'artiste de tomber dans une des pathologie propre au narcissisme, comme la toute-puissance ( de la pensée chez Nietzsche) ou la mélancolie ( chez Rilke). La femme, elle, s'ouvre naturellement à l'Univers, au plus intime de son corps, parce qu'elle peut donner la vie, et au-delà d'elle-même par la capacité d'unifier le corps et l'esprit, l'activité et la passivité, l'égoïsme et l'amour, le moi et le Tout.
- Vous savez, maintenant que je suis vieille, je n'ai plus rien à cacher... Ernst le sait bien ... A vous, je peux dire que je suis restée vierge jusqu'à trente-sept ans. Mon mariage était ''blanc''... Peut-être était-ce parce que je n'avais pas trouvé de partenaire à ma hauteur ?
- Avec Rainer, j'ai fait l’expérience d'un érotisme spirituel.. mais, quel dommage ; il était trop fragile...
« (...) l'amour est autant ce qui rôde en nous de plus physique que ce que nous avons de plus spirituel, de plus désincarné, du moins en apparence. Il s'attache complètement au corps, mais saisit complètement en lui un symbole, une image de la totalité de l'être humain et de tout ce qui se faufile en nous par la porte des sens, et s'insinue dans le secret de notre âme, pour l'éveiller. »
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(extrait du recueil Eros regroupant quatre essais écrits respectivement en 1899, 1900, 1910 et 1917 )
Lou Andréas-Salomé laisse, à Elaine, un livre sur '' L'érotisme '' qui est paru en 1910.
Lancelot avant de quitter la ville, tient à enfreindre un interdit ; celui de déposer un baiser sur la joue de la Gänseliesel... Même s'il ne part pas diplômé de la célèbre université ; il y a beaucoup appris...
1931 - L'Allemagne - 4 - Göttingen – Emmy Noether
A Göttingen, l'Université est au cœur de la ville. Ici, les ''Lumières'' allemandes ont détrôné la théologie ; puis les Mathématiques se sont imposées. Carl Friedrich Gauss, le ''prince des mathématiciens'' dirigea l'observatoire, c'était dans les années 1810-1850... La TSF est quelque chose qui intéresse Lancelot ; et c'est ici en mai 1833 que Gauss et Weber ont construit et expérimenté le premier télégraphe électromagnétique au monde. Une ligne télégraphique survolait les toits de la ville sur un kilomètre.
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Le ''gasthaus'' qui accueille Lancelot et Elaine, a été construit en 1830, à l'apogée de son propriétaire, l'entrepreneur Rohns qui faisait travailler 400 employés. Il a fait construire cette auberge dans le style classique sur le Hainberg, lieu très populaire et fréquenté par les professeurs et les étudiants ; ce n’était pas un hasard, Rohns avait fait planter des arbres pour ombrager la pente, aménager une aire de jeux et la promenade avec une vue magnifique sur la ville était gratuite... Il a construit de nombreux autres bâtiments...
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Le propriétaire actuel, se plaint d'une baisse d'activité due à la crise économique... De nombreux étudiants étrangers ne peuvent rester davantage à l'université, la vie ici devenant trop chère...
Le patron est fier de nous dire que les savants les plus prestigieux ont logé dans cette auberge, et de nous raconter l'histoire, qui a commencé le 17 septembre 1737 dans le cadre d’une magnifique célébration divine, suivie d’un festin luxuriant dans le hall de la mairie. Ainsi est née l’université, devenue la plus prestigieuse d’Allemagne, voire d’Europe. Elle servait les objectifs des Lumières. En conséquence, la recherche scientifique a été libérée de la censure théologique et, dans le même temps, l’enseignement universitaire a acquis une grande importance. La bibliothèque subventionnée était ouverte gratuitement aux étudiants...
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Georg Christoph Lichtenberg, 1,40 m de taille, est l'un de ces hommes qui ont fondé la gloire de l’université de Göttingen; professeur de mathématiques et de physique expérimentale... Parmi eux: le théologien et orientaliste Johann David Michaelis, le chercheur en antiquité et directeur de la bibliothèque universitaire Christian Gottlob Heyne, le mathématicien Abraham Gotthelf Kaestner et le publiciste et historien August Ludwig von Schlözer. Von Schlözer a d’ailleurs prononcé le slogan : « Extra Gottingam non est vita, si est vita non est ita ! »
En se promenant dans la ville, Lancelot et Elaine se rendent compte que l'hôtelier ne leur avait pas tout dit... En effet, ils sont tombés sur la maison que Otto von Bismarck a occupé pendant ses études à Göttingen en 1832-33...
Elaine ajoute qu'il n'a rien dit d'Edmund Husserl, arrivé ici en 1901, et nommé professeur titulaire en 1906.... jusqu'en 1916, quand il rejoint Fribourg... Et surtout il ne connaît sans-doute pas notre amie Edith Stein qui a vécu une période décisive à Göttingen, de 1913 à 1916, elle logeait au Lange-Geismar-Str. 2 … Sous la direction du philosophe Edmund Husserl, elle a poursuivit ses études en tant que femme douée dans le monde des hommes de l’université allemande. C’est là qu’elle a trouvé l’accès à la foi après des années de recherche.
En 1933, Edith Stein rejoindra le couvent Carmel de Cologne. Elle sera assassinée en 1942 au camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau.
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Lancelot a tenu à s'arrêter à Göttingen pour saluer, de la part de sa mère, Emmy Noether (1882-1935). Anne-Laure de Sallembier a rencontré cette jeune femme de 24ans - nous étions en 1906 – à Nuremberg ; elle étudiait alors les mathématiques, et avait accompagné la mère de Lancelot dans la découverte de la ville...
Depuis Emmy Noether a acquis une certaine notoriété, d'un accès difficile parce que femme, elle obtient le titre de Privatdozent (maître de conférences). Très populaire parmi un cercle restreint d'étudiants que l'on nomme les '' Noether’s boys '' , elle est passionnée, entièrement dévouée à son enseignement et donne aussi des cours chez elle, ou au café...
Einstein la considérait comme un génie mathématique.
Emmy Noether habite une maison, Friedländer Weg 57, qui appartient à une fraternité étudiante, la Thuringia... dont elle se fera expulser, parce que d'autres locataires ne voulaient plus vivre avec une '' juive marxiste'' … !
Lancelot et Elaine découvre une petite femme aux vêtements ample, aux petites lunettes rondes, et très gaie... Elle est très heureuse d'enseigner à Göttingen. Comme le dit l'un de ses étudiants : « Prof. Noether pense vite et parle encore plus vite. Donc, si vous écoutez, vous devez penser rapidement - et c’est toujours un excellent entraînement. ».
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Einstein en 1905, a publié des articles sur la relativité qui changeaient notre vision des choses... Il y a des changements dans l'univers qui n'en sont pas ! En effet, la relation entre l’énergie et la masse est invariante, même si l’énergie et la masse elles-mêmes peuvent prendre des formes très différentes. L’énergie solaire arrive sur Terre et devient masse sous forme de feuilles vertes, créant de la nourriture que nous pouvons manger et utiliser comme carburant pour la pensée.
Nous avons tendance à considérer les choses, et non les relations, comme le cœur de la réalité. Or, c'est le contraire... !
Des ''choses'' comme l'espace, le temps... nous apparaissent ''immuables''. De fait, c'est la relation entre l’espace et le temps qui reste toujours la même... On parle de ''symétrie''.
On doit accepter que que l’espace et le temps sont des fils inextricablement entrelacés, d’un seul tissu espace-temps...
Une symétrie nous interroge : Raisonnablement, si la force de gravité dépend de la masse, plus un objet est massif, plus vite il doit tomber. Inexplicablement, ce n’est pas le cas.
Einstein a montré que la gravité est - elle-même - la courbure de l'espace-temps : les objets qui tombent suivent simplement le chemin tracé dans l'espace-temps .
Einstein, interrogeait des grands mathématiciens comme Klein et Hilbert de Göttingen, sur un problème posé par les équations de la gravitation... Ils invitèrent Noether pour les aider à comprendre le problème de l’énergie posé par la nouvelle théorie de la relativité générale. C’est le problème qu’elle réussit à résoudre trois ans plus tard.
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Le théorème de Noether - nous sommes alors en 1918 - va rejoindre les questions que se posent Einstein... C'est un théorème d'algèbre abstrait, donc général ; il dit que : si il y a conservation de l'énergie, alors les lois de la physique ne changent pas avec le temps – ou - La loi de conservation de l'énergie ( l'énergie totale d'une système isolé ne varie pas avec le temps) est équivalente à l'invariance des lois de la physique...
A côté des lois de conservation ( quantité de mouvement, moment cinétique, énergie.) leur signification physique énonce : l'homogénéité de l'espace : l'espace présente les mêmes propriétés en tous points. L'isotropie de l'espace : l'espace présente les mêmes propriétés dans toutes les directions. L'homogénéité du temps : les lois de la nature ne varient pas dans le temps.
Autrement dit, l'Univers serait : Homogène (pas d'origine de temps, ou d'espace, privilégiée), et Isotrope (pas de direction privilégiée).