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salon

Rencontres dans le salon de Delphine de Girardin

Publié le par Perceval

La princesse de Belgiojoso - 1832 par Francesco Hayez

Au cours de ces années 1830, c'est le salon de Christine de Belgioso (1808-1871) qui servit à C.-L. De Chateauneuf d’initiation à l'entrée dans le ''monde''.

La ''princesse'' merveilleusement belle, charmait tous ceux qui l'approchaient. Elle a de nombreux amants ; mais peu peuvent revendiquer son amour... Trois hommes cherchent à être ainsi reconnu d'elle : A. de Musset, H. Heine, et Mignet se disputent cette reconnaissance. Finalement, c'est François Mignet historien, le père de sa fille, qui s'impose …

Mais, Christine de Belgioso, n'aurait eu qu'une passion : sa patrie. Contre l'Autriche, elle défend l'unité italienne, et soutient Charles-Albert de Sardaigne ( dynastie des Savoie). De 1848 à 1860, elle deviendra en Italie une héroïne...

 

Son salon, outre ses ''artistes '' proches - le poète allemand Heinrich Heine, le compositeur hongrois Franz Liszt, l'historien François Mignet, le poète Alfred de Musset... - est fréquenté de très nombreuses personnalités...

Le comte d'Apponyi - attaché à l'ambassade d'Autriche à Paris - ironise : « Outre la prétention d'être une seconde Sapho ou Corinne, elle se plaît à prendre la physionomie d'un spectre : elle est blême et blafarde. » et à propos de Musset : Il « se roule sur les canapés, met ses jambes sur la table, se coiffe d'un bonnet dans le salon, fume des cigares. » Rodolphe d'Apponyi, Vingt-cinq ans à Paris (1826-1850).

 

Échappant à l'emprise de la princesse, mais infiniment reconnaissant... Ch.-L. De Chateauneuf réussit à entrer dans un autre salon en vue qui, avec le mariage d'Emile de Girardin avec Delphine Gay, va attirer toutes les gloires littéraires...

Portrait de Delphine de Girardin 1824

Delphine de Girardin (1804-1855) va exercer son influence par son salon régulièrement fréquenté, entre autres, par Théophile Gautier, Honoré de Balzac, Alfred de Musset, Victor Hugo, Laure Junot d'Abrantès, Marceline Desbordes-Valmore, Alphonse de Lamartine, Jules Janin, Jules Sandeau, Franz Liszt, Alexandre Dumas père, George Sand et Fortunée Hamelin...

Delphine Gay, est la fille de Sophie Gay, femme de lettres connue, dans les milieux parisiens de l’Empire, pour ses romans sentimentaux. En juin 1831, Delphine – reconnue pour ses poèmes - et que courtisait Vigny, épouse Emile de Girardin qui va transformer la presse: quotidien bon marché, roman-feuilleton etc …


 

Charles de L'Escalopier, conservateur de la Bibliothèque de l'Arsenal, va faire rencontrer Charles-Louis avec des passionnés de l'histoire médiévale. Ainsi, il va rencontrer l'historien Augustin Thierry, qui est d'ailleurs un fidèle ami de Christine de Belgioso...

L'histoire médiévale va conduire Charles-Louis sur la voie de l'occultisme, qui se fait alors reconnaître, avec la rencontre de Jules de Rovère (1797-1864), puis celle d' Alphonse-Louis Constant (1810-1875)...

Les Belles femmes de Paris

A l'époque où Charles-Louis rencontre Alphonse-Louis Constant, celui-ci quitte le séminaire...

Il n'est pas anodin, d'en expliquer la raison : il vient de rencontrer le féminin... Il a en charge l'éducation religieuse d'une jeune fille, Adèle Allenbach... Il va alors ressentir, selon ses propos, « un besoin impérieux d'aimer ». « Elle fut mon initiatrice à la vie », affirme t-il. Son attachement effraie la fille ; et s'écarte de lui … Il préfère quitter ce qu'il avait construit depuis des années, le sacerdoce...

Il vit alors la ''bohème'' : dans des '' hôtels borgnes ( sans restaurant) garnis ( meublé) '' pour les étudiants, ou les grisettes ; des chambres parfois sans feu, avec la faim pour tenaille … Deux femmes vont l'aider à sortir de là … La première c'est Flora Tristan ; elle vient de fuir son violent de mari, et se bat pour garder ses enfants... Elle va le soutenir et l'inciter à développer ses dons de dessinateur. Il participe aux côtés de Alphonse Esquiros ( rencontré au petit-séminaire) notamment, à une éphémère publication mensuelle, ''Les Belles Femmes de Paris''. Pour sa revue, il parcourt les salons et rencontre Delphine de Girardin... Il soupire alors auprès de son cœur, et c'est elle qui initie le jeune ''abbé'' à l'occultisme …

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Le XVIIIe s. : La nature humaine, la conversation et David Hume. -2/.-

Publié le par Perceval

Chez le prince de Conti, au Temple, Marie-Charlotte Hippolyte de Boufflers servant le thé à l'anglaise dans le salon au Quatre Glaces

Chez le prince de Conti, au Temple, Marie-Charlotte Hippolyte de Boufflers servant le thé à l'anglaise dans le salon au Quatre Glaces

Je reviens à David Hume, qui va marquer de sa pensée, notre trio : de la Bermondie, d'Oisemont et Sinclair, toujours en recherche de nos fameux templiers, et à l’affût de ''nouveautés'' qui pourraient faire réapparaître le lien perdu et faire advenir une résurgence de l'Ordre disparu …

 

Le temps est aux ''nouveautés'' et David Hume est devenu l'idole des salons, en particulier celui de la très anglomane Comtesse de Boufflers (il parlait bien le français l'ayant étudié pendant trois ans à La Flèche). Hume est célèbre en France par ses ''Political Discourses'' aussitôt traduits en 1752, à la fois comme historien et comme philosophe. Quand il reviendra à Londres en 1766, il emmènera avec lui J.-J. Rousseau...

M.-Ch. H. de Boufflers peinte par Carmontelle

 

La Contesse de Boufflers (1724-1800) est la maîtresse du Prince de Conti : Femme brillante, spirituelle et sensuelle, elle est célèbre pour sa beauté et son esprit ; célèbre salonnière et femme de lettres française, elle est adulée et courtisée. Le comte de Tressan écrira sur elle cette épigramme : 

«Quand Boufflers parut à la Cour 
On crut voir la reine d'amour 
Chacun s'empressait de lui plaire 
Et chacun l'avait à son tour.
»

Et, son épitaphe ( par elle-même) est éloquente :

« Ci-gît dans une paix profonde,

Une dame de volupté
Qui, pour plus de sécurité,
Fit son paradis en ce monde.
»

 

On peut dire que la Révolution sera la fin d'un certain ''âge d'or'': celui du '' doux commerce des sexes'' – comme l'on disait - magnifié dans les «salons» où s'épanouissaient les personnalités féminines les plus fortes.

 

Je parlais d'anglomanie ; en effet les Anglais, avec Locke et Newton, se sont affirmés comme les maîtres à penser de l'Europe en ce XVIIIe siècle... De plus, politiquement: la théorie de la séparation des pouvoirs, invite à une réflexion sur la démocratie. Dès 1694, La Fontaine, lui-même eut la tentation de l'Angleterre : le Renard anglais, note comme une vérité incontestable : « Les Anglais pensent profondément, / Leur esprit, en cela, suit leur tempérament... »

 

Les salons sont « les Etats Généraux de l'esprit humain » c'est la définition que donne Hume du salon de madame Helvétius... Le salon donne à la monarchie civilisée française une harmonie intellectuelle et morale qui est l’œuvre même des femmes, fédératrices des opinions et dignes en cela, comme le voulait Morellet, d'une célébration publique ...

Portrait d’Anne-Catherine de Ligniville, Mme Helvétius

Anne-Catherine Helvétius ( 1722-1800) réunit d'abord rue Sainte-Anne puis, à partir de 1772, en son hôtel du 59, rue d’Auteuil, un cénacle appelé « société d'Auteuil » ; tous les écrivains, artistes et scientifiques ont fréquenté ce salon … Benjamin Franklin, lui fait sa cour en vain... et elle tient Cabanis comme son fils adoptif … On la dit affiliée à la loges des neuf sœurs..

 

David Hume, encore : « Les femmes étaient les souveraines du monde, de la conversation et de l’érudition. » Dans le même sens, Chantal Thomas, spécialiste du XVIIIe siècle, écrit : « Il y a quelque chose de fantastique, de surréel dans la représentation, soir après soir, et à heures fixes, en plusieurs hôtels parisiens, d’un spectacle centré sur l’art de la conversation. »

 

L'élite britannique se détourne à cette époque de l'université pour chercher son instruction dans '' la conversation ''qu'elle considère comme le ''grand livre du monde ''…

Jean-Jacques Rousseau fait la lecture devant Madame Dupin

Et la ''politesse '' : ingrédient nécessaire d'une culture civilisée est l’élément dans lequel se meut la pensée de David Hume ; en opposition à la manière scolastique... La ''politesse'' renvoie au raffinement des manières et au développement des arts, sciences et lettres … La politesse est essentiellement un art de la conversation qui inclut les règles de galanterie ( relation entre hommes et femmes)...

c'est ainsi qu'en 1798, Kant – lui-même écrit : « La nation française se caractérise entre toutes par son goût de la conversation ; elle est à ce point de vue un modèle pour les autres nations... »

Pour être validées, les productions de l'esprit ( sciences, arts et lettres) doivent passer par leur réception au sein de la société...

 

* Tout ça, pour arriver à la pensée de David Hume, que nous dévoilerons la prochaine fois …. - A suivre...

Benjamin Franklin à la cour de France

Benjamin Franklin à la cour de France

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Le XVIIIe s. : La nature humaine, la conversation et David Hume. -1/.-

Publié le par Perceval

Le XVIIIe s. : La nature humaine, la conversation et David Hume. -1/.-

Il ne sert à rien de philosopher sans les femmes ...

 

Selon Horace Walpole (1717-1797), trois choses sont à la mode « le whist, Clarisse Harlowe et David Hume »

 Horace Walpole, noble et homme politique anglais qui fut l'ami intime de Mme de Tencin, se fait ainsi construire un château de style médiéval sur la colline de Strawberry Hill. Le premier, Walpole va réunir les ingrédients du roman gothique historique dans ''le Château d'Otrante'' paru en 1764 : action située dans le passé mythique des croisades, décor médiéval, présence du surnaturel, personnages contemporains victimes des mystères du passé.

Clarisse Harlowe, est un roman épistolaire anglais de Samuel Richardson publié en 1748 ; l'héroïne fut une référence pour les écrivains du XVIIIe.. Lovelace, l’infâme séducteur précéda Valmont...

David Hume

David Hume (1711-1776), le grand philosophe écossais est francophile, ce qui ( pour un anglais) double sa faute d'être écossais …

De plus, il est ''sceptique''... et l'université bigote lui refusera un poste de professeur …

Auparavant, en conclusion d'une jeunesse studieuse, mais rétive, il part en France... A La Flèche, de 1735 à1737, il rédige le Traité de la nature humaine, dont les deux premiers livres sont publiés en 1739. C'est un échec. Il rentre à Ninewells. Portant, il vient d'écrire – très jeune - un chef-d’œuvre : il y a peu d’exemples d’une telle précocité en philosophie et, à ce degré de génie, peut-être aucun.

En 1745, il trouve un emploi d' "homme de compagnie" auprès du jeune marquis d'Annandale dont l'état mental se dégrade peu à peu.

De 1746 à 1749, il est secrétaire particulier du général Saint-Clair, qu'il accompagne dans ses voyages.

Le Général James Saint-Clair (1688-1762) ( de Sinclair, Fife et Balblair, Sutherland.) appartient bien-sûr au clan ''Sinclair'', et en 1735, St Clair achète le château de Rosslyn , qu'hériteront plus tard les héritiers masculins de ses sœurs. À la mort de son frère aîné John St Clair en 1750, il lui succède en tant que lord Sinclair , mais n'assumera jamais le titre, préférant conserver son siège à la Chambre des communes.

C'est sans-doute, lors de son passage à Paris que ''notre ''Sinclair et ami de J. L. de la Bremontie, rencontre le général Saint-Clair, et David Hume...

David Hume, rencontrera à nouveau, nos amis lors d'un séjour beaucoup plus long, alors qu'il est au ''sommet'' de sa renommée d’historien et d’essayiste, de 1763 à 1766. À l’époque, c’est en France qu’il est le mieux accueilli : « ici je ne bois que du nectar et marche sur des fleurs », confie t-il.

En effet, Hume accompagne alors en France Lord Hertford, nouvel ambassadeur dont il est le secrétaire.

« La France est le pays des femmes. » dit David Hume.

Les voyageurs étrangers, quand ils arrivent en France, sont frappés par la ''facilité'' des relations entre les deux sexes. Cet art de vie ensemble, est appelée alors la galanterie. On considère qu'en France hommes et femmes sont '' activement mêlés''...

En Italie, la présence de chevaliers servants, les fameux sigisbées, empêchent d'avoir accès aux Florentines de la bonne société, ce dont les voyageurs français se plaignent …

Parmi les règles de galanterie de ce XVIIIe siècle, et c'est Mme de Genlis qui le souligne: c'est celle de ne jamais placer les gens à dîner. Sauf chez quelques bourgeois cérémonieux ou dans les réceptions officielles de la Cour, on laisse, dans la société, celle des salons, les convives s'asseoir en toute liberté afin que les deux sexes puissent se fréquenter selon leur humeur.

 

Le célèbre salon bouton d'or de Madame du Deffand est un salon où seul l'esprit le plus raffiné a ses droits, et où se mêle harmonieusement le savoir-vivre aristocratique et le goût littéraire.

Des écrivains célèbres, Voltaire, Montesquieu, Marmontel, La Harpe, Marivaux, Sedaine et Condorcet peuvent y rencontrer les Anglais de passage à Paris comme Gibbon, Hume, Lord Shelburne et Horace Walpole. Une femme de lettres britannique, comme la vertueuse Hannah More, est choquée de savoir qu'en France une Mme Deffand, séparée de son mari, et affichant paisiblement ses liaisons, est cependant reçue dans la meilleure société parisienne...

Et, Hume regrette qu'à Londres, on claquemure les femmes, et dans cette société ''convenable'' on n'y trouve ni plaisir ni politesse, et pas davantage le sel de la raison … ( cf Les Mots des femmes: Essai sur la singularité française, Par Mona Ozouf )

A suivre ...

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