Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

1900

Voyage en Allemagne – Nuremberg - 2

Publié le par Perceval

Anne-Laure est invitée à une réception en l'honneur de l'impétueux empereur d'Allemagne... Plusieurs personnalités de Bavière sont présentes, ainsi que de nombreux étrangers en transit vers Bayreuth...

Anne-Laure rencontre une jeune femme qui parle très bien le français, avec qui elle va se lier... Elle s'appelle Emmy Noether, elle a alors 24 ans. Après un diplôme d'enseignante d'anglais et de français ; elle a décidée de poursuivre des études scientifiques à l’université d’Erlangen. Erlangen située à une vingtaine de kilomètres de Nürnberg, est sa ville de naissance..

Elle étudie non sans quelques difficultés l'astronomie et les mathématiques: elle doit demander la permission des professeurs pour pouvoir accéder à leurs cours ( non ouverts aux filles) … - sur lesquelles elle prépare une thèse... Ensuite, elle enseignera sans rémunération ni statut officiel.

Emmy Noether va approfondir ses recherches en algèbre abstraite (l'étude des structures algébriques) et publie des articles importants sur les idéaux (en mathématiques, un idéal est un sous-ensemble remarquable d’un anneau).

Emmy Noether va contribuer à faire évoluer l'algèbre...

C'est la ''begriffliche Mathematik'' (les mathématiques purement conceptuelles) qui caractérise Noether. Ce style de mathématiques a été adopté par d'autres mathématiciens et, après sa mort, a refleuri sous d'autres formes...

Irving Kaplansky, notamment, qualifie son article de 1921, qui donne naissance au terme d’anneau noethérien, de « révolutionnaire ». Norbert Wiener considère qu’Emmy est « la plus grande mathématicienne qui a jamais vécu, et la plus grande femme scientifique vivante, tous domaines confondus, et une savante du même niveau, au moins, que Madame Curie ». A sa mort enfin, Pavel Alexandrov dira également d’elle qu’elle était « la plus grande mathématicienne de tous les temps », quand Albert Einstein écrit au New York Times : « Fräulein Noether était le génie mathématique créatif le plus considérable produit depuis que les femmes ont eu accès aux études supérieures jusqu’à aujourd’hui. »

Le gouvernement nazi exclut les Juifs qui occupent des postes universitaires et Noether émigre alors aux États-Unis... En 1935, elle meurt d'un cancer à cinquante-trois ans.

Nürnberg album 1900-1910
Nürnberg album 1900-1910
Nürnberg album 1900-1910
Nürnberg album 1900-1910
Nürnberg album 1900-1910
Nürnberg album 1900-1910
Nürnberg album 1900-1910

Nürnberg album 1900-1910

Anne-Laure, est invitée par sa nouvelle amie, à visiter la ville de Nürnberg...

Emmy Noether, avec des amis

Et, voici ce que pourrait en noter la voyageuse en ce début de siècle …

« De toute l'Allemagne Nuremberg est la ville la plus originale, la plus curieuse à visiter. Celui qui s'y trouverait transporté comme par magie, sans avoir rien vu sur son passage, nagerait dans l'enchantement; la surprise doublerait sa jouissance. Le souvenir de Bâle, de Schaffhouse, d'Augsbourg ôte de sa nouveauté au tableau; il ne lui. ôte pas son charme. Nulle cité n'a conservé aussi entière la physionomie du moyen âge, ou plutôt de la renaissance; car peu de maisons remontent au delà du XVe siècle. Les amis de l'ogive en doivent faire leur deuil; les églises de Saint-Sebald et de Saint-Laurent les dédommageront.

(…) Ici, le musée est dans la rue; chaque maison en forme une pièce curieuse. J'ai retrouvé ces hauts pignons pointus et ces longues saillies dû toit qui m'avaient fait aimer Strasbourg. Mais il s'agit bien de pignons ! Ici, maint logis est flanqué de tourelles, couronné de créneaux, festonné de sculptures et d'arabesques. Des vignes capricieuses, s'épanouissent aux murailles; là pendent dés fruits fantastiques, des oiseaux rares voltigent, des figures joviales vous envoient une grimace ou un sourire.

(…) On peut juger de l'ancienne prospérité de la ville par le grand nombre des étages et des fenêtres; on sent qu'il y a eu là autrefois, comme aujourd'hui dans nos capitales, un énorme entassement d'individus.

Dans le labyrinthe de la ville coule une rivière, la Pegnitz. Çà et là sur son cours de vieux ponts au sommet anguleux, aux dalles disjointes, aux parapets sculptés. Pas de quai, pas un sentier sur le bord. La rivière reste enfermée entre les murailles des habitations, dont elle ronge les pilotis. Des maisons nobles, vermoulues, minées de vieillesse et d'humidité, se penchent sur l'eau ou l'enjambent par une seule arche. Dans le lit du fleuve coule une eau vaseuse, si lente qu'on en cherche quelque temps la pente; si triste qu'elle semble dire, comme du temps de Schiller : « Je suis devenue hypocondré, et ne continue de couler que parce qu'ainsi le veut la vieille coutume. »

Nuremberg est une ville fortifiée de murs épais, assis sur la roche vive; de larges fossés,- des tours énormes lui font une magnifique ceinture. Ces remparts furent de leur temps formidables; l'artillerie moderne en aurait, je crois, facilement raison. On les entretient pourtant pour le coup d’œil; chaque pierre remplacée est soigneusement noircie, et l'ensemble est toujours vénérable de vétusté.

L'intérieur du château cause une grande déception. On s'attend à voir de grandes salles d'armes, des lambris travaillés, d'énormes cheminées sculptées et blasonnées; on trouve à la place une longue enfilade de pièces parquetées, tapissées, meublées à la manière moderne.

(...)

En parlant de ses habitants, la voyageuse note que «  le souffle de l'art avait touché leurs âmes. Quelque chose de supérieur était en eux. Leur ville l'annonce assez; le moyen âge le reconnaissait : « Esprit de Nuremberg gouverne le monde, » disait le proverbe... »

Sources :  Le Danube allemand et l'Allemagne du Sud .. par Hippolyte Durand (1833-1917)...

Voir les commentaires

Voyage en Allemagne – Nuremberg

Publié le par Perceval

Dans la bibliothèque de Anne-Laure de Sallembier, j'avais repéré un ouvrage de Albert Lavignac (1846-1916) nommé '' Le voyage artistique à Bayreuth'', dans lequel je retrouvais des cartes d'hôtel qui semble signifier, que mon aïeule l'avait avec elle, lors de ce voyage en Allemagne …

L'auteur note que, par l'Orient-Express, on peut aller de Paris à Bayreuth en vingt heures. Ce train, qui laisse la gare de l'Est à six heures cinquante minutes du soir, vous met à Stuttgard le lendemain, à sept heures du ma- tin. De là, vous prenez un train pour Nuremberg. Vous arrivez à midi, et, à trois heures, vous êtes à Bayreuth.

Voyage en Allemagne – Nuremberg

Pour ma part, je suis passé par Rothenburg ( Rothenburg ob der tauber), avant de séjourner à Nuremberg.

Les rues de Rothenburg semblent appartenir à un parc d’attraction, dont le thème serait le moyen-âge des contes de fées... Pourtant, rien n'est factice : l'histoire de la ville remonte à 1070, année de la construction du premier château... Elle ne fut pas à l'abri de destructions pendant la Guerre de Trente ans, et en 1945... Et, tout fut reconstruit... La ville est toujours entourée de remparts... Avec l'architecture, on s'immerge dans l'ambiance de Noël : le musée de Noël allemand et l'immense magasin de Noël Käthe Wohlfahrt, sont ouverts toute l'année...

Ploenlein Rothenburg 1900
Rothenburg, cet été...
Rothenburg, cet été...
Rothenburg, cet été...

Rothenburg, cet été...

Aussi beau et plus intéressant, l'ensemble ancien de Nuremberg ( Nürnberg).

NURNBERG, Bavaria, Germany, 1900-1910´s

A l'entrée de la vieille ville, Le ''Grand Hôtel'' ouvert depuis 1897, apparaît comme un grand voilier, à quai près des remparts, et tout proche de la gare...

Anne-Laure de Sallembier y loge, alors qu'il vient d'être rénové et agrandi par Rudolf Lotz (1906), l’entrée principale fait face à la Bahnhofsplatz. L’hôtel comprend alors 35 incroyables suites privées …

Nuremberg devient de plus en plus un haut lieu touristique, notamment à cause du festival de Bayreuth.

 

 « Aucun pays n’est actuellement en Europe, où l’on parle plus librement, écrit en toute liberté et librement négocié qu’ici en Bavière », se réjouit le peintre Anselm von Feuerbach en 1818. Enterré à Nürnberg.

Frederic Leighton (1830-1896) - Pavonia-1859

A propos : du peintre allemand Feuerbach (1829-1880), on connaît les portraits de Nanna. Ce modèle que rencontra - avant lui - Frederic Leighton (1830-1896) : Anna Risi est alors l'épouse d'un simple cordonnier du quartier des artisans de Trastevere à Rome. En 1858, Leighton vit et peint à Rome, où il rencontre Nanna, la femme du cordonnier aux cheveux noirs et « au regard assoiffé ».

Feuerbach la rencontre en mars ou en avril 1860. Anna Risi devient sa muse et son amante, Il écrit qu'elle est le modèle qu'il cherchait ; elle est une réincarnation de la beauté antique, avec son profil grec, ses cheveux noirs; une silhouette altière. Feuerbach est tellement fasciné par elle qu'il en fait 28 portraits en six ans. 

Tandis que la relation de Leighton avec elle était platonique, Feuerbach est tombé passionnément amoureux de la belle italienne. Le sentiment est réciproque et Nanna quitte son mari et son enfant … Feuerbach la peint souvent la tête baissée, en partie dans l'ombre, des vêtements épais qu'il lui choisit...Affirme t-il sa possession - la "propriété" - de sa maîtresse... ? Feuerbach la rend passive et isolée. Leighton la décrit comme étant active et plus présente.

Anna Risi - Nanna   

Maîtresse et muse d'Anselm Feuerbach.

Après cinq ans, Nanna quitte Feuerbach pour un autre homme dont elle est aussi le modèle … . Puis, Nanna restera seule dans un état de misère... On dit que Feuerbach la reconnut plus tard en train de mendier dans les rues, pauvre et accablée. Il ne s'est pas arrêté pour l'aider. Lord Leighton, aurait-il été, lui, compatissant... ?

Revenons à Nuremberg et la Bavière...

A la suite du Congrès de Vienne,  la Bavière est devenue une monarchie constitutionnelle. La constitution du royaume de Bavière accordée en 1808, largement révisée en 1818, resta en vigueur jusqu'à la fin de la monarchie en 1918...

Touristes à la Frauenkirche, Nürnberg, 1904

Léopold de Wittelsbach était devenu régent du royaume de Bavière à la suite de la déposition de son cousin Louis II de Bavière et l'incapacité du frère de celui-ci, Othon, en 1886.

Au décès de son père, le 12 décembre 1912, Louis ( 1845-1921) lui succède comme régent. Il deviendra roi de Bavière en 1913- sous le nom de Louis III - après l'abdication du frère de Louis II, Othon Ier, roi en titre.

Le roi Louis Ier fit restaurer le château de Nuremberg à partir de 1833 par l'architecte Carl Alexander von Heideloff afin qu'il puisse y vivre en tant que souverain.

En 1866, les Hohernzollern firent une offre pour le château impérial: après sa défaite lors de la guerre de 1866, Louis II dut concéder au roi Wilhelm Ier de Prusse le droit de partager l'utilisation du «château de ses pères». L'empereur Guillaume II - Empereur d'Allemagne et roi de Prusse - a habité le château à plusieurs reprises et n'a jamais oublié de se faire appeler "Burggrave de Nuremberg".

Le château de Nuremberg est juché sur les hauteurs de la ville, avec sa haute tour ( Sinwell) la silhouette du Kaiserburg est visible depuis de nombreux points de la ville…

Ce château est présent depuis le milieu du 11e siècle… Après la montée par les rues pavées, nous atteignons de petites cours, des terrasses par lesquelles nous contemplons la ville…

A l’intérieur, de grandes salles... Elles servaient souvent de salles de réception et devaient pouvoir accueillir des centaines de personnes pour des banquets.

Voir les commentaires

Villégiature à Suresnes... -4- Un mort...

Publié le par Perceval

Pour la suite, de ce véritable vaudeville, la connaissance d'autres personnages, me semble nécessaire :

- Molaert, exégète belge, « se réclamait d’un hellénisme transcendantal, (...) parlait le cophte et le sanscrit, par surcroît, disait-il, était venu à Paris, il n’y avait pas un an dans l’intention de prêter ses lumières à la renaissance triomphale du catholicisme... Il était présentement engagé dans un duel, pour lequel il devait se préparer...

Madame Gougnol : ''la Gougnol'', est la directrice à Montmartre d’une boîte dénommée le Théâtre Fontaine ; chez qui Molaert « vécut donc chez la Gougnol des jours consolateurs de toutes les disettes et de tous les déboires passés. », alors qu'il quittait sa femme enceinte...

- Un sculpteur, ancien ami de M. Truphot, avait atterri ici : - malade, après que deux médecins se soient disputés à son chevet, c'est Morbus qui tentait de le sauver ...etc

- Morbus : le docteur ès ésotérisme, ''sauve'' non pas avec de la vulgaire thérapeutique mais avec des passes et des incantations.

Suite des extraits :

L’Exégète belge n’avait pas cru pouvoir mieux choisir qu’en désignant comme témoins, Siemans, un compatriote, et le noble comte dont le nom jetterait sur cette affaire un lustre indéniable.

- L’adversaire de Molaert est un lâche, disait Fourcamadan; le voilà qui se dérobe piteusement. Il excipe que notre client n’est plus qualifié pour faire tenir un cartel à qui que ce soit. Alors, mon cher, nous allons porter la chose devant un jury d’honneur. Et nous vous avons choisi comme arbitre.

- Que ton incorporel résiste à l’attirance du Super-Monde... Les nitidités astrales ne doivent pas encore aspirer ton entéléchie... Que l’influx de mon rayonnement diffuse dans ta dolence la luminosité du pollen cosmique et curateur...

C’était Morbus qui continuait ses passes et ses exorcismes. La cloche du dîner sonna comme il descendait enfin, très rouge, remettant en hâte la redingote qu’il avait enlevée pour gigoter bien à l’aise. Il ne pouvait pas rester, non, la Truphot lui faisait beaucoup d’honneur en l’invitant, mais après ces séances, outre qu’il était exténué, il devait se maintenir à jeun, sous peine de perdre son pouvoir de médium: car l’émanation occulte qu’il hébergeait ne pouvait entrer en contact avec de viles nourritures. Un autre jour, il se ferait un plaisir de revenir. D’ailleurs on pouvait être sans inquiétude, le malade était sauvé. Et il demanda seulement à la veuve si elle ne possédait pas, par hasard, un bout de ruban violet, un cordonnet quelconque, car il avait perdu là haut ses palmes académiques. Un mauvais tour, sans doute, de quelque esprit plaisantin. La veuve donna un vieux ruban de corset, et il partit, après avoir refait le nœud de sa rosette, en serrant les mains de J. H. et de Modeste Glaviot qui, venant du jardin, rapatriait à pas lents sa déconfiture.

On ne pouvait pas se mettre à table, car la comtesse et Sarigue ne s’étaient pas encore fait paraître. Puis la cloche du dîner n’avait pas ramené non plus Siemans qui était allé faire un tour durant l’après-midi. Il sonna enfin, accompagné de Molaert lui-même, qu’il amenait dîner, tous deux les bras encombrés d’articles d’escrime, fleurets, masques, plastrons, gants à crispin, sandales. Ils avaient même une boîte de pistolets de combat.

- Demain, dès la première heure, dit Siemans à J. H., nous allons faire des armes; il faut que Molaert s’entraîne dur et puis quand il sera sûr de son coup, il giflera en plein café le bonhomme de la Gougnol qui est cause de tout; alors celui-ci sera bien forcé de marcher.

Ce dont il ne se vanta point, c’était d’une scène affreuse dont ils avaient été victimes près des cafés du pont. Ils s’étaient heurtés subitement à la femme de Molaert qui avait dû, pour ne pas périr de faim, utiliser sa maternité en se plaçant comme nourrice dans une famille bourgeoise. A la vue de son mari elle avait laissé là l’enfantelet qu’elle poussait dans une petite voiture et s’était jetée les ongles en avant à la face du Belge. Tout en prenant les consommateurs des terrasses à témoins, elle l’avait traité de sale entretenu, de marlou, etc.

- Si ce n’est pas une indignité, hurlait-elle, moi qui suis d’une bonne famille, dont le père est commandant de la garde civique à Molenbeck, je suis obligée de vendre mon lait, pendant que ce cochon, mon mari, vit aux crochets d’une gaupe...

Les deux hommes avaient dû fuir sous une averse de huées et devant l’approche des torgnoles, car la foule avait pris parti pour la femme. Siemans et Molaert en étaient blêmes encore.

Comme le couple Sarigue ne descendait toujours pas, la Truphot monta frapper à leur porte en les traitant de paresseux. Au bout d’un quart d’heure, on les vit venir, les yeux battus, les joues vernissées par la salive et les succions d’amour, mais très dignes l’un et l’autre. Alors une scène inénarrable eut lieu. A leur vue, la veuve entra en ébullition; une flambée de pourpre irradia sa face parcheminée, cependant que des frissons secouaient son buste maigre. La tête penchée en avant, elle avançait et dérobait le cou, cherchant sans doute à ramener du fond de sa gorge une salive que l’émotion avait fait disparaître.

Et tout à coup, elle se précipita, se rua sur eux, les flairant, les frôlant avec des délices visibles, leur prenant les mains, les approchant pour les réunir, après avoir dessiné dans l’air un geste qui commandait le silence. Alors, debout devant eux elle se mit à détailler d’une voix volubile quoique chevrotante tous les défauts du comte de Fourcamadan. Leur sort l’attendrissait, elle, qui voulait voir tout le monde heureux; elle qui ne pouvait souffrir, près de soi, le marasme sentimental des gens ayant mal convolé. Et son émoi était tel que ses phrases s’entrecoupaient d’une abondante larmitation. Oui, le mari était joueur, coureur et quelque peu aigrefin. Par surcroît, il avait des maîtresses, toutes les souillons des petits théâtres montmartrois qu’il entretenait avec l’argent soutiré à sa belle-mère. Certes, la comtesse qui était jeune ne pouvait consentir à lier pour toujours sa vie à celle d’un si triste monsieur. Par miracle, elle avait rencontré Sarigue, un cœur généreux et chevaleresque qui avait beaucoup souffert, mais que le malheur avait ennobli. Dignes, ils étaient l’un de l’autre. Et, elle, la Truphot, aurait la consolation d’avoir coopéré à réparer une monstrueuse iniquité du sort, de leur avoir donné le bonheur. Oui, leur mère leur avait octroyé la vie sans savoir; elle les gratifiait du bonheur, ce qui était bien davantage... Désormais,[194] s’ils n’étaient point des ingrats, ils n’oublieraient pas sa maison...

Elle fit une pause, pendant laquelle elle étancha son ruissellement, puis brusquement questionna:

- Voulez vous être fiancés par moi? Voulez-vous, devant nous tous, prendre l’engagement définitif d’être l’un à l’autre jusqu’à la mort, en attendant que j’aide de tout mon pouvoir au divorce que nous sommes assurés d’obtenir?...

La comtesse et Andoche Sarigue, enchantés de leur essai préalable, se regardèrent. L’oariste entre ces deux futurs époux fut très court. Un sourire marqua la bonne opinion qu’ils avaient l’un de l’autre et la haute estime en laquelle ils tenaient leur savoir et leur entraînement réciproques. Spontanément, lui, d’une voix chaude, et elle, la fiancée, d’une voix timide, répondirent oui.

La paranymphe, alors, se dressa sur les pointes, se recueillit un moment et fit sur leur tête circuler ses bras osseux, en un geste de bénédiction digne de l’antique. Puis elle leur donna la double accolade, durant que J. H., Siemans, Modeste Glaviot et Molaert venaient, à tour de rôle, féliciter les deux amants, que la Truphot avait promis l’un à l’autre avec non moins de dignité que son mari pouvait en avoir mis jadis à distribuer l’hyménée légal.

 

En ce moment, Justine, la bonne, dépêchée près du malade revint dire qu’il était très tranquille, apaisé désormais, les paupières closes et les doigts roulant les draps de son lit, d’un geste machinal et continuel.

Le dîner auquel Madame Laurent, qui préparait son départ, n’assista pas, fut morne bien qu’un peloton de bouteilles de crus notoires constituassent un abreuvoir stimulant. Siemans, seul, était à nouveau placé devant sa fiole de lait cacheté, car il ne buvait que du lait pour ne pas abîmer son teint ni la roseur de ses branchies. La veuve et Modeste Glaviot paraissaient maintenant accablés. Aussi, dans l’espoir d’écarter l’idée qui pourrait leur venir à l’un et à l’autre d’atténuer l’amertume de leurs pensées en s’appariant et en couchant ensemble, Jules H. déclencha une faconde inaccoutumée.

Il donna la réplique à la comtesse de Fourcamadan que ses dislocations passionnelles avaient mise en veine, à l’encontre de Sarigue, et qui citait des calembours de son mari,—la seule chose qu’elle regretterait de lui, affirmait-elle. Tous deux réhabilitaient le vaudeville que l’Odéon, du reste, venait de rénover. Mais ils tombèrent d’accord pour honnir le drame ibsénien. La comtesse énonça qu’elle n’avait jamais pu supporter la pièce de Bjornston, où «je vous le demande un peu, sept jeunes femmes viennent affirmer à la queue leu leu qu’elles ont perdu la foi» et le gendelettre lui donna raison. Il voua «le génie fuligineux du Nord» à la réprobation des artistes et des gens de goût. Puis tous deux, par ricochet, se mirent à esquinter Verlaine et à exalter Rostand et Alfred Capus, deux talents bien français au moins ceux-là, et qui avaient réalisé ce tour de force de conquérir le public, de lui nouer les entrailles d’une émotion de bon aloi, en répudiant la langue française et tout esprit inventif. Jules H., aussi, avait trouvé un solécisme dans Baudelaire et un autre dans Mallarmé. Glorioleux il les signala. L’auteur des Fleurs du mal avait écrit dans sa préface: «Quoi qu’il ne pousse ni grands gestes ni grands cris.» Mallarmé dans les Fenêtres parlait «d’azur bleu». Molaert fut, lui aussi, très verbeux. Il expliqua que le sort l’ayant uni à une femme sans culture, à un être fruste, à un « tas quasi informe de vile matière », qui ne comprenait point l’ascèse des pures intelligences vers les sublimités mystiques, il avait dû s’en séparer. La Providence, alors, l’avait fait entrer en conjonction avec Madame Gougnol, un noble esprit, qu’il avait ramené à Dieu, après lui avoir ouvert les yeux sur les splendeurs chrétiennes.

Tous les deux désormais voulaient vivre d’une existence liliale, dans la contemplation sereine des mystères catholiques, purifiant, rédimant leurs corps souillés, par la flamme ravageante et délicieuse que coulerait en leur être la continuelle lecture, la patiente méditation des textes inspirés. Certes, leurs corps étaient toujours peccables; ils n’étaient point arrivés à conquérir d’un coup l’abstraction des basses attirances, mais avant peu, ils n’auraient plus d’autre contact que les effusions purement spirituelles. Déjà, Madame Gougnol avait chassé la volupté des rapprochements sexuels: elle n’éprouvait plus d’autre joie que d’apaiser son ami encore tenaillé, lui, par l’esprit du mal et les affres de la concupiscence charnelle. Si l’un d’entre eux avait pu sortir ainsi du cycle scélérat où le Malin tient l’humanité prisonnière, c’était une preuve manifeste que Dieu veillait et leur avait conféré la Grâce. Sa guérison à lui n’était qu’une affaire de temps, et ils entreraient sûrement dans la gloire sereine des prédestinés. Ce ne serait plus alors que l’embrassement de deux esprits victorieux, le coït immarcescible des âmes.... Et il citait Ruysbroëke l’admirable, évoquait sainte Thérèse, Marie d’Agréda, saint Alphonse de Liguori, Angèle de Foligno. Mais, comme il finissait d’élucider son ichtyomorphie à l’aide de saint Thomas d’Aquin, la femme de chambre survint, terrifiée.

- Madame! madame! il est mort! cria-t-elle, effondrée tout à coup sur une chaise, dans une crise nerveuse, pendant que des pleurs convulsifs glougloutaient sur sa grosse face ridée. On courut voir. En effet, le pauvre diable de typhique était trépassé, et, maintenant, la bouche crispée, ses paupières ouvertes montrant la sclérotique jaunâtre des yeux révulsés, il s’agrippait aux draps qu’avait roulés en boudins, pendant une heure, son tic acharné de moribond.

Cela jeta un froid. Modeste Glaviot, Sarigue et la comtesse parlaient de s’en aller et complotaient même leur départ à l’anglaise, d’autant plus que l’endroit était contaminé et que le coli-bacille devait pérégriner bien à l’aise dans cette maison sans antisepsie. Cependant la Truphot fut à la hauteur des circonstances. Elle exigea qu’on la laissât seule après qu’on eût apporté deux bougies, le rameau de buis et le grand crucifix de sa chambre. Alors, elle tomba à genoux et pria longuement, puis quand elle se fut relevée, sanglotante et toute émérillonnée par les larmes, elle manda Siemans et lui enjoignit de courir à l’église, de s’adresser à l’abbé Pétrevent, son confesseur, de le prier de venir et de lui rapporter de l’eau bénite. Elle voulait que le défunt reçût le sacrement pour n’avoir rien à se reprocher. Car Dieu est une Entité très formaliste, il exige que les nouveau-nés, pour être rachetés, soient saupoudrés de sel et traités telle une entrecôte, et il n’accueille les morts, dans les dortoirs de l’au-delà, que si ces derniers ont été préalablement assaisonnés d’huile et accommodés ainsi qu’une escarole. Mais Siemans préféra charger Jules H. de la commission, dans la crainte de rencontrer la femme de Molaert qui avait déclaré « qu’elle saurait bien les retrouver », lorsqu’ils galopaient tous les deux.

Justement, comme le prosifère ouvrait la porte, une femme exagérément mamelue, coiffée d’un bonnet tuyauté auquel pendait un grand ruban outre-mer, en tablier blanc à poches que gonflait l’hypertrophie de deux énormes mouchoirs ayant dû servir dans la journée à torcher l’enfançon, surgit à l’improviste et irrupta dans la maison. Elle vociférait avec un fort accent belge.

- Où est-il ce sale maq.... cette ordure qui m’a jetée dehors pour se faire entretenir par une guenuche... Je veux l’étrangler... sayes-tu... Il fallut que la Truphot, dont la maigre natte grise s’était dénouée dans son émotion et coulait derrière son dos, à peine plus grosse qu’un lacet de soulier, lui expliquât qu’il y avait un mort dans la maison, lui promît de s’occuper d’elle et lui donnât vingt francs pour qu’elle consentît à s’expédier dans les lointains.

Toute la maisonnée finit par se réfugier dans le salon, après avoir décidé que les deux bonnes passeraient la nuit près du mort et le veilleraient à tour de rôle. La cuisinière devait leur préparer du café véhément; de plus une demi-bouteille de rhum Saint-James et un paquet de cigarettes leur seraient attribués, car les bonnes, chez Madame Truphot, qui n’était pas une bourgeoise selon qu’elle aimait à le déclarer souvent, avaient le loisir de fumer le pétun comme leur maîtresse après chacun de ses repas. Mais elles furent en partie exonérées de cette corvée. Au chevet du décédé elles trouvèrent Madame Laurent qui veillait silencieuse. Malgré tout son désir de quitter cette sentine, elle n’avait pas cru devoir se dérober devant cet hommage à la douleur humaine et à la majesté de la mort.

Le salon, qui attenait à la salle à manger et ouvrait aussi sur le jardin, était, comme toutes les autres pièces, meublé de vieilleries et de rogatons d’un bric-à-brac sans discernement. Des guéridons Louis XVI, pieds-bots et vermiculés, faisaient face à des consoles Louis Philippe, d’un acajou semé de dartres; des fauteuils pompadour en faux aubusson alignaient leurs marquises en casaquins, que les mouches et les mites avaient variolées; un canapé hargneux s’embossait dans un angle pour mieux travailler la croupe du visiteur de ses pointes sournoises dissimulées sous une soie enduite de tous les sédiments humains. Une vieille tapisserie, acquise pour cinq louis à l’Hôtel des Ventes, devant laquelle, sans doute, des générations et des générations de hobereaux et de bourgeois avaient flatulé et mis à jour, à la fin des repas, toute l’imbécillité congénitale dont ils étaient détenteurs, pendait lamentable, et évacuait sa scène flamande, par la multitude polychrome de ses ficelles désagrégées. Puis c’était un invraisemblable fouillis d’abat-jour en dentelles huileuses, de lampes dignes de la préhistoire, un chaos de terres cuites atteintes de maladies de peau, dont la plastique avait succombé dans les successifs déménagements, qui se poussaient partout, haut-dressées sur des selles. Et derrière tout cela, les chiens de Madame Truphot, Moka, Sapho, Spot et Nénette, qui couchaient dans la pièce, circulaient hypocritement, flairant le pied des meubles et levant la patte sur les étoffes suppurentes et dans les coins d’ombre propice.

A suivre : Les Esprits, le mari...

Voir les commentaires

Villégiature à Suresnes... -1/5-

Publié le par Perceval

En cinq articles, je vous propose une ''récréation estivale'', avec ce récit extravagant, drôle, et typique - dans un milieu d'écrivains qui n'ont pas froid au yeux - d'une ''Belle Epoque'' plus vraie que nature ...

Ce texte qui suit, est l'un des extraits recopiés par Anne-Laure de Sallembier, qui proviendrait d'un manuscrit ou d'anecdotes qui lui auraient été rapportées... Des ''gens de lettres '' pourraient se reconnaître … dit-elle : aussi, les noms, ont été modifiés, pour n'offenser personne....

 

Pour faciliter la lecture de ces extraits, je présente quelques uns des protagonistes de ce récit '' à clés '', puisqu’ils font allusions à des personnalités connues ...

- Madame Truphot, ( qualifiée par le narrateur de '' la Truphot'' ou même de ''vieille femme''; son amant - Siemans - étant bien plus jeune qu'elle... ; à l'inverse du couple Laurent )... Le gros Siemans, est un Belge à la face poupine, qui rêve d'épouser '' la vieille'' …  « Il avait gagné sa fortune à écrire des partitions avec son beau-frère, le compositeur—car sa sœur avait épousé un vague maëstro roumain qui pastichait Wagner et intriguait pour accéder à l’Opéra-Comique. »

- Marie-Louise Laurent, ou Madame Laurent, nommée ici parfois ''la femme de l'auteur dramatique''...

- Jules H. ou ''gendelettre'' : il « avait débuté dans les lettres par un livre qu’il avait intitulé: Drames dans la Pénombre. Sa prose chassieuse et la molle pétarade de ses métaphores ataxiques y faisaient sommation à la Vie, aux Êtres, aux Choses, à l’Univers lui-même, de livrer, sur l’heure, l’atroce mystère de leur Absolu, non moins que l’incognescible de leurs Futurs et de leurs Au-delà. Il est inutile d’ajouter que tout ce qui vient d’être énuméré n’avait rien révélé du tout, hormis la seule inanité de l’auteur. »

Jules H. écrivain ''en peine'', est un habitué du cénacle de Madame Truphot, rue de Fleurus, qui, « deux fois par semaine, traitait des peintres, des orateurs, des gens de lettres et toutes sortes d’autres phénomènes. Peut-être de ce côté-là, y avait-il quelque chose à espérer. L’événement imprévu, la circonstance fortuite qui le tirerait d’affaire pouvait se produire dans ce milieu. Cependant il ne spéculait sur rien de précis, n’arrivait pas à fixer ni même à formuler son espoir. Enfin, il se tiendrait aux aguets de la moindre conjoncture. On verrait bien. Et il se représentait la femme, repassait son curriculum. »

Jules « était décidé; il coucherait avec la Truphot au premier soir. Ah! certes, ce n’était pas par débordement libidineux qu’il consentait à la chose; on ne pouvait pas espérer de la veuve des nuits dignes de l’antique Babylone, mais enfin, cela serait toujours plus rémunérateur que la littérature. Ainsi, il gagnerait loyalement la pension qu’elle lui avait fait entrevoir et qu’il ne pouvait plus espérer, puisqu’il avait raté Madame Laurent. D’ailleurs, s’il parvenait à supplanter Siemans, sa situation serait assise pour toujours, car il irait jusqu’à épouser la veuve s’il le fallait. »

- Le Comte de Fourcamadan, « comte indiscutable à son dire et irréfragablement apparenté, nous devons le croire, aux plus augustes familles et même à un duc de l’Académie, qui trouvait le moyen de notifier à la société son lustre indéniable d’ancien lieutenant de vaisseau. Chaque mortel, en effet, après deux minutes de conversation avec ce fils des croisés, ne pouvait plus ignorer que, sorti du Borda, il avait été promu, au bout de quelques années, à la dignité d’aide de camp de l’amiral Aube, mais qu’il lui avait fallu briser sa carrière et quitter la marine à la suite d’un duel retentissant avec le prince Murat. » (…)

« Sans un décime d’avoir personnel, d’ailleurs, après une vie affreuse de bohème, après avoir été courtier au service d’un marchand de papiers peints, après avoir vendu dans Paris aux mercières désassorties des boîtes de carton pour leurs rubans ou leurs collections de boutons de culotte, il avait fini par épouser, à Béziers, la dernière descendante d’une lignée de négociants en graines oléagineuses, qu’avait esbrouffée le titre de comte dont il se réclamait.

- J’ai épousé ma cousine, disait-il à tous venants. Ma cousine qui est par les Montlignon et les Boisrobert.... une brave fille et qui ne crache pas dessus.... achevait-il, avec un sourire égrillard et une claque sur l’épaule de l’interlocuteur, car M. de Fourcamadan, désireux de rénover les meilleures traditions aristocratiques, estimait congru d’initier le prochain au tempérament de sa conjointe. »

- « Andoche Sarigue, un grand garçon sec et blond, au nonchaloir affecté... » : « Un matin du printemps de 1890, on l’avait trouvé dans la chambre à coucher d’une villa du littoral algérien, la joue éraflée d’une égratignure, faisant de son mieux pour répandre des hémorrhagies apitoyantes et copieuses, et simulant des râles d’agonie près du cadavre de la femme d’un protestant notable de l’endroit, réputée jusque-là pour son rigorisme et son horreur des illégitimes fornications. L’épouse du momier, d’une beauté péremptoire quoique déjà aoûtée, avantagée par surcroît d’une fortune impressionnante, avait le front fracassé d’une balle et, préalablement à la minute où elle fut décervelée par Andoche Sarigue, elle avait répudié ses derniers linges: ce qui est un sacrifice conséquent, comme on sait, pour les personnes conseillées par Calvin. De ce dernier fait, l’assassin argua la passion, la frénésie sentimentale et charnelle qui peuvent, à la rigueur, précipiter dans ce que le bourgeois appelle l’inconduite, les mères de famille jusque là placides et que la quarantaine semble avoir mises hors l’amour. ( ….) Il avait expliqué que les voluptés cardiaques ou génésiques n’étaient pas suffisantes pour le couple sublime qu’ils formaient tous deux; qu’ils avaient décidé d’y surajouter celle de la mort, que la conjonction dans le néant avait été résolue d’une commune entente, mais qu’après avoir tué froidement la malheureuse, la Fatalité avait voulu qu’il se manquât, à la minute suprême.

Ah! il ne s’était pas fait grand mal; il ne s’était pas dangereusement blessé, lui. Non, le revolver s’était senti sans entrain pour saccager une peau d’amant aussi reluisante, et, c’est à peine, si au lieu de cervelle—en admettant qu’il en possédât une—il s’était fait sauter quelques poils de la moustache. Il avait fait cinq ans de bagne sur les huit qui lui furent octroyés et, maintenant, il cuvait son désespoir et promenait son âme inconsolablement endeuillée (…) Très couru d’ailleurs, il était l’amant inquiétant et trouble, le survivant tragique d’une épopée de traversin, et il procurait le frisson romantique dans le XVIIIe arrondissement et les alcoves mieux famées où l’épiderme sans imprévu des agents de change est devenu insupportable. Un grand journal du matin s’était même attaché sa collaboration et, plusieurs fois par semaine, ce cabot de l’assassinat passionnel, plus vil et plus lâche, certes, que le dernier des chourineurs, car il avait histrionné dans le suicide et dupé sa maîtresse avec les contorsions d’un Hernani de sous-préfecture, ce grimacier algérien notifiait la Beauté et l’Amour à deux cent mille individus. »

- Modeste Glaviot, est l'un des invités ordinaires de madame Truphot, - célèbre auteur des Merdiloques du déshérité - il peut débiter, sur les onze heures, un monologue inédit, au Cabaret des Nyctalopes, rue Champollion... Le narrateur, ici, le nomme ''le pître'' sensationnel ou le ''grimacier'' ; pour lui toutes les femmes minaudent, en des poses avantageuses, dans l’espoir d’être chacune remarquées...

« Modeste Glaviot est grand, très grand, avec un teint de panari pas mûr et une tête élégiaque de Pranzini sans ouvrage. » « Ce sordide grimacier des plus basses farces atellanes avait vécu longtemps dans les milieux réfractaires, et, un beau jour, la tentation lui était venue de jaculer, lui aussi, une déjection nouvelle sur la face du Pauvre, du Grelottant et de l’Affamé, sur lequel il est de mode aujourd’hui, pour les pires requins, d’essuyer avec attendrissement les mucilages de leur nageoire caudale. La chose a été inventée, jadis, par Jean Richepin, qui chanta «les Gueux» et qui riche depuis, pourvu de tout ce que l’aise bourgeoise peut conférer d’abjection à l’artiste parvenu, fit condamner, il n’y a pas deux ans, un malheureux chemineau qui s’était hasardé à éprouver la sincérité du Maître en cambriolant son poulailler. Six mois de prison enseignèrent à ce pauvre diable qu’on peut chanter, en alexandrins monnayables, la liberté farouche, la flibuste pittoresque et les menues rapines des outlaws et trouver intolérables ces sortes de comportements lorsqu’il leur arrive d’attenter à une personnelle propriété acquise à force de génie. »

Par exemple, je peux révéler, que Jehan Rictus (1867-1933) s'est ici reconnu : poète français, célèbre pour ses œuvres composées dans la langue du peuple du Paris de son époque ; tel Les Soliloques du Pauvre...

Extraits : ..« (…)

Entrée en matière … à Paris, dans le salon de Madame Truphot.

Madame Truphot, débarrassée du mari, avait réalisé un rêve longtemps caressé. Elle avait ouvert un salon littéraire. Le symbolisme alors battait son plein... (…)

Madame Truphot fut donc préraphaélite ardemment.  (…)

Après quelque résistance, le Sar Péladan, coiffé d’une brassée de copeaux à la sépia, d’une bottelée de paille de fer, le Sar Péladan, lui-même, finit par céder et, pendant une année, honora son logis de ses pellicules et de ses oreilles en forme d’ailes d’engoulevent. Grâce à ses bons soins, la veuve fut, sur l’heure, immatriculée dans la religion de la Beauté et n’ignora plus tout ce que le Saint Jean du Vinci ou la sodomie vénale dérobe aux profanes de splendeurs cachées.

Son argent et sa personne furent, longtemps, l’âme du salon des Rose-Croix où elle figura sous les apparences d’une Salomé maigre;

(...)

A cet endroit de son discours, la Truphot se levait et, s’emparant délibérément du bras de Jules H., elle le forçait à arpenter la pièce à son côté, puis volubile:

- Mon petit, j’ai décidé que vous seriez l’amant de Madame Laurent et cela, dès demain, car c’est tout simplement une indignité, Laurent a dix-huit ans de plus que sa femme qui n’en a pas vingt-cinq, elle; or, cela ne peut durer, il faut à toute force rompre une pareille union. La pauvre petite ne peut pas, ne doit pas aimer son mari. Je l’ai deviné. Or, moi, je veux que tous ceux qui m’entourent soient heureux. L’amour seul vaut de vivre n’est-ce pas? Et puis il y a des caractères qui ne savent pas vouloir: il faut les placer devant le fait accompli et aller ainsi au devant de leurs secrètes aspirations. C’est le cas de Madame Laurent, j’en suis sûre....

Un peu ahuri par cette proposition quasi-injonctive... (...)

Oui, nous pouvons, vous et moi, réparer une grande injustice, une des pires de la vie et du Destin: libérer une jeune femme d’un homme déjà vieux. Je fais appel à votre caractère chevaleresque. D’ailleurs, vous allez passer des jours sans rancœur. Ah! mon cher! Quels yeux! quelle plastique! une gorge à déchaponner un sénateur inamovible, comme dit mon scélérat de coiffeur... Et puis, si vous réussissez, ce qui n’est pas douteux, ma maison est à vous, vous en pourrez disposer, car vous n’avez pas de garçonnière... hein? Les garnis sont coûteux et si répugnants, n’est-ce pas?...

- C’est entendu, dites, vous voulez bien?... Ah! quelle bonne odeur, quel charme cela mettra dans ma maison si triste parfois... Une odeur d’amour, la meilleure brise pour parfumer l’existence... Vous me connaissez, j’adore qu’on s’aime autour de moi... Mon Dieu! Entendre le bruit des baisers! voir des caresses! pressentir les étreintes voisines! C’est jeter un défi victorieux à la mort et c’est ne plus vieillir... Aussi, avec moi, pas de fausse honte, pas de gène ridicule. Si vous avez besoin d’argent, un signe, et je suis à votre disposition. Du reste je m’arrangerai avec Madame votre mère pour qu’à partir d’aujourd’hui vous ne lui coûtiez plus un sou...

(...)

Jules H., placé à côté de Madame Laurent, venait d’épuiser le lot de ses comparaisons favorables et de ses épithètes avantageuses. Présentement, il n’avait plus à sa disposition un seul vocable littéraire pour exprimer l’extraordinaire couleur des prunelles de sa voisine. Après l’avoir successivement confrontée à Bethsabée, à Cléopâtre, à la reine de Saba, elle-même, après s’être porté garant qu’elle ravalait, par simple comparaison, les fées Mélusine, Viviane ou Urgande, après avoir affirmé qu’elle détenait des yeux comme il devait en brasiller jadis, dans les coins d’ombre de l’Alhambra, palais des rois Maures, il restait coi, effroyablement muet, et, de la prunelle, faisait le tour de la table comme pour implorer quelque improbable et mystérieux secours. ...

 

- Monsieur, je vous en prie, lui dit la femme de l’auteur dramatique, amusée de son désarroi et trop parisienne pour le laisser barboter en paix dans les marécages de sa maladive sottise; il vous reste encore les évocations stellaires, les étoiles et les météores, les soleils et les comètes. Ne me jugez-vous pas digne de ces dernières? Il y en a justement une au zénith en ce moment.

Cette pointe éberlua encore un peu plus le malheureux Jules H., qui disparut cette fois dans l’hébétude comme si un boulet de 80 l’eût tiré par les pieds. Pour toute réponse, il ouvrit et ferma convulsivement les yeux, se démena frénétiquement sur son siège, avec la grâce d’un jeune pingouin qui se serait laissé choir sur quelque hypocrite harpon. Madame Laurent, renversée au dossier de sa chaise, riait maintenant d’un rire cristallin et cruel dont les fusées railleuses perforaient le lamentable gendelettre qui, les paupières closes et la bouche pincée, s’enfonçait les ongles dans les cuisses pour se punir, sans doute, d’être à ce point idiot. Certes, il aurait dû prévoir la chose: cette femme l’impressionnait trop pour qu’il pût jamais la conquérir. 

(...)

Mais Madame Truphot avait vu la scène et avait assisté à l’effondrement du malheureux. Elle haussa les épaules, eut une lippe de pitié. Un homme qui, en une heure, n’était pas capable de se faire agréer d’une femme n’était qu’un imbécile ou un castrat pour elle. Elle décida que, désormais, Jules H. serait réservé pour ses bonnes, puisqu’il n’était bon qu’à cela.

Et elle se frotta avec plus d’insistance à son voisin de gauche, à Sarigue, un grand garçon sec et blond, au nonchaloir affecté, qui s’efforçait de maintenir son masque au point voulu de mélancolie et de byronisme, comme il sied à un mortel sur qui pesa le Fatum, selon une expression de lui favorisée.

A suivre : ….Chez la Truphot, on ''décamérone''... !

 

Voir les commentaires

Fin du siècle – La vie mondaine -1-

Publié le par Perceval

Élisabeth de Gramont en 1889. ( Nadar)

Dans le cercle restreint de cette géographie politique, Anne-Laure rencontre, celle qui deviendra l'une de ses amies : Élisabeth de Gramont (1875-1954)

En effet, Albert de Mun, a pour cousine, Élisabeth de Gramont, duchesse de Clermont-Tonnerre. De plus, le frère d'Albert : Robert de Mun, a épousé le tante de la duchesse, Jeanne de Gramont.

Si Albert de Mun, joue le ''père la rigueur'', Élisabeth lui rappelle, qu'il ne fut pas toujours exemplaire, des études médiocres, puis après sa sortie de Saint-Cyr, il sert dans les cuirassiers en Algérie (1862-1867) ; il y mène dit-on joyeuse vie.... Lors de la guerre, il est capturé à Metz, et emmené en captivité à Aix-la-Chapelle avec son ami René de La Tour du Pin, rencontré sur le champ de bataille de Rezonville. Prisonniers sur parole, les deux hommes partagent le même désarroi devant la défaite...

A 26 ans, il épouse sa jolie cousine ( au troisième degré ) Mlle Simone d'Andlau... Son père était comte de Briouze, seigneur de Mesnil-Jean et de Sainte-Marie. Il avait conjoint à cet héritage celui de sa mère, héritière de la baronnie de Cuy, à l'âge de huit ans, toutes terres situées dans l'Orne....

Albert de Mun

Cependant, le couple n'hérite d'aucune terre, d'aucun château... Ils mènent une vie sage et bourgeoise... Albert de Mun, à la fin du siècle, se targue de l'élégance avec laquelle son épouse «vêtue d'une simple robe noire» et indifférente aux lorgnette des loges puisse aller s'asseoir au parterre de l'Opéra, ce que madame Verdurin n'aurait jamais imaginé.... !

Pourtant, depuis le second empire, on considère que les salons aristocratiques et même de la cour impériale, entretiennent une vie dissolue. C'est aussi en cela que voulait se distinguer le célèbre salon de Juliette Adam... Il était devenu l’un des principaux salons républicains de Paris et il a joué un rôle important dans la vie politique française. Au salon du boulevard Poissonnière se rencontraient hebdomadairement certains des plus importants hommes politiques républicains. L’hôte le plus influent fut sûrement Léon Gambetta, ami d’Edmond Adam, qui instaura aussi une relation très amicale avec Juliette Adam ; jusqu'à ce que Gambetta semblât montrer des signes de sympathie envers l’Allemagne de Bismarck... Ce fut l'un des éléments de la rupture entre le « tribun » et son ancienne « égérie ». Le ''mythe'' de Juliette Adam : '' la grande française'' n'a cessé de se développer...

 

Si Juliette Adam avait été très proche d’Émile Girardin (1802-1881)... ''La Revue des deux Mondes'', avait des sympathies orléanistes. Le Directeur de la revue est Ferdinand Brunetière (1849-1906). Antidreyfusard, mais non antisémite : il publie en 1886 une réfutation ferme de La France juive, de Drumont, il accuse, en 1898, les intellectuels dreyfusards de se dévoyer... Son amie Flore Singer - importante salonnière de Paris - dreyfusarde, tente à plusieurs reprises de lui faire changer de position...

Dans l'intimité des salons, et du cercle restreint de l'aristocratie ; parcourons le Paris mondain...

Si, Anne-Laure se dit l'amie d’Élisabeth de Gramont (1875-1954), Elisabeth est la fille d'Agénor et de sa première épouse, et la demi-sœur d' Armand de Gramont (1879-1962) duc de Guiche, ami de Marcel Proust (1871-1922), marié avec la fille d'Elisabeth de Caraman-Chimay Greffulhe qui règne sur le tout-Paris... D'ailleurs la duchesse publiera un livre en souvenir de son amitié avec Marcel Proust qu'elle a côtoyé jusqu'à la fin. Dans ses Mémoires, elle évoquera nombre de personnes qui inspirèrent Proust pour À la recherche du temps perdu.

acquise par la baronne de Poilly


 

Ainsi, Anne-Laure a connu la baronne de Poilly : Annette du Hallays-Coëtquen (1831-1905), une égérie du Second-Empire... A 14 ans le comte de Brigode l'avait demandée en mariage, qu'elle épousa trois ans plus tard... Elle devint vite veuve (1859), libre et sans frein d'aucune sorte … Elle s'investit dans son salon, au 50, avenue des Champs-Élysées...

Qui ne rêve de se rencontrer autour d'un foyer de vie et de beauté... ? Les plus habitués du salon, furent le docteur Albert Robin, le ''connétable '' Barbey d'Aurevilly, un jeune poète François Coppée, Edmond de Polignac, et Paul Bourget... Elle est une des meilleures amies de Judith Gautier ( la fille de Théophile). La belle se remarie avec le baron de Poilly (1860) qui décède deux plus tard...

chez la baronne de Poilly

On dit qu'elle aima l'amour sans fausse honte... Dame d'honneur de l'impératrice, on raconte qu'elle tenta de ''dégeler'' Louis II lors d'une fête aux Tuileries (1867), en vain … Dans son salon, on pouvait rencontrer les fameux docteurs Robin et Pozzi auréolés d'avoir connu bibliquement Sarah Bernhard (1844-1923), Guy de Maupassant en quête de documents vécus, et le jeune Paul Deschanel toujours admirablement bichonné et bourreau des cœurs et habitué des ruelles de la baronne de Poilly, de Mme Beer, de Mme de Loynes, de la comtesse Diane... et promis à devenir le président de la République tombé de son sleeping, errant pieds nus sur la voie ferrée du côté de Montargis...

 

Note : Affaire Dreyfus : Les intellectuels ont pris parti ; parmi les antidreyfusards se comptent Cézanne, Degas, Renoir, Lorrain, Valéry, Louÿs, Léautaud, Arthur Meyer, le propriétaire du Temps, Barrès, F. Brunetière, Lemaître, Coppée, et chez les femmes de lettres, Gyp alors fort en vogue à l'époque, Colette et Rachilde. Dans les rangs des dreyfusards, Zola bien sûr, mais aussi Anatole France, Lugné-Poe, Fénéon, Courteline, Monet, Tristan Bernard, Rostand, Martin du Gard, Jean Jaurès, Léon Blum...

Voir les commentaires

Fin du siècle - Être orléaniste...

Publié le par Perceval

Fin du siècle - Être orléaniste...

Nous allons entrer dans le monde des salons et de la culture dans le Paris mondain, entre 1895 et 1915. Nous pouvons le faire - grâce aux documents qu'Anne-Laure de Sallembier a laissé à son fils - puisqu'elle eut le privilège du titre, pour côtoyer les personnes qui ont le prestige de l'aristocratie ou de l'argent, ou chose recherchée, le don artistique, médiatique, politique...

Anne-Laure a eu cette chance, de savoir – toute jeune – ce à quoi elle devait se consacrer... Sa Quête allait consister à suivre un fil – déjà tendu par ses ancêtres – et passer de rencontre en rencontre, de réflexions en théories, d'anecdotes en expériences à traverser... Les mondanités vont la conduire à modifier ses convictions politiques, à côtoyer le mystère avec l'occultisme, rencontrer la théosophie, se passionner pour la recherche scientifique... Anne-Laure va vivre avec la même intensité ''religieuse'' : l'art, et l'amour ; la philosophie et la Quête du Graal ...

 

Le salon de la comtesse Potocka

« Un salon, c'est d'abord une femme... ». Un salon est ouvert, mais intime ; c'est un lieu de rencontre et de conversation.

Anne-Laure a suivi l'évolution du salon, mondain : qui met en relation le monde, conforte les alliances, arrange les mariages, accélères les carrières … ; jusqu'au cénacle : à forte identité culturelle et engagé...

Anne-Laure de Sallembier, par les titres de son mari, accède aux salons qu'il fréquentait... La plupart sont marqués politiquement...

Monsieur de Sallembier, tout comme la famille d'Anne-Laure, étaient ''orléanistes'', proche du duc de Broglie (1821-1901), et de son fils Victor de Broglie (1846-1906) .

Ce peut être l'occasion de se rendre compte du milieu intellectuel, social et politique, dans lequel Anne-laure va évoluer, jusqu'à la ''Grande guerre''... Les opinions qui environnent alors Anne-Laure et qu'elle partagera, peut-être, ne nous sont pas familières ; et même nous choquent …

Revenons à la politique :

 

Les convictions des orléanistes, proches d'une droite libérale, vont être ébranlées par la reconnaissance du pape Léon XIII, de la République... Les catholiques qui soutiennent cette position constituent un parti catholique et républicain, « l'Action libérale ». Les légitimistes, en majorité, ont du mal à suivre l'avis pontifical, et certains font même courir le bruit que le souverain pontife serait franc-maçon... !

L'écueil principal reste les conséquence de l'affaire Dreyfus... Affaire qui commence, trois années plus tard après la condamnation d'Alfred Dreyfus en 1894 quand l'opinion est mise au courant de l'erreur judiciaire... Elle va alors se diviser en deux composantes : '' dreyfusards et anti-dreyfusards '' jusqu'à déstabiliser la République, en 1898... En effet, les partis de droite soutiennent l'autorité de la chose jugée. Ils vont même préférer s'opposer à la révision d'un procès qui serait dangereux pour l'honneur de l'armée.

La majorité des catholiques va se ranger aux côtés des antidreyfusards, ce qui ranime l' anticléricalisme, et permet à la gauche alors divisée sur la question sociale, de se souder...

L'affaire Dreyfus semble rendre impossible la réconciliation des droites avec le régime républicain et empêche les orléanistes de participer à la République avec ce que l'on appelait un ''esprit nouveau''...

 

Malgré tout, plus tard en ce début du XXe siècle, les orléanistes rejoignent les milieux affairistes et l'idéologie libérale du « juste milieu »: ordre et liberté, protectionnisme, tolérance en matière religieuse. 

En 1905, la ligue d'Action française est créée ; elle devient un groupe d'agitation permanente. Les orléanistes du camp royaliste sont scandalisés par ces « trublions » qui prétendent servir la même cause qu'eux.

L'aristocratie se rattache à une terre... Celle des ''Sallembier' se situe dans la Basse-Normandie, celle d'Anne-Laure de Fléchigné, entre Mayenne et Orne...

Victor de Broglie est conseiller général du canton de Craon et député de l'arrondissement de Château-Gontier en Mayenne.

<- Pauline, Marie, Laure de Broglie, née en 1888, est la seconde fille et le 4ème enfant du prince Victor de Broglie (1846-1906)

Ce cercle de relations, les rend proches d'un royaliste comme Albert de Mun (1841-1914) dont je vais parler...

Plus proche géographiquement, Émile de Marcère (1828-1918) est né à Domfront dans l'Orne. Dès 1871, il s'était rallié à l'idée républicaine en soutenant Thiers : il affirme à la tribune de l'Assemblée Nationale : « Dans un pays de démocratie et de suffrage universel, la République est seule possible ».

Cela n'empêche pas E. de Marcère d'admirer le royaliste Albert de Mun et de s'opposer au républicain Gambetta.

Juliette Adam (1836-1936)

Comme beaucoup de républicains il fréquente le cercle de Juliette Adam... « On se rencontrait dans les lieux où se tenaient d'habitude les réunions des groupes mais de préférence dans les salons, comme il était naturel : les divers partis correspondant à peu d'exceptions près à des catégories sociales différentes »

A propos du salon de Juliette Adam :« Pendant une dizaine d'années, de 1874 à 1884, ce salon fut le centre du mouvement politique qui se produisait à Paris et dans les groupes parlementaires et son influence se fit sentir soit dans les délibérations de l'Assemblée et des chambres, soit dans la composition des ministères... Toutes les manifestations de la vie publique y avaient leur contrecoup, plusieurs mêmes furent préparées dans ce milieu un peu enfiévré et dont l'ardeur était entretenue par la maîtresse du logis. » E de Marcère

Le salon de Juliette Adam, est un lieu d'agrément où l'on «cause politique» au même titre que de littérature, de peinture et aussi de science...

Albert de Mun, - dans le sillage des positions de Léon XIII et de la Doctrine sociale de l'Église (encyclique Au milieu des sollicitudes de 1892) - prône le ralliement des catholiques à la République. Il défend nombre de réformes sociales dans un esprit particulier, inspiré du corporatisme d’Ancien Régime...

<- Par l'encyclique Au milieu des sollicitudes (1892), Léon XIII invita les Français à se rallier à la République pour la réformer de l'intérieur.

Après avoir soutenu le général Boulanger, il devient anti-dreyfusard... Il n'est pas le seul : il rejoint les peintres Edgar Degas et Auguste Renoir, les poètes José-Maria de Heredia et Pierre Louÿs, le compositeur Vincent d'Indy, Jules Verne, et bien-sûr Maurice Barrès, Maurras...

Il fonde l’Action libérale populaire après la victoire du Bloc des gauches en 1902... Il va ensuite s'opposer de façon virulente à la loi de séparation des Églises et de l’État...

En 1909, Albert de Mun prend position contre l'Action française...

A suivre: La vie mondaine - 1900

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6