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Charles-Louis de Chateauneuf, un homme entre deux femmes.

Publié le par Perceval

L'esprit de Charles-Louis était – depuis un certain temps déjà - occupé par une femme qu'il avait rencontré dans le salon de la duchesse d'A.... Mme J. est belle, fine ; et il la tient pour délicate, secrète; et considère que son amour naissant est sans espoir, puisqu'elle est mariée.. ! Tout juste se convainc-t-il de lui faire une cour digne d'un chevalier qui aime sa Dame d'un amour courtois...

Léon Riesener, Portrait de Madame Léon Riesener - 1849

Cette Dame, germanophile et dans la lignée de Madame de Staël, pratique la conversation en petit cercle d'intimes...

 

Mme J. a profité de sa liberté, que lui donne un mari volage, pour parcourir l'Allemagne, mais aussi la Russie et la Pologne ...

Femme ravissante, blonde, le regard bleu plein de gaieté, aux manières simples et élégantes. Elle n’a pas froid aux yeux, c’est une femme libre. Elle est très liée à Marie d'Agoult (1805-1876). Elle est dit-on la maitresse de Sainte-Beuve...

 

Alors qu'elle écrit à l'un de ses amants, pour lui évoquer des soucis d'argent ; on lui prêtait cette déclaration « Ce n'est pas mon mariage qui m'a gênée, mon mari n'a pas pris un sou de mon argent, il m'a même offert du sien mais comme il veut me ravoir je crains tout ce qui pourrait nous lier. C'est ce qu'on craint d'un mari, d'un maître. Ce n'est pas ce que je crains de toi, O mon amant, je te demanderais toute ta fortune sans craindre que tu ne me demandes, moi, à la fin »

 

A Paris, Mme J. s'est essayé au commerce des modes, sans réel succès; puis au roman, avec un récit qui traite fort mal le sexe fort, et qui fit scandale.

Elle est également connue pour ses récits de voyage et son intérêt pour le spiritisme.

Elle collaborera à la Revue cosmopolite...

Elle soutient, et aime chanter les chansons, aux idées libérales, de Béranger.

 

Mme J. s'intéresse à la plupart des " nouvelles " sciences en ce siècle bouillonnant : l'économie politique, l'anthropologie, l'astronomie et la philosophie. Elle lit en anglais, L'Origine des espèces de Charles Darwin (1859) , souhaite développer la philosophie populaire, et milite pour l'instruction des femmes...

 

Bien que tout ceci paraisse bien mondain; la fréquentation de cercles plus restreints, comme cette ''académie'' secrète, va permettre à Ch.-L de Chateauneuf de parfaire son chemin sur la quête du Graal …

Même si je sais peu de choses des relations entre Mme J. et Charles-Louis de Chateauneuf, elle semble avoir été finalement très intime, et essentielle pour lui... On lui a prêté, à tort, de nombreux amants...

Et, surtout..! Elle eut une fille, non pas de son époux - dont elle disait ne partager que le nom – mais bien de Ch.-L. de Chateauneuf .... Charles-Louis a toujours considéré Cécile-Joséphine J. comme sa fille, même si le mari de Mme J. lui donna son nom.

 

Le mariage de Charles-Louis de Chateauneuf et de Pauline

 

Ce mariage - semble t-il - n'eut pas de descendance ...

Horace Vernet - Portrait de Louise Vernet.

Pauline de Villenoi était la fille cadette d'une famille qui misait tout sur le fils aîné, promis à garder l'héritage familial...

Et si, Béatrix de Casteran, privée de dot par son père en faveur de son frère aîné, est livrée au premier venu... Là, Charles-Louis voulait bien devenir celui-là, et la garder du devenir de la perfide Béatrix... ( Voir l'histoire de la marquise Béatrix-Maximilienne-Rose de Rochefide : un personnage de La Comédie humaine d’Honoré de Balzac. Née en 1808, fille du marquis de Castéran, elle épouse à l'âge de vingt ans le marquis de Rochefide qu’elle trompe très rapidement....)

 

Charles-Louis, après l'avoir aperçue au Théâtre, la rencontra à nouveau dans un salon...

Un beau visage ovale, brune et presque orientale, un front innocent.. Elle restait silencieuse, comme recueillie... Quand elle parlait, ses mots caressaient, mais ses yeux trahissait une certaine volonté...

Charles-Louis, trouva là son ''ange'' … et sentit grandir en lui, ce sentiment que l'on appelle '' amour ''...

Balzac - Me Anaïs de Bargeton - Les illusion perdues 1844

Il lui écrivit des lettres pour se déclarer... Pauline de Villenoi a noté plus tard qu'elle admirait la générosité du caractère de Monsieur de Chateauneuf... Elle dit encore qu'elle « ne portait dans son désir de mariage aucune idée vulgaire, elle ne se mariait pas pour être mère, [...] pour avoir un mari, elle se mariait pour être libre », pour « agir comme agissent les hommes »( Pierrette : roman d’Honoré de Balzac, publié en 1840. Il paraît pour la première fois sous la forme d’un feuilleton dans le journal 'Le Siècle'  ) - En effet, une femme mariée, peut enfin sortir seule, porter des toilettes élégantes et prendre la parole dans le monde.

 

S'ensuivirent de longues promenades, et un mariage sous les plus heureux auspices... Il ne plut pas, et chacun remarqua qu'aucun des deux mariés n'étaient entrés dans l’église du pied gauche … ! Ce fut gai et simple... Simple, même si bien sûr la mariée était habillée de blanc, chargée de rubans, de dentelles, de perles, couronnée de bouquets de fleurs d’oranger dont les boutons satinés tremblaient sous leur voile... « L’église « retentissait du bruit que faisaient les carrosses, les bedeaux, les suisses, les prêtres. [...] On ne voyait que fleurs, que parfums, que cierges étincelants » Balzac '' La Vendetta''

 

Charles-Louis n'était pas de ces célibataires pour qui le mariage était une idée fixe parce « qu'ils n’ont que cette manière de conquérir et de s’approprier une femme »  (César Birotteau )

A l'inverse de ce que disent ses amis, à savoir que « personne [...] n’est assez riche pour faire la folie d’épouser une femme pour sa valeur personnelle »  (Modeste Mignon) , Charles-Louis souhaitait ce mariage avec la sage Pauline, qu'il admirait...

Il est vrai qu'il avait commis le risque d'arriver à cet âge de 40 ans, « seule époque de la vie où les hommes [...] puissent encore épouser des personnes jeunes » ( La Recherche de l’Absolu. )

Un couvent avait assuré jusqu'à sa première sortie dans le monde, l'éducation de Pauline... Education qu'elle critiquait alors parce que trop inférieure à celle des garçons : un peu de grammaire, d’orthographe, très peu de calcul, beaucoup de géographie, un peu d’histoire et beaucoup d’histoire sainte, un peu de littérature … Une culture adaptée, par des livres spécialement écrits pour les filles et qui ne comportaient rien de ce qui pouvait porter atteinte à leur pureté.

Les ''arts d'agrément '' tenaient aussi beaucoup de place : la danse, la musique, le dessin, et complétaient les travaux d'aiguille …

 

Même s'ils se connaissaient peu ( Balzac écrit : « Le mariage unit, pour toute la vie, deux êtres qui ne se connaissent pas. » La Physiologie du mariage) ... Chacun des deux époux, avait - semble t-il - osé exprimer l'idée qu'ils avaient de leur vie intime … Un pacte, même, avait été conclu entre eux : la première consommation de l’union ne viendrait que de l’expresse volonté de Pauline, et n'eut lieu que plusieurs semaines après la cérémonie …. On peut y lire également que « ni l'un , ni l'autre n'accepteront jamais qu'un éventuel confesseur puisse intervenir dans leur intimité... »

Si Pauline connaissait l'existence de la liaison de Charles-Louis, et celle de sa fille Cécile-Joséphine; il s'engagèrent à tout se dire... Si Pauline désirait tant être libre, c'était pour n'aimer que son mari, s'en faire aimer et profiter de tout avec lui...

Ainsi Charles-Louis avait envisagé un voyage en Allemagne, sur les trace de Wolfram von Eschenbach; ils s'engagea donc à ce qu'elle vienne... De même pour celui dont il rêvait de faire en Ecosse... Elle s’intéressa également, et de près, à ses études astronomiques ....

 

Je reviendrai sur ce voyage en Allemagne, accompli par Charles-Louis et Pauline, alors que j'accomplirai le même parcours cet été ; pratiquement un siècle et demi plus tard …

 

Pour l'heure je vais sauter une génération ; puisque je vais continuer cette Quête avec des documents qui concernent Anne Laure de Sallembier (1875-1951)

 

A suivre ...

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