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1961 - L'URSS : Khrouchtchev et Youri Gagarine

Publié le par Régis Vétillard

Ce 16 mai 1960, s'ouvre à Paris, la conférence « au sommet » Est-Ouest dont il est question depuis tant de mois. Elle réunit le général de Gaulle, M. Macmillan (  Premier ministre du Royaume-Uni ) , le président Eisenhower et M. Khrouchtchev.

Seulement ( et pour quelles raisons?), 15 jours avant ( le 1er mai) un avion-espion américain Lockheed U-2 survolait, sans autorisation, l’espace aérien soviétique. L’armée soviétique tirait sur l’appareil qui explosait peu après. Le pilote put s'éjecter et fut arrêté dès son arrivée au sol.

Khrouchtchev considère qu’il ne « peut que considérer l’attaque du 1er mai comme la préparation à la guerre »

Arrivé à Paris le 14 mai, Khrouchtchev a fait savoir qu'il subordonnait sa participation à la conférence à des excuses publiques d'Eisenhower, et au châtiment des responsables de l'opération (c'est-à-dire les services de renseignement américains) et à la promesse que de nouveaux vols de ce type n'auraient plus lieu. Le président des Etats-Unis, encouragé à la fermeté par le général de Gaulle n'ayant consenti qu'à cette dernière demande, Khrouchtchev refuse de poursuivre les négociations, il estime que « Les États-Unis ont torpillé la conférence " au sommet " parce qu'ils n'avaient rien à dire. ».

De Gaulle constate que deux camps ( Washington et Moscou ) s'opposent au détriment de l'Humanité. Il appelle à la '' Détente, au désarmement et à la coopération'' ; et regrette la réaction de Khrouchtchev malgré les engagements des États-Unis de ne plus renouveler ces vols.

Le 17 mai '' Monsieur K '', comme on l'appelle, accompagne le maréchal Malinovski dans la Marne, où le ministre de la défense soviétique combattit pendant la première guerre mondiale. Ils empruntent la nationale 4, et Khrouchtchev aperçoit des travailleurs en train de couper un arbre tombé sur la voie. Il s’arrête, empoigne une hache et s'illustrer en coupant le bois.

Avant son retour en URSS, le chanoine Kir – doyen de l'Assemblée Nationale – rencontre Nikita Khrouchtchev, qui se montre très satisfait de '' serrer une soutane sur son coeur''

Le président soviétique tient à laisser de lui une image joviale et conviviale.

Aux Etats-Unis, le 8 novembre 1960, à 43 ans, John Fitzgerald Kennedy ( démocrate) remporte l'élection présidentielle américaine de 1960 face à Richard Nixon.

Un autre événement, place l'URSS en vedette de nos actualités. Le 12 avril 1961, partout dans le monde, est annoncé le premier vol habité - le vaisseau Vostok vient d'effectuer une orbite autour de la Terre, avec à bord le cosmonaute Youri Gagarine – C'est un coup de tonnerre...

 

P. H. Simon, dans Le Monde, le 19 avril 1961 «...Victoire de Prométhée, notre victoire : il est naturel que la foule admire, applaudisse et danse. Et il est juste, je le répète, que l'esprit de l'homme, comme celui de Dieu après la création, se réjouisse de ce qu'il a fait. Mais, précisément, l'homme n'est pas Dieu, et il est plus facile de prendre à Jupiter son feu que sa sagesse : voilà pourquoi, devant la prouesse de l'astronaute, le recueillement convient aussi, avec une pensée de mesure. Car, enfin, quel usage l'homme va-t-il faire de sa nouvelle puissance? Pour le bien ou le mal? Pour la vie ou la mort? Il est acquis désormais qu'un aviateur cosmique pourra transporter n'importe où, qu'un radiotechnicien pourra diriger à distance et faire éclater au point qu'il aura choisi une bombe capable de dévaster une province, d'anéantir un peuple. Si la conséquence pratique tirée immédiatement de l'acquisition de ce pouvoir n'est pas la mise en place d'institutions internationales qui enchaîneront la volonté des gouvernements et de leurs stratèges, de quels désastres l'avenir n'est-il pas chargé! »

Dans l'Humanité, on se réjouit que « Considérer que l’envoi d’un homme dans l’espace par l’Union soviétique a un retentissement considérable dans le monde entier, y compris en France, ce qui renforce l’autorité de l’URSS et confirme l’avance du pays du socialisme dans toute une série de domaines, par rapport aux pays capitalistes » (PCF : réunion du secrétariat le 18 avril 1961) .

Youri Gagarine se rend à Londres, le 11 juillet, pour l’exposition soviétique à Wembley où il reçoit un accueil enthousiaste.

 

Les notes de Lancelot enrichies d'articles de presse, confirment qu'il était alors toujours en lien avec le service d’Europe orientale du Quai d'Orsay.

Lors d’une rencontre entre le général de Gaulle et l'ambassadeur Sergueï Vinogradov le 23 février 1961, de Gaulle juge les critiques soviétiques sur sa politique algérienne, comme « positivement intolérables ».

Yves Pagniez pour le cabinet du ministre le 29 juillet 1961, alors que se pose la question d'autoriser, ou non, la venue du premier cosmonaute russe, écrit : «  la présence de Youri Gagarine en France pourrait donner lieu, de la part du Parti communiste et d’autres organisations pro-soviétiques, à l’organisation de manifestations en l’honneur non seulement de l’homme lui-même, mais de la science et du régime soviétiques. Comme en Grande-Bretagne, ces manifestations comporteraient le risque de voir un hommage personnel rendu à Gagarine – en lui-même parfaitement admissible – être utilisé à des fins politiques. » Il ne sera reçu en France qu'en 1963.

 

Kennedy, le 25 mai 61, réagit et engage les Etats-Unis à « faire atterrir un homme sur la Lune et de le faire revenir sain et sauf sur la Terre » avant la fin de la décennie. !

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1960 - Nikita Khrouchtchev en France

Publié le par Régis Vétillard

Ce mercredi 23 mars 1960, Elaine rate ses cours, pour aller avec sa mère ( Geneviève) assister à la venue de Nikita Khrouchtchev, président du conseil des ministres de l’URSS, qui entame une longue visite officielle en France, du 23 mars au 3 avril 1960.

Par cette invitation, le Général tient sans-doute à affirmer vis-à-vis des États-Unis l’indépendance et la souveraineté nationale en dialoguant directement avec les Soviétiques. Et le leader soviétique est ravi de trouver en France une plate-forme pour accroître sa propagande relayée par le parti Communiste.

 

Lancelot rattaché au DMA suit de loin, l'état de nos relations avec l'URSS, et en particulier la situation très particulière imposée à Berlin, au cours de ces années de Guerre froide.

 

Nikita Khrouchtchev et de sa femme ont atterri à Orly. Accueillis par le général de Gaulle, ils regagnent Paris à bord d’une voiture noire décapotée, escortée par soixante-cinq motards de la Garde républicaine.

Tout au long du trajet, une foule dense se presse sur les bords de la route.

Le journal l'Humanité insiste sur l'accueil « positif » réservé au président soviétique : « La porte d'Orléans sera grande ouverte, comme les bras de ceux qui, par milliers et milliers,, trottoir après trottoir, applaudiront le messager de la paix »..

Une fois à Paris, cent un coups de canon saluent l’arrivée de l’hôte soviétique.

A 12h le cortège présidentiel arrive au Palais des Affaires Étrangères, résidence du leader soviétique et sa femme. Nikita Khrouchtchev salue les parisiens du balcon de sa résidence sur le Quai d'Orsay.

Un déjeuner ''intime'' est prévu au Palais de l’Elysée.

« Je dis la Russie et la France […], c’est-à-dire deux nations très anciennes et très jeunes, filles d’une même mère l’Europe, deux peuples dont l’âme profonde s’est formée à la même civilisation et qui, de tout temps, éprouvèrent l’un pour l’autre un attrait particulier, deux États qui n’ont entre eux directement aucun territoire contesté ni aucun outrage à venger et qui furent des alliés, quand deux fois au cours de ce siècle, leur continent se trouva menacé par une ambition sans mesure et, depuis lors, disparue. » Toast adressé à N. Khrouchtchev le 23 mars 1960 à l’Élysée.

La question de l'avenir de l'Allemagne, la position de l'URSS sur les événements d'Algérie, considéré comme ''ambiguë'' par le Quai d'Orsay, sont au cœur des discussions. On parle également de coopération culturelle, scientifique et technique franco-soviétique, notamment sur le nucléaire civil...

 

Nos hôtes soviétiques visitent pendant ces douze jours, une vingtaine de villes françaises. Ils avaient refusé de prévoir l’étape de Hassi-Messaoud et de se rendre en Algérie, ce qui signifierait qu'ils reconnaissent implicitement que les départements algériens ne se distinguent pas des départements métropolitains.

A Dijon, le maire, le chanoine Kir, est empêché par sa hiérarchie de recevoir cet ''ami'' communiste. On dit que le prêtre, ce jour là, se laisse ''enlevé'' pour une visite en Haute-Marne.

Une invitation est faite au Général de Gaulle pour une visite officielle en Union Soviétique. On parle de l’été 1966.

Serait, avec les années Khrouchtchev ( 1953-1964) , ce que les journaux nomment le ''dégel'' avec la reconnaissance des erreurs du stalinisme, et le désir de normaliser les relations avec l’Ouest ?

Rien n'est moins sûr... N'oublions pas la répression de l’insurrection de Budapest contre l’autorité soviétique en 1956. Et, en 1957, l'« Affaire Pasternak », avec ''Le Docteur Jivago '' qui demeure interdit dans son pays. Etc...etc.

Un autre exemple : le 1er juin 1962, à Novotcherkassk, 5000 personnes, dont des ouvriers qui manifestent contre leurs conditions de travail, sont empêchés de le faire, la police ouvre le feu : 26 morts, 87 blessés, dit-on.

Enfin, en Octobre 62, la Crise est extrême : des armes nucléaires soviétiques sont installés à Cuba, en représailles des missiles balistiques américains en Turquie : nous sommes tout près du conflit nucléaire.

 

Pour nous, l'URSS se confond avec la Russie, ses chœurs, ses ballets, son cirque, son folklore. Les écrivains contemporains sont ignorés, nous restons attachés aux auteurs du XIXe s. Nous avons également l'image de l'espion, et de l'agent du KGB.

Cependant, les ''intellectuels'' s'intéressent aux guérillas et révolutions communistes qui se mènent dans le monde entier ainsi qu'au mode de fonctionnement des républiques populaires dont la mère patrie est l'URSS. Notre culture s'imprègne, s'initie et soutient ces révolutions, d'autant qu'elles concernent des gouvernements dictatoriaux soutenus par les États-Unis.

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La bombe H , thermonucléaire. 2

Publié le par Régis Vétillard

Sir Rudolf Ernst Peierls (1907 - 1995)

Pour revenir à la bombe nucléaire, Rudolf Peierls se dit profondément préoccupé par les conséquences du développement et de l’utilisation d’armes nucléaires...

En 1944, pour ce qui est de la bombe à fission (A); il croyait qu’il était nécessaire que la Grande-Bretagne et l’Amérique la produisent, d’abord au cas où l’Allemagne la développerait ; et après la capitulation de l’Allemagne, parce qu’il pensait que son utilisation pourrait raccourcir la guerre dans le Pacifique et ainsi sauver des vies.

Aujourd'hui, il consacre beaucoup de temps et d’énergie à la lutte contre le développement des armes nucléaires, d'abord parce qu’il se sent coupable et responsable de leur développement, et parce qu’il est convaincus du danger d’une politique nucléaire irresponsable.

Selon ses mots : il estime que si le génie de la bombe nucléaire ne peut être remis dan sa lampe, des discussions rationnelles et des accords entre pays peuvent l'empêcher de semer la destruction dont il est capable.

Aussi, Peierls s'implique fortement dans le mouvement Pugwash, une initiative déclenchée par l'appel lancé, en 1955, par Bertrand Russell, Albert Einstein, Frédéric Joliot-Curie et d'autres scientifiques de renom. L'objectif principal du mouvement Pugwash est de rassembler les meilleurs scientifiques de multiples pays afin de discuter du désarmement et de la limitation de la course à l'armement.

 

Mal à l'aise, Lancelot tente d'expliquer la position de la France, à vouloir accéder à la bombe H.

Le désarmement n’a de sens que s’il contribue de manière effective à la stabilité et à la sécurité. Et précisément, la sécurité repose sur la dissuasion : c'est à dire sur la peur de notre adversaire du recours à l'arme nucléaire. De plus, se reposer sur une alliance, implique l’inféodation de la France. La dépendance militaire entraîne la dépendance politique.

 

Rudolf Peierls introduit Lancelot, auprès de William Cook, le conseiller scientifique du ministre de la Défense britannique. Il a dirigé différents essais nucléaires, dont l’essai thermonucléaire ( bombe H) réussi à l’île Christmas en novembre 1957. Cook exprime à Lancelot combien il adore la France, et promet de travailler au rapprochement scientifique et nucléaire entre nos deux nations. Il s'agit d'une négociation entre gouvernements, avec à la clé, peut-être, une Europe de la défense... !

A l'heure actuelle, n'oublions pas que la Grande-Bretagne - par son premier ministre Harold Wilson - demande à adhérer à la Communauté Européenne ; le président français Charles de Gaulle envisage t-il retirer son veto ?

 

Lancelot a souhaité revoir Trinity College qu'il a du mal à reconnaître, même si les bâtiments, eux, n'ont pas changé.

Malheureusement, Vanessa Bell, qui s'était occupé de lui lors de son séjour à Cambridge en 1919, venait subitement de mourir dans sa maison de Charleston, dans le Sussex ; là où Vanessa et Duncan Grant peignaient.

Quentin Bell n'est pas disponible, Aldous Huxley est reçu aux Etats-Unis ; Lancelot finit par revoir Dora Russell qui s'est séparée de Bertrand Russell, mais continue avec lui de militer pour le désarmement nucléaire. Elle se montre si convaincue de son combat ; que Lancelot évite ce sujet pour expliquer les raisons de son séjour en Angleterre.

de g à dr: Dirac, Wolfgang Pauli et Peierls, vers 1953

 

Rudolf Peierls lui fait la surprise de le présenter à Paul Dirac (1902-1984) : il occupe, depuis 1932, à Cambridge la chaire de mathématiques appliquées, qu'occupait Isaac Newton en 1669. Il est l'un des fondateurs de la mécanique quantique, prix Nobel en 1933 pour sa théorie atomique.

Dirac, fidèle à sa réputation, répugne à répondre aux questions, même dans le cours d'une amicale discussion. Grâce à Peierls, cependant Lancelot put comprendre que Dirac, était fasciné par la beauté ( il insiste...) des équations et du raisonnement mathématique. « Au fur et à mesure que nous développons des mathématiques supérieures, nous pouvons espérer mieux comprendre l'univers. » La question «  pourquoi la nature est bâtie de cette façon ? » reste sans réponse. Dieu serait-il un mathématicien ?

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La bombe H , thermonucléaire. 1

Publié le par Régis Vétillard

Comme ancien du 2e bureau, puis du BMA, et à la suite de ses contacts initiés pendant la guerre avec certains scientifiques, Lancelot est contacté pour renouer le lien.

Je rappelle que Lancelot en juin 1941, avait été envoyé par le service de renseignement de l'Armée d'armistice en Angleterre pour tenter de valider une voie de passage de renseignements entre le BMA et l'I.S ( Intelligence Service britannique). Certaines informations, préparées par Gustave Bertrand et Louis Rivet, devant être transmises oralement concernaient un travail de cryptanalyse sur les codes allemands.

Sitôt sur le sol anglais, l'I.S. avait remis Lancelot entre les mains de Walter Johannes Stein ( mort en 1957), conseiller de Churchill, qui lui avait présenté un physicien, Rudolf Peierls, installé en Angleterre depuis 1933, et professeur à l'université de Birmingham. Nous savons aujourd'hui qu'il travaillait sur le programme ''Tube Alloys'' ( programme britannique nucléaire qui ensuite intégra le projet Manhattan américain. Par ailleurs, il se disait fort intéressé par les ''Romances du Rosaire'' de Clemens Brentano, livre que Lancelot devait lui remettre... ( Je vous renvoie à ce précédent passage '' 1941 - L'Angleterre - Les Windsor - Rudolf Hess'')

Ces contacts avaient permis à Lancelot, de permettre la jonction entre la ''Rose Blanche'' ( résistance étudiante allemande) et l'aviation anglaise qui put - durant l'été 1943 - disperser un million de leur dernier tract.

Stein lui avait préparé un entretien avec Ronnie Reed ( officier du MI5 ) avec qui il échangea diverses informations sur Vichy, contre une collecte d'articles ( très superficiels) de politique intérieure britannique et le lien vers quelques journalistes.

Depuis, nous savons que Reed, avait été trompé par Kim Philby, espion double qui travaillait pour les russes et appartenait au réseau des ''Cinq de Cambridge'' ; aussi, en 1957, Reed avait été mis sur la touche au ''Affaires étrangères''...

Cependant, aujourd'hui il s'empresse de répondre à l'attente de Lancelot, satisfait de pouvoir s'impliquer à nouveau dans le Service des Renseignements.

Entrée de l’Angleterre dans le Marché commun - Véto de de-Gaulle

En 1961, la question que pose Lancelot pour la France, est celle-ci : est-ce que les conditions d'une éventuelle collaboration entre la France et l'Angleterre en matière nucléaire, sont envisageables ? Cette éventualité devra rester secrète, car paradoxalement : - l'Angleterre n'est pas hostile à l'étude d'un arrangement ; alors que de Gaulle, officiellement, souhaite que la recherche française reste indépendante et ne soit redevable à personne...


 

Lorsque Lancelot prend l'avion, un Caravelle, d'Orly, pour London-Airport, la nouvelle aérogare vient d'être inaugurée par le Général de Gaulle; elle enjambe la Nationale 7 ; et ses terrasses vont devenir la promenade du dimanche, pour les curieux d'aviation : les Caravelles, Boeing 707 et Douglas DC-8 ont remplacé définitivement les avions à hélices. Lancelot se souvient que le premier vol commercial entre Paris et Londres date de 1919...

Rudolf Peierls, qui est né en Allemagne en 1907, et s'est installé en Angleterre en 1933, est un grand mathématicien et physicien qui a développé la mécanique quantique ( années 1920-30), puis en participant au projet Manhattan de la bombe atomique américaine.

Lorsque Lancelot le rencontre à l'Université de Birmingham, la notoriété de Peierls auprès des étudiants est immense, en particulier parce que lui et sa femme Genia ( elle-même physicienne) , partagent avec eux tous les aspects de leur vie intellectuelle, émotionnelle, sociale et professionnelle.

Genia et Rudolf Peierls

Finalement, les quelques heures passées ensemble ont permis à Lancelot d'être introduit par Peierls auprès de la personne qui pouvait l'aider dans sa mission, William Cook.

Cependant, ce qui l'a profondément marqué c'est la discussion avec Rudolf et Genia, au sujet du poète allemand Clemens Brentano (1778-1842), connu aussi pour avoir recueilli et édité les visions mystiques d'Anna Katharina Emmerick.

Une étrange originalité de Brentano fut d'écrire un cycle de romances nommé ''Die Romanzen vom Rosenkranz ''( Les Romances du Rosaire ) pour expliquer l'origine du Rosaire ; il évoquait le temps du Christ jusqu'au XIIIe siècle, et un crime très ancien devait être expié par l’invention du rosaire. Ces écrits sur sa détresse et sa culpabilité l'ont conduit à sa conversion au catholicisme et sa dévotion à Marie.

Le ''chapelet'' est à l'origine, une coiffe, un chapel ornée de roses, offert à la bien-aimée. Le Rosaire - une couronne d'Ave Maria, unis au Pater Noster - devient alors la couronne offerte à la Très Sainte Vierge ( XIVe s.).

Brentanos - Romanzen_vom_Rosenkranz

 

Lancelot a plaisir à évoquer ces premières années du XIXe à Heidelberg ( ville qu'il découvrit à huit ans, lors d'un congrès de philosophie où il accompagnait sa mère ; et en 1931, avec Elaine, où ils découvrirent le fameux Codex Manesse ; et puis surtout leur rencontre avec Edith Stein ..), au XIXe nous y retrouvons un groupe de poètes et écrivains romantiques dont les frères Grimm, Arnim, Brentano, Eichendorff, Bettina Brentano et Caroline von Günderode. Quelques années plus tard, ce seront, Hoffmann, Chamisso, La Motte-Fouqué....

C'est Brentano qui retranscrivit la légende de la sirène aux boucles blondes qui faisait couler les bateaux des marins sur le Rhin, en les séduisant du haut de son rocher Lorelei ( Loreley ou Lore Lay ), le rocher de Lore duquel, elle s'est jetée par désespoir et par amour pour un marin.

Brentano va ensuite modifier cette histoire, pour évoquer la Lureley, une fée qui épouse un prince, devenu meunier par amour.

Enfin, Lancelot évoque l'Ondine de Friedrich de La Motte-Fouque, et son roman ‘‘Fata Morgana’’ (1820) : il s'agit de l’histoire d’un chevalier nommé Wilfred qui, après avoir été blessé au combat, est recueilli par une belle fée nommée Fata Morgana. Elle l’emmène dans son royaume enchanté où il tombe amoureux d’elle. Cependant, leur amour est voué à l’échec car Wilfred est déjà fiancé à une autre femme. Le roman est considéré comme un exemple classique de la littérature romantique allemande.

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13 février 1960 – la Bombe A

Publié le par Régis Vétillard

Ce 13 février 1960, Lancelot accompagne le général Albert Buchalet dans le Sahara algérien, à la base de Reggane ( à 1000 km au sud-est de Casablanca ); ici a été construite une cité souterraine, dans les contreforts d'une vallée, où ont travaillé 6.000 à 7.000 personnes. Il s'agit d'un PC atomique d'où la mise à feu d'une bombe atomique française, une bombe de type A, sera télécommandée. A 40 km de la tour, en haut de laquelle est fixée la bombe.

Le physicien Yves Rocard, l’un des scientifiques présents, explique que l’explosion se produit « à 100 mètres d’altitude, la moitié supérieure de la boule de feu orientée vers l’air libre et la moitié inférieure vers le sol tout proche ». La puissance de l’explosion, baptisée « Gerboise bleue », atteint 70 kilotonnes de TNT, soit plus de trois fois celle de la bombe larguée par les Américains sur Hiroshima.

Sont présents également, Charles Ailleret, chef du Commandement interarmées des armées spéciales, Pierre Messmer, le tout nouveau ministre des Armées, et son prédécesseur, Pierre Guillaumat.

A moins 2 minutes, les hommes les plus proches, prennent la position de sécurité (assis au sol, dos tourné à l'explosion, tête entre les genoux, protection des yeux avec les coudes repliés). Le lancement de fusées (orange et blanche) indique que l'on est à moins d'une minute de l'explosion. Les haut-parleurs arrêtent de diffuser de la musique, puis le compte à rebours démarre.

A 7h04, l'explosion retentit au loin durant 14 secondes.  Un champignon de fumée se développe lentement dans le ciel. Malgré les lunettes de protection, Lancelot est surpris par l'éclair extraordinaire, et se sent traversé par la lumière. L'onde de choc impressionnante suit, et le champignon de fumée se développe lentement et se disloque, le bas reste mauve, le jour se lève, à moins que ce soit la lueur toujours là qui y contribue..

Bientôt, la vie reprend sur la base.

Tout le monde ici, ressent un sentiment de fierté, et celui d'avoir vécu un événement scientifique et historique pour la France.

Le ministre reçoit par télégraphe, un message depuis Paris du Général de Gaulle : «  Hourrah pour la France. - Depuis ce matin elle est plus forte et plus fière. Du fond du coeur, merci à vous et à ceux qui ont, pour elle, remporté ce magnifique succès »

Dissuasion nucléaire CEA - Charles de Gaulle déclenche le tir «Bételgeuse », explosion nucléaire sous-ballon sur l’atoll de Mururoa, accompagné des ministres Alain Peyrefitte et Pierre Messmer,1966

Reste alors, pour la France, à s'attaquer au palier suivant: la bombe '' H '', plus puissante encore, qui fait appel à la fusion de deux atomes légers. La bombe A fait appel à la scission d'un atome lourd d'uranium ou de plutonium.

Après le succès de ce premier tir, de Gaulle fait pression sur les équipes du CEA, et de la DAM, pour qu'elles mettent rapidement au point la bombe à Hydrogène.

Cependant, beaucoup de monde au CEA, considère que la bombe A est suffisante. Des militaires de haut-rang préfèrent conforter l'armement classique.

10 mars 1960 - Le président Charles de Gaulle salue le physicien et haut commissaire du CEA Francis Perrin

De Gaulle considère, lui, que la bombe A n'est qu'une étape, qu'en réalité elle est obsolète. La doctrine de la dissuasion nucléaire, repose sur une bombe si puissante, qu’il est impossible de s’en servir. Parce que trop de force tue la force, cette nouvelle arme absolue serait à même de maintenir durablement l’équilibre des terreurs et donc, paradoxalement, la paix.

La France doit absolument rattraper son retard, si elle veut être sur un pied d’égalité avec ses alliés d’hier et garantir sa sécurité de demain.

 

Il s'agit donc de percer le mystère de la bombe à hydrogène, la bombe H, une entreprise laborieuse encore en 1960, entourée de mystères.

Les physiciens du CEA butent sur d’importantes difficultés techniques ; en particulier, ils ne parviennent pas à mettre au point le déclenchement de la fusion nucléaire.

On ne peut également éluder les interrogations de nombreux scientifiques, dans la lignée de Frédéric Joliot-Curie et de son Appel de Stockholm en 1950, sur leur responsabilité. Beaucoup dénoncent la guerre atomique dont ils ne veulent pas être les complices.

De nombreuses protestations à l'étranger, ont suivi l'explosion de la première bombe atomique française à Reggane ; an particulier du fait des retombées radioactives. Le général Charles Ailleret, responsable de cet essai, à ce propos répond à un journaliste : « Nous n'avons pas à nous inquiéter de cette pincée supplémentaire négligeable de radioactivité lointaine que nous introduirons dans le monde ». (France 1, Paris Inter, 20 février 1960)

Le président Charles de Gaulle salue le physicien et haut commissaire du CEA Francis Perrin dans la cour d'honneur des Invalides à Paris le 10 mars 1960 lors de la remise de la croix de la Légion d'Honneur aux militaires et physiciens de la "promotion atomique" pour leur participation à la mise au point de la première bombe atomique française, Gerboise bleue, qui a explosé le 13 février 1960 à Reggane dans le désert algérien.

Le R.P. Dubarle, réagit par un article dans Le Monde du 14 février 1960 « Sur une détonation, en soi de peu d'importance »

«...Il se peut qu'un armement nucléaire proportionné aux possibilités françaises puisse être un instrument de quelque valeur au service d'une politique nationale sagement et courageusement conduits. En tout cas nul ne saurait à l'avance se faire fort du contraire. Cela a été choisi. Soit : reste à faire la politique et non la rhétorique de ce choix. Or il se trouve que cette décision et son fait accompli posent sur le champ à notre monde entier tout un ensemble d'excellents problèmes, et donnent à la France l'occasion de parler un langage salutaire à tous, de mener un jeu à la fois très conforme à ses intérêts et aux vrais intérêts humains. C'est une chance qui lui est offerte. Seulement il lui faut s'en saisir. Cela demande à notre pays de prendre assez de hauteur vis-à-vis de lui-même et de son monde, afin de juger exactement de ce qu'on est dans le monde qui est. »

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1960 - La bombe atomique

Publié le par Régis Vétillard

Le père Dubarle

Lancelot, grâce à la fréquentation du dominicain Dubarle, qu'il connaît et rencontre depuis 1945, s'interroge sur les doctrines d'emploi de la bombe atomique. La dissuasion à ne pas l'employer est-elle efficace ?

Dubarle se demande même : « Qui sait, si le moment n'approche point du rire commun devant le grotesque de la surenchère ? » En envisageant le pire, en cas de conflit nucléaire, il doute de la possibilité d'une extinction totale de l'humanité.

Dominique Dubarle préfère réfléchir sur l'emploi de l'atome à des fins autres que belliqueuses...

L’essentiel de la course aux recherches devrait s'orienter sur les utilisations pacifiques, sur l'industrie bien plus que sur l'armement.

- Lancelot précise : « Après la pile expérimentale du fort de Châtillon, après l’ensemble de réalisations, déjà beaucoup plus considérable, qui se groupe à Saclay, il devient possible de construire à Marcoule, dans le Gard, un centre de production de plutonium qui, d’ici trois années, sera à même de livrer un nombre déjà appréciable de kilos de ce métal par an. »

- Dubarle s'en félicite.

- Lancelot ajoute cependant que « Mise en face de l’apparente puissance militaire que la bombe atomique donnait aux États-Unis, la Russie s’est fiévreusement occupée d’égaler ces derniers en potentiel d’armement nucléaire. », « L’Angleterre elle-même, espérant faire valoir sa place entre les deux colosses, a organisé sa première expérience d’explosion atomique à Montebello, le 3 octobre 1952. Partout dans le monde, il semble que les programmes de quelque importance relatives au potentiel nucléaire aient été développés en fonction de la priorité militaire. »

Ne convient-il pas à notre pays de regarder les choses en face et le cas échéant, de réformer son option pacifique de 1946 ?

Aujourd'hui : Un pays sans arme atomique n'est-il pas à la merci de ceux qui possèdent cette arme. Une défense nationale sans arme atomique n'est-elle pas incomplète, et inefficace ?

A quoi répond le père Dubarle :

- Si nous parvenons à produire quelques bombes de modèle A. Que signifieront elles dans un monde où Russie et Amérique fabriqueront des bombes H par centaines ? Nous nous serons épuisés à construire un matériel en retard de quinze ans ! Nous ne pouvons tout faire à la fois.

Pour ce qui est du domaine des applications pacifiques de l'énergie nucléaire, des certitudes d'application existent.

Certes, avec un avec un potentiel militaire faible, on est parfois envahi. Avec un équipement industriel archaïque, on est certainement colonisé. Et avec la fin de notre empire colonial, nous devrons nous questionner sur nos ressources en matières premières.

Nous risquons de perdre une position « morale et politique ». D'un équipement nucléaire militaire, en résulte: contrôle politico-policier des équipes de recherche, secret de l'information, visage inquiétant de la force et de ses surenchères.

Œuvrer pour la destruction pure finit par écœurer le chercheur. Aujourd'hui plus que jamais, les problèmes fascinants et les objectifs capables de susciter la ferveur de l'effort sont du côté des applications pacifiques. On a trouvé en France des équipes de jeunes enthousiastes pour se dévouer à la réalisation de Saclay, et l'on peut espérer que l'entrain de ces chercheurs et de ces techniciens est aussi une fermentation génératrice d'idées et de trouvailles. On en trouvera davantage encore si on continue dans le même sens. Mais si nos installations se muent en usines d'armement, si le laboratoire prend le visage de la caserne scientifique, si au lieu de rêver des machines de l'avenir on s'épuise à reproduire les bombes du passé, alors tout cet élan retombera à rien. Les scientifiques qui espèrent en une création s'en iront ou se résigneront à n'être plus que les fonctionnaires déçus d'un parc d'explosifs. L'horizon des problèmes neufs nous sera retiré. Croit-on que cela est négligeable pour un pays comme la France, qui ne peut pas se permettre de décourager beaucoup le goût de vivre et d'entreprendre au sein de ses générations présentes ? » Dom Dubarle

 

Peut-on être optimiste pour ce monde, où la science et la technique sont si agissantes ? Interroge Lancelot :

Dubarle répond : - « La condition dans laquelle sciences et techniques se développent est celle d’une contingence réelle ou l’échec est possible, d’autant que le rôle de la nature décroît et que la part de l’action libre de l’homme est de plus en plus prépondérante. Cela augmente les risques mais aussi les chances de réussite, d’où un optimisme modéré et volontariste. La réussite dépend de plus en plus de l’homme lui-même et de sa liberté. »

- Nous nous éloignons de l'histoire dure, besogneuse de la condition humaine

- L'impact des progrès scientifiques, est à présent sensible sur le plan démographique, et même sur nos conditions d'existence. Je veux parler « d’une survie collective dans des conditions qui soient acceptables et dignes de l’homme tel qu’il se conçoit et tel qu’il se veut aujourd’hui. » (…) « ce n’est pas simplement un problème de technique et de politique ; c’est plus profondément un problème d’éthique humaine, et dans le plus grand sens du mot éthique. »

- Pourquoi '' éthique '' ?

- Parce qu'il s'agit d’une question de « liberté humaine qui a de plus en plus de pouvoir de faire et d’agir, de sorte qu’on peut de moins en moins parler de destin et que se pose la question de la destinée de l’homme... »

 

Lancelot semble être pris dans la contradiction de sa conscience qui interdit la guerre nucléaire avec sa pratique qui l’envisage et la prépare. ?

Dubarle répond : « Que peut à cet égard le théologien ? Beaucoup voudraient qu’il leur montre une ligne de conduite toute tracée, une recette de moralité qui les mette à l’abri des reproches de leur conscience. Mais cela ne correspond plus au rôle du théologien dans le monde tel qu’il est aujourd’hui devenu. Le problème de la guerre nucléaire étant celui de la mise en œuvre humaine de la science, c’est à la société scientifique elle-même et à ses maîtres d’œuvre qu’appartiennent les responsabilités spirituelles et morales qu’assumait autrefois le théologien. Une certaine croissance spirituelle de l’humanité s’est accomplie avec le passage à l’ère scientifique. C’est donc aux techniciens de résoudre leur problème. Le théologien ne peut plus leur mâcher la besogne comme il avait coutume de le faire avec une humanité moins adulte. »

Le théologien accepte de tâtonner dans le concret avec chacun d'entre nous... La philosophie et la théologie se présentent comme des partenaires. La science n'est plus seulement une affaire de savant seul dans son laboratoire, c'est l'affaire de l'Etat, donc de la politique...

Sa question est celle-ci : « Que peut devenir politiquement une collectivité humaine qui, en masse, sociologiquement, se met a vouloir la science, notre science moderne, comme sa vocation humaine et sa finalité ? » ( Dubarle: Articles et La civilisation de l’atome, Paris, Ed. du Cerf, 1962)

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1958 - L'arme nucléaire

Publié le par Régis Vétillard

« Il y a tout lieu de croire que les atomes des éléments radioactifs renferment une énorme quantité d’énergie latente... Si on parvenait à contrôler la vitesse à laquelle se désintègrent ces éléments, une petite quantité de matière libérerait une masse colossale d’énergie. » E. Rutherford, Ed. Cambridge at the University Press (1904). Rutherford est celui qui a présenté en 1911, le modèle où l'atome est représenté par un espace presque vide avec, au centre, un noyau massif et dense.

Si on envoie un neutron sur un noyau d'Uranium ; l'Uranium 235 est capable de se couper en deux, et produire une énorme énergie. Il sera démontré qu'1cm3 d'Uranium U-235, soit 20 grammes, peut fournir autant de chaleur que 50 m3 de pétrole.

 

Herbert George Wells a publié en 1914, The World Set free ( La Destruction libératrice ), ce livre est une réflexion sur les conséquences d'une course à l'énergie. Si la société bénéficie de conditions de vie améliorées, un scientifique Holsten, découvre à partir de la radioactivité la possibilité d'une énorme énergie ; et prévoit une catastrophe prochaine. Les inégalités sociales se sont creusées, et la classe politique est sourde aux avertissements. Un conflit mondial inévitable, entraîne l'utilisation de bombes atomiques.

Pourquoi une destruction ''libératrice'' ? Parce que, cette catastrophe a entraîné un monde meilleur, sans frontières, avec un gouvernement mondial. Avec surprise, peut-être pour certains, on voit que Wells considère le christianisme comme faisant partie de la solution. Nous lisons :  « Le bon sens de l'espèce humaine a peiné au fil de deux millénaires d'expériences qui l'ont mûrie, pour en arriver à saisir le sens véritablement profond des mots les plus familiers de la foi chrétienne. ». Et de plus : « Le penseur scientifique qui s'attaque aux problème moraux posés par la vie en société, ne peut de manière inévitable qu'en venir aux paroles du Christ, et aussi inévitablement, lorsque s'éclaire ainsi sa réflexion, en arriver à la République universelle. » 

 

Pour Aldous Huxley (1894-1963), l'auteur du fameux roman Le Meilleur des mondes (1932) ; l'homme n'aurait plus d'autre choix, que de se détruire ou se surpasser.

 

En 1932, James Chadwick établit que le noyau est composé de protons et de neutrons.

Otto Hahn et Lise Meitner découvrent ''la fission des noyaux lourds '' - processus permettant de produire de l'énergie - en décembre 1938 à Berlin. Mais seul Hahn, recevra le Nobel, en 1945.

F. Joliot voit la possibilité d’une réaction en chaîne. Une première pile atomique est inaugurée en décembre 1942 aux Etats-Unis, et en 1948 en France ( Zoé).

Les 6 et 9 Août 1945, la fission nucléaire - pour la guerre - est utilisée sur Hiroshima et Nagasaki

 

 

Dès octobre 1945, le Général de Gaulle avait créé le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) pour lancer la recherche et l’industrialisation de l’énergie nucléaire en France. 

Un premier réacteur nucléaire est projeté ( CEA et EDF) à Marcoule, en 1955.

Pierre Mendès France et Guy Mollet, en 1954, décident d'octroyer, dans le plan de l'énergie atomique du CEA, des crédits secrets pour des applications militaires. Le programme militaire nucléaire français est lancé.

Le 22 juillet 1958, le général de Gaulle confirme l'ordre d'expérimenter l'arme nucléaire.

 

Lors du dernier gouvernement de la IVè République, avec de Gaulle ; Lancelot de Sallembier réussit à échapper au cabinet de la présidence du Conseil, et revient à son ministère d'origine, le ministère des armées. Plus précisément il est nommé rédacteur à la Direction des applications militaires (DAM) et conseiller auprès du ministre. Le chef de ce département est le général Buchalet, auquel Jacques Robert va succéder en 1960. Il s'agit de suivre les applications militaires de la physique nucléaire, et d'en informer le ministre et son cabinet.

A la D.A.M., Lancelot retrouve plusieurs collaborateurs de ce qui était le BCRA pendant la guerre.

Caricature. F. Behrendt « De Gaulle et l’OTAN »

 

Les services travaillent dans le plus grand secret. Si la France appartient depuis 1949, à l'Alliance Atlantique ( OTAN) ; elle regrette avec de Gaulle, les pressions américaines concernant la CED, la crise de Suez, la décolonisation... Et, nous estimons devoir développer notre indépendance militaire et nucléaire. Les Etats-Unis s’y opposent, et refusent toute aide au programme français nucléaire.

De plus les milieux scientifiques français, selon la ligne de Joliot-Curie ou à l'inverse selon la ligne américaine, sont encore en majorité défavorables à un programme nucléaire français.

 

Lancelot se rend régulièrement à Bruyères-le-Châtel ( dénommé 'B3') ( à 40km de Paris), où les équipes scientifiques depuis 1956 cherchent à fabriquer la première bombe atomique française, en coordination avec le fort de Vaujours qui met au point le détonateur.

Les armées sont chargées de mener à bien les essais de la nouvelle arme. La réalisation d'engins balistiques est à l’œuvre.

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1984 de George Orwell - 2

Publié le par Régis Vétillard

La ''réalité en soi'' serait-elle dépendante de l'esprit humain ?

Évoquer la réalité ''en soi'' vient de Kant : ce serait dire qu'il y a, dans le monde, des faits entièrement indépendants du langage ou du cadre conceptuel que nous utilisons pour les décrire. Et bien, Kant pense que la réalité en soi, n'est pas connaissable.

Pourtant, un cadre conceptuel, comme la science, montre que la réalité est intelligible. La connaissance s'inscrit dans ce cadre et figure la coopération entre un être intelligent et son environnement intelligible. Même ainsi, cette connaissance, qui n'est peut-être que partielle, n'est pas seulement dépendante de l'esprit humain....

 

Pour en revenir à 1984, O'Brien, tente de persuader Smith que la réalité n'existe que dans l'esprit humain - mais pas dans l'esprit individuel, ce serait l'objet de désordres - dans l'esprit d'une institution ( un collectif immortel ) comme ici, le Parti. Tout ce que le Parti tient pour être la vérité, est la vérité. Il est impossible de voir la réalité si on ne la regarde pas avec les yeux du Parti.

Finalement, y aurait-il une réalité extérieure, hors celle décrite par le parti ? Non. Si la notion de Vérité a un sens, c'est celle que le Parti tient pour vrai, et qui justifie qu'il existe un ''Ministère de la Vérité''.

Le passé n'est qu'une représentation qui se fabrique dans l'esprit collectif et immortel du Parti.

 

Lancelot se souvenait de ses discussions avec l'abbé Degoué, qu'il eut la chance d'avoir comme maître à Fléchigné, alors que sévissait la Première Guerre.... Le prêtre lui présentait la philosophie idéaliste de Berkeley ( début 18è siècle). Elle pouvait se présenter ainsi : L'arbre que je perçois, n'est que cette somme de perceptions. La réalité ( la matière ) est un produit fabriqué par notre esprit.

- Alors, quand je ne regarde plus l'arbre, existe t-il encore ?

- Oui, si on considère que Dieu est à la source de mes idées, de mes perceptions. C'est Lui qui coordonne cette réalité.

Cet idéalisme outrancier, correspond à celui promu par Big Brother. La seule réalité est ce que perçoit le Parti.

 

Allons plus loin. Winston Smith interroge : - Big Brother existe-t-il ?

- Naturellement, il existe. Le Parti existe. Big Brother est la personnification du Parti.

- Existe-t-il de la même façon que j’existe ?

- Vous n’existez pas. !

« Vous n’existez pas », ne contenait-il pas une absurdité logique ? Se demande Winston...

 

Dans 1984, le rôle de la '' Police de la pensée '' n'est pas seulement d'arrêter, de punir, d'avoir des aveux publics ; c'est de contrôler, soigner, laver la pensée. L'individu, pour son bien, et le bien du collectif, doit croire sincèrement à ses aveux, il doit se repentir et finir par aimer ''Big Brother''.

Ce qu'il faut retenir de 1984, ce sont une série de thèmes : la novlangue, l'utilisation extrême de la propagande, de la censure et de la surveillance, les slogans qui signifient le contraire de ce qu'ils disent, la réécriture de l'histoire, la double pensée, le crime de la pensée, la police de la pensée, etc., qui interroge notre monde sur la véracité de ce qui est annoncé. C'est à dire, qui interroge notre confiance en une parole ; et en celui qui la porte... Il y a là un mal qui ronge notre temps, même en Eglise, sûrement...

 

Pour George Orwell, ( selon James Conant ( philosophe américain)) avoir une ''intelligence libre'', c'est « concevoir la vérité comme quelque chose d'extérieur à soi, comme quelque chose qui est à découvrir, et non comme quelques chose que l'on peut fabriquer » ou préfabriqué. Le totalitarisme veut briser la personne en détruisant « ses croyances fondamentales, celles où son identité est en jeu », en le détachant de la réalité, en interdisant l’expression de sa pensée, et en dictant ce qui doit être pensé.

 

Pour le Christ ( c'est à dire ''l'homme Jésus en Dieu'' ), devant la question de Pilate à un homme qu'il va condamner à mort :

- « Qu’est-ce que la vérité ? »...

Devant cette question, qui relativise toute vérité, qui affirme peut-être même qu'il n'y a pas de vérité. Ou encore, qu'il doit décider, lui, ce qu'est la vérité....

Le Christ répond : « Je suis la Vérité. ». Autrement dit : '' Je témoigne de la Vérité, « Le Père et moi, nous sommes un ». Il s'agit d'une vérité vivante parce qu'humaine, et ''Toute Autre'' parce que divine.

Simone Weil ( morte à 34ans, en 1942), est précisément pour Lancelot, alors qu'il redécouvre sa pensée, une chercheuse de Vérité ( du Graal ). Au nom de cette Vérité, elle fréquente les syndicalistes révolutionnaires (1935), elle s'engage sur le front espagnol (1936), elle rejoint la résistance à Londres. Elle interroge l’institution-Église et désavoue parfois ses choix. Elle dénonce l'endoctrinement de la pensée ; elle se retrouve souvent seule et incomprise.

Elle refuse que l'individu soit subordonné à la société, c'est l'enjeu de la démocratie. L'homme doit penser par lui-même, exercer son « attention » c'est à dire laisser disponible son esprit à recevoir la vérité.

Lancelot se souvient bien de son témoignage sur la souffrance qu'elle avait ressentie à l'usine, où le seul moyen de survivre était d'arrêter la pensée.

Ce qui la choquait, dans l'histoire de l’Église, c'est qu'elle ait brûlé des hérétiques, qu'elle condamne encore les ''mauvais croyants'', par cette formule « anathema sit », et qu'elle affirme que « hors de l’Église, point de salut ». Il y a , disait-elle, un « malaise de l’intelligence dans le christianisme », et « partout où il y a malaise de l’intelligence, il y a oppression de l’individu par le fait social, lequel tend à devenir totalitaire ».

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1984 de George Orwell - 1

Publié le par Régis Vétillard

Lancelot en flânant parmi les rayons de livres neufs chez Gibert, feuillette une édition d'un roman qu'il est nécessaire d'avoir lu : 1984 de George Orwell, mort prématurément de la tuberculose le 21 janvier 1950 (à 46 ans). Il repense alors à cette discussion, à propos de livres ''à lire'', avec Edmund Wilson à Rome – je rappelle que Wilson était considéré comme un critique littéraire réputé – Lancelot l'interrogea sur George Orwell, de qui le critique assurait avoir fait sa réputation grâce à ses éloges sur '' la Ferme des animaux'' ( paru en 1945) qui « l'a aidé à vendre plusieurs milliers d’exemplaires aux États-Unis ».

George Orwell, 1941

Cependant, pour ce roman 1984, paru en 1949 avec succès, Wilson regrette qu'il ait causé de grands dommages à la langue anglaise ; cette critique cache sans-doute la principale raison, qui tient aux idées politiques de Wells.

Wilson admirait Lénine et Trotsky, et même s'il reconnaissait les dérives de Staline, il trouvait injuste le parti-pris anti-bolchevique d'Orwell.

Il est vrai qu'Orwell, considérait la tactique de terreur stalinienne comme l’aboutissement logique des tendances totalitaires de Lénine :

- Orwell manque de subtilité politique !, et le plus grave, c'est qu'il disait lui-même : « Quand je m’assois pour écrire un livre, je ne me dis pas : '' Je vais produire une œuvre d’art '', Je l’écris parce qu’il y a un mensonge que je veux dénoncer, un fait sur lequel je veux attirer l’attention, et ma première préoccupation est d’obtenir une audience. »

Et cependant, Wilson enjoignait Lancelot, pour d'autre raisons, de lire '' 1984 '' !

 

Les amateurs de science-fiction pourraient être déçus, et préférer ''Le Meilleur des mondes'' (1932) d'Aldous Huxley, sans doute plus prémonitoire dans ce contexte actuel de ''guerre froide''. D'autres attaquent encore Orwell, le considérant trop conservateur et trop peu confiant en l'humanité...

Dans ce livre, qu'il a fini d'écrire en 1948 ( d'où le titre 1984), Orwell imagine qu'une guerre nucléaire eut lieu en 1950 ; et qu'un régime totalitaire s'est installé à Océania, région toujours en guerre, et gouvernée par un '' Big Brother '' omniprésent et invisible, seulement représenté sur des affiches, avec le slogan « Big Brother is watching you ».

La propagande est incessante, en particulier au moyen d’une écran : le ''télécran'', qui est à la fois l’œil et la voix de Big Brother. La surveillance repose sur la délation, considérée comme une vertu et encouragée aux enfants, promus ''espions'', vis à vis de leurs parents.

Des semaines de la haine, sont organisés contre le complot imaginaire de ''Golstein'', et contre l'ennemi extérieur. « La guerre est une affaire purement intérieure… l’objet de la guerre n’est pas de faire ou d’empêcher des conquêtes de territoires, mais de maintenir intacte la structure de la société… »

Un Ministère de la Vérité, assure un contrôle total du passé… « Nous ne savons jamais de quoi HIER sera fait. », aussi est-il nécessaire de rajuster, de rectifier le passé !

La langue usuelle, la novlangue, est rectifiée, pour être au service de l'idéologie, le vocabulaire est diminué ; et des formules largement affichées comme « La guerre, c'est la paix », « La liberté, c'est l’esclavage », « L'ignorance, c'est la force » tordent le sens de toute réflexion.

Dans cet environnement, Winston Smith, employé du ministère de la Vérité, révise l’histoire pour la rendre adéquate à la version du Parti. Smith est lucide sur les manipulations opérées par le Parti, mais il dissimule ses opinions. Cependant accablé par le doute et la solitude, il écrit son journal intime en cachette du télécran.... Il rencontre une jeune femme, Julia, et ensemble transgressent les règles... Trahis par O' Brien, qu'ils pensaient appartenir à une ''fraternité'' clandestine ; ils vont être arrêtés. Sa rééducation est conduite par O'Brien...

 

Ce qu'il me reste dans la tête, après la lecture, c'est une formule qui à présent va rester attaché à ce roman : '' 2+2=5 '', et dans ce cadre, une formule terrifiante.

Et si le parti décide que 2+2=5 ? Le totalitarisme de 1984, n'a pas pour fin, une société nouvelle et heureuse ; la volonté du parti d'un contrôle total sur les esprits est la seule fin, une fin en soi.

C'est vraiment pousser la logique du totalitarisme à son paroxysme...

Le ministère de la Vérité - 1984 - Orwell

Et le pire, c'est se dire que même les faits passés – à priori à l'abri de l'opinion : '' ce qui a eu lieu, a eu lieu. On n'y peut rien, on ne peut rien y changer...'' Même le passé, se plie à l'autoritarisme. Qui pourra jamais dire qu'il n'est pas tel que Big Brother l'a décidé. Même le passé peut s'effacer définitivement et ne plus exister ! Les promesses du parti, non tenues, peuvent être mises à jour : c'est le travail de Winston Smith de rectifier les archives des journaux selon la vérité du Parti.

Pourtant , il ne peut s'empêcher de ''penser'' : peut-on modifier le passé ?  Ce qui était vrai reste vrai, car ce qui a eu lieu a eu lieu ; mais, que se passe t-il, s'il n'y a plus de trace, et à la limite s'il n'y a plus personne pour le croire ?

- « La réalité, c'est ce qui continue d'exister quand on cesse d'y croire. » selon Philip K. Dick

Dans le monde de 1984, ce n'est pas assez d'effacer les traces du passé, il faut aussi effacer dans son propre cerveau les traces de cet effacement. Dans tous les bureaux, qui détruisent des documents, il existe un ''trou de mémoire'': on est censé oublier soi-même ce qu'on vient d'y jeter, et même oublier le fait qu'on vient d'y jeter quelque chose. Ce n'était qu'une '' hallucination '' !

Plus précisément, Orwell décrit le phénomène de ''doublepensée '' : c'est la capacité de se mentir à soi-même consciemment, et en toute conviction ( il ne s'agit pas de mauvaise foi), si parfaitement que l'on oublie s'être menti. Aussi, est-on capable de tenir vrai, même des contradictions, même que 2+2 font 5.

Cette tentative de décrire un fonctionnement de pensée, n'est pas fantaisiste ; elle pose une réponse philosophique : la réalité en soi, serait dépendante de l'esprit humain.

A suivre...

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1958 Une nouvelle Constitution avec de Gaulle

Publié le par Régis Vétillard

Après avoir donné ses instructions à Michel Debré – chargé de préparer ce nouveau texte constitutionnel - de Gaulle s’envole pour Alger, en Caravelle, où il débarque le 4 juin au matin en tenue de général.

De Gaulle est accueilli par une population en délire, certaine d'avoir contribué à faire revenir le défenseur de l'Algérie française. Reçu par les généraux Salan, Massu, le cortège est acclamé dans les avenues, aux cris d’ "Algérie française'', ''Vive de Gaulle".

Au balcon du gouvernement général vers 19 heures, il se montre, lève les deux bras en signe de victoire, et clame : « Je vous ai compris », parole saluée par une immense clameur de joie et d’applaudissements.

 

Dans ce dernier gouvernement de la IVe république, même si de Gaulle qui n'a pas de tendresse particulière pour les partis ; il a besoin d'eux pour la suite...

Il souhaiterait en grouper le maximum autour de lui : Les socialistes, les radicaux, le MRP, les indépendants ont chacun trois ministres.

 

Ainsi, Pierre Pflimlin participe au nouveau gouvernement de Gaulle, pour y représenter le MRP et l'associer au nouveau pouvoir qui s'installe. Il incarne une certaine continuité de l’État, mais au contraire de Georges Bidault qui avait approuvé le putsch d’Alger, il exprime, lui, la volonté de modifier la politique algérienne dans le sens libéral.

 

Un premier groupe de travail, avec des juristes, est chargé de proposer les premières rédactions sur chacune des dispositions de la Constitution.

Elles sont discutées sous la présidence de de Gaulle, avec un comité interministériel dont des leaders de l’ex-quatrième République, Guy Mollet, Pflimlin qui sont intervenus, en particulier pour défendre les droits du Parlement et pour limiter le recours au référendum mais le texte définitif reprend les orientations imposées par le général de Gaulle : rôle prépondérant du président de la République, limitations des prérogatives du "pouvoir législatif", et cet article 16, relatif aux pouvoirs exceptionnels attribués au président de la République en temps de crise que certains vont nommer ''dictature temporaire''.

Le nouveau texte constitutionnel est adopté par le Conseil des ministres le 3 septembre, soumis au peuple par le référendum du 28 septembre 1958.

 

Comme beaucoup l'observent, Lancelot remarque que pour la plupart des électeurs, le référendum portera sur la confiance au général de Gaulle beaucoup plus que sur une constitution dont bien peu sont capables d’apprécier objectivement le contenu et moins encore les conséquences.

Il est clair que deux autres questions inquiètent beaucoup plus l’opinion : d’abord celle de l’Algérie et du terrorisme et ensuite celle de la hausse des prix qui continue d’entretenir un mécontentement latent.

 

Pierre Pflimlin, confie à Lancelot, que pendant ces quelques jours de son gouvernement, le plus difficile a été de se rendre compte qu'il se passait beaucoup de choses derrière son dos.

« Pendant quinze jours, j'étais dans une situation dramatique et je recevais de très nombreuses informations qui étaient toutes plus alarmantes les unes que les autres : ce qui se passait en Algérie, ce qui se préparait en France... Il y avait au sein du gouvernement une assez grande cohésion. J'avais conscience de la précarité du gouvernement. C'était évident. Mais quand on est en pleine action, on essaie de faire face à ce qui se passe. »

Il est certain que de Gaulle avait le souci de respecter la légalité. Ce qui ne l'a pas empêché de «  forcer le rythme par son fameux communiqué : « le processus est engagé... »

Pflimlin reconnaît : « j'étais bien convaincu que le retour au pouvoir du général de Gaulle était sans doute la seule solution. »

Plus tard de Gaulle fera l'éloge de la conduite de Pflimlin pendant cette crise.

 

Enfin, le 28 septembre 1958, Lancelot avec 79,2% des français ( seulement 15,6% d'abstention...) approuvent par référendum, le texte de la nouvelle Constitution ( la 5ème) . A noter le score de 96% en Algérie.

Aux législatives, l'UNR ( gaullistes) obtient 212 sièges ; les modérés, indépendants.. 118, et le MRP avec Pflimlin 56 sièges ; la SFIO 44 sièges et le PCF 10 sièges. La nouvelle chambre est nettement ''à droite''.

 

« Le général de Gaulle devint, le 15 mai 1958, le seul homme capable de rassembler pacifiquement les trois fragments de la nation française divisée : les Français d’Algérie, l’armée, les républicains de France, c’est-à-dire la grande masse de la nation. » ( Raymond Aron, « Discours à Harvard », Le Monde, 5 juillet 1958 )

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