Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

legaut

1942 – Marcel Légaut.

Publié le par Régis Vétillard

Anne-Laure et Lancelot quittent à regret le '' philosophe paysan ''; mais, c'est pour un autre '' paysan '' qui à l'inverse, est un universitaire et un autodidacte de l'agriculture.

Quand Lancelot, avec Elaine, avaient rencontré Marcel Légaut (1900-1990), il était professeur de mathématiques, enseignant à la faculté de Rennes ; et animateur d'une sorte de communauté chrétienne, rue Léo-Delibes ; là, ils y avaient croisé Mounier et Teilhard de Chardin.

 

Depuis novembre 1940, Marcel Légaut, s'était marié, et installé aux Granges de Lesches, près de Lucen-Diois. Il est devenu berger d'un troupeau d'ovins. Autour sont des champs de lavande, des arbres fruitier et des cultures d'auto subsistance.

Sans l'aide de son voisin, ils n'auraient pas survécu. Il a pensé concilier un enseignement à Lyon, avec son installation, mais les conditions de transport ne le permettent pas...

Le pourquoi de cette rupture avec sa vie d'avant, tient beaucoup à l'expérience de la guerre, de la hiérarchie, de l'autorité qu'il eut du mal à assumer comme officier.

Il a proposé par divers courriers à Vichy une demande de ''mis en disponibilité'' pour un projet intitulé ''Essai d'un enseignement supérieur professé dans le cadre d'une vie paysanne'' qui partagerait la journée d'un étudiant entre travail dans l'exploitation et cours d'enseignement supérieur.

Actuellement, ils ont réussi à achever à peu près l'installation de deux maisons d'habitation et la construction de deux autres. Et, une quinzaine de personnes y ont vécu l'année.

Lancelot comprend vite que peuvent aussi être hébergées des personnes victimes des lois raciales ou oppressives.

 

Marcel Légaut porte ce qu'il considère comme une question cruciale aujourd'hui, celle du sens de la vie, de l'espoir pour l'avenir. Il focalise son attention sur l’histoire singulière du sujet comprise comme un cheminement intérieur.

Ainsi, nous dit-il, l'Evangile n'est pas un recueil de textes liturgiques... Il n'est pas l'appui d'un enseignement doctrinal, il n'est pas non plus un recueil d'histoires où la sentimentalité domine... Il n'est pas un livre à l'usage des prêtres... C'est un livre pour une méditation personnelle et quotidienne, en rapport étroit avec la vie de chacun.

Vivre la communauté, ici, c'est se prendre en charge, être à l'écoute de l'appel de Dieu en soi et hors de soi. Ensemble partager la lecture de l'Evangile et savoir marier foi et intelligence critique et être ainsi à même de situer sa fidélité à Jésus à un tout autre niveau que son appartenance à l'Église.

Il convient de « partir de soi et trouver par un effort d’intériorité sa liaison avec le Tout ».

Il a renoncé, dit-il, à un savoir absolutisé et sacralisé sur l’identité de Dieu; «  ce qui m'intéresse c'est la relation de communion entre le mystère de ta personne et le mystère du Tout Autre. »

Marcel Légaut se méfie autant d'une lecture fondamentaliste de la Bible, que d'une exégèse savante qui serait spirituellement stérile.

Voir les commentaires

Ce que Marcel Légaut, me dit : ...

Publié le par Perceval

Marcel Légaut ( 1900-1990 ), agrégé de math. professeur en faculté à Nancy, Rennes, puis Lyon, est devenu berger en 1940. Il est mort, il y a juste 20 ans.

Je retiens de son témoignage de'  vie spirituelle ',qu'il est nécessaire de partir de l’homme, de l’expérience humaine ( même s'il n'est pas si aisé de ' lire sa vie '; sa vie - en relation avec celle de Jésus … ).

Suffit-il de rechercher le sens de la vie ? Non ... D'ailleurs, y aurait-il un sens ( imposé ) pour tous ?

Il ne s’agit pas non plus de trouver un sens à sa vie…

La recherche de chacun concerne le sens de sa ‘ propre vie ‘ … Quelles sont mes relations avec autrui ? Quelle est mon action pour que la société devienne une ‘ communauté humaine ‘ ?

 

La foi, qui n’est en rien une croyance, est une réalite à double face : « la foi en soi » ( la valeur de sa propre réalité ),  et « la carence d’être » qui s’éprouve dans la vie relationnelle … et qui peut  (doit ) s'ouvrir en ' la foi en l’autre ' …

« Ce que l’homme sait ne pas être, ne pas pouvoir être et cependant devoir être pour humainement exister lui révèle sa carence d’être. (…) Il entend à travers la conscience de sa carence de base, grâce à la foi en soi, le silencieux appel à être. Il entrevoit en elle et comme en creux l’être qui s’annonce en lui " .(“L’homme à la recherche de son humanité”)

 

Pour Marcel Lègaut, ce travail intérieur s’approfondit au travers de l’amour humain, de la paternité, de la responsabilité, de l’activité créatrice, de ses états d’âme, de la conscience qu’il mourra….etc 

A mon avis, cette humaine tension ne se convertit en spiritualité, qu’à la condition de ' relire sa vie ', d’alterner - action et méditation … L’homme, pour s'envisager existentiellement,  se doit de se mesurer à ses limites… Le vrai, ne se révèle, que dans l’expérience de sa réalité…

Quel est le sens de ce que j’ai vécu d’essentiel … ?

Face à l'absurdité du mal, j’ai besoin d’un autre que moi ... Un Homme, déjà ' au-delà de soi ' , qui me conforte, qui se manifeste dans l'intime de moi ... Pour Légaut, cet Homme est Jésus.

______________________________________________________________________________________

Le sens propre de sa vie.
Plus on avance sur ce chemin, mieux on entrevoit la cohésion interne de ce qu’on a vécu dans le passé sans en avoir eu conscience sur le moment même et, du même mouvement, mieux on pressent la cohésion des manières dont on aura à vivre l’avenir. On saisit l’unité foncière de sa vie, son unicité, et finalement la solitude où son existence se développe, que nul ne peut violer mais où autrui peut prendre présence.
A mesure qu’on s’approche du but, plus il s’éloigne. On découvre en soi une impuissance radicale à être tout ce qu’on voit devoir être …

Marcel Légaut

La voix de Marcel Légaut - ICI -

Voir les commentaires