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Les légendes du Graal

edmund wilson

1955 La Terre Sainte, l'Etat d'Israël et la Palestine.

9 Janvier 2024 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #1955, #Tisserant, #Edmund Wilson, #Palestine, #Israël

Lancelot réussit à obtenir, pour Edmund Wilson qu'il va accompagner, un entretien avec le cardinal Tisserant. Officiellement, il s'agit d'entretenir le Préfet de la Congrégation pour les Eglises d’Orient, sur la situation des catholiques en Israël.

Le cardinal tient - sitôt les présentations, avec les questions du cardinal sur la carrière de Wilson – à présenter la situation de ce qu'il appelle la ''Terre Sainte'', et non Israël.

Cardinal Tisserant

Il rappelle la fondation du royaume de Jérusalem, le jour de Noël 1100, suite aux croisades. Saladin qui prend Jérusalem en 1187. En 1229, l’empereur du Saint Empire romain germanique, Frederick II, réussit à négocier le retour de Jérusalem, Nazareth et Bethléem dans le royaume latin. Finalement, en 1244, les Ayyoubides rétablissent définitivement la souveraineté musulmane sur Jérusalem.

Cependant depuis 1535, lorsque François 1er signe les premières capitulations ( possessions en Terre Sainte) avec le Sultan Soliman le Magnifique ; la France possède un patrimoine religieux et la religion catholique est protégée.

Après la première guerre mondiale, l'empire britannique évince l'empire ottoman qui a duré plus de six siècles. La Terre sainte n'est pas restituée à la Turquie, et la SDN attribue au Royaume-Uni un mandat sur la Palestine.

Wilson se demande si ce n'est pas là que vont commencer les ennuis.

Vous connaissez sans-doute l'histoire tragique de Thomas Edward Lawrence (1888-1935), plus connu sous le nom de « Lawrence d'Arabie » qui disait vouloir donner l'indépendance aux arabes et créer un Empire allant de l’Egypte à la Mésopotamie. Dans cet objectif, il s’assure de la participation à la guerre de Hussein Ibn Ali, le chérif de la Mecque et roi du Hedjaz, et de son fils Fayçal afin de les inciter à la révolte contre les Ottomans...

Lors de la Conférence de la paix ( à Paris en 1919) la délégation arabe n’obtient rien, la France et la Grande-Bretagne deviennent puissances mandataires, la première en Syrie et au Liban, la seconde en Palestine, Transjordanie et Irak.

Fayçal, craint s'être fait manipuler par l'agent secret britannique Lawrence... - Je pense, dit Wilson, que les Britanniques n'ont pas honorer leurs promesses.

- Peut-être, répond Tisserant, d’autant que les puissances victorieuses ont décidé le démembrement de l’Empire ottoman ; et lors de la déclaration Balfour ( Nov 1917) ont promis aux Sionistes de soutenir la création d’un foyer national juif en Palestine.

Ensuite, le cardinal Tisserant rappelle la position du Saint-Siège, en 1921-22 (cf la lettre du cardinal Gasparri du 15 mai 1922) : les juifs en Palestine doivent avoir des droits civils égaux à ceux dont jouissent les autres nationalités et confessions, ils ne peuvent disposer d’une position privilégiée et dominante . En ce qui concerne les Lieux saints, le Vatican propose leur internationalisation.

- Voulez-vous dire que le Saint-Siège est alors opposé à un foyer national juif ?

- Exactement ; d'ailleurs n'oubliez pas que les chrétiens palestiniens étaient bien représentés dans le mouvement national arabe, et soutenus par le Saint-Siège...

En 1947, le Vatican est plus prudent, il reste hostile au projet d’Etat juif mais aussi à un vaste Etat unitaire arabe au Proche-Orient ; et surtout rappelle les droits de l’Église Catholique en Terre Sainte.

Pie XII, a dénoncé l'épuration ethnique consistant à chasser de nombreux arabes de leur terre et leur maison et repris le terme de ''Nakba'' ( terme arabe signifiant « catastrophe »).

Lancelot reconnaît que la légitimité politique et théologique du nouvel état d'Israël pose en France beaucoup de questions. Emmanuel Mounier, et Mauriac ont exprimé leur sympathie sioniste ; mais Louis Massignon parle d'imposture de l'Histoire. La France a attendu un an, et a reconnu Israël après avoir eu l'assurance de la protection des Lieux saints et des établissements français.

 

Le cardinal rappelle aussi que si l’État israélien a rejoint l’ONU en mai 1949. En revanche, la Palestine n'a toujours pas pu le faire... Jusqu'à quand ?

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Les découvertes des manuscrits de Qumran

4 Janvier 2024 , Rédigé par Régis Vétillard Publié dans #1955, #Edmund Wilson, #Qumran

La Cité du Vatican est un espace propice aux rencontres les plus diverses dans le cadre religieux. En 1955, Lancelot est harponné par un américain, et intimidé au premier abord par le physique et les propos du personnage. L'homme, de tradition presbytérienne mais qui se dit agnostique, recherche un allié pour rencontrer quelques dignitaires de l’Église catholique et les interroger sur les découvertes récentes de Manuscrits dans la région de la Mer Morte.

Edmund Wilson en 1952

 

Lancelot va expérimenter les longues discussions autour des nombreux verres d'alcool consommées par cette personnalité que Lancelot découvre, mais qui est célèbre et reconnue aux Etats-Unis. Son nom : Edmund Wilson (1895-1972), romancier, critique littéraire et curieux de tout, et donc, dit-il pour résumer: journaliste. Son modèle : un français, Sainte-Beuve. Sa culture émerveille Lancelot.

Il parle le français, l’italien, l’allemand, le russe cyrillique, il lit le latin et le grec. Il commence l'étude de l'hébreu.

Lancelot apprendra aussi, que Wilson est celui qui a découvert Hemingway, mais aussi Joyce, Eliot et Gertrude Stein; qu'il a présenté Valéry et Proust à l'Amérique; puis soutenu la réputation de Scott Fitzgerald dans les années 1940 et lancé la carrière de Vladimir Nabokov en Amérique.

 

Le 23 mars 1954, Wilson atterrit à Haïfa. Il est - à l'aéroport - impressionné par l'accueil enthousiaste réservé aux nouveaux immigrants.

Son objectif est de rencontrer des érudits et des archéologues, des religieux et des sceptiques au sujet des révélations induites par la lecture des ''manuscrits de la Mer Morte''. Entre conversations et interviews, il se rend à Jérusalem, il est rebuté par le triste état de l'Église du Saint-Sépulcre.

La rue Ben-Yehuda à Jérusalem en 1950

Il raconte sa traversée du quartier haredi de Méa Shearim, l'un des premiers quartier juif de Jérusalem construit autour de 1870. Repris par Israël, en 1948, aujourd'hui n'y vivent majoritairement que des juifs orthodoxes, des haredim. La vieille ville est aux mains des arabes ( sous contrôle jordanien), les juifs chassés et les synagogues détruites.

Il voyage en Transjordanie, à Tibériade et visite les Samaritains presque disparus.

Proche-Orient après 1949

Notes : 1949- Le Royaume de Jordanie, est le nouveau nom de la Transjordanie, Jérusalem est le centre religieux du royaume, et Amman la capitale. L'annexion ne provoque pas de réaction de la part des arabes déplacés et réfugiés, suite à la création de l'état d'Israël en 1948. (La «Nakba» ou la «catastrophe» fait référence à l'exode forcé de ces Palestiniens en 1948 - mais en ces années 50, on n'utilisait pas le mot de palestiniens, mais ceux d'arabes ''réfugiés'' ou de ''déplacés''). Pas de réaction non plus des pays arabes ou de l'ONU. Gaza est occupé par les Égyptiens. 

L'émoi qu'a suscité la publication de ses articles dans The New Yorker, l'amène à la rédaction d'un livre, pour lequel il ne lui manque plus que les réactions de la hiérarchie catholique, étrangement silencieuse jusqu'à présent...

 

C'est en 1947, que les premiers manuscrits de Qumran ( aujourd'hui en Cisjordanie) apparurent sur le marché. Ils s'étaient conservés pendant des siècles, en cuir, en papyrus, un seul sur feuille de cuivre, enveloppés de lin et scellés dans de hautes jarres, dans des grottes du désert de Judée à l’ouest de la mer Morte. Dans les années 50, Qumran est en territoire jordanien.

Du négociant au supérieur du couvent Saint-Marc à Jérusalem, les premiers fragments de parchemins vont être achetés par le professeur Éléazar Sukenik de l’Université hébraïque de Jérusalem ; après avoir été examinés par des chercheurs américains ( Brownlee et Trever) qui décelèrent l'importance de la découverte.

Les revues spécialisées répandent la nouvelle : '' dans la région de la mer Morte, des manuscrits bibliques d'avant, ou près de la naissance du Christ ont été découverts.'' !

 

A la fin du mandat britannique, la création de l’État d'Israël ( 14 mai 1948) entraînait la guerre en Palestine. Début 1949, elle prit fin officiellement. La Cisjordanie et Jérusalem-Est ont été annexées par le royaume de Jordanie.

Roland de Vaux - Qumrân en 1956

Roland de Vaux (1903-1971), dominicain, alors directeur de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, est chargé des fouilles du site ainsi que des grottes voisines, et de la publication des rouleaux et des fragments découverts.

Entre 1947 et 1955, parmi la centaine de grottes visitées, onze révèlent leurs secrets : 800 manuscrits, qu'il sera nécessaire de reconstituer à la façon de mosaïques, un travail de patience infinie.

 

Janvier 1951, le professeur Libby de l'institut d'études nucléaires de Chicago, détermine, au moyen du test du carbone 14, l'âge des manuscrits qui dateraient de la période située de 167 avant à 233 après J.C..

La thèse la plus courante est de dire que ces manuscrits ont été rédigés par les esséniens, une secte juive qui vivait à Qumran.

Des spécialistes pensent qu'ils ont été écrits dans une localité voisine dont les ruines sont nommées Qumrân. D'autres avancent qu'ils pourraient venir de Jérusalem, puis cachés à Qumrân pour la protéger des Romains quand ils attaquèrent la ville, et finirent par la détruire en l'an 70 de l'ère chrétienne.

Les questions que nous nous posons actuellement (1955) est la signification de ces textes, et leur implication dans nos connaissances historiques dans une période fondamentale aussi bien pour le judaïsme, que pour le christianisme naissant.

En hébreu, nous n'avons pas de manuscrits de cette époque.

Les journaux, les magazines, titrent sur ces questions : « Jésus était-il un essénien ? », « le christianisme est-il réfuté ? ». Les sources nouvelles confirment-elles la Tradition de l'Eglise, en particulier ses dogmes ?

 

Le silence officiel concernant ces découvertes, renforce le sentiment d'un complot organisé par le Vatican, qui tiendrait à occulter certains textes...!

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