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revolution

Conte : Le monstre aristocrate '' Iscariotte''

Publié le par Perceval

Face au conte précédent populaire et rural; il est intéressant d'y adjoindre un conte parisien et orléaniste : ''Le Dernier cri du monstre'' (1789). Il exalte les exploits du preux Sanelor (duc d’Orléans) face aux intrigues de la Cour et aux manœuvres de la fée Cangilope (Polignac)...

C'est l'histoire d'un monstre : le géant aristocrate '' Iscariotte''.

Ce monstre est d'abord une gravure : « Ses couleurs vives impressionnent, le corps fait d'écaillés vertes recouvertes en partie par un « Corselet brassard » et un « Cuissard » de fer, une chevelure mêlant des serpents verts et leur gueule rouge sang, du même rouge que la pointe du poignard ou que les taches de « rousseur » qui troublent le visage rose pâle. Des parements d'or sur le corselet, or que l'on retrouve sur la « couronne de piques », l'épée et les griffes. » On voit ( et on comprend) également : Une Bastille en arrière-plan; les emblèmes de la tyrannie dans la main de la créature, sur sa tête et à son côté. Voici le « monstre du despotisme », rôdant autour de la forteresse qu'il veut défendre..

Le géant Iscariotte, aristocrate, slnd, BN : Cabinet des estampes, coll. de Vinck 3659. (Cette gravure est commentée dans A. de Baecque, La caricature révolutionnaire, Paris, Presses du CNRS, 1988, pp. 138-139)

Le géant Iscariotte, aristocrate, slnd, BN : Cabinet des estampes, coll. de Vinck 3659. (Cette gravure est commentée dans A. de Baecque, La caricature révolutionnaire, Paris, Presses du CNRS, 1988, pp. 138-139)

La gravure est commentée ainsi :

« Ce monstre représente la Figure d'un Enfant furieux ayant une chevelure de Serpents surmontée d'une Couronne de piques. Il tient un poignard prêt à frapper ceux qui s'opposent à sa tirannie. Il est vêtu d'un Corselet brassard et Cuissard de Fer. Il a les pieds et les mains Armés de Griffes de Tigre. »

 

Ce conte se passe dans un royaume imaginaire, la ''Gallie '' ( la France en juillet 1789). Les Gallins, gouvernés par un sultan pourtant sans reproche, ''Civis-King '' ( Louis XVI), sont divisés : les uns sont orgueilleux, « grandissant démesurément », les autres sont des goinfres paillards dont « le ventre s'enfle et se tend comme un tambour » et les derniers, trop timorés « restent noués et rachitiques »...

Le sultan appelle « Kernec » (Necker) pour résoudre ces problèmes. Celui-ci trouve la source du mal : un « arbre d'airain » qui fait ombrage au royaume, arbre maléfique, protégé par un monstre redoutable, « Iscariotte » ( aristocrate) , habité par des magiciens, la fée « Cangilop » (Polignac), l'enchanteur « Umaïr » (Maury) et le sorcier « Vadul » (Duval d'Epréménil).

La Grande Peur 1789

Une expédition se monte, animée par Kernec et « Sanelor » (le duc d'Orléans), dont le but est de chasser ces êtres de l'ombre, de déraciner l'arbre d'airain, pour permettre aux «  1 200 constructeurs » de bâtir un nouveau temple sur l'emplacement de l'arbre maléfique.

Finalement, au sommet du récit, c'est le combat entre le chevalier Sanelor et le monstre Iscariotte : « Le prince se précipite sur le monstre qui, de son côté, défend sa vie et son asyle avec une fureur égale à la vigueur de l'attaque. [...] Trois fois, le héros ramasse ses forces pour frapper un coup décisif, et trois fois l'écaillé qui enveloppe le monstre repousse le terrible acier. Il le force enfin de quitter son obscur repaire. Alors, jetant au loin ses armes, il le saisit et l'étouffé comme Hercule étouffa Antée. Le monstre en expirant poussa un cri formidable, et le souffle de son esprit démoniaque s'échappa de son fondement, vautour noir s'en allant rejoindre ses compères dans l'antre de Lucifer. L'arbre d'airain tombant de lui-même fit retentir les échos du bruit de sa chute. La horde impure des fées, des enchanteurs et des magiciens courut cacher dans l'ombre la honte de sa défaite; et le grand Civis-King, le valeureux Sanelor et le sage Kernec, s'empressèrent avec les bons architectes de jeter les premiers fondements du temple de la félicité publique. »

Iscariotte est l'incarnation « terrifiante » mais complaisante (donc rassurante) du despotisme que terrassent les patriotes et leurs héros.

C'est la prise de la Bastille, qui s’effondre avec le despotisme, et la fuite des aristocrates ; peut s'élever la nouvelle Assemblée, dont les députés, sous l'égide du bon roi, sous la protection du prince et sous la conduite de ministre éclairé, vont enfin donner une constitution à la France.

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Conte : Le temps des loups

Publié le par Perceval

Autour de cette ancienne seigneurie, il ne reste qu'une forêt que l'on appelle les bois de Bouery. Si ce lieu reste sauvegardé, c'est peut-être du fait de toutes ces histoires que l'on se raconte... Elles évoluent selon le contexte politique, historique...

Ainsi, quelques années après la Révolution, il y a cette histoire, qu'au cours de veillées limousines, on se raconte :

Je joins quelques notes pour nous rappeler une actualité d'alors, qui est en tête de chaque adulte …

 

Ces bois de Bouery ont servi de cachette à des ''contre-révolutionnaires'' ; plutôt rares en nos régions, ils étaient d'autant plus facilement pourchassés... Bien sûr, depuis toujours la forêt était un lieu dangereux, et infesté de loups et de brigands...

Ensuite, on a parlé d'une ''meneuse de loups'', alors on a fait le rapport avec cette histoire là :

 

Il était une fois, en ville, un mariage peu ordinaire, puisqu’il s'agissait d'une alliance contractée entre deux familles, l'une aristocratique et l'autre roturière.

Elle, est la fille d'un seigneur, dont la lignée aristocratique remonte bien avant les XVe siècle dit-on et doit épouser ce jour, le fils d'un riche bourgeois influent dans l'Union des Sociétés populaires ( note 1)..

C'est un mariage arrangé ( l'ordinaire....). Ce sont les familles qui ont imaginé un pacte entre deux lignées que tout oppose ; seuls les intérêts familiaux y trouvent leur compte...

 

Les deux chefs de famille, se connaissent bien : tous deux sont libéraux ont l'habitude de se retrouver dans un espace dégagé de ''tous métaux'', c'est à dire en loge.

Seulement, c'était sans compter sur l'extrémisme royaliste d'une nouvelle génération que l'on avait pas consulté... En particulier la jeune fille et son frère, tous deux monarchistes radicaux qui n'acceptaient pas le rapprochement avec la roture... ( note 2). Tous deux avaient imaginé un plan qui leur permettrait de déclarer une guerre sans merci aux ennemis du Roi.

Le soir du mariage... Au moment où les deux mariés se rejoignent dans la chambre pour une courte nuit de noces ; et alors que les deux famille continuent de joyeuses agapes ... Le jeune marié – dans la chambre nuptiale, se trouve pris dans un piège fatal. S'imaginant seul avec sa jolie épouse ; il est transpercé et tué par l'épée du jeune frère noble. Ses cris et sa défense obligent plusieurs personnes à entrer dans la pièce, et constater le drame... L’alerte donnée, on aperçoit le couple meurtrier, s'enfuir, chacun à cheval...Ils sont poursuivis... Puis, lui est blessé à mort, et elle réussit à s'enfuir... Plusieurs témoignages ont contribué à penser qu'elle s'est réfugiée dans la forêt mystérieuse et interdite de Bouéry.

Cette vaste et gaste forêt est réputée abriter des hordes de loups...

 

Le pacte étant rompu, des châteaux ( plutôt des petits manoirs) sont saccagés. En représailles, des paysans sont pendus...

Nous sommes au temps de la '' Grande peur'' ( Note 3)

 

 

Note 1 : Plusieurs communes, sous l'impulsion de députés de la Convention nationale, ont fondé chacune leur ''Société Populaire'' ( sorte de club calqué sur celui des jacobins de Paris) ; en d'autres lieux, on les nomme aussi ''Société des amis de la Constitution''

Ici, plusieurs Sociétés ont fusionné et ont même commencé à organiser leur propre Garde Nationale.

Ces sociétés, diffusent les idées révolutionnaires et contribuent à '' l'agitation des esprits''. Parmi eux, on trouve en notre région de nombreux prêtres constitutionnels. Ici, également on admet toutes '' les femmes et filles dont le civisme et le patriotisme est reconnu...''

 

Note 2: Dans la société française de 1789, on ne confond pas le sang noble et le sang roturier. Pour entrer avec un grade dans l'armée, il faut prouver sur cinq générations au moins, ses quatre quartiers de noblesse... On peut même parler de races, quand les nobles se considèrent comme des ''francs'' et les roturiers comme des ''celtes'' … ! ( Voir, cette thèse défendue par Boulainvilliers, Fénelon, le duc de Chaulnes ...)

 

Note 3 : ''La Grande peur '', ou le ''complot aristocratique'' : Le curé de Champniers ( Limousin), a pris note des descriptions que lui ont faites ses voisins : « Les uns disent que ce sont les Anglais ( émigrés) , d’autres que ce sont des Pandours ( pillards) , des échappés des galères, des voleurs, ou des brigands ». Les brigands sont à la solde des aristocrates ...

On craint l'alliance entre les grands aristocrates et les puissances étrangères. Une rumeur parle de « 10 000 Piémontais, conduits par le comte d'Artois, qui pillent et brûlent tout sur leur passage ». Le « complot de famine », constitue, régulièrement, un thème répandu de la mentalité collective citadine, et les pénuries de grain du printemps 1789 ne font qu'intensifier considérablement ces anxiétés.

 

Pour retrouver une histoire de ''meneuse de loups'' ( La louba) : c'est ICI : http://queteperceval.blogspot.com/2017/02/histoire-de-sorciere-la-loba-de-laron-12.html

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