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Gaston Berger et la phénoménologie

Publié le par Régis Vétillard

Gaston Berger (1896-1960)

Gaston Berger eut à cœur d'ouvrir, en 1958, un centre de recherches sur Husserl à Paris.

Son maître en philosophie, fut Maurice Blondel. Il lui écrit ( en 1924) :  « Des deux grandes tendances qui existent au cœur de tout homme : comprendre et agir – c’est à la première que je m’attacherai (...). Je veux comprendre, tel est mon point de départ. Je veux que tout me soit clair, que le monde me soit expliqué. »

Son ouvrage “Le cogito dans la philosophie de Husserl”, a été publié en 1941. Il éclaire certains points de la question phénoménologique.

 

Berger explique à Blondel comment il est arrivé là :

« Je suis parti du problème de la personnalité. Qui suis-je ? et même d’abord suis-je ? Comment se fait-il que je me détache du reste de l’univers, que je dise “je” et “moi”, et que je ne puisse m’empêcher de me considérer “comme un empire dans un empire” ? Si la nécessité règne partout, qu’est-ce donc qui me spécifie ? »

Il remarque combien, nous français, nous partons du cogito comme évidence simple et immédiate... Aussi...

« Penser le monde comme un phénomène, c’est-à-dire dégager du monde le Sujet, comme entend le faire la phénoménologie, est loin d’être chose facile. Non seulement nos habitudes intellectuelles s’y opposent, mais aussi nos attachements sensibles : la réduction phénoménologique a des conditions morales. Elle implique un détachement peu commun. »

Il s'agit, nous dit-il, comme d'une conversion... C'est un peu comme si « nous écartions tout ce qui a un sens, pour rester en présence de ce par quoi tout prend sens : la conscience pure, le ''je''. ». A distinguer donc, du moi psychologique...

 

Lancelot recherche comment un intellectuel comme Gaston Berger, dont il se sent proche, pourrait lui permettre une compréhension plus profonde de la phénoménologie.

Ce qui intéressait Berger, au travers de la méthode, c'est que '' la réduction phénoménologique '' permet de dévoiler le cogito et sa structure. Et surtout, comment la conscience donne forme au monde qui l’entoure . Cette manière dont nous constituons notre expérience du monde à travers nos actes de perception, de pensée et d’intention, représente ce que le philosophe appelle : la constitution transcendantale ; et c'est ce que nous tentons de comprendre, c'est à dire, comment la conscience structure et organise les phénomènes qui se présentent à elle.

Il y a '' corrélation transcendantale '', selon l'idée que la conscience et le monde sont interdépendants. Ils ne peuvent pas être compris séparément, mais seulement dans leur relation mutuelle.

- Pourquoi ce mot : '' transcendantal '' ?

- Ce mot évoque un rapport purement intellectuel. Rappelons-nous chez les scolastiques du Moyen-âge, la réflexion sur les transcendantaux : l'Être et l'Un, mais aussi le Vrai, le Bien... Et puis il y a cette définition de Kant : « J'appelle transcendantale toute connaissance qui ne porte point en général sur les objets mais sur notre manière de les connaître, en tant que cela est possible a priori' » ( Critique de la raison pure, introduction, § VII, III, 43 ) . 

 

Je reprend le processus... En me répétant, je reformule certaines notions....

1 - La conscience se dirige vers un objet, ou une idée, cet acte de conscience est dit ''intentionnel'' car il se rapporte à quelque chose. '' La réduction '' consiste à explorer l'essence de notre conscience, en mettant de côté les préjugés et les présuppositions, et accéder à une compréhension plus profonde.

 

2 - La constitution transcendantale concerne la manière dont la conscience humaine donne forme et sens au monde. La conscience perçoit le monde, et elle le constitue. Par notre sensibilité, notre imagination, notre pensée, nous constituons un sens. Par exemple, basiquement, quand nous percevons un objet, nous lui attribuons toutes sortes de propriétés, et de significations...

Et, en pratiquant '' l'époché '' nous tentons de découvrir l'essence de l'expérience : ce que Husserl appelle, l'eidos.

- L'éidos révèle la nature essentielle d'un phénomène, ce qui le rend unique et universel. Mettant entre parenthèse nos préjugés, nos croyances, nous accédons à une vision plus authentique. Pour construire une théorie, un modèle, nous devons découvrir l'eidos du phénomène...

 

Revenons à l'Ego... Qu'est-ce donc ce qui le constitue ? L'ego apparaît au moment où la pensée surgit, il est conscience de soi.

Le ''cogito'' cartésien (“Je pense, donc je suis”) ne se limite pas à une simple affirmation de l’existence du sujet pensant. L’ego structure notre expérience et donne sens au monde. Husserl dirait que le cogito est profondément enraciné dans la conscience transcendantale et la réflexion phénoménologique... C'est à dire – je tente de traduire – mon ego permet à ma conscience d'exister et de se manifester ( sensibilité...). Je dis ''transcendant'' en ce qu'il s'agit de sortir de soi.... Si je pratique '' l'époché '' ( vous savez : ... ce retrait, cette mise en parenthèse de l'existant autour de moi), il reste le ''je trancendantal ''

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