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chevalier

Du Chevalier courtois au galant homme.

Publié le par Perceval

Louis-Rolland Trinquesse, 1745-1800,  L'élégance 1776

Louis-Rolland Trinquesse, 1745-1800, L'élégance 1776

L'amour courtois des chevaliers, serait-il comparable à la galanterie de ce XVIIIe siècle : Jean Chapelain, dans son dialogue ''De la lecture des vieux romans'', tient à marquer la différence : « Je ne le dirai pourtant pas, parce que je veux que la galanterie soit galante, et j’avoue que celle de Lancelot ne l’est pas. » En quelques lignes Chapelain définit la galanterie comme un « art de plaire » et en bannit les chevaliers, véritables amoureux, mais dépourvus d’esprit et incapables « de se mettre bien auprès de [leurs] maîtresse[s] par des paroles étudiées ».

Les chevaliers sont des amoureux qui ne savent pas parler d’amour, et c’est le discours qui fait le galant. La confrontation du modèle galant et du comportement des anciens chevaliers permet ainsi à Chapelain de construire l’idéal d’une conception de l’amour parfait qui unifierait les actes et le langage, l’éthique et l’esthétique.

Il faut plaire : le plaisir est en relation étroite avec l'amour, en une éthique galante.

Le thème de la Galanterie – centrée sur la période de la favorite Mme de Pompadour (1745-1765), - donc la période que connut J.-L. De la Bermondie - est repris en art de la '' Fête Galante'' et popularisé par Antoine Watteau (1687-1721) ; et par Jean Honoré Fragonard (1732-1806) qui illustra les jeux de la séduction et de l'intrigue amoureuse. Ce thème clamait la joie de vivre, les délices de l'amour, l'alchimie des sentiments et le besoin de paraître.

Cecilia Bartoli joue Alcine

Du 7 au 13 mai 1664, Louis XIV organisait une fête sur le thème de la magicienne Alcine tenant prisonniers en son palais Roger et ses preux chevaliers. La fête officiellement organisée en l’honneur d’Anne d’Autriche, sa mère, et de son épouse la reine Marie-Thérèse, était dédiée en réalité à Mademoiselle de La Vallière, sa maîtresse.

Meghan Lindsay in the title role of Handel's opera Alcina

Un peu comme Morgane qui retient dans sa prison du Val sans Retour, de preux chevaliers ''infidèles'' tout en leur offrant maints plaisirs... La magicienne Alcine retient Roger et ses chevaliers prisonniers dans son île pour en faire ses amants et leur propose de nombreux divertissements. À la fin des fêtes, les chevaliers se révoltent et détruisent le palais d’Alcine.

Si les plaisirs d’Alcine sont condamnés au nom de la vertu. C'est qu’Alcine est dominée par l’amour-propre et l’égoïsme. Alors que le plaisir royal est inséré dans un échange fondé sur la réciprocité et la générosité : celle précisément de ces fêtes...

Alcina, avec Anja Harteros

La figure du chevalier galant telle qu’elle se présente dans '' Les Plaisirs de l’île enchantée '' avec ce personnage de Guidon le Sauvage représenté par Saint-Aignan lie ensemble plusieurs composantes : la prouesse guerrière, la prouesse sexuelle ou le service galant des dames. Et c'est précisément en rupture avec l'idéologie médiévale ( et barbare …!).

 

La Fête 'Les Plaisirs de l'Ile Enchantée' donnée par Louis XIV à Versailles

 

Pourtant, comme l'amour courtois et chevaleresque développé par les troubadours, la galanterie constitue peu à peu un code non écrit qui commande les rapports entre les deux sexes.

Mais, l'idéal du galant homme est d'être à la fois homme d'honneur et compagnon agréable. les dévots le combattent tandis que certains galants le dévoient en libertinage irrespectueux.

Le libertin, lui est tenté d'aller plus loin, vers l'utopie d'une liberté absolue. Ce libertinage imaginaire ne s'épanouira qu'en littérature. Le libertin est généralement un homme : prédateur à la Valmont ou à la Lovelace, insatiable séducteur à la Casanova, homme " à bonnes fortunes " ou habitué des lieux de plaisir les plus crapuleux...

A notre époque – celle de Jean-Léonard de la Bermondie – si un jeune ''chevalier'' ( page en réalité) tente d'être un '' galant homme '' ; il risque plutôt de ressembler à un '' Petit-Maître '' comme l'on dit d'un jeune élégant, aux allures et aux manières affectées et prétentieuses.

La galanterie est un savoir-vivre de l'élite sociale : elle est associée à « la capacité d’adaptation, la douceur et la maîtrise de manières sociales raffinées »

« Il me semble (...) qu’un galant homme est plus de tout dans la vie ordinaire, et qu’on trouve en lui de certains agrémens, qu’un honnête homme n’a pas toûjours ; mais un honnête homme en a de bien profonds, quoi qu’il s’empresse moins dans le monde. » : Le chevalier de Méré

Très vite, l'usage de la cour consiste à ''courtiser les Dames'' et l'on dit aussi « qu’un homme a gagné quelque galanterie avec une femme, pour dire, quelque petite faveur de Vénus qui demande des remedes  » A. Furetière (  homme d'Église, poète, fabuliste, romancier et lexicographe français )... Si la galanterie est un plaisir de bonne compagnie ; elle est aussi comme un ''devoir'' mondain...

 

Hommes et femmes de cette époque reconnaissent que l'amour est une forme de galanterie qui s'apprend et s'utilise pour son plaisir et son intérêt personnel : Marivaux écrit dans le Spectateur français :

Eva Maria Veigel, Mme David Garrick (1724-1822)

« Les femmes de qualité élevées dans les usages de Cour, qui sçavent leurs droits & l’étenduë de leur liberté, ne rougissent pas d’avoir un amant avoüé ; ce seroit rougir à la Bourgeoisie. De quoi rougissent-elles donc ? c’est de n’avoir point d’amant, ou de le perdre. »

Dans l’Histoire de la vie et les mœurs de Mlle Cronel publiée en 1739 par le comte de Caylus mais rédigée par Pierre Alexandre Gaillard, une mère prépare sa fille adulte, mais encore innocente, à la vie de maîtresse officielle d’un riche protecteur et l’initie à l’art de la galanterie : « Te voilà, ma chère Fille, dans l’état où je te souhaite depuis longtemps […]. La foiblesse de l’homme, & son penchant à la volupté, sont des sources de richesse pour une fille capable de plaire […]. La galanterie est un art méthodique, où l’on n’excelle jamais quand on s’écarte des regles, & ces regles sont differentes selon les divers caractères des Amans […] »

Cependant, n'oublions pas que si l’expression de la sensualité chez les femmes est tolérée dans les cercles les plus élevés, la liberté sexuelle fait toujours l’objet de stricts interdits moraux chrétiens...

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Page du Roi, à la Cour de Versailles -2/2-

Publié le par Perceval

La Grande Écurie de Versailles

La Grande Écurie de Versailles

Page_de_la_chambre - Louis_XVI

Les pages sont suivis, trois fois par semaine, par un maître d'armes, de danse, de géographie, d'allemand, de mathématiques et un maître à voltiger, payés par le roi. Le reste du temps, qui n'est pas occupé par l'équitation, les pages sont libres; et peuvent se payer des maîtres particuliers.

 

Bien sûr, les pages suivent les célébrations religieuses quotidiennes: les pages doivent faire leurs dévotions ( c'est à dire s'approcher des sacrements) cinq fois par an, à Pâques, à la Pentecôte, à la Notre Dame d'Août, à la Toussaint et à Noël. A noter, la pratique janséniste de la double confession avant Pâques... «On disait la messe dans la chapelle, tous les jours ; et deux capucins, du couvent de Meudon, étaient chargés des prédications et de la direction de nos consciences.»

 

 

 

Les moeurs en usages des pages du Roi  - 1715Cartouche des pages du Roi  - 1755Argenterie, menus ... et affaires de la Chambre du Roi

 

Le lever est à sept heures et demie, à neuf heure la messe avant de déjeuner. La leçon commence à dix heures. Sortie de midi à une heure, puis dîner et sortie jusqu'à trois heures. Une leçon entre trois et quatre heures, et sortie jusqu'à neuf heures qui est l'heure de souper. « Nous y faisons la plus grande chère du monde.»

Il y a aussi une bibliothèque fort bien composée, d'où on prête des livres...

Versailles - Appartements, chasse et Lever du Roi
Versailles - Appartements, chasse et Lever du Roi
Versailles - Appartements, chasse et Lever du Roi
Versailles - Appartements, chasse et Lever du Roi

Versailles - Appartements, chasse et Lever du Roi

Après la deuxième année, la charge devient effective...

Ainsi, la page consiste à se trouver au grand lever du Roi ( Reine) , ou d'un Prince, à l’accompagner à la messe, à l’éclairer au retour de la chasse, et à assister au coucher pour lui donner ses pantoufles.

Les jours de grandes cérémonies, les pages montent sur la voiture à deux chevaux... À l’armée, les pages deviennent les aides de camp, et apprennent, à la source du commandement, à commander un jour.

Le Mariage du Dauphin

Certains sont choisis pour des missions, par exemple: « quand le Roi revient la nuit, il faut que nous portions à quatre le flambeau à cheval, en courant devant sa voiture, qui va fort vite, et étant le plus souvent très mal montés, ce qui n'est pas bien agréable.»

Un autre jour, le page est chargé, « par Monsieur le premier Écuyer de la mission de confiance d'aller remettre quelques petits pains de beurre (au château de la Muette) à Monsieur le Dauphin pour son déjeuner: il est heureusement arrivé dix minutes avant que le prince se mît à table, ce qui l'a surpris très agréablement.»

La charge de ''page '' est légère et on peut même se plaindre qu'elle soit trop peu absorbante. Les pages peuvent prendre leurs chevaux s'ils ne font rien et aller dîner à Paris, quand ils y ont affaire. Mais le bonheur d'approcher chaque jour le Roi, ou ses proches, de vivre en leur intimité compense bien des choses... Le page en est ravi, et le sentiment qui perce avant tout dans sa correspondance est bien l'attachement ardent, le loyalisme fougueux que lui et ses pareils nourrissent pour le souverain.

Très vite le jeune noble, est amené à se former au métier de courtisan et saisir, avec une sorte d'habileté instinctive, de finesse native, les moindres occasions qui peut le mettre en vue et en avant.

 

Les Pages du Roi, de la Reine, etc … formaient à Versailles une jeunesse turbulente, que le Grand Prévôt s'efforçait d'en réprimer les écarts. « Ils fréquentaient cafés et auberge, y faisaient de galantes rencontres, et trop souvent s'y livraient au libertinage. » Paul Fromageot (Historien, spécialiste de Versailles)

 

Jean-Léonard de la Bermondie, est conscient de bénéficier dans un de ces établissements destinés à perpétuer les traditions de l’ancienne chevalerie, de l'abondance de soins et de plaisirs, dont il n'était pas si coutumier en Limousin ...!

 

Sources: '' Un page de Louis XV. Lettres de Marie-Joseph de Lordat à son oncle Louis, comte de Lordat, brigadier des armées du Roi (1740-1747).'' ; et de Félix de France d’Hézecques aristocrate français (1774 – 1835) Souvenirs d'un page de la cour de Louis XV. ( « à mon arrivée à Versailles, on y comptait cent cinquante-huit pages, sans ceux d es princes du sang qui résidaient à Paris.»)

 

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Page du Roi à la cour de Versailles -1/2-

Publié le par Perceval

Vue et perspective des écuries de Versailles du côté de la grande cour

Vue et perspective des écuries de Versailles du côté de la grande cour

La mère de Jean-Léonard était parmi les proches de l'évêque de Limoges, Mrg Jean Gilles du Coetlosquet (1700-1784) qui deviendra le précepteur des petits-enfants de Louis XV... Lui-même protégé par Charles du Plessis d’Argentré à la cour de Versailles, sut recommander Jean-Léonard pour entrer comme page à la Petite écurie.

Cette réception fut un grand honneur pour son père. Bien sûr, il avait fallu apporter des preuves de noblesses qui puissent remonter à au moins 1550, et gagner le certificat délivré par Antoine Marie d'Hozier de Serigny (1721, 1801) juge d'armes de France.

 

Monsieur de Nestier,

Ecuyer Ordinaire de la grande Ecurie du Roy.

Jean-Léonard fut inscrit au Cabinet des Titres en même temps que Jean-François de Villoutreix de Breignac, et Jean-Batiste de Lubersac; pour ceux originaires du Limousin ...

 

A Versailles, lorsque l’on tourne le dos au château, deux bâtiments symétriques, sur le côté de l'avenue de paris, sont la Grande Ecurie du roi, et la Petite Ecurie de Paris.

C'est dans les grandes écuries que les chevaux de Louis XIV étaient dressés. Il y avait donc une multitude de personnel qui atteignait souvent 1000 individus : pages, écuyers, valets, palefreniers...sans oublier le chirurgien, l'apothicaire pour les préparations médicamenteuses des équidés, les musiciens pour le carrousel..etc

La plupart des pages étaient formés dans les deux Ecuries du roi, la grande et la petite, sous les charges des Ecuyers du roi.

Avec un appui à la cour, un minimum de qualités physiques, et la possibilité de subvenir à ses besoins ( c'est à dire, avoir une pension de cinq cents livres destinée aux menues dépenses...) on peut prétendre à devenir page à la cour de Versailles... Ensuite, habillement, nourriture, maîtres, soins pendant les maladies, tout était fourni avec une magnificence vraiment royale.

Les pages de la Maison du Roi se divisaient en plusieurs catégories, pages du Roi, de la Reine, du Dauphin, de la Dauphine, de Monsieur, de Mesdames et de plusieurs autres membres de la famille royale qui pouvaient prétendre à un tel train de cour selon le bon vouloir du monarque.

« Les pages de la reine, au nombre de douze, étaient vêtus de rouge, galons en or. Monsieur et M. le comte d’Artois avaient chacun quatre pages de la chambre, douze aux écuries ; et leurs épouses, huit. Ceux de Monsieur et de Madame étaient aussi en rouge et or. Les pages de la chambre étaient habillés de velours brodé ; les différences de la pose du galon faisaient la distinction que les couleurs ne faisaient pas. »

Justaucorps de grande livrée de la Maison du Roi, époque Louis XVI.

 

Arrivé à Versailles, armé de ses lettres de recommandations et accompagné de son père, qui paye le trousseau... Jean-Léonard de La Bermondie peut réclamer son habit et avoir un chapeau. Monsieur le gouverneur le présente à tous les pages, et le recommande au premier page...

Malgré tout, chaque nouveau venu craint à juste titre les ''malices'' que ne vont pas manquer lui faire subir les plus anciens pour établir leur autorité indiscutable ...

« Malheur à celui qui n’y apportait pas le goût de s’instruire ! Il en sortait bon danseur, tirant bien les armes, montant bien à cheval ; mais il en emportait des mœurs passablement relâchées, et beaucoup d’ignorance. . Ce qui pouvait compenser un peu ce mauvais côté, c’était un caractère excellent et plié à tout par la sévère éducation que les nouveaux recevaient des anciens. »

 

Sources: '' Un page de Louis XV. Lettres de Marie-Joseph de Lordat à son oncle Louis, comte de Lordat, brigadier des armées du Roi (1740-1747).'' ; et de Félix de France d’Hézecques aristocrate français (1774 – 1835) Souvenirs d'un page de la cour de Louis XV. ( « à mon arrivée à Versailles, on y comptait cent cinquante-huit pages, sans ceux d es princes du sang qui résidaient à Paris.»)

Vue du château de Versailles du coté de la grande avenue

Vue du château de Versailles du coté de la grande avenue

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Les Romans de la Chevalerie, et La vérité...

Publié le par Perceval

Charles-Antoine Coypel, La destruction du palais d'Armide

Charles-Antoine Coypel, La destruction du palais d'Armide

A partir du XVIe siècle, la fiction chevaleresque est dévalorisée... Rabelais place parmi les damnés qui peuplent l'enfer : « Alexandre, Xerxès et Darius ; Hector, Achille et Priam ; Scipion l’Africain, Pompée et César ; ainsi que Lancelot et les chevaliers de la Table ronde, Charlemagne et les douze pairs de France, ou encore Fierabras, Morgant le géant, Ogier le Dannois et Galien Restauré...»

On dénonce l’incohérence des croyances des contemporains, pour qui tous ces personnages constituent le panthéon héroïque de la chevalerie...

Les ''humanistes'' y dénoncent ces narrations qui se parent du lustre de l’histoire sans répondre aux règles antiques de la poésie. L'idée chevaleresque devient l’objet d’un débat qui traverse les siècles suivants... On y aborde les problèmes de l’authenticité et du caractère subversif du récit...

Au XVIIe, on parle de ''roman de chevalerie'' et on dénonce leur influence...

Étienne Jodelle ( poète né en  1532 à Paris où il est mort en juillet 1573) reproche aux romans de promouvoir sciemment l’image mensongère d’une vie parfaite, inspirée de celle des chevaliers errants afin de soustraire la noblesse à la crainte de Dieu, à l’étude et aux conditions utiles...

Don Quichotte conduit par la Folie et Embrase de l'amour extravagant de Dulcinee sort de chez luy pour estre Chevalier Errant

L’idéal chevaleresque et l’humanisme s’attachent à deux conceptions différentes de la « vérité » :

L’une héritée du Moyen Âge, privilégiant un ordre de vérité spirituel, universel et supérieur à la réalité matérielle,

l’autre, nouvelle, même si elle fonctionne par allégorie, privilégie la raison...

- « C'est l'idéal qui est la vérité ». Au Moyen-âge, le fait pour être '' vrai '' ne doit pas être nécessairement authentique ; il lui suffit d'être ''reconnu'' approuvé par une autorité dont on ne mat pas en doute la valeur.

Depuis le XIIe s. ''roman'' et ''histoire'' ont fait cause commune, et en ce début du XVIe siècle, l’histoire comme le roman relèvent de la poésie.

 

 

Portrait de Erasme de Rotterdam par Hans Holbein le jeune (1497-1543).

De la Recherche de la vérité... Par Nicolas Malebranche - 4e édition,  -- 1678

 

Les humanistes vont tenter d'extraire l'histoire de la poésie et du dogme religieux.

- La vérité est d'abord celle des faits .

C’est cette confrontation des ordres de réalité que Cervantès met en scène dans son Don Quichotte à la fin du XVIe siècle où s’affrontent l'idéal chevaleresque et réalité du quotidien...
 

Les Romans de la Chevalerie, et La vérité...
Les Romans de la Chevalerie, et La vérité...
Les Romans de la Chevalerie, et La vérité...
Les Romans de la Chevalerie, et La vérité...
Les Romans de la Chevalerie, et La vérité...
Les Romans de la Chevalerie, et La vérité...
Les Romans de la Chevalerie, et La vérité...
Les Romans de la Chevalerie, et La vérité...
Les Romans de la Chevalerie, et La vérité...
Les Romans de la Chevalerie, et La vérité...
Les Romans de la Chevalerie, et La vérité...
Les Romans de la Chevalerie, et La vérité...
Les Romans de la Chevalerie, et La vérité...

Au XVIIe siècle, l'histoire commencera à être reconnue comme art et différenciée de la fiction poétique. Mais l'histoire reste encore illustrative, et rejoint le roman... L'histoire reste une école de formation morale et spirituelle, et on va accorder à la culture chevaleresque qu'elle conserve une conception vraisemblable et exemplaire de la vérité...

L’exclusion définitive de la fiction du champ de l’histoire ne pourra se faire qu’à partir de la fin du XVIIe siècle avec la diffusion de la philosophie cartésienne.

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Le Chevalier à l'épée – 5/ -

Publié le par Perceval

Résumé : Le séjour de Gauvain au château dure un certain temps. Jugeant que son absence a assez duré, il se décide à repartir avec sa dame. Elle veut bien l'accompagner à condition d'emporter ses deux lévriers. Peu après leurs adieux au père et leur départ, ils rencontrent un chevalier en armure qui veut emmener la fille. Comme Gauvain non équipé ne peut le combattre d'égal à égal, l'autre propose que la dame choisisse qui elle veut suivre. Gauvain est confiant et accepte ce jeu.

 

Elle se décida pour l'homme qu'elle n’avait jamais vu. Le héros fut humilié ; mais il était si modéré et si sage que , malgré toute sa colère, il ne dit mot, et continua sa route.

A la grande stupeur de Gauvain, la dame choisit l'étranger (précisément, dit le poète, parce qu'elle connaissait les talents de Gauvain et était curieuse d'éprouver ceux de l'autre).

 

La demoiselle,quand elle eut fait quelques pas, s'aperçut que les chiens suivaient Gauvain. Elle voulut les ravoir et exigea de son nouvel amant qu'il allât les reprendre.

« Lorsqu'il s'est agi de ma maîtresse,répondit Gauvain au chevalier, vous avez exigé qu'on s'en rapportât à elle , et qu'elle fût libre de choisir. Il s'agit des chiens maintenant; eh bien! appelons-les, et qu'ils soient de même à celui de nous deux qu'ils suivront. »

La proposition était si raisonnable qu'on ne pouvait s'y refuser sans injustice.

Les chiens furent appelés; et ces animaux fidèles, sourds à la voix d'un inconnu, accoururent aussitôt à celle de l'homme qui les avait vus et caressés au château. « Ami, ajouta le prince, je viens de recevoir une leçon que probablement on vous rendra bientôt; mais auparavant apprenez de moi qu'on voit tous les jours des ingrates trahir ceux qui ont tout fait pour elles, et qu'on n'a point vu encore un maître délaissé par le chien qu'il a nourri. »

Le chevalier ne répondit rien, et s'en retourna; mais, quand la demoiselle le vit revenir seul, elle entra en fureur et lui déclara que, s'il ne lui rendait ses chiens, elle ne voulait le revoir de la vie.

Il galope donc de nouveau après Gauvain, la lance en arrêt. Le prince, forcé de se défendre, se couvre adroitement de son écu, et en même temps il porte au ravisseur un tel coup de la sienne, qu'il l'enlève hors de la selle. Il saute ensuite à terre, met l'épée à la main, lui soulève les pans du haubert, et lui perce le flanc; puis, appelant les chiens, il remonte tranquillement sur son cheval.

La demoiselle s’était approchée pour voir le combat. Sans ressources par la mort de celui à qui elle venait de se donner, elle se jette en larmes aux pieds de Gauvain, lui demande pardon et le conjure de ne pas l'abandonner seule, aux approches de la nuit, dans cette forêt. « Je vous laisse où vous m'avez laissé, répondit-il. Avec les talents que je vous connais, vous saurez y trouver compagnie; adieu. Alors il la quitta et il arriva le soir à Carduel, où il raconta son aventure, que l'on eut soin d'écrire aussitôt.

Explicit:

... por sa mie qu'il perdi,
et puis con il se conbati
por les levriers, a grant meschief.
Ensi fina tot a un chief.
Ci fenist dou Chevalier a l'espee.

 

La première partie comprend deux histoires '' connues '' qui n'ont rien à faire l'une avec l'autre : celle de l'hôte qui met à mort tous ceux qui ne lui obéissent pas, et celle du lit périlleux où un chevalier élu entre tous peut seul dormir sans être tué par une arme magique.

On peut encore noter que le piquant de l'aventure est bien émoussé par le fait que Gauvain a reçu d'avance l'avis qu'il doit se soumettre à tous les ordres qu'il recevra.

Le glaive magique a deux fonctions contradictoires : désigner, en l'épargnant seul, le meilleur chevalier du monde, et protéger la virginité de la jeune fille.. Après deux tentatives où il est légèrement blessé, il y renonce; cela lui fait jouer un rôle assez peu digne pour un chevalier incomparable. Le matin surtout, quand il reste penaud devant les questions du père au sujet de ses blessures, il fait vraiment une piètre figure.

Dans la deuxième partie, la jeune fille qui était présentée sous les traits les plus sympathiques ( alors qu'elle avait – quand même - déjà subi dans son lit, l'assaut de plus de vingt amants, qu'elle a vus tués à ses côtés à cause des désirs qu'elle leur inspirait... ! ) et qui paraissait aimer sincèrement Gauvain, se conduit, alors, comme une créature absolument méprisable et préfère un inconnu, par simple curiosité sensuelle... Les petits chiens seraient donc plus fidèles que leur maîtresse...!

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Le Chevalier à l'épée – 4/ -

Publié le par Perceval

Résumé : Après un bon repas, voilà Gauvain et la fille couchés et nus dans le même lit. Malgré l'avertissement, Gauvain s'approche de la fille. Mais une épée suspendue au-dessus du lit s'anime et vient blesser Gauvain, au flanc. C'est une blessure légère. La fille lui explique que maints chevaliers ont perdu la vie dans ce lit. Gauvain ne se résigne pas et tente à nouveau et est une seconde fois blessé au flanc. Il se résigne.

Au petit matin, le chevalier est contrarié de revoir Gauvain vivant. Mais comme l'épée devait épargner le meilleur chevalier, Gauvain est déclaré tel et peut sans danger cette fois, donner libre cours à son désir avec la fille qui l'accepte. Il peut même prendre possession du château, ce à quoi il renonce.

 

Alors Gauvain en remercie le châtelain :

« Sire, dit-il, bien suis payé, de la pucelle seulement. »

On sut bientôt dans les environs qu'au château était un chevalier que l'épée redoutable avait épargné. De toutes parts, on accourut pour le féliciter, et sa victoire fut célébrée le jour même par une fête et des divertissements. Après le festin, les ménétriers entrant dans la salle, la firent retentir du son des violons, des flûtes et des chalumeaux: d'autres chantèrent s'accompagnant de la vielle ou de la harpe. Ceux-ci lurent des romans: ceux-là contèrent des fabliaux; et pendant ce temps, les conviés s’amusaient aux échecs ou à d'autres différents jeux.

Des troupes de musiciens ambulants étaient disponibles pour amuser la noblesse, dans les grandes fêtes, dans les cours plénières et aux mariages.. Cette profession, que la misère, le libertinage et la vie vagabonde, faisait qu'elle était fort décriée, exigeait pourtant une multiplicité de connaissances et de talents: ils pouvaient déclamer, chanter, accompagner et improviser en musique, jouer de plusieurs instruments : chansons anciennes et nouvelles, et aussi des historiettes courantes , des contes et fabliaux, qu'ils se piquaient de savoir; outre les romans du temps qu'il leur fallait connaître et posséder en partie.. Souvent aussi, ils étaient auteurs... Enfin il y en avait qui, à tous ces talents, joignaient la science de l'escamotage, de la jonglerie et de tous les tours connus

Du jeu d'échecs, on dit que ce sont des sarrasins que l'apprirent nos croisés. Un changement qu'on y fit sur la seconde pièce, qu'aujourd'hui nous nommons reine, et qu'ils nommaient fierce (vierge) présente une réflexion intéressante. Cette pièce dans l'orient s'appelle le ministre: elle ne peut aller que de case en case comme le pion, et s'éloigner du roi que de deux. De ce ministre, la galanterie chevaleresque en fit une dame: puis, trouvant que cette marche gênée, trop ressemblante à l'esclavage des femmes d'Asie, et contraire aux égards dont jouissaient celles d'Europe, lui convenait peu, ils lui en donnèrent une aussi libre qu'elle pouvait l'être, et en firent la pièce de toutes la plus importante. Eudes de Sully, évêque de Paris sous Philippe-Auguste, défendit aux clercs de jouer aux échecs , et même d'en garder chez eux.

Les plaisirs furent ainsi prolongés jusqu'à la nuit. Alors tout le monde se retira pour dormir. Quant aux deux amants, ils furent conduits en pompe dans cette même chambre où ils avoient été enfermés la veille; et comme cette fois-ci l'un n'eut point l'épée fatale à craindre, l'autre n'eut pas non plus de représentations à lui faire.

 

Après être resté quelque temps dans le château, uniquement occupé de ses plaisirs, Gauvain songea cependant à son départ. Une absence aussi longue pouvait causer des inquiétudes au roi, son oncle : il prit donc congé du père, et partit avec sa mie pour Carduel. Elle montait un joli cheval richement enharnaché. Lui , armé comme quand il était venu, l’accompagnait monté sur son grand palefroi.

Mais ils avaient à peine fait cent pas que la demoiselle, s'arrêtant tout à-coup avec une sorte de colère, se plaignit d'avoir laissé au château deux chiens qu'elle avait nourris et qu'elle aimait plus que tout. L'amant empressé retourna aussitôt: il les ramena et l'on continua de marcher.

Vers le milieu de la forêt s'offrit un chevalier armé de toutes pièces, et qui voyageait seul. Le prince s’apprêtait à le saluer, quand celui-ci, poussant brutalement son cheval entre les deux amants, saisit par le frein celui de la demoiselle et s'en fit suivre.

Je n'ai pas besoin de vous dire quelle fut la colère de Gauvain; mais, que pouvait-il contre un homme en armure (invulnérable) avec une épée, une lance et un écu? Il s'avança vers lui cependant, et avec un ton de fierté menaçante: «Vassal , s'écria-t-il , vous venez de commettre l'action d'un lâche. Si vous ne l'êtes pas, quittez vos armes, ne gardez que celles que j'ai, ou donnez-moi le temps d'en trouver de pareilles aux vôtres; et alors disputez-moi ma maîtresse, si vous l'osez. »

Le chevalier répondit froidement : « Vous pouvez sans crainte m'insulter; je suis armé, vous ne l'êtes pas, et j'ai sur vous trop d'avantage; mais, écoutez-moi. Cette femme est votre maîtresse, dites-vous; sans doute, parce que vous vous en faites suivre. Eh bien ! je vais l'emmener à mon tour, et elle sera la mienne. Au reste, pourquoi nous battre et ne pas nous en rapporter à elle, puisque c'est d'elle qu'il s'agit? Éloignons-nous tous deux, laissons-la choisir et suivre celui à qui elle croira devoir donner la préférence. Si elle retourne à vous, j'y renonce et vous quitte; mais si elle vient à moi... - Oh! de tout mon cœur, reprit Gauvain qui, sûr de sa mie , ne croyait pas que, pour l'univers entier, elle eût même hésité un seul instant: Çà, la belle,jugez-nous et prononcez-vous ».

A ces mots ils s'éloignent. Elle les regarde tous deux, les examine, balance; et devinez quel fut son choix?

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Le Chevalier à l'épée – 1/ -

Publié le par Perceval

Je me propose de lire et commenter un texte court que l'on inclut dans la Légende Arthurienne : ''Le Chevalier à l'épée '' date de la fin du XIIe siècle, début du XIIIe siècle. Il s'agit d'un texte consacré à Gauvain.

'' ‎Le chevalier à l’épée '', aurait pour auteur, celui du fabliau :''La Demoiselle à la mule '' œuvres parodiques qui veulent bousculer le roman médiéval réaliste du moment : '' Le Conte du Graal ''. Ces textes parodiques veulent remettre en question les conventions courtoises et chevaleresques ; et le personnage qui correspond le mieux à cette image glorieuse est le chevalier Gauvain. En même temps que ces valeurs chevaleresques, c'est le surnaturel qui va être dévalorisé...

Sachons également, que cette période médiévale permet de lire de la poésie courtoise, mais aussi des fabliaux beaucoup plus crus ...

L'auteur, et il fallait l'inventer... ! Se nomme Païen ( à l'inverse de Chrétien), et non pas de la glorieuse ville de Troyes , mais de Maisières ( donc de nulle part …!) : Païen de Maisières se plaît à décrire la déchéance, et l'incompétence amoureuse de Gauvain …

Si on ne sait rien de la biographie de cet auteur ; on peut dater son texte de 1200-1210, et ses nombreuses références aux romans de Chrétien de Troyes ont conduit certains spécialistes à confondre Chrétien et Païen ...

Il n'est pas inintéressant de s'engager dans la lecture de ce texte, avec cet avertissement …

Je rappelle avant de commencer que Gauvain, est qualifié de ''soleil de la chevalerie''... Il est mondain, aimable, courtois, joyeux et plaît aux dames …

Dans aucun texte il ne rencontre de jeune fille qui lui inspire un amour assez profond pour l’épouser ou se consacrer à elle, mais ne reste pas insensible au charme de certaines demoiselles qui croisent son chemin. Beau et séduisant, il plaît et n’hésite pas à échanger des propos charmants avec les jeunes filles et à proposer d’être leur champion. C’est ainsi qu’il offre à Lunete, la suivante de Laudine, de la servir :

« Ma demoiselle, je vous fais don, en ma personne d’un chevalier dont vous pourrez disposer à loisir… Je suis vôtre ; quant à vous, soyez, dorénavant, ma demoiselle. » (Le Chevalier au Lion, vv. 2435-41). A l'inverse de Lancelot, ou de Perceval, Gauvain est un chevalier disponible : Dans le Conte du Graal, il parle d’amour avec la sœur du roi d’Escavalon qui répond à ses avances.

Dans les romans arthuriens du XIIIe siècle, sa réputation de séducteur demeure et ses aventures amoureuses se multiplient : cf la Demoiselle du Lis ( dans la première continuation de Perceval).

Gauvain, trop humain, plus attaché aux valeurs terrestres qu'à Dieu, va passer du chevalier glorieux à celui plus futile et mondain, puis plus inquiétant à celui de meurtrier et de traître...

Incipit:

Et conmance do Chevalier a l'espee.
Cil qui aimme desduit et joie
viegne avant, si entende et oie
une aventure qui avint
au bon chevalier qui maintint...

 

 

 

Quelqu'un aime-t-il joie et déduit? Qu'il vienne à moi et qu'il écoute l'aventure de ce bon chevalier qui fut l'ennemi des traîtres et des lâches, et qui maintint toute sa vie honneur, prouesse et loyauté : c'est monseigneur Gauvain.

L'auteur fait un reproche à Chrestien de Troyes - dont la plume a célébré tant de chevaliers de la Table-Ronde - d'avoir oublié celui-ci. Il veut réparer, dit-il, l'injure faite à la gloire de ce héros. Il chantera au moins quelques-unes de ses actions, puisqu'il est impossible de les raconter toutes; et sans un plus long préambule, il entre en matière.

Le Roi Arthur ( Artus) habitait Carduel avec la reine , son épouse ; Gauvain , son neveu , et un certain nombre de chevaliers. On entrait dans le printemps: le jour était extrêmement beau. Gauvain , dans le dessein d'en profiter, demanda son cheval; et, après avoir chaussé ses éperons d'or , sans autres armes que son épée, sa lance et son écu, prit le chemin de la forêt. La beauté du ciel, le chant des oiseaux, la fraîcheur de la verdure naissante le plongèrent insensiblement dans une douce rêverie : il s'y abandonna quelque temps, et n'en sortit que pour s'apercevoir qu'il s’était égaré. La nuit qui allait le surprendre dans le bois l’inquiétait beaucoup. Il retourna donc sur ses pas, suivit, quitta, reprit diverses routes, et ne fit que s'égarer encore plus.

Les éperons d'or ou dorés étaient le signe distinctif des chevaliers: les écuyers ne pouvaient en porter que d'argent. Quand quelqu'un recevait la chevalerie,la première pièce de l'armure qu'il commençait à prendre était les éperons d'or; et ordinairement le roi ou le prince qui lui conférait cette dignité les lui chaussait de sa propre main.

Gauvain était dans cet embarras , quand ses yeux entrevirent au loin à travers les arbres la lueur d'un grand feu. Arrivé plus près, il vit un cheval attaché à une branche, et près du feu un chevalier assis. Il l'aborda aussitôt pour le supplier de vouloir bien lui enseigner la route de Carduel. Le chevalier s'offrit à le conduire lui-même au château , dès que le jour le leur permettrait; et, en attendant, il le pria d'agréer qu'il lui fît compagnie. Gauvain descendit donc de cheval: il s'enveloppa dans son manteau, et, prenant place auprès de l'inconnu , se mit à causer avec lui. Naturellement droit et loyal, il déploya dans cet entretien sa franchise ordinaire: l'autre, au contraire, ne cherchait qu'à le tromper, et vous en verrez bientôt la raison. Enfin, après quelque temps de conversation , le sommeil les gagna, et ils s'assoupirent jusqu'à ce que le jour vint les réveiller.

«Nous sommes assez loin de Carduel, dit alors le chevalier, et vous n'avez point soupé;mon château est à quelques pas d'ici, acceptez sans façon un repas sans apprêt et offert avec amitié ». Gauvain ne se fit pas prier; l'on partit. Mais, à peine furent-ils sortis de la forêt, que l'inconnu demanda la permission de prendre les devants: « Je n'ai personne, dit-il, qui puisse aller annoncer votre arrivée ; souffrez que je vous quitte un instant pour m'acquitter de ce devoir. Vous voyez mon manoir sur la croupe de cette montagne au bout du vallon: c'est là que je vous attends. »

En disant cela, il partit au galop; et Gauvain, qui n’avait pas sur cette offre si généreuse le moindre soupçon, le suivit tranquillement au pas.

Il était d'usage lorsqu'on voulait recevoir avec distinction quelqu'un que l'on considérait, de venir vers lui... Non-seulement tous les domestiques, mais la maîtresse même du château et ses filles , venaient au-devant du chevalier. Elles lui tenaient l'étrier pour l'aider à descendre, le désarmaient elles-mêmes, et lui donnaient de ces habits commodes que l'on tenait en réserve pour ces occasions. Comme dans la plupart des histoires, le château du chevalier, se présente sur une montagne.

A quelque distance, Gauvain rencontra quatre bergers qu'il salua. L'air noble du héros, cette prévenance de sa part les intéressa en sa faveur: « Beau sire s'écria l'un d'eux, vous ne méritez pas d'aller à la mort ».

Le prince ne fit point d'abord attention à ce discours, et il continua sa route: mais tout-à-coup il s'arrêta par réflexion et revint sur ses pas pour demander aux pasteurs l'explication des paroles sinistres qu'il venait d'entendre. Ils répondirent naïvement que , s'ils l'avaient plaint , c'est qu'ils voyaient souvent de braves chevaliers se rendre , comme lui, au château, et que jamais ils n'en avoient vu revenir aucun. Gauvain étonné fit sur cela diverses questions auxquelles ils ne purent satisfaire; car, comme personne n’avait pu dire ce qui lui était arrivé, on ne pouvait guère en parler que d'après des bruits et des soupçons. Ils lui apprirent seulement, et d'après ces bruits, que le chevalier ne voulait être contredit en rien, que sa coutume était de lasser par les épreuves les plus dures ceux qu'il pouvait attirer chez lui, et qu'à la moindre résistance de leur part, il les faisait égorger.

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La Quête du Graal : Bohort - 19/21 -

Publié le par Perceval

* Quelle est votre Question ? ( en conclusion de l'étape précédente..) : Dandrane..

- « Qui ou quoi va me permettre de ''vraiment '' voir….... »

Entrez !

Le Chercheur combat avec Bohort, qui l'aide ainsi à se débarrasser des derniers vestiges des liens matériels qui le retiennent...

 

Bohort est le troisième membre du trio de chevaliers ayant trouvé le Graal.

Souvent désigné comme un ''homme ordinaire'', bien que l'un des meilleurs chevaliers de la Table ronde, il est le fils du roi Bohort de Gaunes ; cousin de Lancelot et de Hector ; neveu paternel du roi Ban de Bénoïc.

Marié, il reste fidèle à sa femme, et à la Quête, malgré la tentation exercée par les ''femmes démoniaques''...

 

L'engagement de Bohort envers la Quête reste certain et inébranlable. Quand Perceval, Galaad et Dandrane sont soit morts, soit retirés dans le monde du Graal, Bohort retourne seul à la cour du Roi Arthur de Camelot pour raconter le dernier chapitre de l’Histoire.

Rescapé de la terrible Bataille de Camlan, il aurait péri en Terre Sainte, lors de la Croisade... Il aurait alors rencontré les Templiers... Si la chronologie semble passer allègrement les années, peut-être pourrait-on alors évoquer la Pierre Philosophale des alchimistes et l’élixir de longue vie (Elixir Vitae)...

Cependant, ici, dans l'illustration du Tarot, Bohort donne une leçon au Chercheur en le défiant , et lui rappeler que sa chair est mortelle !

 

-- Pour continuer le Chemin : - Préparez votre question...

Sources : Le Tarot du Graal de John Matthews

 

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L'Histoire de Bohort l'Essilié

Publié le par Perceval

Avant de découvrir l'arcane porté par le chevalier Bohort, voici son Histoire...

 

Le roi Bohort, roi de Gaunes, est marié avec Evaine, sœur de la reine Élaine (elle-même épouse de Ban), naissent deux fils, Bohort (le jeune) et Lionel.

Les rois Bohort et Ban font alliance avec Arthur dans sa lutte contre onze rois rebelles de Bretagne – parmi lesquels Lot d'Orcanie, Urien et Caradoc l'Ancien – si bien qu'Arthur à son tour leur promet son aide contre leur ennemi Claudas, lequel se prépare à envahir leurs pays.

Toutefois, Arthur tarde à tenir sa promesse, ce qui permet à Claudas de réussir son invasion. Au cours de celle-ci les deux rois, Bohort et Ban, sont tués tandis que Lancelot, le fils de Ban, est recueilli par la Dame du Lac, et que les deux fils du roi Bohort sont capturés et élevés en captivité à la cour de Claudas.

Bohort ( l'Essilier), fils aîné du précédent, est le plus fameux des deux Bohort. Il passe ses jeunes années avec son frère Lionel à la cour du roi Claudas. Tous deux finissent par se révolter contre ce dernier et parviennent même à tuer son fils, le cruel Dorin. Avant que Claudas ne puisse se venger, les deux garçons s'enfuient avec l'aide d'un serviteur de la Dame du Lac chez laquelle ils reçoivent ensuite une éducation dans la chevalerie en même temps que leur cousin Lancelot.

Tous trois, devenus d'excellents chevaliers, se rendent à Camelot pour rallier la suite du roi Arthur. Bohort, reconnaissable à une cicatrice particulière au front, participe à la plupart des conflits engagés par le roi, y compris la bataille finale contre Claudas qui libère la terre de son père. Bohort l'Essillié est lui-même le père de Sire Hélain le Blanc et cette paternité est le résultat d'une ruse de la fille du Roi Brandegoris : cette dernière était en effet parvenue à l'attirer dans son lit au moyen d'un anneau magique. Plus tard, Bohort introduit son fils à la Table Ronde.

Bohort est réputé comme l'un des meilleurs de la Table Ronde et acquiert sa véritable gloire dans la quête du Graal dont il se révèle digne, avec Galaad et Perceval, de pénétrer les Mystères.

 

Les femmes démoniaques

Plusieurs épisodes illustrent son caractère vertueux. Dans l'un d'entre eux, un groupe de jeunes femmes menace de se tuer en se jetant du haut d'une tour s'il refuse de coucher avec elles. Mais Bohort refuse de rompre son vœu de célibat et lorsqu'elles tombent de la tour, elles se révèlent être en réalité des démons qui pensaient le tromper en jouant sur sa compassion.

 

Le dilemme de Bohort.

Un autre récit nous montre Bohort confronté à un dilemme : il doit choisir entre secourir son frère Lionel enlevé et fouetté d'épines par des brigands, ou délivrer une pucelle sur le point d'être violée par un chevalier brutal. Bohort choisit d'aider la jeune fille, tout en priant avec ferveur pour le salut de son frère. Peu après Lionel ayant échappé à ses tortionnaires et persuadé que Bohort l'a trahi, décide de se venger en le tuant au combat. Bohort, quant à lui, renonce à lever une arme sur son frère, fût-ce pour se défendre.

Un autre compagnon de la Table Ronde, Sire Calogrenant et un religieux ermite ayant tenté de s'interposer, sont tués l'un après l'autre par Lionel. Mais avant que ce dernier ne parvienne à frapper son frère, Dieu fait surgir entre les adversaires une colonne de feu pour les séparer, après quoi Bohort réconcilié avec Lionel peut partir librement.

 

Plus tard, Bohort, Galaad et Perceval découvrent le Saint-Graal et le transportent à Sarras (à rapprocher de Sarrasins), une mystérieuse île d'Orient où Galaad et Perceval meurent, Bohort est le seul des trois à en revenir. Comme le reste de sa famille, Bohort rejoint Lancelot en exil après que la liaison de ce dernier avec Guenièvre a été dévoilée et aide à sauver la reine du bûcher. Il devient ensuite l'un des conseillers les plus écoutés de Lancelot dans la guerre qui l'oppose à Arthur et récupère la souveraineté sur les anciennes terres de Claudas.

Arthur et Gauvain ayant été forcés de retourner en Bretagne pour combattre le malfaisant usurpateur Mordred, Gauvain envoie à Lancelot un message d'appel à l'aide. Les hommes de Lancelot arrivent à temps pour défaire le reste de la rébellion conduite par les fils de Mordred, Melehan et Melou. Dans la bataille, Lionel est tué par Melehan. Il est finalement vengé par Bohort.

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Le chevalier Gauvain et son étrange 'Pentangle'.

Publié le par Perceval

Les ''armes'' du chevalier Gauvain, représentent, soit un aigle bicéphale, soit un ''pentangle''.

 L'aigle provient du blason familial, celui de Lot ( Loth). Le père de Gauvain est roi de Loënois ( selon Brut) , mais dans la plupart des textes, son royaume est l'Orcanie.

Gauvain, est le neveu du roi Arthur et le fils du roi Lot d'Orcanie et de Morgause... On trouve plusieurs équivalents gallois de son nom : Gwalchmai et Gwalchmei ("faucon de la plaine") ainsi que Gawain en franco-normand et anglais.

Il est l'aîné d'une fratrie de chevaliers : Agravain, Gaheris et Gareth (surnommé "Beaumains" par Ké, le sénéchal d'Arthur).

Gauvain est très souvent considéré comme le meilleur des chevaliers de la Table Ronde car il est fort et mesuré. C'est le chevalier modèle : en plus d'être un chevalier d'exception, il fait preuve d'une courtoisie exemplaire pour tous les autres chevaliers de son temps. Gauvain porte fréquemment l'épée du roi Arthur : Excalibur.

Gauvain est le cousin d'Yvain qui est également pour lui un ami très cher. Gauvain est le seul chevalier de la cour d'Arthur, avec Yvain parfois, que l'on nomme "monseigneur". Son cheval se nomme Gringalet. Gauvain a la particularité de voir sa force croître avec le soleil, celle-ci étant à son paroxysme aux heures de midi, avant de diminuer jusqu'à la tombée de la nuit.

Il est très souvent dépeint dans les textes médiévaux comme un modèle de courtoisie et le champion par excellence des demoiselles en détresse. Il n'est d'ailleurs attaché à aucune femme en particulier, étant le défenseur (et, dans plusieurs récits, l'amant) des femmes en général. Son échec dans les aventures du Graal et dans les quêtes spirituelles en général peut être attribué à cette réputation de chevalier trop galant faisant passer les valeurs et les plaisirs matériels avant la religion.

** Gauvain et le ''Géant Vert '' ou le ''Chevalier Vert''

C'est dans ce récit, que Gauvain, présente sur son bouclier le '' Pentangle '' :

Le poème marque la première apparition connue du mot « pentangle » dans la langue anglaise. Le poème décrit le pentagramme comme un signe de fidélité, issu de l'époque de Salomon, et comme un « nœud sans fin ». Plusieurs stances sont dédiées à la description des vertus de Gauvain, représentées par les cinq pointes du pentagramme.

A l'époque médiévale, le "noeud sans fin" était un symbole de Vérité et représentait une protection contre les démons. Il était utilisé en tant qu'amulette de protection personnelle et protégeait également les fenêtres et les portes.

Cependant, dans Sire Gauvain, le poète fait référence au sceau magique présent sur l'anneau du roi Salomon, marqué d'un pentacle, qu'il reçut de l'archange Michel. Ce sceau donnait à Salomon un pouvoir sur les démons...

Les 5 pointes représentent également les 4 éléments de la Vie (Eau, Terre, Air et Feu), plus l'Esprit... Ou les cinq sens... Dans les légendes celtiques, on associe ce symbole à la fée Morgane...

Citation:

« These five pure virtues were fixed in this knight more firmly than in any other. 
And all five times were so joined in him that each one held to the other without any ending and fixed at five points, nor did they ever fail, for they were joined at no point nor sundered were they at all, nor could one find any end thereof at any corner when the games began or were gliding towards an ending. 
». Il s'agit de la description symbolique du pentagramme qui figure sur le bouclier de Gauvain dans le roman médiéval Sir Gawain and the Green Knight.

Traduction proposée :

" Ces cinq pures vertus étaient solidement ancrées dans ce chevalier plus fermement que dans aucun autre. Et, cinq fois, étaient si liées à lui que chacune était liée à l'autre [avec un noeud] sans fin, [le pentagramme est un nœud sans fin] et attachées en 5 points. Elles ne pouvaient pas non plus lâcher car elles n’étaient jointes en aucun point, interrompues nulle part et on ne pouvait y trouver aucune extrémité à aucun angle [du pentagramme] lorsque les jeux commencèrent ou avaient tendance à se terminer. "

En ce qui concerne le chevalier chrétien, le Pentangle symbolise les cinq vertus chevaleresques : la générosité, la courtoisie, la chasteté, la chevalerie et la piété.

Dans le christianisme, le même symbole évoque les cinq blessures reçues par le Christ sur la croix (mains, pieds et coté).

Le personnage de Gauvain, représente bien les influences du paganisme celte, en opposition avec le Christianisme... C'est au départ un héros solaire, il possède la plénitude de sa force physique à midi, et sa vigueur au combat diminue avec l'astre... C'est le premier héros confronté au Graal. Dans les romans en prose christianisés du XIIIe siècle, Gauvain connaît un discrédit.

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