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foi

Le dieu de Simone Weil :

Publié le par Perceval

Avant de s'exiler aux États-Unis en 1942, - elle remet à G. Thibon négligemment un paquet contenant 12 de ses cahiers écrits à marseille, qu'il " classera " et éditera plus tard dans " La pesanteur et la grâce"; -  elle écrit au père Perrin son autobiographie spirituelle, relisant toute sa vie à la lumière de Dieu. Cette lettre d'adieu " Attente de Dieu "  a une portée testamentaire puisque Simone mourra un an aprés en Angleterre. La tuberculose et son anorexie l'emportent alors qu'elle n'a que 34 ans. 

*****

Extraits de « La pesanteur et la grâce », de Simone Weil :

Simone Weil 3

La création, est de la part de Dieu, un acte de renonciation. Dieu renonce à être omnipotent, à être Tout : « Dieu n'a pu créer qu'en se cachant, lit-on dans la Pesanteur et la grâce. Autrement il n'y aurait que Lui. ». Le dieu de Simone Weil est un Dieu transcendant, qui s'est lié les mais devant le mal, un diue souffrant, un dieu qui n'est pas tout-puissant...Pour S. Weil, ce qu'elle appelle «  la décréation », n'est pas un rejet du monde sensible, mais le projet de l'homme qui renonce ( comme Dieu) à l'indépendance que Dieu offre, pour choisir de vivre en Lui... Simone Weil utilise le langage des mystiques : «  Dieu a créé notre autonomie pour que nous ayons la possibilité d'y renoncer par amour (…) Dieu par amour se retire de nous afin que nous puissions l'aimer ( …) » Celui qui ressent l'absence de Dieu, ne peut que le désirer …

LaoTu.jpgQuand Simone Weil écrit : « Le moi, ce n'est que l'ombre projetée par le péché et l'erreur qui arrêtent la lumière de Dieu et que je prends pour un être ( …) Le péché en moi dit « je » », c'est à mon avis, une manière chrétienne de reprendre la vision bouddhiste sur l'illusion du soi ( l’ego). Simone Weil, a fréquenté et lu en sanskrit «  les Upanishads.. ! ... Malheureusement, son anorexie déteint sur sa spiritualité, et refuse, même, le réconfort d'une rencontre du divin … «  Il y a des gens pour qui tout ce qui rapproche Dieu d'eux-mêmes est bienfaisant. Pour moi, c'est tout ce qui l'éloigne ». «  Quand Dieu est devenu aussi plein de signification que le trésor pour l'avare, se répéter fortement qu'il n'existe pas ( …) Il faut préférer l'enfer réel au paradis imaginaire.  » … ! 

Camus admirait Simone Weil... Tous deux méditent sur «  la tendre indifférence du monde », pour se détacher du monde terrestre. Il est nécessaire d'accepter ( sereinement …) la nécessité ( les lois inflexibles de la nature ) : «  La grâce comble, mais elle ne peut entrer que là où il y a un vide pour la recevoir, et c'est elle qui fait ce vide. » 

C'est en ressentant l'absence de Dieu, affirme t-elle, que nous commençons à expérimenter sa présence : «  Dieu et le spirituel sont cachés et sans forme dans l'univers. Il est bon qu'ils soient cachés et sans nom dans l'âme » . «  Un mode de purification : prier Dieu ( …) en pensant qu'il n'existe pas » … Cela me fait penser à Maître Eckhart... : Dieu n'existant pas sur le même plan que la création, nous ne pouvons pas le percevoir... la réalité surnaturelle peut - dans un premier temps - se confondre avec le néant.

 

Voir aussi: S. Weil... Loin d'une religion « consolatrice »…

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Simone Weil, les années de la foi... -4-

Publié le par Perceval

Simone reprend ses cours à Saint-Quentin. Ses maux de tête la torturent.

angoisse.jpg« Un moment est venu, racontera-t-elle plus tard, où j'ai cru être menacée par l'épuisemet et par l'aggravation de la douleur, d'une si hideuse déchéance de toute l'âme, que pendant plusieurs semaines je me suis demandé avec angoisse si mourir n'était pas pour moi le plus impérieux des devoirs, quoiqu'il me parût affreux que ma vie dût se terminer dans l'horreur (…) Seule une résolution de mort conditionnelle et à terme m'a rendu la sérénité ».

En janvier 1938, elle se résout à demander un congé de maladie au ministère de l'éducation.

 

Un jour de 1938, à Solesmes, 108.1275409287.jpgelle vit l'expérience de la conversion soudaine, dont elle a laissé ce récit: "J'avais des crises violentes de maux de tête intenses. Comme j'avais le poème dont je vous ai parlé, intitulé Amour, je me suis exercée à le réciter en y appliquant toute mon attention et en adhérant de toute mon âme à la tendresse qu'il enferme. Je croyais le réciter seulement comme un beau poème, mais à mon insu, cette récitation avait la vertu d'une prière. C'est au cours d'une de ces récitations que, comme je vous l'ai écrit, le Christ lui-même est descendu et m'a prise"

 passion-weil.jpg

«  Au cours de ces offices, la pensée de la passion du Christ est entrée en moi une fois pour toutes » Simone Weil a saisi l'essence de la Passion. Elle relie cette expérience intérieure à son propre état de délabrement physique.

 

Simone Weil 3De retour à Paris, Simone relit souvent le poème … Un jour après l'avoir récité à plusieurs reprises, se produit la révélation : le poème la met «  en présence du Christ », lui fait vivre avec une acuité renouvelée l'illumination reçue à Solesmes.

« Dans un moment d’intense douleur physique, alors que je m’efforçais d’aimer […] j’ai senti, sans y être aucunement préparée, – car je n’avais jamais lu les mystiques – une présence plus personnelle, plus certaine, plus réelle que celle d’un être humain, inaccessible et aux sens et à l’imagination, analogue à l’amour qui transparaît à travers le plus tendre sourire d’un être aimé. » ( lettre à Joë Bousquet )


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Simone Weil, les années de la foi... -3-

Publié le par Perceval

Une conversion en plusieurs étapes :

« La mer seule peut me laver de toute cette fatigue » Eté 1935, avec ses parents.

procession-religieuse.jpgEn 1935 au Portugal, elle assiste à une « misérable » procession... Simone Weil a la révélation du christianisme.

«  J'ai eu soudain la certitude que le christianisme est par excellence la religion des esclaves, que des esclaves ne peuvent pas ne pas y adhérer, et moi parmi les autres. » ( Attente de Dieu )

 

Elle ne dit mot de cette expérience à quiconque. Lycée de Bourges. Elle choque souvent ses élèves par ses vues iconoclastes ( l'union libre, partage des ressources …)

Elle souffre beaucoup d'horribles migraines.

En juin 1936, la grève générale qui suit la victoire du Front populaire vient tirer Simone de son marasme.

 

simone-weil--l_irreguliere.gifLa guerre civile éclate en Espagne. Le 16 août 1936, elle rejoint le front de la guerre d'Espagne, et le noyau des futures brigades internationales . Munie d'une carte de journaliste qu'elle a obtenue d'une revue syndicale, elle gagne la frontière espagnole. Elle s'expose, la guerre la dégoûte... Elle ne cesse de dénoncer les meurtres et les humiliations dont elle est témoin, et s'étonne du sang inutilement versé...

«  On part en volontaire, avec des idées de sacrifice, et on tombe dans une guerre qui ressemble à une guerre de mercenaires, avec beaucoup de cruautés en plus et le sens des égards dus à l'ennemi en moins. (...) Vous êtes royaliste, disciple de Drumont - que m'importe? Vous m'êtes plus proche, sans comparaison, que mes camarades des milices d'Aragon - ces camarades que, pourtant, j'aimais. » Lettre à Bernanos(Les Grands Cimetières sous la lune est un pamphlet de l'écrivain français Georges Bernanos, paru en 1938

Le fait d'avoir participé à la guerre permet à Simone de défendre un pacifisme radical sans crainte d'être accusée de lâcheté...

 

Elle fréquente le café de Flore où se réunissent les amis de Souvarine, elle rencontre Maritain, jean Paulhan ; et publie dans les « nouveaux cahiers » un plaidoyer en faveur du pacifisme.

Porzioncola-Fresco-Santa-Maria-degli-Angeli.jpgPrintemps 1937, elle concrétise un vieux rêve : visiter l'Italie.

Elle se lie d'amitié avec un jeune étudiant en médecine qui soigne sa tuberculose : Jean Posternak. Elle lui écrit souvent pour lui parler de l'art et des classiques …

«  En 1937, j'ai passé à Assise deux jours merveilleux. Là, étant seule dans la petite chapelle romane du XIIeme siècle de Santa Maria degli Angeli, incomparable merveille de pureté, où Saint François a prié très souvent, quelque chose de plus fort que moi m'a obligée, pour la première fois de ma vie, à me mettre à genoux. »

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Le « principe organisateur », Dennis Gira

Publié le par Perceval

Ce principe touche au parcours de chacun, à l'identité, à l'appartenance...

dialogue-2.pngCe principe  est fondamental, pour qui se sent attiré par d'autres traditions... Agiter la promesse de l'égarement du « syncrétisme », pour dissuader le « chercheur de Vérité », n'est pas approprié, pour le moins !

Le principe organisateur, lui, permet d'aider à progresser sur son itinéraire spirituel ; et bien sûr, il s'applique au dialogue interreligieux, mais aussi au dialogue philosophique , ou politique …

Pour comprendre sa définition ; dennis Gira se propose de commencer à répondre à ce type de question : «  peut-on être bouddhiste et chrétien, à la fois ? »

Question complexe !... Car enfin, «  qui est ce « on » ? » ne faut-il pas connaître la personne concernée par cette question, sa trajectoire spirituelle, culturelle et intellectuelle ? S'agit-il derrière la question, d’adhérer à un groupe donné, ou d'un engagement total au sein d'une tradition religieuse qui donne sens à sa vie ? …. Quelques exemples :

  • Un ami vietnamien, converti au christianisme, peut se considérer bouddhiste et chrétien.. Il se dit chrétien, quand il approfondit sa connaissance de la foi chrétienne et participe à la vie de l’Église ; et il se dit bouddhiste quand il affirme ses racines culturelles et ses liens familiaux … Cet ami n'est pas impliqué également sur des trajectoires parallèles …

  • Cet ami français, a été baptisé bébé, et n'a jamais été « catéchisé » … Il a cherché ailleurs la source qui étancherait sa soif de vérité ; cette recherche l'a conduit au bouddhisme... Son principe organisateur est fortement bouddhiste... Quand il s'affirme également catholique; il parle du baptême, du mariage et de son milieu familial …

Eykouna.JPGLe principe organisateur de chacun part dans leur trajectoire spirituelle de leur expérience la plus intime...

Pour un chrétien, la Foi en la personne de Jésus-Christ constitue le pivot de son expérience...
En s'adressant à un bouddhiste, il sera difficile d'interpréter les différents aspects du bouddhisme à la lumière de ce principe... Et, inversement …

Par contre, c'est différent, s'il s'agit d'un chrétien à qui l'on s'adresse et que l'on tente d'interpréter ces mêmes aspects du bouddhisme à la lumière de ce même principe …

 
Ce qu'il faut retenir : c'est qu'il est difficile d'imaginer un dialogue interreligieux entre deux personnes dont l'une a un seul principe organisateur et l'autre pense en avoir deux, dont celui de son interlocuteur – ce qui semble le cas de quelqu’un qui pourrait penser être à la fois bouddhiste et chrétien .

 

  • Il peut encore se présenter les cas d'une personne, qui suite à la rencontre d'une autre voie spirituelle, souhaite en intégrer une pratique à leur cheminement intérieur. Par exemple, pour un chrétien, pratiquer le zazen... Finalement, le zazen est authentiquement bouddhique uniquement pour un bouddhiste, c'est à dire pour quelqu’un dont le principe organisateur est indissociable de la cohérence interne du bouddhisme zen. Le chrétien le situe dans une nouvelle cohérence, et il est inapproprié de penser qu'il est bouddhiste et chrétien à la fois . Et, il ne s'agit pas là de « syncrétisme » … !

Miryam.jpgLe principe organisateur, est un antidote naturel à toute forme de syncrétisme, et à toute peur de l'autre... Son propre, est d'organiser ou plutôt de réorganiser la pensée quand elle s'interroge ou s'enrichit des idées des autres … Ce principe aide également chaque fois qu'une personne veut dire aux autres sa foi la plus profonde car elle sait, ou devrait savoir, que ce qu'elle va dire alors doit être compréhensible pour ses interlocuteurs... Il lui faut donc prendre en considération leur sensibilité, leur vocabulaire, la cohérence de leur tradition ..etc Finalement elle pensera sa foi autrement et laissera de côté, ou mettra entre parenthèses, certaines formules chères aux chrétiens si elle les juge inaudibles...

Bien sûr, c'est une gageure de résumer ce que Dennis GiraGira_Dialogue-pour-tous.jpg tente de nous faire comprendre avec beaucoup de pédagogie et d'exemples concrets, ce point fondamental du «  principe organisateur » ... Il serait plus raisonnable de lire le texte complet …

Je comprends également, que l'évangélisation, ne peut se faire in-extenso ; elle répond aux mêmes règles que le dialogue interreligieux, et doit répondre à la cohérence de chacun …

 

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Se questionner sur le « Dieu »

Publié le par Perceval

La Foi, m'oblige à remettre en question la parole sur « Dieu ». la quête du sens passe, au fil du temps, par des chemins nouveaux...

adam reation iconic
Dieu a donné forme au chaos par sa Parole, l'avenir dépend de nos choix : «  choisis la vie ! » Dt 10,15

La vision dynamique et expansive de l'univers, l'évolution des espèces... me fait prendre conscience de la chaîne évolutive dont je suis redevable. Je suis immergé dans un monde en constante transformation où tout se trouve en relation … La pensée de Teilhard de Chardin, m'aide à reposer la question de la création .

Le « Dieu » ne peut que participer lui-même à ce flux de transformation et de relation. Définissons-le comme l'auteur et l'acteur de ce processus ; et comme objet lui-même du process ( sa nature conséquente ) (1)

Ma tradition m'apporte que le « Dieu » d'Abraham et de Jésus, est celui dont la Parole organise le « chaos ». Il n'est pas «  l'être le plus puissant », mais Puissance qui fait « être »...

S'il y a harmonie, ou ordre de l'univers ; c'est qu'il y a une restriction des possibles... mais, également une multiplicité de possibles ouvrant le futur.

Le dynamisme créateur de Dieu ouvre, comme à tout ce qui se laisse habiter par sa force de vie, de nouveaux possibles. Dieu est une puissance d'attraction vers le meilleur ( l'amour ...etc ).

Annonciation
Sans cesse Dieu « appelle à l'existence – ce qui n'est pas - » ( Rm 4,17 )


Ma tradition, également, m'apporte «  l'incarnation », et la «  kénose » de Dieu … Que puis-je en dire .. ?

Ce « Dieu » est entièrement impliqué dans l'Humanité. Il n'est pas dilué ( panthéisme..). Dieu est lui-même « transformé » par ce qui arrive dans la création... Dieu a besoin de nous ! L'Amour de Dieu est sans limite ( tout puissant …), mais sa « puissance » est limitée par l'orientation prise par la création... Ce Dieu souffre de nos résistances ; ce Dieu incarné, qui entre en relation, ne peut être que transformé par cette relation ( sinon, elle serait « fausse »... ).

Christ-Vraie-Vigne

«  Mon Père, jusqu'à présent, est à l'oeuvre, et moi je suis à l'oeuvre »

( Jn 5,17)

Si avec Jésus-Christ, la mort n'a pas eu le dernier mot, c'est que Jésus a parfaitement laissé agir en lui le dynamisme créateur de Dieu.

 

Le Dieu de Jésus-Christ, a fait alliance avec le monde. Il ne peut rester figé dans son éternité. Je ne crois pas en Dieu situé dans un au-delà énigmatique, à la « toute-puissance » absolue et indifférente, ou qui ne tiendrait pas compte de la liberté et de la responsabilité du monde …

 

 

Sources : Claude Dubois ( la Revue du réseaux des Parvis), qui reprend lui-même quelques aspects de la « théologie du process » (1) : essai pour comprendre et dire Dieu dans un souci de dialogue avec la culture et les savoirs contemporains. Elle a le grand mérite d'être une théologie de la liberté au souffle d'un Dieu «  faisant chaque jour toutes choses nouvelles » ( Ap 21,5),

Voir : J. Moltmann, P. Tillich, Hans Jonas, A Gounelle... Et F. Varillon ...  

 

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Libérons nous de nos croyances.

Publié le par Perceval

A travers cette mise en garde «  libérez-vous de vos croyances » - conseil tout à fait bouddhiste ; il y a – à mon avis - également une part de « vérité chrétienne ».

L-image.jpgLe Bouddhisme est bien une religion ( dans notre langage, pas le leur … ! ) ; mais une part de lui-même lutte constamment contre les croyances induites ( la plupart constructions « populaires »). Le bouddhisme est une connaissance ( le dharma ) et une pratique : il faut « voir » pour comprendre … et pratiquer pour voir …

Dans le bouddhisme «  les déités » sont des réalités secondaires...

 

Nos pensées créent des formes... Il ne suffit pas de dire qu'elles sont illusoires ; elles existent bien sur un certain plan. escalier3imp.gifParfois, elles sont même « imagées » par des déités, des symboles, des personnages archétypiques … Si elles deviennent trop nocives ou envahissantes, il est bon de les supprimer !

Pour ma part, j'ai supprimé le «  Dieu-Jupiter ».


Le bouddhisme zen aime rappeler cette sentence : " Si tu vois le Bouddha, tue-le ! " Et pourtant... Il s'agit bien dans l'objectif de zazen de contempler la nature de Bouddha .. !?

Le moine zen Kosen , d’ailleurs répond ceci : « Qui y a-t-il d’autre à voir que Bouddha?
formes-pensees2.png Comment tuer ce qui est sans naissance et immortel ?
Si tu le vois à l'extérieur tu mourras, si tu le vois à l'intérieur t'es déjà mort depuis longtemps.
S’il te voit de l'Intérieur, il t'aimera et te sauvera, tu ne seras plus jamais seul.
 »

Personnellement, je remplacerai bien volontiers ici, Bouddha par Dieu... !

 

Sans doute, le support même de ce que nous ressentons de notre existence, est une croyance... Je suis « croyant » d'être séparé des autres et du monde qui m'entoure … je « crois » au moi et au non-moi ( l'autre ), je m'attribue des qualités et des défauts, et je coupe le monde en deux !Gauguin-1.jpg

Une croyance est une représentation, mais le paradoxe est que seule la croyance peut dire ce qu'elle représente … Donc, je crois que « ma représentation représente » la réalité, alors qu'elle risque – au contraire – de me couper de la réalité … ! Par exemple : un jugement peut devenir une croyance, une identification ….

 

La conséquence malheureuse, de cette construction mentale faite de croyances, c'est qu'il y a antinomie entre «  comment sont les choses » et « comment j'aimerais qu'elles soient ».. Conclusion : je ressens un stress, une angoisse …. Je me surprends à dire «  si seulement, j'étais … ou si seulement, j'avais … » !!!


Méfions-nous de nos croyances … ! Et, cela va bien au-delà des «  croyances religieuses »...

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Jésus, l'héritier - histoire d'un métissage culturel

Publié le par Perceval

Ci-dessous, de larges extraits de l'Introduction de ce livre ( à lire ...) :

Jésus, l'héritier ; histoire d'un métissage culturel

  • Christian Elleboode (Auteur) , Editeur : Colin; Date de sortie : 30/11/2011Couv-jesus-l-heritier-Elleboode.jpg
  • Description
    À l´heure du grand retour des fondamentalismes religieux et des crispations identitaires, n´avons-nous pas, plus que jamais, besoin de mettre en évidence le ciment culturel qui unit les hommes ?  À tous ceux qui craignent les « chocs de civilisations », nous nous devons de rappeler qu´une civilisation, quelle qu´elle soit, est inséparable des autres. Faire appel à l´Histoire, à des faits avérés, à des sources partagées, voilà sans doute la meilleure manière d´inviter les religions au dialogue.  L´auteur de ce livre original et courageux nous offre les résultats d´un travail monumental : il a remis en perspective les croyances et les pratiques des peuples contemporains des Hébreux et de leurs ancêtres, qui ont vécu à un prodigieux carrefour culturel où se sont exercées les influences des grands empires de Mésopotamie, d´Asie mineure et d´Égypte.  Cette enquête nous montre à quel point, humainement parlant, il est absurde qu´une religion s´imagine marquée du sceau de la « pureté ». Tout dès le départ est partage. Le rappeler ne saurait porter atteinte à la part du divin, bien au contraire, c´est nous ramener aux racines communes des fois distinctes.  Christian Elleboode enseigne à la faculté catholique de Lille.

 

La culture religieuse, brassage de convictions, est ce par quoi l’homme développe ses héritages, ce par quoi il donne et exprime le sens de son existence. Le fait religieux est présent dans toutes les cultures humaines, même les plus primitives : fondamentalement, le fait religieux lie l’homme à des puissances qui sont plus qu’humaines.

La religion est ambivalente, car elle est à la fois source de communion et de confrontation. Elle favorise la communion entre les membres d’une même communauté, mais aussi la confrontation avec ceux d’une autre culture. En même temps, les religions sont travaillées de manière interne par des logiques contradictoires qui tendent parfois à l’ouverture à l’autre, parfois à la fermeture sur soi. À des degrés divers selon les religions, on trouve des messages de paix mais aussi des messages intolérants et des prescriptions rituelles excluantes pour les autres, qui favorisent le mépris.

il n’y a pas de culture « pure », c’est-à dire authentique. Toute culture est métissée car faite d’emprunts. L’étude attentive de la rencontre des cultures révèle que celle-ci se réalise selon des modalités multiples et qu’elle aboutit à des résultats extrêmement contrastés selon les situations de contact. Les recherches sur l’acculturation, que l’on peut définir comme l’ensemble des changements socioculturels entraînés par le contact prolongé entre des groupes et des sociétés de cultures différentes, ont permis de dépasser nombre d’idées reçues sur les propriétés de la culture, et de renouveler le concept même de culture. L’acculturation n’apparaît pas comme un phénomène occasionnel, mais comme une des modalités habituelles de l’évolution culturelle de chaque société. Cela est bien évidemment vrai pour la culture religieuse.

Revenons au concept de culture. Le propre de l’homme n’est ni l’émotion, ni la station debout, ni la fabrication d’outils. Le propre de l’Homme, c’est le langage ; et par le langage, il peut communiquer aux autres ce qu’il a appris : au commencement « était le Verbe » ! À cause du langage, les mutations de l’humanité ne sont plus génétiques », mais culturelles. Capable de se projeter dans l’avenir, l’homme n’est pas totalement soumis à la loi de la génétique. Il est à même de faire des choses que les animaux ne font pas, pour le meilleur et pour le pire. Pour le pire : les animaux ne sont ni bons ni méchants, car ils font ce que leur « programme génétique » leur prescrit. Il n’y a donc pas de meurtre chez les animaux. À l’inverse, dans le souvenir originel de toutes les religions, nous affirme René Girard dans son livre Des choses cachées depuis la fondation du monde6, il y a le meurtre, « le péché originel », le meurtre du Frère (Caïn), celui du Père (Oedipe). L’homme peut transgresser la loi génétique et assassiner son frère. D’où l’absolue nécessité pour les hommes d’établir des lois morales ou religieuses afin de supplanter à la carence des lois naturelles. L’homme est ainsi cet être qui a doublé son code génétique par un code culturel. Admettre que notre patrimoine culturel est aussi celui des autres, c’est s’ouvrir aux autres et proscrire notre ethnocentrisme spontané, consistant à estimer la culture des autres comme inférieure ou méprisable. Il y a dès la Préhistoire une « culture » humaine toujours menacée d’oubli. Admettre l’héritage ne veut pas dire sombrer dans le relativisme culturel qui consiste à affirmer que tout fait culturel n’a de sens que dans le contexte de leur propre culture. Sous une forme extrême, le relativisme culturel refuse l’existence de valeurs universelles puisque toutes les cultures se « valent ». C’est bien pourquoi les religions modernes doivent s’attacher à reconnaître et à retrouver l’héritage des croyances plus anciennes, tout en affirmant leurs propres ruptures et innovations par rapport à ces mêmes croyances. Admettre ses dettes n’est aucunement en contradiction avec le fait de mettre en avant ses apports. Le travail n’est certes pas aisé, car si prendre conscience des césures ne va pas de soi (le Christ était juif et ne souhaitait pas créer une nouvelle religion), interpréter les croyances de nos ancêtres est peut-être encore plus difficile. Même si l’interprétation d’un texte sacré fait sens pour nous, rien ne prouve qu’elle corresponde à l’intention des rédacteurs. C’est pourquoi il faut toujours garder une certaine prudence dans ce domaine et maintenir en éveil notre capacité de discernement. Aborder l’aspect ésotérique des enseignements ne doit pas devenir un prétexte pour débrider notre … Il faut donc se méfier de certaines interprétations qui, pour être habiles, n’en sont pas moins suspectes, par exemple cette façon douteuse d’interpréter les lettres INRI, Jesus Nazarenum Rex Judeorum : Jésus, le Nazaréen, roi des Juifs par Igne Natura Renovabitur Integra, « la nature sera renouvelée totalement par le feu » ! Procéder ainsi reviendrait à ramener l’exégèse, soit l’herméneutique des textes sacrés, à un simple jeu de langage et ignorer son caractère rationnel ou scientifique ; jeu qui n’a rien d’anodin, surtout en ce domaine. Il n’est pas question dans ce domaine de chercher à se faire plaisir en jonglant avec des significations supposées.

 

Un autre risque serait de prendre pour argent comptant les théories évolutionnistes (développées au XIXe siècle parallèlement aux travaux de Darwin sur l’évolutionnisme biologique), qui considèrent que l’humanité prise dans son ensemble progresserait par étapes, des formes archaïques d’organisation sociale vers des formes complexes de civilisation. Même si l’évolutionnisme ne s’identifie pas à une vision linéaire et gradualiste de l’histoire dans la mesure où il peut exister des ruptures, il considère que les différentes sociétés emprunteraient le même chemin. Ce sont les fameuses séquences « historiques » de Comte, Marx ou Frazer (on y reviendra). Au dire des évolutionnistes, un progrès serait associé à un développement continu, nécessaire, qui se répète d’une société à une autre, même si les rythmes sont inégaux. Les différentes sociétés représenteraient des stades différents de l’évolution universelle et les sociétés dites primitives seraient les témoins résiduels de l’« enfance de l’humanité ». En matière de religion, nous savons désormais que les thèses d’un Lewis Henry Morgan ont montré leurs limites : au départ, les premières religions n’étaient pas inintelligibles, comme il le supposait, même si les premières sociétés semblaient « saturées » de religion. Le passage progressif du naturisme au fétichisme, qui était déjà une première forme d’idolâtrie, puis du fétichisme à l’animisme et au totémisme, puis enfin du totémisme au polythéisme et au monothéisme, n’est plus admis. La thèse de Lucien Lévy-Bruhl sur les mentalités primitives qui avaient une aversion pour le raisonnement, comme celle de James G. Frazer sur les trois stades de la pensée (magique tout d’abord puis religieuse et enfin scientifique) témoignent déjà, en leur temps, de la limite d’une telle approche. Non pas que ces travaux soient dépourvus d’intérêt, bien au contraire : l’histoire des religions a été inaugurée avec l’évolutionnisme. Mais ils correspondent bien à l’esprit du xixe siècle encore très marqué en Occident par l’esprit chrétien et par le siècle des Lumières qui le précède, où le progrès est vu comme le fruit de la raison. Mais comment prouver qu’il existe un sens unique de l’évolution, sans régressions, ni blocages, ni pertes ?

À l’opposé de l’évolutionnisme, la thèse, au XIXe siècle, d’un monothéisme originel suivi d’une déchéance conduisant à l’animisme a eu un certain succès. Il est peut-être vrai que de nombreux peuples partagent la croyance d’un être divin ayant créé intentionnellement notre monde, qui aurait été, à l’origine, un océan infini. C’est donc de la mer qu’émergent les terres dans les premières mythologies. Pour les Égyptiens, cet océan primordial était le Noum. Pour le peuple alaskien Tigikak (Arctique), c’est Corbeau qui créa le monde en harponnant une grande baleine, laquelle, en flottant, devint la terre ferme. Parfois deux êtres se partagent l’acte de modeler le monde, tels le Premier Créateur et l’Homme solitaire des Mandans, une tribu de l’Ouest nord-américain. Ils envoyèrent une poule faite de boue ramasser de cette même substance au fond des eaux afin d’en confectionner la première terre. En s’interrogeant sur les mystères de l’Univers, les hommes ont conçu de nombreuses représentations du cosmos. Beaucoup de peuples pensent que le monde est né d’un oeuf cosmique. En Chine, ce sont les forces opposées et complémentaires du yin et du yang, présentes dans l’oeuf, qui ont créé le premier être, Pan Gu. Les Dogons d’Afrique de l’Ouest évoquent un oeuf en vibration qui éclata pour libérer l’esprit créateur. Au Japon, les Aïnous croyaient que six cieux situés au-dessus de la Terre, et six mondes situés en dessous, abritaient des dieux, des démons et des animaux. Il est à noter que le monde a, de longue date, été perçu comme rond. Une légende inuit raconte que deux familles parties dans des directions opposées se croisèrent alors que leurs membres étaient devenus très vieux : ils étaient retour à leur point de départ. Selon les Mangaians de Polynésie, l’univers est contenu dans une noix de coco géante. En lisant Claude Lévi-Strauss, on sait maintenant que les mythes des peuples lointains ne sont pas plus ridicules que ceux de la Grèce ou de la Rome antique, tant admirés par les humanistes.

Les scientifiques pensent aujourd’hui que l’univers est né du « Big Bang », une gigantesque explosion survenue il y a 13 milliards d’années. Celle-ci projeta la matière dans toutes les directions, lançant l’univers dans une expansion qui se poursuit de nos jours. On pourrait considérer cette version très récente de la Création comme un nouveau mythe de l’âge scientifique. Dans son essence, il n’apparaît guère différent des mythes anciens de nombreuses civilisations, qui racontent qu’un monde ordonné est né du chaos primitif. Alors, monothéisme initial, naturisme ou polythéisme ? Que savons-nous des origines après que tant de théoriciens ont supposé, sans aucune preuve solide, que la religion provenait de l’expérience des rêves pour l’un, de la crainte de phénomènes inexplicables de la nature pour l’autre, ou encore de la fascination face à l’unité et la diversité du monde ? L’idée d’un « grand dieu », chez les pseudo-primitifs, dominant une foule de petits dieux qui lui sont soumis, n’est que l’idée d’un Être suprême dans certains polythéismes et non l’idée fondamentale d’un monothéisme. Et le polythéisme est bien plus répandu dans l’histoire de l’humanité que le monothéisme, dont rien ne prouve qu’il se place, soit à l’origine, soit comme état terminal des croyances.

Venons-en maintenant au fait : la recherche des noyaux historiques, pour tenter un début de décodage de la Bible. Notre objectif est de tenter de mettre en avant les héritages de ce que l’on qualifie de premier monothéisme, ce judaïsme dont se réclame Jésus-Christ puisqu’il est né juif et mort juif (comme disait Luther), mais aussi de comprendre en quoi Jésus, pris dans une mouvance universalisante, pour ainsi dire en voie d’autodépassement, montre que l’homme peut se libérer du culte de Dieu. Dieu, d’ailleurs, n’a jamais eu besoin et n’en réclame pas. Le meilleur culte à Lui rendre, c’est le service du prochain, l’amour des autres, la justice rendue à tous, à la suite de Jésus lui-même. Bref, c’est le message de l’Évangile, qui se traduit littéralement par la « Bonne nouvelle ». Jésus lui-même se sait héritier et à aucun moment ne pense provoquer une rupture radicale avec la religion de ses pères. Nous savons en outre que, s’il y a pu avoir des frictions avec ce qu’il appelait la « tradition des pères », car il entretenait une attitude critique à l’égard des institutions juives de son temps, il n’était pas le seul à critiquer les pratiques cultuelles du judaïsme. D’autres, comme les Esseniens dont on a découvert les célèbres manuscrits dans les grottes de Qumrân en 1947, avaient pris leurs distances par rapport au Temple et à la caste sacerdotale de Jérusalem. En tout cas Jésus ne pensait pas à fonder une autre religion, dissidente par rapport au judaïsme : il attendait le « Royaume de Dieu » ! À l’époque de Jésus, le judaïsme était en pleine évolution, très éclaté, très ouvert à la culture et la pensée grecques. Rappelons que la Palestine (que l’on n’appelait pas encore ainsi) était sous l’occupation grecque puis romaine depuis trois siècles. Par la force des choses, la question d’une ouverture plus universaliste, dans un environnement païen omniprésent, se posait à tout le judaïsme. De plus, le prosélytisme des prédicateurs juifs auprès des païens cultivés connaissait beaucoup de succès. Le judaïsme avait peut-être autant de chances que le christianisme de devenir une religion universelle. Pour des raisons historiques, culturelles et proprement religieuses, c’est un autre choix qui a été fait car il y a eu rupture avec le judaïsme. La Bonne Nouvelle qu’annonce Jésus, c’est bien déjà le christianisme ; ce n’est pas un rituel liturgique nouveau ni des prescriptions légales supplémentaires et détaillés, mais une autre façon de voir Dieu. Le message de Jésus est « transfrontalier », et c’est son ouverture totale qui va provoquer la rupture, d’autant que le judaïsme rabbinique se refermera sur lui-même, en réaction notamment à la persécution romaine.

Tant de disciplines s’occupent du religieux — l’anthropologie religieuse, la sociologie religieuse, l’histoire des religions, la philosophie des religions, les théologies, etc. – que le projet que nous nous sommes donné peut sembler ubuesque. Il faudrait être inconscient ou d’une prétention inouïe pour oser affirmer faire la synthèse de ces savoirs, alors que la science des religions est en miettes. Cette réflexion s’inscrit dans une démarche transversale, pluridisciplinaire, qui ne cherche qu’à aborder quelques problèmes essentiels. Nous n’allons poser que quelques hypothèses, et surtout beaucoup d’interrogations. L’accent est mis sur la sociologie, l’histoire des religions et l’anthropologie, qui voient la religion comme une partie de la culture, afin de tenter d’expliquer les ressemblances et les différences entre phénomènes religieux dans des sociétés diverses, de l’Égypte à la Mésopotamie.

Cet ouvrage aborde les religions anciennes jusqu’au message de Jésus mais il traite essentiellement d’un concept, celui de l’acculturation, qui comprend les phénomènes qui surviennent lorsque des groupes d’individus de cultures différentes (et donc de religions différentes) entrent en contact direct et continu, et que se produisent des changements à l’intérieur des modèles culturels de l’un ou l’autre des deux groupes, ou chez les deux. Le judaïsme est le fruit de multiples rencontres culturelles, d’acculturations spontanées et forcées, mais il est devenu une religion à part entière, même si les reprises de rites ou de croyances nous renvoient parfois au plus profond des religions premières. Prendre en compte la situation relationnelle dans laquelle s’élabore une culture ne doit jamais conduire à négliger de s’intéresser au contenu de cette culture, à ce qu’elle signifie en elle-même. Jésus est celui qui bouscula l’édifice entier mais lui aussi, malgré ses rejets, gardera, consciemment ou non, nombre de traits des cultures anciennes. Après tout, il n’a à aucun moment rejeter sa religion.

 

- Voir précedemment: Eloge du métissage culturel et religieux

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Eloge du métissage culturel et religieux

Publié le par Perceval

Le « syncrétisme », le métissage … méritent mieux qu’un anathème ! En rester chez les cathos. à la condamnation d’un syncrétisme qui amalgamerait les savoirs et les doctrines incompatibles… nous empêchent d’appréhender la complexité…


«  Nous savons que le judaïsme a emprunté la circoncision à l’Egypte, les mythes de la création du monde à la Mésopotamie, les anges et le paradis aux Perses et le nom même de la synagogue aux Grecs … »christian-elleboode-l-histoire-de

Cette citation, comme toute la suite ( ci-dessous) est emprunté à un ouvrage de Christian Elleboode : « Jésus, l'héritier »  ou « histoire d'un métissage culturel » (Christian Elleboode enseigne à la faculté catholique de Lille.)


- Sur la 4ème de couv.

« À tous ceux qui craignent les «chocs de civilisations», nous nous devons de rappeler qu'une civilisation, quelle qu'elle soit, est inséparable des autres. »

« Cette enquête nous montre à quel point, humainement parlant, il est absurde qu'une religion s'imagine marquée du sceau de la «pureté». (un exemple très connu avec l'arche de Noé, qu'on retrouve dans la culture des Sumériens, une image ensuite reprise par les Chrétiens. »

Tout dès le départ est partage. Le rappeler ne saurait porter atteinte à la part du divin, bien au contraire, c'est nous ramener aux racines communes des fois distinctes. »

« Toute culture ne peut être que métisse. Ne pas l'admettre, c'est se fermer aux autres et museler son esprit. Refuser le métissage des cultures au nom de l'identité (alors que celle-ci est toujours plurielle) est bien plus que de la bêtise, c'est un vrai danger pour nos sociétés ». interv de Ch. Elleboode

 

- Article dans le journal «  la Croix »

" .. Mobilisant les résultats obtenus dans différentes disciplines, cet universitaire, enseignant aux facultés catholiques de Lille, met en perspective les influences qu’ont pu exercer sur les Hébreux les croyances et les pratiques des peuples voisins de Mésopotamie, d’Asie mineure, d’Égypte, comme celles de l’occupant romain. Il s’intéresse au processus d’« acculturation », c’est-à-dire à ce qui se produit quand un groupe culturel et religieux entre en contact avec d’autres.

Et s’il n’hésite pas à parler de métissage ou de syncrétisme en matière religieuse, c’est dans un sens positif, « comme création d’un nouvel ensemble culturel cohérent et durable ».  Cette création ne va pas sans ruptures, mais celles-ci ne sont possibles que par un enracinement profond dans la tradition.


La vie de Jésus, de ce point de vue, offre un témoignage d’une fidélité créatrice. Il est d’abord un héritier, un fidèle à Loi, interlocuteur des pharisiens sans tomber dans leurs excès, souligne l’auteur dans la dernière partie de son livre, au ton plus personnel. Mais Jésus est aussi celui qui, tout en prétendant accomplir la Loi, « dépasse le judaïsme ».  Le fait qu’il ait tant circulé en Galilée, « région ouverte à tous les horizons de la terre et de la mer »,  n’est certainement pas pour rien dans le caractère « transfrontalier »  de son message.


Et c’est son ouverture totale qui va provoquer la rupture, estime l’auteur, alors que la fermeture du judaïsme rabbinique, dans le contexte de l’occupation romaine, conduira à son procès et à sa mort. L’enquête de Christian Elleboode montre en fin de compte qu’aucune religion, aucune culture ne peut prétendre être marquée du sceau de la « pureté ».  Croire le contraire, c’est tout simplement nier les leçons de l’histoire et nourrir l’idéologie du choc des civilisations." 

 

Extraits de l'Introduction de ce livre: Jésus, l'héritier - histoire d'un métissage culturel

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Comment parler des fantômes, amène à parler de la Foi

Publié le par Perceval

Dans le numéro spécial de cet été, « La Vie » traite du surnaturel…La-Vie_couverture3493.jpg Le catholique, que je revendique être, se retrouve mal dans cette analyse de ses « croyances »… Certes, mes « croyances » sont de toute sortes : sociales, culturelles.. Et, je pense que nul être humain n’échappe à son lot de croyances… au moins pour ne pas craindre à chaque instant que le ciel ne me tombe sur la tête … ! Je sais qu’une discussion qui commence par évoquer le surnaturel : des fantômes aux rêves prémonitoires et aux guérisseurs, des esprits des morts aux médecines parallèles… ne peut que m’amener à un moment ou l’autre à parler de ma Foi…. Et pourtant, ce n’est pas à mon avis du même ordre… Un titre comme : Le surnaturel : entre science et religion, que faut-il croire ? n’a que l’avantage de pouvoir préciser, ce qu’est à mon avis la Foi, et surtout ce qu’elle n’est pas.


croyance-1.jpg«  Que faut-il croire » n’a pour moi, aucun sens. La Foi, n’est pas de l’ordre du savoir, donc de l’erreur et de la vérité… Il ne peut pas y avoir une liste de ce qu’il «  faut croire » ! Je doute même, que quelqu’un puise « croire », ce qu’il « faut croire ».. ! Pour ma part, le dogme, n’a pas cette fonction …

Par contre je partage tout à fait la distinction que fait Élisabeth Marshall, dans son éditorial, entre Foi, et « paranormal » : « Distinguer aussi entre les dogmes de la foi (telle la résurrection du Christ), ces rites passeurs de sur­naturel qui structurent les religions et fédèrent les communautés de croyants, et un paranormal que l’homme ferait surgir à volonté pour exercer sa puissance personnelle. »


Effectivement, au-delà de mes convictions personnelles, il s’agit bien de définir, ce qui me permet de me reconnaître dans la communauté catholique… Et c’est en particulier, par la manière culturelle et cultuelle, de tourner autour des « mystères » de l’être et de la Vie.

Il est difficile, aujourd’hui, ( et j’aime cette difficulté…) de comprendre ce qui relient ensemble tous les catholiques… Ce pourrait être : « La messe »?, mais alors il me semble que nous rejetterions la majorité d’entre nous … ! Et ce n’est pas les résultats du sondage de « La Vie » de ce numéro d’août, qui vont m’aider … !

-          Autant ( 62 à 63%) « croient » à la traversée de la mer rouge par Moïse, qu’à la résurrection de Jésus. Pour ma part, en simplifiant… je dirais – Je ne crois pas que la mer rouge se soit ouverte en deux, comme un fait historique ; par contre je ressens dans ces paroles bibliques un enseignement spirituel. - Je crois que Jésus Christ est ressuscité ; c’est à mon avis le socle de la spiritualité catholique ( peut-être chrétienne également… sauf que le christianisme n’est pas « une » religion …mais une famille de religions …). Il est, à mon avis, bien insuffisant de s’en tenir à cela … il faudrait, sans fin, préciser ce que cela signifie …

-          Je lis également ( N° de La Vie 3493 ) : Seulement 56% des catholiques « pratiquants » croient à la vie après la mort… ! Je ne comprends pas… Donc, pour les autres 44% de catholiques « pratiquants », Jésus-Christ est définitivement mort, Il n’est pas vivant !  ..?

-          64% de catholiques pratiquants « croient » à la théorie de la relativité .. La relativité est pour moi, de l’ordre du savoir, un savoir scientifique … un savoir « relatif », donc… Ce sondage semble mettre au même niveau « savoir » et « Foi »… Si les deux participent à la culture de l’humain, le savoir est limité par le cadre de ce qui est « naturel » …

 

Ce qui, bien souvent, est source de malentendu, c’est la confusion entre « esprit », « âme », et « psyché » … Ainsi, quand, Jean-Didier Vincent dit, à la question : « Qu’est-ce que l’esprit ? - C’est ce qui anime le corps et ce qui se tracte à l’intérieur du cerveau. ». Pour moi, il s’agit de la psyché donc de l’âme… C’est oublier l’enseignements des Pères anciens, qui définissent l’homme comme : corps, âme et esprit… Et c’est ainsi que l’on comprend ce qu’en dit Aristote, quand il parle de l’immortalité de l’âme… Et je ne sais pas,- « La croyance favorise encore les effets de l’esprit sur le corps. » J.D.V. - ce que cela peut signifier… Il paraît scientifique de penser que le corps est en lien interactif avec la psyché … ! Cela n’a rien de « spirituel » … !


Par contre, - à mon avis - l’art, le sentiment amoureux … permettent plus facilement de faire le lien entre psyché et esprit…


La réflexion qui me vient à la suite de ce dossier ; c’est la difficulté de pouvoir définir un profil « catholique »… La-priere-pour-la-France.jpgQue signifie aujourd’hui, hors attachement culturel et familial, «  être catholique » ? Aussi, je comprends mal, cette prière du 15 août 2012 : «  Pour la France » ; France, dont la particularité est sans doute politique, puisque je me sens comme catholique plus « humain » que « français » … Je n’ai rien contre les sujets évoqués … Par contre, si le message explicite, semble être celui que tout le monde croit avoir compris : selon le propos de Monseigneur Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France: "Ce n'est un scoop pour personne que de dire que l'Eglise s'oppose au mariage homosexuel" (France Inter). Alors, il me semble que ces évêques chargent un peu la barque … Au nom de qui, et pourquoi parlent-ils ainsi … ? Comment l’Épiscopat français prend-il en compte la diversité de cette église?

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Religion et dialogue ...?

Publié le par Perceval

« Comment Vatican II développe-t-il la cohérence théologique de cette ré-interprétation positive des confessions, religions et convictions autres ? À partir d'un modèle de type concentrique. Geocentricite-terre-centre-univers-carte-09.jpgAu centre, se trouve l'Église catholique romaine: celle-ci est l'unique dépositaire de la totalité de la vérité révélée (et donc finalement de la vérité humaine) et de la totalité des moyens de salut. Autour d'elle, il y a des cercles de plus en plus larges, et de plus en plus éloignés de ce foyer de vérité : d'abord l'Église orthodoxe et les Églises de la communion anglicane, avec lesquelles il y a presque unité dogmatique; un peu plus à l'extérieur, il y a les Églises de la Réforme ; puis les grandes religions monothéistes, et ensuite les religions animistes ; et enfin les humanismes agnostiques ou athées. L'éloignement du centre signifie un progressif dégradé de la vérité : plus on s'en écarte, moins on en possède des parcelles (...)

Vatican II a profondément changé le regard que les catholiques jettent sur les autres, en dehors de groupes minoritaires intégristes. Il paraît de plus en plus évident, cependant, que le modèle concentrique est lui-même insatisfaisant. Les prétentions de l'Église catholique romaine à posséder la totalité de la vérité paraissent exorbitantes, d'autant plus qu'il est devenu évident qu'elle s'est si souvent trompée dans l'histoire. De plus, on reconnaît bien aujourd'hui que dans la dramatique rupture de la Réforme, Luther avait raison sur un certain nombre de points. En outre, on fait l'expérience de s'enrichir à la rencontre des autres traditions chrétiennes, celles de l'Orient, entre autres, qu'on connaissait si peu. Et aussi dans la rencontre des grandes religions, et chez nous dans la rencontre des convictions séculières humanistes, agnostiques ou athées. Il y a certainement une part de vérité dans certaines critiques athées contre l'Église, et en positif l'expérience morale et spirituelle de l'existence séculière nous apporte aussi son propre éclairage. « La prétention de l'Église catholique à être le foyer de toute vérité semble de plus en plus insupportable. La-cle-de-la-verite.jpgCertains affirment que la majorité des catholiques n'y croirait plus — on ne sait s'il s'agit de catholiques pratiquants ou de ceux qu'on catalogue ainsi parce qu'ils ont été baptisés un jour et ne se sont ensuite jamais soucié de cette religion. Mais alors, est-ce le relativisme total ? Tout se vaut-il ? C'est en tout cas la plus grande crainte des autorités ecclésiales aujourd'hui. Est-il possible de proposer un autre modèle de compréhension, qui soit radicalement fidèle à la tradition de foi ? »


Ignace Berten (o.p.) dans ce passage d'une conférence donnée au CIL (Conseil Interdiocésain des Laïcs de Wallonie-Bruxelles)

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