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crozant

Le Limousin au XVIIIe s – Histoire et Légendes -2 George Sand

Publié le par Perceval

George Sand, se promenait en Creuse, on peut aujourd'hui visiter sa chambre au château de Boussac... Un site, comme '' les Pierres Jaumâtres '' l'a inspiré, pour son roman Jeanne .

Ma visite de Crozant, escorté par Mme G. Sand

George Sand ( 1804-1876) organise pour ses enfants et Chopin, des expéditions, comme celle ( vers 1830) où ils partent à dos d'âne, voir les ruines de Crozant , dormir sur la paille à la belle étoile, et se tremper dans la rivière. Le défrichement des coteaux sur ces espaces pentus non cultivés est assuré par le pâturage des moutons. A la place des taillis et futaies d'aujourd'hui, s’étendent des landes et des bruyères, dont les teintes de rose se retrouvent dans les peintures de l’époque. La construction du barrage d’Eguzon, en aval, a modifié le paysage en provoquant la montée des eaux de la Creuse et de la Sédelle. Il faut s’imaginer leur niveau beaucoup plus bas. Elles ressemblent alors à des torrents...

George Sand publie en 1845 : ''Le péché de M. Antoine'', roman ''socialiste'' qui paraît en feuilleton dans '' L’Époque'' … Le cadre romantique de la Forteresse de Crozant, va correspondre la souffrance d’Émile qui s'y réfugie, tiraillé dans son histoire d'amour avec Gilberte

« Il leva les yeux, et vit devant lui, au-delà de précipices et de ravins profonds, les ruines de Crozant s’élever en flèche aiguë sur des cimes étrangement déchiquetées, et parsemées sur un espace qu’on peut à peine embrasser d’un seul coup d’œil.
Émile était déjà venu visiter cette curieuse forteresse, mais par un chemin plus direct, et sa préoccupation l’ayant empêché cette fois de s’orienter, il resta un instant avant de se reconnaître. Rien ne convenait mieux à l’état de son âme que ce site sauvage et ces ruines désolées. Il laissa son cheval dans une chaumière et descendit à pied le sentier étroit qui, par des gradins de rochers, conduit au lit du torrent. Puis il en remonta un semblable, et s’enfonça dans les décombres où il resta plusieurs heures en proie à une douleur que l’aspect d’un lieu si horrible, et si sublime en même temps, portait par instant jusqu’au délire.
 »

Et, plus tard, quand il la rencontre à nouveau, et qu'elle l'aime toujours … «   jamais il n'avait vu un plus beau jour que cette pâle journée de septembre, un site plus riant et plus enchanté que cette sombre forteresse de Crozant ! Et justement Gilberte avait ce jour-là sa robe lilas, qu'il ne lui avait pas vue depuis longtemps, et qui lui rappelait le jour et l'heure où il était devenu éperdument amoureux ! »

 

Alfred Smith, CrozantAlfred Smith, Crozant

Alfred Smith, Crozant

 

la Roche des Fileuses

Roche des Fileuses – légende -

En face apparaît, surplombant la Creuse, la roche gigantesque connue sous le nom suggestif de Roche des Fileuses, dont voici la légende :

« Lorsqu'aux jours ensoleillés du printemps, les bergerettes paissaient leurs moutons sur la montagne verdoyante, une sorte de joyeux tournoi s'établissait entre elles, ajoutant cet innocent plaisir aux charmes de leurs jeux champêtres.

Au signal donné, on voyait les intrépides jeunes filles, la quenouille au côté, le fuseau dans la main, debout toutes ensemble, sur le faite de la roche, qui s'élève à pic sur le torrent, à l'heure où le soleil descend lentement à l'horizon, et où la rivière miroitait, comme une immense lame d'argent diaprée d'efflorescences d'or pâle et d'azur.

Fileuse

Quelle sera la main assez habile pour laisser glisser jusqu'en bas son fuseau et le ramener à elle, enlacé de ses mille fils de lin ?...

Assis au haut de la vieille tour, le seigneur, entouré de sa noble épouse et des servants d'armes, les yeux fixés attentivement sur le groupe sémillant des fileuses, attendait avec émotion l'issue de cet intéressant tournoi.

La bergerette qui avait été assez heureuse pour triompher de cette périlleuse épreuve était acclamée par ses compagnes, qui la conduisaient bruyamment à la demeure seigneuriale où le vieux châtelain, après avoir effleuré son front virginal d'un baiser paternel, lui plaçait sur la tête une couronne de fleurs et lui offrait la main de l'un de ses plus jeunes varlets...

La reine de ce jour était la jeune bergère dotée comme une rosière de nos jours.

A ce moment le barde chantait sur la harpe sonore, le triomphe de la douce héroïne du Fuseau.
"Au loin des cris guerriers ont rompu le silence 
Allons ! Preux chevaliers armez-vous de la lance !
Est-ce l’ennemi qui s’avance ? 
Non, c'est la fleur d’amour,
Preux chevaliers, abaissez votre lance ! 
Saluez ! Saluez la reine de ce jour !
Chantez, chantez, l'hymne d'amour !"

Extrait de '' Histoire illustrée du château de Crozant '' Abbé L. Rouzier 1897.

Eugene Alluaud

Au XVIIIe s. Les coteaux qui entourent le bourg de Crozant, peuvent présenter une certaine désolation, tantôt arides et dénudés, tantôt couverts de vigoureux châtaigniers... Le village, face à la forteresse, domine la vallée sauvage... On trouve ici des juges, un notaire royal, un monastère de l'ordre de Saint-benoît, un clergé séculier et régulier...

 

Hugues-Thibault de Lusignan, et Jean-Léonard de La Bermondie, seront attendus par Sylvain Attale de La Marche comte de Crozant et de Puyguillon, et officier au régiment de Rouergue...

Les ruines de Crozant, viennent de lui être vendues - comme un banal domaine de paysans – par Nicolas Doublet de Persan. Ainsi, Sylvain de la Marche, dernier héritier des Comtes de la Marche ; peut récupérer les plus beaux fiefs de sa famille afin d'en reconstituer la patrimoine...

A suivre...

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Le Limousin au XVIIIe s – Histoire et Légendes -1 Crozant

Publié le par Perceval

En cette veille de la Révolution, J. L. de La Bermondie, revient vers le Limousin ; et il est accompagné de son ami Hugues-Thibault de Lusignan ; tous deux (camarades de l'école des pages), se sont rejoints dans leur intérêt à la culture traditionnelle qui les amènent à retrouver les témoignages de leur lignée... Jean-Léonard de la Bermondie est sur les traces de Roger de Laron ( alchimiste et templier, je le rappelle …) ; et le marquis de Lusignan retrouve en Haute-marche, les anciennes terres des seigneurs de Lusignan...

 

Hugues IX de Lusignan, s'empare du comté de la Marche, alors que - après la mort de Richard cœur de Lion (1199) - l'Empire Plantagenêt commence à se disloquer. 

Au début du XIIIème siècle le comté de la Marche appartient donc à la famille des Lusignan. Cette famille est au coeur des conflits entre les rois de France et les Plantagenêts duc d'Aquitaine et rois d'Angleterre. L'épisode s'achève avec la victoire de Saint Louis à Taillebourg en 1242, Hugues X de Lusignan est lourdement sanctionné. Crozant est alors considérée comme la principale forteresse des possessions de Hugues X et d’Isabelle. Ils se reconnaissent vassaux d'Alphonse de Poitiers, comte de Poitou et de Toulouse, lui doivent redevance pour plusieurs châteaux dont celui de Crozant pour une durée de huit ans. Les Lusignans doivent aussi verser 200 livres par an pour l'entretien d'une garnison dans ce lieu.

En 1309, Yolande de Lusignan, héritière de cette branche des Lusignan et veuve d'Étienne II de Sancerre, vend le comté de la Marche au roi de France Philippe IV le Bel.

Hugues-Thibault-Henri-Jacques de Lezay de Lusignan ( 1749-1814) va devenir député de la noblesse aux États généraux de 1789 pour la ville de Paris. Il approuve les réformes et siège avec les partisans de la monarchie constitutionnelle. Il est promu maréchal de camp en mai 1790. Parti un temps en Angleterre, puis à Abbeville, il obtient sa radiation de la liste des émigrés en 1800.

 

Hugues-Thibault et J. L. De la Brémontie sont tous deux maçons, et ont , un temps, partagé la recherche d'une continuité avec l'Ordre du Temple, soutenus par Willermoz... ( voir articles précédents ..)

Le voyage de Paris vers Limoges, passe par Argenton, Bessines et Razès. La route évite La Souterraine … Cependant, cette fois J. L. De la Brémontie quitte la route aménagée pour s'aventurer jusqu'à Crozant, et rendre hommage aux Lusignan ...

Jusqu'à Orléans la route est pavée ; on peut profiter d'une voiture légère et à chaque relais de poste changer prestement les chevaux... Ensuite c'est selon... Au mieux, elles est décrite comme une route « superbe, tirée au cordeau et bordée de magnifiques ormeaux » conformément à la règle adoptée par les ingénieurs des Ponts et Chaussées, sur les instructions du limousin Trudaine...

Ensuite, pour remonter la rivière de la Creuse, il est préférable d'avoir son cheval, pour affronter le relief, les zones tourbeuses et les ruisseaux.

Le limousin atteint, il convient au contraire de se mettre à ruser avec les collines, les zones tourbeuses et les ruisseaux. Jusqu'à Crozant, qui nous ouvre le Limousin...

De la lande, encore et toujours; définissent ces steppes limousines, dans lesquelles se fondent les villages aux toits de chaume moussu.

Il y a plus deux siècles, en cette chaude période; sous un amas de brume, le soleil se rallume et lève avec lenteur le voile posé sur les collines de bruyères dégringolant jusqu’à la rivière. Au fond, dans le ravin, les flots rapides des eaux vertnoir de la Creuse et la Sédelle ont laissé la place à une retenue mais, dans cette boucle, assis sur un énorme promontoire, le château fort de Crozant étale ses débris, vestiges d’un passé glorieux... Ce n'est pas le passé qui attire les peintres, mais la lumière qui joue sur ces flancs de colline ...

Aujourd'hui, malheureusement, la forêt a repris le dessus, du fait sans doute de l'absence des moutons...


 

Crozant, doit son nom à la Creuse ( gaulois croso : creux ), son château remonte au XIIe siècle avant qu’une forteresse ne soit construite au XIIIe siècle. Il fut la propriété d’Hugues X de Lusignan, alors comte de la Marche. On estime que c'est son épouse Isabelle d’Angoulême qui fit procéder aux constructions les plus importantes.

Longue de 380 m, protégée par dix tours et environ 1 km de remparts, la forteresse, entourée par la Creuse et la Sédelle, est nichée en haut d’une pointe rocheuse et protégée de surplus par un fossé (l’accès se faisait grâce à un pont-levis). Aux XIVe et XVIe siècles, elle commence à se détériorer et au XVIIe elle est déjà en ruine.

L’une de ses tours s’appelle Tour de Mélusine (il en existe ailleurs comme par exemple à Fougères en Bretagne, ville administrée par les Lusignan).

Mélusine, personnage légendaire féminin, est un être fantastique, moitié humain, moitié animal. Cette figure est immortalisée en 1393, par l’ouvrage de Jean d’Arras, ''le Roman de Mélusine'' . On y lit qu’elle aurait fondé les villes de Lusignan, de La Rochelle et, de ce fait, elle est étroitement associée à l’histoire de la famille des Lusignan.

A Crozant, Mélusine se révèle être Isabelle d'Angoulême, nouvelle épouse d’Hugues X après le décès de son premier mari, Jean sans terre, le roi d'Angleterre († 1216) ...

Isabelle d'Angoulême (1188-1246), est comtesse d'Angoulême de son plein droit. A 12 ans, elle est promise au futur Hugues X, comte de Lusignan, mais le Roi d'Angleterre l'enlève et l'épouse ! En 1200, elle devient reine d'Angleterre. À la mort de Jean sans Terre en octobre 1216, son fils aîné devient roi d'Angleterre sous le nom d'Henri III.

Sceau d'Isabelle d'Angoulème

En avril ou mai 1220, elle épouse Hugues X de Lusignan, comte de la Marche, son ancien fiancé...

La comtesse-reine, comme elle se faisait appeler, a laissé dans I'Angoumois, la Marche et le Poitou une détestable réputation que la légende a exploitée...

Lorsqu'elle habitait l'Angleterre, Isabelle fit la connaissance d'un habile magicien et alchimiste qui lui enseigna son ''affreuse'' science.

Ainsi, elle se livrait à un démon qui, en signe d'esclavage, la changeait en bête, trois jours par mois, au moment de la nouvelle lune.

 

Revenue auprès de son ''premier mari'', Isabelle se fixe avec lui à Crozant où elle fait bâtir une grosse tour, dans laquelle elle place son laboratoire, car elle s'occupe d'alchimie..

Nul ne peut entrer dans cette tour sans la permission de la Comtesse et, telle est son influence sur son mari, que pendant des années, il ne cherche pas à se rendre maître de son secret.

Cependant les bruits les plus fâcheux circulent parmi les paysans : ils disent voir parfois voler une sorte de monstre jetant des maléfices, ses cris effrayant les enfants et le malheureux surpris par la bête est immanquablement déchiré...

Hugues...se résout à pénétrer le mystère dont s'entoure Isabelle... Il repère le moment où Isabelle semble devoir disparaître dans sa tour, et sous un prétexte quelconque prolonge la veillée plus tard que d'habitude. La malheureuse sentant le moment de sa métamorphose approcher, quitte brusquement son mari et s'enfuit dans la tour... Hugues la suit de près...

S'avançant prudemment Hugues pénètre jusque dans un souterrain et, au bout d'un certain nombre de pas, se trouve dans une sorte de salle où il aperçoit une forme monstrueuse endormie dans un coin...

Muet d'horreur, Hugues revient sur ses pas, ferme la porte de fer et la verrouille, puis il remonte l'escalier et sort de cette tour maudite. Après quoi, sans hésiter, il fait maçonner cette partie de la tour...

Depuis lors, on entend ''la sorcière'' pleurer et gémir sans cesse et les jours d'orage le passant attardé aperçoit la forme d'une immense chauve-souris qui vole autour des ruines de Crozant et dans les gorges qui entourent le château.

Cette histoire est rapportée par Jeanne de Sazilly, dans ''Légendes limousines''.

 

Aujourd'hui encore, il ne reste de la ''Grosse tour'' que le cachot circulaire ( sans porte !).

A suivre ...

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