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limousin

Un village au Moyen-Age en Xaintrie: à Saint-Julien-aux-bois.

Publié le par Perceval

Nous sommes en 1476, et commençons par suivre le témoignage d’un paysan-notaire... A Saint-Julien-aux-Bois, nous prenons la machine à remonter le temps....

Un passionné, Pierre Gire, avec qui nous avons aimé discuté, a consacré sa vie à recréer la vie des gens d'ici, au temps de la féodalité ( et qui a peu varié jusqu'à la Révolution...) : un village du Moyen Age, avec ses maisons et ses granges, ses plantes, ses animaux... Tout y est juste, à sa place : les charpentes, les meubles, les vêtements, les cultures…

Cette reconstitution n'est pas œuvre d'imagination. Elle s'appuie sur des recherches documentaires, archéologiques et ethnographiques de terrain.

Les habitations sont pourvues de leur ameublement rustique, leur couverture est constituée de chaume (confectionné à partir des hampes du seigle), même les gonds des portes ont été ouvragés à la façon de l’époque. Une partie des matériaux utilisés provient d’ailleurs d’anciens bâtiments de Xaintrie, pierres de taille, pièces de charpente, le reste à été façonné en restant fidèle à l’esprit médiéval. À l’intérieur, des provisions diverses sont suspendues au plafond, de la charcuterie qu’on fait sécher le plus souvent. Le sol est en terre battue dans l’habitation des métayers, il est constitué d’un pavement dans celle du notaire fermier.

Le “cantou“ Signifiant littéralement « le coin », c’est un élément primordial de l’habitat, de l’âme et de la sociabilité limousine : lieu de la cuisine, de la lumière, de la chaleur, c’est là que se regroupe la famille, que s’échangent les nouvelles, que se transmettent, à la veillée, les histoires, les légendes, le sacré. C’est vraiment le « feu », synonyme de foyer où l’on vit « à pot et à feu ». Autant de “cantous“, autant de feux c’est-à-dire d’unités familiales. Le plus souvent très grands, leur taille et leur place varient selon l’aisance de la famille. Ils prennent généralement place contre l’un des murs pignons de la maison : - soit en renfoncement dans l’épaisseur du mur, - soit délimités par un ou deux murets en avancée sur le(s)quel(s) s’appuie une poutre transversale. Mais il arrive encore à cette époque que le foyer, limité par de grosses pierres, soit placé au centre de la pièce, comme dans l’habitation nouvelle de chez Miremont.

Un village au Moyen-Age en Xaintrie: à Saint-Julien-aux-bois.
Un village au Moyen-Age en Xaintrie: à Saint-Julien-aux-bois.
Un village au Moyen-Age en Xaintrie: à Saint-Julien-aux-bois.
Un village au Moyen-Age en Xaintrie: à Saint-Julien-aux-bois.
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Un village au Moyen-Age en Xaintrie: à Saint-Julien-aux-bois.
Un village au Moyen-Age en Xaintrie: à Saint-Julien-aux-bois.
Un village au Moyen-Age en Xaintrie: à Saint-Julien-aux-bois.

Les paysans n'y sont pas les propriétaires... A charge d'un impôt foncier annuel : le Cens; le paysan vit dans une "boria" une ferme faisant partie d'un village "le mas". Le seigneur reste le propriétaire foncier. 

L'agriculture au village au XVe siècle Les mas ou domaines disposent à peine, en moyenne, de deux hectares de terres labourables. Les champs en occupent une bonne partie, devant les près qui viennent en second. Ici comme dans toute la Xaintrie médiévale, les agriculteurs pratiquent une polyculture céréalière : seigle, froment, sarrasin, avoine et parfois millet. Les paysans pratiquent une rotation biennale, alternant plantation de céréales puis jachère, pour ne pas épuiser le sol. Le fumier est rare et entièrement utilisé pour le potager et les vignes. Le seigle est semé au mois d’octobre, l’avoine en mars, parfois mélangée avec des pois. L’apport alimentaire des céréales est en effet complété par celui de quelques légumineuses cultivées dans les jardins à l’intérieur du village : fèves, pois, vesses. La châtaigne tient aussi une place essentielle dans l’alimentation du paysan de la Xaintrie, et l’arboriculture fournit pommes, prunes, pêches. La consommation, d’après le terrier * d’Hugues de Merle, seigneur de Xaintrie au XIVe siècle, est la suivante : seigle (62%), avoine (28%), froment (8%), raves (1%) et fèves (1%).

La cuisine au village au XVe siècle Les céréales sont battues puis vannées, et les grains broyés au moulin ou sur des meules à bras.Les farines obtenues, surtout celles de sarrasin (ou blé noir), d’avoine et de millet, dont on ne peut pas faire de pain, servent à préparer des bouillies, la “pou“ (pols) et des galettes : “bourriols“ ou “tourtous“ (tortons), qui le remplacent. La cuisson en est plus rapide, demande beaucoup moins de bois, et surtout permet d’économiser le seigle, dont le métayer doit donner la moitié, et qui a toujours servi à payer les impositions. Les aliments cuisent dans des poteries, des “oules“ (olas), posées sur la braise ou suspendues (la cuisson par grillade, réservée aux nobles, est très exceptionnelle). Le bouillon, plus ou moins gras selon ce qu’il reste du cochon, accompagne des légumes frais ou secs, récoltés dans l’ “òrt a vianda“, le jardin. On a oublié que le mot viande vient de vivenda, ce qui est nécessaire à la vie, les légumes.

Les boissons sont de l’eau, du lait ou du vin peu alcoolisé coupé d’eau. Les paysans consomment seulement leur production, tandis que les nobles boivent surtout du vin importé du Bas Limousin. La vaisselle de service est en bois ou en calebasse. Les gens utilisent leurs doigts et le couteau pour manger. La cuillère en bois sert pour les soupes et les ragoûts

Un village au Moyen-Age en Xaintrie: à Saint-Julien-aux-bois.
Un village au Moyen-Age en Xaintrie: à Saint-Julien-aux-bois.
Un village au Moyen-Age en Xaintrie: à Saint-Julien-aux-bois.

L’apiculture est très importante. Elle fournit miel et cire (sucre et éclairage). La cire fait souvent partie des prélèvements de l’impôt foncier. Stockée par le seigneur, elle servira, quand un décès surviendra, à assurer sous forme de cierge le repos de l’âme du défunt.

Le porc (lo ganhon) : à la fin du XVe siècle, on le mentionne de soie noire et blanche. Il est plus proche du sanglier que du cochon rose actuel. Il apparaît couvert de poils durs, de taille moyenne (0,75 mètre de haut) et assez mince. La première ressource attendue de cet animal est son lard.

Vaches et bœufs (vachas e buòns) : à l’époque médiévale, les bovins sont de petite taille, entre 1 m et 1,20 m de haut (contre 1,40 m de nos jours). Dans la région, les vaches sont souvent de robe unie, et leur couleur tourne autour du brun, du rouge acajou, en passant par le fauve roux. Les bêtes ne restent à l’étable qu’en hiver, nourries avec des fourrages récoltés sur les pacages et les champs des alentours. Elles sont l’objet de tous les soins car on leur demande beaucoup : du travail d’abord pour labourer et tracter, du lait, du fumier et, en fin de vie seulement, de la viande.

Un village au Moyen-Age en Xaintrie: à Saint-Julien-aux-bois.
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Moyen-Age en Xaintrie: Les Tours de Merle

Publié le par Perceval

En Limousin, la Xaintrie ( graphie attestée depuis 1588) est située aux confins de la Corrèze et du Cantal.

Sous la domination des vicomtes de Turenne, cohabitent plusieurs seigneurs ( les Merle, Veyrac, Pesteils et Carbonnières), sur un éperon, en plusieurs castra ( sites fortifiés avec seigneurs, chevaliers et maisons...)... Plusieurs castras qui témoignent des alliances familiales...

Les Tours de Merle s'élèvent au cœur de la forêt, au dessus de la rivière Maronne, elles furent construites entre le XIIe s. et le XVe siècle.

Au XIVe siècle, Merle comprend sept maisons fortes, deux chapelles et un village, possédés en indivision par sept seigneurs des familles de Merle, de Carbonnières, de Veyrac, et de Pestels.

A l'origine ; la légende d'un homme au nom d'oiseau, Bertrand chef d'une féroce mesnie habitant ce repaire, qui avait coutume de siffler comme l'oiseau quand il voulait rassembler ses chevaliers …

C'est au XI e siècle que le vicomte de Turenne autorise une famille à s'installer sur le piton rocheux. Gerbert de Merle, bienfaiteur de l'abbaye de Beaulieu-sur-Dordogne, édifie le premier château ainsi que la chapelle Saint-Léger.

Originaire probablement du Cantal, la famille de Pesteil se serait implantée sur le site de Merle, au début du XIIIe siècle, à la suite du mariage d'Aymeric de Pesteil avec Hélis de Merle. En 1270, les Pesteil rendent hommage aux Carbonnières ; cet hommage est réitéré en 1347.

Voisine puisque son château s'élève à quelques kilomètres de là, la puissante maison de Carbonnière devient, elle aussi, co-seigneur de Merle et revendique ses droits sur la castrum. Ceux-ci sont renforcés en 1364 lorsque Jean de Carbonnière épouse Garine de Pestels. Deux tours immenses s'élèvent désormais, dites de Carbonnières et de Pestels. Le rocher s'est scindé en deux pôles distincts. 

Le piton devient une véritable cité. Tout autour, en effet, sous les fortifications naturelles formées par les logis-tours, des maisons s'érigent et une réelle société féodale s'installe. Ainsi, au pied des tours, une trentaine de maisons entourent le castrum, placées sous la protection des seigneurs. Des manuscrits utilisent le terme de "Ville de Merle". Artisans, bûcherons, paysans mais aussi prêtres, hommes de loi et autres notaires en composent la population. Une rue publique relie la porte de la cité au pont de Merle et, tout comme dans le castrum, la vie s'articule selon des rites précis de territoire et de bon voisinage.

Pendant la guerre de Cent Ans, les Anglais prennent une tour et un château en 1371, puis doivent les restituer.

Les calvinistes prennent la place et y installent une garnison en 1574 ; ils en sont chassés deux ans plus tard par les co-seigneurs. Cependant le site est abandonné par ces derniers qui préfèrent vivre dans des lieux plus agréables et surtout plus accessibles.

Moyen-Age en Xaintrie: Les Tours de Merle
Moyen-Age en Xaintrie: Les Tours de Merle
Moyen-Age en Xaintrie: Les Tours de Merle
Moyen-Age en Xaintrie: Les Tours de Merle
Moyen-Age en Xaintrie: Les Tours de Merle
Moyen-Age en Xaintrie: Les Tours de Merle
Moyen-Age en Xaintrie: Les Tours de Merle

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Sur la route Richard Coeur de Lion : Lastours, – 5/ -

Publié le par Perceval

Sur la route Richard Coeur de Lion : Lastours, – 5/ -

La famille des Lastours à travers le Moyen-age.

La lignée des Lastours trouve son origine, d'après les chroniques de Geoffroy de Vigeois durant la seconde moitié du Xème siècle, avec un certain Gulferius de Lastours. Celui-ci reste l'ascendant des Lastours le plus ancien.

A la fin du Xème siècle, les Lastours font déjà partie de la haute aristocratie limousine. Ils assoiront cette place privilégiée parmi les princes et nobles de la région en mettant en place une politique d'alliances matrimoniales avantageuses avec les familles de haut lignage durant les siècles suivant.

Durant les décennies suivantes, le lignage des Lastours est bien ancré dans le paysage nobiliaire limousin. Ils sont clairement parmi les personnages les plus importants de la région, ce qui les oppose régulièrement et violemment aux vicomtes de Limoges, qui voient en eux des vassaux quelque peu envahissants.

A partir de la fin du XIème siècle, la famille fait parler d'elle à l'occasion de faits d'armes. En effet, la présence parmi elle du héros de la première croisade Gouffier de Lastours ajoute encore à son prestige.

Seigneur d'une très grande châtellenie incluant Nexon, Golfier de Lastours, à la tête du contingent limousin, part en 1095 pour la 1ère croisade. Vainqueur à Antioche (1097) et Marrah (1098), il rentre couvert de gloire après la prise de Jérusalem(1098). Après sa mort à Pompadour en 1126, son corps aurait été transféré d'après la légende, d'Arnac au Chalard, auprès de son ami Saint Geoffroy. Un de ses hauts faits contés dans la Chanson d'Antioche relate la délivrance d'un lion étouffé par un serpent dans le désert. Le fauve suivit dès lors le ''Chevalier au lion'' comme un chien mais, ne pouvant embarquer avec lui pour la France, il chercha à le suivre à la nage et … se noya.

Les ''Lastours'' se distingueront aussi sur les champs de bataille, notamment en 1177 à Malemort, où les limousins mettront en déroute les routiers du fils du roi d'Angleterre : Richard, duc d'aquitaine qui sera dit dit "Coeur de Lion".

Durant cette période, les donations à des établissements religieux tels que abbayes ou églises seront aussi très nombreuses. La famille des Lastours acquiert donc par ce biais une forme de prestige autre que militaire, le prestige donné par une dévotion affichée ouvertement, à une époque où cela est essentiel.

Les tensions avec les vicomtes de Limoges sont toujours aussi vives, ponctuées tout de même de "réconciliations", d'alliances et de traités, et ce jusqu'en 1210.

Durant la première moitie du XIIIème siècle, les querelles de légitimité et d'héritage au sein de la famille auront raison de la stabilité de celle-ci. Il s'avère que le nombre important de branches issues de la ligné originelle mènera au morcellement des terres et des domaines. Cela s'explique par le fait que les représentants des branches indirects mais légitimes vont chacun revendiquer, et obtenir, leur émancipation assortie d'une donation de parcelle territoriale.

Par son mariage, vers 1290, Agnès de Lastours apporte le château en dot à Guy de Champagne. En 1354, Gouffier, frère d'Agnès, nomme comme héritier principal son neveu, Geoffroi de Champagne. Il se verra par ailleurs contraint par les clauses du testament de son oncle à prendre le nom et les armes des "de Lastours" afin que ceux-ci ne disparaissent tout simplement pas.

Durant encore près d'un siècle, la seigneurie vivra au rythme des divisions entre frères, neveux et cousins engendrés par les trop nombreux membres de la famille.

Les Lastours combattent sous les couleurs française durant la guerre de cent ans et le Roi leur octroi de ce fait une place de choix dans le Limousin reconquit. Un certains Jean de Lastours devient en 1452 conseiller du roi Charles VII, preuve que les Lastours reprennent peu à peu une grande place parmi la Noblesse de la région.

Suivront ensuite parmi les Lastours des chambellans à la Cour de France, Gentilshommes de l'ordre de la chambre du Roi, ou encore sénéchaux et gouverneurs du Limousin.

Ces distinctions et hautes charges au sein du royaume permettront aux Lastours de revenir sur le devant de la scène en tant que Barons. A partir de la deuxième moitie du XVème siècle, ils reconstituent avec peine leur seigneurie morcelée durant les siècles précédents, reconstruisent leur château à l'aube du XVIème siècle et redeviennent la grande famille limousine de leurs débuts.

Le château.

Du Xème siècle au XIIIème siècle, le domaine se résumait à des mottes défensives. Le père fondateur du lignage, vers l'an mil, est Gui de Lastours, dit " le Noir '' : les trois châteaux (mottes de terre surmontées de tours en bois) implantés dans la " cuvette " de Lastours, ont dû être édifiés à partir de cette date.

Puis, un donjon roman fut édifié pour améliorer les défenses de la place et enfin, du XIVème siècle au XVIème, les infrastructures évoluèrent en un château fort limousin.

Mais, vers la fin du XVIIIème siècle, à la suite de la Révolution, le château devint une carrière de pierres...

Et, heureusement, à partir des années 1970, des passionnés, à force de travail, offrirent une seconde vie pour le château.

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Sur la route Richard Coeur de Lion : Le Chalard -4/.-

Publié le par Perceval

Sur la route Richard Coeur de Lion :  Le Chalard -4/.-

 Le village du Chalard est né d'un prieuré fondé par Saint Geoffroy à la fin du XIe s.

La Vita Beati Gaufredi, reprend la vie de Geoffroy du Chalard ( ~1050-1125) , écrite un quart de siècle après son décès. Geoffroy est né à Boscavillot, village de Noth, à l'est de la Souterraine près du château de Bridiers, d'une famille modeste nous dit Dom J. Becquet. Il fait des études assez poussées à Tours, et vient ensuite enseigner à Limoges. Sur les conseils d'un riche marchand chez qui il loge, Pierre Brun changeur, il se fait ordonner prêtre à Périgueux vers 1087 par Raynaud de Thiviers, car le siège de Limoges était vacant à cette époque. Lors de son voyage d'ordination, il a remarqué la forêt de Courbefy qu'il a traversée. A son retour, il vient s'installer en ermite dans le site ruiné du Chalard, avec deux compagnons Pierre et Edmond le 6 janvier 1088, ayant refusé la proposition d'Hugues de Cluny de se faire moine.

Les trois ermites reçoivent un accueil favorable de la population qui les aide à construire un premier oratoire. Le 25 août 1088 le vicomte Adhémar, sur les instances de sa mère, donne le site à Geoffroy.

Une reconstruction de l'église du prieuré du Chalard débute en 1096, en partie grâce aux dons de l'archidiacre Bruschard, repentant. Cette nouvelle église est consacrée par Raynaud de Thiviers le 18 octobre 1100.

Geoffroy partage sa vie entre l'office divin et le souci pastoral des populations avoisinantes, contrairement à l'abbaye de Grandmontqui n'admet pas le patronage d'églises par soucis de pauvreté, et peut être aussi de tranquillité. N'a t-on pas vu un laïc flamand, Robert, venir au Chalard comme ermite, quelques années auparavant, et chassé par les curés craignant pour leurs casuels. Aussi Geoffroy se tourne vers le vicomte Raynaud de Thiviers pour lui donner raison et le soutenir.

Vivant comme un ascète, Geoffroy porte un cilice et deux chaînes en fer. Lorsqu'il meurt, après 38 ans de vie religieuse, le 6 octobre 1125, Gaucher d'Aureil vient célébrer ses funérailles, comme il l'avait fait pour Étienne de Muret. On l'inhume au Chalard. L'établissement se développe sous le troisième prieur, Géraud. Il est jeune lors de son élection et gouverne le prieuré pendant près de quarante ans. En 1150 il obtient une bulle pontificale de confirmation des biens du prieuré. C'est aussi autour du milieu du siècle, et à sa demande qu'est rédigée la Vita Beati Gaufredi.

Sources : - le site Limousin-médiéval : une référence !

  • Itinéraire avec Richard Coeur de Lion, de Christian Rémy

  • La Route Richard cœur de Lion, Roger Boudrie

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Sur la route Richard Coeur de Lion : Saint-Yrieix et Jumilhac – 3/ -

Publié le par Perceval

Saint Arède d'Atane ( Arédius) naquit entre 510 et 516, à Limoges. Il fonde un monastère à proximité de la villa de sa mère, au lieu-dit Atane, où il est enseveli. La réputation de sainteté d’Arédius attire de nombreux pèlerins à Attane, autour du monastère ( VIe et VIIe s.) et une ville se développe.

Vers 1090, le monastère devient une collégiale.

Richard cœur de Lion entretient des relations avec l’Église de la région : il est le protecteur de l’évêque de Limoges, de l'abbaye de Solignac, du chapitre de Saint-Yrieix, des prieurés des Salles et du Chalard.

En 1181, Henri II, roi d'Angleterre, père de Richard Cœur-de-Lion, passe quelques jours à Saint-Yrieix. A la même époque, l'ambitieux doyen de la collégiale, Bernard, oncle du vicomte de Limoges, fait remplacer l'édifice roman du XIe s., par l'église actuelle.

Sous les règnes des vicomtes de Limoges : Adémar V (1148-1199), Gui V (1200-1230) ou Gui VI (1230-1263), trois seigneurs qui ont été particulièrement actifs en leur temps et on fait bâtir de nombreux sites fortifiés sur leur territoire, dont Château-Chervix, la tour du Plô à Saint-Yrieix-la-Perche - Les vicomtes de Limoges, pour asseoir leur autorité et leur justice, font ériger vers 1243 la tour de Plô ( de l'occitan : petit plateau) qui sera un sujet de discorde pendant près de trois siècles ( 1247-1505)...

Ces châteaux forment ainsi une unité architecturale avec leur donjon dit « tour carrée ».

Ainsi, cours du XIIe siècle, la ville s’agrandit et déborde des remparts qui entourent l'enclos canonial. Des artisanats se créent, des moulins et des tanneries se développent. Vers 1250, la châtellenie ( càd : une étendue de pays, comportant château et fiefs, placée sous la juridiction du seigneur châtelain) de Saint-Yrieix s'étend sur une douzaine de nos communes actuelles et se réduira au nombre de six vers 1500.

- La Tour du Plô

La tour est l’unique vestige civil du monde féodal, témoin de l’ambiance de l’an mil à la fin du Moyen Âge. Édifiée par le seigneur, elle permettait de protéger la population mais aussi de les dominer et d’imposer ainsi ses droits de police et de justice.

La tour du Plô est un donjon en pierre de plus de 20 mètres de haut. En occitan, «plô» signifie «petit plateau» ou «place sur un point élevé». Elle est construite en haut de la rue de la Pierre de l’Homme et avait à son pied une cour ovale (où le prévôt exerçait son pouvoir de haute justice).

Le 2e étage de la tour était réservé au Vicomte de Limoges lorsqu’il faisait escale ; l’entrée était au 1er étage, à cinq mètres au-dessus du sol. Le rez-de-chaussée servait de prison et le 3e étage permettait à la garnison des «gens d’armes» de faire le guet et portait la bannière du vicomte.

La tour a été classée aux Monuments historiques en 1998.

Jumilhac relève de l'autorité des vicomtes et des évêques de Limoges dès 480.

Détruit par les Wisigoths ( 472), les sarrasins (730) et les normands (846) ; le fortin initial est fortifié par les francs pour défendre le vicus où, sous le mérovingien Dagobert (629-639), l'on battait monnaie.

On sait que dès 1152, la forteresse est convoitée tant par Philippe-Auguste que par Richard cœur de Lion. Délaissée ou détruite pour asseoir le pouvoir royal, elle est reconstruite en 1289 par les Bruchard, co-seigneurs de Jumilhac avec les 'La Porte' au XIIIe s. Conquise par les troupes du Prince Noir au début de la Guerre de cent ans ( 1337-1453), elle est reprise comme Saint-Yrieix par Du Guesclin en 1370, puis démantelée.

À la fin du XVIe siècle apparaît alors un riche maître de forge, Antoine Chapelle. Il épouse l'héritière de la seigneurie de Bruchardie, et acquiert par achat, en 1581, la seigneurie de La Porte, devenant ainsi le premier baron de Jumilhac.

Sa fortune lui permit de fournir des canons et des subside à Henri de Navarre afin de l'aider à conquérir le trône de France. Après son ascension au trône et en remerciement Henri IV érigea en 1597 Jumilhac en comté, avec suzeraineté sur toute la région.

Son petit-fils François Chapelle, obtient que Jumilhac soit érigé en marquisat, par lettres patentes de 1655, enregistrées en 1657 par le parlement de Bordeaux. Ses descendants gardent le titre et le portent jusqu'en 1980.

Le château résonne toujours de la terrible histoire de Louise de Jumilhac ( mariée à 16ans en 1610) , enfermée vingt ans dans sa pièce appelée «La Chambre de la Fileuse» où sur les murs on peut voir encore les vestiges de peintures naïves, tracées d'une main malhabile sur l'enduit qui recouvre les murs et où un autoportrait l’immortalise ; enfermée pour avoir trompé son mari Antoine II Chapelle parti guerroyer bien loin...

Surnommée 'La Fileuse' pour la navette qu’elle lançait du haut des tours pour correspondre avec son amant, celui qu'elle avait aimé avant son mariage et qui, déguisé en berger, venait faire paître ses moutons dans les prairies proches du château. Lorsque son mari surprit le manège, il incarcéra son épouse infidèle pendant de très longues années dans la pièce qui porte aujourd'hui son nom.

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Sur la route Richard Coeur de Lion : Ségur et Coussac-Bonneval– 2/ -

Publié le par Perceval

La vicomté de Ségur naquit au IXe siècle, lors de l’éparpillement féodal du Limousin.

En effet, le Limousin est partagé entre plusieurs grandes principautés. Néanmoins, toutes ces entités se situent dans la mouvance des comtes de Poitiers qui ont su, au cours du Xème, faire entrer un grand nombre de comtes et de vicomtes de la France du Centre-Ouest sous leur autorité de "ducs d'Aquitaine". En outre, plusieurs de ces vicomtes - les Aubusson, les Ségur, les Comborn, les Ventadour, puis les Rochechouart - sont issus des Limoges.

Remontant à 876, la vicomté de Ségur se confond avec celle de Limoges par le mariage d'Emma, fille du Vicomte Adhémar avec Guy 1er (998-1025), vicomte de Limoges. Cette lignée est à l'origine d'un premier château-fort à la fin du IXe s. Rattachée au Duché d'Aquitaine, Ségur est reprise aux Plantagenêts en 1177 puis soumise aux pillages des Brabançons et autres routiers à la mort de Richard cœur de Lion.

Prospère tout au long du Moyen-âge, la vicomté de Ségur connaît une grande renommée. Passée par mariage à la maison de Bretagne, elle est la possession de Jean de L'Aigle quand cet ancien compagnon de Jeanne d'Arc, à la tête des troupes royales de Charles VII, remporte la bataille de Castillon ( 1453), mettant fin ainsi à l'occupation anglaise.

*****

Les '' Bonneval '' sont une vieille famille locale ( Emergence de Bonneval en 930), et ont peut-être fréquenté le duc, puis le roi Richard... Une forteresse existait depuis 930, mais son état actuel date du XIVe siècle. Le château est connu pour appartenir à la même famille depuis sa construction.

Une légende médiévale rapporte que, Guillaume, comte de Bonneval, en 1147, a offert en escorte à l'évêque de Limoges deux lions féroces rapportés de la 3e croisade. Il prend comme blason familial : d'azur au lion d'or, arme et lampasse de gueule.

Lors du démantèlement de la citadelle en 1242, Coussac joue un rôle stratégique. Dès lors, le village devient l'un des enjeux des conflits entre Francs et Anglais de la région. Durant la guerre de Cent Ans, la famille Bonneval s'y implante.  

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Sur la route Richard Coeur de Lion : Le Vigeois et Pompadour– 1/ -

Publié le par Perceval

Notre parcours commence à la sortie 45 de l'autoroute A20, à 70km de Limoges...

Geoffroy le Vigeois, chroniqueur, est reçu moine à Saint-Martial de Limoges par l'abbé Pierre II en 1160. Le 10 juin 1178 il est nommé prieur de Vigeois, ancien monastère de Saint-Martial, jusqu'en 1184 environ. Geoffroy le Vigeois est un historien, il a rédigé une chronique (1183), depuis l'époque du roi Robert, en s'attachant surtout à l'histoire limousine et à celle de ses familles seigneuriales. Son manuscrit était au XIIIème siècle conservé dans la bibliothèque de Saint-Martial de Limoges. On trouve une édition ICI.

C'est donc à Limoges, en la cathédrale Saint-Étienne, que Richard (fils d'Aliénor d'Aquitaine) va être confirmé duc d'Aquitaine. Nous sommes en 1169 et le futur Roi d'Angleterre n'a que 12 ans. Geoffroy le Vigeois, est témoin oculaire, il raconte que « le faste de cette intronisation fut aussi grandiose qu'un couronnement royal et les banquets, les tournois et les danses se sont poursuivis des jours durant dans les rues de Limoges ».

L'abbaye de Vigeois est un des plus anciens monastères limousins. Son origine est liée à l'activité d'Arédieus ( St-Yrieix).

On remarque aujourd'hui, - l'imposant chœur pourvu de trois chapelles rayonnantes, sans déambulatoire, et – le portail à arcatures festonnées ; la porte est logée dans un grand arc brisé sans ornement. Elle est formée de trois voussures en retrait successifs.

 

Le Château de Pompadour ( Arnac-Pompadour), sera rendu célèbre par le nom de Pompadour portée par la favorite de Louis XV.

Un château est bâti en 1026 par les seigneurs de Lastours, vicomtes de Pompadour, pour défendre leurs possessions convoitées par les vicomtes de Ségur.

En 1010, Gui de Lastours dit ''Le Noir'', chef de file de seigneurs riches et omnipotents, étend son pouvoir jusqu'à Pompadour, en Corrèze et Hautefort, en Dordogne.

Golfier de Lastours, - le fameux ''chevalier au lion '', à la tête d'un contingent limousin, part en 1095 pour la 1ère croisade. Vainqueur à Antioche (1097) et Marrah (1098), il rentre couvert de gloire après la prise de Jérusalem(1098). Après sa mort à Pompadour en 1126, son corps aurait été transféré d'après la légende, d'Arnac au Chalard, auprès de son ami Saint Geoffroy.

Les sires de Pompadour, comme ceux de Lastours, d'Hautefort, barons rebelles, ont guerroyé, contre Henri II et Richard 1er … Richard dépêche ses troupes de mercenaires qui dévastent les environs de Pompadour en 1182-1183. Le château de Pompadour est incendié vers 1200 lors des troubles qui suivent la mort de Richard Coeur de Lion (1199).

Sources: entre autres, le site remarquable du Centre de la Culture du Limousin Médiéval http://www.limousin-medieval.com/

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Le Limousin au Moyen-âge. -2/2-

Publié le par Perceval

19220 SAINT JULIEN AUX BOIS - Village du Moyen-âge

19220 SAINT JULIEN AUX BOIS - Village du Moyen-âge

Nous en avons déjà parlé : Henri II, et Richard cœur de Lion, gardiens de l'Aquitaine dès 1152 ( par Aliénor) y font régner l’ordre contre les oppositions locales... Ainsi, de 1176 à1178 : l’aristocratie aquitaine dont les barons limousins se soulèvent. En 1177, l’évêque de Limoges et l’abbé de Saint-Martial s’associent pour combattre les bandes de « brabançons » utilisées par Richard Cœur de Lion pour vaincre ses ennemis et qui ravagent le sud du diocèse. Contre eux, les vicomtes de Limoges et de Comborn gagnent la bataille de Malemort.

En 1199 , Richard Cœur de Lion meurt à Châlus. Et, le comté de la Marche passe aux Lusignan.

Le XIIe siècle voit le développement de la production limousine des émaux: châsses et crosses limousines ; et de la littérature des troubadours, liée à l’apparition de la courtoisie.

Au XIIIe siècle, le Limousin revient vers le roi de France. En 1212, Raymond de Turenne fait hommage d’honneur (non de sujétion) à Philippe Auguste. Et dès 1214 (bataille de Bouvines), la domination anglaise s’achève avec la défaite de Jean sans Terre contre le roi de France et ses alliés (dont des limousins comme le comte de la Marche, Lusignan).

Ainsi apparaissent les premiers sénéchaux, représentants du roi (français ou anglais). La sénéchaussée du Limousin est créée. Les vicomtes de Limoges sont alliés aux Capétiens. En 1242, Hugues X de Lusignan (1219-1249), en tant que Comte de la Marche, prête serment de fidélité à Louis IX. A la même période se développent les ordres mendiants.

En 1247 : Ebles VI de Ventadour rend hommage au roi de France puis part en croisade avec lui l’année suivante.

1259 voit le traité de Paris entre Henri III et Louis IX qui lui restitue le Limousin contre la prestation d’hommage, sauf la vicomté de Turenne qui reste fidèle à la France et l’évêque de Limoges qui dépend directement du roi.

Les premières chartes de commune apparaissent, souvent soutenues par les Plantagenêts, de même qu’une première économie de la draperie (à Tulle notamment).

1261-1277 : guerre de la vicomté, opposant les partisans du roi de France aux partisans du roi d’Angleterre, sous l’épiscopat d’Aymeric de la Serre, qui renforce le pouvoir des vicomtes de Limoges.

Avec la guerre de Cent Ans, le Limousin connaît une crise profonde qui fit entrer la région dans une période de déclin économique grave. De nombreuses cités et d'innombrables villages sont pillés par les bandes de routiers ou les soldats des armées française et anglaise. Ainsi, la cité épiscopale de Limoges, qui s'était ralliée au roi de France, fut saccagée en septembre 1370 par les troupes du Prince Noir.

La vicomté de Limoges fut rattachée au domaine royal français en 1607  

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Le Limousin au Moyen-âge. -1/2-

Publié le par Perceval

Carte Vicomté - Détail

Carte Vicomté - Détail

Cet été, nous serons sur la route de Richard cœur de Lion en Limousin ( déjà commencée, par Limoges1; Limoges2 et Limoges3) ; aussi, voici un résumé de la situation médiévale.

Le système féodal ( suzerain et vassal ) rend la description assez complexe...

Le comté du Limousin était décomposé, au point de disparaître en tant que subdivision administrative, en huit vicomtés et autant de vicomtes belliqueux. Il faisait partie du duché d’Aquitaine, son suzerain était le comte de Poitiers. Indépendamment (!) l’évêque gérait son diocèse, dont les frontières calquées sur des vieilles limites gauloises resteront stables jusqu’à la Révolution.

Le vicomte de Limoges, dès le Xe siècle, s'émancipe, alors que la Marche reste inféodée au Comte de Poitou.

La Province de la Marche est formée au Xème siècle aux dépens du Limousin et du Poitou, sa frontière Sud passant juste au Nord de Limoges. Elle devint Comté frontière du Limousin, et correspondait au département actuel de la Creuse, de la moitié Nord de la Haute-Vienne (région de Bellac), ainsi que de quelques cantons de la Vienne et de la Charente. Charroux devint sa première capitale. Le Comté comprenait la Haute et la Basse Marche. Les Marches étaient des Provinces frontières, chargées de défendre l'intérieur des possessions royales.

La frontière entre le parler d'oïl (Français, Normand, Picard, Orléanais, Bourbonnais, Champenois, Lorrain, Poitevin, etc.) et le parler d'oc (Limousin, Auvergnat, Gascon, Languedocien, Provençal, Catalan, etc.) se situait au nord de Guéret ; le droit coutumier et le droit écrit se chevauchaient plus ou moins.

Quatre vicomtés émergent : Comborn, Aubusson, Ventadour, Turenne ; celui de Limoges déborde en Périgord...

Au IXème siècle, - à Limoges - un vicomte représente donc le comte de Poitiers ; il s’est installé à l’écart de la Cité épiscopale, sur un site de carrefour où il a établi une motte castrale. Une chapelle placée sous le vocable de saint Michel (dite des Lions) est construite dans la basse-cour du château.

C’est la même famille qui se maintint dans cette fonction vicomtale de Limoges, du IXème au XIVème siècle.

Avec l'essor économique de la fin du XIe siècle et le développement des flux humains et notamment des pèlerinages, les nombreuses abbayes limousines déjà existantes s'agrandissent et de nouveaux ordres religieux s'implantent dans la région. Ainsi sont construites les splendides églises abbatiales et collégiales romanes de Beaulieu-sur-Dordogne, de Solignac, Le Dorat et de Saint-Léonard-de-Noblat. La plus important de ces implantations religieuses est sans conteste l'abbaye Saint-Martial de Limoges.

 

Plaque de l'autel majeur de l'abbaye de Grandmont Œuvre originale  Vers 1189-1190 - Saint Etienne de Muret apparait à son disciple Hugues de Lacerta La chapelle Saint-Martial du Palais des Papes d’Avignon

Au XIe siècle, le culte de Saint-Martial est largement promu... Il draine de nombreux pèlerins dont en premier lieu les seigneurs d'Aquitaine et comtes de Poitiers.

En 1095 : le Pape Urbain II à la noël, à Limoges, appelle à la croisade. En même temps, il consacre l’église abbatiale Saint-Sauveur de l’abbaye Saint-Martial et la cathédrale. Enfin, se développent les abbayes de Vigeois, d’Uzerche, d’Ahun et de Beaulieu, et les établissements canoniaux de Saint-Junien, Saint-Léonard-de-Noblat, Évaux, Le Dorat, Saint-Yrieix, Saint-Martin-de-Brive.

 

Sont fondés :

* L'ordre de Grandmont (1076) :

Étienne, originaire de Thiers en Auvergne, s’installe au pied des monts d’Ambazac, à 20 km de Limoges, dans le duché d'Aquitaine. Il fonde l’ermitage de Muret, vers 1076

Henri II Plantagenêt s'intéresse à Grandmont. Il s’en sert de base pour contrôler le Limousin et ses vassaux. Lui-même et ses fils participent à la construction des bâtiments à l’essor de l’ordre en Aquitaine, Poitou, Anjou, Normandie, Angleterre. Aux nouvelles implantations Plantagenêt répondent les fondations du roi de France : 159 celles entre 1124 et 1274. Plus de 80 % des actes de fondation se situent entre 1189, date de la canonisation du fondateur, et 1216.

* L'abbaye d'Obazine (cistercienne en 1147). L'église abbatiale commencée en 1156 est consacrée en 1176, et fut l'une des plus grandes églises du Limousin. Au XVIIe siècle, l'abbaye compte près de 300 religieux.

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Sur la route Richard Coeur de Lion : Limoges – 2/3 -

Publié le par Perceval

BD de Pascal Jourde '' La mort du Lion ''

BD de Pascal Jourde '' La mort du Lion ''

 Limoges, dès la fin du IXème siècle, le vicomte représente le comte de Poitiers ; il s’est installé à l’écart de la Cité épiscopale ( où donc, est installé l'évêque), sur un site de carrefour où il a établi une motte castrale faisant suite à une construction d’un bâtiment antérieur (mais postérieur à l’Antiquité). Une chapelle placée sous le vocable de saint Michel (dite des Lions) est construite dans la basse-cour du château. Après diverses vicissitudes, le vicomte doit faire allégeance à l’abbé.

On parle d'une ville, composée de trois cités ou d'une « ville des trois pouvoirs »: celui de l’évêque, sur la Cité ; celui du vicomte ; celui de l’abbaye Saint-Martial – centre culturel majeur - , protégée par sa propre enceinte.

L'abbaye de Saint Martial - du nom du premier évêque et saint patron de la ville - était l'une des plus belles et des plus célèbres de France, le pèlerinage autour du sépulcre de Saint Martial connaîtra un essor majeur au XIe siècle.

Dès le Xème siècle, l’abbaye limougeaude noue des liens avec l’abbaye bénédictine de Cluny (dirigée par Odon), symbole du renouveau monastique en Occident et centre culturel majeur. A Limoges, ce sont l’abbé Aymon et son frère l’évêque Turpion qui entretiennent ces liens vers le milieu du siècle.

En 994, de grandes pluies ravagent l’Aquitaine, l’ergot de seigle se développe, il est à l’origine d’une épidémie qui gagne tout le duché, la Touraine, jusqu’à la Bourgogne – le pain de seigle étant l’une des bases de l’alimentation.

Le moine et chroniqueur Adémar de Chabannes (vers 988-1034) a relaté les évènements: « En ce temps-là, une peste de feu s’alluma parmi les Limousins. Les corps d’un nombre incalculable d’hommes et de femmes furent consumés d’un feu invisible, et de tous côtés une plainte emplissait la terre… »

Adémar de Chabannes explique que Geoffroy, abbé de Saint-Martial, l’évêque Hilduin, avec l’assentiment du vicomte – ils sont tous les trois de la même famille… – et de Guillaume V, duc d’Aquitaine et comte de Poitiers, ordonnent alors un jeûne de trois jours en Limousin, une réunion épiscopale à Limoges, une ostension de reliques – dont celle du corps de saint Martial. Un grand rassemblement est organisé au Mont-Jovis et le « miracle » a lieu : l’épidémie cesse.

Au début du XIe siècle, le souvenir de ce miracle dit des 'Ardents', donne lieu à un récit, élaboré au sein de l’abbaye Saint-Martial, et reproduit ensuite dans une multitude de manuscrits. La pratique des ostensions est dans un premier temps reprise ponctuellement, sans date fixe, lors de la venue à Limoges d’un personnage important (Saint Louis et Blanche de Castille en 1244, le pape Clément V en 1307, Louis XI en 1462, Henri IV en 1605) ou en cas de grandes catastrophes, guerres, épidémie  

 

 

Au début du XIIIème siècle, l’abbaye Saint-Martial – émancipée de celle de Cluny - compte un effectif de 70 moines.

Selon le Codex Calixtinius, Limoges se situe sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle qui traverse Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, Saint-Léonard en Limousin et la ville de Périgueux.

La ville est sur la Via Lemovicensis, et l’on imagine sans peine tous les voyageurs qui la traversaient, devisant, témoignant de ce qu’ils avaient vu à Limoges : L’abbatiale romane du Sauveur mesure 100 m de long, sa nef compte dix travées ; le clocher superpose des étages octogonaux à des étages carrés. Il y a la crypte ; l’église Saint-Pierre-du-Sépulcre ; la chapelle Saint-Benoît ; divers autres bâtiments comme le réfectoire et le cloître aux baies vitrées rayonnantes. Le scriptorium de l’abbaye est particulièrement réputé. L’atelier d’enluminure est particulièrement actif et créatif, inspiré, par exemple, par les ivoires.

A l’abbaye ou dans ses parages se trouvent des ateliers d’orfèvrerie, qui produisent un grand nombre d’objets liturgiques (châsses, coffrets, statues, croix…) et d’émaillerie champlevée sur cuivre, où se développe l’Opus lemovicense ou Œuvre de Limoges.

Limoges fut aussi un centre majeur de création musicale... C'est ici qu'est inventée la musique polyphonique, dès le XIe siècle.

 

 

Bréviaire à l'usage de l'abbaye de Saint-Martial de Limoges - Saint Martial enfant et le Christ Magnifique croix émaillée du XIIIème du corpus des oeuvres de Limoges

Des liens existèrent entre les moines musiciens de Limoges et les poètes profanes inventeurs de la fin’amor. Le premier troubadour connu, Guillaume IX, est duc d’Aquitaine, c’est le grand-père d’Aliénor, elle-même élevée dans l’amour de la littérature et de la musique, amie et mécène des troubadours, épouse d’Henri II Plantagenêt.

Face à la Cité dont sont maîtres les évêques, le Château profite du rayonnement de l’abbaye et de l’essor du commerce.

Sources : Laurent Bourdelas, historien et écrivain, auteur de L'Histoire de Limoges (Geste Editions).

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