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Les légendes du Graal

allemagne

Voyage en Allemagne – Heidelberg, Elisabeth Stuart

17 Septembre 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Allemagne, #Histoire, #XVIIe, #femme

*** Et finalement , grâce à ce fameux manuscrit, Anne-Laure de Sallembier, va faire une autre rencontre : celle d'un couple peu ordinaire : Elisabeth Stuart (1596-1662) nommée aussi Elisabeth de Bohème et Frédéric V (1596-1632), prince-électeur et comte palatin du Rhin, puis Roi de Bohème (1619-1620), « Roi d'un hiver »...

En voici l'histoire qu'elle a retranscrite, et dont je recopie ici, quelques extraits:

Élisabeth d'Angleterre, v. 1642

L'histoire d’Elizabeth Stuart, est une histoire d'amour et de royaume perdu...

Fin XVe siècle : Les passionnés d'astronomie, voient dans la constellation de Cassiopeia, une supernova briller pendant seize mois ; la Grande Comète visible dans toute l'Europe ; ils prédisent la fin d'un monde, et le début d'une nouvelle ère..

Les jésuites prévoient de reprendre le contrôle de l'Allemagne, des Pays-Bas et de l'Angleterre, des protestants rêvent d'un monde sans pape...

Elizabeth Stuart est née lors d'une tempête inhabituelle au cours de l'été 1596. Sa mère, Anne du Danemark, était réputée pour sa frivolité , une belle femme blonde et vive qui aimait rire et danser. Elle aimait le théâtre n'a pas manqué de cause quelques scandales … Mécène en arts, elle sut agrandir la collection royale.

Il peut arriver que l’amour se glisse dans un mariage de raison et d’État, comme au cours de l’union de Elizabeth Stuart d'Angleterre avec Frédéric, prince du Palatinat, mieux connu dans l'histoire sous le nom du " Roi d'un Hiver", roi de Bohême.

Elizabeth Stuart et son frère aîné Henry, le prince de Galles ; étaient très proches. Des nombreux prétendants à la main de sa sœur ( on pensait à Louis XIII...); c'est Frédéric, prince du Palatin, qui a été le choix du prince Henry. Les deux jeunes hommes s’aimaient et se respectaient. Ensemble ils montaient à cheval, chassaient, jouaient à divers jeux sportifs, Elizabeth étant souvent une spectatrice intéressée de leurs rencontres amicales. Les dernières paroles du prince mourant ont concerné le mariage de sa sœur avec le Prince Frédéric...

Par ailleurs, les exigences politiques étaient pressantes, la guerre menaçait ; et la mort du prince Henry ne retarda le mariage que de quelques jours....

Le 13 février 1613, Frédéric V épouse Élisabeth d'Angleterre avec laquelle il aura treize enfants :

À la sœur blessée, pleurant la perte de son frère idolâtré, la tendresse de Prince Frédéric fut un baume ; sa mémoire était bien plus précieuse que la couronne de roses en diamant que son amant lui avait apportée du Palatinat. Pourtant, la couronne scintillante que l'on peut voir aujourd'hui à Munich est magnifique ; elle semble faite de glace projetée dans la lumière du soleil, elle semble l'ornement nécessaire à une jeune "reine d’un hiver".

Bien qu’elle ne soit pas allemande de naissance, Elizabeth s’est bien identifiée avec les intérêts de son mari et de son peuple. Elle est devenue l'ancêtre de dirigeants célèbres, parmi lesquels Frédéric le Grand, la reine Victoria et l’empereur Guillaume Ier...

Elisabeth possédait la grâce, la beauté et le charme – dit-on - des manières habituelles aux Stuarts.

Le titre qu'elle a gagné en Allemagne : "La reine de cœur" semble avoir été un hommage spontané et bien mérité.

La Guerre de Trente ans.

En 1617, l’empereur Matthias Ier du Saint-Empire est sans descendance. Afin de conserver le titre impérial aux Habsbourg, Matthias Ier souhaite que celui-ci revienne à son cousin germain Ferdinand de Styrie, pour cela il lui abandonne le titre de roi de Bohême en 1617, avec la perspective de le voir ainsi accéder à la dignité impériale à sa mort.

Ferdinand, catholique zélé qui a été éduqué chez les jésuites, veut voir revenir la Bohême dans le giron de l’Église catholique...

Frédéric prend la tête de l'Union protestante, créée par son père pour sauvegarder les intérêts protestants au sein du Saint-Empire romain germanique.

L'Union protestante souhaite vivement empêcher l'élection du catholique Ferdinand, roi de Bohême, comme empereur. Les États de Bohême, à majorité protestants déposent Ferdinand et proposent le titre à Frédéric V qui est le premier prince-électeur de l'Empire. D'abord réticent, celui-ci accepte finalement leur proposition.

Cet acte sera un des facteurs déclenchant de la guerre de Trente Ans. Il est couronné à Prague, le 4 novembre 1619, et Elisabeth trois jours plus tard. Peu de temps après, Ferdinand II prend l'offensive pour reconquérir la couronne de Bohême.

C'est ainsi que l'on va vivre l’histoire de ce bref et brillant règne hivernal de Frédéric et Elisabeth en Bohême...

Le roi et la reine sont trop peu conventionnels pour plaire à la noblesse de Bohême. Frederic et Elisabeth ne parlent pas le tchèque. Les nobles de Bohême sont d'une race différente. Ils n'aiment ni la comédie française ni le théâtre anglais.... Bien que la Bohême sous Rodolphe II ait été une ville d’art et de science, d’alchimistes et d’astrologues, le goût de la connaissance ésotérique et de la littérature en général a décliné sous des années de règne catholique. Les femmes ont moins de droits qu'ailleurs en Europe...

Image satirique à propos de Frédéric V, roi de Bohême, et du Palatinat

En 1620, les forces protestantes de Bohême sont défaites à la bataille de la Montagne-Blanche le 8 novembre 1620, soit un an et quatre jours après le couronnement de Frédéric. Il en héritera du sobriquet de « roi d'un hiver » (Winterkönig).

Chagrin, humiliation, pauvreté les attendait. Ferdinand II. est triomphalement élu Empereur... L'un des premiers actes du nouvel empereur est de confisquer la principauté du Palatinat, de Frédéric et le faire passer à un prince bavarois.

Elisabeth, reine veuve de Bohème

Mis au ban de l'Empire, démis de tous ses titres et dépouillé de ses possessions par décret impérial, il est contraint à l'exil, à Sedan, auprès de son oncle Henri de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon, entre 1620 et 1623.

Sa femme et lui, depuis leur exil de La Haye (Provinces-Unies), ne peuvent qu'assister, impuissants, à l'occupation du Palatinat par les troupes de Maximilien Ier de Bavière, chef de la branche catholique de la maison de Wittelsbach, qui a reçu ses terres ainsi que sa dignité électorale en remerciement des services rendus aux Habsbourg (1623).

Le Roi James 1er d'Angleterre offre à sa fille un asile, mais elle répond fièrement que sa place est aux côtés de son mari, qu'elle n'abandonnera jamais.

Frédéric V mis au ban de l'Empire, meurt en exil. Il est surnommé « der Winterkönig » (le roi d'un hiver).

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Voyage en Allemagne – Heidelberg, 1

13 Septembre 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Allemagne, #Heidelberg, #XIXe, #Tourisme, #Quête

Pendant ce voyage en Allemagne, Anne-Laure de Sallembier souhaitait absolument passer à Heidelberg; et pour plusieurs raisons...

L'une concerne l'attachement de son grand-père à Edgar Quinet, qui lui a donné l'occasion d'entendre souvent parler de cette ville...

Et surtout, les documents de travail laissés par Jean-Léonard de la Bermondie, et son grand-père Charles-Louis de Chateauneuf, étaient particulièrement pénétrés de la période romantique allemande...

* Charles-Louis de Chateauneuf a reçu comme un immense privilège l'attachement du professeur Edgar Quinet (1803-1875) à son égard... Beaucoup de choses les rapprochent : le goût pour le Moyen-âge, pour les philosophes allemands et pour Madame de Staël...

Edgar Quinet 1833

Je rappelle qu'en 1827, Edgar Quinet arrive à Heidelberg et y reste deux ans : ce sera un moment capital de sa vie. Il souhaitait se confronter à la lumineuse Allemagne ''staëlienne'' ( Germaine de Staël)... Il est suffisamment enthousiaste dans sa correspondance, que Michelet vient le rejoindre en août et septembre 1828.

La découverte d’Heidelberg – et la place centrale de son université - est pour Quinet la découverte d’un ''pays d’université''. Il arrive au moment où l’université de Heidelberg s’érige en mythe, en s’appuyant sur une ancienne tradition...

Au cours d'un spectacle, parmi les chanteuses, une jeune fille en bleu le frappe et le jeune homme, déjà amoureux de la ville et de la musique, va tomber amoureux d'une jeune allemande de Grünstadt, et quand il quittera le pays, il sera fiancé à Minna Moré qu’il épousera ensuite.

« Pas une vallée, pas un recoin de ces bois, pas un détour du Neckar, ne me plaît autant que ma douce Heidelberg.

« Jamais, quoi qu’il arrive, je ne penserai à ces montagnes, à cette ruine, à ce fleuve qu’avec regret et le désir de m’y retrouver encore »

A lire ICI à propos de E. Quinet: LA RENCONTRE AVEC E. QUINET

Le romantisme allemand contraste avec ''Les Lumières'' (l'Aufklärung) parce qu'elles ''dépoétisent'' l'univers ; mais il n'est pas ''irrationnel''...

Le premier cénacle romantique part de Iéna, avec Fichte, Schlegel, Schelling, Novalis … dont nous avons déjà beaucoup parlé ; parce qu'il avait beaucoup intéressé à la suite de Germaine de Staël, Jean-Léonard de la Bermondie, émigré alors, et de passage à Coppet, et séjournant en Suisse et en Allemagne...

Ensuite, une autre génération de romantiques sort de Heidelberg : Clemens Brentano (1778-1842), sa sœur Bettina (1785-1859) impulsive et excentrique, épouse le prussien Achim von Arnim (1781-1831), auteur de contes fantastiques ; et les frères Grimm Jakob (1785-1863) et Wilhelm (1786-1859) qui voient dans les contes et les traditions populaires ''le génie'' du peuple... .

Joseph von Görres (1776-1848), qui, après avoir été révolutionnaire et républicain « cisrhénan », puis champion de la résistance à Napoléon ; était devenu professeur à Heidelberg, où il a, le premier, rassemblé et publié les récits de la mythologie germanique.

Heidelberger Liederhandschrift

 

L'autre raison qui incite Anne-Laure de Sallembier à s'arrêter à Heidelberg est son intérêt pour des enluminures ; qu'elle a souvent admirées dans un ouvrage auquel elle tient : un Fac-similé d'un extrait du Manessischen Handschrift, manuscrit Manesse (Insel-Bücherei 1900)

 

** Vous connaissez sans-doute – du moins quelques images de la série des illustrations qui le compose – le Codex Manesse. Le manuscrit compte 137 miniatures en pleine page, réalisées - à la demande de la famille Manesse - entre 1310 et 1340, avec des textes de chansons d'amour courtois composées en allemand médiéval par près de 140 Minnesänger ( troubadours)...


A lire ICI: à propos du Codex Manesse:

En cette fin du XIXe siècle, et suite à un vol massif de manuscrits extrêmement précieux par le Comte Guillaume Libri (1803 -1869), la Bnf va récupérer nombre d'entre eux, grâce entre autres...- à la restitution à Heidelberg, du Codex Manesse : il faisait partie en effet de la célèbre collection de livres du palatinat du Rhin à Heidelberg, la Bibliotheca Palatina (1607).

le Codex Manesse

Anne-Laure de Sallembier est une amatrice de ces manuscrits. Elle connaît Léopold Delisle (1826-1910) un ami de son mari, administrateur de la Bibliothèque nationale , qui va répertorier et tenter de récupérer beaucoup des trésors volés...

Donc, le Codex Manesse vient de retourner à la bibliothèque de l'université de Heidelberg... Et, Anne-Laure profite de ce voyage pour s'y rendre et tenter d'admirer l'original, avec une lettre d'introduction de Léopold Delisle...

A la fin du XVIe siècle, le Codex Manesse, est en possession de la cour palatine de Heidelberg.

En 1622, pendant la Guerre de Trente Ans (1618-1648), le manuscrit est sauvé lors de la prise de Heidelberg par les troupes de la Ligue catholique... Le prince Frédéric V du Palatinat, et sa femme Élisabeth Stuart emportent le document, avec les trésors familiaux les plus précieux, dans leur exil à La Haye. Plus tard, Élisabeth ayant des besoins d'argent de plus en plus importants après la mort de son mari en 1632, est contrainte de vendre le précieux codex ; qui rejoint, peu après, la bibliothèque personnelle de l'érudit français Jacques Dupuy qui, à sa mort en 1656, lègue sa collection au roi de France.

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Voyage en Allemagne – Freiburg

8 Septembre 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Allemagne, #Freiburg, #Tourisme, #XIXe

Voyage en Allemagne – Freiburg

Fribourg-en-Brisgau, est une ville universitaire allemande dynamique et ''écologique'', située dans la Forêt-Noire.. Sa vieille ville médiévale fut reconstruite, elle est sillonnée de ruisseaux pittoresques (les bächle).

 

Notre seul jour de pluie, nous a donné le prétexte de passer un bon moment dans un café... Le Kolben Kaffee conseillé étant plein... Nous nous sommes repliée sur Alstadt Café, qui nous permet de collationner salé et sucré tout en gourmandise … Beaucoup de monde, des serveuses exténuées, mais nous étions satisfaits de notre place...

Remontons au XIXe, beaucoup plus sérieux... Extraits:...

« Fribourg, capitale du Brisgau, n'a que sa cathédrale; mais après Cologne, c'est la plus belle de l'Allemagne. Sa façade pèche par le défaut de développement : on y regrette ce triple portique qui dans la plupart de nos églises fait une si belle entrée à la maison de Dieu. Son portail unique et rétréci est précédé d'un porche qu'étranglent de massifs contre-forts. Mais le porche, quand on y pénètre, présente une innombrable collection de statues. »

Aujourd'hui un porche protégé par un rideau de fins fils de fer ….

La flèche de Fribourg est peut-être ce que l'art gothique a créé de plus parfait en ce genre; pour la bien voir, il faut monter au Schlossberg. Le Schlossberg est une petite montagne qui domine la cathédrale et la ville. Un sentier agréable y conduit. Il monte en Lacet parmi des vignes (...)

Du Schlossberg, la vue s'étend sur la plaine du Brisgau et sur le cercle onduleux des montagnes noires. Au pied, est groupée la ville de Fribourg, dont on compterait sans peine les maisons et les rues. La cathédrale s'élève du sein de cette masse confuse, avec une forêt de piliers, de contre-forts, de pieds-butants, d'arcades, de clochetons et de tourelles : mais sa flèche attire le regard et l'enchante.

Freiburg_Breisgau_um_1900

Les étudiants de Fribourg me conduiraient assez naturellement à parler des universités allemandes. C'est un sujet curieux et instructif. Je me propose de le traiter en détail quand je décrirai l'Allemagne du Nord. C'est là sa vraie place. Les universités de Heidelberg et de Berlin sont les centres intellectuels de l'Allemagne. C'est là qu'il faut aller juger le système d'enseignement de ce pays.

Freiburg 1900

 

 

Je redescendis à Fribourg avec un groupe d'étudiants endimanchés qui s'en retournaient en chantant vers la ville; leur costume n'avait de particulier qu'une toque de velours brodé d'argent ou d'or, et un ruban de soie en sautoir, dont la couleur Varie selon la nationalité de l'étudiant : lés uns sont bleus, les autres rouges, les autres tricolores, ceux-ci semés de fleurs, ceux-là de croix blanches, selon que l'étudiant est de Suisse, ou de Souabe, ou du duché de Rade. Je comparais ces jeunes élégants, si pimpants dans leur frac noir, portant, comme des pages, leur joli bonnet sur l'oreille, aux écoliers de la même ville, tels que les dépeignait il y a longtemps le premier recteur de l'université de Fribourg :

« Ils sont malpropres, ne se mouchent pas, tachent les livres sur lesquels ils étudient, ont les mains pleines de pailles sales et marquent avec ces pailles les endroits qui leur plaisent. Ajoutez à cela ceux qui vendent leurs livres, ou les mettent en gage chez les Juifs, chez les hôteliers, chez les usuriers. »

*****

Freiburg 2019

Dans la vieille ville, au milieu d'une jolie place ; un monument attire l'attention... Il s'agit de la statue d'un moine, dont on nous dit que l'invention a conduit les peuples et les individus à la ruine, qui a coûté la vie à des millions de personnes... Il s'agit de Berthold Schwarz ( Berthold le Noir) , "l'inventeur de la poudre noire", la poudre à canon …

Amusant, nous dit-on de constater que la statue d'un moine, Berthold Schwarz a remplacé celle de Carl von Rotteck, ''libre penseur'' tombé en disgrâce …

Plus exactement, Berthold Schwarz a été chanoine de la cathédrale de Constance vers 1300 et enseignant à l'université de Paris au cours des années 1330. Il était considéré comme alchimiste …

Il aurait tenté, de transformer du mercure en or mais, sachant que le mercure contenait un basilic, il tenta de le neutraliser…et c’est ainsi qu’il parvint à découvrir la formule de la poudre noire.

La poudre noire peut servir à allumer un feu, en petite quantité... de créer une forte illumination si elle est répandue en une fine couche, ou de créer une explosion... Aussi, la recette de sa fabrication se veut secrète ...

Le monument fut érigé proche de son lieu de naissance en 1853. 

Il est semble t-il reconnu qu'en 1257, Roger Bacon, un moine franciscain anglais, a décrit la préparation de la poudre noire dans un ouvrage intitulé De Secretis Operibus Artis et Naturæ et de Nullitate magiæ.

Voyage en Allemagne – Freiburg
Voyage en Allemagne – Freiburg
Voyage en Allemagne – Freiburg

Karl Wenzeslaus Rodecker von Rotteck, né le 18 juillet 1775 à Freiburg où il est mort le 26 novembre 1840, est un activiste politique, historien, politicien et politologue allemand. Il était libéral, et peu favorable à l'Unité allemande si elle se faisait contre la liberté... Karl von Rotteck était un membre de la loge maçonnique de Fribourg-en-Brisgau. En 1817, il devint membre correspondant de l' Académie bavaroise des sciences . Et pourtant … Il était hostile à la participation politique des femmes ; et passablement antisémite .. !!

Une décennie, après avoir perdu sa statue; à l'automne de 1861, on fit ériger le monument sur l'ancienne Rotteckplatz, puis déplacé encore en 1937, devant le Gymnasium , qui portait son nom. 

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Voyage en Allemagne – L'Alchimie.

3 Septembre 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Alchimie, #Allemagne, #XIXe, #Tourisme

En 2016, en préparant mon voyage en Angleterre, '' sur les pas du Roi Arthur'', je rencontrai dans un jeu étrange de correspondances, les images du Tarot... Ces cartes, m'ont ensuite accompagné tout le long du chemin …

Cette année, je me demandai si ces mêmes cartes se présenteraient...

Peut-être n'ai-je pas été assez attentif... En reprenant à présent les notes de ce Chemin allemand... ; je remarquai une chose : la persistance d'autres images à propos... de l'Alchimie.

 

Dans le fatras de notes laissées par mes aïeux ; une carte d'Anne-Laure de Sallembier lors d'un séjour à Strasbourg, et quelques notes m'ont permis de trouver ce nouveau fil que je regrette de ne pas avoir plus utilisé....

Cette carte, c'est : la reproduction d'un laboratoire d'alchimiste au Musée alsacien de Strasbourg ( alors allemand...), ouvert en 1907. Peut-être Anne-Laure de Sallembier a t-elle visité ce laboratoire...?

 

Rien de plus sur l'alchimie... Sinon, des images découpées de statues appartenant à la cathédrale de Strasbourg : deux jeunes femmes du XIIIe siècle ; l'une, cambrée et assurée sous sa couronne. Elle porte un Graal et s’appuie sur une grande crosse en forme de croix ; l'autre humiliée , les yeux bandés, la tête inclinée de honte, elle a en mains un bâton brisé et tient dans sa main gauche un document..

Cathédrale de Strasbourg - L'Eglise et la Synagogue
Cathédrale de Strasbourg - L'Eglise et la Synagogue
Cathédrale de Strasbourg - L'Eglise et la Synagogue
Cathédrale de Strasbourg - L'Eglise et la Synagogue

Cathédrale de Strasbourg - L'Eglise et la Synagogue

Ces deux statues de la cathédrale de Strasbourg, ont retenu l'attention d'Anne-Laure, en particulier parce que le sculpteur de ces œuvres, est une femme... !

Sabina von Steinbach

La tradition les attribue à Sabine de Steinbach, la fille de maître Erwin...

Sabina serait l'auteur des statues personnifiant l'Eglise et la Synagogue, qui sont situées aux portes sud de la cathédrale. Ces deux statues sont réputées des chefs-d’œuvre de la statuaire gothique.

Au XIIIe siècle, c'est le siècle des cathédrales, des croisades et du Strasbourg de l'empire allemand... L'Eglise pourchasse l'hérésie, les alchimistes se cachent ...

 

Avant de partir sur le chemin que m'ouvrait l’Allemagne, sans préfigurer de ce que je trouverai ; plusieurs lectures et rencontres me pointaient l'anthroposophie avec Steiner ; au point d'envisager de passer par Le Goetheanum, à Dornach, en Suisse… Je n'avais pas le temps de tout faire ; ce ne sera pas pour cette fois … !

Pourquoi là ? Le Goetheanum est le siège de la Société anthroposophique universelle... Et, ce lieu conçut par Steiner correspondrait à la localisation de l’ermitage de Sigune au pied de l’emplacement du ''château du Graal'' ( selon les indications de Wolfram Eschenbach )… Rien de moins … ! J'en reparlerai forcément...

The triple goddess tarot - L'Alchimie

Cependant, pour ce qui est de l'Alchimie : L'anthroposophie, intrinsèquement écologique, évoque '' l'Éco-alchimie '' et en notre époque où le seuil d'irresponsabilité de nos gouvernants nous contraint à évoquer à présent des soucis d'ordre collapsologique - la collapsologie désigne l’étude de l’effondrement de la civilisation industrielle et de ce qui pourrait lui succéder - … Ainsi, un livre de McKanan, paru aux Presses universitaires de Californie, explore les concepts d’alchimie et d’équilibre dans la science de l’esprit anthroposophique, à la fois comme source de résilience et de renouveau, ainsi que la différence du mouvement anthroposophique avec d’autres mouvements écologiques et courants politiques.

L’approche anthroposophique conçoit plutôt le changement social depuis l’intérieur, avec la possibilité de faire avancer l’évolution humaine grâce à une sphère culturelle-spirituelle libre au sein de la société, laboratoire décentralisé et libre cherchant à élaborer une vision toujours renouvelée de l’être humain.

 

Rudolf Steiner und Marie (Steiner)-von Sivers

Steiner (1861-1925), cherche à voir par l’esprit chacun dans son intégralité, au-delà de son apparence, dans ce qu’il est et peut devenir dans sa relation particulière avec le monde...

 

* Quatre idées :

- Il est possible d’entrevoir les relations qui lient toutes choses et tous êtres...

- L’attention aux pratiques aussi petites soient-elles qui peuvent constituer une force guérissante pour la société plus large... ( avec des petites communautés en interconnexion...)

- La conviction que les humains peuvent vivre en harmonie avec leurs écosystèmes si seulement nous épousons chacun à sa façon un chemin de développement spirituel...

- La sagesse de voir que l’évolution du monde est continuelle et inévitable, que notre rôle d’humain dans cette époque ne se résume pas à la préservation, ni de nous-mêmes ni de la terre, mais trouve son sens dans une implication pour une évolution de l’humanité allant au-delà du développement économique ou technologique.

Bien … Attention, je ne connais pas la Société Anthroposophique de Steiner; sinon les fameuses écoles Waldorf et ce qu'en dit Anne-Laure de Sallembier qui s'y est intéressée entre les deux guerres...

L'arbre de vie

 

Revenons à L'Alchimie, en quelques idées simples...

- Le désir de connaître le fonctionnement du ''Monde''... Sachant que la science ne peut donner qu'une partie de la réponse : mais une partie essentielle à connaître...

- Peux t-on agir sur la ''matière''.. ? Comment... Pourquoi... ? Aller où... ?

- L'Alchimie induit un processus de dévoilement... La réalité est voilée … Transmuter, c'est élever, dévoiler...

- L'alchimiste va du laboratoire à l'oratoire... Chemin aller-retour...

- La présence de l'invisible... ( Observer, c'est déjà modifier le phénomène !)

 

Soyons attentif, tout au long du voyage ...

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Voyage en Allemagne 1 - Baden-Baden

29 Août 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Allemagne, #Tourisme, #Romantisme, #XIXe

Pont de l'Europe - le Rhin - Strasbourg-

A l'occasion de mon propre voyage en Allemagne cette année 2019 ; je suis accompagné des commentaires de voyageurs plus anciens, de cette deuxième moitié du XIXe siècle... Il y a de cela, donc, près de 150 années … !

 

Les aïeux d'Anne-Laure de Sallembier, ont très souvent été attirés par l'Allemagne ( beaucoup par le Royaume Uni, aussi), précisément par la littérature et la philosophie allemandes. Anne-Laure, veuve un brin fortunée a profité de l'accueil et du confort germanique, ainsi que des nouvelles commodités pour voyager ; et visiter des lieux cités dans les documents que lui avaient laissé Charles-Louis de Chateauneuf, son grand-père, et Jean-Léonard de la Bermondie, le grand-père de son grand-père …

 

Ce qui anime Anne-Laure avant de partir, c'est le fameux ''Sturm und Drang'', la tempête et le transport passionné du mouvement pré-romantique... Se mettre dans les pas de Hector Berlioz, quand il écrit dans le pays de Goethe : « J'essayai donc, tout en roulant dans ma vielle chaise de poste allemande, de faire des vers destinés à ma musique (…) Je l'écrivais quand je pouvais et où je pouvais ; en voiture, en chemin de fer, sur les bateaux à vapeur ; et même dans les villes, malgré les s oins divers auxquels m'obligeaient les concerts que j'avais à y donner... »

 

Pour Anne-Laure, comme pour son grand-père Charles-Louis, il s'agit de mettre ses pas sur les chemins des romantiques ( les voyageurs de l'obscur), empruntés eux-même jadis par les Minnesänger, ménestrels et chevaliers errants comme Parsifal, Tristan ou Tannhäuser, par les Meistersinger, voyageurs de commerce des villes hanséatiques et maîtres chanteurs comme ceux de Nuremberg, tirés de l'histoire par les littérateurs d'Iéna, de Heidelberg et de Berlin, par le romantique comme Novalis, Heine ou par Richard Wagner.

Le virus est contagieux, les récits de voyage en Allemagne en témoignent ; quinze ouvrages de Guides paraissent pour la seule année 1842...

Voyage en Allemagne 1 - Baden-Baden
Voyage en Allemagne 1 - Baden-Baden
La Frontière :

Nous sommes là, avant 1870, avant que l'Alsace soit annexée par l'Allemagne...

Kehl, sur la rive allemande du Rhin en face de Strasbourg: pour s’y rendre ils traversent le pont du Rhin nouvellement construit en 1861.

« Le Rhin ne coule pas à Strasbourg : c'est dommage; il ferait un beau miroir à cette grande cité. Il en est éloigné d'environ quatre kilomètres. (…) C'est un fleuve large et sévère, roulant des eaux profondes dans des rives plates et de verdoyantes prairies. Ce n'est pas là que le poète ira cueillir la fleur enchantée des ballades, ni prêter l'oreille aux chansons de Lorely, la fée des eaux. »

 

« Cette rive, c'est l'Allemagne, l'Allemagne de Goethe, de Mozart, de Leibnitz et d'Albert Durer. C'est la terre de la musique, de la rêverie, de l'amour naïf, de l'idylle, des vertus et du bonheur domestiques. Cette terre a vu naître et le vieux Faust et la jeune Marguerite, et Louise et Dorothée, et tant d'êtres mélancoliques et charmants créés par la poésie.»

 

« Un magnifique pont de fer relie aujourd'hui les deux rives. Dieu sait ce qu'il en a coûté à la diplomatie pour poser ce trait d'union : jalousies commerciales, jalousies politiques, que d'obstacles s'élevèrent! On finit pourtant, par s'entendre. Nos ingénieurs reçurent la tâche là plus difficile ; c'est eux qui établirent dans ce vaste lit les piles qui supportent toute la masse. Le reste fut confié aux ingénieurs badois. Ils en ont fait un très-bel ouvrage. Chaque extrémité du pont est ornée d'un portique monumental en style gothique, chaque arche de clochetons et de tourelles. Cette porte de l'Allemagne est solennelle comme elle, et comme elle un peu pesante. L'aigle impériale regarde fièrement la rive française, dont elle semble garder l'approche. A l'autre bout, le griffon badois, d'un air moins belliqueux, fait avec bonhomie la même faction, et, comme dit Commines, « tous deux, se tournant le dos, ne risquent pas de se mordre. »

Voyage en Allemagne 1 - Baden-Baden
Voyage en Allemagne 1 - Baden-Baden
Voyage en Allemagne 1 - Baden-Baden
Voyage en Allemagne 1 - Baden-Baden

La guerre franco-allemande de 1870 va opposer, du 19 juillet 1870 au 28 janvier 1871, la France et une coalition d'États allemands dirigée par la Prusse et comprenant les vingt-et-un autres États membres de la confédération de l'Allemagne du Nord ainsi que le royaume de Bavière, celui de Wurtemberg et le grand-duché de Bade. Cette guerre est considérée par Otto von Bismarck, qui a tout fait pour qu'elle advienne, comme une conséquence de la défaite prussienne lors de la bataille d'Iéna de 1806 contre l'Empire français. Il dira d'ailleurs, après la proclamation de l'Empire allemand à Versailles en 1871 : « Sans Iéna, pas de Versailles » : par là, il parvinet à ses fins, unifier la nation allemande.

Voyage en Allemagne 1 - Baden-Baden

Selon le traité de Francfort ( 10 mai 1871) ; l’Alsace et une partie de la Lorraine sont cédées, et deviennent une terre d’Empire (Reichsland), propriété commune de tous les Etats allemands de l’Empire.

 

Entre 1871 et 1914, la chaîne des Vosges constitue pour les Alsaciens - dont le territoire est alors annexé à l’Allemagne - une limite à la fois distinctive, dans la mesure où elle permet aux populations de revendiquer une singularité culturelle, et intégrative, parce qu’elle est aussi ce qui lie l’Alsace à la France et préserve donc la région d’un point de vue symbolique face aux tentatives d’assimilation au Reich. 

Baden-Baden

« Vous arrivez, non par une route pavée et boueuse, mais par les chemins sablés d’un jardin anglais. A droite, des bosquets, des grottes taillées, des ermitages, et même une petite pièce d’eau, ornement sans prix, vu la rareté de ce liquide, qui se vend au verre dans tout le pays de Baden […] Une longue allée de peupliers d’Italie ferme, ainsi qu’un rideau de théâtre, cette décoration merveilleuse qui semble être la scène arrangée d’une pastorale d’opéra. »

« Je doute qu’on puisse trouver un pays plus charmant, il n’a que l’inconvénient de laisser douter si l’on n’est pas sur les planches de l’opéra, et si les montagnes et les maisons ne sont pas des décorations […] car, à vrai dire, et c’est là l’impression dont on est saisi tout d’abord, toute cette nature a l’air artificiel. Ces arbres sont découpés, ces maisons sont peintes, ces montagnes sont de vastes toiles tendues de châssis (…)

« La nuit est tombée: des groupes mystérieux errent sous les ombrages et parcourent furtivement les pentes de gazon des collines. Au milieu d’un vaste parterre entouré d’orangers, la maison de Conversation s’illumine, et ses blanches galeries se détachent sur le fond splendide de ses salons. À gauche est le café, à droite est le théâtre, au centre l’immense salle de bal dont le principal lustre est grand comme celui de notre opéra. […] L’orchestre exécute des valses et des symphonies allemandes, auxquelles la voix des croupiers ne craint pas de mêler quelques notes discordantes. […]

Cette retraite romanesque, cette chartreuse riante est, dit-on, l’hospice des cœurs souffrants. On y vient guérir des grandes amours […] 

La rivière de Baden coule au pied des murs, mais n’offre nulle part assez de profondeur pour devenir le tombeau d’un désespoir tragique: son éternelle voix se plaint dans les rochers rougeâtres, mais une fois dans la plaine unie, ce n’est plus qu’un ruisseau du Lignon, un paisible ruisseau de la carte du tendre, le long duquel s’en vont errer les moutons du village, bien peignés et enrubannés dans le goût de Watteau. Vous comprenez que les troupeaux font partie du matériel du pays et sont entretenus par le gouvernement comme les colombes de Saint-Marc à Venise. Toute cette prairie qui compose la moitié du paysage ressemble à la Petite-Suisse de Trianon. Comme en effet le pays entier de Bade est l’image de la Suisse en petit. La Suisse moins ses glaciers et ses lacs, moins ses froids, ses brouillards et ses rudes montées. Il faut aller voir la Suisse, mais il faut aller vivre à Baden […]

On revient à Baden en suivant le cours de la rivière, et quelle rivière ! Elle n’est guerre navigable que pour les canards; les oies y ont presque pied partout. Pourtant des ponts orgueilleux la traversent de tous côtés, des ponts de pierre, des ponts de bois et jusqu’à des ponts suspendus en fil de fer. Vous ne vous imaginez pas à quel point on tourmente ce pauvre filet d’eau limpide qui ne demanderait pas mieux que d’être un simple ruisseau. »

Gérard de Nerval - '' Lorely – Souvenirs d’Allemagne ''

 À l’été 1838, Gérard de Nerval entreprend un voyage en Allemagne. Fervent admirateur de littérature et de poésie allemande, Il a déjà traduit Klopstock, Goethe, Schiller, Burger et publié quelques années plus tôt une anthologie de la poésie allemande.

Baden-Baden

A l'hôtel :

« Nous sommes réveillés dès le point du jour; de tous côtés les portes s'ouvrent et se ferment avec fracas : l'un, affublé de sa robe de chambre, descend pour prendre son bain ; l'autre va, la canne à la main, parcourir les montagnes voisines ; celui-ci crie après les domestiques pour avoir ses habits ; celui-là à peine éveillé, sonne à coups redoublés pour qu'on lui apporte du thé ; les ordres donnés dans toutes les langues se croisent et se confondent. »

Baden — est la perle de la forêt Noire; nul autre lieu ne rime plus naturellement avec Eden.

Baden-Baden 2019
Baden-Baden 2019
Baden-Baden 2019
Baden-Baden 2019
Baden-Baden 2019

Baden-Baden 2019

Le site est charmant. On dirait que tout y fut combiné par une main savante dans l'art de plaire.

Les_Climats de la Comtesse Anna_de_[...]Noailles * Les Nuits de Baden

Figurez-vous une jolie ville, mi-partie sur la montagne , mi-partie dans le vallon ; des collines dont le cercle riant l'entoure; sur les pentes et sur les hauteurs, des forêts de sapins égayées par de sinueux sentiers et de lointaines perspectives; un ruisseau d'idylle où se mirent des maisons blanches comme des villas, riches comme des palais; aux environs, des ruines, des rochers, des châteaux, où conduisent de charmantes promenades; partout des chemins plantés d'arbres, des routes entretenues comme des allées; en un mot, une nature de vignette et d'album, pleine de gentillesse et de coquetterie, au sein de laquelle on se sent plus amolli qu'ému, plus disposé à jouir qu'à penser, dans d'excellentes dispositions pour passer quelques jours d'insouciance et de farniente.

Là vous n'aurez que d'agréables idées incapables d'agiter, le cœur et d'absorber l'esprit. Poète, vous ferez des sonnets ou des madrigaux; musicien, des romances; peintre, des aquarelles. Le pays tout:entier n'est qu'une grande aquarelle aux contours adoucis, aux couleurs demi-voilées , quelque chose d'indécis et de flottant, dont l'attrait est infini.

Baden - son nom l'indique - est un lieu de bains. Cent mille étrangers y viennent chaque année prendre les eaux.

« D'eau, je n'en ai point vu lorsque j'y suis allé, Mais qu'on n'en puisse voir je n'en mets rien en gage. Je crois même entre nous que l'eau du voisinage A, quand on l'examine, un petit goût salé. »

Un grand portique de marbre est élevé pour lés baigneurs; la maison de Conversation est voisine : c'est le nom allemand du casino. Un parc princier l'entoure. Tout le jour un excellent orchestre fait entendre sous les fenêtres une délicieuse musique. Mais il s'agit bien de musique ! ..

Entendez-vous d'ici le cliquetis des pièces d'or et la voix nasillarde des croupiers? Il n'y a pas pour les joueurs d'harmonie comparable, et Bade est le rendez-vous des joueurs. Ici la roulette est souveraine; elle tient toute la journée sa cour. Les courtisans sont nombreux. Il y en a de toutes les nations, de tous les âges, de toutes les humeurs. L'Europe et l'Amérique sont représentées autour de ces grands tapis verts jonchés d'or. L'observateur peut surprendre comme en un miroir le caractère de chaque peuple. L'esprit national perce jusque dans nos vices. L'Anglais joue avec une prudence habile et un coeur maître de soi. Dépouillé, il se retire les dents serrées, et déguise son dépit sous une morgue hautaine. Le Russe témoigne au jeu l'emportement sauvage qui paraît dans toutes ses passions. L'Allemand n'y perd rien de son flegme : il semble croire, avec le proverbe, que la fortune vient en dormant. L'Italien, l'Espagnol, tous les Méridionaux ont de bruyants transports de joie ou de désespoir. Le Français joue avec une étourderie babillarde et une aisance impertinente. Sur cent joueurs de pays différents, s'il en est un qui dans la perte ou le gain garde le même sourire, déploie la même verve, et se venge du destin par un bon mot, dites hardiment : C'est un Français. La comédie du Joueur n'était possible qu'en France. Partout ailleurs le jeu tourne au drame. »

source  : ''Le Danube allemand et l'Allemagne du Sud...'' - par Hippolyte Durand (1833-1917). ...

1821-1853_Maison-de-Conversation - Casino Baden-Baden

Réalisation néoclassique (1821 à 1824) due à Friedrich Weinbrenner, elle était la « maison de conversation », le lieu de rendez-vous de la haute société qui organisait là bals et concerts. Le casino occupe l'aile droite. Les quatre salles de jeu furent aménagées dans l'esprit des salles d'apparat des châteaux français.

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L'Histoire de Lanzelet -3-

7 Juillet 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Lanzelet, #Allemagne, #Contes Mythes Légendes, #Légende arthurienne, #Moyen-âge

L'épreuve du manteau de fidélité...

Alors, arrive à la cour d'Arthur une messagère porteuse d'un ''manteau magique'', qui ne sied qu'à une personne tout à fait fidèle : toutes les dames, la reine en tête, l'essaient, mais à leur honte ; Iblis seule sort victorieuse de l'épreuve. C'était la Reine des fées marines qui a envoyé ce manteau pour mettre en lumière la vertu de la femme de Lanzelet. Sa messagère révèle aux chevaliers de la Table Ronde le sort de leur compagnon et les engage à aller le délivrer. Quatre d'entre eux - Walwein, Karjet, Erec et Tristant - se mettent en route et arrivent bientôt devant Pluris : Lanzelet, qui les voit des créneaux, les reconnaît pour des chevaliers d'Arthur, obtient de la reine la permission d'aller à leur rencontre, soi-disant pour les combattre, et, une fois sorti, se joint à eux pour ne plus revenir auprès d'elle.

 

Dans une autre histoire, Marie-Laure se souvient de ce même passage dans une autre histoire, dans laquelle la reine Guenièvre, joue la femme bafouée par ce défi et refuse de se conformer à cette demande ; sauf si le roi lui-même montrait l'exemple en s'en revêtant … Ce qu'il préfère ne pas faire … ! Et, on en reste là … !

 

Dans un autre conte ( le ''conte du mantel'' est populaire ; des lais anciens en parlent .....), c'est l'amie du chevalier Carados (ou Caradoc) qui se tire avec honneur de cette épreuve...

Revenons à cette histoire avec Lanzelet... Qui, je le rappelle a été transcrite en moyen allemand par Ulrich von Zatzikhoven vers l'an 1200...

A son retour à la cour du roi Arthur, Lanzelet apprend que la reine Ginovere a été enlevée, pendant une chasse par Valerin qui l'a emmenée dans son château, entouré par une ceinture impénétrable de monstres, de serpents, etc

Pour tenter de délivrer la reine, la cour du roi Arthur fait appel aux services du magicien Malduc qui exige qu'en contrepartie lui soient livrés Erec et Walwein ( ils auraient tué son père et son frère...), ce que le roi accepte à contre-cœur.

Le château de Valerin est pris, Valerin est tué et la reine – endormie d'un sommeil magique – est délivrée.

Erec et Walwein sont torturés par Malduc. Lanzelet lance une expédition pour les délivrer, avec l'aide du jeune géant Esealt. Malduc est tué, mais sa fille est laissée sauve car elle a empêché que les chevaliers soient tués par le magicien.

Il s'ensuit une fête à la cour d'Arthur.

Iblis raconte un jour à Lancelet l'étrange aventure de Roidurant, qui, dans une forêt, a rencontré un terrible serpent qui l'a supplié de lui donner un baiser. Roidurant s'y est refusé... Plusieurs des chevaliers d'Arthur sont allés ensuite trouver le serpent; mais tous se sont enfuis à sa vue.

Lanzelet se rend dans la forêt, et, quand le monstre apparaît, il n'hésite pas, sur sa prière, à le baiser sur la bouche. Le serpent devient alors une femme d'une merveilleuse beauté : c'était Elidia, fille du roi de l'île de Thilé (= Thulé) ; elle avait été condamnée, pour avoir manqué aux lois du fin amour, à être serpent jusqu'à ce que le meilleur chevalier du monde lui donnât un baiser.

Elidia est admise à la cour d'Arthur, où l'expérience qu'elle a acquise à ses dépens lui fait donner les fonctions de juge en dernier ressort dans toutes les questions d'amour et de courtoisie.

Lanzelet est devenu le chevalier le plus courtois de la cour.

Lanzelet retourne enfin dans le royaume de Genewis, celui de son père et dont il pourrait être le souverain... Il le trouve paisiblement gouverné par son parent Aspiol; il y retrouve sa mère, qui n'espérait plus revoir...

Ensuite, laissant ce royaume à Aspiol, il choisit le royaume de sa femme, celui d'Iweret, pour y devenir seigneur; et avec Iblis, ils vont se faire couronner à Dodone ; on donne à cette occasion des fêtes splendides, auxquelles Arthur prend part.

Lanzelet et Iblis règnent en paix ; ils ont une fille et trois fils, et l'histoire dit que, parvenus à une vieillesse aussi avancée qu'heureuse, ils moururent tous deux le même jour.

 

Quel rapport entre Lanzelet et Lancelot...?

La prochaine fois ...? A suivre, donc ...

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L'Histoire de Lanzelet -2-

3 Juillet 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Lanzelet, #Allemagne, #Lancelot, #Littérature, #Mythe, #Quête, #Moyen-âge

Lanzelet est un roman du cycle arthurien en moyen haut-allemand écrit vers 1200 par l'auteur de langue allemande Ulrich von Zatzikhoven. Il est une adaptation d’un « livre français » aujourd’hui perdu ...


 

Suite....

Lanzelet n'a aucune expérience, Il rencontre sur son chemin un nain qui l'humilie et le fouette. Heureusement il rencontre un chevalier, Johfrit de Liez, qui s'intéresse à lui , et lui apprend les premiers rudiments de chevalerie

Lanzelet rencontre les chevaliers Kuraus et Orphilet avec lesquels il entre dans la maison du forestier Galagandreiz. Pendant la nuit qui suit, Lanzelet répond aux avances de la fille de Galagandreiz. Ce dernier découvrant sa fille dans le lit de Lanzelet est pris de rage. Il s'ensuit un combat où Galagandreiz trouve la mort. Lanzelet épouse la fille du forestier, qui trouve que son père ne peut avoir un meilleur successeur... Après un temps de bonheur conjugal, Lanzelet retrouve l'aventure...

Il arrive dans la ville de Limors, où règne une coutume inflexible: aucun étranger ne doit traverser la ville en armes. Lanzelet, qui l'ignore, y entre armé. Aussitôt les habitants se jettent sur lui et l'emprisonnent. Grâce à l'amour qu'il inspire à la belle Ade, nièce de Linier, seigneur de Limors, il est sauvé de la mort qui l'attendait et délivré de prison; mais il doit répondre au défi du seigneur... Lanzelet se lance dans l'aventure en le défiant. Il doit combattre un géant, puis deux lions, et enfin, le seigneur Linier de Limors lui-même, qu'il tue. Ade lui abandonne sans rancune son cœur et ses terres.

Lanzelet apprend que le roi Arthur donne un grand tournoi, il s'y rend avec sa nouvelle amie, et il triomphe dans la joute avec tous les chevaliers fameux qui se mesurent avec lui... Il ne lève pas la visière de son heaume, et reste le chevalier inconnu; puis, il part comme il était venu.

Sur le chemin du retour vers ses terres, Lanzelet se rend à Schatel-le-Mort, le château de Mabuz, le fils de la Reine des Fées. Mais, il subit un terrible enchantement: - Pour préserver son fils des atteintes de son ennemi Iweret, la fée a fait en sorte que tout chevalier qui en franchit la porte devient aussitôt le plus couard des hommes, fût-il le plus preux de tous. Lanzelet subit le charme...! Alors Ade, qui est restée en dehors, voit son ami se laisser saisir, insulter, désarmer et mener en prison sans opposer la moindre résistance...! Désolée, et ne pouvant rien faire; elle s'en va, et renonce à un ami si peu digne d'elle...!

Cependant Mabuz, est attaqué par son dangereux voisin Iweret, qui fait le siège de son château ( sans y entrer ...!)... Mabuz a l'idée de se servir de la prouesse de son prisonnier. Lanzelet refuse absolument tout combat ; il faut l'armer de force et le traîner hors de la porte; et à peine est-il à cheval qu'il redevient lui-même, il va provoquer Iweret, le tue, et, encore une fois, gagne l'amour de sa fille. Lanzelet avec la main d'Iblis, reçoit le riche patrimoine de son père.

Apparaît alors, une messagère de la reine des fées qui révèle à Lanzelet ses origines ( l'héritier du royaume de Genewis...) et son nom. Lanzelet apprend aussi qu'il est le neveu du Roi Arthur, qu'il veut rencontrer ….

Lanzelet apprend que le roi Valerin est venu à la cour d'Arthur revendiquer la possession de Ginover ( la femme du roi ), qui - prétend-il- lui était promise avant d'épouser Arthur. L'affaire doit se décider par un combat singulier que personne n'ose soutenir, tant Valerin passe pour redoutable. Lanzelet arrive à Caradigan, livre le combat... Il est vainqueur, et il se fait connaître comme neveu d'Arthur... Lanzelet est alors admis parmi les chevaliers de la Table Ronde; Iblis est reçue à la cour avec grand honneur ; et les chevaliers d'Arthur fêtent cet heureux dénouement.

Lanzelet se souvient de l'affront subi, en la personne du nain au fouet, devant la forteresse de Pluris, il s'y dépêche pour se venger.... Il apprend qu'on ne peux épouser la reine de Pluris que si on défait les cent chevaliers qui l'entourent... Personne n'a réussi, et on ne tente plus cette épreuve impossible ! Lanzelet ne peut résister au désir de l'affronter, bien qu'il n'ait pas le dessein de profiter de sa victoire....

Il combat et vainc les cent chevaliers. Mais la reine, s'éprend de lui et ne le laisse pas sortir de son château....

A la cour d'Arthur, sa disparition étonne, puis inquiète, surtout Iblis.

A suivre...

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L'Histoire de Lanzelet -1-

29 Juin 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Lanzelet, #Allemagne, #Contes Mythes Légendes, #Fée, #Lancelot, #Légende arthurienne, #Moyen-âge

En cette fin du XIXe siècle, Anna Laure a su rénover et moderniser le château de Fléchigné, propriété de sa mère, et où elle a passé son enfance…..

Le Blason de Fléchigné : d'argent, à la bande de gueules, et deux trèfles de sinople...

Ce château se situe dans le ' Passais ' ( le passage, la marche...) à la croisée de trois règions historiques, au sud du duché de Normandie, contre la Bretagne et le Maine. Non loin de la place forte de Domfront et de Lassay les Châteaux ... Nous trouvons, non loin également, Barenton, le site de la Fosse Arthour, Sept-Forges, Saint-Fraimbault...

 

Alors qu'Anne-Laure est jolie, et riche...; elle repousse tous les prétendants qui se pressent...

Enfin; à la grande surprise de ses proches, elle accepte l'hyménée avec un vieil homme: le comte de Sallembier.

Anne-Laure, unique héritière d'une riche famille de négociants qui a fait fortune dans le commerce des tissus au long du XIXe siècle, épouse donc le Comte de Sallembier, aristocrate – de trente ans de plus qu'elle - qui après une vie de célibataire longue et épicurienne, a su (?) monnayer son titre … Le 10 janvier 1900, elle met au monde un fils, qu'elle appelle Lancelot... Quelques années après son mariage, Georges de Sallembier, meurt subitement d’une fièvre typhoïde, à Paris...

Lorsque Anne-Laure et ses parents résidaient à Paris, elle eut la chance de vivre de nombreux moments privilégiés avec son grand-père Charles-Louis... C'était comme s'il vivait déjà dans un autre monde, et qu'il le lui faisait découvrir en le parcourant au moyen d'histoires... Ces histoires ne ressemblaient pas à celles que l'on raconte aux enfants pour les endormir... Non, celles-ci provenaient d'un temps parallèle au nôtre, qui avait eu son existence et la continuait... Il avait laissé des traces, des signes au-travers d'objets que l'on pouvait encore découvrir ci-ou-là dans des maisons, des églises, des châteaux, des musées ...etc ... Ces histoires réveillaient l'esprit, l'envie de connaître ; elles enchantaient l'âme en lui faisant découvrir son véritable lieu d'épanouissement …

Quand Charles-Louis parlait de l'Autre Monde, Anne-Laure entendait le Vrai-monde ; celui d'où elle venait, et où elle allait …

Son grand-père lui contait d'étranges histoires où se côtoyaient des fées, et des humains ; des gobelins et des paysans, des diables, des sorcières, des prêtres, des seigneurs .... L'histoire devenait bien plus qu'un conte ou une légende. Le ton, le réalisme déployé, en faisaient un enseignement de plus en plus sérieux, avec l'aide d'ouvrages, de gravures pour finalement – toujours - aborder le sujet essentiel de la Quête ; celle qu'animait secrètement les plus exemplaires de ses personnages... Cela commençait toujours au plus près de sa vie, en '' Passais'' ; ou souvent en Limousin – quand il était enfant – le relief était plus tourmenté, les routes carrossables inexistantes, des ''chemins creux'' entre forêts et tourbières, des villages isolés surmontés d'un château …

Une chapelle abandonnée gardait un secret. Seule une croix gravée rappelait qu'ici s'établissait une commanderie... Alors, le grand-père Charles, sortait l'anneau , ou une croix de fer... qui prouvaient que ceci n'était pas qu'une histoire ….

En grandissant, la petite Anne-Laure fut initiée à la légende arthurienne... Légende, signifiait qu'il ne servait à rien de consulter certaines personnes à son sujet ; il s'agissait d'une Histoire pour ''initiés''... cela se passait souvent en Bretagne ( la grande...) ou de l'autre côté du Rhin, en province allemande. Il n'était pas question alors de petite Bretagne, et encore moins de Brocéliande ( ou si peu …)

 

Ainsi, Anne-Laure se souvient d''un nom qui avait frappé son esprit, '' Lanzelet '' … Son grand-père Charles, feuilletait des livres aux lettres gothiques, avec des gravures médiévales... Ce personnage aurait pu lui sembler bien lointain, dans le temps, mais aussi géographiquement … Or Charles-Louis situait son histoire dans des lieux connus d'Anne-Laure....

 

Et si, je vous racontais, maintenant, l'histoire de '' Lanzelet '' …?

La Fée marine enlevant Lanzelet

Le roi Pant, le père de Lanzelet, règne en despote sur Genewis, le royaume de Gaunes... De plus, il traite les grands de son royaume sur le même pied que les petites gens, ce que ses vassaux n'acceptent pas; alors ils se soulèvent, dévastent le royaume... Le roi, est mortellement blessé, il expire auprès de sa femme Clarine... Elle a laissé de côté son enfant... Le roi meurt et les rebelles qui les poursuivaient arrivent et l'emmènent prisonnière. Un instant auparavant, la reine des fées marines, s'élevant comme une vapeur, a enlevé l'enfant et l'a emmené dans son merveilleux pays, invisible, situé au milieu de la mer. La fée n'a pas pris l'enfant sans motif : elle sait qu'il sera un chevalier sans pareil, et elle le destine à délivrer son fils Mabuz de son puissant ennemi et voisin, le géant Iweret de Dodone.

Lanzelet, élevè en pays de féérie, apprend aussi bien le maniement des armes que la musique ou le chant. Lui vient l'envie de connaître son nom mais la Fée ne le lui révélera que lorsqu'il aura vaincu son pire ennemi : Iweret. A l'âge de quinze ans, la fée lui apprend que le moment est venu pour lui de revenir dans le monde des mortels...

A suivre ...

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Romantisme allemand et Moyen-âge... Les Nibelungen

11 Juin 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Nibelungen, #Allemagne, #Art, #Contes Mythes Légendes, #Histoire, #Moyen-âge, #Mythe, #Romantisme, #XIXe

Nous sommes au milieu du XIXe siècle... L'Allemagne n'existe pas... L'idée romantique des nations, renvoient les états allemands à '' l'Europe '' du Moyen-âge...

''L'Europe'' au XIIIe s

« Le Saint-Empire qui s'était étendu de l'Oder à la Meuse, de la Baltique à la Méditerranée, est demeuré dans l'esprit allemand à l'état de permanente hantise, de chimère endormie, comme cet empereur Frédéric Barberousse qui l'avait porté au plus haut éclat » (1)

Des romantiques allemands, comme Novalis (1772-1801), nourrissent une immense nostalgie de ce temps médiéval, interprété comme le moment privilégié de l'unité de la chrétienté. Henri d’Ofterdingen (1799-1801) est un roman initiatique dont le héros est un ménestrel légendaire qui participe à une joute poétique dont l’enjeu est la vie

L'Allemagne des Hohenstaufen ( famille qui a donné plusieurs empereurs germaniques) voit l'éclosion d'une première littérature allemande, aristocratique, courtoise et chevaleresque... Nous avons en mémoire les Minnesänger, ces trouvères germaniques rassemblés lors de festivités de la Wartburg...

« La poésie est le réel absolu.Tel est le noyau de ma philosophie. Plus il y a de poésie, plus il y a de vérité ; » « La philosophie n’est que la théorie de la poésie, elle nous montre ce que doit être cette dernière, c'est-à-dire l’un et le tout » Novalis

La Chanson des Nibelungen ( XIIIe s.), est alors la plus célèbre des épopées …

Les Nibelungen, dont le nom signifie « Ceux de la brume » ou « Ceux du monde d'en bas », sont les nains des légendes germaniques. Ils possédaient de grandes richesses qu'ils tiraient de leurs mines en dessous des montagnes, là où ils habitaient. (wiki)

Je rappelle le thème de cette légende : Le héros en est le valeureux chevalier Siegfried, fils du roi de Néerlande, tueur de dragons, libérateur de princesses captives, et détenteur du fabuleux trésor des Nibelungen...

Il aide le roi burgonde Gunther à conquérir la main de Brunehilde ( une guerrière et walkyrie de la mythologie nordique) ; puis Siegfried épouse la soeur de Gunther, Kriemhild, réputée pour sa beauté au-delà de son pays natal...

Suite à des malentendus d'adultère … Siegfried est assassiné par Hagen, vassal de Gunther, qui va dérober et dissimuler le trésor... Kriemhild élabore une longue vengeance, dont l'issue est le massacre des Burgondes sur les rives du Danube. Kriemhild va épouser Attila, qu'elle n'aime pas. ; et invite alors à sa cour le meurtrier de Siegfried et le fait périr avec tous ceux des Burgondes qui ont pris sa défense, c'est-à-dire ses propres frères et bon nombre de guerriers. Après cette scène de carnage, elle reçoit le châtiment de sa démesure.

Kriemhild est hanté par son remords, 1805 de Henry Fuseli

Siegfried va prendre l'image de la force et de la volonté. Il est une image solaire ; mais va devenir aussi la figure du ''surhomme'', et une figure (wagnérienne) dot on va se méfier ( germes du fascisme...)

A cette écriture d'épopée, je rajoute le long et touffu poème du chevalier bavarois Wolfram von Eschenbach : Parzival où apparaissent les thèmes connus de l'occasion manquée et des épreuves accompagnant la quête de la relique du Graal.

La figure de Parsifal, est plus poétique et liée à la métaphysique... Elle sera reprise pour illustrer la crise de la spiritualité européenne, la désertion du sacré... jusqu'à la déclaration de la mort de Dieu...

La tradition de la mystique allemande du Moyen Âge se retrouve dans la philosophie idéaliste allemande... Maître Eckhart mène à Fichte, Schelling et Hegel.

« La renaissance du mysticisme allemand du haut Moyen Âge de Maître Eckhart, la théosophie de Jacob Boehme, la spéculation visionnaire de Swedenborg, les traces de la tradition cabbalistique chez Friedrich Christoph Oetinger, la découverte de la mystique indienne, sont présentés comme autant d’inspirations qui se manifesteront dans la philosophie de l’histoire et de la nature de Hegel et Schelling. » Ernst Benz : 'Les sources mystiques de la philosophie romantique allemande'.

 

Malheureusement, comme nous l'avons suggéré, le mythe va devenir une matière trouble avec le pangermanisme nationaliste et guerrier … et bien sûr le nazisme ; au risque de rejeter en bloc toute cette intuition métaphysique ( et géniale) du Romantisme ...

A suivre …

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Réflexion autour du Mythe ( et du Graal) , avec Schelling...

7 Juin 2019 , Rédigé par Perceval Publié dans #Schelling, #Allemagne, #Contes Mythes Légendes, #Mythe, #La Quête du Graal, #XIXe, #Romantisme

Réflexion autour du Mythe ( et du Graal) , avec Schelling...

Au XIXème siècle ( et déjà à la fin du XVIIIe s.) , des philosophes, des écrivains craignent que la '' Raison '' n'étouffe la sensibilité, l'imagination, la passion, le sentiment religieux... Revenir au ''moi'', au génie individuel ; c'est aussi se révolter contre le despotisme de l'état et de la religion, contre les conventions sociales... Ce mouvement se nomme '' Sturm und Drang '' …

Goethe et Schiller

Ces premiers philosophes du Sturm und Drang sont d'ailleurs des théologiens plus ou moins en rupture d'église... Hamann (1730-1788), Herder (1744-1803) …

Ce sera alors, Goethe... et Friedrich Schiller, qui a quinze ans l'année où paraît Werther...

Friedrich Höderlin (1770-1843) rencontre Hegel et Schelling, au célèbre séminaire de théologie de Tübingen... Poète de l'idéalisme allemand, admirateur de Kant... Dans un syncrétisme des mythes, il explore la cosmologie et l'histoire pour trouver un sens en ce monde incertain.

 

Un mysticisme de la nature : Chez Schelling, le Moi n'est plus la seule mesure de l'univers. Le monde qui nous entoure s'anime, révèle à l'initié ses mystères, son langage, son âme. La nature se dresse comme un temple...

En même temps certaines découvertes récentes de la physique et de la chimie, en particulier l'étude du magnétisme et du galvanisme, viennent alimenter l'imagination des romantiques : la Nature et l'Esprit deviennent les deux pôles de signes contraires qui s'attirent et aspirent à l'union, au mariage cosmique qui ramènera l'âge d'or dans le monde.

Die Frau mit dem Raben am Abgrund) , a c. 1803

Ludwig Tieck (1773-1853) redécouvre la poésie du Moyen Âge et s'en inspire dans une série de contes : Les Quatre Fils Aymon, Mélusine, Barbe-Bleue.

Le Conte : «  (…)  le réel, le temps (passé/présent), les lieux, les individualités (récurrence du thème du Double) ne sont plus garantis par des frontières sûres. Tieck applique ce même principe, participant d'un processus ironique théorisé au sein du Cercle d'Iéna par Freidrich Schlegel ou Novalis, à ses productions dramatiques du tournant du siècle. Il reste à ajouter que cette propension qu'a Tieck à brouiller la perception du lecteur préfigure l'Unheimlichkeit du Marchand de sable de E.T.A. Hoffmann, et que l'auteur d'Eckbert est généralement considéré comme le précurseur du conte fantastique allemand qu'incarnera en son plus haut point Hoffmann. » ( Wiki)


 

Pour Schelling, les dieux sont pour l'art, ce que les idées sont pour la philosophie... Tout art est mythologique.

Le Graal, représente une Idée... grandiose et trouble … Le Graal, comme œuvre d'art totale contient un désir d’immortalité et d’éternité... À travers lui, l’homme cherche à transcender sa contingence pour s’élever à l’égal de Dieu. De plus, le Graal unifie autour de lui : le moi, la collectivité et le monde.

Pour Schelling, la nature est l’Esprit encore inconscient de lui-même, et moi comme penseur, je me dois de la délivrer de sa gangue et de la faire parler comme si elle venait à la conscience … Fasciné par la beauté de la Nature, l’œuvre d'art n’est donc que la fascination de l’esprit pour sa propre vérité ensevelie dans le silence des choses :

« Ce que nous appelons Nature est un poème dont la merveilleuse et mystérieuse écriture reste pour nous indéchiffrable. Mais si l’on pouvait résoudre l’énigme, on y découvrirait l’Odyssée de l’esprit qui, victime d’une remarquable illusion, se fuit, tout en se cherchant, car il n’apparaît à travers le Monde que comme le sens à travers les mots » (Système de l’idéalisme transcendantal).

 

La Critique de la faculté de juger est publiée en 1790. Kant évoque lui aussi « le langage chiffré » de la Nature... Schelling s'interroge sur la véritable énigme, la présence de la réalité finie ; et non pas la présence de l'Absolu qui ne peut jamais, par définition, devenir objet de mon savoir...

Pourtant …. L'efficacité du mythe, est bien de réduire la distance entre les deux … ?

 

«Tu vois, mon fils, ici (dans le temple du Graal) le temps devient espace». Parsifal de Wagner ; cet espace sauve du temps et de la mort …

Claude Lévi-Strauss a entendu cette formule comme « la définition la plus profonde qu on ait jamais donnée du mythe»... »

 

N'oublions pas que c'est avec Schelling, que nous commençons à prendre les mythes au sérieux ; et admettre que l'homme s'est servi beaucoup plus de la pensée mythique que de la raison. Le mythe est né bien avant la philosophie ; il a fourni à l'homme une manière de penser le monde ; et, il est un élément de la Vérité …

La mythologie, s'est engendrée « dans la vie elle-même, et il a bien fallu qu’elle fût quelque chose de vécu et d’éprouvé» Schelling.

 

Le thème du Graal, s'est lui-même inscrit dans la Légende arthurienne. Il s'inscrit d'abord dans le mythe celtique puis nourrit la notion chrétienne de la misère de l'homme... De la ''Bretagne'' – avec le retour attendu du Roi Arthur - , à l'humanité – avec le Christ - ...

Aussi, le mythe d'Arthur illustre un christianisme fort teinté de paganisme …

Dans la Philosophie de la Révélation, Schelling considère le christianisme de la même façon qu'il a considéré la mythologie...

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