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roi arthur

La légende de Merlin l'enchanteur. - 2/3 -

Publié le par Perceval

La pierre merveilleuse

Seize années s'écoulèrent. Uter Pendragon mourut, deux ans après Ygerne. Comme il n'avait point d'héritier direct, les barons du royaume trouvèrent une solution très simple : demander à Merlin de leur en désigner un.

- Attendez le jour de Noël, répondit Merlin. Donc, la veille de Noël, les barons se réunirent à Londres et parmi eux se trouvait Antor avec Keu et Artus, ses deux enfants dont il ne savait à présent lequel il préférait. En procession, ils allèrent tous à la messe de minuit, puis, selon la coutume, à la messe du jour. Quand ils sortirent de l'église, ils entendirent des cris, tout un brouhaha et ils demandèrent ce qui se passait d'extraordinaire.

On leur montra une grosse pierre au milieu de la place, venue on ne sait d'où, qui ne ressemblait à rien, avec à son sommet une enclume de fer dans laquelle une épée se trouvait fichée jusqu'à la garde. Vous pensez si les langues allaient bon train. Chacun cherchait une explication à ce phénomène.

 

- Cela vient du ciel, disaient les uns.

- Du ciel ou de l'enfer, répliquaient les autres.

- D'où qu'elle soit, il nous faut bénir cette pierre, dit l'évêque. Tout en s'apprêtant à accomplir ce geste pieux, il se baissa et fronça les sourcils : ce qu'il venait de découvrir le laissa quelques secondes sans voix. Puis il lut clairement, de telle façon qu'ils fussent entendus de tous, ces mots inscrits en lettres d'or sur la pierre : Celui qui ôtera cette épée sera le roi.

Il y eut alors une véritable bousculade. Tous les barons, puissants et hauts seigneurs, se précipitèrent pour lire à leur tour ces mots magiques et certains voulurent tirer au sort pour décider qui en ferait les premiers l'essai. Une querelle s'ensuivit et l'on entendait déjà le cliquetis des armes, quand l'évêque intervint en choisissant lui-même deux cent cinquante chevaliers pour tenter l'aventure. Or, pas un, malgré beaucoup de force, d'adresse et de bonne volonté, non, pas un ne parvint à faire bouger l'épée. Qui en fut amusé ? Keu et Artus, ces deux grands adolescents de seize ans qui observaient la scène d'un oeil critique. Estimant qu'eux aussi avaient droit à cette étrange « course à l'épée », la prenant comme un jeu, ils s'approchèrent de la pierre fabuleuse. Artus dit :

- Voyons si je pourrai... Mais avant qu'il eût achevé sa phrase, il tirait 1'épée par la poignée et la montrait à Keu et à Antor médusés.

- Beau fils, est-ce toi qui serais désigné... ? murmurait Antor. Déjà des barons accouraient, déjà des protestations véhémentes s'élevaient. Avait-on jamais vu un homme de naissance obscure devenir roi de Bretagne ? Il fallut, une fois encore, l'intervention de l'évêque pour calmer les esprits.

- Or ça, Messieurs, que diriez-vous de la Chandeleur pour recommencer l'expérience ? fit le prélat.

Arthur retire Excalibur du rocher, par Loïc Tréhin

La proposition fut adoptée, et, avec quelle impatience, tous attendirent la Chandeleur. Quand ils purent de nouveau tenter leur chance, il n'y en eut aucun qui ne montra joyeux visage. Seul Artus tira, avec autant de facilité que si elle avait été enfoncée dans une motte de beurre, la fameuse épée... Pouvait-on imaginer, dès lors, qu'il n'était pas l'élu de Dieu ?

Artus fut donc sacré roi de Bretagne et la pierre merveilleuse disparut. Cependant, à cette lointaine époque comme aujourd'hui, l'unanimité n'était pas facile à faire. Et des esprits chagrins contestèrent la légitimité du roi Artus. Voilà pourquoi onze des plus puissants barons s'assemblèrent bientôt ; ils décidèrent alors de lui déclarer la guerre. Déterminés à vaincre ou à mourir, ils firent le siège du château de Kerléon où Artus s'était enfermé. Ils allaient lancer un dernier assaut contre la forteresse, quand Merlin intervint, les regardant de travers comme quelqu'un qui est très mécontent.

Du haut d'une tour, il leur expliqua qu'Artus n'était pas le fils d'Antor, ni le frère de Keu, mais qu'il appartenait, par sa naissance, à un rang beaucoup plus élevé qu'aucun d'entre eux...

Et pour confirmer ce qu'il avançait, il leur conta l'histoire d'Uter Pendragon et d'Ygerne. Allez donc convaincre des barons bretons ! Ceux-ci s'entêtèrent à déclarer qu'ils ne voulaient pas d'Artus pour roi, car c'était un bâtard. Merlin, qui les voyait réunissant déjà leurs bannières pour reprendre le combat, fit alors un grand geste, jetant ainsi un enchantement. Instantanément, toutes les tentes des barons rebelles se mirent à flamber. L'incendie crépitait pendant que dans une terrible mêlée, les gens d'Artus et les gens des barons luttaient et s'entretuaient. Artus eut sa lance rompue.

Et quoiqu'il fût assez mal en point, il tira aussitôt son épée, celle qu'il avait arrachée à la pierre merveilleuse. Elle portait un nom : Escalibor, ce qui signifie en hébreu « tranche fer et acier », et elle jetait autant de clarté que deux gros cierges allumés. Tout ragaillardi, Artus s'élança de nouveau dans le combat et tailla en pièces l'armée des rebelles, aidé de Keu devenu son sénéchal, d'Antor, et de beaucoup d'autres de ses fidèles, si bien qu'à la fin de la journée, les barons avaient fui, si honteux que plus ne se peut, laissant armes et vaisselles d'or et d'argent sur le terrain.

Départ pour la Carmélide

Quand le roi Artus constata les grands pouvoirs de Merlin, songeant qu'il ne pouvait se passer d'un aussi précieux concours, il l'invita à venir vivre à la cour, laquelle se tenait alors à Londres. Merlin lui conseilla de faire don, en quantité, de vêtements, d'argent et de chevaux, et d'armer nombre de nouveaux chevaliers. Artus se rendit à cet avis et ainsi se gagna les coeurs. Tous acquirent alors la conviction qu'ils ne pouvaient vivre ailleurs.

Un jour, Merlin, qui connaissait l'avenir, dit a Artus :

- Sire, le moment est venu de vous engager comme simple chevalier au service du roi Léodagan de Carmélide. Vous en tirerez grand avantage. Il se garda bien d'en dire plus, bien que le roi poussât de grands cris. Quoi ! Laisser sa terre pour prêter main-forte au vieillard qu'était Léodagan, lequel avait maille à partir avec de redoutables voisins... Merlin n'y pensait pas. Or, Merlin s'obstina.

- Partez, Sire, sans tant vous inquiéter, et vous verrez ce qui arrivera. Cependant... Il s'interrompit, se lissa la barbe, et lorsque Artus lui eut demandé de poursuivre, il dit : - Cependant, emmenez donc avec vous le roi Ban de Bénoïc et le roi Bohor de Gannes, qui sont du reste en route, à cette heure, pour vous rendre hommage. Ces deux frères, rois de Petite Bretagne, ont toutes les qualités de chevaliers.

Artus fut sage et vit bien que son intérêt était de faire ce que lui conseillait Merlin. Aussi se réjouit-il de la visite des deux rois et il annonça qu'il allait immédiatement donner des ordres pour qu'il y eût en leur honneur fêtes et tournois. Merlin, cependant, soupira.

- Eh bien, dit Artus, ne dois-je point faire tendre de soieries et de tapisseries, et joncher d'herbe et de fleurs les rues de Londres ?

- Certes, répondit Merlin. Il vous sied de recevoir magnifiquement. Et je gage qu'il ne manquera à votre accueil qu'une reine...

Artus ne dit mot, se demandant vaguement pourquoi Merlin regrettait aujourd'hui l'absence d'une reine, et s'il était vraiment urgent d'en donner une au royaume de Bretagne. Quelques semaines plus tard, quarante preux, parmi lesquels se trouvaient Artus, Ban de Bénoïc et Bohor de Gannes, parvenaient en Carmélide et se présentaient, en se tenant par la main, au roi Léodagan, qu'ils saluèrent l'un après l'autre. Le roi Ban, qui était le plus éloquent et le plus bavard de tous, dit à Léodagan que ses compagnons et lui-même lui offraient leur service, mais à une condition.

- Messire, fit Léodagan intrigué, quelle est cette condition ? Alors Ban lui demanda de promettre de ne jamais chercher à savoir leurs noms véritables. Comme c'était là coutume assez courante, Léodagan s'inclina. Bientôt, les guetteurs donnaient le signal, apercevant au loin les premiers coureurs ennemis et la fumée des incendies. Il y eut grand branle-bas de combat. Artus et ses compagnons s'assemblèrent sous la bannière de Merlin, où un petit dragon à longue queue et une tortue semblaient lancer des flammes.

 

La bataille fut violente, les assaillants paraissant décidés à tout mettre en oeuvre pour obtenir la victoire : et les lances se heurtèrent et les épées frappèrent les heaumes et les écus, dans un tel tintamarre que le tonnerre n'eût pu se faire entendre. Or, il advint que les gens de Léodagan furent, un moment, en mauvaise position, enfoncés par les gens du redoutable roi Claudias de la Déserte. Léodagan fut même renversé de son cheval et pris par ses ennemis. Merlin le sut dans le même instant.

- À moi, francs Chevaliers ! s'écria-t-il en apparaissant sur le champ de bataille et en levant son enseigne flamboyante. Artus et ses compagnons, qui luttaient avec rage, arrivèrent aussitôt au grand galop.

- On verra qui preux sera ! cria encore Merlin. Puis il donna un coup de sifflet, et un vent impétueux se leva qui fit tourbillonner un immense nuage de poussière derrière lequel nos quarante compagnons, lâchant le frein et piquant des deux, coururent sus aux ennemis aveuglés. Ceux-ci abandonnèrent le roi Léodagan sur le champ de bataille, et, têtes baissées, sous une grêle de traits, s'enfuirent à toutes jambes. Les gens de Léodagan s'empressèrent alors de lui donner un cheval et de nouvelles armes, puis tous repartirent à bride abattue derrière leur porte-enseigne.

À ce moment, le dragon de l'enseigne de Merlin se mit à vomir des brandons enflammés, si bien que tout s'embrasa et que les derniers résistants lâchèrent pied. Seul un géant, le duc Frolle, eut encore le courage de prendre à deux mains sa masse de cuivre, si lourde que peu d'hommes eussent pu la soulever, et se mit à en asséner des coups autour de lui.

Artus s'élança à sa poursuite, son épée Escalibor à la main. Frolle tira la sienne ; elle avait nom Marmiadoise. Dès qu'elle jaillit hors du fourreau, si grande était la clarté qu'elle répandait, que le champ de bataille en fut illuminé et qu'Artus fit un pas en arrière.

 

- Sire chevalier, dit alors le géant, je ne sais qui tu es, mais pour ta bravoure, je te ferai grâce. Rentre ton arme et je te laisserai aller. À ces mots, le roi Artus sentit le rouge de la honte lui monter au visage.

- C'est à toi de mettre bas cette épée, dit-il, et sache que le fils d'Uter Pendragon ne recule pas devant la mort.

- Serais-tu donc le roi Artus ? Et aussitôt le géant se jeta sur lui, mais Artus sut adroitement 1'éviter et se défendit grâce à Escalibor ; il lui en donna un si grand coup sur le bras que Frolle laissa choir son épée. Étourdi, il fut emporté par son cheval dans la forêt immense.

Quand la nuit s'installa, le calme régnait. Les rois Ban et Bohor demandèrent à Artus s'il n'avait point trop de mal.

- J'ai réussi au-delà de toute espérance, dit-il. C'est ainsi qu'en plus de mon épée Escalibor, qui a fait merveille, j'ai pu ramasser Marmiadoise, 1'épée du géant Frolle, qui étincelle comme un diamant dans l'ombre.

Guenièvre de Carmélide

 

Déjà les tables étaient mises pour le repas quand arrivèrent au palais de Léodagan nos trois rois et Merlin. Léodagan, les attendant, s'était appuyé à une fenêtre. Et dès qu'il les vit venir, il alla à leur devant et leur fit fête. On leur prit leurs chevaux, on les désarma, et on les conduisit par la main dans une salle richement ornée où une demoiselle d'une grande beauté leur présenta l'eau chaude dans un bassin d'argent.

C'était la fille de Léodagan, Guenièvre, et on ne pouvait alors trouver plus belle personne en Bretagne. De sa main, elle leur lava le visage et le cou, qu'ils avaient couverts de poussière du champ de bataille, et elle leur passa à chacun un fort élégant manteau.

 

Dès l'instant où Artus en fut revêtu, il plut à Guenièvre, qui ne fut pas longue à comprendre que lui aussi l'observait à la dérobée, avec un intérêt mêlé d'admiration. Ses grands yeux bleus pétillèrent alors de gaieté, ce qui la rendit encore plus attrayante, si la chose se pouvait. Léodagan conduisit ses hôtes à table, et il remarqua qu'Artus prenait place entre Bohor et Ban. Ignorant, d'après leurs conventions, qui ils étaient, il supposa qu'Artus était le seigneur des deux autres. « Plût à Dieu qu'il épousât ma fille, c'est un parfait chevalier et un homme de haut rang », songea-t-il.

 

Cependant, Guenièvre offrait le vin à Artus dans la coupe du roi, agenouillée devant lui, et il la trouva si belle qu'il en oubliait de boire et de manger. Il se tourna légèrement pour que ses voisins ne vissent point son émoi, mais Guenièvre, elle, s'en aperçut très bien.

- Messire, buvez, lui dit-elle, et ne m'en veuillez pas si je ne vous appelle point par votre nom, car je l'ignore. Ne soyez pas distrait à table, ne l'étant point aux armes, comme nous avons pu le constater aujourd'hui. Alors, il prit la coupe et but.

 

Les nappes ôtées, Ban vint s'asseoir à côté de Léodagan. Et lui qui aimait tant discourir, il lui fit maints compliments de Guenièvre.

- Sire, lui dit-il encore, il arrive un moment où il nous faut songer à l'avenir. Or, vous n'avez pas d'autre enfant qui puisse hériter de vos terres. N'est-ce point imprudent de ne pas la marier ?

- Il y a sept ans que le roi Claudius de la Déserte me fait la guerre, répondit Leodagan en soupirant. Et je n'ai pas trouvé le temps de penser à ma fille. Mais s'il se présentait quelque gentilhomme qui puisse me défendre, je la lui donnerais volontiers et il aura ma terre après moi, je ne regarderai ni au lignage ni au rang. En entendant ces propos, une lueur de malice passa dans les yeux de Merlin, qui émit un petit grognement amusé. Puis, ayant accompli sa mission, il partit.

Viviane

En ce temps-là, il y avait au coeur de l'Armorique une vaste forêt qui allait de Fougères à Quentin, de Corlay à Camors, et de Faouët à Redon. C'était la forêt de Brocéliande. Le vent y jouait constamment et les arbres s'inclinaient en des révérences sans fin, sur une étendue qui mesurait bien trente lieues de longueur et vingt de largeur. À travers cette forêt erraient des créatures extraordinaires comme fées et sylphes.

Il y avait Dyonas, qui était filleul de Diane, la déesse des bois, et dont la fille, Viviane, rôdait jour et nuit parmi les arbres et s'amusait avec les papillons.

Un jour qu'elle se trouvait assise près d'une source où les korrigans et les fées venaient habituellement se mirer, elle vit passer un très beau jeune homme, haut de taille et brun de cheveux, qui allait à pas de promenade, fredonnant pour lui-même. Arrivé près d'elle, il s'arrêta, s'appuyant sur une branche, et la salua, mais sans ajouter un mot de plus.

 

C'était Merlin, qui sentait battre si fort son coeur devant la grande beauté de cette jeune fille, qu'il redoutait de perdre sa liberté d'esprit. Eh ! oui, Merlin savait qu'il venait de rencontrer Viviane, il savait qu'il était désigné pour l'aimer et être aimé d'elle, et qu'il lui serait soumis entièrement dès qu'ils se seraient entretenus tous deux.

Or, Viviane, comme toute femme, était curieuse, et elle lui demanda :

- Qui êtes-vous, beau Sire ?

- Je suis un valet errant qui cherche le maître qui m'apprenne mon métier.

- Peut-on savoir quel métier ? Merlin s'assit au bord de la source, prenant place près de Viviane et répondit :

- Par exemple, à soulever un château fort, fût-il assiégé par des soldats. Ou bien à marcher sur un étang sans se mouiller les pieds, ou bien encore à faire naître une rivière et beaucoup d'autres choses...

 

Viviane battit des mains :

- Quel beau métier ! Ah ! je voudrais vous voir à l'oeuvre. Je serais alors votre amie, en tout bien tout honneur, ajouta-t-elle, coquette. À ces mots s"augmenta 1'émoi de Merlin, qui accepta de lui montrer une partie de ses jeux et de ses talents. Il y mit pourtant une condition :

- Que j'aie votre amour, sans vous demander plus. Viviane jura qu'elle y consentait. Alors, avec la branche sur laquelle il s'appuyait, Merlin traça un cercle sur le sol. Ce geste étonna Viviane ; elle promenait ses yeux autour d'elle et ne voyait rien d'extraordinaire, mais, quelques secondes plus tard, surgirent de belles dames et de beaux messieurs qui faisaient une grande ronde et chantaient joyeusement. Certains se mirent à danser sous les arbres soudainement chargés de fruits, tandis qu'au loin se profilait un château devant lequel s'étendait une pelouse avec de grands parterres de fleurs.

On eût dit que Merlin avait fait naître le paradis.

Fascinée, Viviane observait lentement toutes choses, s'arrêtant devant les danseurs, tentant de fredonner leurs refrains.

- Que vous en semble ? dit Merlin. Etes-vous toujours preste à tenir votre serment ?

- Certes, Messire, et de coeur je vous appartiens. Mais vous ne m'avez encore rien appris...

- Je le ferai un jour, c'est promis. Dès que la lune brilla, les belles dames et leurs cavaliers disparurent, ainsi que le château, seul demeura le verger, à la prière de Viviane, qui le nomma « Repaire de joie et de liesse ».

- Maintenant, dit Merlin, je dois partir.

- Êtes-vous donc si pressé de me quitter ? Et sans m'avoir rien enseigné encore...

- Il faut du temps, gentille Damoiselle...

Mais Viviane voulait connaître tout de suite le secret de Merlin : elle était prête à demeurer là toute la nuit et même à consentir à tout ce que Merlin exigerait, quand elle saurait comment on accomplissait de tels prodiges. Alors Merlin lui expliqua la manière de faire couler une rivière où il lui plairait. Viviane contemplait cette eau merveilleuse avec extase, après avoir écrit la recette sur un parchemin. À peine s'aperçut-elle que Merlin la saluait en lui promettant de revenir bientôt.

Fiançailles d'Artus

Merlin s'en retourna en Carmélide, où le roi Léodagan l'accueillit avec joie. Mais il se demandait toujours qui pouvaient bien être ceux qui l'avaient si courageusement aidé à vaincre ses ennemis.

Le seul moyen de faire taire sa légitime curiosité était, lui semblait-il, de poser la question à Merlin. Ce qu'il fit un beau jour.

- Sire, répondit Merlin, en désignant Artus, sachez que ce jeune homme est de plus haut rang que vous-même, qui êtes un roi couronné. Nous allons de par le monde pour le mieux connaître et en espérant trouver une épouse digne de ce jeune homme...

 

Vous vous doutez bien que Léodagan songea immédiatement à lui offrir sa fille, la plus belle et la plus sage qui fût... Comme Merlin l'assurait qu'elle serait acceptée de bon coeur, il la fit quérir à l'instant même.

Quand Guenièvre fut là, il manda tous les chevaliers qui étaient au palais et dit, en mettant la main de la jeune fille dans celle d'Artus :

- Messire, dont j'ignore encore le nom, recevez ma fille pour femme avec tout ce qu'elle aura d'honneurs et de biens après ma mort. Artus, radieux, s'inclina.

Merlin révéla alors le nom des quarante preux, tous fïls de roi et de reine, qui avaient accompagné Artus, roi de Bretagne, celui-là même qui venait de se fiancer.

À cette nouvelle, la joie de Léodagan et des assistants fut immense, et tous firent hommage au roi Artus. Cependant, quelques jours après, Artus annonça qu'il se voyait dans l'obligation de s'éloigner quelque temps, car il lui restait encore des ennemis à vaincre.

Alors, Guenièvre lui donna un heaume pour se couvrir la tête, et il partit à cheval, suivi de ses quarante compagnons.

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Sur les pas du Roi Arthur -3/.-

Publié le par Perceval

Dans la saga des Chevaliers de la table Ronde, les habitants de ce pays correspondent d’abord à des types.

Type de la traîtresse : plusieurs récits racontent comment un chevalier, toujours plein de bonne foi, se fait abuser par une perfide demoiselle, elle est alors originaire du Northumberland.

Gauvain relate comment un chevalier aux armes vermeilles fit naguère irruption à la cour d’Arthur, embrocha deux ou trois chevaliers et emporta une demoiselle. Or ce chevalier vermeil était un chevalier de Northumberland prénommé Heliadel.

Le roi de Northumberland préside à des jugements iniques, prenant la calomnie pour véridique... De plus, il cautionne le tribut que deux géants imposent à toute sa contrée.

 

Le royaume de Gorre, qui reste une trace du Northumberland, est évoqué chez Chrétien de Troyes : c'est le royaume de Baudemagu qualifié du pays « d'où nul ne revient. ». ( Chevalier de la Charette).

Il s'agit d'un pays de l'au-delà auquel Lancelot parvient en franchissant le Pont de l'Epée. Gorre vient de gouffre, gosier : une gueule d'enfer ( dans l'imagerie médiévale) . C'est là qu'est emprisonnée la reine Guenièvre emmenée par Méléagant...

Dans la mythologie irlandaise, Gorias est aussi le nom d'une des îles au nord du monde où l'on va chercher l’initiation ( c'est dans le royaume de Gorre que Lancelot apprendra son nom)

 

Continuons la visite du Northumberland, avec la carte suivante : le Soleil.

Cette carte nous conduit au-delà du ''lunaire''. Dans le texte ''vision prophétique de Merlin'', on y trouve un cavalier sur un cheval blanc qui régule les rivières. « Quand le disciple est prêt, le maître arrive » dit-on ; ce maître, ce guide est ici Merlin lui-même...

Si je suis prêt ; c'est que j'ai trouvé cette 'force', c'est que je sais qu'elle m'habite, et que j'en connais la source ...

 

Le personnage fétiche et énigmatique de la légende du Graal, légende – pourtant - portée ensuite par des narrateurs cisterciens, est le mage Merlin adepte des anciennes traditions païennes...

C'est avec lui, qu'il convient de commencer notre route. Comme toute légende, son fondement se veut géographique et historique... Selon Norma Lorre Goodrich, le personnage serait apparu lors d'une période tragique de la Grande-Bretagne, située vers la fin de l'Empire romain, Merlin aurait vécu entre le milieu du Ve siècle et la fin du VIe siècle...

Certaines histoires ramènent Merlin à Myrddin, petit roi de tribut dans la foret de Kelyddon. Il serait devenu fou au cours de la bataille de d'Arderyd, au nord de Carlisle. C'est l'origine de la légende de Merlin, le « Fou du Bois ».

C'est sous la plume de Geoffroy de Monmouth au XIIe siècle, qu'est transcrit – pour la première fois - ce nom de Merlin (Merlinus), Myrddin en gallois et Merzhinn en breton.

Geoffroy de Monmouth mêle l'histoire du « Fou du Bois » à celle de « L'Enfant qui parle », et donne ainsi au personnage sa dimension de mage et de devin, fils d'un démon. Les manuscrits gallois ont conservé des poèmes attribués au « barde » Myrddin, et il est à peu près sûr que certains d'entre eux sont, sinon authentiques, du moins issus d'une tradition orale remontant avant cette époque.

Arthur vit une époque où la tradition ancienne et moribonde (le monde druidique) fait face au monde chrétien alors en pleine expansion.

Merlin est un guide, il est là pour montrer une réalité cachée qui échappe au commun des mortels. Chaque fois qu'on lui pose une question, il se met à rire, parce qu'il sait que celui qui la pose connaît la réponse mais ne veut pas la dire ou ne sait pas comment la dire. Il a un rôle nécessaire, sans lui personne ne se poserait de question et personne ne trouverait la voie à suivre.

Lié aux forêts et aux lieux sauvages, incarnant une sorte d'esprit universel en lien avec les rythmes cosmiques de la nature, l'enchanteur Merlin met ses pouvoirs au service de la Bretagne. Entre ses apparitions au milieu des hommes et à la cour, les auteurs du Lancelot-Graal, le font rejoindre dans la forêt de Northumberland une demeure appelée "l'Esplumoir". Là l'attend un prêtre nommé Blaise qui a pour mission de consigner l'histoire du royaume breton.

Le trait mythique le plus important qui caractérise Merlin est son pouvoir de métamorphose : être protéen, il peut à volonté prendre la forme d'un animal, en particulier d'un cerf, créature liée à la forêt et symbole de souveraineté, ou parfois l'apparence d'un homme sauvage ou d'un gardien des bois, mi-homme mi-animal. Selon les circonstances, il revêt d'autres formes : celle d'un paysan ou d'un moine ou celle d'un enfant ou d'un vieillard. Il a aussi le pouvoir de transformer les autres ; ainsi grâce à lui le roi Uter prend l'apparence de son vassal, le duc de Tintagel et peut ainsi confondre et séduire sa femme Ygerne. Omniscient, Merlin domine la condition humaine et se met au service des hommes.

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Sur les pas du Roi Arthur -2/.-

Publié le par Perceval

Pour revenir à ce premier trio de carte... Observons l'arcane de La Lune :

Dans un voyage, il y a d'abord la découverte des paysages. Dans une histoire, également : est décrit la terre, sa diversité de paysages et de créatures... Également, apparaissent, ses dimensions cachées : des forces ou des influences invisibles, inconscientes. Les histoires traiteront de naissance et de mort, elles peuvent indiquer les premières étapes de transformation ou d’initiation...

Les mystères cachés derrière les éléments naturels sont représentés par des êtres 'élémentaux' comme les fées ou les génies des lieux ( figures d’animaux...)... Ces êtres révèlent des états de conscience, et expriment des pensées, des émotions ou des énergies liées à ce monde 'lunaire' et donc terrestre...

 

Avant même de partir,

Viviane nous entraîne dans un pays qui '' n'existe pas '' portant, dans notre histoire nous le nommons, nous le désignons même sur la carte : il s'agit du Northumberland.

 

Notre parcours commence dans un territoire inhabité, couvert de forêts : terre inculte aux franges de la civilisation.

Ce sera donc le Northumberland, et elle sera la terre des confins.

Le Northumberland de Grande Bretagne est intégré à un réseau de royaumes étranges, et peu comme le redoutable royaume de Gorre... Le Northumberland est associé à un ''autre temps''...

Un temps qui précède même celui de Merlin, puisque c'est avant le ''passage'' . Ici règne un monde inculte et sauvage … Le rôle de Merlin sera d'en faire un monde organisé, l'espace de la cour arthurienne …

De cette origine terrestre, de ce limon, qu'est-ce qui en moi demande à advenir ?  

 

Le Northumberland
Le Northumberland

Le Northumberland

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Sur les pas du Roi Arthur -1/.-

Publié le par Perceval

Sur les pas du Roi Arthur -1/.-

Depuis longtemps je souhaitais mettre mes pas dans ceux de la légende arthurienne, sur le sol anglais ; au plus près de l'origine du mythe...

Un voyage comme celui-là se prépare, pour être prêt à recevoir non seulement, ce que le pays garde en patrimoine, en paysages ; mais aussi ce qui ne peut pas s'écrire dans un guide de voyage, qui n'est pas de l'ordre de la foi, mais de l'Esprit et de l'esprit même de la Légende...

Ce voyage se prépare en amont, avec ce que j'ai déjà compris de la '' Quête du Graal '' ; de la Légende avec ses contes et ses images … C'est cette préparation particulière, que je décris dans ces cinq ou six articles, avant même de partir …

L'occasion de partir et tenter ce chemin m'a été facilité grâce aux interventions de Viviane, une belle femme rousse qui s'exprime par l'intermédiaire des cartes du Tarot.

Les trois premières cartes sont la Lune, le Soleil et l’Étoile.

La tradition de Merlin est fondée sur l'idée d'Espace Sacré, avec toutes les énergies et la conscience tournant autour des trois Mondes – de la Lune, du soleil et de l'Etoile...

La Tradition de Merlin, enseignée par une femme : Viviane voit la création comme un ensemble de trois roues :

  • La première Roue représente le monde lunaire ( centré sur la Lune) qui comprend les planètes dont la terre.

  • La deuxième Roue est le monde solaire, centré sur le Soleil, l'au delà du Lunaire ...

  • la troisième Roue : le monde Stellaire, centré sur … l'Inconnu, ou le vide, ou l'au-delà du Solaire ...

Viviane - appelée aussi Niviène ( céleste - le gallois 'nef', le breton 'nenv' signifient 'ciel' ) dans le Roman de Merlin - est une fée des eaux et une magicienne... Deux figures vont fusionner dans ce personnage : la marraine de Lancelot et la geôlière de Merlin.

Sur les pas du Roi Arthur -1/.-
Sur les pas du Roi Arthur -1/.-
Sur les pas du Roi Arthur -1/.-

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King Arthur de Guy Ritchie - Bande Annonce Officielle

Publié le par Perceval

King Arthur de Guy Ritchie - Bande Annonce Officielle

Voici la Bande Annonce Officielle du film de Guy Ritchie. Avec : Charlie Hunnam, Aidan Gillen, Djimon Hounsou, Astrid Bergès-Frisbey, Jude Law, Eric Bana

La sortie est prévue le 22 Mars 2017

Synopsis de ''King Arthur'' -. Jeune homme futé, Arthur mène sa bande et fait régner l'ordre sur les faubourgs de Londonium. Il ne se doute pas encore du destin auquel il est promis… Pourtant, le jour où il s'empare de l'épée Excalibur, il empoigne du même coup son avenir. Dès lors mis au défi par le pouvoir du glaive, Arthur est contraint de faire des choix sans retour en arrière possible. Il rejoint la Résistance et rencontre une mystérieuse jeune femme, Guenièvre. Tout en apprenant peu à peu à manier l'épée, il doit surmonter ses démons intérieurs et parvenir à unir un peuple pour vaincre le tyran, Vortigern. Parviendra-t-il à venger ses parents assassinés par ce monstre et à recouvrer sa couronne et son rang ?

Cette version de la Légende par Guy Ritchie lui est toute personnelle...

Violent, stylisé, mettant en scène un Charlie Hunnam plutôt stylé super-héros contemporain, mais surtout très différent de l’univers du Roi Arthur que l’on connaît, ce trailer déroute. Reprenant les grandes lignes de la légende, Guy Ritchie s’en éloigne bien vite en mélangeant magie, monde médiéval et… on ne sait pas trop.

Ce film s'approche plus de l’heroic fantasy que de la fiction historique. Les inconditionnels de Chrétien de Troyes, ou de Malory, n'apprécieront peut-être pas … !

King Arthur de Guy Ritchie - Bande Annonce Officielle
King Arthur de Guy Ritchie - Bande Annonce Officielle
King Arthur de Guy Ritchie - Bande Annonce Officielle
King Arthur de Guy Ritchie - Bande Annonce Officielle
King Arthur de Guy Ritchie - Bande Annonce Officielle
King Arthur de Guy Ritchie - Bande Annonce Officielle
King Arthur de Guy Ritchie - Bande Annonce Officielle
King Arthur de Guy Ritchie - Bande Annonce Officielle
King Arthur de Guy Ritchie - Bande Annonce Officielle
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King Arthur de Guy Ritchie - Bande Annonce Officielle
King Arthur de Guy Ritchie - Bande Annonce Officielle

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Qui est vraiment Guenièvre ? -3/3-

Publié le par Perceval

Qui est vraiment Guenièvre ? -3/3-

Certaines histoires peuvent montrer Guenièvre, hautaine envers les hommes qui l’aiment et injustes avec ces derniers.

Guenièvre semble parfois être la véritable quête, le véritable Graal de la Légende Arthurienne.

Le couple  qu’elle forme avec Lancelot s’approche encore une fois d’un couple féérique. Les fées avaient en effet l’habitude de jeter leur dévolu sur un homme et de lui promettre un amour éternel à une unique condition qui semble irréalisable.

Certains la comparent à Hélène de Troie car les deux femmes apportèrent le conflit et l’hostilité entre les alliés qui les aimaient. Guenièvre serait – tout à la fois - la projection du désir charnel et des aspirations spirituelles.

Dans le Lancelot propre, rédigé en langue vernaculaire vers 1220, l'histoire d'amour entre Lancelot et Guenièvre est jugée acceptable, voire approuvée par la Dame du Lac, qui octroie à Guenièvre le droit d'aimer Lancelot. Cependant, tous les romans ne sont pas aussi tolérants, et la Queste del Saint Graal ( inspiration chrétienne) et la Mort Artu affirment clairement que l'infidélité de Guenièvre est la cause de l'échec de Lancelot dans sa quête du Graal. Malory, décrit cette liaison, comme celle d'un amour véritable, et refuse de voir en Guenièvre, une reine séductrice responsable du mal qui suivra …

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The Lady Guinevere by Howard Pyle; from The Story of King Arthur and His knights.
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En effet, les histoires d'amour sont habituelle à la cour ; ce que révèle l'histoire d'un cor et d'un manteau magique qui permet de révéler l'infidélité de quelqu'un. Arthur et Guenièvre sont tous deux démasqués par cet artefact, comme d'ailleurs tous les autres couples à la cour...

La Reine Guenièvre – malgré son amour coupable - représente la première reine chrétienne et s'oppose à sa grande rivale qui est Morgane, la demi-soeur d'Arthur, dernière prêtresse des celtes et qui tente de conquérir Lancelot par la magie et l'enfermement dans son château... Guenièvre, comme reine du royaume de Logres, tient le royaume entre ses mains … D'autant que le roi Arthur entre dans une phase dans laquelle il semble entrer dans un état de langueur...

Dans « Li Hauz Livres du Graal » (*), en l'absence du roi Arthur, c'est Guenièvre qui tient les rênes du royaume, et au retour du roi, il n'a aucun droit de réponse … Ici, l'amour qui lie la reine et Lancelot, est de l'ordre de l'amour Courtois, et cet amour ne les couvre pas de honte … Cependant, par cet amour, Lancelot – chrétien – reste en marge de cette religion qu'il souhaite suivre. Il superpose sans cesse les images de la reine et de la Vierge, mêlant prières à l'une et à l'autre. Il tente de concilier paganisme et christianisme. Maeve--is-a-portrait-of-the-warrior-queen-from-Celtic-mytho.jpg

L'amour de la reine pour un autre que le roi n'est pas la cause de la fin de l'univers arthurien. Au contraire, il donne courage à Lancelot de lutter pour ce royaume quand bien même le roi Arthur le trahit en le faisant jeter en prison. Sans cet amour, Lancelot serait-il resté auprès du roi ? Guenièvre est la souveraine et tout, jusque dans sa relation avec Lancelot, fait d'elle la gardienne du royaume arthurien.

Guenièvre n'est pas seulement une reine chrétienne, mais aussi une reine guerrière comme en connaissaient les Celtes.

Après sa mort, Guenièvre est associée à trois objets : la couronne ( fonction royale ), le destrier ( cheval de combat, réservé aux chevaliers...) et la coupe d'or ( de la déesse celte)... Guenièvre représente le passage d'un monde païen, à un monde nouveau, chrétien peut-être, passage brutal et violent qui pourrait rappeler les guerres et le sang avec lesquels s'est imposé le christianisme... Triple-Goddess.jpg (*)

(*) Perlesvaus, aussi appelé Li Hauz Livres du Graal (Le Haut Livre du Graal), est un roman courtois du cycle arthurien en ancien français. Il est anonyme et date de la première moitié du XIIIe siècle. Il se veut être une suite de l'inachevé du Perceval ou le conte du graal (~1191) de Chrétien de Troyes, et s'inspire des deux premières continuations en vers, celle du pseudo-Wauchier et celle de Wauchier de Denain. C'est le moins canonique des écrits arthuriens du fait de ses différences marquées avec les autres versions, et il fait passer le mythe du Graal de la légende chevaleresque à l'allégorie chrétienne.

 Dans les Triades galloises, les trois grandes reines d'Arthur s'appellent Gwenhwyfar

Alors que la littérature postérieure dépeint Lohot comme un preux chevalier et le fils morganatique du roi Arthur, dans Perlesvaus, il est apparemment le fils légitime d'Arthur et Guenièvre  

 

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Qui est vraiment Guenièvre ? -2/3-

Publié le par Perceval

Qui est vraiment Guenièvre ? -2/3-

La personnalité de Guenièvre, s’étoffe à partir du XIIe siècle dans la littérature proprement dite, chez Chrétien de Troyes par exemple, qui répond peut-être aux attentes d’un public de dames nobles de la cour de Marie de Champagne ...

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Alienor d'Aquitaine

Au XIIIe siècle, Guenièvre est le fille du roi Leodegrance. Ce fait est mentionné pour la première fois dans Estoire de Merlin (vers 1215-1235), puis dans les adaptations ultérieures comme Le Morte d'Arthur de Malory (vers 1470), où la première rencontre entre Arthur et Guenièvre a lieu lors d'un banquet que le père de la jeune fille donne en l'honneur d'Arthur, pour le remercier de l'avoir aidé à vaincre le roi Royns.

À l'époque du Morte d'Arthur, Guenièvre était devenue la belle et glorieuse reine de la plus belle cour médiévale d'Europe.

Dans le cycle arthurien, développé sur quelques siècles par de nombreux auteurs, elle apparaît tantôt comme un personnage entièrement négatif, faible ou opportuniste, tantôt comme une dame noble remplie de qualités mais victime de la fatalité. La relation adultère de Guenièvre avec Lancelot est le thème récurrent du cycle arthurien.

Vous trouverez, sur ce site même, le récit de cette relation.

Pour résumer (wiki) : A l'arrivée de Lancelot, à la cour du Roi Arthur, c’est le coup de foudre immédiat... Cette relation ne sera découverte que plus tard par le roi – avec beaucoup d'incrédulité ou de naïveté de sa part -... Ainsi, - en toute fin du cycle - à l’issue d’un festin il constate l’absence simultanée des amants. Agravain et Mordred, fils du roi Lot, témoins du forfait, pression est faite sur Arthur pour qu’il fasse périr Guenièvre sur le bûcher.The-Rescue-of-Guinevere-Hath-L-.jpg Il s’y résout à contrecœur. Lancelot ayant promis de sauver la reine avec l’aide de sa parentèle, Arthur fait protéger le site de l’exécution par les autres chevaliers. Lancelot a le dessus, Gaheris et Gareth, frères de Gauvain, sont tués au combat. Gauvain pousse Arthur à poursuivre Lancelot en France où il s’est réfugié. En prévision de sa campagne française, Arthur laisse Guenièvre, semble-t-il amnistiée, à la garde de Mordred. À peine le roi parti, Mordred révèle ses intentions de s’emparer du trône et d’épouser Guenièvre. Celle-ci, selon les versions, accepte ou s’enfuit pour se réfugier à la tour de Londres et enfin dans un couvent. Ayant appris les nouvelles, Arthur retourne en Bretagne, confronte Mordred à Camlann et le tue, mais lui-même est mortellement blessé. Il est emmené par Merlin à Avalon. Quant à Guenièvre, après une dernière rencontre avec Lancelot, elle se retire à l'abbaye d'Amesbury pour y finir ses jours.

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Premier baiser de Lancelot et Guenièvre (Elum: entre 1404 et 1460) Guinevere envoie sa bague à Lancelot

Selon la plupart des traditions, Guenièvre est une femme très « convoitée » - elle est enlevée par Mordred, Melwas, Meleagant, Meljakanz, Melianz etc. ( notez la proximité étymologique …) - et aurait eu de nombreux amants … Guenievre-par-Sophie-Busson.jpgParmi eux, Yder ( le Roman de Yder (~1210)), Il est vrai, que Guenièvre fait originellement partie des reines symboles de souveraineté: les enlever revient à s’emparer du royaume de leur mari...

Guenièvre, par Sophie Busson

(*) Dans Le Morte d'Arthur, le roman de Thomas Mallory qui sert de base à de nombreuses adaptations de la Légende Arthurienne, Guenièvre aurait eu même, deux fils de Mordred .. !

 

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Qui est vraiment Guenièvre ? -1/3-

Publié le par Perceval

Guinevere (Lord Alfred Tennyson) Guinevere (Lord Alfred Tennyson)

Une chose est certaine, Guenièvre est fille du seigneur Léodagan, roi de Carmélide. Sa mère (elle pourrait être la Reine Seli ...( Kaamelot) ) serait morte à sa naissance. Très vite son père, décide de l’envoyer en Gwynedd, là où vit la soeur de sa mère : un pays de forêts et de montagnes, où l'ombre de la terrible prophétie prononcée à sa naissance semble s'éloigner. Epouse de roi, qu'elle trahira; elle sera la cause de la chute du Royaume …

Selon Nancy McKenzie, qui a visité sa biographie, Guenièvre y vit avec sa cousine, Elaine, sa tante, la Reine Alise et son oncle, le Roi Pellinor. En grandissant, les deux jeunes cousines s'enflamment pour les exploits d'Arthur, le fils d'Uther Pendragon, mais le roi n'est encore qu'une figure lointaine... Elle adore monter à cheval, et prend peu de plaisir à parfaire ses points de broderie, petits et serrés...  Païenne, elle se convertit au christianisme, mais elle reste toujours et avant tout fille de Galles et de Bretagne.  

Arthur et Léodagan Arthur et Léodagan

 Léodagan était un serviteur d’Uther Pendragon, père d'Arthur et futur roi de Grande Bretagne, et gardien de la Table Ronde. Pour devenir légitime sur le trône, le roi Arthur cherche à créer des alliances avec les seigneurs. Son salut provient de Léodagan, qui livre bataille avec une troupe romaine du duc des Alémans et de Claudas de la Terre Déserte depuis plus de sept ans.

Le roi Arthur lui vient alors en aide, accompagné de quelques chevaliers mais suivant le conseil de Merlin, il ne divulgue pas son identité et met en défaite la coalition ennemie. Léodagan invite alors les chevaliers dans son château en guise de remerciement autour d’un banquet.

 

Queen Guinevere’s Maying, by John Collier, 1900

C'est à ce moment qu’Arthur rencontre Guenièvre et tombe immédiatement amoureux d’elle. Léodagan découvre que son sauveur n’est autre que le roi Arthur, il lui offre alors la main de sa fille et la Table Ronde et ses chevaliers. Celtic Art - Autumn Queen by Cristina McAllister

Guenièvre apparaît dans Historia Regum Britanniae, l'Histoire des rois de Bretagne, rédigée vers 1136 par Geoffroy de Monmouth. À la suite de cette première mention, le personnage et l'histoire de Guenièvre se sont développés et ont évolué, pas nécessairement de façon cohérente, au gré des adaptations des différents auteurs, qui se concentraient sur tel ou tel attribut pour ignorer tel ou tel autre.

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Dans l'Histoire de Geoffroy, par exemple, Guenièvre s'appelle Guenhumare. Elle est noble, d'origine romaine, elle n'est pas élevée par ses parents mais devient pupille de Cador de Cornouailles, son cousin dans le Roman de Brut ; elle est célèbre pour sa grande beauté. En revanche, dans la tradition galloise, elle est la fille du roi Ogrfan Gawr, et son nom, Gwenhwyfar en gallois, peut se traduire par « le fantôme blanc » ou « la fée blanche ». Dans les Triades galloises, les trois grandes reines d'Arthur s'appellent Gwenhwyfar, et il est dit que Gwenhwyfar est plus infidèle que les Trois Femmes Infidèles de l'île de Grande-Bretagne. Par ce nom, "Gwenhwyfar", la reine inspire la féérie, la magie, un monde mystérieux…Ce qui sous-entend, sa beauté, son éloquence, et son prestige auprès de tous... Aucun texte ne mentionne le nom de sa mère et on ne lui connaît pas d’enfant.  

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Walter Crane - Les chevaliers du Roi Arthur

Publié le par Perceval

Walter Crane - Les chevaliers du Roi Arthur
Walter Crane - Les chevaliers du Roi Arthur

Walter Crane (1845-1915) était un artiste anglais et illustrateur de livres.

Avec Randolph Caldecott et Kate Greenaway, il est considéré comme un des plus forts contributeurs à l’illustration de la littérature enfantine du 19ème siècle.

Né à Liverpool, il a fait partie du mouvement Arts and Crafts. Il a produit des peintures, des illustrations, des livres pour enfants, des décors pour la céramique et autres arts décoratifs.

Walter Crane - Les chevaliers du Roi Arthur
Walter Crane - Les chevaliers du Roi Arthur
Walter Crane - Les chevaliers du Roi Arthur
Walter Crane - Les chevaliers du Roi Arthur
Walter Crane - Les chevaliers du Roi Arthur
Walter Crane - Les chevaliers du Roi Arthur
Walter Crane - Les chevaliers du Roi Arthur
Walter Crane - Les chevaliers du Roi Arthur
Walter Crane - Les chevaliers du Roi Arthur
Walter Crane - Les chevaliers du Roi Arthur
Walter Crane - Les chevaliers du Roi Arthur
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Walter Crane - Les chevaliers du Roi Arthur
Walter Crane - Les chevaliers du Roi Arthur
Walter Crane - Les chevaliers du Roi Arthur
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Sur la route du Roi Arthur - 3/3 – En France.

Publié le par Perceval

Sur la route du Roi Arthur - 3/3 – En France.

Est-ce bien sérieux d'envisager visiter des lieux – En France - qui évoqueraient les aventures d'un roi celte, qui au Ve siècle, de son île britannique, aurait mené la lutte contre les Saxons ?

Sauf que, la cour du Roi Arthur, d’où partent et où s’achèvent les diverses aventures des chevaliers de la Table Ronde, apparaît comme le modèle d'une société du XIIe siècle, présentée et écrite à cette même époque par Chrétien de Troyes...

C’est sur une toile de fond vécue par Aliénor d'Aquitaine, Marie de France..., et racontée dans les cours entre Normandie, Bretagne et Aquitaine... que s’inscrivent les cérémonies, les tournois, les fêtes, les adoubements, les amours des preux chevaliers et de leurs damoiselles, au long de ce qu’il est convenu de nommer le cycle arthurien.

C’est avec les Plantagenêt que la légende arthurienne s’enracine dans la région bretonne. Le Roman de Rou, écrit au XIIe siècle par l’écrivain normand Robert Wace sur une commande d’Henri II Plantagenêt, évoque une forêt de Bréchéliant et une fontaine de Béranton ayant des caractères merveilleux, notamment d’obtenir de la pluie en versant de l’eau sur son perron...

Et, à côté de cette réalité médiévale, s'ouvre un ''autre'' monde, celui de la forêt de Brocéliande (1) , royaume des fées et des magiciens.

Ainsi peut-on visiter - par la clé des contes - les eaux profondes du lac de Diane (3) qui abritent l’enfance de Lancelot et retentissent de l’écho de fêtes étranges. Peut-on, rencontrer les amants de Morgane - la maléfique - qui s’égarent dans le Val-Sans-Retour (2) ; et même, Merlin l’enchanteur qui abandonne peu à peu ses pouvoirs à la fée Viviane et se laisse enfermer dans une prison d’air auprès de la fontaine de Barenton (5) . Enfin, il est possible de voir un sanglier imprenable entraîner la chasse royale dans une course éperdue depuis les étangs bleus de Paimpont jusqu’au golfe du Morbihan.

(1) La forêt de Paimpont (la Brocéliande légendaire) ne compte pas moins de 8000 hectares de landes, taillis, fougères, pinèdes, égayés de nombreux étangs fleuris de nénuphars et festonnés de joncs.

(2) On peut accéder au Val-Sans-Retour, par des sentiers depuis le village de Tréhorenteuc.

Au village de Tréhorenteuc , il faut d’abord y visiter l’étrange église de l’abbé Gillard qui, de 1942 à 1962, transforma l’édifice du culte en temple à la gloire de la légende arthurienne, abritant en son sein un prodigieux décor, vitraux et peintures murales, où trône en majesté dans le chœur de l’église un grand cerf blanc et où la fée Morgane assiste à la Passion du Christ… On peut saluer la fée Viviane en visitant son « Hôtié » (sa maison) qui s’avère être une sépulture, sous forme d’un cromlech de pierres. Et, Merlin, dont le tombeau repose près du village de Landelles, scellé par trois grosses pierres. Sur l’une, des mains ont gravé : « Ici a été enfermé Merlin l’enchanteur par la fée Viviane. »

(3) Des remparts et une porte fortifiée à demi enfouie sous la végétation sont les anciennes défenses du Château de Comper, hélas profondément remanié au XIXe, mais dont l’étang, qui se love à ses pieds, est selon la tradition celui où la fée Viviane recueillit le jeune Lancelot, fils de roi abandonné par sa mère, et l’éleva secrètement dans un palais de verre jusqu’à l’âge de 18 ans.

(4) Le pont du Secret n’est autre que celui où Lancelot osa avouer son amour à la reine Guenièvre, épouse du roi Arthur.

 

(5) L'un des hauts lieux mythiques, est la fontaine de Barenton. Bien qu’elle ne soit plus aujourd’hui qu’une maigre source au fond d’un bassin, on ne peut manquer d’évoquer les rendez-vous galants que la fée Viviane accordait en cet endroit à l’enchanteur Merlin. Ce dernier, dans sa naïveté d’amoureux, lui divulgua un jour ses secrets et se retrouva prisonnier d’un mur d’air qu’il ne put jamais franchir, symbole du génie dominé par la ruse. C’est également en ce lieu qu’apparut un cerf blanc au collier d’or, que se déroula le combat victorieux d’Yvain, un des Chevaliers de la Table Ronde contre le Chevalier noir, gardien de la fontaine et, ici encore, qu’Yvain offrit au roi Arthur et à ses six mille compagnons un repas pantagruélique qui dura trois mois.

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