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litterature

Madame J.

Publié le par Perceval

Suite de: AU XIXE S. : UNE VIE INTELLECTUELLE ET MONDAINE...

Mme J. a profité de sa liberté, que lui donne un mari volage, pour parcourir l'Allemagne, mais aussi la Russie et la Pologne ...

Femme ravissante, blonde, le regard bleu plein de gaieté, aux manières simples et élégantes. Elle n’a pas froid aux yeux, c’est une femme libre. Elle est très liée à Marie d'Agoult (1805-1876). Elle est dit-on la maîtresse de Sainte-Beuve...

 

Alors qu'elle écrit à l'un de ses amants, pour lui évoquer des soucis d'argent ; on lui prêterait cette déclaration « Ce n'est pas mon mariage qui m'a gênée, mon mari n'a pas pris un sou de mon argent, il m'a même offert du sien mais comme il veut me ravoir je crains tout ce qui pourrait nous lier. C'est ce qu'on craint d'un mari, d'un maître. Ce n'est pas ce que je crains de toi, O mon amant, je te demanderais toute ta fortune sans craindre que tu ne me demandes, moi, à la fin »

Balzac-Massimilla Doni 1837

 

Ne serait-ce pas pour elle que Sainte-Beuve (1804-1869) entremêle agréablement, le latin, la philosophie et l'amour; et lui écrit quelques vers...?

 

Au lieu du frais chapeau, parure des bergères,

Au lieu d'un ruban bleu nouant vos cheveux blonds,

Vous voyez Hypatie, et la terre et les sphères,

Et vous courez aux plus grands noms.

 

Jamais de Charlemagne et de nos vieilles lois,

De certain Gondebaud, le Numa de nos bois,

Jamais du droit salique et du rang de la femme,

De cent, objets divers et de tous avec flamme,

Je ne me suis vu tant causer

Qu'auprès de vous, ce jour, lendemain du baiser !

 

Il est doux, quoi qu'on dise, avec celle qui charme,

D'échanger plus d'un mot, de croiser plus d'une arme,

De parler gloire et Grèce et Rome, et cœtera,

Pourvu qu'en tous propos la grâce insinuante

Mêle je ne sais quoi de Ninon souriante,

Que Dacier toujours ignora.

 

On écoute, on s'enflamme. A vous, sur toute chose,

La politique plaît, et pour vous plaire, on ose ;

Sur un fond de désir, je m'y sens animer ;

Pitt ou Thiers, peu importe, et ma verve est rapide...

Tout d'un coup, un regard humide

Avertit tendrement qu'il est temps de s'aimer.

Sainte-Beuve

Balzac- Dinah de la Baudraye - La Muse dép. 1837

A Paris, Mme J. s'est essayé au commerce des modes, sans réel succès; puis au roman, avec un récit qui traite fort mal le sexe fort, et qui fit scandale.

Elle est également connue pour ses récits de voyage et son intérêt pour le spiritisme.

Elle collaborera à la Revue cosmopolite...

Elle soutient, et aime chanter les chansons, aux idées libérales, de Béranger.

 

Mme J. s'intéresse à la plupart des " nouvelles " sciences en ce siècle bouillonnant : l'économie politique, l'anthropologie, l'astronomie et la philosophie. Elle lit en anglais, L'Origine des espèces de Charles Darwin (1859) , souhaite développer la philosophie populaire, et milite pour l'instruction des femmes...

 

Bien que tout ceci paraisse bien mondain; la fréquentation de cercles plus restreints, comme cette ''académie'' secrète, va permettre à Ch.-L de Chateauneuf de parfaire son chemin sur la quête du Graal …

 

Ces textes ci-dessus sont tirés, en particulier, des bio. De  : Hortense Allart ( et Sainte-Beuve) ; Olympe Audouard,

 

A suivre...

 

En notes, j'ai envie d'insister sur un ce féminisme romantique qui a pu s'imposer lors de ce XIXe siècle si misogyne …

Ariane Charton qui s’est spécialisée dans l’étude de l’époque romantique, l'a très bien décrit, avec :

- ''le Roman d'Hortense'' (2010) :

Hortense Allart (1801-1879), quitte son mari et en Italie, devient la dernière maîtresse de Chateaubriand... Puis à Londres, elle rencontre Henry Bulwer-Lytton avec qui elle vivra une histoire passionnelle, malgré des amours contingentes … Elle rencontrera Sainte-Beuve, puis se mariera en 1843, avec M. de Meritens dont elle se sépare bien vite... « c’était une femme fort galante. Intelligente d’ailleurs et très agréable ; très écriveuse aussi, et qui avait la rage d’être la maîtresse ou l’amie des hommes célèbres ». Jules Lemaître, critique.

 

et - '' Marie d'Agoult '' - grande aristocrate, mère de deux enfants qui s'éprend d'un musicien et quitte tout pour lui, et donc maîtresse de Franz Liszt – et selon les mots de A. Charton : « Marie d’Agoult représente un peu  pour Liszt la muse divine et elle, elle rêve une solitude à deux qui rendrait leur amour unique et divin. » ,

 

- Marie Dorval, la tragédienne la plus adulée du XIXe siècle, rencontre en 1829, Alfred de Vigny, le poète renommé...  Le poète installe sa muse dans un appartement de la rue Montaigne, où ils se retrouvent avec passion. Vigny est extrêmement jaloux, au point de faire suivre sa «vieille maîtresse» par l'inspecteur Vidocq lui-même, ne supportant pas sa liaison avec un poète plus jeune, Jules Sandeau. 

«Tout était passion chez elle, la maternité, l'art, l'amitié, le dévouement, l'indignation, l'aspiration religieuse ; et comme elle ne savait et ne voulait rien modérer, rien refouler, son existence était d'une plénitude effrayante, d'une agitation au-dessus des forces humaines...», écrit à propos de Marie Dorval son amie George Sand. Ariane Charton a établi l’édition de la correspondance entre Marie Dorval et Vigny intitulée Lettres pour lire au lit, correspondance amoureuse entre Marie Dorval et Alfred de Vigny (Mercure de France, Le Temps retrouvé, 2009)

 

Olympe Audouard (1832-1890), fut une « femme de lettres » comme elle se nommait, et un « bas-bleu » comme la pointait l'inamical Barbey d’Aurevilly... Une journaliste et une grande voyageuse... Elle fit de nombreuses conférences pour réclamer l’égalité complète pour les femmes, y compris le droit de voter et de se présenter aux élections.

Maîtresse d'Alexandre Dumas, Victor Hugo, dans ses carnets la soupçonne de concevoir pour les vieillards, pourvu qu'ils soient célèbres, d'étranges complaisances ... !

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Résumé de '' Notre Dame de Paris '' de Victor Hugo – 1831 - 2

Publié le par Perceval

Résumé de '' Notre Dame de Paris '' de Victor Hugo – 1831 - 2
Résumé de '' Notre Dame de Paris '' de Victor Hugo – 1831 - 2
Résumé de '' Notre Dame de Paris '' de Victor Hugo – 1831 - 2
Résumé de '' Notre Dame de Paris '' de Victor Hugo – 1831 - 2

Livre IVVictor Hugo revient sur l'histoire de l'enfant Quasimodo, adopté à 4 ans par Frollo, enfant trouvé dans la cathédrale … Frollo est le seul à savoir communiquer avec lui, par signes.

Esmeralda pense au beau capitaine de la garde, Phœbus de Châteaupers, qui l'a sauvée... Elle ne se connaît que deux ennemis, l'archidiacre ( Claude Frollo) et la recluse d'une des logettes de la place de Grève, odieuse vieille à qui autrefois son enfant a été volé par des bohémiennes et qui voudrait dévorer, déchirer de ses griffes toutes les bohémiennes.

Livre V – Il s'agit ici d'alchimie ; et de l'invention de l'imprimerie, le livre va provoquer le déclin de l'architecture, soutient Frollo...

Livre VI : Quasimodo est jugé, puis condamné à deux heures de pilori en place de Grève... Esmeralda qui lui donne à boire.

Livre VII : Esmeralda danse sur le parvis de Notre-Dame, tandis que Gringoire, qui s'est fait truand, est à présent jongleur. Esmeralda est regardée par la foule, mais aussi par Frollo, du haut des tours, et par Phœbus de Châteaupers.

Esméralda retrouve Phoebus et tombe amoureuse de lui. Mais Phoebus est fiancé à la jeune Fleur-de-Lys... Malgré cela, séduit par la jeune gitane, il donne rendez-vous à Esméralda dans une maison 'mal famée' . Au moment où celui-ci tente de l'étreindre et de triompher de ses résistances, Frollo embusqué ( en payant Phoebus, pour assister caché à ses ébats avec la bohémienne..), surgit et le poignarde.

 

Livre VIII : Esmeralda est accusée de ce meurtre et soupçonnée de sorcellerie; elle ne veut pas, pour être sauvée du supplice, se donner à Claude Frollo... - En réalité, Phœbus a survécu, mais elle le croit mort - Esmeralda est condamnée à être pendue. Quand on l’amène devant la cathédrale pour subir son sort, Quasimodo, qui lui aussi l’aime, s’empare de la belle et l’emmène à l’église, où le droit d’asile est un rempart contre la mort. Quasimodo veille sur elle en espérant obtenir son cœur mais il n’y parvient pas.

Livre IX : Esmeralda est toujours amoureuse de Phœbus et croit encore aveuglément que le capitaine l'aime également. L'amour de Quasimodo commence à prendre le dessus sur sa loyauté envers Frollo, au point que, lorsque Frollo tente d'abuser de la bohémienne, Quasimodo lui fait barrage.

Livre X : Les truands avec lesquels vivait la jeune fille viennent la délivrer. Ils assiègent la cathédrale, défendue par les soldats du Roi Louis XI

Livre XI : Frollo - ne pouvant des faire aimer - furieux profite du tumulte pour emmener Esmeralda avec lui et la livre aux griffes d'une vieille recluse, du ''Trou-aux-rats'', en attendant l'arrivée en force de la Justice. Elle reconnaît en 'l'Égyptienne' sa propre fille, Agnès, volée par des gitans quinze ans auparavant.

Du haut de Notre-Dame, Quasimodo et Frollo assistent à l'exécution, par pendaison, d'Esmeralda. Quasimodo comprend que Frollo a livré Esmeralda ; furieux et désespéré il pousse le prêtre du haut de la tour, et va lui-même se laisser mourir dans la cave de Montfaucon, tenant embrassé le cadavre d'Esmeralda, enfin uni à elle pour l'éternité.

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Résumé de '' Notre Dame de Paris '' de Victor Hugo – 1831 - 1

Publié le par Perceval

15 avril 2019 - Notre Dame de Paris en feu ...

15 avril 2019 - Notre Dame de Paris en feu ...

"Et la cathédrale ne lui était pas seulement la société, mais encore l'univers, mais encore toute la nature. Il ne rêvait pas d'autres espaliers que les vitraux toujours en fleur, d'autre ombrage que celui de ces feuillages de pierre qui s'épanouissent chargés d'oiseaux dans la touffe des chapiteaux saxons, d'autres montagnes que les tours colossales de l'église, d'autre océan que Paris qui bruissait à leurs pieds."
Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, t. II => https://c.bnf.fr/BBm 

Victor Hugo 1802-1885

Victor Hugo apprécie beaucoup Walter Scott, très à la mode en ces années 1820-1830.

Il affirme aussi : « j'aime mieux croire au roman qu'à l'histoire, parce que je préfère la vérité morale à la vérité historique ».

Victor Hugo signe un contrat avec Gosselin, et s'engage à lui livrer « un roman à la mode de Walter Scott ».

 

Hugo évoque l'inscription « ἈΝΑΓΚΗ » ( Ananké: « Fatalité ») qu'il aurait vue « dans un recoin obscur de l'une des tours » de Notre Dame de Paris, et qui lui aurait inspiré le roman...

Le roman – qui gravite autour de la cathédrale - se compose de 59 chapitres répartis en onze livres

Notre Dame de paris - Gravure originale par Arnoux, retouchée par Wilmann, 1860

Paris -1482 -

Livre I et II – Nous suivons Pierre Gringoire, poète sans le sou. Gringoire est l'auteur d'un mystère représenté le 6 janvier 1482 au Palais de justice en l'honneur d'une ambassade flamande.

Pierre Gringoire

La cohue populaire encombre la grand'salle du palais de justice. Dans cette cohue, on fait connaissance avec quelques personnages du drame :

Jehan Frollo l'écolier, un étudiant dissipé qui fréquente les truands de la Cour des miracles, mais compte aussi Phœbus de Châteaupers parmi ses connaissances de taverne. Il est le jeune frère de Claude Frollo, archidiacre de Notre-Dame, mû par sa foi et son appétit de savoir.

Trouillefou, roi de Thunes, chef des truands. Il occupe une place importante à la Cour des miracles.

 

Malheureusement, l'attention de la foule est vite distraite, d'abord par le mendiant Clopin Trouillefou, puis par les ambassadeurs eux-mêmes, et enfin par l'organisation improvisée d'une élection du Pape des fous à l'occasion de la Fête des Fous qui a lieu ce jour-là, à Notre-Dame...

Le sonneur de cloches de Notre-Dame, Quasimodo - la plus abominable personnification de la laideur physique - est élu Pape des Fous.

Voici la bohémienne Esmeralda, qui danse, au milieu d'un cercle de badauds, sur le parvis de Notre-Dame.

Le mystère finit par s'arrêter, faute de public. Gringoire, à cette occasion, entend parler de la danseuse bohémienne, Esmeralda qui passe pour égyptienne. L'ayant aperçue, il la suit dans les rues de Paris à la tombée de la nuit.

Esmeralda manque d'être enlevée par Quasimodo accompagné d'un mystérieux homme vêtu de noir, mais elle est sauvée par l'intervention d'un superbe gentilhomme, capitaine de la garde, Phœbus de Châteaupers et son escouade d'archers.

Le poète Gringoire, qui a été renversé lors de l'intervention, reprend ses esprits un peu plus tard et erre dans les rues... Il se retrouve sans le vouloir au cœur de la Cour des miracles, le quartier hanté par les pires truands de la capitale. Il manque d'y être pendu, et doit la vie à l'intervention d'Esmeralda qui pour le sauver de la pendaison, accepte de se marier avec lui, alors qu'elle n'éprouve aucun sentiment à son égard. Gringoire se fait alors truand.

Claude Frollo, perdu dans sa science, qui apercevant la jeune fille - ne sachant ce que c'est que la femme et l'amour – a senti se réveiller en lui des passions féroces. C'est lui qui a tenté de faire enlever Esmeralda par son sonneur, Quasimodo....

Paris-quartier-de-notre-dame- Jean-Claude Golvin, architecte, archéologue français

Livre III – Victor Hugo évoque Notre-Dame de Paris, son histoire et ses restaurations mal pensées, puis donne une vision d'ensemble de la ville de Paris telle qu'elle apparaissait à un spectateur médiéval regardant la capitale du haut des tours de la cathédrale.

Paris-quartier-de-notre-dame- Jean-Claude Golvin, architecte, archéologue français

 

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Des muses, de l'astronomie et des poètes.... 2

Publié le par Perceval

Caspar David Friedrich -Deux hommes contemplant la lune (1819)

Caspar David Friedrich -Deux hommes contemplant la lune (1819)

 

''La Ballade à la lune'' de Musset.

 

« C'était, dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La lune,
Comme un point sur un i.

(...)

Es-tu l'œil du ciel borgne?
Quel chérubin cafard
Nous lorgne
Sous ton masque blafard?

(...)

''La lune offensée'' de Charles Baudelaire.

 

Ô Lune qu'adoraient discrètement nos pères, 
Du haut des pays bleus où, radieux sérail, 
Les astres vont se suivre en pimpant attirail, 
Ma vieille Cynthia, lampe de nos repaires,

Vois-tu les amoureux, sur leurs grabats prospères, 
De leur bouche en dormant montrer le frais émail ? 
Le poète buter du front sur son travail ? 
Ou sous les gazons secs s'accoupler les vipères ?

(...)

 

Dans la mythologie grecque, Érato est une des neuf Muses, elle est la patronne de la poésie lyrique et érotique. 

 

Lors de rencontres plus mondaines, et par intérêt pour l'art, Charles-Louis rencontre le fils d'Arago, Alfred Arago (1815-1892) peintre et l'un des plus joyeux compagnons du cénacle de la rue Grange-Batelière...

Alfred Arago est de toutes les fêtes, et proche de plusieurs membres de la famille Bonaparte; cela le conduira à devenir en 1851, lors du coup d'état, un fonctionnaire du nouveau gouvernement, et en 1851 inspecteur général des Beaux-Arts...

 

A cette époque Arago était l'ami d'Alfred de Musset: la princesse Mathilde brûlait de rencontrer Musset. Arago s'y entreprit, mais au jour convenu, Musset était à moitié gris, et à table s'arrange pour en sortir ivre... Finalement il vomit, s'endort sur une chaise longue; puis revient au salon, où il réussit à tenir tout le monde sous son charme ... Musset ne revint plus chez la princesse ...

Dessin représentant le « fieux » présentant ses hommages à Caroline Jaubert, sa « très petite marraine », au bas d’une lettre autographe de Musset (11 août 1835). -  Caroline l’appelle son « fieux » ou son « Prince phosphore de cœur-volant » car l’homme et l’œuvre incarnent à ses yeux la fantaisie et l’aristocratie des lettres. 

Delphine Marquet, actrice.

Ce groupe que forme cette jeunesse dorée, comprend Edmond d'Alton-Shée ( républicain socialiste), qui présentera sa soeur Caroline Jaubert, à Musset et deviendra '' vingt jours sa maîtresse et, vingt ans sa "marraine".'' ...; Alfred Mosselmann (homme d'affaires): sa soeur Fanny, comtesse Le Hon est la maitresse de Charles de Morny , Horace de Viel-Castel, le baron Loève-Veimars ( critique du Temps, et traducteur d'Hoffmann), Jules de Saint-Félix neveu par alliance de Marie d'Agoult qui avec Ch.-L.  s'est interessé au personnage de Cagliostro et en a écrit une biographie amusée ... , Nestor Roqueplan, qui s'occupe de théâtre est un dandy et amant de la comédienne Joséphine-Victoire-Delphine Marquet -, Félix Arvers et bien sûr Alfred de Musset...

E.-Louis-Lami - Alfred-de-Musset et Rachel

Charles-Louis se souvient d'une anecdote sur Musset: «Un soir, en 1846, dans un souper dont il était, on admirait une jolie bague que Rachel avait au doigt. « Puisqu’elle vous plaît, dit-elle, je la mets aux enchères ». Chacun aussitôt de surenchérir, et la bague en un instant est poussée à 3.000 fr. – « Et vous, mon poète, dit-elle à Musset, que me donnez-vous ? – Je vous donne mon cœur. – La bague est à vous » dit Rachel en la lui jetant gracieusement. »

Alfred ne consentit à la prendre qu’à titre de gage pour le rôle que Rachel lui demandait d’écrire pour elle. Il commença deux pièces à son intention : Faustine et la Servante du Roi, mais elles ne furent pas achevées ; ils se brouillèrent et Alfred rendit la bague à Rachel qui la reprit sans hésiter ( sources : Etude et Récits sur Alfred de Musset, Alix de Janzé, Paris, Librairie Plon, 1891. )

Apollonie Sabatier, pseudonyme de Joséphine-Aglaé Sabatier (1822-1890)
Apollonie Sabatier, pseudonyme de Joséphine-Aglaé Sabatier (1822-1890)
Apollonie Sabatier, pseudonyme de Joséphine-Aglaé Sabatier (1822-1890)
Apollonie Sabatier, pseudonyme de Joséphine-Aglaé Sabatier (1822-1890)
Apollonie Sabatier, pseudonyme de Joséphine-Aglaé Sabatier (1822-1890)
Apollonie Sabatier, pseudonyme de Joséphine-Aglaé Sabatier (1822-1890)
Apollonie Sabatier, pseudonyme de Joséphine-Aglaé Sabatier (1822-1890)

Apollonie Sabatier, pseudonyme de Joséphine-Aglaé Sabatier (1822-1890)

Auguste Clésinger, Femme piquée par un serpent, Orsay.

Un autre point commun à ce groupe d'amis, est la belle et célébrée Aglaé Sabatier (1822-1890), qui devient Apollonie à la faveur des charmes qu'elle offre à Alfred Mosselman... Aglaé rencontra toute l'équipe qui prenait l’air au balcon de Beauvoir (l’hôtel Pimodan), alors qu'elle s'en revenait de l'école de natation aux bains Lambert avec deux amies … Le peintre Boissard, ami d'Alfred Mosselman (qui était marié) va jouer l'amant en titre ; son atelier tient portes ouvertes et Mme Sabatier rencontre tout un peuple d'artistes ... Entre1840 et 1850, elle est l'égérie des artistes et poètes modernes sous le surnom de « la Présidente » ( présidente de la réunion des artistes...)...

Alfred Mosselman désire que ses amis mesurent son bonheur, tant sa muse est séduisante ; il la fait mouler sur nature, puis sculpter par Auguste Clésinger, qui crée sa célèbre statue, objet de scandale au Salon de 1847... L'oeuvre, ne pouvait se nommer 'corps de femme saisi en plein orgasme', est appelée'' La femme piquée par un serpent '' ...

Entre le 9 décembre 1852 et le 8 mai 1854, Baudelaire écrit sept poèmes qu’il lui envoie de façon anonyme. .. Baudelaire la célèbre en silence cinq ans durant, il l'idéalise... Elle est l'inspiratrice d'un certain nombre de poèmes des Fleurs du Mal ...

Ce n’est que le 18 août 1857 qu’il lui avouera qu’il en était l’auteur, pour lui demander d’intervenir auprès des juges dans le procès intenté contre Les Fleurs du Mal.

BAUDELAIRE Charles (1821-1867).  Autoportrait et croquis, entre 1844.. -->

Après le procès, Madame Sabatier, se donne charnellement à l’auteur du recueil maudit... Pourtant, Baudelaire, va se détourner de son « ange plein de gaîté » : «  Il y a quelques jours, tu étais une divinité, ce qui est si commode, ce qui est si beau, si inviolable. Te voilà femme maintenant... », lui écrira t-il dans une lettre de rupture...!

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Le juif errant - Ahasvérus et Rachel -

Publié le par Perceval

Minna à Grünstadt

Edgar Quinet - 1833 -

A Heidelberg, en ce printemps 1827, Edgar Quinet rencontre Minna, il découvre la femme idéale, avec ses qualités particulières : « la sérénité, la douce et profonde paix d'une âme allemande, la fraîcheur, la sympathie, la résignation et les courage, la foi »... Il croit respirer en sa présence « le souffle même de l'Allemagne.... »... La réalité est plus tourmentée, et -en 1831 - les fiancés se séparent... Pour elle l'amour conjugal ne consiste point en un feu dévorant (Eros), mais dans le rayonnement d'une chaleur bienfaisante ( Agapé..) ; Minna cherche à préserver sa féminité, sa pudeur... Croyant le libérer, elle congédie Edgar ; mais elle se sent indissolublement liée à lui, elle l'aime dit-elle, plus qu'elle ne croit qu'il l'aime ...

Minna Quinet en 1841

Ils se réconcilient, en décembre 1833... Pourtant, Quinet s'est laissé accrocher par Miss Mary Clarke, son aînée de dix ans, sorte de pythie de salon de laquelle peut dépendre le succès social...

 

En 1834, il épouse Minna... Elle décédera en mars 1851... En 1852 à Bruxelles il se mariera avec Hermione Ghikère Asaky (1821-1900)

« C'est avec la présence de Minna que Quinet pourra atteindre sa vocation spirituelle ; Minna est la sibylle qui l'a délivré du grotesque et élevé au sublime. Elle lui a montré la vertu de la simplicité.. » C'est ce qu'en dit Willy Aeschimann, dans son ouvrage majeur sur Quinet : La pensée d'Edgar Quinet...

 

M. Chagall - Le juif errant

Dans Ahasvérus le personnage principal tombe amoureux de Rachel, jeune femme qu'il rencontre en Allemagne au cours de son éternel périple. Il ignore que Rachel, humble servante de Mob, est en vérité l'ange qui pleura au ciel lorsque le Christ lança sa malédiction contre lui.

 

Au fond d'une maison noire, à l'angle d'un carrefour, une vieille femme se chauffe dans les cendres. Près d'elle est assise une jeune fille, Rachel... La femme qui passe pour être sa mère n'est autre que Mob...

Si la politique ne vous convient plus, jetez-vous dans la religion, conseille Mob à Ahasvérus: « où la vie se passe à vivoter. »...Mais, l'Amour a éveillé en lui le désir de l'infini …

 

Chagall, - Les Amoureux -

 « (…) Mob, la vieille, c’est la matière qui a vécu autant que le Juif errant, et qui vieillira comme lui ; tous les mauvais instincts, tous les appétits déréglés, les inclinations matérielles, Mob les résume et les représente. La jeune Rachel représente le contraire : c’est la spiritualité, l’âme, le dévouement confiant, l’amour inépuisable, l’espérance céleste. Rachel est la servante de Mob, comme l’esprit est soumis à la matière, comme l’âme obéit au corps. Sans ces deux femmes, Ahasvérus n’est rien, avec elles il est tout : un mélange de foi et de doute, de résignation et de colère, d’amour et de haine ; c’est le véritable homme moderne, tel qu’une civilisation en marche a dû le constituer. » P. A. E. Girault de Saint-Fargeau (1839)

 

Ahasvérus éprouve pour Rachel de la passion : « Oui, tout est attaché pour moi à la possession de cet être délicieux ;le reste du monde est vide. Je le sais, je le connais ; les mers, les lacs, les forêts, je les ai visités ; mais il me manquait une place dans ce cœur, et c'est là qu'est l'univers ».

 

Rachel incarne le pardon qui est seul capable de racheter le Juif errant. C'est elle qui en partageant la douleur de son amant lui apporte compassion et consolation. « Le paradis, c'est toi », déclare Ahasvérus ; Rachel lui répond qu'elle l'aime autant que Dieu. Dans la femme l'homme découvre la possibilité de recréer l'unité perdue. « Tu es toute chose », dit Ahasvérus à Rachel, « et tout ce qui n'est pas toi n'est rien ».

Lors de la ''troisième journée '' Les scènes à Heidelberg – entre Rachel et Ahasvérus sont la transposition de ce qui s'est passé entre Minna ( la fiancée ) et Edgar : la mort de cet amour ; et avec Mob, la mort d'un certain esprit catholique. Ensuite, lors des scènes à Strasbourg, la cathédrale représente la mort du christianisme médiéval...

Dans la quatrième « journée », Quinet met en scène un monde qui est en train de mourir, l'amour qui tarit, représente la condition spirituelle de l'homme moderne...

Ahasvérus se rend compte que l'amour d'une femme ne lui suffît plus .. !

Finalement, il n'y aurait que Dieu qui pourrait remplir le vide infini de l'âme : « Pour me rendre le repos, c'est une religion nouvelle qu'il me faudrait, où personne n'aurait encore puisé. C'est elle que je cherche. C'est là seulement que je pourrai abreuver la soif infinie qui me dévore »

A son amant Rachel répond que c'est dans le Christ qu'ils pourront se perdre tous deux.

 

Puis, la Femme affirme que son amour est plus fort que la mort : « Avec toi », dit-elle à son amant, « sans Dieu, sans Christ, sans soleil, je te jure que je n'ai besoin de rien ».

 

Au jour du Jugement Dernier Ahasvérus refuse le repos que le Christ veut lui accorder ; il préfère, au contraire, repartir à la recherche d'un dieu inconnu...

 

A la fin de cette quatrième journée du poème, Ahasvérus et Rachel, terre et ciel, ne forment plus qu'un seul être, « archange infini », sorte d'androgyne collectif parti à la conquête de l'avenir...

Ahasvérus, homme éternel est transfiguré sous la conduite de la femme, symbole de l'esprit, de la foi, de l'espoir, selon la mystique du couple...

 

Sources : Willy Aeschimann: La pensée d'Edgar Quinet...

 

A suivre : l'histoire de Viviane, Merlin de Edgar Quinet.

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Le juif errant: Ahasvérus d'Edgar Quinet

Publié le par Perceval

Les positivistes tiennent Quinet pour un idéaliste embrumé et mystique ; et, la critique catholique fait de ce pourfendeur des jésuites, un athée … ! En fait, Quinet a une pensée religieuse libre, ennemie du cléricalisme... Il se veut le prophète d'une religion affranchie de l'intolérance et du parti-pris, qui associerait les « cultes frères...dans la Cité promise »

La Compagnie de Jésus

 

Avec Michelet, il dénonce publiquement en 1843 « l’esprit de mort » de la compagnie de Jésus et prêche pour une Révolution, faisant naître des mobilisations de leurs étudiants au Collège de France. Ils sont dès lors tous deux suspendus du Collège de France. La Révolution de 1848 leur rouvre les portes du Collège de France. Mais Edgar Quinet préfère se faire élire député de l’Ain à la Constituante, puis à la Législative. Il s’oppose aux décisions visant à protéger le pape face aux troupes patriotes de Garibaldi, et en tant que républicain, il s’exile après le coup d’Etat de Napoléon III et la proclamation du Troisième Empire le 2 décembre 1852.

Edgar Quinet (1803-1875)

Commence alors la période de l’exil en Belgique, puis en Suisse, pendant laquelle il produit alors de nombreux ouvrages politiques, critiquant l’héritage de la Révolution responsable des échecs des Ière et IIème Républiques. A la proclamation de la Troisième République, en 1870, il se fait élire représentant de Paris en février 1871. Il rédige en 1872 La République et en 1874 L’Esprit nouveau. Jusqu’à sa mort le 27 mars 1875, il s'oppose au projet de Thiers d’une « République sans républicains ».

 

Auparavant, c'est la figure du '' juif errant '' qui a retenu son attention, avec une épopée en prose '' Ahasvérus'' (1833)

« chaque lieu de la nature, chaque moment de la durée ayant son génie propre, représente la Divinité sous une face particulière ; […] il n’est pas un point égaré dans l’espace ou le temps, qui ne figure pour quelque chose dans la révélation toujours croissante de l’Éternel. […] La terre enfante véritablement son dieu dans le travail des âges. » ( E. Quinet - Du Génie des religions, 1842 )

 

Ahasvérus

Wilhelm August Lebrecht Amberg

Cette œuvre, se présente comme un « mystère » (médiéval), avec une succession de tableaux, une succession chronologique d'épisodes majeurs qui ponctuent les rapports de Dieu et des hommes. Le prologue et l'épilogue se situent hors des temps historiques, et encadrent quatre journées qui correspondent chacune à une période ou un événement clef.

 

Dans le prologue, 3500 ans après le Jugement dernier ( la fin du monde) – la création (mauvaise) a été détruite et avant d'en créer une autre..., les archanges jouent, devant Dieu et ses saints, une pièce qui représente l’histoire du monde passé.

Le héros sera le Juif Errant et, après un rappel de l’aventure humaine depuis les origines, sur l’Himalaya, on suit les pérégrinations d’Ahasvérus, condamné à ne jamais mourir...

 

La première journée «  La Création » s’étend de la Genèse à la Nativité et s’attarde longuement au début sur la relation qui unit à Dieu les êtres primitifs, monstres : dialogue de quatre monstres de l’Orient : le Serpent, Léviathan, le Poisson Macar et l’Oiseau Vinateyna ; puis, on entend le chœur des Géants et des Titans , et l’Océan qui renâcle à l’idée d’être chargé d’anéantir la terre par le déluge.

La deuxième journée, « La Passion », introduit la légende du Juif errant : Jésus gravit l'âpre sentier qui mène au Golgotha, et, chancelant sous sa croix, il implore l'assistance d'Ahascerus, qui le repousse. Le Christ le maudit, et le condamne à marcher toujours plus avant. Il commence alors son errance jusqu’à assister à l’invasion des Barbares du Nord.

<-- Chacun meurt à son tour. Et moi je vis toujours. Le Juif errant G. Doré -1862

La troisième journée, « La Mort », se déroule au Moyen-Age et confronte Ahasvérus à deux personnages féminins antithétiques : Mob, figure cynique de la mort qui raille tout amour et toute croyance, et Rachel, ange banni du Ciel pour avoir éprouvé de la compassion pour Ahasvérus : changé en femme, il est condamné à devenir sa compagne à jamais... C’est elle qui aide le Juif errant à comprendre le sens de sa mission et le prépare à affronter « le Jugement dernier ». Rachel fait monter jusqu'au ciel un cri de miséricorde... Nous sommes arrivés à la dernière limite du temps présent.

La quatrième journée, « le jugement dernier », s’ouvre sur le jugement de l’Océan et se clôt sur celui d’Ahasvérus, consacrant par cet encadrement la superposition de ces deux figures dans l’affirmation d’un perpétuel dépassement de soi.

L'amour entre Rachel et Ahasvérus, vaut au maudit son pardon, et le couple s’élance alors à la conquête d’« étoiles inconnues », symbole de l’humanité qui progresse sans fin

L’épilogue enfin annonce la mort de Dieu, et du Christ : pour donner naissance à « un nouvel Adam ».

Le juif errant traverse les mers, les rivières, les ruisseaux - G. Doré

Dans la perspective de la conversion finale de Satan, image de la fin de l’histoire, Merlin l’Enchanteur récapitulera semblablement les temps et les dieux ; à l’occasion, on rencontre même : Ossian ; Psyché converse avec le roi Artus, Merlin et la fée Viviane consolent « le bon Encelade » enseveli sous l’Etna… Avec Ahasvérus et Merlin, Quinet nous donne une sorte de mythologie de l’histoire universelle. 

A suivre : avec l'histoire d' Ahasvérus et Rachel

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Edgar Quinet - Le juif errant.

Publié le par Perceval

Edgar Quinet (1803-1875)

Les leçons d'Edgar Quinet (1803-1875) sur les jésuites, créent la polémique... Quinet pense qu'il est nécessaire de bousculer les idées reçues, ou pour le moins user de sa liberté philosophique...

Ses cours sont émaillés d'applaudissements ou d'incidents ; et Ch.-Louis de Chateauneuf est passionné par les débats suscités...

A la fin d'un cours, guettant l'instant où Monsieur Quinet serait enfin libre, Ch. Louis réussit à s'approcher et le questionner sur le texte médiéval Parzival de von Eschenbach : cela suffit à attirer son attention, et croiser le regard scrutateur du professeur. Ch-L de Chateauneuf explique sa quête, et son questionnement religieux à la lumière de la philosophie allemande. Quinet l'encourage, et lui donne des pistes d'investigations, comme Lessing ou Schelling.. ; enfin, ils se découvrent tous deux une passion pour Mme de Staël...

Monsieur le professeur Quinet, lui promet un entretien plus long et personnel ; mais il est attendu chez la duchesse d'Orléans … !

Puis, subitement ; il revient vers lui ; et lui confie : « il vous faut rencontrer Ahasvérus; lui, il devrait pouvoir vous dire bien des choses sur le Graal … Je suis très sérieux » … !

* Rencontrer Ahasvérus ! Le juif errant, rien de moins !

En 1602, un livret de colportage allemand : '' Histoire d'un juif nommé Ahasvérus'', décrit la vie d'un simple cordonnier juif qui prétend avoir assisté à la crucifixion du Christ.

Auparavant, déjà au XIIIe siècle, un moine bénédictin anglais Roger de Wendover raconte qu'un homme appelé Cartaphile, a frappé le Christ dans le dos pendant sa Passion, et Jésus lui aurait répondu: «Moi, je vais, et toi tu attendras jusqu'à ce que je revienne.». Puis, Cartaphile se fait baptiser et a prend le nom de Joseph.

Ensuite, ce personnage se rencontre dans des complaintes françaises, il est identifié comme juif, juif errant et se nomme Isaac Laquedem. Depuis l'homme marche, témoigne de la passion du Christ et appelle au repentir. Il est alors une figure édifiante, qui parle toutes les langues et prédit l'avenir, suscitant plus de sympathie que de méfiance.

 

« Un jour, passe devant sa porte un lugubre cortège : un centurion à cheval, des soldats casqués, une foule insolente, tous ont l’injure à la bouche... Ils conduisent à son dernier supplice un galiléen, un juif – qui chemine sur les routes d'Israël – et qui - dit-on - veut devenir le roi d'Israël, un opposant aux romains et aux prêtres du Temple : Jésus portant sa croix d'infamie...

Sous le poids de la poutre qui meurtrit son épaule, sanglant, épuisé, Jésus tombe, face contre terre. Isaac, comme les autres, ricane. Relevant son front couronné d’épines, le Sauveur, un instant, le regarde. Ce regard semble attendre de la compassion, un sursaut de pitié, un secours...

Mais, lui, Isaac, dur et brutal, crie – en direction de ceux qui sont les plus forts - « Ôte-toi, criminel, de devant ma maison ! Avance et marche !...

Il croit alors entendre, une voix, très douce, qui dit : « Tu marcheras toi-même - après moi - pendant plus de mille ans. Le dernier jugement, finira ton tourment. » ( adapt d'un conte d'Adjutor Rivard )

C’est, dans une même sentence, le châtiment infligé pour la faute et le pardon promis à l’expiation.

Une force irrésistible pousse soudain le misérable : il lui faut marcher, marcher sans relâche, jusqu’à la fin des temps ! Et, tandis que le cruel cortège reprend la montée du Calvaire, Isaac Laquedem, de son côté, part, en quête du pardon. »

 

Eugène Sue (1804-1857) , sous l'influence du romantisme allemand, écrit un roman intitulé Le Juif errant.

Il fait de celui-ci un champion du combat pour la justice sociale.dénonce la persécution des juifs... Il inverse le motif antisémite du complot : ceux qui incarnent le mal sont ici ceux qui accusent les juifs de la mort du Christ... A l'organisation malveillante et secrète des jésuites, s'oppose l'action du juif errant, qui comme le peuple a connu l'oppression et travaille à sa propre rédemption ..  

Ce roman feuilleton d'Eugène Sue connaît un véritable succès populaire.... Nous sommes alors en 1845...

 

* Ahasvérus que connais-tu du Graal... ?

« Plus que tu ne penses... Comme lui, je suis le témoin de la mort de Jésus... Et comme lui, je suis toujours là ; puisque je l'ai remplacé... ! »

A présent le juif errant est le chrétien par excellence ; il est une preuve ''vivante'' de sa divinité...

Comme lui, il porte les anathèmes lancés contre ; il continue de subir les persécutions... Comme lui, il va, contre l'hypocrisie religieuse, mélange de piété et d'abus de pouvoir spirituel … Le juif errant, - au cours des siècles –- dénonce : la vente d'indulgences, les supplices de l'inquisition, le culte des saints, les processions de flagellants...

 

Le juif errant, comme le Graal, « mène une existence factice avec une personnalité d'emprunt » ( Willy Aeschimann – la Pensée d'E. Quinet) … Y sont attachés, dans un parcours semé d'obstacles et de mésaventures, les thèmes littéraires du chevalier et de l'alchimiste errant : « ce sentiment de l'errance est plus que la souffrance physique et morale d'une incessante marche en avant. Il est l'indice d'une obscure frustation : la route du monde reste étrangère à la ''maison de sin âme''. » ( W. Ae.)

 

Edgar Quinet (1803-1875) : historien français, professeur au Collège de France aux côtés de Michelet, d’où ils furent tous deux exclus par Guizot en 1846 pour anticléricalisme.

Un Républicain engagé, élu député de l’Ain en 1848, réélu en 1849, proscrit après le coup d’Etat, comme Victor Hugo, et comme lui ne rentrant en France qu’une fois la République retrouvée.

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Lohengrin – le chevalier au Cygne:

Publié le par Perceval

Lohengrin et Elsa - Parzival et Condwiramurs - Gahmuret et Herzeloyde

Lohengrin et Elsa - Parzival et Condwiramurs - Gahmuret et Herzeloyde

À la fin du Moyen Âge, la légende du Chevalier au Cygne jouit d’un grand succès en langue française et connaît une extraordinaire diffusion dans la littérature germanique, qui, dès le XIIe siècle, l’associe à celle du Graal, avec l’établissement d’un lien de filiation direct entre Lohengrin et Perceval...

Pour Eschenbach, Lohengrin, en tant que fils de Parsifal, est prédestiné à la vie de chevalier du Graal.

On connait la légende du chevalier au cygne, avec Geoffroy d'Auxerre ( 1187)

«  Dans le diocèse de Cologne, se dresse au-dessus du Rhin un palais immense et fameux que l’on nomme Nimègue. C'est là que jadis, à ce que l'on dit, en présence de nombreux princes et de l'empereur, on vit aborder sur la rive une petite barque qu’un cygne tirait par une chaîne d’argent passée à son cou : tous les spectateurs se dressèrent, stupéfaits devant ce prodige. Alors un tout jeune chevalier, inconnu de tous, sauta de la barque ; et le cygne, comme il était venu, repartit en tirant la barque par sa chaîne.

Le chevalier se révéla preux au combat, de bon conseil, heureux en affaires, fidèle à ses maîtres, redoutable pour ses ennemis, plein d’amabilité pour ses compagnons et de charme pour ses amis ; il épousa une femme de noble naissance, dont la dot lui apporta la richesse et la parenté, la puissance. Enfin, après la naissance d’enfants, bien plus tard, alors qu’il se trouvait dans le même palais, il vit de loin son cygne qui revenait de la même manière, avec la barque et la chaîne. Sans attendre, il se leva précipitamment, monta dans le navire et ne reparut plus jamais. Mais de ses enfants sont nés bien des nobles et son lignage a survécu et s’est développé jusqu’à nos jours.  » ( Wiki)

 

Une autre version, qui se rattache aux miracles du Graal; raconte que celui-ci protège Elsa, fille du roi du Brabant: jeune et riche orpheline...

Lohengrin, alors qu'il vit au Château du Graal, entend qu'un tournoi se prépare en Flandres.. Le chevalier Telramund, tuteur de la princesse Elsa von Brabant, soutient ( à tort) que la jeune fille – par promesse devant le roi mourant - se devait de l'épouser, et exige qu'elle tienne sa promesse. La belle héritière nie cette version, et demande que justice lui soit rendue... L'empereur d'Allemagne, devant qui la question est posée, décrète que Telramund affronterait en duel le champion qu'Elsa voudrait bien choisir... Mais Telramund est craint, et nul chevalier n'ose se mesurer à lui...

Seul le ''Chevalier au cygne'', ainsi nommé, car il est apparu sur la rivière Scheldt assis dans une nacelle tirée par un cygne uniformément blanc, relève le défi du tuteur d'Elsa et le terrasse...

Elsa épouse son sauveur, qui lui fait jurer de ne jamais chercher à connaître ses origines ni lui demander son nom. Elsa promet, mais elle souffre de ce secret qui la sépare de son époux et fait de lui un étranger. Un soir, dans la tendresse des draps, elle ne peut s'empécher de l'interroger à ce sujet, arguant du fait de la vérité due à leurs deux enfants, elle ne pourrait pas refuser éternellement de leur réveler le nom et l'origine de leur père.

Alors, dans un grand soupir, le Chevalier au Cygne, l'emmene près de la rivière tout en lui disant:

- Mon nom est Lohengrin. Je suis l'un des chevaliers elfiques du château de Montsalvat, où est conservé le Saint-Graal.

A ce moment, le cygne à la nacelle fait à nouveau son apparition. Lohengrin grimpe dans la fragile embarcation et repart seul vers le château du Graal.

Cette version, est racontée, par des peintures murales dans le château de Neuschwanstein, construit selon les désirs de Louis II de Bavière, qui s'identifiait à Lohengrin...

 

La famille de Clèves, après l’extinction du lignage de Boulogne-Bouillon, s’est appropriée le Chevalier au Cygne comme ancêtre et rêvait de reprendre le flambeau de la croisade, pour donner à la chrétienté un nouveau Godefroy

Le duc de Clèves, le père de Marie de Clèves, s’était engagé à partir pour la croisade au fameux banquet du Faisan de Lille en 1454, avec Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Selon Olivier de la Marche, la journée avait commencé par une joute, et la promesse au vainqueur d'un riche cygne d’or...

 

Pour ce qui est du lien entre le chevalier au cygne, et le Graal; - en plus de celui d'Eschenbach - on peut noter un roman d'aventures en vers, écrit entre 1270 et 1280, nommé ''Sone de Nansay'' rédigé à l'instigation d'Adélaïde de Bourgogne. Le roman contient nombre d'allusions à des situations réelles et des personnages connus liés la cour du duché de Brabant. L'ouvrage servira à ce titre à l'éducation de Jean Ier, second fils d'Adélaïde. L'auteur, célèbre son héros, chevalier au cygne, comme le fils spirituel de Joseph d’Arimathie et en lui accordant le privilège d’une visite au château du Graal, qu’il imagine en Norvège.

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Ondine - F. de La Motte-Fouqué - 2 - Commentaires

Publié le par Perceval

Ondine - Illustration de Benjamin Lacombe

Ondine - Illustration de Benjamin Lacombe

Nous avons découvert Ondine (Undine, en allemand), un conte de Friedrich de La Motte-Fouqué, paru en 1811, dans lequel ce génie féminin des eaux, cherche, en épousant le chevalier Huldebrand, à acquérir l'âme dont elle est dépourvue.

 En 1803, La Motte-Fouqué épouse en secondes noces Caroline von Briest, avec laquelle il a une fille, Marie, dans l'année. Elle est une femme de lettres romantique allemande qui anime à Berlin, un salon littéraire. En 1812, elle publie un recueil de sagas et de légendes...

Nennhausen

Il donne alors sa démission de l'armée, et le couple s'installe à Nennhausen, propriété installé près de Rathenow et appartenant à son épouse. L'un et l'autre se consacrent alors à la littérature... Le 21 août 1831, Caroline meurt à Nennhausen, et ses restes sont inhumés dans le parc du château

''Curieusement'' – je rapproche ce qui suit du ''couple à trois '' ( Huldbrand , Ondine, Bertalda) du conte - le 25 avril 1833, il se remarie avec la fille d'un officier suédois, la jeune Albertine Tode (1806-1876), de trente ans plus jeune... En effet, Charles Theodor Fournel (1817- 1869) qui est étudiant de Fouqué, et loge chez eux ( courant à l'époque); a une liaison avec Albertine; il est le véritable père des deux enfants d'Albertine...

Princesse Marie anne de Prusse

Fournel fut précepteur des enfants royaux de Prusse à Berlin. Il a publié des ''Légendes dorées'' …

Friedrich de la Motte Fouqué meurt le 23 janvier 1843 ; six jours après, sa femme donne naissance à son second fils …

Fournel, à la fin de son séjour en juillet 1853, se marie avec Marie Pauline Eyrich, âgée de 23 ans, née à Schlawe en Poméranie. rentre en France, et devient professeur d'allemand à Orléans, puis à Tournon.

Je peux ajouter encore , dans la série des ''liens'' ..., que La Motte-Fouqué avait une amie, une muse ... La princesse Marianne de Prusse (1785-1846), qui est la grand-mère du roi Louis II de Bavière...

 

''Ondine'' de Friedrich de La Motte-Fouqué a eu un succès immédiat, louée par Goethe, Heine, Hoffmann...

Dans une série de contes comme La Légende de Henno ( avec une femme-dragon), la légende de Diego Lopez ( avec une femme d'origine inconnue qui ne supporte pas le signe de croix...) la légende de Peter von Stauffenberg ( belle femme inconnue qui ne peut se marier …), nous retrouvons comme dans Mélusine, le thème de la double apparence, et l'union rompue par un interdit, celui d'une certaine connaissance... On sent que l'on a voulu marquer du sceau infernal, des figures de séduction païenne liées à la nature, à l'éros, et au féminin …

On peut encore aller un peu plus loin ... Avec quelques commentaires que j'emprunte à Christine Planté - Professeure émérite de littérature française du XIXe siècle - Université Lumière - Lyon 2

Pour l'homme, la femme constitue l'Autre, au point qu'à leurs yeux il n'est pas de différenciation ... Ainsi Ondine, parmi les ondines ... «chaque Ondine est l'Ondine — chaque femme La Femme ? — ce qui suffit à la définir... « Une femme exclut l'autre par sa nature, car on exige de chacune d'elles ce qu'il incombe à son sexe tout entier de donner. Il n'en est pas ainsi des hommes » (Goethe, Les Affinités électives). La réécriture du mythe par Giraudoux va accentuer l'identification d'Ondine à l'éternel féminin...

Ondine, dans les eaux comme sur terre, est soumise aux vouloirs des hommes. Ondine attend tout de l'amour ...

Dans la recherche de l'union avec l'autre, l'individualité de la femme se trouve menacée, et non constituée — autre façon de se perdre. C'est le sens que Marina Tsvetaeva ( poétesse russe, 1892-1941) donne au destin d'Ondine lorsqu'elle parle, dans une lettre d'amour, de sa propre soif, «  avant [elle] née, la soif la plus secrète de tout [son] être, scellée comme l'eau du puits par la pierre de Ringstetten pour qu'Ondine ne puisse pas retourner chez elle - se retrouver ».

Tsvetaeva refuse : « Devenir un être humain par le biais du mariage ou de l'amour -par le biais de l'autre - et nécessairement d'un homme - n'a aucune valeur pour moi... Autrement, si c'est ainsi que l'on devient un être humain, c'est que l'on est une espèce de demi-créature, une ombre léthéenne impatiente de prendre chair et sang. »

Arthur_Rackham_1909_Undine

Bertalda, - éprise de sa propre beauté, pleine de vanité sociale et séductrice sans scrupules- est dès le commencement soucieuse de paraître et victime des apparences, attirée par les surfaces et par les images brillantes, cède à la fascination de l'eau-miroir.

Huldbrand meurt – dans la culpabilité - d'avoir trahi et renié, avec sa femme Ondine, la fidélité à sa parole et une part de lui-même...

 

Ce qui fait la vérité de la fable ďOndine et son pouvoir de fascination ; c'est l'amour malheureux, la distance, voire la rupture.

 

Ondine et sa fable sont nées du cerveau et du désir de l'homme. C'est lui qui pose que, pour la femme, il n'est d'individuation que par l'amour, d'accès à la pleine humanité que par sa propre médiation. Wagner, qui aimait le conte de Fouqué, proposait une formulation exemplaire de cette thèse dans un chapitre de Opéra et Drame intitulé : « La musique est femme » :

« La nature de la femme est l'amour […] La femme n'atteint sa pleine individualité qu'au moment de l'abandon. C'est l'Ondine du fleuve qui passe en murmurant à travers les vagues de son élément, sans âme, jusqu'à ce que l'amour d'un homme lui donne une âme. »


 

Si l'union fusionnelle signifie la paix, mais, au moins pour un des deux amants, elle signifie la mort, abolition la plus simple des différences. Dans la littérature du XIXe siècle, où l'homme demeure le sujet de référence, cet effacement est presque toujours celui de la femme, se cherchant, dit Vigny, « au miroir d'une autre âme ».


 

Cela ne peut plus s'entendre... « Qu'on m'aime moi, et non l'être idéal et faux, issu de l'imagination de ce poète.. » disait Marina Tsvetaeva

Jean Giraudoux exprime dans sa version une certaine balourdise masculine, qui prend la forme d'un désarroi et d'un ressentiment moins subtils, malgré la dérision affichée par l'auteur : « Cela va s'appeler Ondine, ce conte où j'apparais çà et là comme un grand niais, bête comme un homme. Il s'agit bien de moi dans cette histoire !... »

 

Chez Fouqué, Huldbrand meurt dans les bras d'Ondine, « tremblant d'amour et de la proximité de la mort ».

Dans son enlacement et ses baisers, Ondine apporte à la fois la conciliation et la fin. Nous savons que la mort d'Huldbrand est acceptée, désirée peut-être. Il renoue, dans cet embrassement, avec une part de lui-même et d'humanité sans laquelle la vie lui serait devenue insupportable aux côtés de Bertalda.

Il y a réparation et rédemption d'Huldbrand : c'est Ondine, cette fois, qui le rend à la pleine humanité, et lui rappelle qu'il a une âme et une conscience. La reconnaissance et l'acceptation de sa propre faiblesse apportent le soulagement et la délivrance au dominateur. » Christine Planté

 

Ondine, Mélusine, et leurs soeurs apparaissent comme des victimes; alors qu'elles auraient pu apporter bonheur, prospérité... elles sont rejetées dans le monde figé de l'éternité: qu'il s'appelle paradis ou Avalon... Et finalement '' Château du Graal '' ( après que soit achevée la Quête ...)

Ce qui nous amène à une figure similaire et masculine: Lohengrin , en son château du Graal...

Pour Lohengrin, l'animal ( monstre pour Mélusine ...) est le cygne, compagnon symbolique de l'homme-fée.... Mélusine et Lohengrin, sont aussi des figures historiques, témoins des relations – au Moyen-âge – entre la religion et le paganisme...

 

A suivre: ... Lohengrin – le chevalier au Cygne:

Ondine - Illustration de Benjamin Lacombe

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Ondine - de F. de La Motte-Fouqué - 1

Publié le par Perceval

Friedrich de La Motte Fouqué

Comme je l'ai déjà dit: Le conte de l'X. et C.-L. de Chateauneuf, eurent la chance de rencontrer – en visite à Paris - Friedrich de la Motte Fouqué (1777-1843), qui se passionne pour l'épopée du Graal, et qui recherche les sources françaises... Descendant de huguenots réfugiés en Allemagne, l'écrivain n'a plus qu'un objectif : écrire une épopée qu'il nomme '' Der Parcival''...

 

Il a commencé à écrire son Parcival, après la mort (1831) de son épouse, Caroline...

Pendant huit mois, il pratique une écriture intensive – en même temps il fréquente une jeune femme de 30 ans plus jeune – jusqu'à se fiancer en avril 1832...

Penthésilée: première Chevalière au Cygne

En 1841, le couple se rend à Berlin à la demande du roi de Prusse; qui est très intéressé par sa version de l' ''épopée du Graal''... Cependant, la Motte Fouqué ne publie pas l'ouvrage... Il meurt le 23 janvier 1843...

Il faudra attendre encore 154 ans avant la publication de "Der Parcival" ...

Pourtant, dans une lettre à son ami Carl Borromäus von Milititz en 1815; après la publication de son célèbre ''Undine''; Fouqué écrivait déjà de sa "prochaine épopée du Saint Graal": «Je pense que cela devrait être le point culminant de toute ma carrière poétique».

 

Après la mort de Fouqué, le roi fidèle à une promesse réhabilite en 1843 l'ordre des chevaliers du Cygne ( Schwanenritterorden), en la ville d'Ansbach, à 20km d'Eschenbach; dont le plus célèbre chevalier est Lohengrin ... En 1845, Wagner commence la conception de son opéra Lohengrin, créé en 1850. Et, en 1877, Richard Wagner entreprend enfin de composer son "Parsifal". C'est sa dernière oeuvre, il meurt en 1883.

 

Le ''Schwanenorden'' avait été fondé plus de 200 ans après la publication en allemand du "Parzival" de Wolfram von Eschenbach. Exactement, l'Ordre du Cygne est un ordre fondé en 1440 par l'électeur de Brandebourg ( proche de Berlin)  Frédéric II.

On ne dit pas que les Chevaliers du Cygne du Brandebourg aient formé une Société du Graal basée sur le modèle littéraire. Cependant, leurs actions semblent indiquer qu'ils auraient bien pu vivre l'histoire de Munsalvesche à Marienberg oder Harlungerberg; au point où pour certains, c'est peut-être là que se situerait Montsalvage ....

- Ondine -

Avant de revenir sur ''Lohengrin – le chevalier au Cygne:''; je vais évoquer le succès littéraire de Friedrich de la Motte Fouqué, qui est '' Ondine ''

Le point de départ de cette transcription littéraire d'un motif populaire, est du à Paracelse (1493-1541) - médecin, alchimiste et philosophe mais aussi théologien laïque suisse, d'expression allemande - il croit aux 'génies ' des quatre éléments; et il compte sept races de créatures sans âme: dont les ondines, esprits des eaux... Dans son son ''Traité des esprits élémentaires'', il raconte cette légende ...

Le père d'Ondine, puissant prince des eaux, souhaite que sa fille puisse acquérir une âme... Pour cela, il lui faut conquérir le coeur d'un homme qui accepte de l'épouser et l'élève à l'humanité par son union avec elle.

Voici, Ondine tout enfant, recueillie par un couple de vieux pêcheurs qui viennent de perdre leur propre fillette dans d'étranges circonstances ; elle a disparu au bord d'un lac... Mais une petite fille aux cheveux ruisselants d'eau est alors miraculeusement apparue chez les vieilles gens...

Les pêcheurs bien sûr l'adoptent, se prennent d'affection pour elle malgré son caractère fantasque, et la font baptiser : Ondine, puisqu'elle n'accepte pas d'autre nom.

Des années plus tard, le chevalier Huldbrand de Ringstetten traverse une forêt enchantée pour mériter le gant de Bertalda, dame de ses pensées.

II y est victime de terrifiantes apparitions, mais parvient enfin, par une nuit d'orage, à la maison des vieux pêcheurs — c'est sur cette arrivée que s'ouvre le récit de Fouqué.

Le chevalier ne tarde pas à tomber amoureux d'Ondine, et à l'épouser, mariés par le père Heilmann, un prêtre emporté ensuite par la tempête. Ondine accompagne son époux en son château ancestral de Rigstetten.

Au lendemain de la nuit de noces, totalement métamorphosée, elle abandonne ses extravagances antérieures et révèle à son époux sa véritable nature : s'il vient à la repousser, elle devra retourner vers les siens, mais demeurera désormais, au fond des eaux, « une femme dotée d'âme, aimant et souffrant ». Huldbrand décide de conserver son étrange épouse et la ramène à la ville, où elle apprend ce qu'avoir une âme signifie: - la souffrance est indissociable de la conscience et de l'amour.

Ils ont en effet retrouvé Bertalda, qui n'est autre que la fillette jadis perdue par les pêcheurs, rencontrée au bord du lac par un puissant duc et adoptée. Lors d'un repas public, Ondine révèle à Bertalda sa véritable et roturière origine. Bertalda devient l'amie du couple, et cohabite avec eux … Huldbrand se rapproche de Bertalda peu à peu et, cédant à sa séduction, en vient à regretter son union avec un esprit élémentaire, et du fait des attaches surnaturelles de sa femme, et particulièrement des apparitions de son oncle Kühleborn, esprit des cascades forestières, qui effraie Bertalda …

 

Ondine fait poser une pierre sur la fontaine dans la cour; pour que Kühleborn ni aucun autre esprit d’eau ne puissent entrer dans le château. 

Ondine, aimante, fidèle par-delà les trahisons de son mari parce qu'elle a appris « l'étroite parenté qui met entre les joies et les peines de l'amour une si douce ressemblance et les unit si intimement que rien ne saurait les séparer », Ondine pardonne et n'exige rien.

 

Mais elle n'a pas le pouvoir de s'opposer à la loi des ondines : au cours d'un voyage sur le Rhin voulu par Bertalda, en réponse à un geste innocent de sa fidèle épouse, Huldbrand prononce des paroles de colère, suffisantes pour qu'elle doive retourner aux eaux du fleuve, qui l'engloutissent.

D'abord désespéré, Huldbrand oublie bientôt son chagrin, et épouse Bertalda. Le soir de leurs noces, elle fait ôter la lourde pierre qui, sur les ordres d'Ondine, scellait le puits de Ringstetten...

La malédiction peut s'accomplir : Ondine, surgie du puits, revient et apporte - à celui qu'elle aime - la mort dans un baiser : enlaçant Huldbrand, qui ne résiste pas, elle « le fait mourir de ses larmes » qui pénètrent jusqu'au cœur.

Lorsqu'on l'enterre au cimetière du village aux côtés de ses ancêtres, une silhouette féminine voilée, blanche comme neige, apparaît dans le cortège funèbre, mais une prière la fait disparaître. On voit à sa place une petite source argentine, qui entoure en murmurant presque toute la tombe, et se jette dans un lac voisin.

Les villageois la montrent encore aujourd'hui, disant qu'Ondine et son Huldbrand sont ainsi unis dans la mort.

A suivre... les commentaires ...

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