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Le Limousin au XVIIIe s – Histoire et Légendes -1 Crozant

Publié le par Perceval

En cette veille de la Révolution, J. L. de La Bermondie, revient vers le Limousin ; et il est accompagné de son ami Hugues-Thibault de Lusignan ; tous deux (camarades de l'école des pages), se sont rejoints dans leur intérêt à la culture traditionnelle qui les amènent à retrouver les témoignages de leur lignée... Jean-Léonard de la Bermondie est sur les traces de Roger de Laron ( alchimiste et templier, je le rappelle …) ; et le marquis de Lusignan retrouve en Haute-marche, les anciennes terres des seigneurs de Lusignan...

 

Hugues IX de Lusignan, s'empare du comté de la Marche, alors que - après la mort de Richard cœur de Lion (1199) - l'Empire Plantagenêt commence à se disloquer. 

Au début du XIIIème siècle le comté de la Marche appartient donc à la famille des Lusignan. Cette famille est au coeur des conflits entre les rois de France et les Plantagenêts duc d'Aquitaine et rois d'Angleterre. L'épisode s'achève avec la victoire de Saint Louis à Taillebourg en 1242, Hugues X de Lusignan est lourdement sanctionné. Crozant est alors considérée comme la principale forteresse des possessions de Hugues X et d’Isabelle. Ils se reconnaissent vassaux d'Alphonse de Poitiers, comte de Poitou et de Toulouse, lui doivent redevance pour plusieurs châteaux dont celui de Crozant pour une durée de huit ans. Les Lusignans doivent aussi verser 200 livres par an pour l'entretien d'une garnison dans ce lieu.

En 1309, Yolande de Lusignan, héritière de cette branche des Lusignan et veuve d'Étienne II de Sancerre, vend le comté de la Marche au roi de France Philippe IV le Bel.

Hugues-Thibault-Henri-Jacques de Lezay de Lusignan ( 1749-1814) va devenir député de la noblesse aux États généraux de 1789 pour la ville de Paris. Il approuve les réformes et siège avec les partisans de la monarchie constitutionnelle. Il est promu maréchal de camp en mai 1790. Parti un temps en Angleterre, puis à Abbeville, il obtient sa radiation de la liste des émigrés en 1800.

 

Hugues-Thibault et J. L. De la Brémontie sont tous deux maçons, et ont , un temps, partagé la recherche d'une continuité avec l'Ordre du Temple, soutenus par Willermoz... ( voir articles précédents ..)

Le voyage de Paris vers Limoges, passe par Argenton, Bessines et Razès. La route évite La Souterraine … Cependant, cette fois J. L. De la Brémontie quitte la route aménagée pour s'aventurer jusqu'à Crozant, et rendre hommage aux Lusignan ...

Jusqu'à Orléans la route est pavée ; on peut profiter d'une voiture légère et à chaque relais de poste changer prestement les chevaux... Ensuite c'est selon... Au mieux, elles est décrite comme une route « superbe, tirée au cordeau et bordée de magnifiques ormeaux » conformément à la règle adoptée par les ingénieurs des Ponts et Chaussées, sur les instructions du limousin Trudaine...

Ensuite, pour remonter la rivière de la Creuse, il est préférable d'avoir son cheval, pour affronter le relief, les zones tourbeuses et les ruisseaux.

Le limousin atteint, il convient au contraire de se mettre à ruser avec les collines, les zones tourbeuses et les ruisseaux. Jusqu'à Crozant, qui nous ouvre le Limousin...

De la lande, encore et toujours; définissent ces steppes limousines, dans lesquelles se fondent les villages aux toits de chaume moussu.

Il y a plus deux siècles, en cette chaude période; sous un amas de brume, le soleil se rallume et lève avec lenteur le voile posé sur les collines de bruyères dégringolant jusqu’à la rivière. Au fond, dans le ravin, les flots rapides des eaux vertnoir de la Creuse et la Sédelle ont laissé la place à une retenue mais, dans cette boucle, assis sur un énorme promontoire, le château fort de Crozant étale ses débris, vestiges d’un passé glorieux... Ce n'est pas le passé qui attire les peintres, mais la lumière qui joue sur ces flancs de colline ...

Aujourd'hui, malheureusement, la forêt a repris le dessus, du fait sans doute de l'absence des moutons...


 

Crozant, doit son nom à la Creuse ( gaulois croso : creux ), son château remonte au XIIe siècle avant qu’une forteresse ne soit construite au XIIIe siècle. Il fut la propriété d’Hugues X de Lusignan, alors comte de la Marche. On estime que c'est son épouse Isabelle d’Angoulême qui fit procéder aux constructions les plus importantes.

Longue de 380 m, protégée par dix tours et environ 1 km de remparts, la forteresse, entourée par la Creuse et la Sédelle, est nichée en haut d’une pointe rocheuse et protégée de surplus par un fossé (l’accès se faisait grâce à un pont-levis). Aux XIVe et XVIe siècles, elle commence à se détériorer et au XVIIe elle est déjà en ruine.

L’une de ses tours s’appelle Tour de Mélusine (il en existe ailleurs comme par exemple à Fougères en Bretagne, ville administrée par les Lusignan).

Mélusine, personnage légendaire féminin, est un être fantastique, moitié humain, moitié animal. Cette figure est immortalisée en 1393, par l’ouvrage de Jean d’Arras, ''le Roman de Mélusine'' . On y lit qu’elle aurait fondé les villes de Lusignan, de La Rochelle et, de ce fait, elle est étroitement associée à l’histoire de la famille des Lusignan.

A Crozant, Mélusine se révèle être Isabelle d'Angoulême, nouvelle épouse d’Hugues X après le décès de son premier mari, Jean sans terre, le roi d'Angleterre († 1216) ...

Isabelle d'Angoulême (1188-1246), est comtesse d'Angoulême de son plein droit. A 12 ans, elle est promise au futur Hugues X, comte de Lusignan, mais le Roi d'Angleterre l'enlève et l'épouse ! En 1200, elle devient reine d'Angleterre. À la mort de Jean sans Terre en octobre 1216, son fils aîné devient roi d'Angleterre sous le nom d'Henri III.

Sceau d'Isabelle d'Angoulème

En avril ou mai 1220, elle épouse Hugues X de Lusignan, comte de la Marche, son ancien fiancé...

La comtesse-reine, comme elle se faisait appeler, a laissé dans I'Angoumois, la Marche et le Poitou une détestable réputation que la légende a exploitée...

Lorsqu'elle habitait l'Angleterre, Isabelle fit la connaissance d'un habile magicien et alchimiste qui lui enseigna son ''affreuse'' science.

Ainsi, elle se livrait à un démon qui, en signe d'esclavage, la changeait en bête, trois jours par mois, au moment de la nouvelle lune.

 

Revenue auprès de son ''premier mari'', Isabelle se fixe avec lui à Crozant où elle fait bâtir une grosse tour, dans laquelle elle place son laboratoire, car elle s'occupe d'alchimie..

Nul ne peut entrer dans cette tour sans la permission de la Comtesse et, telle est son influence sur son mari, que pendant des années, il ne cherche pas à se rendre maître de son secret.

Cependant les bruits les plus fâcheux circulent parmi les paysans : ils disent voir parfois voler une sorte de monstre jetant des maléfices, ses cris effrayant les enfants et le malheureux surpris par la bête est immanquablement déchiré...

Hugues...se résout à pénétrer le mystère dont s'entoure Isabelle... Il repère le moment où Isabelle semble devoir disparaître dans sa tour, et sous un prétexte quelconque prolonge la veillée plus tard que d'habitude. La malheureuse sentant le moment de sa métamorphose approcher, quitte brusquement son mari et s'enfuit dans la tour... Hugues la suit de près...

S'avançant prudemment Hugues pénètre jusque dans un souterrain et, au bout d'un certain nombre de pas, se trouve dans une sorte de salle où il aperçoit une forme monstrueuse endormie dans un coin...

Muet d'horreur, Hugues revient sur ses pas, ferme la porte de fer et la verrouille, puis il remonte l'escalier et sort de cette tour maudite. Après quoi, sans hésiter, il fait maçonner cette partie de la tour...

Depuis lors, on entend ''la sorcière'' pleurer et gémir sans cesse et les jours d'orage le passant attardé aperçoit la forme d'une immense chauve-souris qui vole autour des ruines de Crozant et dans les gorges qui entourent le château.

Cette histoire est rapportée par Jeanne de Sazilly, dans ''Légendes limousines''.

 

Aujourd'hui encore, il ne reste de la ''Grosse tour'' que le cachot circulaire ( sans porte !).

A suivre ...

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