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bergery

La Complainte du Partisan

Publié le par Régis Vétillard

Évoquer ( précédemment) Emmanuel d'Astier, c'est alors l'occasion de se tourner vers une autre personnalité, à l'antipode de son parcours : Gaston Bergery ( 1892-1974). Leur point commun est une femme, Lioubov Krassine (1908-1991) citoyenne soviétique, qui épousa Bergery en 1927, et d'Astier en 1947.

Lancelot connaît assez bien Bergery, licencié en droit. Il habite, 29 rue de Bourgogne, (7e). Dandy, ambitieux, plutôt froid, souvent ironique ; il fréquente les mêmes milieux que Berl et Drieu la Rochelle qui s'en inspire pour décrire le personnage de Clérences.

Après le parti radical, il est à la recherche politique d'une troisième voie.

Louba Krassine - fille du premier ambassadeur en France de la nouvelle URSS - avait seize ans quand elle rencontra le jeune avocat. Son père, l'ambassadeur des soviets à Paris, était un grand bourgeois, ingénieur, rallié à la cause de la Révolution, qui recevait la société parisienne avec faste. L'une de ses ravissantes filles, Louba, devint la femme de Gaston Bergery, en 1927, très fier de pouvoir la présenter à son entourage de gauche. Ils divorcèrent l'année suivante.

Dans les années trente, Lancelot se souvient que Jean Hugo était vraisemblablement très amoureux de Louba Krassine, alors même qu'elle était la meilleure amie de Frosca Munster, son grand amour...

Gaston Bergery soutient Léon Blum, en 1936. Il est pacifiste, munichois ; et après la défaite promeut un « ordre nouveau, autoritaire, national, social, anticommuniste et antiploutocratique ». Acteur de la collaboration, il souhaitait établir un parti unique, ce que refusait les allemands. Il est l'ambassadeur de Vichy à Moscou ( avril 41), puis à Ankara (juin 1942).

Anna Marly

Pendant ce temps, Louba Krassine rencontre à Londres, Anna Marly exilée russe, chanteuse et guitariste.

En 1943, un soir, Louba, devenue la maitresse d'Emmanuel d'Astier, réunit dans son appartement Anna Marly et Joseph Kessel. Anna propose une chanson qu’elle destine aux combattants russes assiégés dans Stalingrad et qu’elle a titré Guérilla Song. Kessel et Druon en feront l'inoubliable Chant des partisans.

Parallèlement, Emmanuel d’Astier écrit les paroles de La Complainte du Partisan dont Anna Marly compose la musique et qui sera reprise par Leonard Cohen en 1969.

En désaccord avec De Gaulle, Emmanuel d'Astier quitte le gouvernement ; il est alors proche des communistes et fonde Libération, comme quotidien. Le 19 août 1944, Libération s'était installé dans les locaux de Paris-Soir rue du Louvre, avec une rédaction en majorité communiste.

D'Astier, va divorcer de l'américaine France Temple qu'il a épousé à Paris en 1931. Et, le 9 août 1947, il se remariera avec Louba Krassine.

 

Avant que Drieu ne tire sa révérence, le 15 mars. Il apprend le 19 janvier, la condamnation à mort de Robert Brasillach, fusillé le 6 février 1945 au fort de Montrouge.

«  Vous avez beau dire : ce qu'il y a de meilleur en France ne se console pas de la destruction d'une tête pensante – aussi mal qu'elle ait pensé. N'existe-t-il donc aucune autre peine que la mort ? » ( Mauriac, le Figaro du 24 janvier 45).

La question de la responsabilité de l'écrivain est médiatisée, et taraude Drieu.

Difficile, se questionne Lancelot, de ne pas prendre extrêmement sérieusement l'engagement de ces intellectuels qui allaient jusqu'à réclamer eux-mêmes, la peine de mort pour des millions de morts parce qu'ils étaient juifs.

Lancelot se souvient de ces dernières conversations, avec Drieu, à propos de Judas, l'apôtre condamné pour son rôle essentiel, mais conduit, dit-on, par l'argent. Pour Camus, la situation de l'homme absurde peut être présentée au travers de Don Juan, ou Hamlet. Pour Drieu en août 44, c'est par Judas.

Il se souvenait du livre de Claudel, auteur qu'il admirait, '' Mort de Judas '' publié en 1933. Dans ce texte, Claudel livre un plaidoyer en faveur du pêcheur Judas. La faute de Judas serait de rester dans l’orgueil et dans le péché d’Adam. L’arbre de la pendaison rappelle l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Maurras après sa condamnation, s'en prend à Claudel qui qualifiait Judas de maurassien. Maurras tente de lui montrer que ce sont les autres apôtres qui le sont ; et que Judas c'est Claudel !

Judas, disait Drieu la Rochelle, a trahi - nous le savons bien, fondamentalement - non pour de l'argent, mais pour révéler la nature divine du Christ. Et bien, lui, Drieu, aurait trahi pour annoncer la dimension européenne du patriotisme ; et cette dimension pouvait s'élaborer dans le cadre de la collaboration avec l’Allemagne nazie. « J’ai toujours été nationaliste et internationaliste en même temps, (...) mais dans le cadre de l’Europe. »

Drieu appréciait beaucoup d'échanger sur la spiritualité. Il disait encore : « je veux surtout me délivrer de cette trivialité de la politique dont je me suis affublé. »

Charles Maurras, a été condamné à la réclusion perpétuelle.

Rentré en France, Gaston Bergery est arrêté le 25 octobre 1945 et aussitôt inculpé d’intelligence avec l’ennemi. En février 49, Gaston Bergery bénéficiera d’une relaxe pure et simple.

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1940 – Vichy. 3

Publié le par Régis Vétillard

Dès le 20 juillet 1940, Paul Morand ( né en 1888) a choisi de rejoindre Pierre Laval et le cercle d'amis qu'entretient Josée de Chambrun ( fille de Laval) … Il raconte partout qu'il n'a pas apprécié, à Londres, ce général de Gaulle qui l'a ''convoqué'' ; puis sans le remercier lui a ''emprunté '' sa secrétaire Elisabeth de Mirbel, pour taper l'appel du 18 juin... Il n'a pas craint ''l'abandon de poste'' pour venir chercher ici, un poste de ministre ; mais le nouveau ministre des Affaires Etrangères, Paul Baudoin, le congédie...

Paul Morand

Paul Morand estime ''la ruse'' de Pétain avec l'armistice, comme la meilleure décision devant un Reich victorieux.

Morand s'en retourne à Paris, où l'attend une maîtresse qui vient de lui donner un enfant ; et sa femme la princesse Soutzo, d’origine roumaine, germanophile et antisémite convaincue, qui tient salon, dans le prestigieux appartement de l’avenue Charles-Floquet au coeur du 7ème arrondissement parisien.

 

Claude Roy, ancien de l'Action Française, rejoint '' Jeune France '' association chrétienne maréchaliste, pensée par Emmanuel Mounier et réalisée par Pierre Schaeffer, pour porter une politique de rénovation culturelle dans la jeunesse, avec une émission dédié à la Radiodiffusion nationale.

 

Lancelot a eut la surprise de rencontrer Simone Weil, qui a fui Paris avec ses parents le 14 juin, après un premier arrêt à Nevers, elle prévoit de descendre plus au sud, et peut-être même de quitter la métropole. Elle exprime que les français ne veulent pas se battre, et préfèrent dormir dans un semblant de sécurité...

Gaston Bergery à Vichy en 1940

 

Lancelot retrouve Gaston Bergery, au cœur de l'agitation atour du Maréchal. Il est l'auteur d'une déclaration signée par 69 parlementaires de droite, du centre et du parti socialiste, pour réclamer un ordre nouveau, autoritaire, national et social impliquant « un dosage de collaboration avec les puissances latines et l'Allemagne elle-même ».

- Ne doit-on pas craindre l'Allemagne ?

- Il n'est pas dans l'intérêt de l'Allemagne d'écraser la France - répond Bergery – elle souhaite une nouvelle Europe, et nous observe pour connaître nos intentions. Nous devons tenter l’œuvre de réconciliation et de collaboration...

- De quel régime, l'ordre nouveau doit-il se doter ?

- L'ordre nouveau, doit être un ordre autoritaire qui restaure la Nation avec ses provinces authentiques, et son génie propre. Défaite aujourd'hui, la France de demain, sera plus grande que la France d'hier... Nous aurions dû collaborer dès 1919... !

 

Bergery, avec Déat et Chateau ( franc-maçon, comme l'ancien communiste François Chasseigne) envisagent la création d'un parti unique. Il propose de commencer par un Rassemblement pour la Révolution nationale qui pourrait évoluer vers la structure d'un parti. L'Etat a besoin du consentement des français.

- C'est anti-parlementaire ?

- Non … C'est conforme à un socialisme vrai...

Xavier Vallat, autrefois monarchiste, puis rallié à la République par raison, explique à Lancelot, qu'il n'est pas favorable au parti unique :

- Ce serait imiter l'Italie et l'Allemagne, leur situation est différente ayant eu le temps d'élaborer des programmes complets, distincts d'ailleurs... Créer rapidement un parti de toute pièce, n'aurait pas le même dynamisme. En France, l'Etat est tenu, l'Etat c'est Pétain. Nous supprimons le régime des partis.

Finalement, Pétain et Laval s'opposent à ce projet de parti unique...

Vichy semble devenir une laboratoire d'idées ; non pas que la victoire de l'Allemagne soit oubliée ; mais il subsiste le désir d'utiliser ce qui nous reste, et sauvegardé par Pétain, pour se reconstruire et à terme..., se libérer.

La plupart des gens, ici, ne font pas confiance aux Anglais ; on leur reproche notamment l'évacuation de Dunkerque à la fin du mois de mai 1940 et l'attaque britannique, en juillet 1940, de la flotte française de Mers el-Kébir, en Algérie.

 

Le voisin et co-locataire de Lancelot, Pierre G. est tout fier de lui vanter les loi du 17 et 22 juillet 1940, sur la dénaturalisation. Un mois à peine après l'installation du nouveau régime ( il devait y avoir urgence !), celui-ci se presse de réviser les naturalisations obtenues depuis 1927.

Commission de révision des naturalisations

- Cela fait combien de personnes ?

- A peu près un million, quand même...

- Un million de ''mauvais français''... ?

- Des métèques, des juifs. Des étrangers. !

- En quoi sont-ils dangereux ?

- Parmi eux, il y a des communistes, et surtout des juifs... On va s'occuper aussi, des traîtres.

- La déchéance de nationalité du père entraîne automatiquement celle de son épouse et de leurs enfants, n'est-ce pas... ? Ils deviennent apatrides... Que vont-ils devenir... ?

- Il nous faut une fois pour toutes, résoudre la question juive !

 

Cette ''question juive '' dérangent souvent les pensées de Lancelot. Depuis Drumont, puis Céline , Drieu la Rochelle aussi, on agite cette haine jusqu'à l'antisémitisme... Lancelot a bien souvent entendu répéter cette accusation de peuple déicide - qui bien-sûr ne peut satisfaire l'esprit - de non-reconnaissance de la figure christique... Péguy lui-même lie le destin des juifs à celui des chrétiens ( Le Mystère des saints innocents ).

Bernanos dit que le problème juif, n'est pas un problème religieux. Il ajoute : « Il y a une race juive, cela se reconnaît à des signes physiques évidents. S'il y a une race juive, il y a une sensibilité juive, une pensée juive, un sens juif de la vie, de la mort, de la sagesse et du bonheur.» Si cela était ; pourquoi cette haine ?

Plus politique, certains interrogent la « haute banque israélite » ; nous entendons alors les échos d'un Maurras, et de ''tout ce qui se dit...''. Bernanos a rompu avec l'Action Française, Lancelot a suivi l'exemple.

La ''question juive'' est alimentée par les antisémites ; ils agitent « un monstre imaginaire, fantasmatique, dont l’ombre menaçante courait sur les murs, avec son nez crochu et ses mains de rapace, cette créature pourrie par tous les vices, responsable de tous les maux et coupable de tous les crimes. » ( Modiano '' Dora Bruder '' ). Cette image, comme le constate Lancelot, enduit toutes les conversations sur les responsables de la défaite ; s'y ajoutent naturellement, les francs-maçons, les élites, les politiciens au pouvoir...

Pierre G. a son idée : il va plus loin que la seule responsabilité des juifs dans les scandales politico-financiers, il ajoute le délitement d'une société qui préférerait s'étourdir dans les ''congés payés''. Le responsable de la décadence : c'est le Front Populaire : il faudra traduire en justice – et le plus tôt sera le mieux – les anciens ministres qui « ont trahi les devoirs de leur charge » !

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6 Décembre 1938 : Traité d'amitié franco-allemand

Publié le par Régis Vétillard

Au ministère, Lancelot est témoin d'une politique de réarmement depuis l'été 1936, avec un programme dit des "14 milliards", et qui dépasse de 40 % les demandes de l'état-major. Il est complété par des constructions navales et le lancement d'avions de combat qui portent l'effort à 40 milliards de francs. Une troisième tranche de dépenses militaires est décidée en décembre 1936. L'ensemble du projet, étalé sur quatre ans en principe, doit doubler le potentiel de défense française.

Ici, chacun pense qu'Hitler impose une épreuve de force ; et que notre préparation est purement défensive et doit avoir une fonction dissuasive.

Réarmement allemand

Par plusieurs ouvrages, des conférences et des contacts permanents avec les autorités politiques , le colonel de Gaulle (1890-1970) tente de promouvoir une armée professionnelle ( Léon Blum est hostile à l'armée de métier) et motorisée. Il insiste en vain, sur la nécessité de constituer de grandes unités autonomes blindées plutôt que de disperser les chars au sein d'unités tactiques. Il obtient le soutien de Paul Reynaud.

 

Le Renseignement britannique ( IS), comprend que nos deux pays sont liés et souhaite une coopération plus forte sur le décryptement des communications, et plus particulièrement concernant une machine Enigma, fabriquée en Allemagne, qui se présente sous la forme d'une machine à écrire, sauf que la lettre frappée est remplacée par une autre toujours différente, le mécanisme est constitué de plusieurs rotors.

Les Polonais ont réussi à en avoir le modèle, mais ne peuvent ''casser'' la clef et demandent l'aide des français... Depuis huit ans, ils travaillent ensemble, en vain et décident de s'associer avec les anglais.

Gaston Bergery

Bergery avait créé le ''frontisme'' en 1932 ( Front commun contre le fascisme”), et avait séduit un temps, des gens comme Robert Aron, Claude Mauriac ou Edgar Morin, séduits par sa réponse à une actualité brûlante ; mais après Munich, cette possibilité apparaît exclue pour beaucoup...

Lors de l'Anschluss ; il interrogeait: violence illégale, mais qu'elle autre solution l'Europe propose t-elle ? Pour ce qui était de la Tchécoslovaquie, Bergery assurait alors, qu'il était nécessaire de faire obstacle à la prétention nazie ! Puis, il a défendu l'amputation territoriale de la Tchécoslovaquie en la tenant pour justifiée par le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Munich, paraît comme une humiliation, mais une réponse préférable à la guerre.

Bergery se défend : la France ne peut faire de menace qu'elle ne peut mettre à exécution ; par contre elle peut proposer une négociation d'ensemble. Il soutient Bonnet.

Une rumeur court dans les milieux ''informés'' concernant une agression allemande contre l'Ukraine ; ce qui ne va pas pour lui déplaire.

Après l'occupation de la Tchécoslovaquie, s'il accompagne les menaces de guerre, il n'en soutient pas moins qu'il est d'autant plus nécessaire de proposer un plan de paix à Hitler ; quitte à le menacer d'une alliance avec l'URSS.

 

Bergery n'est pas à court d'idées pour proposer un régime qui se démarquerait du communisme et d'un nationalisme agressif ; mais Lancelot – dans ses fréquentations mondaines – ne voient pas en lui l'homme providentiel qu'il rêverait pouvoir incarner... Il n'a pas la foi brutale, n'a pas le comportement du chef charismatique ; Lancelot apprécie son esprit souple, son goût du paradoxe et le plaisir de la discussion que les frontistes partagent...

Comment rassembler après Munich ? Bergery ne fait pas confiance aux vieux partis, et finalement semble se rapprocher du fascisme... Drieu le rejoint pour d'autres motifs, bien plus personnels, attachés à la décadence qui l'obsède, et à la force qui lui semble se dégager des fascismes.

La_Croix jeudi 8 décembre 1938

 

Le mardi 6 décembre 1938, a lieu en présence de M. de Ribbentrop et M. Bonnet la signature du Traité d'amitié franco-allemand.... Lancelot se trouve au Quai d'Orsay et vers 17h00, il est dans le salon de l'Horloge en compagnie de M. et Mme Detœuf; pour profiter d'une coupe de champagne après cette cérémonie... M de Ribbentrop - extrêmement droit - lit une déclaration en français, presque sans accent. Le ministre allemand est ensuite entouré d'une cour française impressionnante, nos ministres semblent bien seuls... Les époux Luchaire présentent leur fille Corinne, à qui L'Universum Film AG va offrir début 1939, un contrat au cachet impressionnant et des perspectives de vedettariat...

Depuis quelques temps, Eugène Feihl attaché de presse à l’ambassade s'est chargé de cadeaux faits à des personnalités françaises : distribution de stylos, étuis à cigarettes en or … Il est chargé aussi de faire savoir que l’ambassadeur allemand a reçu instruction de son gouvernement que M. de Ribbentrop ne pourrait pas rencontrer certaines personnes...

Aussi, au dîner du quai d'Orsay, où sont invités des représentants de la haute société parisienne, et les officiels du Comité France-Allemagne, sont exclus les ministres et politiques juifs...

En effet, les membres juifs du gouvernement, les ministres Jean Zay et Georges Mandel, ne furent pas invités. On dit que Mme Campinchi, Herriot, Jeannenay refusèrent d’y assister en signe de protestation.

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1936 - Le Front Populaire

Publié le par Régis Vétillard

Paul-Iribe et Coco-Chanel

Gabrielle Chasnel, après s'être fait construire sa maison ( La Pausa) à Roquebrune, décide de vivre dans une suite de l’hôtel Le Ritz, à Paris, proche de son atelier. Paul Iribe, décorateur ''art déco'' cinéaste, illustrateur, relance sa revue nationaliste et xénophobe ''Le Témoin'' ; il dessine régulièrement une ''Marianne'' sous les traits de Chanel, dont il est l'amant et qu'elle soutient financièrement. Selon Iribe, la France est livrée à ses ennemis intérieurs : les juifs étrangers, la mafia maçonnique, Thorez, Blum ...etc

En août 1935, Iribe décède brutalement chez elle à La Pausa.

 

Chanel, dans les années trente fréquente des milieux de la vie mondaine, parmi lesquels une élite pro-allemande, que Lancelot connaît comme telle : Marie-Louise Bousquet, la duchesse Antoinette d'Harcourt et Marie-Laure de Noailles en font partie, et connaissent bien le baron Dincklage, et Otto Abetz qui leur confie des anecdotes sur Hitler, et leur assure que si les juifs français poussent à la guerre, la France ne doit craindre aucune agression de l’Allemagne.

L'opinion qui se partage dans ces salons, est que l'Angleterre et l'Allemagne devraient s'entendre ; et attaquer l'Union Soviétique qui menace l'Occident.

 

Le 1er Mai 1936, Gabrielle Chanel a peur ; des milliers d'ouvriers défilent et chantent l'Internationale. Les grèves qui suivent obligent des usines à fermer, les vendeuses de sa boutique rue Cambon, ses couturières, suivent le mouvement; serait-ce l'avènement du bolchévisme ? « Vous ne me direz pas que ces gens-là n'étaient pas des malades. Je vous le dis: 1936, c'est le tournis.»

 

Dimanche soir 3 mai 1936, devant les locaux du quotidien '' Le Matin'' , les résultats des élections sont projetés sur des tableaux lumineux. Lancelot croise Jean Cavaillès, enthousiaste avec la foule, de la victoire du Front Populaire. Cavaillès connaît Simone Weil, et surtout son frère par les mathématiques.

Enfin, c'est avec Elaine, à l'écoute de '' Radio-Cité'' qu'ils suivent cette soirée électorale dans toute la France...

Dans le gouvernement du Front populaire de 1936 à 1937 ; au ministère de la Guerre, Lancelot retrouve Edouard Daladier, radical, il appelait à l'union avec la SFIO. Il plaide pour un large plan de réarmement, face à Hitler.

 

Emmanuel Mounier, reste sceptique, ce qu'il nomme « la mystique du 6 février » et ses remous, n'a rien donné; « Un grotesque carnaval de trois semaines vient de ouvrir sous le prétexte officiel d'un acte de souveraineté respectable : comment passer sans rougir le long de ces panneaux où étale une frénésie ridicule de bacchanale. » ( dans Esprit N°44, de mai 36). Cependant, Mounier adresse « un salut fraternel. aux vainqueurs dans toute la mesure où ils serviront sans asservir » ( Rassemblement populaire - Esprit N°45 juin 1936)

Mounier considère le Matérialisme comme le Mal absolu : il craint la place prépondérante du marxisme dans la coalition de gauche : « Les causes sociales et humaines dont le Front populaire se fait avocat sont les nôtres, à les prendre dans leur aspect le plus immédiat. Mais l'élément offensif de ce rassemblement, c'est aujourd'hui encore, demain si nous mettons ordre, le marxisme, c'est-à-dire une conception totale de l'homme et de l'Etat à laquelle nous ne pouvons adhérer, bien plus, que nous ne saurions que combattre en ses positions dernières, après avoir défriché tant qu'on voudra les malentendus intermédiaires comme nous avons déjà fait plusieurs reprises » ( Rassemblement populaire - Esprit N°45 juin 1936)

Denis de Rougemont, rejoint Mounier et craint que le Front Populaire soit l'affaire du parti Communiste, qui sous le nom de ''Liberté'', ne veut que « la dictature, l’étatisme et la guerre. »

Gaston Bergery, élu député du Front Populaire, avec son parti frontiste, apporte un soutien critique au Front Populaire. Bertrand de Jouvenel, se dit opposé à cette politique et rejoint cette même année , avec Drieu la Rochelle, le  Parti populaire français (PPF) créé en juin par l'ancien membre du Parti communiste Jacques Doriot, qui déclare : « Je ne veux copier ni Mussolini, ni Hitler. Je veux faire du PPF un parti de style nouveau, un parti comme aucun autre en France. Un parti au-dessus des classes (…) ».

 

Aimée Loste tenait salon, ce jour de janvier 1935, où se croisent Christiane Renault, l'épouse de l'industriel, et Drieu la Rochelle. Ils deviennent amants, et « l'ignorante » se laisse conduire : elle lit Stendhal, Giraudoux, et les romans de Drieu. En 37, initiée à la mythologie grecque, elle part en Grèce avec ''Une femme à sa Fenêtre'' ; elle assiste avec son amant à une conférence de Jacques Doriot, ils mangent tous ensemble un mois plus tard.... Mais, elle le fait réfléchir et lui se préfère au-dessus des partis. Drieu présente à Christiane, Otto Abetz.

Louis Renault, que l'on présente comme riche, puissant, brillant et brutal fait rapidement des affaires avec Hitler présent à l'Exposition internationale de l'automobile de Berlin.

Il présentera en 1939 – la Juvaquatre, voiture populaire pour s'extraire de la ville qui met en danger l'intégrité et la vitalité du peuple...

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1935 – Le danger d'une Allemagne nazie.

Publié le par Régis Vétillard

Dans les couloirs de la Chambre, et au ministère, Lancelot croise et rencontre fréquemment le député Gaston Bergery. Il a plaisir à échanger avec cet homme dont les propos sont rigoureux et rationnels. Il réussit à entraîner autour de lui des personnes un peu plus originales que les adhérents partisans des grandes organisations. A la suite de Jouvenel, Lancelot est séduit par cet homme promis certainement à un grand avenir. Conseiller général et député radical de Seine et Oise, Bergery est éditeur depuis 1933 de la revue frontiste ''La Flèche''.

Gaston Bergery

Bergery tente de promouvoir, un projet antifasciste, au-delà des partis traditionnels, et sans ceux de La Rocque qui, dit-il, prépare les français à l'acceptation du fascisme ( dans L'Europe Nouvelle, 1er déc. 1934)

Jouvenel le suit, il parle d'un rassemblement large des dissidents, jusqu'à des partisans de la Rocque qui sont déçus par la faiblesse de son programme politique et doutent de sa capacité d'homme d'état. Quelle forme donner à ce rassemblement ?

Les groupes Esprit et Ordre Nouveau sont intéressés par une troisième voie, Rougemont écrit : « une masse croissante d'hommes savent ce qu'ils ne veulent pas : la guerre, l'anarchie capitaliste, la dictature, le Comité des Forges, la diplomatie moscoutaire, le parlementarisme, la grande presse. Rien de plus frappant que cette communauté de refus à gauche et à droite. Il est temps de donner à ces troupes une volonté commune constructive à la fois contre Wendel et contre Mitvinov » (Où en est la France 1935).

Un Front Populaire, avec les communistes... ? Une idée de Staline, selon Bergery, qui se sent menacé par les allemands et les japonais. Actuellement, « un front populaire ne réunirait que des réformistes sans réforme et des révolutionnaires sans révolution ! » dit-il.

Cependant, Bergery accepte de participer au Front populaire qui se forme sur un programme ; même s'il s'attend aux élections de 1936 à un échec. Il appelle à une ''réconciliation française'' dirigée contre la classe des 200 familles... Mussolini et Hitler doivent trouver en France, un gouvernement jeune, audacieux, et ayant le sens de la grandeur... Nos nations sont sensibles aux prestige des autres...

- Mais, cela ne nous amènera t-il pas à nous mettre au diapason des fascismes ?

- Non, il nous faut sauvegarder la démocratie, et rivaliser en ardeur et en cohésion, afin d'établir avec eux une paix durable.

- Et l'alliance avec les russes ?

- Peut-être ; mais sans heurter l'Allemagne... De toute manière, le Traité de Versailles n'étant plus opératif; il serait temps d'une négociation d'ensemble …

Lancelot lui, n'a pas de doute sur les intentions guerrières d'Hitler. Au mieux on peut, éventuellement, espérer sur une chance de rester hors des nouveaux conflits qui s'annoncent...

Depuis 1933, nous connaissons le contenu de Mein Kampf, mais Hitler refuse une traduction en Français ; cependant réalisée en 1934 par Calmette. Un procès ne permet pas de la publier.

 

Comme nos renseignements nous l'avaient prédit... Prétextant du pacte franco-soviétique, les troupes allemandes occupent la Rhénanie démilitarisée, le 7 mars 1936.

Otto Abetz

 

Lancelot est également informé, des renseignements que nos services peuvent reconstituer sur des allemands présents sur le sol français, en particulier :

Otto Abetz, l'ami allemand de Jean Luchaire a épousé en 1932 sa secrétaire Suzanne de Bruyker. En 1935, Abetz qui a rejoint le NSDAP depuis 1931, est l'homme de confiance de Joachim von Ribbentrop, le conseiller officieux de Hitler pour les affaires étrangères. Agent d'influence en France, il convainc des dirigeants d'associations d'anciens combattants français, notamment Jean Goy pour l'UNC et Henri Pichot pour l'UF de fonder une association française militant pour un rapprochement franco-allemand, en jouant sur les sentiments pacifistes et anticommunistes des Français, tout en exaltant l'œuvre d'Hitler ; son nom : le Comité France-Allemagne , siège social au 94, boulevard Flandrin. Henri de Kérillis n'aura de cesse, de dénoncer les agissements du Comité, en particuliers ceux de Fernand de Brinon et d'Otto Abetz. Le gouvernement, informé bien-sûr, ne tient pas à intervenir pour ne pas fâcher l'autorité allemande.

Aux Jeux Olympiques de 1936 à Berlin, les membres du C.F.A. seront somptueusement reçus. En retour, ils vont s'efforcer de bien accueillir les allemands nazis en France...

 

Le baron von Dincklage, est attaché de presse à l’ambassade d’Allemagne, rue Huysmans. Il participe pour Berlin au financement d'une presse nationaliste et antisémite française, comme le quotidien Le Jour, fondé en 1933 par Léon Bailby.

Avant cela, en 1928, il s'est installé avec sa femme Maximiliana von Schoenebeck, à Sanary, dans le sud de la France. Un modeste village de pêcheurs, découvert par quelques artistes dont Cocteau ; et populaire chez les compatriotes de von Dincklage, pour beaucoup des exilés juifs... En 1933, il se présente comme le représentant national d’une entreprise de caisses enregistreuses, et se rend régulièrement en Allemagne.

Von Dinklage vers 1935

Le baron Dincklage prend ses fonctions à l'ambassade d'Allemagne en octobre 1933. La domestique du couple, Lucie Braun, est membre de la section française du NSDAP, et participe à alerter les services de la Sûreté ( ministère de l'intérieur). On surveille leur train de vie, deux appartements pour ceux qui se disaient réfugiés à Sanary, et on note leurs contacts avec des ingénieurs allemands qui travaillent dans des usines de la banlieue de Paris.

Une cellule nazie de deux , puis trois centaines de membres se réunit au 53, boulevard Malesherbes.

En novembre 1935, les lois de Nuremberg considère Maximilienne von Dincklage comme juive ; le baron avait anticipé et divorcé de sa femme trois mois plus tôt..

 

Le 9 octobre 1934 à Marseille, Le roi de Yougoslavie Alexandre Ier et le ministre français des Affaires étrangères, Louis Barthou, furent victimes d'un attentat commis par un nationaliste bulgare. Dincklage est soupçonné par nos services, d'avoir participé à l'organisation de l'attentat contre le roi venu soutenir la France contre l’Allemagne nazie. Dincklage quitte alors l’ambassade pour Londres, en particulier le Dorchester Hotel à Mayfair, où il retrouve Stephanie von Hohenlohe, amie intime de dirigeants nazis, propagandiste et espionne nazie.

 

Karl Heinz Bremer enseigne l’allemand à la Sorbonne et à l’École normale ; il se dit proche du parti nazi..., ami de Robert Brasillach.

Karl Epting, proche d'Otto Abetz, travaille à Paris depuis 1933, comme directeur du bureau parisien de l'« Office allemand d'échanges universitaires ». Il soutient l'auteur français Céline, et tente, dit-il, de faire connaître Voyage au bout de la nuit, en Allemagne. Il soutient à ses amis qu'une nouvelle guerre est inévitable ; justifié par le « refus permanent des droits vitaux allemands par l’Occident » et sachant que « l’interventionnisme fait apparemment partie du caractère français ». la solution ''autoritaire est la seule qui peut libérer l'Allemagne du « diktat de Versailles ». Karl Epting aime reprendre le terme allemand de '' Auseinandersetzung '' pour expliquer le rapprochement France – Allemagne ; ce terme ambiguë exprime le dialogue par la confrontation ; et «  met chacun à la place qui lui est propre » !

Friedrich Sieburg, est un auteur allemand qui a l'estime des milieux parisiens. Ainsi sa biographie de Robespierre, publiée en allemand en 1935 et presque aussitôt traduite en français chez Flammarion, par Pierre Klossowski (1936). Auparavant c'est '' Dieu est-il français ?'' (Gott in Frankreich ?), publié par Bernard Grasset en 1930, qui obtient un certain succès. En 1933, il publie ''Que l’Allemagne advienne''. Sa vision de la France est celle d'un pays, aimablement arriéré, figé dans l’esprit « latin », qui s'attribue le monopole de la civilisation, animé d’un « esprit de croisade ». En 1933, rival d'André Malraux, il eut une liaison avec Louise de Vilmorin.

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Après le 6 février 1934 - Le choix... 2

Publié le par Régis Vétillard

Gaston and Bettina Bergery 1930s

Gaston Bergery (1892-1974), est pour Lancelot, de ces personnes, qu'il connaît de vue, puis qu'il salue après s'être croisés plusieurs fois; enfin qu'il rencontre avec plaisir et avec qui la discussion sur certains sujets s'engage facilement, avec intérêt parce que les divergences exprimées n'entament pas cette franche relation qui s'installe finalement entre Lancelot et ce radical un peu plus âgé. Froid, sûr de lui, il a tendance à faire la leçon ; et Lancelot se montre réceptif à ses avis qui tranchent des positions officielles....

Bergery fréquente les salons ; plutôt dandy et en concurrence de Drieu la Rochelle ; déjà marié deux fois ; il va épouser le 5 août 1934 Mlle Elisabeth-Charlotte Shaw-Jones, assistante de la créatrice de mode Elsa Schiaparelli.

On le craint, comme si on attendait de lui quelque grande surprise... Pour Drieu, c'est un ambitieux et un modèle pour son personnage Clérences ( Gilles)

Bergery était vers 1925, directeur du cabinet d'Édouard Herriot au ministère des Affaires étrangères. Ensuite il retrouve sa profession d'avocat, et sa spécialité en droit privé international l'amène à voyager. Devenu député radical en 1928 ; il est favorable à un rapprochement avec la SFIO. Il s'alarme du racisme et de la montée des idées fascistes. Le ''6 février'' est très grave et exprime à son avis l'inquiétude des classes moyennes ; cela plaide pour une réponse ferme en particulier des radicaux pour une unité de la gauche, parti de qui il s'est senti de plus en plus en décalage, au point de voter la défiance d'une majorité à laquelle il appartient, et finalement de quitter le parti Radical en 1933.... La SFIO de Léon Blum, lui semble tout aussi archaïque.

Il souhaiterait pouvoir refonder la république, revenir aux fondements de la Révolution française ; il rejoint en cela les ''non-conformistes'' des années trente.

Il tente de créer un mouvement qui promeut la justice sociale et s'oppose au fascisme. Il rejoint en novembre 34, George Izard et constituent ensemble le Parti frontiste.

 

Des universitaires ont été aussi fortement secoués par les émeutes du 6 février 34, Paul Langevin scientifique, enseignant et militant humaniste ; fonde avec Paul Rivet ethnologue militant et le philosophe Alain, pacifiste : Le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes ( CVIA).

Alain, lycée Henri-IV, en 1932

 

Emile Chartier ( Alain est l'un de ses pseudos), est ce ''grand professeur'' du lycée Henri IV, dont on se dit fier d'avoir été son élève.

Tels, Guillaume Guindey , Raymond Aron, André Maurois, Simone Weil, ou Georges Canguilhem, un ami de Jean Cavaillès, pacifiste, qui adhère au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes.

Et, aussi, René Château, un ami de Bergery, dont on reparlera...

Après le 6 février 1934, Jeanne Alexandre et son mari, Michel Alexandre un ancien élève d'Alain, adhèrent au CVIA. Michel Alexandre est juif, ce qui dans ce contexte serait sans importance, la suite démontrera le contraire...

 

En 1934, Alain est proche de la retraite, il souffre de rhumatismes très douloureux. Pour l'heure, sa vision humaniste lui permet de défendre en même temps le pacifisme et l'anti-fascisme.

Pourquoi pacifiste ?

Chacun a en horreur ce qu'il connaît de la Grande Guerre. Préparer la guerre, ne peut qu’entraîner la fascisation des esprits, nécessaire pour soumettre l'individu aux exigences du combat.

Alain, persuadé de la force qui émane de la France, parie contre la fermeté vis à vis de l'Allemagne, contre la militarisation...

 

On dit que c'est après le 6 février 1934 que Drieu passa définitivement au fascisme.

Pour Lancelot, aussi, la soirée du 6 février 34, est un électrochoc : ce qui se passe en Allemagne, peut avoir lieu en France. Face aux difficultés financières, le slogan '' L'Allemagne paiera '' n'est plus crédible... et malgré l'antiparlementarisme ambiant ; la République n'est-elle pas en ce moment la seule garante de la démocratie... ?

 

L'interrogation de Lancelot, s'appuie sur la prégnance du discours fasciste en France, la montée des régimes totalitaires en Europe, la technicisation des réponses politiques qui feraient que le choix reviendrait à ceux qui savent ; en rejet si nécessaire des raisons d'un argumentaire humaniste.

Le communisme qui semble t-il, offre le cadre d'un engagement anti-fasciste, n'attire pas Lancelot. Première raison : le collectivisme qui asservit l'individu, et lui apparaît comme opposé aux valeurs humanistes. Le marxisme pose en valeurs : la production, le travail, le machinisme, supports d'une dictature techniciste.

Il ne s'agit pas de choisir entre une oppression de la part de quelques uns, ou une oppression de la part de la collectivité. Fascisme et communisme se rejoignent.

D'autre part, comme beaucoup de français, la peur du communisme provient de ce qui est appelé '' la cinquième colonne '' qui fait référence à une offensive guerrière où se rajoute aux colonnes attaquantes, celle - qui tel un cheval de Troie - attaque de l'intérieur : ce serait le rôle que l'on prêterait au PCF, inféodé au Komintern. L'URSS a deux objectifs, faire triompher la révolution en France, envenimer les relations entre la France et ses voisins jusqu'à la guerre, d'où son sa tentative d'exploiter la guerre civile en Espagne pour en faire un conflit européen...

 

B de Jouvenel 1938

Bertrand de Jouvenel, impressionné par cette révolte portée par les Ligues, se convainc de l'inefficacité des partis traditionnels. Il quitte le parti radical... Il propose, pour l'heure, un hebdomadaire La Lutte des jeunes, pour dénoncer la corruption du régime et servir les idées des ''non-conformistes'' ( de gauche ou de droite) vers un Etat à refonder... Vont y collaborer Jean Prévost, Henri De Man, Emmanuel Mounier, Robert Lacoste ou Pierre Drieu la Rochelle.

On y échange sur la planification et la régionalisation, le renforcement du pouvoir exécutif et un Conseil d’État en charge de la rédaction des lois... On imagine une Constituante puis un référendum. Ce serait une troisième voie entre les Ligues et le Front commun de gauche.

 

Lancelot est un peu dans l'état d'esprit exprimé par Emmanuel Mounier quand il dit qu'en créant la revue Esprit (1932) , il recherchait « un lieu où camper entre Bergson et Péguy, Maritain et Berdiaeff, Proudhon et de Man »

Chacun pensait que nous étions à la veille d'une révolution, ou du moins à l'entrée d'un monde nouveau ; et qu'il fallait conserver ce que Péguy avait défendu ; l'âme chrétienne, contre les puissances et « les violences d'argent ». Une révolution, pourrait-elle concilier le spirituel et le temporel ?

Déjà, la revue ' Esprit ' ( de E. Mounier), en janvier 34, rejette l'idéologie du parti national-socialiste d'Hitler, une doctrine irrecevable, raciste, une révolution où « le sang est le seul ferment de l'histoire », où la liberté et le ''destin personnel'' n'y ont pas leur place...

En avril 1934, Emmanuel Mounier écrit dans Esprit ; que s'il avait effectivement écrit '' ni droite - ni gauche '' ; il constate que des membres d'Ordre Nouveau qui partagent ce slogan, dérivent vers la Droite. Il constate aussi que à Gauche est le peuple qui vit ''les valeurs que nous défendons''.

 

Le Komintern puis le Parti communiste prennent conscience que le danger est, avant la social-démocratie, le nazisme. Aussi en juin 1934, le PC propose aux socialistes l'unité d'action, unité ouverte aux anti-fascistes et dons au parti radical... Maurice Thorez parle de Front populaire.

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