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Août 1944 - Paris libéré - Louis de Broglie et la Mécanique ondulatoire.

Publié le par Régis Vétillard

La canicule de juillet 44, les rationnements surtout, ont épuisé la population. La colère contre des allemands qui s'accaparent le peu, est au plus haut. A l'approche du 14 juillet, la milice veille à empêcher toute manifestation ; cependant des tracts appellent à défiler. Ce jour là, les parisiens sortent, se regroupent ; on entonne "La Marseillaise".

Depuis le débarquement en Normandie, l'impatience est là. L'idée de la grève générale permettrait de lancer un mouvement de libération, avant même l'arrivée des alliés. Le samedi 19 août, on dit que l'insurrection serait partie de la Préfecture de Police. Des barricades ont été élevées; des massacres, par les SS, sont perpétrés en périphérie.

C'est l'arrivée de la 2e DB, du général Leclerc, porte d’Orléans, qui a permis la capitulation des forces allemandes, le 25 août. Cette journée est marquée par de violents combats ; les soldats français prennent le contrôle des grands axes. Des petits groupes, des tireurs isolés, allemands ou collabos sévissent.

Le lendemain, De Gaulle appelle les parisiens à participer au défilé de la Victoire. Il réussit à s'imposer, à côtés des FTP et de FFI. Une grande question demeure : à quel gouvernement, la Libération va t-elle permettre d'aboutir ?

 

Si Louis de Broglie, fonde la « mécanique ondulatoire du photon », ce sont de nombreux élèves qui travailleront sa théorie, notamment Gerard Petiau, Jean-Louis Destouches et Marie-Antoinette Tonnelat.

A propos de Marie-Antoinette Tonnelat (1912-1980) : alors qu'en 1941, elle venait de passer sa thèse de physique sous la direction de Francis Perrin et Louis de Broglie (auquel elle succédera). Elle entreprit de nombreuses démarches pour retrouver les traces de Vincent Doblin (1915-1940 - fils du romancier Alfred Doblin), un mathématicien ( thèse en 1938) - disparu - qui pendant la ''drôle de guerre'' continuait ses travaux, en particulier sur la solution de l'équation de Chapman-Kolmogorov ( domaine des probabilités). Après avoir fui l’Allemagne nazie en 1933 pour la France, la famille Döblin avait obtenu la nationalité française en 1936.

Vincent Doblin

Vincent fut mobilisé en septembre 1939 dans l’armée française comme télégraphiste au 291ème régiment d’infanterie dans les Ardennes. Après s'être battu pendant les six semaines de combat, son bataillon fut encerclé. Le 21 juin 1940, au matin, il s'est tiré une balle dans la tête dans une grange.

Le 19 avril 1944, grâce à un bracelet, le corps de Vincent Doblin , est retrouvé et identifié par son amie Marie-Antoinette Baudot ( dite Monette) Tonnelat. Il était amoureux d'elle, mais elle était déjà liée à Jacques Tonnelat. Quelques mois avant sa mort, V. Doblin avait envoyé un pli cacheté à l'Académie des sciences, sur l'équation de Kolmogorov.

Marie-Antoinette Tonnelat, dès 1943, travaille sur toutes les tentatives faites pour une synthèse du champ de la gravitation et du champ électromagnétique, et les expose au Collège de France. en 1944, elle publie au sujet du lien profond entre la théorie relativiste de la gravitation et celle de la particule de spin 2 de masse propre non nulle (graviton) et de ses interactions avec la matière.

Marie-Antoinette Tonnelat, est une jeune femme de grande culture, elle avait passé une licence de philosophie pour les lettres, et une licence de physique pour les sciences. Elle fait partie du groupe restreint du laboratoire de Louis de Broglie à l’Institut Henri Poincaré. Elle participait aux thés du lundi- organisés par Jean Perrin à l’Institut de Chimie-Physique – où se rencontraient expérimentateurs et théoriciens ; et parfois André Gide ou Paul Valéry se joignaient à eux.

Que demandons-nous à la Physique ?

Lors de discussions, Marie-Antoinette, exprime que la plupart des savants cherchent « les moyens qui permettent de changer ou d'aménager la réalité, plutôt que de la comprendre ou à fortiori de l'expliquer. ». - Veulent-ils ainsi fuir la réalité ?

C'est Einstein qui écrivait : « Je crois avec Schopenhauer que l’un des motifs les plus puissants qui conduisent les hommes aux arts et à la science est la fuite de la vie quotidienne avec sa douloureuse cruauté et sa sécheresse sans espoir »

M-A Tonnelat, ajoute : sans-doute que « celui qui a consacré la plus grande part de son temps à la recherche dans le domaine scientifique doit être naturellement amené dans son « dernier quart d’heure » à s’interroger sur la valeur matérielle et spirituelle de la Science »

Elle pense que la science devrait mener « à la tolérance, à une foi sans dogmes et sans illusions vite confondue avec l’espérance et le sentiment d’une unité dont la physique et surtout la musique parvient à nous donner quelque idée »

 

Revenons à la Mécanique ondulatoire, avec Louis de Broglie.

Nous sommes ici dans le cas d'une observation d'électrons, pour lesquels la mécanique classique ne peut plus être appliquée.

Pour schématiser: de Broglie rapproche deux formules, celle de Planck sur la lumière, E = hv où E est l’énergie, h la constante de Planck et v le fréquence de l’onde lumineuse ; et celle de la célèbre relation d’Einstein E = m.c2 où m est la masse au repos d’un corps matériel et c la vitesse de la lumière. En conclusion, si le photon est onde lumineuse et particule ; pourquoi l’électron ne serait pas aussi une onde ?

Cette proposition est le point fort de son mémoire de thèse soumise en 1924. Expérimentalement, l'idée fut validée en 1927.

Mais dès 1925, l’Autrichien Erwin Schrödinger développe mathématiquement l’analogie entre le mouvement d’une particule et la propagation d’une onde ayant la fréquence indiquée par de Broglie, et en tire la fameuse équation qui porte son nom, et qui permet de calculer comment se propagent ces « ondes de matière ». Il va la tester avec un atome d'hydrogène, et conclure que les électrons occupent - tels des ondes - tout le volume l'atome.

C’est le point de départ de ce qu’Einstein nommera la « mécanique ondulatoire ».

Le point de départ de la mécanique quantique, est donné par Planck, qui montre que les échanges d'énergie ne peuvent se faire que par paquets, les quanta. La physique quantique est un édifice collectif. (1922-1928)

On reste un peu sceptique ; on a du mal à se représenter les électrons comme des ondes ; Max Born va comprendre qu'il s'agit plutôt d'une onde de probabilités... Avant qu'on ne le mesure , l'électron occupe tout l'espace de l'atome avec une certaine forme ; c'est comme si l'électron ne décidait pas où il est tant que l'on ne l'a pas mesuré ; on ne mesure pas une onde, mais un petit point qui indique où il se trouve en fonction de l'onde qui existait avant qu'on ne le mesure. On établit une cartographie de là où l'électron peut se trouver avant qu'on le mesure...

L'expérience de pensée du fameux ''chat de Schrödinger'' montre qu'un objet ( le chat ) peut être dans deux états à la fois : le chat peut être mort ou vivant . C'est lors de la mesure, que l'objet ''choisit'' aléatoirement.

Pour comprendre l'électron, Paul Dirac va résumer dans une équation (1926) à la fois la relativité et la physique quantique.

La mécanique quantique considère l'électron comme une onde, qui devient corpuscule quand on le mesure en le réduisant en un point particulier.

On va alors tenter d'aller vers des objets de plus en plus fondamentaux, et chercher ce qu'il y a à l'intérieur du noyau, le proton, le positron, le neutrino, le muon... On va aller vers une physique des particules et des hautes énergies, et petit à petit vers la bombe atomique...

Nous pouvons, avec la physique quantique, mieux comprendre les propriétés de la matière, et par exemple le magnétisme et ce qui se passe dans le métal, ou encore la solidité alors que l'essentiel de l'atome est du vide ; ma main ne passe pas au travers de la table... Ce sont les règles de la physique quantique élaborées par Pauli, Heisenberg, Fermi qui vont nous l'expliquer, comme le principe d'exclusion de Pauli : quand l'électron est dans sa forme ondulatoire, il refuse d'être au même endroit qu'un autre électron qui aurait la même forme, deux électrons à la même forme s'excluent. Vraiment, l'électron n'est pas juste une petite bille.

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La Relativité d'Einstein.

Publié le par Régis Vétillard

Le 17 août 1944, au micro de Radio-Paris, un speaker allemand annonce la victoire finale de l'Allemagne grâce à une arme secrète. L'après-midi, Radio-Paris cesse ses émissions.

L'Echo d'Alger - 4 Oct 1944

Chacun craint qu'une nouvelle arme redoutable ne sonne la fin du conflit.

 

Lancelot retrouve un ancien numéro de '' Science et Vie '' qui date de juin-juillet 1922. A l'intérieur un long article intitulé '' Les théories d'Einstein et leurs vérifications expérimentales ''. Cette revue était publiée à l'occasion de la visite d'Einstein au Collège de France du 28 mars au 10 avril 1922.

Surprise ! L'article est signé Léon Brillouin, que Lancelot avait rencontré à Vichy, quand il s'occupait de radio... ( c'est ici : 1940 – Vichy. 4 - Les légendes du Graal (over-blog.net)

Léon Brillouin est physicien et professeur au Collège de France, sa thèse et son intérêt se porte sur la mécanique quantique. A l'occasion de la visite d'Einstein, les salons de la capitales causent ''Relativité'' et chacun a bien du mal à comprendre ce dont il s'agit.

Dans son rôle de vulgarisateur, Brillouin précise la question du référentiel. Il est impossible de définir une position ou un mouvement par rapport à un espace vide. Un référentiel est un objet A qui sert de référence. Un même objet B peut être à la fois immobile par rapport à un référentiel et en mouvement par rapport à un autre. Le référentiel est dit dit galiléen, si l'objet B est soit immobile, soit en mouvement de translation rectiligne uniforme par rapport à ce référentiel.

La question du Temps :

La trajectoire d'un objet en mouvement est donc différente selon le référentiel. ( ex : trajectoire d'une balle dans un train...). Einstein étend ce résultat aux phénomènes lumineux – avec le postulat de l'invariance de la vitesse de la lumière -

Newton (1687) définit un temps absolu qui est le même en tout point de l'Univers et indifférent au mouvement. En ''Relativité '' (1905) , le temps n'est plus absolu, il est relatif. Chaque objet a son temps propre, et deux objets après avoir synchronisé leur horloge, et après un mouvement peuvent présenter un décalage... !

Einstein remplace l'hypothèse du temps absolu, par l'invariance de la vitesse de la lumière.

Le temps est relatif en ce sens qu'il est mesuré différemment par des observateurs en mouvement les uns par rapport aux autres, ou se situant dans des régions de l'univers où la concentration de masses est différente. Et, ce n'est pas seulement la notion de temps qui est revue de manière fondamentale par les théories relativistes, mais aussi la notion d'espace.

Le taux d'écoulement du temps dépend de la vitesse et de l’accélération à un instant T. Cela signifie que le taux auquel le temps s’écoule diminue à mesure que la vitesse augmente.

Ces différences de temps sont évidemment imperceptibles et négligeables dans la vie quotidienne mais prennent une grande importance lorsque la vitesse de l'observateur s'approche de celle de la lumière. Pour donner un ordre d'idée, en voyageant à 50% de la vitesse de la lumière, le temps se dilate d'un facteur 1,15. Il faut atteindre 86% de la vitesse de la lumière pour dilater le temps par 2, et 99,9% pour le dilater par 20. À l'extrême, à la vitesse de la lumière, le temps est infini.

L'espace et le temps absolus et uniformes de Newton n'ont plus de sens. Il faut parler d'un espace-temps dont la perception dépend de la vitesse.

La gravitation et la Relativité générale (1915) : en quelques mots...

Quand toute sorte d'objets '' chutent '' dans le vide, ensemble, ils semblent être en apesanteur : et leur accélération semble annuler la cause : la gravitation : ( c'est ce qui se passe avec les astronautes en ''apesanteur '' autour de la terre ; ils tombent bien, mais autour de la terre et non sur la terre).

On peut parler de principe d'équivalence, entre l'accélération et la gravitation.

Si la vitesse ralentit le temps, alors l'accélération et donc la gravité ralentissent aussi le temps. Einstein montre ainsi que le champ de gravité, que la matière engendre, retarde le cours du temps de celui qui s'y trouve par rapport à celui qui ne s'y trouve pas. Le temps s'écoule donc relativement plus lentement en bas de la tour Eiffel qu'au sommet (parce qu'en haut la gravité est plus faible, puisqu'on est plus loin de la Terre). Au sommet, la montre avance d'une microseconde par an.

Avec Einstein, nous en concluons qu'il n'est pas nécessaire de penser la gravité comme une force agissant à distance (comme Newton le présumait).

Utilisons l'analogie suivante : une masse courbe l'espace-temps comme une boule de plomb qui serait posée sur un filet de trampoline. Dans ce cas, si on lance une bille de façon rectiligne, elle va être "attirée" par la boule de plomb et va tourner autour d'elle. La gravité n'est qu'une conséquence de la courbure le l'espace-temps. De la même façon, si la Terre attire la Lune, c'est parce qu'elle déforme l'espace dans lequel elle est plongée. En fait la trajectoire de la Lune n'est pas une ellipse mais une ligne droite dans un espace courbé par la présence de la Terre.

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Août 1944 : Valéry - La résistance à Fléchigné.

Publié le par Régis Vétillard

Paul Valéry et Jeanne L. (Jean Voilier)

Le 1er août 1944, Anne-Laure de Sallembier et son fils, sont invités dans les jardins de la demeure de Jeanne L., 11 rue de l'Assomption, pour entendre la lecture d'une pièce que Jeanne appelle '' le troisième Faust'' , et que l'auteur, Paul Valéry, nomme ''Lust'' ( idéal en allemand, idéal féminin) et qui est tout à la gloire de sa maîtresse. Les invités échangent dans le jardin; beaucoup de gens ''bien'', comme Duhamel dont on dit qu'il « tient en respect les forces maléfiques » - Anne-Laure apprécie beaucoup sa femme, Blanche Albane célèbre actrice dans les années 1920 - Mauriac est absent. Duhamel est de formation scientifique, et Lancelot profite également de la présence de Louis de Broglie pour l'interroger sur la genèse de la mécanique ondulatoire.

Lancelot a retenu, en particulier, que Louis de Broglie a profité de l'analogie entre le principe de moindre action en mécanique et le principe de Fermat en optique pour formuler la mécanique ondulatoire. Ce serait intéressant d'en reparler, car cela met en valeur, - pense Lancelot - à la place d'un langage mathématique sous forme d'équations différentielles, un système de formulations ''élégantes'' exploitables en science et en philosophie. Paul Valéry ne pourrait qu'apprécier...

11 rue de l'Assomption Paris

 

Si chacun, ici, reconnaît Jeanne L. dans Lust, et peut-être Valéry dans Faust ; que penser de Robert Denoël, présent également et nouvel amant de cette femme ambitieuse ? Lust pourrait bien finalement, tomber dans les bras du ''disciple''.

 

Faust - transporté à l'époque moderne - est l'intellectuel qui se voudrait le maître de sa secrétaire, et qui se venge ; elle qui - si elle ''n'est pas là pour comprendre'' - interroge le sens du message, le commente, ironise... Lust répond avec son rire, son corps. C'est parole contre parole.

Faust - mythe

Deux personnages interviennent, Méphisto ( ridicule, avec un esprit médiocre, ordinaire) et le disciple auquel Faust se confie : « revivre, ce n'est plus vivre ».

Mais, Faust découvre un moment de plénitude : « Je respire ; et rien de plus, car il n’y a rien de plus. Je respire et je vois (...). Mais ce qu’il y a peut-être de plus présent dans la présence, c’est ceci : je touche (...) » Et, Lust devient '' l'autre '' : « Viens faire un tour dans le jardin », murmure Faust » ( le jardin, la femme, le fruit, l'arbre, le serpent...).

Lust tient tête à Méphisto et se dérobe (?) à l’amour banal du Disciple.

Cette pièce inachevée, se termine ici par un Faust qui meurt d'amour. « II dépend de ton coeur que je vive ou je meure / Tu le sais à présent, si tu doutas jamais / Que je puisse mourir par celle que j'aimais. »

 

Après qu'une jeune femme, accusée de '' collaboration horizontale '' avec l'ennemi, ait été molestée; Geneviève a été dénoncée et inquiétée pour avoir eu une relation avec un officier allemand.

Au mois d'août 1944, Lancelot et Geneviève enceinte, ont rejoint Fléchigné. Avec l'accord d'Anne-Laure, ils ont pris la décision d'organiser très rapidement leur mariage. Il eut lieu dans l'intimité.

Ils assistent de loin à la libération de la Normandie …

Il a fallu attendre, après le 6 juin, que l'armée américaine du général Patton perce les lignes allemandes à Avranches. Le 3 août 1944, elle libère Rennes. Ensuite partagée en trois, un corps d'armée reçoit l'ordre d'établir des têtes de ponts à Mayenne, Laval pour prendre les Allemands à revers.

Le 5 août, les américains sont à Mayenne, qu'ils libèrent.

De plus près, la comtesse de Sallembier, son fils et leurs employés soutiennent l'intendance du maquis Fleury.

Tout se précipite alors, les soldats allemands sont harcelés. Trois d'entre eux sont tués route d’Izé à Bais en début d’après-midi ; en représailles, les Allemands encerclèrent dans la nuit le village de l’Aubrière situé à 500 mètres de Bais. Le 5 août, dans une ferme appartenant à un cousin de notre famille, Albert Vétillard, lui et quatre autres personnes sont désignés comme otages. Alignés, battus et fouillés, ils sont froidement abattus.

Le 6 août, à proximité de Fléchigné, des résistants du groupe Fleury tendent une embuscade sur la route au lieu-dit la Nivelaie, en tirant un fil de fer en travers de la route. Une moto ennemie arrive et heurte le fil de fer. Le conducteur chute, se relève et essuie les tirs des maquisards. Après avoir fait demi-tour, il revient accompagné d'une automitrailleuse, qui oblige les résistants à décrocher, après un cours mais violent engagement au cours duquel Edouard Lemée est tué.

Le 12 août au matin, Alençon est libérée par la 2e Division Blindée française du Général Philippe Leclerc de Hauteclocque.

 

De retour d'une promenade aux Tuileries, le 11 août 1944, Drieu la Rochelle a tenté de se suicider. Il travaillait - avait-il dit - sur une pièce concernant Judas. Il s'interrogeait sur le rôle que le traître devait maintenir pour que les choses s'accomplissent. Judas nécessaire, mais Judas méprisé. Pour Drieu, une des valeurs supérieure qui légitimerait sa trahison, serait la dimension européenne du patriotisme nouveau. Drieu est un précurseur, et son suicide semble pour les jeunes générations, une réponse à cette phrase qui ouvre l'essai de Camus '' Le Mythe de Sisiphe '' : « Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide ? »

Découvert par sa femme de ménage, c'est Colette Jéramec ( sa première femme) qui l'a conduit à l'hôpital américain.

Drieu la Rochelle

Quelques semaines auparavant, Lancelot, avait noté quelques idées de sa conversation. Il se disait vexé « de l'incapacité du fascisme, de l'incapacité allemande, de l'incapacité européenne. » Il parlait souvent de la mort, il avait commencé à vivre ''l'heure de la mort''. Elle lui devenait « merveilleusement, délicieusement familière. »

De sa difficulté de croire en Dieu, il disait : « Impossible d'imaginer l'infini créant le fini... Pourquoi le parfait rêverait-il de l'imparfait ? Pourtant, c'est l'explication la moins impossible. Mais l'Infini n'a pas besoin du fini pour se concevoir ; il n'a pas à se concevoir. »

L'idée de la survie de l'âme individuelle lui paraissait, enfin, lui paraît ( il n'est pas mort...), vulgaire. Se confronter à la mort, volontairement ou non, ne consiste pas à s'interroger sur la question de perdre ou sauver son âme : « Ce que je sens de spirituel en moi, d'immortel, d'inépuisable, c'est justement ce qui n'est point particulier. J'ai toujours eu le sentiment, dans mes moments de plénitude, de lucidité, que ce qui compte pour moi, en moi, c'est ce qui n'est pas moi, c'est ce qui en moi participe à quelque chose d'autre que moi. »

 

Si la rivalité entre Giraud et De Gaulle tourne à l'avantage de De Gaulle ; beaucoup s'inquiètent de la volonté des communistes de s'imposer dans la résistance pour prendre le pouvoir. Les communistes ne souhaitent pas seulement la libération du territoire ; mais aussi le pouvoir de conduire le peuple vers une idéologie, elle-même totalisante ; ainsi ce tract, dans lequel le PC se dit être « le parti qui, guidé par le marxisme-léninisme et par l'enseignement de Staline, a su dégager ce que représente la nation comme facteur de libération humaine. »

La nouvelle du succès du débarquement de Provence, le 15 août, a déclenché l'insurrection à Paris.

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1945 - 2023

Publié le par Régis Vétillard

1945 - 2023
France-Soir du 31 décembre 1944

France-Soir du 31 décembre 1944

''Ce Soir'' - Retour sur les évènements de 1944

''Ce Soir'' - Retour sur les évènements de 1944

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Noël 1944

Publié le par Régis Vétillard

Le général Von Rundstedt a été chargé par Hitler de préparer une contre-attaque. Cette contre-offensive, qui rassemble vingt-huit divisions dans les Ardennes à l’hiver 1944 a surpris les alliés.

La Paix de Noël - par François MAURIAC - Le Figaro du 24 Décembre 1944

"LORSQUE, dans cet août glorieux de la délivrance, nous nous disions : « A Noël, peut-être... » ce n’était pas ce sursaut redoutable de l’ennemi que nous envisagions, ni cette blessure rouverte au flanc de la Belgique, ni cette angoisse de la France sans armes.

Nous songions au retour de nos bien-aimés, à une messe de minuit qui eût été une messe d’action de grâce, à tous ces rires, à toute cette joie, autour d’une table illuminée... Eh bien non, nous ne connaîtrons pas d’autre paix, ce soir, que la paix promise par les anges aux hommes de bonne volonté, cette paix dont le Fils de l’homme, plus tard, devait dire : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne la donne pas comme la donne le monde... » Il ne s’agit de rien d’autre que de ce grand calme au dedans de nous, quelles que soient les ténèbres extérieures pleines d’embûches et de menaces. Les hommes ont fait de Noël une priapée, mais les chrétiens savent que ce mystère joyeux touche de toutes parts à la douleur humaine. Un jeune ouvrier, une femme enceinte, presque une petite fille, errent d’auberge en auberge, sont chassés de partout, échouent dans une étable : c’est le pauvre, c’est le sans- logis de tous les temps que cet enfant, déjà crucifié à la crèche. Car le chemin de croix commence dès Bethléem. Le monde chante, rit et boit autour de ce dénuement sacré. Mais rien ne peut faire que ce nouveau-né ne soit nu, qu’il n’ait froid, et sa mère n’a personne pour l’aider — sinon cet ouvrier, un peu en retrait, qui prie dans l’ombre. Telle est la leçon que nous devons retenir de ce Noël dans les larmes. Notre Dieu-enfant n’est pas venu détruire la souffrance des hommes, il est venu pour l’épouser, pour lui donner à la fois un sens et une valeur.

Les chrétiens savent comment le mal est entré dans le monde, mais ils connaissent aussi le prix d’une larme, d’une goutte de sang. L’énigme que pose à notre angoisse cette création féroce, ils en ont trouvé le mot qui est : réversibilité. (« C’est d’abord pour comprendre, que je suis devenu chrétien... » écrivait Jacques Rivière, prisonnier, le 24 décembre 1924, il y a aujourd'hui vingt ans.) De chacun de nos prisonniers, de nos déportés, de nos soldats,, la Communion des saints peut faire un Christ souffrant et mourant pour son peuple.

S’il est vrai que la foi soit une grâce, un don de Dieu, elle est aussi une vertu et, pour une part, dépend de notre vouloir. Les hommes de bonne volonté, à qui la paix est promise en cette sainte nuit, ce sont d’abord ceux qui, en dépit des abominations d’un monde voué au meurtre, gardent intacte la foi, telle que la confesse l’apôtre Jean dans sa première Epitre : « Et nous, nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru. Dieu est amour. » Ce secret que l’Apôtre avait dérobé au Fils de l’homme, des millions de femmes et de mères ont peut-être du mérite à y croire, en ce sombre Noël. Même si leur cœur exténué n’a plus la force de l’accueillir, il suffit qu’elles y consentent, qu’elles ne disent pas non. Rien n’est exigé de nous que cette pauvre bonne volonté."

François MAURIAC, de l'Académie française.

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Le Débarquement – Juin 1944

Publié le par Régis Vétillard

L'année 1944 a commencé avec l'amplification de rumeurs sur un prochain débarquement.

Plusieurs connaissances reçoivent des visiteurs réclamant une inscription à une souscription ''volontaire'' en soutien de la légion antibolchevique. Si on refuse, le visiteur menace...

Gaz et électricité sont très souvent coupés pendant la journée. L'angoisse grandit ; les bombardements massifs des anglais, les fusillades en pleine rue, semblent nous annoncer une déflagration.

Anne-Laure et Lancelot ont la désagréable surprise de recevoir une lettre anonyme, avec à l'intérieur le dessin d'un cercueil.

La comtesse de Sallembier craint une accusation portée sur ses relations avec les gradés allemands, sans attention sur ses réelles motivations et sans prendre en compte les résultats de ces contacts.... Lancelot tente de rassurer sa mère ; ils ont l'appui des chefs du SR, le colonel Rivet, le commandant Paillole, même s'ils sont éloignés; ayant gagné Alger, ils se sont mis sous les ordres du Général Giraud.

La mère de Lancelot, blessée, décide de se retirer de plus en plus souvent, à Fléchigné.

Paris, le 6 juin 1944. La journée s'annonce pleine de mélancolie, à l'image du temps. A 8h30, à l'aide du bulletin d'informations de ''Radio-Paris'', au milieu des mensonges, chacun tente de discerner des nouvelles sur une offensive alliée. Le speaker note ces quelques mots, suffisants pour que chacun s'interroge, espère : « On a observé, cette nuit et à l'aube, entre Calais et Dunkerque, de nombreuses embarcations, tandis que s'avançait, de l'embouchure de la Seine au Cotentin, une importante flotte de guerre... ». On reste collé au poste : on retient : - les parachutistes, - les bombardements aériens … A 9h30, la radio anglaise confirme, le général Eisenhower parle : « Ce débarquement fait partie du plan établi pour la libération de l'Europe... Tous les patriotes ont un rôle à jouer... Aux membres des mouvements de Résistance je dis : suivez les ordres qui vous seront donnés, mais n'exposez pas votre vie inutilement. Attendez l'heure où je vous donnerai le signal de frapper l'ennemi. »

Sur ''Radio-Paris'' à 14h15, un court discours du Maréchal Pétain qui annonce « La France devient un champ de bataille. N'écoutez pas ceux qui conduisent le pays au désastre. »

26 Juin prise du port de Cherbourg – mi-juillet Caen, Saint-Lô, libérés – 25 août, libération de Lisieux et Paris.

Le 28 juin : Philippe Henriot, secrétaire d'Etat à l'Information et speaker à Radio-Paris, est abattu par un groupe de résistants, rue de Solférino. Le 1er juillet : Funérailles nationales de Philippe Henriot, abattu par la Résistance le 28 juin. Toutes les salles de spectacles sont fermées. Dès le 12 juillet un boulevard Philippe-Henriot est créé à Vichy. A Paris l'avenue du Président Wilson, près du Trocadéro, est débaptisée le 14 juillet et devient, pour quelques semaines, l'avenue Philippe-Henriot.

Le 7 juillet : Assassinat par des membres de la Milice de l'ancien ministre d'état Georges Mandel dans la forêt de Fontainebleau. La presse annonce la nouvelle une semaine plus tard. Le matin du 15 juillet informe que « le juif Mandel a été abattu » pendant son transfert dans un camp d'internement. « Une information judiciaire est ouverte. »

 

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Einstein révolutionne la Physique

Publié le par Régis Vétillard

 Je rappelle que Frédéric Joliot et sa femme, Irène Curie ont mis en évidence avec d'autres ( allemands en particulier) la fission de l'uranium (1939) , c'est-à-dire l'éclatement du noyau de l'atome sous l'impact d'un neutron, avec un dégagement d'énergie considérable. Ils sont allés jusqu'à constater un phénomène qui déclenche une réaction en chaîne et, par là, la production d'énergie atomique. Pour ralentir cette réaction en chaîne, Joliot opte pour l'eau lourde.

En août 1943, Jean Bichelonne, secrétaire d'état, a invité Joliot « à reprendre immédiatement ses études sur la désintégration atomique, notamment par la recherche de la concentration de l'uranium 238 dans l'uranium naturel. » et des expériences « relatives à la production en chaînes explosives de l'uranium en vue de la construction de centrales thermiques. »

 

Lancelot apprend par le milieu scientifique, la réussite d'un sabotage norvégien, qui a eu lieu le 28 février 1943, dans une usine allemande en Norvège, qui fabrique l'eau lourde, nécessaire pour concevoir une bombe nucléaire avec de l'uranium non enrichi.

« Le bombardier stratosphérique voit les villes ''grosses comme l'ongle'' » c'est le titre d'un article d'une revue, qui explique la peur lors de tels bombardements. Dans la nuit du 21 avril 1944, 2000 bombes sont déversées sur Paris ; il y aurait plus de 600 morts. Le 26 avril, Pétain est à Paris, la première fois depuis juin 40, Une foule l’acclame et chante la Marseillaise ! ( interdite ). Le Petit Parisien du 27 avril 1944 titre : « Le Maréchal acclamé par le peuple de Paris » Lancelot s'interroge et se demande s'il ne s'agit pas de l'expression de la peur de la guerre totale... Et si les allemands répondaient par la guerre atomique ?

Avant de parler de la ''bombe atomique'', revenons à nos fondamentaux :

Einstein avait lu les philosophes, et s'en inspirait. Ainsi de David Hume ( Le traité de la nature humaine, 1740), l'homme est conditionné par ses perceptions, et prévient « corrélation n'est pas causalité ». Hume déclare superflu le concept de substance ; et avec Kant, Einstein retient l'intelligibilité du monde, et donc la nécessité de poser un cadre logique et la possibilité d'en changer. Tout en sachant que nous n’accéderons jamais à la ''chose en soi ''.

Pendant ses études, en marge de l'enseignement, il parcourt la thermodynamique ( macroscopique), la théorie cinématique des gaz ( microscopique), il se confronte aux contradictions de l'éther qui avec le concepts de champ présente une répartition continue de l'énergie électromagnétique ; alors que l'on se représente l'électricité de façon discontinue ( particules). Passant du macroscopique au microscopique, il rêve de réconcilier : électromagnétisme, thermodynamique, atomisme...

Ajoutons, c'est important, que si le mot ''relativité '' a été introduit par Poincaré, les idées correspondantes à la relativité restreinte étaient dans l'air du temps... N'oublions pas Hendrik Lorentz, qui supposait un éther immobile, milieu dans lequel se propage les ondes lumineuses.

Lorentz suppose un champ électromagnétique de l'éther, dans lequel les actions se propagent au plus à la vitesse de la lumière.

Pour de grandes vitesses, passant d'un référentiel à un autre, les vitesses ne s'additionnent pas ; aussi Lorentz introduit des équations ( transformations de Lorentz) qui considèrent une contraction des longueurs et une dilatation du temps lors du mouvement, dans le cadre d'un espace et d'un temps absolus... Il s'agirait donc de contraction ou de dilatation réelles...

Einstein élimine l'éther, et les notions de référentiel ou horloge absolu, et considère les différences de longueur comme des effets de perspective dans un espace-temps en quatre dimensions, et non des contractions réelles.

 

- En 1903, Einstein rejette la réalité de l'éther, et pose le principe de constance de la vitesse de la lumière, indépendamment du mouvement de sa source.

- Il ose : pourquoi ne pas donner au rayonnement, comme à la matière une structure discontinue ?

- En 1925, en observant le mouvement aléatoire des molécules en suspension (mouvement brownien), il contribue à fournir la preuve de l'existence physique des atomes.

- Il met en évidence la dualité onde-corpuscule de la lumière en 1909. Il introduit une nouvelle particule, le photon, un grain qui transporte de l'énergie par quanta et permet de découvrir l'effet photoélectrique.

Einstein reprenait un rapport de Max Planck, en attente depuis 1900, qui présentait l'action ( l'énergie : le produit de la force par le temps) non pas d'une façon continue, mais en grains. L'énergie de chaque grain est égale au produit de la fréquence de la lumière par la constante h de Planck.

Einstein s’intéresse à l'infiniment grand et à l'infiniment petit et rêve de faire la jonction. Mais, ce qui est en haut ne semble pas être comme ce qui est en bas ; pourtant l'univers est unique.

En ces années ''40'', la plus récente tentative d'unifier les lois de l'univers serait la '' mécanique ondulatoire '' publiée en 1924 par Louis de Broglie.

 

Lancelot se souvient d'une discussion qu'il a avait eu en Angleterre avec Alastair Denniston, un spécialiste de la cryptographie et un passionné de romans d'anticipation. Il avait évoqué un livre de H. G. Wells, ''The World Set Free '' qui avait été inspiré par les travaux de Soddy, le radio-chimiste anglais( Nobel en 1921) qu'il connaissait et lui avait expliqué comment l'uranium peut se désintégrer en radium, et les propriétés des isotopes. Soddy avait également toute une théorie sur une '' économie écologique '' basée sur les lois de la thermodynamique. Transdisciplinaire, cette théorie se veut être un guide des acteurs économiques pour préserver nos ressources en conciliant progrès social et gestion énergétique. Le rôle de l'Etat y est déterminant, régulateur de l'équilibre et le seul capable d'une vision à moyen et long terme.

Dans le livre de Wells (publié en 1914), sont annoncés la bombe atomique, la guerre atomique, la révolution énergétique ; et finalement un monde libéré. C'était 26 ans avant le projet Manhattan. Dans un premier temps Wells décrit comment l’énergie bon marché accélère le progrès technique de manière prodigieuse. Mais, les inégalités se creusent ; la société de consommation atteint son apogée et la fracture sociale aboutit à une désespérance généralisée. 

L’humanité décrite par H.G. Wells est assoiffée de progrès, affamée d’énergie, surexploite ses ressources ; elle voit dans l’atome une source d’énergie infinie… Et un énorme potentiel militaire.

Wells évoque des relents de populisme, de nationalisme et de racisme, mais aussi de fondamentalisme religieux, autant d’obstacles à l’essor du monde vers une société plus égalitaire. Dans sa vision utopique d’un monde futur, l’individualisme cède la place au collectivisme. Il imagine aussi que la création d'un état mondial pourrait seul permettre de réguler l'utilisation de l'arme atomique.

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1944 – La Milice française

Publié le par Régis Vétillard

Qui, mieux qu'elle, peut parler de la France occupée ? Comment a t-elle été assez naïve pour imaginer une collaboration qui ne passe pas par ce type de violence; collaboration asymétrique dans laquelle le vaincu ne peut qu'y laisser son honneur.

Lancelot apaise Geneviève. Il lui assure qu'il accepte l'éventualité que cet enfant ne soit pas - génétiquement - le sien; et s'engage à assumer la suite. Ceci restera entre eux seuls. D'autant, que ce genre d'incident généalogique n'est pas exceptionnel dans notre tradition familiale; ce qui explique que la comtesse de Sallembier, elle-même, saura être compréhensive.

Janvier 1944 - Des cours martiales sont instituées. Un état milicien français se met en place. La milice contrôle la police en zone nord, comme en zone sud; elle a la main sur la propagande et elle contrôle les directions pénitentiaires ( une bonne partie de la justice).

Les cours martiales, bien que tout à fait officielles, se réunissent sans publicité, en dehors des lieux où est traditionnellement rendue la justice, et leurs « juges » sont anonymes. Le processus répressif se veut rapide, de l’arrestation à l’exécution. Ne sont rendus publiques , aucune information sur l’identité des condamnés, ou la nature des faits qui leur sont reprochés...

Comment en sommes-nous arrivés là ?

On peut tenter de reconstituer, la chronologie. L'objectif de Pétain était le redressement moral et intellectuel du pays.. Il comptait sur les anciens combattants, pour conduire cet engagement.

En zone Sud, l'ensemble des associations d'anciens combattants sont devenues : La Légion française des combattants le 29 août 1940. Sa mission : régénérer la Nation, elle possède son émission de radio quotidienne. Le 31 août 1941 à Vichy, les légionnaires prêtent serment.

La légion LVF, contre le bolchévisme, est créé le 18 juillet 1941, mais les volontaires pour rejoindre le front de l'est sont rares.

 

De la Légion, Joseph Darnand, en Février 1942, crée le SOL, le service d'ordre légionnaire, groupement paramilitaire avec les plus combatifs, antirépublicains, antibolchéviques, antisémites. Ils se présentent comme les chevaliers des temps modernes..

Le serment individuel se fait devant le grand maître de l’Ordre, l’inspecteur général Darnand. Ils récitent les 21 points de la doctrine, et s'engagent : - « Contre l’Egoïsme bourgeois, le Scepticisme, l’Individualisme, l’Egalitarisme, le Capitalisme international, la Franc-maçonnerie païenne, la Dissidence gaulliste, le Bolchevisme et la “Lèpre juive”. », et - à « servir la France et le maréchal Pétain chef suprême de la Légion ».

 

Trois jours après le débarquement en Afrique du nord ( 8 nov 1942); les allemands franchissent la ligne de démarcation. L'armée d'armistice disparaît sans gloire, la fiction d'un Etat français s'envole. Le Führer exige de Laval, la création d'une force de police qui devra collaborer avec les allemands au maintien de l'ordre en France. Où trouver ces troupes sinon chez les légionnaires de Darnand ?

De par la loi N°63 du 30 janvier 1943, est créée la Milice française qui dépend du gouvernement, à partir du SOL, et toujours sous les ordres de Darnand.

Le 1er janvier 1943, l’école d’Uriage - opposée ouvertement à Laval et qui a servi de refuge à des juifs - est officiellement fermée. Un mandat d'arrêt est délivré contre Pierre Dunoyer de Segonzac qui rentre dans la clandestinité et la résistance. Le 11 février, la milice de Joseph Darnand prend possession du château d’Uriage, pour établir son école des cadres de la Milice ; avec une formation militaire orientée vers les combats de guerre civile.

Les allemands proposent la création d'une Waffen SS française... Ces français vont prêter serment à Hitler. En réponse aux attaques de la Résistance, les allemands acceptent de leur livrer des armes ; et exigent l'entrée au gouvernement de Darnand.

Le 30 décembre 1943, deux miliciens sont aux postes clés de l'appareil d'état : Darnand secrétaire général au maintien de l'ordre, il a autorité sur l'ensemble des forces de police. Philippe Henriot est nommé à l'Information ( il parle deux fois par jour, à la radio).

Des cours martiales sont instituées. Un état milicien se met en place. La milice contrôle la police en zone nord, comme en zone sud ; elle a la main sur la propagande ; elle contrôle les directions pénitentiaires ( une bonne partie de la justice).

 

Conséquemment au conflit de Georges Duhamel et de Jacques Bernard, directeur du Mercure de France ; une note d'Otto Abetz, datant de 14 décembre 1943, donne son accord à propos d'une éventuelle déportation de Georges Duhamel: « D'accord pour la déportation de Georges Duhamel auteur de livres anti-allemands; intrigue contre les intérêts allemands ». (Arlette Lafay )

 

Jean Giraudoux, malade suite à une crise d'urémie, aurait quitté son hôtel , rejoint son domicile, dont il s'était éloigné... Il y est mort le 31 janvier 44.

Le 1er mars, c'est le chanoine Mugnier, devenu aveugle, qui meurt. Il aimait dire qu'on l'enterrerait dans une nappe, celle de toutes les réceptions mondaines où il était invité. Très aimé, Anne-Laure de Sallembier tient à être présente à son enterrement, rue Méchain, à la chapelle des sœurs.

Pierre Pucheu, ministre de l'intérieur de Vichy, voulait convaincre le Maréchal de partir pour Alger, après le retour de Laval. Lui-même aurait été la Gestapo Inculpé de trahison ; il vient d'être fusillé ; C'est le signe que le régime de Vichy va devoir rendre des comptes; qu'il est inutile à présent de changer de camp, d'autant que Pucheu aurait donné des listes d’otages communistes à fusiller. 

 

Perdu pour perdu, Drieu a hésité... Mais, il ne pouvait pas rester en Suisse. Il devait rentrer à Paris, et attendre. Faire face, et logiquement, mourir. A présent, les grands mouvements, doivent être intérieurs. Drieu est friand de discussions théologiques. Le christianisme l'agace : ce rapport au Dieu personne, à l'amour, ne lui parle pas. Il apprécie lire l'Evangile de Jean et les épîtres de Paul, et y reconnaît le socle occidental grec, et minimise l'apport juif. Il apprécie de plus en plus, le Vedanta ; en quelques mots : L'Univers se fonde sur le brahman, l'Absolu, l'ultime réalité. L'homme se reconnaît comme ātman ( âme, soi), mais, le brahman est également son fondement. Il faut réaliser que ātman et brahman ne font qu'un.

 

Et en sciences ? Évacuons, ce serait une grave erreur de ne pas le faire, l'impression que la relativité d'Einstein conduirait au relativisme des idées ; ou les relations d'incertitude d'Heisenberg à la confusion des repères.

Je rappelle, par cette formulation, ce principe d'incertitude d'Heisenberg (1927): « La vitesse et la position d’une particule élémentaire sont liées de telle sorte que toute précision dans la mesure de l’une entraîne une indétermination, proportionnelle et parfaitement quantifiable, dans la mesure de l’autre.» ( J. Ferrari – Le Principe).

Le texte de Werner Heisenberg écrit en 1942, que traduit Anne-Laure de Sallembier analyse comment l'évolution des sciences a modifié notre position à l'égard de la Réalité.

Heisenberg propose d'approcher la réalité en acceptant sa division en « régions » et « niveaux »,  en allemand, « Bereich Wirklichkeit » et « Schicht Wirklichkeit »; et ceci pour éviter les malentendus conceptuels. A mon avis, les ''niveaux de réalité'' sont à rapprocher de ce que nous appelons aujourd'hui les ''modes d'existence''.

Heisenberg se situe d'emblée sur la position kantienne qui renonce à toute connaissance sur le réel en soi.

Ainsi, par ''région de la réalité'', Heisenberg prend l'exemple suivant : « une même goutte d'eau d'un ruisseau peut obéir aux lois physiques, puis aux lois chimiques lorsque elle se combine aux sels, puis entre dans le domaine des lois organiques lorsqu'elle est absorbée par une plante » .

Les ''niveaux'' permettent de commencer là où on peut objectiver, et avancer vers où les états de choses ne peuvent pas être séparés du processus de la connaissance. 

Premier niveau de réalité : état des choses objectivables indépendamment du processus de connaissance : La mécanique classique, l'électromagnétisme et les deux théories de la relativité d'Einstein. Nous admettons que la perception n'est pas influencée par l'action de celui qui perçoit.

Deuxième niveau de réalité : état des choses inséparables du processus de connaissance ; avec la mécanique quantique, la biologie et les sciences de l'esprit. Nous prenons en compte que ce qui est perçu est influencé par l'action de percevoir : la mesure influence ce qui est mesuré.

Troisième niveau de réalité : état des choses créées en connexion avec le processus de connaissance, et en intégrant l'expérience religieuse, philosophique et artistique. Nous reconnaissons que le sujet participe à la création de l'objet.

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La Lumière : onde ou corpuscules ?

Publié le par Régis Vétillard

Lancelot et Geneviève trouvent cet équilibre de liberté et d'intimité qui passe par des regards et des mots ; une recherche de sens similaire; et aussi par le même désir de faire corps ensemble. Ils forment un couple.

Malheureusement, très vite, survient l'obstacle de ''l'occupant'' : Geneviève est enceinte. Le fait qu'il se pourrait que ce soit par les oeuvres de l'officier allemand, horrifie Geneviève.

 

Fin 1943, on peut voir un film de H. G. Clouzot ''Le Corbeau'' ; difficile de rester dans cette ambiance sombre, qui avec la lâcheté de ses lettres anonymes, nous maintient dans le pire du quotidien de l'occupation. Le diable n'est pas qu'étranger ; nous avons en nous nos démons. Nous ne savons qui est ange ou bête... Ce film joue sur le ''clair-obscur'' ; ainsi cette ampoule qui bascule entre les Dr Vorzet et Germain, entre l'ombre et la lumière.

 

Avec Einstein, la ''science nouvelle'' sera qualifiée de juive, et stigmatisée, en particulier par le physicien Philipp Lenard, comme une « physique juive » abstraite et coupée de la réalité.

Philipp Lenard (1862-1947) présentait en 1936, les enjeux de la physique allemande, ou aryenne : le travail scientifique s'accomplit « en communion étroite avec les conditions naturelles » et les données expérimentales doivent être décrites et exposées « sur le socle ferme de la physique classique. ». En sont exclues, les théories de la relativité et des quanta. Les concepts fondamentaux, reposent sur les concepts de Force, d'Energie, d'Ether, et sur le modèle mécanique de l'atome. Elle va perdre l'essentiel de son crédit après la découverte de la radioactivité artificielle et la fission effective du noyau.

Cependant, Philipp Lenard, conseiller auprès du Ministre de la Science et de l'Éducation et à la Formation du peuple, Bernhard Rust, surveille la conformité de l'Université allemande à l’idéologie 

Sous le troisième Reich, l'institut de mathématiques de Göttingen est démantelé. Hitler aurait dit : « le nazisme, c'est la biologie appliquée. », la science étant au service de la race aryenne. La mission des scientifiques est de découvrir les lois véritables de la nature, et d'en découler les lois de l'Histoire.

 

En sciences physiques, il n'est peut-être pas si étonnant, s'il nous faut revenir à la ''Lumière '', née de cette Origine primordiale, de laquelle les particules des éléments chimiques se sont séparés, puis se sont regroupés en millions de galaxies.

La question de savoir de quoi est faite la Lumière, est posée dès l'époque de Newton. En 1802, l'expérience de Thomas Young répond à la question : la lumière est une onde ; le spectre électromagnétique est gradué en longueurs d'onde...

 

Après que l'on ait fait le lien entre l'électricité et le magnétisme ; J.C. Maxwell élabore une série d'équations différentielles qui servent à expliquer le comportement des champs électromagnétiques.

Quelle est la différence entre une onde et un champ électromagnétique ?

Une onde est une vibration du champ.... Peut-être un exemple qui permet de comparer un champ avec les ondes qu’il transmet est celui du téléphone à boite de conserve.
Vous pouvez tendre plus ou moins la ficelle entre les boites de conserve, ce qui correspond au champ sans ondes. Mais quand vous parlez dans la boite, le fond vibre et change la tension dans la ficelle. Ceci crée une onde qui se propage dans la ficelle. Cette onde correspond à des variations dans le temps de la tension sur la ficelle.

Dans le cas des ondes électromagnétiques, la situation est un peu plus compliquée, car dans ces ondes il y a deux champs qui varient : le champ électrique et le champ magnétique. Ils sont indissociables.

Maxwell ( 1864) calcule la vitesse de la lumière et déduit qu'elle est une onde électromagnétique ( à deux composantes électrique et magnétique, perpendiculaires et en phase). Hertz en 1884, va conforter cette théorie en produisant une nouvelle forme d'onde électromagnétique : à basse fréquence et grande longueur d'onde, - à même vitesse de propagation – l'onde radio.

 

En 1905, Einstein dans une publication, expose l'idée que la lumière, c'est à dire le champ électromagnétique, ne serait pas un flux continu comme on le pensait. Elle serait composée de paquets indivisibles de quantas, de photons, et d'autre part ces paquets auraient une énergie proportionnelle à leur fréquence ; plus la fréquence est élevée, plus l'énergie véhiculée individuellement par chaque paquet est grande.

Attention.... Einstein, n'a pas eu cette ''révélation'' sans avoir été préparé... Revenons en arrière, de quelques années :

Les corps chauffés émettent des rayonnements caloriques et lumineux... L'énergie rayonnée, est variables suivant la longueur d'onde du rayonnement.

Max Planck (1858-1947) à l'idée que cet échange pourrait se faire sous forme de paquets d'énergie, de quanta.... ( un quantum = h ).

En 1900, Planck propose l’idée que les différentes longueurs d’ondes émises par un atome sont toutes des multiples entiers d’une certaine quantité d’énergie minimale indivisible. Cette quantité d’énergie, le « quantum d’énergie », fut décrite par Planck comme une constante fondamentale. Le quantum d'énergie est une interaction entre la lumière et la matière. C'est un échange entre un photon et un atome.

La relation qui en découle est E= ''h''×ν, où : E est l’énergie de la particule ; ν (« nu ») est sa fréquence ; la constante '' h '': vaut 6,626 070 15 × 10⁻³⁴ joule seconde (J.s) - elle sera nommée ''constante de Planck - .

Le photon est une particule, de charge et de masse, nulle. Le quantum est la quantité d'énergie transportée par le photon, sa valeur est donc h×ν.. Lorsque l’énergie de la lumière est divisée en quanta discrets, on dit qu’elle est quantifiée.

Qu'est-ce que la ''quantification de l'énergie lumineuse'' ?

L'expérience montre que l’énergie de la lumière ne peut pas être absorbée par les électrons en continu. Cela se produit pour une lumière de fréquence élevée, mais pas pour une lumière de fréquence faible, l’énergie de la lumière doit être apportée à la surface métallique sous forme de « paquets » discrets, et la quantité d’énergie doit être liée à la fréquence de la lumière. Ces « paquets » d’énergie sont appelés des photons. Les photons sont des particules de lumière. On a donc établi que l’effet photoélectrique doit être décrit en utilisant un modèle de particules de lumière, plutôt qu’un modèle d’onde.


 

On dit '' discrets'' pour signifier ils sont comme des points séparés et ne peuvent constituer un continuum qu’à une certaine échelle, en apparence... Ainsi, une grandeur physique est quantifiée si l’ensemble de ses valeurs caractéristiques forme un spectre discontinu de valeurs discrètes.

Ce résultat pose une grande question : la réalité serait-elle continue ou discrète ? Discrète comme les nombres entiers, des 'bits' d'ordinateurs... ou continue, là il n'y aurait pas d'éléments irréductibles, comme les nombres réels ( une infinité de chiffres après la virgule.). Ou s'agit-il plutôt de notre choix dans une vision : soit analytique, réductionniste... soit globale, holistique ?

 

Einstein comprend l'importance de cette constante... Mais, pour lui,  la quantification de l'énergie ne pouvait pas être réduite aux échanges d'énergie entre les systèmes physiques. C'est la nature même du rayonnement qui devait être modifiée pour devenir granulaire.

C'est ainsi qu'en 1905 Einstein émet l'hypothèse que la lumière est composée de corpuscules, appelées photon. Il montre que la lumière est à la fois corpusculaire et ondulatoire.

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1943-44 - La vie continue, du côté du Café de Flore. Sartre, Simone de Beauvoir...

Publié le par Régis Vétillard

Fin 43, début 1944. La France se détourne de la collaboration. 1 850 000 prisonniers sont toujours détenus dans les stalags allemands. François Mitterrand ( connu pour son rôle en faveur des prisonniers de guerre) - lors d'une réunion publique salle Wagram, à Paris, le 10 juillet 1943 – interpelle l'orateur : « Nous n'acceptons pas le honteux marché que vous appelez la relève et qui se sert de nos camarades restés là-bas comme d'un moyen de chantage pour justifier la déportation des français... » Masson à la tribune s'insurge, le menace ; la police s'approche, Mitterrand soutenu par la salle réussit à s'enfuir...

La Wehrmacht a renoncé à la conquête de l'URSS. Mussolini est tombé, la Corse est libérée et un débarquement eut lieu en Sicile. Même un vichyste ( honnête), ne peut ignorer l'information sur l'existence de camps d’extermination de juifs. Des maquis sont actifs et la Résistance s'organise.

 

Robert Brasillach

Robert Brasillach, à 34 ans, est rédacteur en chef de '' la Chronique de Paris'', pendant l'été 43 , il a accompagné de Brinon en Allemagne. Les ''collabo.'' s'insurgent contre ceux qui prétendent servir la patrie depuis, ou avec l'aide de l'étranger.

Marcel Aymé reçoit de brillants éloges pour '' La Vouivre ''. Plusieurs hommages s'adressent à Jean Giraudoux mort le 31 janvier 1944. Brasillach se veut indulgent pour les ouvrages de J.P. Sartre (1905-1980) qui s'inspire de Heidegger, et s'améliore, de La Nausée - avec ce style  « chien-crevé-au-fil-de-l’eau » - aux nouvelles, Le Mur (1939) et au théâtre. Il le qualifie de « compagnon de [ses] dégoûts ».

On supporte Céline - quoique anarchiste nihiliste – et d'abord auteur de Voyage au bout de la nuit, mais aux idées ''profondément européennes et aryennes''.

Rebatet exprime son dégoût de la démocratie, et cela passe par son mépris pour l'état vichyssois et bien-sûr républicain. Dans '' Sur les ruines de l'art'', il s'en prend au « sauvage juif et américain » qui bombarde ''tout ce qui rattache la civilisation à son passé''.

 

Le zazou Boris Vian (1920-1959) tout en se moquant copieusement du pétainisme, dit ignorer la chose politique. Mariés depuis 1941, Michèle et Boris organisent des surprises-parties swing dans la maison de ses parents à Ville-d'Avray. On joue du jazz, comme "Lady be good", chanson du compositeur juif Gershwin, rebaptisée, "Les Bigoudis'' de Guère Souigne. Puis, des amis disparaissent dans des rafles, et le STO marque la fin de l'insouciante vague zazou.

Boris Vian, ingénieur, travaille à l'Afnor. Il joue de la trompette avec l'orchestre de Claude Abadie, dans les caves. Sous le nom de Bison ravi, il écrit un poème sur l’interdiction du jazz américain par les Allemands. Il n'a pas encore rencontré le couple Beauvoir-Sartre, piliers du gotha littéraire de Saint-Germain-des-Prés ; mais connaît l'ouvrage à succès de Sartre ''L’Être et le Néant '' (1943); il pèse un kilo (724 pages) et sert de poids dans les épiceries...

 

L'attention de Lancelot, est attirée par différents articles sur les prochains prix littéraires ( Goncourt, Renaudot) en ce début 1944. On commente largement le roman de Simone de Beauvoir, que Gallimard a publié, en 1943, '' L'Invitée''. Lancelot reconnaît, dans l'histoire d'un triangle amoureux, la vie de jeunes Montparnos, qui philosophent leur vie faite de désirs, de vouloir et de pouvoir.

Simone-de-Beauvoir

Simone de Beauvoir (1908-1986), avec un père avocat, et une mère au foyer et profondément religieuse, se déclare athée à l'adolescence. Après la faillite du grand-père, la famille quitte le manoir familial pour un petit appartement. Simone et ses parents, comprennent la nécessité de poursuivre des études pour pallier à cette situation économique. En 1929, elle présente sa thèse sur Leibniz ; et, agrégée, elle enseigne en lycée.

En juin 1943, l'administration de Vichy exclut Simone de Beauvoir, suite à une plainte d'une mère d'élève pour «excitation de mineure à la débauche». Sartre lui déniche un emploi à la ''radiodiffusion nationale'' ( radio Vichy), où elle produit une série d'émissions sur « Les origines du music-hall ».

'' L'Invitée'', dont on parle beaucoup est favorablement accueilli ; même dans l'Action Française avec un article de Thierry Maulnier qui souligne : « un style féminin dans la littérature, un déterminisme si puissant de la nature et de la condition féminines auxquelles de Mme de Lafayette (pour ne pas re monter plus loin) jusqu'à Colette, personne, à ma connaissance, n'a échappé, et que la grandeur des grands écrivains femmes a consisté non pas à s'affranchir de cette condition et de cette nature, mais à porter par l'acuité de l'intelligence, l'intensité des émotions ressenties et transcrites, enfin la beauté de la langue, les problèmes propre ment féminins au-dessus de ce qu'ils peuvent avoir en eux-mêmes, dans leurs formes ordinaires, de médiocre et de limité, au niveau de l'angoisse universelle, de la douleur et de la joie élémentaires, de l'éternelle interrogation au destin. » ( l'A.F. du 21 octobre 1943)

Le Renaudot de 1944, va couronner le premier roman de Roger Peyrefitte '' Les Amitiés particulières''. Si '' L'invitée '' était pressentie pour le Goncourt 43 ( remis en 1944) ; c'est Passage de l'homme, un conte philosophique et pessimiste de Marius Grout (publié le 20 août 1943) de 85 pages, qui est récompensé.  

1943 au Café de Flore

 

Lancelot prend toujours plaisir à observer, en plus de s'y réchauffer, ce qui se passe du côté du café de Flore ( M. et Me Boubal en étaient les propriétaires) . « Il est certain que le café, par soi-même, avec ses consommateurs, ses tables, ses banquettes, ses glaces, sa lumière, son atmosphère enfumée et les bruits de voix, de soucoupes heurtées, de pas qui le remplissent, est un plein d'être. » Sartre, L'Etre et le Néant (1943) - « Nous nous y installâmes complètement : de neuf heures du matin à midi, nous y travaillions, nous allions déjeuner, à deux heures nous y revenions et nous causions alors avec des amis que nous rencontrions jusqu'à huit heures. Après dîner, nous recevions les gens à qui nous avions donné rendez-vous. Cela peut vous sembler bizarre, mais nous étions au Flore chez nous. » Jean-Paul Sartre

Lancelot n'oublie pas ( mai 42) parmi les adeptes du Flore, que Boris Vian évoque lui-même : « le pauvre Jausion dont l'amie, une charmante tchèque (sic!), fut déportée à la demande du père de Jausion qui dit aux allemands : '' Faites peur à cette fille, sinon il va l'épouser.'' On l’arrêta pour lui faire peur, si bien qu'elle mourut en déportation. » ( B Vian - Manuel de Saint-Germain des Près). Voir aussi, 1942 - La vie parisienne - Les légendes du Graal (over-blog.net)

Lancelot s'y rend parfois avec Geneviève. Il remarque qu'elle s'y sent moins à l'aise que lui, mais il la découvre ici plus affectueuse.

Lancelot observe de loin, Beauvoir et Sartre, tous deux très entourés de jeunes gens. Beauvoir n'a pas l'apparence d'une femme de lettres, la voix légèrement éraillée, le visage clair aux yeux bleus, elle est vive, souriante et passionnée.

On commente ''L’Être et le Néant'' Où trouver de l'être si ce n'est dans l'acte ? L'acte est réel, phénomène ; et le phénomène est ce qui « est immédiatement dévoilé à la conscience. ».

Ensuite, sur le Néant, Sartre dit : « l’être est antérieur au néant et le fonde. ». « l'homme est l’être par qui le néant vient au monde. »

Sur la liberté : «  il n'y a pas de différence entre l’être de l'homme et son « être-libre ». Cette conscience de ma liberté peut causer de l'angoisse ( peur vis à vis de moi-même). Y aurait-il des valeurs qui pourraient guider nos choix ?

Sartre répond que « ma liberté est l’unique fondement des valeurs et donc rien, absolument rien, ne me justifie d’adopter telle ou telle échelle des valeurs ». La société peut proposer des « garde-fous contre l'angoisse » ( l'état, la police..).

L'homme s'angoisse parce qu'il est libre...

Jean Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Café de Flore

« Le désir est manque d’être » , et comment empêcher que je ne vois l'autre, qu'en ''objet'' ? Je le chosifie. Et lui aussi me chosifie... Nous avons donc la même expérience : il s'avère être.

«  autrui me regarde et comme tel, il détient le secret de mon être, il sait ce que je suis ; ainsi, le sens profond de mon être est hors de moi, emprisonné dans une absence ; autrui a barre sur moi »

L'amour ne serait-il pas, une manière de m'emparer d'autrui ? - «  l’amant ne désire pas posséder l’aimé comme on possède une chose : il réclame un type spécial d’appropriation : il veut posséder une liberté comme liberté »

Enfin Sartre termine sur notre impuissance éventuelle, face à cette liberté offerte... ? Pourtant, il n'y a de liberté que dans un ''monde résistant''. «  Il n’y a de liberté qu’en situation et il n’y a de situation que par la liberté. »

Et l'existentialisme, en partant de Kierkegaard, ce pourrait être quoi ?

L'existentialisme, le mouvement philosophique moderne, place au centre d'une réflexion, l'existence vécue, l'individu dans le monde et la primauté de l'existence sur l'essence.

Pour Sartre, l'homme commence à exister, par rapport aux ''autres'', et ne pas avoir d'être propre. Il se construit à partir de ses projets, et devient ce qu'il projette d'être ; sa liberté est relié à l'absence d'essence ( nature). S'il avait une essence, l'étendue des conduites possibles seraient déterminées... L'homme sans nature, n'a pas d'essence, il est libre et il est ce qu'il a décidé d'être.

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