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la cagoule

1937 - La Cagoule -

Publié le par Régis Vétillard

Marx Dormoy_1937

Tous les jeudis, à l’hôtel Matignon - à la demande de Marx Dormoy - se tient à présent une réunion entre les ministères de l'intérieur, des affaires étrangères et de la Défense, avec les militaires de l'état-major; en cause les menaces à nos frontières ( Espagne, Italie, Allemagne) et les menaces d’attentat sur le sol français... Aucun procès-verbal ne sera rédigé, les débats devront être secrets.

On soupçonnait que la fusillade qui avait fait sept morts et trois cents blessés dont quatre-vingts policiers ; lors des graves incidents de Clichy du 16 mars 1937, étaient - par des provocateurs - manipulés de l'étranger... Les arrestations d’espions allemands se multiplient.

Lancelot entend parler officiellement de '' la Cagoule'' ; ce qui n'était peut-être qu'un fantasme est attesté par des témoignages et des noms... Cependant le 2e bureau préfère l’infiltrer et laisser faire, pour s'en servir contre les communistes.

La Cagoule est entrée en contact avec le 2e bureau ; et plus précisément Gabriel Jeantet et le docteur Martin ont fourni une documentation jugée « utile et appréciée » concernant les communistes.

 

Les associations d’anciens combattants, facilitent - le lien entre la société civile et le monde militaire, et - la politisation de l’armée. Des officiers en uniforme pénètrent les cortèges politiques.

La Cagoule - T1 BD Brugeas, Herzet, Damour

On situe la création de la Cagoule après l'unification des ligues en 1934. Elle se constitue par strasse , avec quelques parties visibles, comme le ''Front national'' de Charles Trochu ; ou l'UCAD ( Union des comités d'action défensive) de l'ex-général Duseigneur et Pozzo di Borgo ; le CRAS ( Comité de rassemblement antisoviétique ) avec Robert Jurquet de la Salle...etc. Une organisation qui se fait appeler le CSAR ( Comité secret d'action révolutionnaire) piloterait cette mouvance définie comme synarchique, puisque elle considère que si le pouvoir, pouvait être donné à Philippe Pétain, il serait placé sous l'autorité réelle de l'organisation secrète.

 

Sont reconnus à la tête de l'organisation : Eugène et Henri Deloncle, Jean Filliol, suivis par des dissidents de l'Action Française ; Henri Martin, le général Dusseigneur, Raphaël Alibert, proche et conseiller du maréchal Pétain, le commandant Loustaunau-Lacau, qui appartient à l’état-major particulier de Pétain ; Jacques Corrèze, Aristide Corre, Gabriel Jeantet...

 

Les bailleurs de fonds sont importants et se recrutent dans l'industrie et la banque. On y accole aussi une revue : Thierry Maulnier participe à la création de ''L'Insurgé'' hebdomadaire financé par Jacques Lemaigre-Dubreuil (industriel) qui soutient l'organisation.

Certains s'en inquiètent : Maurras se désolidarise de l'action violente. Le colonel de La Rocque craint une infiltration de ce mouvement par des fascistes agissant pour le compte de l’étranger.

La Cagoule-T2 Brugeas, Herzet, Damour

 

Des femmes prêtent leurs charmes, pour surveiller, comme Navachine, bientôt assassiné par la Cagoule. D'autres informent, nouent des liens avec des personnages très hauts placés, au sein de l’armée en particulier...

La cagoule est organisée en cellule, unité, bataillon, brigade, à l'image de l'armée française.

Une cellule, '' les Chevaliers du glaive'', dirigés à Nice par Joseph Darnant et François Durand de Grossouvre, adoptent un rituel et un costume. On dit ainsi que ce sont les monarchistes ( Maurice Pujo) qui ont désigné la nébuleuse du sobriquet de '' la Cagoule ''.

Nos services ont pour l'instant imputées au CSAR, ces actions :

23-24 janvier 1937 : Meurtre de Dimitri Navachine ( l'homme des soviétiques): Jean Filliol le tue à coups de baïonnette .

16 mars 1937 : Provocations lors de la manifestation de Clichy (6 morts et 200 blessés ). Objectifs: radicaliser les membres du PSF, les pousser vers le PPF de Doriot.

18 mars 1937 : vol de quatre mitrailleuses et de trois fusils-mitrailleurs à la caserne Théremin d'Hame à Laon. Achat d'armes en Allemagne; dons d'Italie, contre services...

17 mai 1937 : Laetitia Toureaux - proche des fascistes italiens - est assassinée par les cagoulards...

9 juin 1937 : Assassinat des frères Rosselli, anti-fascistes commandité par les services secrets italiens.

29-30 juillet 1937 : Destruction d’avions militaires américains destinés à l’Espagne républicaine sur l’aéroport de Toussus-le-Noble près de Paris. Un avion détruit, 2 autres endommagés.

11-12 septembre 1937 : Des bombes sont placées aux sièges de la CGPF et de l’UIMM, ( patronat ) : 2 policiers tués ; et la droite accuse aussitôt les rouges...

 

Le 16 septembre, la police procède à une perquisition chez Aristide Corre, archiviste du mouvement chargé notamment du codage des noms et des adresses; elle y trouve la liste des adhérents du mouvement terroriste.

D'autres éléments comme les rendez-vous nocturnes du général Weygand de de M. Jean Chiappe dans le souterrain d'un hôtel particulier de la rue Lepic ; et surtout les rumeurs maladroitement lancées dans le sein de l'armée sur un putsch communiste prévu.. poussent nos services à entrer en action dans le cadre d’enquêtes sur le trafic d’armes ; alors qu'est projetée une véritable tentative de putsch dans la nuit du 15 au 16 novembre 1937, avec occupation de l'Elysée, des ministères et intervention de l'armée...

Finalement, Deloncle hésite et n'envoie pas les ordres ; alors que la police découvre les caches-d'armes : dans un garage du Boulevard de Picpus ; elle trouve 832 grenades, 6 mitrailleuses, 42 fusils-mitrailleurs allemands, 49 fusils semi-automatiques italiens, 80 fusils de guerre, 45 fusils de chasse, des munitions.

Au lendemain le complot est mis à jour, des perquisitions permettent de découvrir des caches-d'arme sur tout le territoire, des listes d'adhérents...

Le 26 novembre l’arrestation de Eugène Deloncle, est annoncée, ainsi que celle d’autres membres ; le 27 celle du duc Pozzo di Borgo, collaborateur du colonel de la Rocque.

Fin novembre 1937, tous les chefs cagoulards sont mis hors d'état de nuire : Deloncle, Corrèze, Méténier, Duseigneur et Jeantet sont arrêtés; Filliol, Martin et Corre réussissent à prendre la fuite.

 

Daladier préfère étouffer l'affaire ; trop de cadres dans l'armée sont impliqués.

Marx Dormoy, responsable du démantèlement de la Cagoule, sera assassiné en représailles le 26 juillet 1941.

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