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Simone Weil, sur le Parvis... -2- Le dogme

Publié le par Perceval

Le dogme est aussi l'une des composantes de ce « nous » de l'Eglise … qui se conserve en définissant un dehors, une zone d’exclusion, qui prend des noms - païens, infidèles, hérétiques, etc. - et des justifications multiples. Plus précisément, le pouvoir de juridiction de l’Église, qui est aussi un pouvoir de délimitation serré entre un dedans et un dehors, repose sur cette petite formule plutôt troublante que souligne Simone Weil :anathema sit. Cette formule qui départage le dedans du dehors en excluant ce qui ne se conforme pas au dogme prescrit... En plus d’être un mécanisme d’exclusion, la formule « anathema sit » se propage ailleurs dans l’histoire et devient le paradigme politique du totalitarisme. ( n'oublions pas les totalitarismes de cette époque …!)

 Gerrit-van-Honthorst---De-Verloochening-van-Sint-Petrus.jpg

Le Petit Robert dit du dogme : « Point de doctrine établi ou regardé comme une vérité fondamentale, incontestable (dans une religion, une école philosophique ». C'est un peu « léger », comme définition, en tout cas, trop peu « spirituelle » … ! Car enfin, pour être incontestable, il faudrait au dogme de transcender le « mystère » qui l'a fait naître... et c'est précisément dans ce « mystère » que vient s'enraciner la Foi …

« La foi et la raison sont comme deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité.» J.P.II ( Fides et Ratio)... ( « La marque de la raison : c'est le doute » Alain, cité par S.W. ) Aussi, n'est-il par irraisonnable de penser que l'humain ne puisse se voir imposer une « vérité fondamentale » à laquelle sa raison n'adhère pas …

Le-Christ-devant-Caiphe--Gerrit-van-Honthorst--vers-1617.jpg

Avec Simone Weil, la femme ou l'homme d'aujourd'hui, interroge l'Eglise sur sa manière de concevoir les dogmes.

André Naud témoigne ainsi: « J’ai enfin compris, grâce à Simone Weil, que les dogmes ne sont pas faits pour qu’on se voie obligé d’y adhérer, que la liberté de l’intelligence doit être totale et doit pouvoir s’exercer non seulement sur l’ensemble des dogmes mais sur chacun d’entre eux. J’ai appris à savourer tout ce qu’implique le fait que l’intelligence puisse être ce qu’elle est, même dans la foi. »

Le message évangélique est clair : C'est la vérité ( Jésus, le Verbe …) qui libère. Et cette vérité est de manière ultime, apportée par l'Esprit, dans le plus intime du cœur de l'humain. Si Jésus ne répond pas spécifiquement à touts les questions, l'Eglise, elle, ne peut affirmer donner toutes les réponses. L'Eglise nous propose un chemin d'initiation au « mystère » divin, et non pas une explication du « mystère » …

Aujourd'hui, je serais tenter de répondre à Simone Weil, ... qu'il ne s'agit plus de savoir s'il est possible de croire le Credo.... aujourd'hui, face à de nouvelles questions que se posent l'humanité ; nous ne pouvons plus répondre par de vieilles réponses, et même par le détour des vielles questions... par exemple, aujourd'hui, nous cherchons dans un contexte de pluralisme, et nous ne pouvons pas « croire » être les seuls à détenir la Vérité …

 La-Derision-du-Christ--Gerrit-van-Honthorst--vers-1617.jpg

Simone Weil serait rassuré de lire Drewermann ( Dieu en toute liberté ) : « « Etre chrétien, c’est exister et non pas enseigner ex cathedra, être présent à l’instant et non pas s’évader dans un passé dont l’exploration n’a pas de fin; être saisi dans sa subjectivité par le sentiment de la déréliction de l’individu, et non chercher l’apaisement collectif dans une communauté où des vérités estampillées et des signes du salut sont fournis...." clés en main ...! 

Illustrations: tableaux de Gerrit van Honthorst, vers 1617

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Simone Weil, sur le Parvis... -1-

Publié le par Perceval

A l'heure d'une nouvelle évangélisation, Simone Weil illustre parfaitement et intelligemment, les difficultés à passer la porte de l'Eglise catholique ( en particulier )...

 

Le rejet de l'institution chez Simone Weil exprime une volonté d’accéder à l’universel en se dépouillant du « nous » institutionnel, à travers un parti pris pour l’exil, pour l’étrangeté.

La porte que S.W. veut franchir est celle qui permet l'entrée dans le transcendant, la spiritualité authentique et non l’autre, celle qu’elle pourrait traverser si elle le voulait, parce qu’elle est grande ouverte et qu’on l’y invite (je parle ici de celle de l’Église). La porte de l’Église comme institution, c’est justement celle qu’elle refusera de franchir jusqu’à la fin …

«  Il existe un milieu catholique prêt à accueillir chaleureusement quiconque y entre. Or je ne veux pas être adoptée dans un milieu, habiter dans un milieu où on dit « nous » et être une partie de ce « nous », me trouver chez moi dans un milieu humain quel qu’il soit. En disant que je ne veux pas je m’exprime mal, car je le voudrais bien ; tout cela est délicieux. »

 « Ce qui me fait peur, c’est l’Église en tant que chose sociale. Non pas seulement à cause de ses souillures, mais du fait même qu’elle est entre autres caractères une chose sociale. Non pas que je sois d’un tempérament très individualiste. J’ai peur pour la raison contraire. J’ai en moi un fort penchant grégaire. Je suis par disposition naturelle extrêmement influençable, influençable à l’excès, et surtout aux choses collectives. »

 « J’ai peur de ce patriotisme de l’Église qui existe dans les milieux catholiques. J’entends patriotisme au sens du sentiment qu’on accorde à une patrie terrestre.une-foule-impressionnante-est-venue-celebrer-la-messe-de_43.jpg J’en ai peur parce que j’ai peur de le contracter par contagion »

 

Je partage, avec Simone Weil, tout à fait le sentiment de malaise devant le « collectif »... Simone Weil interprète le « Partout où deux ou trois d'entre vous seront réunis en mon nom, je serai au milieu d'eux » de l’Évangile : cela ne désigne pas le passage au collectif, mais l'existence d'une relation qui n'est possible justement qu'en comité restreint, et que le collectif vient détruire. «  Le Christ n'a pas dit deux cent, ou cinquante. Il a dit deux ou trois. Il a dit exactement qu'il est toujours en tiers dans l'intimité d'une amitié chrétienne, l'intimité du tête à tête » S.W.


 Simone-Weil--1909-1943--Londres-1942.jpg
            Simone Weil à Londres en 1942

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Plus que tout: aime, ne juge pas, ne t’afflige pas

Publié le par Perceval

inokinja-film-pobeditel-2.jpg

 

Chant extrait du film documentaire «Religieuse» "Инокиня"

Juliana (Irina Denisova), Poèmes Fr. Andrew Logvinova.

 

 

 

 

 

*******************

 

 

Plus que tout :  aime,
Que la flamme de ton coeur t’éclaire
Alors comme le poisson  dans les profondeurs du fleuve,
tout en haut tu verras  une autre profondeur

 

Plus que tout : Ne juge pas-------------------.jpg
comme la foule  qui a craché sur Dieu.
Ta vocation, c’est d’aller de l’avant
Par le chemin que tu n’as pas exploré.
Tu n’a pas foulé ce chemin

 

Plus que tout aime
Plus que tout ne juge pas
Plus que tout ne sois pas triste
Plus que tout pardonne à tous

 

Plus que tout, aime,
Prends soin de plus petit que toi
Alors  comme l’aigle libre dans la steppe
Tout en bas tu verras une autre profondeur 

 

Tout simplement: Ne t’afflige pas
Des malheurs et chagrin  de la destinée
Mais sois reconnaissant envers celui
envers celui qui t’a fait cadeau de la vie

    

Plus que tout aime
Plus que tout ne juge pas
Plus que tout ne sois pas triste
Plus que tout pardonne à tous

Icone-1.jpg

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Café philo de Limoges

Publié le par Perceval

Je participe, avec plaisir, au « café-philo de Limoges » ; et lors de la dernière séance, je me suis affronté à l'idée que la « métaphysique », et encore moins la pensée religieuse, puisse être une pensée philosophique... De plus, il était pratiquement « interdit » de faire référence à une pensée religieuse , puisque la philosophie était laïque et incapable de comprendre et même d'entendre une telle pensée... !

Aussi, je cherche à comprendre si cette argumentation est « fondée », et philosophique … ?

Remarque intéressante : le nom de notre Café Philo est «  Karl Popper ». Je ne le connaissais pas … J'ai un peu cherché à comprendre, et surprise … Il a en partie répondu à ma question … !

 

  • Karl Popper ( 1902-1994):Karl-Popper.jpg

Popper réfute, la distinction scientiste - entre la science, qui serait le domaine du démontrable, du vérifiable et du certain, et la métaphysique, envisagée caricaturalement comme le royaume de l’arbitraire ; de l'imaginaire et du flou. Popper a d'ailleurs pris soin de se désolidariser sans ambiguïté du scientisme dans lequel on a voulu l’enfermer ( cf : préface de S.O. Tome 1, page 7 ).( Lu dans Karl Popper ou La connaissance sans certitude  Par André Verdan )


Sur quoi se fonder pour décréter qu'une thèse est pourvue de sens ou quelle en est dépourvue ; qu'une théorie est ou n'est pas du charabia ? Sur sa capacité d'être vérifiée ? Mais la vérifiabilité n'a rien à voir avec l'intelligibilité, et d'ailleurs elle est illustrée puisque pour Popper, « l'induction est un mythe détruit pas Hume ( Q.I. P116 )

 Pour Popper : Un énoncé métaphysique, n'est pas testable, il est aussi infalsifiable qu'invérifiable, ce qui le distingue d'une théorie scientifique digne de ce nom. Cependant, il est susceptible d'argumentation, donc rationnellement soutenable ou critiquable.

 « Si l'on se demande pourquoi Popper, après avoir été si longtemps et aussi systématiquement ignoré par la philosophie et l'épistémologie françaises contemporaines, bénéficie depuis quelques années d'un véritable succès de mode, il est à craindre que la réponse doive être cherchée non pas dans une conversion soudaine et inespérée à ce qu'il appelle le “réalisme critique”, mais plutôt par le fait que, après plusieurs décennies de dogmatisme philosophique et politique effréné, il donne aux milieux intellectuels français l'occasion de s'offrir à bon compte une cure de scepticisme indifférencié et radical, qui ne risque pas de mettre en danger les convictions foncièrement irrationalistes qui continuent à y régner " » (Jacques Bouveresse, article Popper, Encyclopædia Universalis).

 

bouddha_soleil.jpgLe mythe permet de répondre par avance à des interrogations philosophiques fondamentales, sans se les poser philosophiquement. Il est indispensable que cette représentation soit en dialogue avec un point de vue qui est celui de l'intelligence libre de toute autorité ...etc

Il n'est pas pertinent de penser que la représentation scientifique s'exprime contre la représentation mythique du monde. Ex : le livre «  la tao de la physique » de Frijof Capra … et tant d'autres références ...

Le savoir scientifique est par nature, limité, fragmentaire, et provisoire … Il ne peut délivrer des réponses aux questions portant sur le Sens de la vie. La force du Mythe, au contraire, c'est de présenter d'emblée une vision du monde riche, unifiée qui donne des « réponses » aux interrogations de l'esprit humain. Françis jacob, le concède ...

 La représentation mythique est une représentation symbolique et conceptuelle du monde. Exemple : Chez Platon, le mythe de Prométhée fait partie d'une argumentation de Protagoras .

 Dans " Le monde comme volonté et comme représentation", Schopenhauer reconnaît le besoin métaphysique de l'homme. «  l'homme est un animal métaphysique. »

 

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Károly Ferenczy

Publié le par Perceval

Les tableaux de ce peintre, sur ces sujets religieux, m'éclairent la lecture des textes bibliques: Ci-dessous: le sermon sur la montagne.

Karoly Ferenczy Sermon on the Mountain (1896) 

Károly Ferenczy (1862-1917) est né le 8 février 1862 à Vienne et décéde le 18 mars 1917 à Budapest. Karoly Ferenczy commence d'abord un diplôme en droit, puis étudie l'économie à Vienne. Finalement, sur les conseils de sa cousine (et future épouse, Olga de Fialka) il s'adonne à l'art. Il s'inscrit en 1885 à l'Académie des Beaux Arts de Naples, puis l'année suivante à Munich, où il travaille avec István Csók et Simon Hollósy . Il passe les années 1887 à 1889 à l'Académie Julian à Paris et suit parallèlement les cours de Jules Bastien-Lepage.

Károly Ferenczy Self-Portrait (1910)
Károly Ferenczy Self-Portrait (1910)

Après une période naturaliste à Szentendre (1889-1892), il retourne à Munich et évolue vers un style personnel plus décoratif et aux couleurs éclatantes (Au jardin de Neuwittelsbach, 1894), dont les développements donnent naissance à l'école de Nagybánya. Il est l'un des premiers à s'installer à Nagybánya, il devint non seulement le maître le plus important de cette « école », mais celui qui, par son talent, l'a définitivement imposée, assurant un foyer central à la peinture hongroise renaissante.

 

Préoccupé par les problèmes du plein air, d'abord voilé de nuages, puis radieusement ensoleillé (les Trois Mages, 1898). Dans ce tableau l’homme fait corps avec la nature, et l’atmosphère y est mystique et propice aux miracles. Il cherche à traduire la lumière puissante, envahissante, de la plaine hongroise. Sa conception synthétique s'oppose à la touche divisée de l'Impressionnisme français, sa facture recherche de larges accents et aboutit dans sa dernière période à un style dont la force évocatrice ne le cède en rien à l'efficacité décorative (Double Portrait, 1908, id. ; Béni avec barbe, 1912, id.). Ci-dessous: détails de tableaux...

Ferenczy Ka roly Hegyi besze Ferenczy Károly-Dombtetőn
Ferenczy Károly-Október Ferenczy Károly-Patak II

Károly Ferenczydéveloppe une approche lyrique de la nature où l’homme évolue en harmonie avec elle. Il donne à l’art un sens mystique et religieux qui le rapproche du courant symboliste européen.

Ferenczy Karoly-Isaacs Sacrifice Sacrifice of Abraham 1901
Ferenczy_Karoly-Isaacs_Sacrifice_Sacrifice_of_Abraham 1901

Le Sermon sur la Montagne, les Trois Mages, Abraham et Isaac, les Frères vendent Joseph, l'Enfant prodigue et les plusieurs variantes du thème Pieta. Ces oeuvres ne cherchent pas une interprétation traditionnelle, elles essaient plutôt d'actualiser les sujets élaborés, mais cela tout en restant dans l'atmosphère de la généralisation, suivant les exemples de la littérature de l'époque surtout les oeuvres d'Ibsen. La supériorité morale et son exigence professionnelle étaient exemplaires; Károly Ferenczyest devenu le créateur de la peinture moderne hongroise. 

Karoly Ferenczy Deposition from the Cross1903
Karoly Ferenczy Deposition_from_the_Cross1903

      Paintings by Károly Ferenczy

Music: Franz Liszt - Liebestraum (Dream of Love)

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Danger : Religion en vue … -1-

Publié le par Perceval

Une « religion » - nouvelle dans notre cas - est sans aucun doute un objet difficilement identifiable, et potentiellement dangereux. davinci_transhuman.jpgDangereux, car elle semble avoir pris le contrôle d'« esprits » qui ne peuvent se résoudre à critiquer, et bien sûr abandonner leur nouvelle « raison » de vivre … Dangereux, parce que la nouvelle doctrine professée remet en cause, les principes universels et humanistes que notre culture érigent – depuis des siècles - en « valeurs » de civilisation...

 Cette religion est « le post-humanisme »

*****

  •  Mais, ma première question, est en préalable : Est-il légitime, quand «  on est une religion », d'« anathématiser » l'apparition d'une nouvelle religion ; sans réaffirmer violemment posséder, seul, la Vérité... ?

A mon avis le « croyant » ( je n'aime pas ce mot …), ne peut pas être celui qui possède la Vérité, encore moins celui qui est possédé par la Vérité. Il ne peut qu'être : celui qui est sur le chemin de la Vérité...

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 Une religion, n'a pas toujours l'apparence coutumière, d'un culte rendu à un être supérieur ( je fais court …). Je rapprocherais, pour ma part, religion et idéologie ; et aujourd'hui même, notre société est beaucoup plus sous l'emprise de la religion du néo-capitalisme, que du monothéisme.


 Je suis catholique, et je connais mieux les conditions qui sous-tendent ma Foi chrétienne, que les « croyances » qui dirigent ma vie, et mes prochains... Ces croyances, sont souvent le terreau de mes (nos ) névroses ; et je fais confiance à la science, à la psychologie pour les débusquer... Je maintiens que mon corps et mon âme ( psyché) sont matériels... Je ne « crois » pas à l'immortalité de l'âme, ni à la métempsychose ; et ce ne sont d'ailleurs pas à mon avis des réponses à des questions spirituelles, mais matérielles... Je pense qu'infini et éternité sont de l'ordre de la création, et qu'ils sont soumis aux contraintes matérielles de l'existant... La science, aura là aussi, son mot à dire …

Popees-corps.jpg

Et le danger à mon avis, est d'établir - à partir d'hypothèses scientifiques, et matérielles – un corpus de croyances ; ce à quoi prétend le post-humanisme...

 Je suis catholique, et ma Foi repose sur un socle « spirituel ». Ce socle, s'apparente beaucoup plus à « une personne », qu'à un objet ( un livre par exemple ), ou qu'à une « preuve » matérielle... Et, une « personne » : parce qu'il y a le mystère même d'une personne... Pour un catholique, cette personne c'est le Christ : c'est à dire un « homme et Dieu ».

 Bref, il m’apparaît de plus en plus, qu'il est humainement dangereux d'absolutiser ( ce qu'à tendance à faire, un peu trop systématiquement, toute religion ...) des concepts sur l'existant ( matériel).

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Un mariage pour tous

Publié le par Perceval

Le débat sur le « mariage pour tous », me semble être l'un des bons moments pour signifier la place de l'Evangile dans la vie du Chrétien … A l'heure où nous parlons d'évangélisation, il me paraît opportun de ne pas « rater » cet exercice pratique …

Principe de réalité :

Nous découvrons, enfin peut-être, « une réalité qui s'impose » : l’homosexualité. gay-famille-mexico.jpgRien, ni sur le plan de la raison, ni de la spiritualité, ne peut nous empêcher de reconnaître une réalité d'amour, entre deux personnes de même sexe. Ce sentiment : l'amour, reste pour l'humain, le symbole d'une union avec le divin, il est « sacré », en quelque sorte ….

D'autres « réalités », s'imposent aujourd'hui à notre société. Et, il est légitime que le droit, s'en empare au plus vite pour exercer, en justice, le respect individuel... Après le divorce, l'adoption, le Pacs ouvert aux couples homosexuels … Il serait temps de préserver la place et le droit du conjoint homosexuel, dans tout ce qui constitue la vie d'un couple, jusqu'à la parentalité … Ce n'est à mon avis que, faire œuvre de justice !

 Adam-et-Eve-avant-la-chute-par-Lucas-Cranach-l-Ancien.jpg

Cependant sur le plan symbolique, et donc religieux ; notre tradition vieille de plusieurs siècles a pris l'union ( dans l'amour) du couple homme-femme pour l’icône de la relation divin-humain. Notre tradition insiste sur la création de l'humain, en «  homme et femme » ; aussi il n'est pas anodin de toucher à la notion de « genre » (1) . Il serait constitutif de notre humanité … Ethique-et-vie.jpegMa tradition catholique, m'interroge et m'enjoint d'être prudent... Ce serait d'ailleurs le minimum que je devrais lui demander …. A noter que, je ne place pas le mariage religieux au même niveau que le mariage civil ...

 

Aujourd'hui, notre expérience , spécifiquement humaine, est de vivre une sexualité, qui est en soi un bien, et sans être lié à la procréation. Nous n'en sommes sans-doute d'ailleurs, qu'au début de la découverte …

Cette attitude d’ouverture est recommandée par l’Eglise au moins depuis le concile Vatican II ( La «juste autonomie des réalités terrestres» reconnue au paragraphe 36 de la Constitution pastorale Gaudium et Spes. )

 

A mon avis, il n'est pas « évangélique «  de demander à une personne homosexuelle ( pourquoi la stigmatiser …?) de vivre sa sexualité dans la chasteté ( autre que la chasteté du couple …), et je ne comprends pas cette assertion dans la conclusion de la Note publiée par le Conseil Famille et Société de la Conférence des Évêques de France.gentileschi-Loth-et-ses-filles.jpg

Je ne comprends pas bien également, l'argument des évêques sur le problème de «  la lisibilité de la filiation » ; s'il ne s'agit plus du couple « traditionnel » … Il me semble que diverses traditions, et même la Bible, nous donnent des exemples contraires ; qui prouvent les trajectoires parfois « curieuses » d'une véritable filiation … ! ( ici, en illustration: les filles de Loth ...! )

 

  1. J'ai besoin de réfléchir, avec l'aide de ma tradition, sur des questions qui pourraient modifier la définition de l'humain... Certaines idéologies, et même si elles semblent consensuelles, pourraient nous faire craindre le pire …

 

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Le dieu de Simone Weil :

Publié le par Perceval

Avant de s'exiler aux États-Unis en 1942, - elle remet à G. Thibon négligemment un paquet contenant 12 de ses cahiers écrits à marseille, qu'il " classera " et éditera plus tard dans " La pesanteur et la grâce"; -  elle écrit au père Perrin son autobiographie spirituelle, relisant toute sa vie à la lumière de Dieu. Cette lettre d'adieu " Attente de Dieu "  a une portée testamentaire puisque Simone mourra un an aprés en Angleterre. La tuberculose et son anorexie l'emportent alors qu'elle n'a que 34 ans. 

*****

Extraits de « La pesanteur et la grâce », de Simone Weil :

Simone Weil 3

La création, est de la part de Dieu, un acte de renonciation. Dieu renonce à être omnipotent, à être Tout : « Dieu n'a pu créer qu'en se cachant, lit-on dans la Pesanteur et la grâce. Autrement il n'y aurait que Lui. ». Le dieu de Simone Weil est un Dieu transcendant, qui s'est lié les mais devant le mal, un diue souffrant, un dieu qui n'est pas tout-puissant...Pour S. Weil, ce qu'elle appelle «  la décréation », n'est pas un rejet du monde sensible, mais le projet de l'homme qui renonce ( comme Dieu) à l'indépendance que Dieu offre, pour choisir de vivre en Lui... Simone Weil utilise le langage des mystiques : «  Dieu a créé notre autonomie pour que nous ayons la possibilité d'y renoncer par amour (…) Dieu par amour se retire de nous afin que nous puissions l'aimer ( …) » Celui qui ressent l'absence de Dieu, ne peut que le désirer …

LaoTu.jpgQuand Simone Weil écrit : « Le moi, ce n'est que l'ombre projetée par le péché et l'erreur qui arrêtent la lumière de Dieu et que je prends pour un être ( …) Le péché en moi dit « je » », c'est à mon avis, une manière chrétienne de reprendre la vision bouddhiste sur l'illusion du soi ( l’ego). Simone Weil, a fréquenté et lu en sanskrit «  les Upanishads.. ! ... Malheureusement, son anorexie déteint sur sa spiritualité, et refuse, même, le réconfort d'une rencontre du divin … «  Il y a des gens pour qui tout ce qui rapproche Dieu d'eux-mêmes est bienfaisant. Pour moi, c'est tout ce qui l'éloigne ». «  Quand Dieu est devenu aussi plein de signification que le trésor pour l'avare, se répéter fortement qu'il n'existe pas ( …) Il faut préférer l'enfer réel au paradis imaginaire.  » … ! 

Camus admirait Simone Weil... Tous deux méditent sur «  la tendre indifférence du monde », pour se détacher du monde terrestre. Il est nécessaire d'accepter ( sereinement …) la nécessité ( les lois inflexibles de la nature ) : «  La grâce comble, mais elle ne peut entrer que là où il y a un vide pour la recevoir, et c'est elle qui fait ce vide. » 

C'est en ressentant l'absence de Dieu, affirme t-elle, que nous commençons à expérimenter sa présence : «  Dieu et le spirituel sont cachés et sans forme dans l'univers. Il est bon qu'ils soient cachés et sans nom dans l'âme » . «  Un mode de purification : prier Dieu ( …) en pensant qu'il n'existe pas » … Cela me fait penser à Maître Eckhart... : Dieu n'existant pas sur le même plan que la création, nous ne pouvons pas le percevoir... la réalité surnaturelle peut - dans un premier temps - se confondre avec le néant.

 

Voir aussi: S. Weil... Loin d'une religion « consolatrice »…

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La domination du capitalisme est aussi spirituelle.

Publié le par Perceval

Jung Mo Sung (Docteur en théologie et économiste) : voir article « La Vie » , reprend un thème cher à la théologie de la libération :

Congrès Continental de Théologie du 7 au 11 octobre à Sa
Congrès Continental de Théologie du 7 au 11 octobre 2012 à Sao Leopoldo

Le capitalisme colonise l’espace, y compris dans le champ spirituel. Même les pays de tradition culturelle millénaire, qu’ils soient bouddhistes, hindouistes ou confucianistes en Extrême Orient, sont en train d’adopter des modes de vie occidentaux.

Un des concepts théologiques fondamentaux de la Bible est l’idolâtrie. Toutes les sociétés produisent des dieux qui sont l’oeuvre d’actions et d’interactions humaines qui ont été sacralisées. Les prophètes ont perçu et critiqué ce processus. L’idole fascine et attire. Le néolibéralisme présente une logique idolâtrique à travers la fascination de nos sociétés pour les lois du marché, un système qui serait censé imposer et réguler seul ses règles. Face à cette dimension fascinante du capitalisme global actuel, il ne suffit pas de critiquer. Il faut démontrer le processus sacrificiel qu’il engendre (perte de l’emploi, délitement de la vie de famille, voire mort des plus pauvres…) pour se défaire de cette fascination qui nous aveugle. La théologie a une mission importante à accomplir dans la société pour dénoncer cette nouvelle fascination. 

M. Meaudin ( Faculté de théologie, Université de Montréal,  ). établit une comparaison entre l'idéologie du néo-libéralisme et une religion de type sacrificielle.
conquistadorL'orientation néo-libérale actuelle de l'économie semble, en effet, la donnée fondamentale qui explique le remodelage de notre société. Or, loin d'être un domaine neutre et objectif et échappant à tout choix de valeur et de foi, l'économie de marché comporte un horizon métaphysique, une religion propre avec un discours interprétatif quasi théologique : M.M. entend détecter et qualifier ces aspects religieux, à savoir l'idolâtrie et le sacrifice qui caractérisent le néolibéralisme actuel


La question centrale aujourd'hui en Amérique Latine n'est pas la question de l'athéisme, le problème ontologique de l'existence ou non de Dieu [...]. La question centrale est l'idolâtrie, l'adoration des fausses divinités du système de domination. [...] La foi dans le Dieu libérateur, celui qui révèle son visage et son secret dans la lutte des pauvres contre l'oppression, s'accomplit nécessairement dans la négation des fausses divinités...La foi se tourne contre l'idolâtrie. (« La lutte des dieux. Les idoles de l'oppression et la recherche du Dieu libérateur», 1982)

Selon Hugo Assmann ( « L'idolatrie du marché. Essai sur l'économie et la théologie » 1989) , c'est dans la théologie implicite du paradigme économique lui-même, et dans la pratique dévotionnelle fétichiste quotidienne que se manifeste la "religion économique" capitaliste. Les concepts explicitement religieux qu'on trouve dans la littérature du "christianisme de marché" - par exemple, dans les discours de Ronald Reagan, dans les écrits des courants religieux néo-conservateurs, ou dans les oeuvres des "théologiens de l'entreprise" comme Michael Novack - n'ont qu'une fonction complémentaire. La théologie du marché, depuis Malthus jusqu'au dernier document de la Banque Mondiale, est une théologie férocement sacrificielle: elle exige des pauvres qu'ils offrent leur vie sur l'autel des idoles économiques. Sacrifices humains au nom de contraintes "objectives", "scientifiques", profanes, apparemment non-religieuses.

idolatrie-du-salut.jpg

Dans un ouvrage plus récent, « Ethique de la Vie » (2000), Leonardo Boff esquisse un parallèle entre l’injustice socio-économique et politique, conséquence de la violence contre les travailleurs et les classes subalternes, et l’injustice environnementale, qu’est la violence contre la nature, l’air, l’eau, qui menace de mort toute la biosphère. Leur origine commune est le paradigme capitaliste occidental, qui trouve son expression actuelle dans le néo-libéralisme et dans la « religion du capital », la religion du fétichisme de la marchandise, avec ses temples (les banques), son clergé (les financiers), ses dogmes et sa théologie (formulée par les économistes).

La mort d’espèces entières et de millions de personnes dans les pays pauvres sont, pour l’idéologie dominante, « les sacrifices nécessaires pour la croissance économique qui possibilité la réalisation du désir de consommation illimitée ». La tâche de la théologie c’est de critiquer l’idolâtrie du marché et le mythe du progrès, qui exigent et justifient les sacrifices de vies humaines et de l’environnement naturel. ( cf : SUNG, Jung Mo. Sementes de esperança. A fé em um mundo em crise. Petrópolis: Vozes, 2000. )

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Simone Weil, les années de la foi... -4-

Publié le par Perceval

Simone reprend ses cours à Saint-Quentin. Ses maux de tête la torturent.

angoisse.jpg« Un moment est venu, racontera-t-elle plus tard, où j'ai cru être menacée par l'épuisemet et par l'aggravation de la douleur, d'une si hideuse déchéance de toute l'âme, que pendant plusieurs semaines je me suis demandé avec angoisse si mourir n'était pas pour moi le plus impérieux des devoirs, quoiqu'il me parût affreux que ma vie dût se terminer dans l'horreur (…) Seule une résolution de mort conditionnelle et à terme m'a rendu la sérénité ».

En janvier 1938, elle se résout à demander un congé de maladie au ministère de l'éducation.

 

Un jour de 1938, à Solesmes, 108.1275409287.jpgelle vit l'expérience de la conversion soudaine, dont elle a laissé ce récit: "J'avais des crises violentes de maux de tête intenses. Comme j'avais le poème dont je vous ai parlé, intitulé Amour, je me suis exercée à le réciter en y appliquant toute mon attention et en adhérant de toute mon âme à la tendresse qu'il enferme. Je croyais le réciter seulement comme un beau poème, mais à mon insu, cette récitation avait la vertu d'une prière. C'est au cours d'une de ces récitations que, comme je vous l'ai écrit, le Christ lui-même est descendu et m'a prise"

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«  Au cours de ces offices, la pensée de la passion du Christ est entrée en moi une fois pour toutes » Simone Weil a saisi l'essence de la Passion. Elle relie cette expérience intérieure à son propre état de délabrement physique.

 

Simone Weil 3De retour à Paris, Simone relit souvent le poème … Un jour après l'avoir récité à plusieurs reprises, se produit la révélation : le poème la met «  en présence du Christ », lui fait vivre avec une acuité renouvelée l'illumination reçue à Solesmes.

« Dans un moment d’intense douleur physique, alors que je m’efforçais d’aimer […] j’ai senti, sans y être aucunement préparée, – car je n’avais jamais lu les mystiques – une présence plus personnelle, plus certaine, plus réelle que celle d’un être humain, inaccessible et aux sens et à l’imagination, analogue à l’amour qui transparaît à travers le plus tendre sourire d’un être aimé. » ( lettre à Joë Bousquet )


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