religion
La terre tourne t-elle ? -2/2-
Après l'affaire Dreyfus, une autre affaire nourrit la controverse entre catholiques et laïques... L’abbé Loisy (1857-1940), théologien exégète de l’Église, a publié en 1902 un ouvrage intitulé L’Évangile et l’Église dans lequel son approche historique et philologique des textes de la Bible remet en cause un certain nombre de dogmes de l’Église. La condamnation de cet ouvrage par décret du Saint Office en décembre 1903 suscite l’émotion; l’anathème envenime le débat, qui se transforme vite en une opposition entre l’Église et la science.
Dans Le Matin du 28 décembre 1903, un entrefilet intitulé Propos d’un Parisien, rédigé par le journaliste d’opinion Henri Harduin, reprend la polémique sur la rotation de la Terre et la porte dans un champ idéologique que Poincaré n’envisageait pas. Il utilise la condamnation de Loisy pour mettre en lumière l’immobilisme de l’Église, opposé à la perpétuelle et saine remise en question de la science par elle-même...
Édouard Drumont, fondateur du journal politique antisémite, La Libre Parole, du 9 janvier 1904, répond à Harduin en retournant l'objection, au risque de trahir les propos de Poincaré:
« Des journalistes en quête d’un thème pour une chronique, comme notre confrère Harduin, qui a pris la tâche d’amuser les lecteurs du Matin, ne perdent pas cette occasion de faire solennellement la leçon à l’Église ; ils sortent immédiatement Galilée : “ Vous voyez, s’écrie M. Harduin, quel contraste entre la science et l’Église ! L’Église condamne Galilée ; la science dès qu’un fait nouveau lui est démontré, s’incline et reconnaît ses erreurs passées. ”
L’argument aurait quelque valeur si la science était arrivée à une certitude quelconque, alors qu’en réalité, elle en est toujours aux conjectures et aux hypothèses. Il n’est pas démontré du tout que la Terre tourne, comme le prétendait Galilée, et qu’elle ne soit pas le centre du système planétaire. M. Harduin, qui n’est pas plus savant que moi, affirme imperturbablement que la terre tourne ; mais M. Poincaré, qui est, à l’heure actuelle, le premier des géomètres physiciens français et qui est probablement plus instruit que M. Harduin et que moi, n’a nullement ce ton affirmatif qui est celui des demi-ignorants. »
A noter que l'on mélange ici : la rotation diurne de la Terre autour de son axe, la révolution annuelle autour du Soleil, le pendule de Foucault, le procès de Galilée...
Un journaliste du Figaro reprend la question devenue populaire, dans un article publié le 2 février 1904 et intitulé Tournons-nous ?:
« C’est un problème qui n’a peut-être pas beaucoup d’actualité; mais enfin nous voudrions bien savoir à quoi nous en tenir. »
André Beaunier la reprend dans le Journal des débats politiques et littéraires du 23 mars 1904. Le lendemain, le chroniqueur scientifique François Peudefer signe un long article intitulé La Terre tourne-t-elle? dans lequel il rappelle au grand public toutes les preuves tangibles de la rotation diurne de la Terre tout en faisant l’historique de la polémique. Une semaine plus tard, Le Petit Parisien propose sous le même titre un article de Jean Frollo dans lequel Poincaré se trouve de nouveau impliqué.
Poincaré rédige, alors, une lettre ouverte adressée à Flammarion intitulée La Terre tourne-t-elle ?, publiée dans le Bulletin de la Société astronomique de France de mai 1904 et reproduite dans le journal Le Matin du 7 mai 1904 :
« Je commence à être un peu agacé de tout le bruit qu’une partie de la presse fait autour de quelques phrases tirées d’un de mes ouvrages – et des opinions ridicules qu’elle me prête. Les articles auxquels ces phrases sont empruntées ont paru dans une revue de métaphysique [...]. Je parlais le langage de la métaphysique moderne. Dans le même langage, on dit couramment “Les deux phrases le monde extérieur existe, et il est commode de supposer que monde extérieur existe, n’ont, qu’un seul et même sens. ”
La rotation de la Terre est donc certaine, précisément dans la même mesure que l’existence des objets extérieurs. Je pense qu’il y a là de quoi rassurer ceux qui auraient pu être effrayés par un langage inaccoutumé. Quant aux conséquences qu’on a voulu en tirer, il est inutile de montrer combien elles sont absurdes. Ce que j’ai dit ne saurait justifier les persécutions exercées contre Galilée, d’abord parce qu’on ne doit jamais persécuter même l’erreur, ensuite parce que même au point de vue métaphysique, il n’est pas faux que la Terre tourne, de sorte que Galilée n’a pu commettre d’erreur.
Cela ne voudrait pas dire non plus qu’on peut enseigner impunément que la Terre ne tourne pas, quand cela ne serait que parce que la croyance à cette rotation est un instrument aussi indispensable à celui qui veut penser savamment, que l’est le chemin de fer, par exemple, à celui qui veut voyager vite.
Quant aux preuves de cette rotation, elles sont trop connues pour que j’insiste. Si la Terre ne tournait pas sur elle-même, il faudrait admettre que les étoiles décrivent, en 24 heures, une circonférence immense, que la lumière mettrait des siècles à parcourir. »
La polémique va poursuivre Poincaré jusqu’à la fin de sa vie, en particulier lorsqu’il est élu à l’Académie française en 1908.
Un évêque à la une du journal Le Matin du 20 février 1908, écrit une virulente attaque contre les philosophes et les scientifiques...
La Revue Illustrée du 5 avril 1908 consacre quant à elle un long dossier à Poincaré pour marquer son élection à l’Académie. Il est en partie composé d’extraits d’une interview qu’il y accorde au journaliste et dans laquelle il rassure encore une fois le public profane : la Terre tourne !
Enfin, dans l’ouvrage Ce que disent les choses, qui rassemble des textes publiés en 1910 dans une revue pour enfants, Poincaré revient sur le mouvement des planètes et des étoiles, et la rotation de la Terre. Une phrase y rappelle ses réflexions : « Un seul des mouvements apparents est réel, la Lune tourne réellement autour de la Terre ; c’est elle en effet qui est la plus petite. »
Cette affaire de savoir si oui ou non, la terre tourne... illustre l'effervescence intellectuelle qui règne aussi bien du côté de l'Eglise, que du côté des sciences...
Il y a, la condamnation du modernisme par Pie X, avec le décret Lamentabili et l’encyclique Pascendi, date de 1907 ; et par ailleurs la remise en cause d'un positivisme étroit, qui avait dominé jusqu’alors...
Henri Poincaré, en particulier ouvre un débat qui va renouveler notre vision de la science et qui va se concrétiser à travers des avancées scientifiques majeures, d’Heisenberg à Einstein, de la physique quantique à la théorie de la relativité...
Raison et Religion, avec Kant
Pourquoi réinventer les réflexions déjà argumentées par nos plus grands penseurs... ?
Que nous dit E. Kant (1724-1804) sur ce sujet toujours débattu ?
Par l’intermédiaire d'une conférence de Monique Castillo ( docteur en Philo et prof à Paris Créteil), voilà ce que j'en retiens....
* La raison ne doit pas réduire la religion à la superstition ; même face à une posture irrationnelle de la religion... Kant nous invite à penser la religion selon la raison ; la raison étant éduquée à respecter les conditions de la rationalité scientifique et donc limiter ses prétentions …
La raison se limite elle-même si elle ne critique que la caricature de la religion. Et, la religion ne peut que susciter de l'agacement, quand elle ne fait aucun cas de nos intelligences critiques ( exemple : condamnation pour sorcellerie...etc)
Quand la raison prétend nous délivrer de la superstitions … Elle risque de réduire la religion au plus bas degré de l’irrationalité … Et, déclarer le sacré comme une superstition; un mystère, ne serait plus qu'une mystification ; et l'amour : une aliénation … Déclarer la religion comme l'opium du peuple... c'est supprimer toute la religion pour l'un de ses vices … (Tuer une mouche avec un canon … !)
Kant: ''la religion dans les limites de la simple raison'', ne tombe pas dans ce piège... Kant part du caractère indéracinable du Mal qui est commis par les hommes... Le problème du Mal interpelle autant la religion que la raison … Il nous faut interroger l'horreur des crimes du XXe siècle … ? Péché ou crime c'est toujours la liberté humaine qui choisit d'agir contre le bien ...
** Pourrait-on espérer une Révélation religieuse entièrement rationalisée... ? Non, le Kantisme résiste à cette idée. Il faut penser l'homme tel qui est... L'histoire est une tache à réaliser et le kantisme ouvre à la raison aussi bien qu'à la religion le chemin de l'espérance …
La Raison peut-elle absorber la religion ?
L’intelligence ordinaire ne sait pas comprendre la Vie, puisqu'elle décompose la vie... Elle ne comprend la vie que par la mort … ( la science ne peut appréhender la Vie dans sa totalité).
La religion comprend la Vie par ce qu'elle surmonte la mort … Selon la formule de Hegel : « ce n'est pas cette vie qui recule d'horreur devant la mort et se préserve de la destruction mais la vie qui porte la mort et se maintient dans la mort même qui est la vie de l'esprit »
Le Messianisme moral en politique a un énorme défaut : il arrête l'histoire, quand la promesse s'accomplit ! Pour Kant, l'histoire humaine ne se clôture par aucune eschatologie …
Une religion qui se laisserait absorber par la raison, ce serait se transformer en ''civilisation'' chrétienne... Il faut s'inventer en permanence pour continuer d'exister. L'humanité n'est pas le résultat de l'histoire, elle en est le but …
*** Un autre scénario serait une raison réduite à l'impuissance par la religion : ainsi une religiosité conquérante qui déclare la guerre à la raison, pour imposer une domination …
Cet obscurantisme doit être combattu aussi bien par la religion que par la raison …
Kant a fondé la rationalité scientifique et morale … Nécessité d'un dialogue, la raison ne peut qu'interroger, critiquer, comprendre … Exclure et condamner ne sert à rien …
La religion dit des choses qui nous dépasse , mais qui nous inspire …
Pour le fanatisme, la fin de l'histoire réclame la fin de l'humanisme, de la raison, de la science, pour être le triomphe définitif du Divin sur la terre comme au ciel … !
La Raison a du mal à relever le défi de cet usage pervers de la religion. Elle est réduite à l'impuissance. Le fanatisme a toujours raison , et contre la raison elle-même …
La raison est incapable de réagir contre un dogme qui s'est immunisé contre tout ce qui peut être dit. La religion accuse la raison qui s'exprimer contre le dogme, d'attiser la haine sociale.. Il existe un certain ''holisme'' du fanatisme, qui tend à l'absorption de l'individu dans le tout …
**** Le kantisme peut-il proposer une riposte à ce défi contemporain ?
L'un des ressorts de l'approche philosophique kantienne de la religion : consisterait alors à
- la confondre pour impiété et pour impureté doctrinale, pour porter atteindre à sa justification …
- inviter la raison à empêcher la religion de tomber dans l'illusion, la superstition et la pensée magique … Favoriser la dynamique morale en lutte contre ses propres dérives, éviter la perversion de la religion …
Rien n'est plus à craindre pour Kant, qu'une religion qui soumet les individus, qui abolit leur raison et leur liberté, qui cède à la peur de puissances occultes, et conforte les pouvoirs qui réduisent la religion à un simple instrument idéologique de domination...
La raison doit être capable d'interprétation.
La religion parle par des symboles qui sont les expressions d'un sens qui agit lui-même par la voie de l'inspiration; et un symbole - explique Kant - est ce qui donne à penser au delà de ce qui est scientifiquement connu... Ainsi la raison qui traduit les symboles de la religion contribue à en communiquer l'inspiration tout en la préservant des dérives …
La religion est, dans les limites de la raison, une activité de désaliénation ; tout comme inversement la vraie raison n'est pas celle qui détruit la foi mais permet de témoigner de sa liberté...
Alors...? Il est pas bien Kant ...?
Nous sommes au XXIè siècle ! Et pourtant.. Kant, c'est le XVIIIe... !
Un mot, encore..: si aujourd'hui, nous pensons à l'islamisme, à l'époque chacun pensait au Christianisme ...!
Lire Rémi Brague, et le plaisir de réfléchir …
D'abord une phrase de Chesterton : « Il se peut que les dogmes soient des murs, mais ce sont les murs d'un terrain de jeux. »...
Le dogme catholique est souvent exprimé de façon négative : « il ne faut pas croire que ... » ; ce qu'il faut croire on ne le dit jamais, nous dit R. Brague … Tant mieux... !
Le ''credo'' lui exprime une histoire, pas une définition, ajoute t-il.
Portrait de Rémi Brague ( 2014), philosophe et universitaire. Spécialiste de la philosophie médiévale arabe et juive et connaisseur de la philosophie grecque, il enseigne à la Sorbonne et à la Ludwig-Maximilian Universität de Munich. Il est membre de l'Académie catholique de France. ( La Croix) |
Le sacré n'est pas un concept chrétien, c'est un concept païen : ( les vaches sacrées, aujourd'hui les ''monstres sacrés''...). Il faut distinguer le sacré du saint...
Dieu ne reproche pas à son peuple des ''fautes de culte ''… le Dieu d’Israël fulmine contre son peuple lorsque les membres du peuple sont injustes les uns envers les autres, pas envers lui.
Le culte des idoles, c'est retomber dans le sacré, abandonner la sainteté …
Les religions prétendent être au service de la vérité, mais lorsqu'elles prétendent la détenir, elles en font un détenu, au sens où il y a des détenus derrière les barreaux d'une prison et cela, ça n'est pas acceptable.
Le philosophe kantien allemand J. G. Fichte dit qu'il n'y a pas besoin de croire en Dieu. Dieu n'est pas un objet de foi mais un objet d'évidence, car il existe sous les espèces de la loi morale. Par contre, il faut croire en l'homme car l'expérience nous montre que ce dernier ne se conduit pas du tout selon la loi morale … Il faut donc une foi en l'homme. L'idée est belle mais je me demande si cette foi peut être accomplie par quelqu'un d'autre que par Dieu.
Sur le Mal... le Bien n'est pas comme allant de soi, qui nous serait dû... C'est quelque chose qui advient. C'est parce qu'il y a du bien que le mal apparaît. Sans Bien, il n'y aurait pas de Mal …
Le ''péché originel'' :…? - Ce qui est advenu ( même mythique..) , peut être défait...
Ce que nous devons aux '' Lumières '' -1/.-
Nous allons revenir au Mythe du Graal ; mais avant nous chercherons des ''Lumières'' en philosophie...
L'enjeu de ma réflexion, résumée dans ces articles, c'est que nous puissions valider divers moyens de connaître le Monde.. Et avec la légitimité de la raison, puisque nous sommes là au ''siècle des Lumières''.
Tentons de montrer que le mythe, la religion, peuvent être des supports de connaissance aux mêmes titres que d'autres sciences … La raison, reste notre outil privilégié, et permet la ''dispute'', la ''conversation'', l'argumentation ; en fait les échanges pour affiner notre réflexion...
Au XXIe siècle, nous en sommes à retrouver le scepticisme de Hume : nous avons un doute sur l'objectivité même des sciences...
Rappel du XVIIIe siècle, - le point de vue de David Hume (1711-1776) : toute connaissance est une accumulation d’expériences sensibles, de sensations, de passions et d’émotions. De là nous fondons des idées, associations de connaissances à base de mémoire et d’imagination. Autant dire que rien n’est objectif dans tout cela : pour Hume, la connaissance est équivalente à la croyance. Elle peut avoir une utilité pour l’action, mais ne dit rien du réel. La vérité nous échappe en tout.
Pour Kant (1724-1804): nous n’avons accès qu’aux phénomènes, pas aux noumènes ; seulement aux choses telles qu’elles s’offrent à nous (et dans la limite de notre entendement), pas aux choses en soi.
Ne peut-on pas dire avec Kant, que l'homme est prisonnier de sa subjectivité et ne peut donc atteindre à la vérité ?
Cependant, si la science n'est pas plus légitime que la philosophie pour dire la Vérité ; il nous faut quand même, avancer avec notre raison ; et faire confiance... Nous continuons à prendre l'avion, et utiliser notre GPS... Et d'autre part, être totalement relativiste, nous amènerait à mettre sur le même plan toute théories : complotistes, négationnistes, populistes ...etc
Hume, l'avait déjà remarqué : au plan strictement logique le relativisme absolu est intenable : si je conclus qu’on ne peut rien savoir de façon certaine, alors je ne sais pas si cette conclusion est certaine !
La science, elle, ne peut parler que de ce qu'elle peut appréhender : ce qui est objectivable... Elle ne peut pas affirmer que ''seule la matière existe '', car ce n'est pas vérifiable … La science est agnostique ( et non athée)!
Alors... Comment peut-on connaître '' Le Monde'' … ?
Par l'intelligence, l'intuition, l'imagination … ?
J'admets que la voie scientifique, ne peut être le seul chemin... Ce serait faire comme ce personnage qui a perdu ses clefs, et, qui ne les cherche qu'en un seul endroit - sous le lampadaire - : là où il y a de la lumière ( la science)...
Je peux également affirmer : qu'un médecin ( et sa science) seul, ne peut me connaître...
Par expérience, dans la vie quotidienne je sais aussi que « dans la vie d’un homme, les vérités simplement crues demeurent beaucoup plus nombreuses que celles qu’il acquiert par sa vérification personnelle » ( J.P. II, Fides et Ratio)... Nous croyons - souvent - par délégation...
Bref ! La science n'a pas le monopole de la connaissance du réel ….
Kant, nous propose de faire usage de la raison théorique, et pratique … Je peux ( je dois...) réfléchir au Juste, au Beau, au Bien, et au Vrai .. Donc, sans faire uniquement de la science, et en utilisant ma raison ...
La religion (idéale...) admet l'usage de la raison ; à la différence de la superstition...
La science n'a pas la possibilité de parler d'un univers fini ou infini, de parler d'avant le premier instant... Et croire en Dieu, c'est refuser l'irrationnel dans l'apparition d'un chat noir, ou la conjonction du vendredi et du nombre 13... La superstition est bien souvent une sorte de matérialisme irrationnel... Comme dans la magie, il y a dans la superstition une sorte de ''toute-puissance'' de l'humain...
La religion s'inscrit dans la communauté humaine, elle exprime une culture. Les religions sont diverses, chacune a une histoire. Aucun peuple, aucune religion n'est supérieure à un(e) autre.. La religion tente d'apporter des réponses aux questions métaphysiques.
La rencontre du mythe et de l'histoire des hommes... -4/4-
Au cours des Xe et XIe siècles se fait sentir une évolution qui préfigure la grande renaissance du merveilleux au XIIe siècle. La légende d'Alexandre le Grand se répand comme une traînée de poudre. La légende du Prêtre Jean connaît une large diffusion ...
Yvain combat le dragon |
Le merveilleux de la Matière de Bretagne, déjà présent chez les écrivains de langue latine (Geoffroy de Monmouth, Giraud de Barri), envahit la littérature vernaculaire, alimentant les œuvres de Marie de France et de Chrétien de Troyes. L'Antiquité et sa mythologie revivent … !
Les VIIIe et IX e siècles marquent la fin d'une période de répression ; les Xe et XI e siècles forment une période transitoire : là se mettent en place des structures, des thèmes et des motifs, là se forme un patrimoine de merveilleux, qui, dès le XIIe siècle imprime fortement sa marque à la littérature de divertissement.
Le cerf blanc était the symbol of England's King Richard II as shown in this picture of his heraldry painted in 1396 |
A partir du XIIe s l'Eglise cesse de régir le domaine des lettres, parce que les traditions populaires et orales prennent une place de plus en plus importante, et que l'imaginaire s'affranchit des entraves qui bridaient ses mouvements, s'alliant avec bonheur aux éléments venus de l'Antiquité par le canal de la littérature savante. De nouveaux éléments de merveilleux apparaissent par le travail des école de traduction...
Voilà ce que dit Jacques Le Goff, sur cette perception de la ''religion populaire''
« Les grands ennemis ou concurrents du catholicisme n’ont été ni le paganisme officiel antique qui s’est effondré rapidement, ni le christianisme grec cantonné dans l’ancienne partie orientale de l’empire romain, ni l’Islam contenu puis refoulé, ni même les hérésies ou les religions comme le catharisme qui, avant d’être vaincues par le catholicisme, n’avaient en définitive pu se définir que négativement, par rapport à lui. Le véritable ennemi du catholicisme, ce fut bien l’antique serpent qu’il conjura sans l’anéantir, le vieux fond de croyances traditionnelles, ressurgies sur les ruines du paganisme romain qui tantôt s’enfoncèrent sans disparaître dans le sous-sol du psychisme collectif, tantôt survécurent en s’incorporant au christianisme et en le déformant, en le folklorisant » (1972 : Histoire des religions, II, Paris, Gallimard, coll. « Encyclopédie de la Pléiade », pp. 749-868 ).