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1941 – L'Ecosse – Hamilton - Hess
Walter Johannes Stein, et Lancelot sont attendus et reçus par le 14e duc de Hamilton en sa demeure, Dungavel House, en périphérie de Strathaven. Séjour quasi-officiel : Stein, conseiller de Churchill devait être accompagné d'un émissaire français du régime de Vichy, Lancelot de Sallembier : - L'affaire Hess, étant au coeur de de cette visite.
Douglas-Hamilton, après des études à Eton et Oxford, a rejoint la Royal Air Force et, en 1927, il est devenu commandant du 602e escadron (ville de Glasgow). En 1933, il est le pilote du premier vol au-dessus du mont Everest.
Voici ce que Lancelot a retenu de la longue explication du duc de Hamilton, sur son rôle dans cette affaire:
En liaison avec les Services de renseignements britanniques, Hamilton devait rencontrer Albrecht Haushofer à Lisbonne pour évoquer un '' accord germano-anglais'' . Cette opération permettait de gagner du temps sur d'Hitler , et de rapporter un maximum d’informations de Haushofer sur la façon dont l’Allemagne résiste à la guerre ; et ses projets vis à vis de l'Union soviétique.
Cette manœuvre d'intoxication a été pilotée par Alan Hillgarth, affecté à l'ambassade britannique à Madrid.
Churchill espérait que l'Allemagne attaque la Russie soviétique et craignait une intensité forte du conflit en Méditerranée. Il espérait bien faire croire à Hitler, que les anglais prêts à se lasser de la guerre, n'étaient pas dangereux... Il faut donc inciter Hitler à tout mettre en œuvre pour l'inciter à faire la paix à l'ouest et s'en prendre à Staline.
On choisit naturellement, Sir Samuel Hoare ( ambassadeur en Espagne ) pour répondre positivement aux ouvertures de paix que l'Allemagne tente. En Allemagne, il semble alors qu'une équipe se met en place pour exploiter cette possibilité avec Hess, Haushofer, sans-doute Ernst Bohle qui coordonne les partis fascistes de l'étranger. Le duc de Hamilton est mis à contribution, pour sa passion de l’aviation ( point commun avec Hess) dont le domaine en Ecosse possède un aérodrome et qui dirige la défense antiaérienne de la région.
Il avait été envisagé effectivement que le chef de l'Auslandsorganisation , le gauleiter Ernst Bohle, puisse éventuellement arriver en avion jusqu'ici, puisque Dungavel House, a sa propre piste d’atterrissage et sert de terrain d’atterrissage d’urgence de la RAF.
Le 10 mai 1941, ce fut donc une réelle surprise d’apprendre qu'à 22h34, un Messerschmitt s’était écrasé près d’Eaglesham et le pilote a été capturé. Il donnait comme nom : Alfred Horn, un ami du duc de Hamilton. Il fut transféré au QG de la Home Guard.
Hamilton se déplace, pour rencontrer l'homme et reconnaît Rudolf Hess.
Le lendemain, alors que Hess est amené par l’armée à leur QG de Craigiehall House près d’Édimbourg. Hamilton se rend à Londres pour rencontrer Churchill.
On a récupéré la sacoche de Hess, avec différents documents, dont les ''propositions de paix''
Sont évoqués l’évacuation allemande de la France, des Pays-Bas, de la Belgique, du Danemark et de la Norvège. Le retour à l'Allemagne de l’Alsace et la Lorraine. Le Royaume-Uni s’abstiendra de s’impliquer en Europe à l’avenir. Un pacte de non-agression entre le Royaume-Uni et l’Allemagne.
La sacoche contient également un manuscrit, l'ancien texte irlandais connu sous le nom de Lebor Feasa Rúnda (Livre de la connaissance secrète) : sorte de doctrine druidique et un témoignage des croyances et des pratiques spirituelles des Celtes. Hess pensait-il échanger cette relique celte contre une Pierre qui aurait complété les Regalia du Reich allemand ?
L'intention de R. Hess était d'atterrir, négocier, et retourner en Allemagne, avec son avion.
Seulement, Hess n’a pas été en mesure de localiser la piste d’atterrissage privée de Dungavel dans l’obscurité de la nuit. Il aurait ensuite, manqué de carburant et se serait éjecté de l'appareil. Parachuté de son avion, Hess s’est blessé à la cheville lors de l’impact et a été rapidement appréhendé.
Très vite, il est apparu que les allemands, préféraient présenter Rudolf Hess, comme un insensé, voire un dément...
Au-delà de la négociation, on peut se demander si Hess ne s'imaginait pas, prendre la tête d'une conspiration contre Churchill ? L'effort de la Grande-Bretagne a été d'utiliser cette manœuvre allemande pour prendre les nazis à leur propre piège.
Hamilton confirme que le seul objectif de Churchill est d'écraser le nazisme.
Le 22 juin 1941, Hitler a attaqué l’Union soviétique ; et la diplomatie britannique a proposé un traité anglo-soviétique d'assistance mutuelle, signé le 12 juillet.
1941 – L'Angleterre – Rudolf Hess
Lancelot épluche la presse , mais du fait du contexte de guerre, les journaliste refusent de lui parler davantage. Stein lui obtient un entretien avec Ronnie Reed avec qui il échange diverses informations sur Vichy, contre une collecte d'articles de politique intérieure britannique et le lien vers quelques journalistes. Il voit aussi du MI6, ou l'I.S. avec qui il valide une voie de passage de renseignements entre le BMA et l'I.S.
Lancelot rencontre Alastair Denniston, qui est responsable de la ''collecte'' d'information, et de la cryptographie. Il regrette que Gustave Bertrand et son équipe n'aient pas voulu le rejoindre à Londres ; il craint que la liaison ne soit pas sécurisée. Lancelot tente de le rassurer sur la partie clandestine du travail, et le soutien de quelques hauts fonctionnaires de Vichy. Il peut être très utile de travailler sur les codes allemands, à partir de France; malheureusement, les français se plaignent de la non-coopération des britanniques. Denniston, exprime l'extrême difficulté à pénétrer Enigma.
Concernant l'ex-roi Edward VIII, Lancelot comprend que l'I.S. a considéré que pendant l’invasion de la France, le duc et la duchesse ont continué à transmettre des informations aux autorités du gouvernement allemand. Wallis a noué des relations avec de nombreux hauts dignitaires nazis notamment avec Joachim von Ribbentrop ambassadeur d'Allemagne à Londres.
En juin 1940, le couple s'est rendu en Espagne. Finalement, le gouvernement britannique a forcé les Windsor à s’installer aux Bahamas, où le duc a été nommé gouverneur général. Des précautions particulières ont été prises par les Britanniques pour surveiller leurs communications avec l'Allemagne.
Pour en revenir à l'atterrissage de Rudolf Hess, en Ecosse, Hamilton fut informé immédiatement de l’existence du prisonnier ( qui s'est présenté sous le nom de Alfred Horn) et lui rendit visite. Hamilton contacta immédiatement Winston Churchill et l’informa de l’arrivée du Führer adjoint.
Comment le 10 mai1941, l'adjoint du Führer put-il arriver jusqu'en Écosse, avec l'intention d'y atterrir ?
Même si je n'ai pas vu les rapports de Lancelot envoyé à Vichy ; je peux d'après ses notes donner la réponse suivante :
Les contact de Hess avec les britanniques se sont construits par l'intermédiaire de Albrecht Haushofer et de Sir Samuel Hoare ( ambassadeur en Espagne) ; à ce propos il est signalé un voyage à Berne avec le duc d'Hamilton. Contacts tout à fait plausibles, sachant que Sir Hoare, dans les années trente, fut un membre actif du ''Cliveden Set'' dont les membres ( sous la direction de Lady Astor – Cliveden est le château de la famille Astor. ) s'accordaient pour une entente avec Hitler.
Churchill donna son accord à la SO1, pour accompagner les opérations dans une manœuvre d'intoxication et duper les allemands : l'opération ''Mrs HHHH'' ( Hoare, Halifax, Haushofer, Hess). Le seul objectif de Churchill est de vaincre le nazisme .
Pour desserrer l'étau du Blitz, et alors que l'on craint une intensité forte du conflit en Méditerranée, Churchill espérait bien faire croire à Hitler, que les anglais prêts à se lasser de lui, n'étaient pas dangereux...et qu'ils verraient même d'un bon œil la défaite du bolchevisme...
Cette manœuvre d'intoxication est pilotée par Alan Hillgarth (1889-1978), un des hommes de confiance de Churchill; mondain, romancier et officier des ''intelligence services'' et affecté à l'ambassade britannique à Madrid, chargé de garder Gibraltar et l'Espagne hors de la guerre.
Pour sourire, Lancelot rapporte ces quelques histoires qui illustrent la description du caractère de Churchill...
Lady Astor: « Winston, si j'étais votre épouse, je mettrais du poison dans votre verre. » Lequel lui a répondu : « Eh bien moi, Nancy, si j'étais votre époux, je le boirais ! ». Effectivement, Churchill aimait bien boire ; au point qu'en préparation d'une soirée costumée, Winston s'informait sous quelle aspect il fallait venir : « A jeun !» lui aurait-on répondu. Est-ce à la même personne, alors qu'elle lui faisait remarquer : « Vous êtres saoul! », qu'il aurait répondu : « et vous, vous êtes moche ! Mais, demain, moi, je ne serai plus saoul. » ?
Le 22 juin 1941, Hitler a attaqué l’Union soviétique ; et la diplomatie britannique a proposé un traité anglo-soviétique d'assistance mutuelle, signé le 12 juillet.
Edith Wharton en Italie -2-
A l'hôtel Bellevue de Cadenabbia un extraordinaire et heureux hasard va faire rencontrer – pour un jour - nos deux couples voyageurs avec des ''connaissances'' et composer un joyeux, cultivé et improvisé colloque sur le thème de l'écriture d'un roman. Et j'ose émettre une hypothèse littéraire: et si c'était ce jour là que serait né l'idée du roman ''Madame Solario'' promis à un beau succès... ? Je vais m'en expliquer …
Ces ''connaissances'' vont s'assembler grâce à Clémentine Churchill-Hozier, qui admire Edith Wharton, et surprise de la trouver là s'empresse de lui présenter son mari, le jeune député et récent président du Board of Trade, Winston Churchill, avec qui, elle vient de se marier... Les présentations incluent une jeune américaine, Gladys Parrish, amie de Clémentine et qui possède une maison sur le lac de Côme, et qui va se joindre au groupe...
Cette rencontre sera très productive, si j'en crois les notes d'Anne-Laure, qui laissent entrevoir l'idée d'un roman dont l'intrigue serait située dans cet hôtel même...
Ce jour là, Anne-Laure de Sallembier avec Jean-Baptiste de Vassy, Edith Wharton avec M.F., Winston et Clémentine Churchill, et Gladys Parrish – la plus jeune et célibataire – ensemble, vont donc beaucoup parler littérature.
De tous les sept, l'écrivain reconnu est Edith Wharton; en 1905, elle a publié ''The House of Mirth'' qui fut un grand succés...
De tous, l'un ( et ce n'est pas E. Wharton...) recevra le prix nobel de littérature... Il s'agit de W. Churchill (1874-1965), il est un jeune homme passionné par l'aventure, l'action... Alors qu'il termine ses études à l’académie royale militaire de Sandhurst, son désir le porte vers d’autres continents... N'ayant point de rente, il participe aux campagnes miltaires comme correspondant de guerre notamment pour le Daily Telegraph. Il commente, et ose même critiquer les stratégies militaires de ses supérieurs. Il relate ses propres exploits en Inde, au Soudan, en Afrique du Sud. Par exemple, il sauve son régiment lors d’une mission de reconnaissance à la frontière nord-ouest de l’Inde, et il parvient à s’échapper des geôles des troupes ennemies au Soudan.
Mais, pourrait-il écrire un roman ...? Il avoue lui-même avoir peu d'imagination; mais il répète à l'envie: « J’aime que les choses arrivent et, si elles n’arrivent pas, j’aime les faire arriver »
Le jeune homme a soif d'action, et ne cache pas son ambition... Après avoir compté ses exploits, sa carrière littéraire est lancée, et il compte en faire une voie royale vers la politique... Il vient d'écrire la biographie de son père, député et ministre, mort 13 ans plus tôt.
Churchill ( 12 ans plus jeune) est ravi de rencontrer Edith Wharton, qu'il ne connaissait pas; mais son épouse Clémentine, lui assure qu'étant lui-même l'enfant d'une américaine ravissante, fortunée et fantasque: Jenny Jerome, il ne peut qu'être intéressé par ses écrits, sa mère pouvant être l'héroïne de l'un des romans de Wharton ... Valentine ajoute que le surnom de l'ecrivaine – selon Henry James - serait « l'ange de la dévastation », car elle a le don de parler calemement de choses bouleversantes... Winston - qui ne connaît pas non plus H. James - trouve tout ceci fort intéressant...
Il est à remarquer que tous ces gens se retrouvent en Italie; et qu'ici, ils savourent une réelle liberté; il serait inconcevable de retrouver la même assemblée et la même désinvolture en Angleterre ( ou pire, aux Etats-Unis...).
Déjà à Paris, Edith Wharton elle-même a pu s'aventurer dans l'adultère... Il est vrai que son mari, malade, va rentrer en Amérique. Ensuite, la littérature procure à l'écrivaine, un intérêt particulier de l'élite culturelle à son égard: « À Paris, personne ne peut vivre sans littérature, et le fait que je fusse un écrivain professionnel, au lieu d’effrayer mes amis élégants, les intéressait beaucoup. (...) La culture est, en France, une qualité éminemment sociale, tandis qu’on pourrait aussi bien dire qu’elle est antisociale dans les pays anglo-saxons. En France, où la politique divise brutalement les classes et les coteries, les intérêts artistiques et littéraires les unissent ; et, partout où deux ou trois Français cultivés se rencontrent, un salon se constitue aussitôt » ( E. Wharton - Les Chemins parcourus)
De cette mémorable journée et soirée, à l'hôtel Bellevue de Cadenabbia... Je note que, Edith Wharton, admire Balzac, pour ce qu'il est le premier « à considérer ses personnages, physiquement et moralement, dans leurs habitudes de vie, avec toutes leurs manies et leurs infirmités, et à les montrer ainsi aux yeux du lecteur, mais aussi à concevoir l'intrigue de ses romans autant en fonction du lien des personnages avec leur lieu d'habitation, leur milieu social et leurs opinions personnelles, qu'en fonction de l'action qui résulte de leur rencontre. »
La pruderie des romanciers anglais, les contraint à l'hypocrisie quand il s'agit de l'amour et des femmes... « Scott remplaça le sentiment par le sentimentalisme, et réduisit ses héroïnes au rôle d'ornements insipides.. » alors que dans la volonté réaliste de Balzac, ses personnages féminins, les jeunes comme les vieilles, sont des personnes vivantes, autant pétries de contradictions et déchirées de passions humaines, que le sont ses personnages d'avares, de financiers, de prêtres, de médecins. »
« La nouveauté, en Balzac comme en Stendhal, est d'avoir avant tout considéré leurs personnages comme des produits de leurs conditions matérielles et de leur milieu... »
Clémentine Churchill interroge Edith sur les nouvelles tendances littéraires, celles qui mettent l'accent sur les '' flux de conscience'' ( ''The Stream of Consciousness " est, à l'origine, un concept philosophique que William James ( le frère d'Henry) formula en 1892.).
Cette méthode « note les réactions mentales comme les réactions visuelles, (…) elle les livre comme elles viennent, sans considération pour le rapport qu'elles peuvent ou non avoir avec le sujet, ou plutôt avec l'idée que leur masse hétéroclite constitue en soi un sujet.
Cette volonté de noter chaque sensation, chaque mouvement d'une pensée à demi consciente, chaque réaction automatique aux impressions passagères, n'est pas aussi neuve que semblent le prétendre ses défenseurs. La plupart des grands romanciers l'ont manifestée, non pas comme une fin en soi, mais en ce qu'elle pouvait servir un dessein général... »
Edith Wharton préfère insister sur le besoin d'une nouvelle vison... Observer son objet suffisamment longtemps pour le faire sien; l'alimenter de ses recherches, de son savoir et de son expérience... D'ailleurs ne pas s'en tenir là, connaître un grand nombre d'autres choses... Expérimenter, voyager...
Aller en Italie..! et, Winston Churchill rappelle la formule de Mr Kipling: « Que peut-on savoir de l'Angleterre si l'on ne connaît que l'Angleterre ? »
Mais, qu'en est-il de l'inspiration...? Personne, dans cette assemblée ne semble y croire, sinon en la comparant à une enfant titubant et bredouillant... L'imagination doit tirer parti de l'expérience spirutuelle et morale... Pour qui écrit-on? L'un privilégie son public, et l'autre « pour un autre moi avec qui l'artiste créatif est toujours en mystérieuse correspondance »...
Un point inquiète Gladys Parrish: au moment d'écrire le romancier ne se demande t-il pas: quel personnage va voir cette chose que je veux raconter... ? Par qui vais-je la décrire ? Deux personnes décriront forcément la même chose de façon différente...
Effectivement, rapporte E. Wharton: « le romancier qui a choisi le point de vue d'un personnage doit alors s'efforcer de ne communiquer rien de plus, rien de moins, et surtout rien d'autre, que la façon dont sent, pense et réagit ce personnage.»
A suivre...
Sources: ''Les règles de la fiction'' d'Edith Wharton